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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 15:19
Les dépenses militaires face aux besoins humains - Les centaines de milliards de la honte - Tribune collective dans l'Humanité des Débats
L’Humanité des débats – TEXTE COLLECTIF
 
En Inde, « avec plus de 350 000 nouveaux cas enregistrés par jour et la mort à chaque coin de rue, patients et familles sont pris dans une véritable course contre la montre, suppliant pour avoir accès à de l’oxygène et des médicaments devant des hôpitaux surpeuplés ». En Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations, au moins 453 migrants ont péri depuis le 1er janvier.
 
De nombreuses voix parlent de honte, face à la tragédie des migrants disparus noyés, sans que les États ne déploient les moyens nécessaires pour les sauver en application des principes élémentaires du droit international maritime. Selon l’Unicef, « plus de 10 millions d’enfants en République démocratique du Congo, dans le nord-est du Nigeria, dans le Sahel central, au Soudan du Sud et au Yémen souffriront de malnutrition aiguë en 2021 ». Pour le Programme alimentaire mondial des Nations unies, « la sécheresse incessante qui sévit à Madagascar pousse des centaines de milliers de personnes au bord de la famine ».
 
Pourtant les moyens ne manquent pas. Ainsi, le Monde du 15 avril relate la visite du ministre des Affaires étrangères français en Inde comme étant « intimement liée aux intérêts économiques français. En particulier l’éventuelle vente supplémentaire de Rafale, dont l’Inde a déjà acheté 36 exemplaires à Dassault Aviation, en 2016, pour près de 8 milliards d’euros. Depuis 2018, de nouveaux appels d’offres ont été lancés avec, à la clé, potentiellement plus de 150 avions ». L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a estimé que les dépenses militaires mondiales s’élèvent à près de 1 645 milliards d’euros en 2020, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2019.
 
La France a livré en Inde des lits et des appareils respiratoires, c’est un peu de solidarité humaine qui se manifeste. Mais nous vivons des moments de honte. Alors que des millions d’individus subissent la pandémie sans les moyens médicaux nécessaires, connaissent le chômage et la précarité, souffrent de la faim, que d’autres se noient en fuyant les guerres et la misère, le montant des dépenses militaires mondiales a atteint un montant jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Les peuples souffrent, on leur distribue des armes. La honte !
 
La réduction des dépenses militaires est une nécessité. Leur réorientation vers des investissements utiles pour la santé, l’éducation, la recherche, la culture, le climat et une économie durable permettrait la création d’emplois en France et dans le monde. Si les neuf États possédant des armes nucléaires stoppaient leurs programmes, plus de 820 milliards d’euros pourraient être réorientés dans les 15 années à venir vers la satisfaction des besoins humains. Ce serait conforme avec la charte des Nations unies, qui stipule (article 26) que les États doivent « favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde », mais aussi avec le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) entré en vigueur le 22 janvier 2021. Pour son avenir, l’humanité n’a d’autre chemin que la paix.
 
Signataires : Roland NIVET et Edith BOULANGER (Co-porte-paroles nationaux du Mouvement de la Paix) ; Jean ZIEGLER (conseiller du conseil des droits de l’homme des Nations Unies), Pradip BISWAS (v-p de la fédération des employés de banque d’Inde), Alain ROUY (secrétaire de l’AIEP - Asso internationale des éducateurs à la paix), Véronique MARTIN (secrétaire confédérale CGT), Lilian HALLS-FRENCH (Co-présidente Initiative Féministe EuroMed IFE-EFI), Michèle DECASTER (militante afaspa), Jim ANDERSON (Peace action), Christian REECHT (membre de l’Action Catholique Ouvrière)
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18 mai 2021 2 18 /05 /mai /2021 09:06

 

De nombreux sondages d’opinion indiquent que la sécurité s’annonce comme l’un des thèmes majeurs des prochains scrutins. Ceci est tout à fait logique dans la mesure où l’insécurité, dans toutes ses dimensions, caractérise notre époque, bien que les homicides n’aient pas augmentés ces dernières années et décennies. Il s’agit de l’insécurité liée à la délinquance et aux incivilités qui polluent le quotidien de millions de concitoyens et contre laquelle il faudrait savoir lutter plus efficacement, celle horrible des trafics de drogues dont les truffions se mettent à tirer et tuer des fonctionnaires de police. Mais c’est aussi celle, sociale, de la peur du lendemain, de la crainte de l’avenir. Les deux s’entretiennent l’une l’autre et aucune lutte sérieuse contre l’insécurité ne saurait être menée en oubliant l’une de ces dimensions.

Car comment un pays qui compte 10 millions de chômeurs peut-il décemment prétendre lutter contre l’insécurité, sauf au prix d’un redoublement de la coercition des « classes dangereuses ». On le sait, l’insécurité est un phénomène social dont les causes plongent dans l’organisation même de notre société. Or celle-ci est marquée par la violence. Celle des comportements, des agressions verbales et physiques qui touchent les personnes, les fonctionnaires mais aussi les élus locaux qui font face à des menaces de moins en moins voilées. Celle sociale d’un peuple privé de ses perspectives, cloué dans la crainte de l’avenir pour soi et ses enfants, et dans lequel l’extrême pauvreté s’accroît sans cesse.

La réponse de droite qui nous est servie depuis des décennies accouche d’un empilement de lois incroyable : chaque année, une nouvelle loi sécuritaire, un nouveau texte qui rogne les libertés individuelles et collectives. Le résultat est accablant : loin de baisser, l’insécurité s’infiltre partout. L’accusation de laxisme lancée contre la gauche ne sert donc qu’à masquer l’inefficacité totale des politiques uniquement répressives.

La lutte résolue contre l’insécurité doit bien sûr passer par un renforcement du service public de la sécurité, que la loi sécurité globale maltraite en intégrant dans les dispositifs de sécurité territoriaux des offlines privées. Elle doit aussi passer par une formation bien plus exigeante des forces de police, conforme à l’éthique républicaine. Par une amélioration des conditions de travail des fonctionnaires de police et de gendarmerie et par le déploiement d’une police de proximité à équipement léger et aux missions bien définies.

Ajoutons enfin que l’insécurité est très lucrative pour certains. Qui profite des masses colossales d’argent du trafic de drogues et des trafics en tous genres ? Pourquoi cette pudeur à contraindre les banques à faire la lumière sur l’argent sale qu’elles conservent dans leurs coffres ? La lutte contre l’insécurité qui refuse de s’attaquer aux causes est vouée non seulement à l’échec, mais aussi à préparer une société de violence permanente.

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:04

 

Il s’est dit beaucoup de choses, il s’est tenu beaucoup d’émissions autour du 10 mai dernier à l’occasion du 40ème anniversaire de la victoire de la gauche en 1981, sans jamais dire que celle-ci n’a été possible que par une conjonction de forces, d’aspirations populaires et l’apport considérable du Parti communiste. Je ne peux revenir ici sur l’ensemble de cette période de l’histoire, mais je me sens obligé d’en dire quelques mots.

Cette victoire est d’abord le résultat d’un long processus de luttes sociales et sociétales (parmi lesquelles le grand mouvement de mai 1968), de confrontations politiques dans la société et au sein de la gauche elle-même, de la reconstruction d’un Parti socialiste abandonnant les oripeaux de la vieille SFIO et d’un travail patient des communistes pour l’union populaire et l’union de la gauche.

En 1965 puis en 1974, le PCF choisit l’union et le rassemblement autour d’un candidat commun de la gauche, issu du Parti socialiste. La candidature de Jacques Duclos en 1969 vise également cet objectif et elle est comprise comme telle par un électorat issu de toute la gauche. Celle de Georges Marchais en 1981, porteuse du Programme commun, est nettement une candidature anti-droite (anti-Giscard) tout en ayant l’ambition de créer à gauche un rapport de force favorable à la prise en compte des espoirs des travailleurs. Devancé par François Mitterrand, il réalise cependant un score important, lors de l’élection présidentielle la plus difficile pour les communistes. D’autant plus qu’au niveau international, après les avancées des « révolutions » sur plusieurs points de la planète, on assiste au début de la contre-offensive conservatrice et réactionnaire, fortement teintée d’anticommunisme, avec le reaganisme – le thatchérisme plus près de nous – le tout étant cornaqué par une instance mondiale du capitalisme et de l’impérialisme : la Commission trilatérale.

Cette pression n’était déjà pas sans effet sur F. Mitterrand et le Parti socialiste. Dès la signature du Programme commun, F. Mitterrand dira à l’Internationale socialiste à Vienne qu’il avait signé un programme de gouvernement pour « prendre trois millions de voix au Parti communiste ». Les élections qui suivirent montrèrent que le recul constaté lors du scrutin présidentiel, qui avait pu être attribué à son caractère spécifique et sa dimension de pouvoir personnel, s’inscrivait en réalité de façon durable dans la vie politique française.

La bataille pour l’union du Parti communiste a profité électoralement à toute la gauche, jusqu’en 1978. A partir de 1981, l’union réalisée, c’est au Parti socialiste qu’en est attribué le mérite. Et quand les communistes s’efforcent, tant bien que mal, dans un même mouvement, de préserver, d’amplifier le contenu transformateur des politiques menées et l’union indispensable pour y parvenir, il n’est pas compris par de nombreux progressistes. La période difficile de l’actualisation du Programme commun en 1977 en a témoigné. Rien n’est venu depuis contredire les reculs électoraux du Parti communiste, en dépit de toutes les tentatives qui ont suivi. Sans doute convient-il d’approfondir la réflexion pour en déterminer les causes les plus profondes et radicales, nationales, européennes, internationales et internes au parti lui-même et à la gauche.

Du reste, c’est partout dans le monde que ce phénomène se constate. Cela ne doit cependant pas conduire à minimiser ce qu’a apporté la victoire de l’union de la gauche en 1981. Aujourd’hui encore, les salariés se mobilisent pour en préserver les acquis, mis à mal par les gouvernements qui se sont succédés, par le patronat et l’Union européenne.

Dès les premiers mois, des réformes de progrès ont été votées et mises en œuvre. Le 1er juillet 1981, une hausse de 20% de l’allocation handicapés, de 25% des allocations familiales et de logement. Le 4 août, la suppression de la Cour de sureté de l’Etat. Le 2 octobre, l’autorisation des radios locales. Le 8 octobre, le blocage des prix, le 9 octobre, l’abolition de la peine de mort, le 15 décembre, l’abrogation de la loi anticasseurs, le 30 décembre création de l’impôt sur la fortune. Le 14 janvier 1982, l’instauration des 39 heures de travail hebdomadaire et de la 5ème semaine de congés payés. Le 13 février, le vote des nationalisations de grandes entreprises et banques. Le 3 mars, la loi de décentralisation. Le 25 mars, l’abaissement de l’âge de la retraite qui passe de 65 à 60 ans puis le vote des lois Auroux pour de nouveaux droits des salariés dans les entreprises.

Les quatre ministres communistes, Charles Fiterman, Anicet le Pors, Jack Ralite et Marcel Rigout, ont pris leur part dans ce bilan impressionnant de tout le gouvernement et de la majorité parlementaire. Avec certains apports particuliers, comme celui de Charles Fiterman qui, à l’opposé de ce qui se fait aujourd’hui, fait transformer les dettes des entreprises concessionnaires d’autoroutes en participations au capital de l’Etat, ce qui les nationalise. L’argent ainsi économisé est réinvesti dans de nouvelles infrastructures. Le chantier de l’A380 est lancé et le ministre d’Etat pousse ainsi à la diversification d’Airbus. Il fait voter la loi des transports intérieurs, premier acte d’un projet écologique pour les transports. Il fait voter une loi ancrant la maîtrise publique des entreprises de transport en contrôlant la concurrence et en obligeant les entreprises du secteur à endosser la responsabilité des coûts sociaux et environnementaux.

Le statut de la SNCF en fait un nouvel établissement public industriel et commercial tout en y renforçant l’emploi. Il met en place le remboursement à 50% de la Carte orange, supprime les deux classes dans le métro et participe au lancement du TGV.


Marcel Rigout, ministre de la formation professionnelle, fait voter la loi du 24 février 1984 portant réforme de la formation professionnelle continue et modifies en ce sens le Code du travail. Elle est complémentaire des lois Auroux que Macron a rendues caduques avec les « lois travail ». Il lance 600 000 contrats nouveaux de formation professionnelle pour des jeunes. 300 000 d’entre eux débouchent sur des contrats à durée indéterminée.


Jack Ralite, ministre de la Santé puis de l’Emploi, supprime le secteur privé à l’hôpital public, lance les centres de santé publics, équipe plusieurs hôpitaux de scanners, abroge la loi de 1938 qui mettait les malades mentaux à l’écart de la société, fait adopter une loi de réorganisation de l’hôpital. C’est lui qui fat supprimer la pénalisation de l’homosexualité. Comme ministre de l’Emploi, il lance les contrats « emploi-formation-production » et permet ainsi de sauver plusieurs petites et moyennes entreprises et leurs emplois.

 

Anicet Le Pors conduit une réforme fondamentale de la fonction publique et du statut en introduisant notamment le droit de grève, la liberté d’opinion, le droit de négociation. Il ouvre la troisième voie d’accès à l’ENA pour des élus, responsables associatifs, des agents des collectivités, des hôpitaux et de la recherche. La fonction publique est étendue aux collectivités locales, aux établissements hospitaliers et de recherche. Le statut général des fonctionnaires se décline avec lui en quatre lois nouvelles.


Ces éléments de bilan, trop souvent sous-estimés, ne peuvent s’inscrire dans le simplisme binaire des mots « échec » ou « succès ». La présence de ministres communistes concrétisait l’état de rapports de force politiques, sociaux, culturels. Trop souvent les concrétisations sont restées comme en suspens car la victoire de la gauche n’a pas été accompagnée d’une mobilisation sociale suffisante pour contrebalancer les pressions d’un contexte international nouveau et la tendance d’importantes fractions du Parti socialiste à revenir aux démons de l’adaptation au capitalisme. Dès le 26 novembre 1981, le ministre des Finances, Jacques Delors, réclame une « pause ». Jusqu’au tournant économique de l’année 1983 qui est sans doute le début de l’affaiblissement des idées de la gauche de transformation économique, sociale, démocratique dans le cadre de l’affaiblissement de l’Etat national au profit des carcans de l’Union européenne et de la mondialisation capitaliste.

 

Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faut s’en satisfaire au moment où, aujourd’hui, l’enjeu du post-capitalisme est à l’ordre du jour. Il se pose avec une force accrue car le « tout-capitalisme mondialisé » ne fait qu’aggraver toutes les tares que sécrète ce système inhumain, du développement des inégalités à celui de la pauvreté, de l’épuisement de la planète à celui de la biodiversité, des guerres aux atteintes aux libertés… Les dénoncer, les combattre, pied à pied, est indispensable. Mais reste posée dans son entier l’immense question de l’alternative, de l’engagement dans un processus populaire démocratique mondial d’émancipation humaine. En ouvrir la voie, pour la gauche et l’écologie toutes entières et singulièrement pour le Parti communiste et le Parti socialiste, suppose, me semble-t-il, de prendre la mesure des deux déflagrations qui au XXe siècle les ont atteints l’un et l’autre, l’effondrement du l’URSS et l’échec de la social-démocratie. La tâche est d’autant plus ardue que l’activité politique a, elle-même, été durement atteinte, la désindustrialisation a produit des ravages, les cadenas de l’Union européenne aussi au point de voir tant de nos concitoyens s’en détourner.

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:01

*Clément Chabanne, rédacteur en chef de Progressistes

La crise sanitaire met en lumière la violence du système de propriété intellectuelle. Loin de la coopération scientifique qui devrait permettre à toute l’humanité de progresser, face à la pandémie comme face aux nombreux défis du siècle, les grands groupes organisent leur monopole sur les fruits du travail intellectuel collectif. Avant le dépôt d’un brevet par une multinationale, combien d’heures de recherche fondamentale dans les laboratoires publics ? Combien de milliards de subventions publiques à la recherche, pour finalement nourrir une logique de rentabilité et laisser les pleins pouvoirs aux groupes privés sur l’organisation de la production industrielle et les applications de la recherche ? Ce monopole organisé porte la marque originelle d’une logique guerrière. La protection internationale des brevets est largement inspirée de la législation états-unienne, utilisée comme une arme dans la guerre froide. L’Export Administration Act de 1980 autorise le président des États-Unis à interdire l’exportation des technologies soumises à la loi de ce pays. Il s’agit d’une arme qui s’avéra particulièrement efficace pour rompre les relations économiques entre l’Europe de l’Ouest et l’Union soviétique. Après la chute des pays socialistes, les accords TRIPS (Accords sur les aspects de droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, en français) de 1994 ont réorienté la protection internationale de la propriété intellectuelle vers ce que Samir Amin a appelé « une offensive en vue de renforcer le pouvoir des monopoles technologiques au détriment des pays en développement ». La concentration de la propriété intellectuelle permet le contrôle de quelques grands groupes sur des milliers de filiales et de sous-traitants grâce au monopole technologique. Elle organise également l’extraction d’une rente, depuis les lieux de production réelle vers les têtes de groupes, dans les grandes capitales du Nord ou les paradis fiscaux. La pandémie montre l’efficacité froide de ce système dans sa plus simple expression : l’organisation de la pénurie pour faire augmenter les prix.

Sous l’impulsion du PCF et d’autres partis et associations en Europe a été lancée la campagne « Pas de profit sur la pandémie », le but visé étant la levée des brevets en Europe et le positionnement diplomatique en ce sens de nombreux pays du Sud : la crise sanitaire mondiale révèle donc des possibilités d’une nouvelle alliance entre pays en développement et classe laborieuse des pays développés.

La réussite de cette campagne peut engager une lutte de grande envergure pour mettre fin aux logiques de monopolisation, de financiarisation et de rentabilisation de la connaissance, et entamer une transition vers une coopération internationale mettant l’ensemble de la recherche scientifique au service de l’émancipation humaine.

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 08:00
Fabien Roussel à Caudan pour défendre les ouvriers des Fonderies de Bretagne (photo PCF 29)

Fabien Roussel à Caudan pour défendre les ouvriers des Fonderies de Bretagne (photo PCF 29)

Fabien Roussel : « reprendre le pouvoir sur la finance est tout à fait réalisable »
Samedi 15 Mai 2021

Fabien Roussel entre pour de bon dans l’arène présidentielle après le vote des adhérents du PCF le 9 mai. Déterminé à être « le candidat du monde du travail, des classes populaires comme des classes moyennes », le député communiste du Nord veut, face aux droites LR, LaREM et à l’extrême droite, imposer les questions sociales, l’humain et la planète au centre des débats. Entretien.

Vous venez d’être investi pour la présidentielle par les adhérents du PCF. Vous serez le premier candidat communiste depuis quinze ans. Comment comptez-vous peser dans ce scrutin essentiel aux yeux des Français ?

Fabien Roussel D’abord, en mobilisant l’incroyable force que nous représentons toutes et tous. Ceux qui ont participé à ce choix, comme ceux qui ne l’ont pas fait mais qui veulent bousculer ce scénario qu’on veut nous imposer, en 2022, entre le président sortant et l’extrême droite. Au Parti communiste, nous venons de débattre pendant plusieurs mois et nous avons voté trois fois : c’est un exercice démocratique sans précédent dans d’autres forces politiques. Mais nous ne nous arrêterons pas là.

Emploi, industrie, jeunesse, santé, climat… nous voulons ouvrir tous ces chantiers et bien d’autres avec le plus de Françaises et de Français possible, dans les mois qui viennent, pour écrire avec eux un pacte pour la France. Nous voulons que des millions d’entre eux s’engagent avec nous sur toutes ces questions, pour les mettre au cœur de la campagne, les rendre incontournables. Et faire en sorte que tous les autres candidats se prononcent sur les propositions indispensables au changement tant attendu par nos concitoyens.

Icon Quote Je veux contribuer à refonder une gauche qui porte un nouvel espoir pour reconquérir tousnos concitoyens qui n’y croient plus. C’est ainsi que la gauche pourra redevenir majoritaire. 

Alors que la Macronie est décidée à rester au pouvoir et que l’extrême droite pourrait le conquérir, comment éviter un nouveau duel droite-extrême droite en 2022 ?

Fabien Roussel D’abord ça bouge ! Je suis heureux de voir qu’enfin des commentateurs de la vie politique commencent à dire que tout est possible. Il existe un tel rejet du scénario Macron-Le Pen que des surprises pourraient apparaître. L’enjeu pour nous, à gauche, c’est de faire surgir dans cette campagne toutes celles et tous ceux qui ont soif de changement, de rupture, qui veulent en finir avec le chômage et la pauvreté, défendre leur pouvoir d’achat, leurs emplois, leurs services publics. Du côté de la finance, ils sont ultraminoritaires en nombre de voix, il est possible de leur reprendre le pouvoir.

Mais, pour éviter un second tour opposant la droite – LR ou LaREM – à l’extrême droite, il faut qualifier un candidat de gauche…

Fabien Roussel Bien sûr, il faut créer cet espoir. Mais il est quand même plus ambitieux que chacun d’entre nous, à gauche, se fixe l’objectif d’être au second tour, non pas pour soustraire des voix aux autres, mais pour en conquérir de nouvelles. Nous ne sommes pas identiques, nous ne proposons pas la même ambition pour le pays, les mêmes priorités pour le changement, ni les mêmes moyens pour y parvenir. Je veux contribuer à refonder une gauche de rupture avec le capitalisme en plaçant l’humain et la planète au cœur de tous les choix, une gauche qui porte le projet d’une nouvelle République sociale, démocratique, écologiste, féministe, antiraciste, un nouvel espoir pour reconquérir tous nos concitoyens qui n’y croient plus. C’est ainsi que la gauche pourra redevenir majoritaire.

Icon QuoteDoubler le budget de l’éducation nationale, augmenter de 50 % celui des universités, mettre fin à la sélection, financer un revenu étudiant autour de 850 euros. Il faut des moyens énormes pour notre jeunesse. 

Le rassemblement à gauche a occupé le débat ces dernières semaines. Votre candidature lui ferme-t-elle la porte ? Qu’en est-il pour les législatives ?

Fabien Roussel Cette candidature vise à faire émerger des idées, des propositions, à les faire gagner, et donc à redonner du sens à un vote de gauche sincère et authentique. Cela ne ferme pas de portes, ça en ouvre. C’est dans le même esprit que j’affiche dès maintenant l’objectif qu’il y ait le maximum de députés de gauche à l’Assemblée nationale et, parmi eux, de députés communistes. Nous menons continuellement le débat à gauche, comme en ce moment pour les élections départementales et régionales, ce qui nous conduit d’ailleurs à être unis dans beaucoup d’endroits. Les législatives comptent 577 circonscriptions avec des contextes très différents, nous avons un immense travail à organiser avec nos concitoyens, localement, pour faire en sorte que, partout, la gauche sorte renforcée.

Vous êtes, pour l’heure, crédité de 2 % dans les sondages, quel objectif espérez-vous atteindre d’ici à avril 2022 ?

Fabien Roussel Je ne vais pas mener campagne avec le nez sur les sondages. L’objectif, c’est de faire le score le plus élevé possible, mais aussi de rendre incontournables les idées que nous défendons, et de créer les conditions de nouvelles avancées sociales et démocratiques. Tout comme le score de Georges Marchais en 1981 avait non seulement permis la victoire de la gauche au second tour, mais avait aussi imposé un certain nombre de conquêtes sociales.

Désindustrialisation, évasion fiscale, chômage, crise sociale… les chantiers sont nombreux, quelles réponses à la crise historique que nous vivons entendez-vous proposer ?

Fabien Roussel À l’élection présidentielle comme aux législatives, nous voulons être les candidats du monde du travail, des classes populaires comme des classes moyennes. Et de la jeunesse ! Cette campagne ne doit pas n’être qu’un moment où l’on vote, elle doit aussi être un moment où l’on lutte. N’attendons pas avril 2022 pour imposer l’arrêt des délocalisations qui suppriment des emplois et menacent le climat avec pour seul objectif la rentabilité pour les actionnaires. Pour développer les services publics, sortir la santé des mains du marché et des laboratoires pharmaceutiques.

Lançons une grande campagne pour nous libérer du poids de la finance, faire jouer un autre rôle aux banques et aux assurances, obtenir des prérecrutements dans la santé, l’éducation nationale. Permettons ainsi à des centaines de milliers de jeunes de se former et d’avoir une perspective d’emploi. Il s’agit aussi de répondre à cette aspiration à pouvoir vivre de son travail, d’obtenir la baisse des factures de gaz et d’électricité, des loyers, l’augmentation générale des salaires, depuis trop longtemps gelés, brimés, mis sous l’éteignoir. N’attendons pas 2022, ces idées doivent devenir incontournables.

Icon QuoteCette crise a montré que la question n’est plus “où est l’argent ?”, mais “à quoi est-il utilisé ?”. Il doit être investi dans l’emploi, l’enseignement l’écologie... Cela créera de nouvelles richesses.

Emmanuel Macron et son gouvernement préparent le terrain à de nouveaux sacrifices sociaux – à commencer par la réforme de l’assurance-chômage – au prétexte du remboursement de la dette. Comment imposer les ruptures que vous évoquez dans une économie mondialisée ?

Fabien Roussel La question de « l’argent magique », du manque de moyens, a été complètement battue en brèche par la pandémie. Le gouvernement et l’Union européenne ont remis en cause pour partie leurs propres dogmes dans une situation d’urgence comme celle que nous vivons. La planche à billets a tourné. Mais, pour eux, cela doit conduire à plus d’austérité demain ! La droite, Macron, l’extrême droite vont nous dire qu’il faut payer la dette en travaillant plus, en faisant des économies sur nos services publics, en continuant à privatiser.

Pourtant cette crise a montré que la question n’est plus « où est l’argent ? », mais « à quoi est-il utilisé ? ». Il doit être employé pour investir dans l’enseignement, la formation et l’emploi, dans la transition écologique. Cela créera de nouvelles richesses ! La dette liée au Covid doit être annulée. Au-delà, un autre partage des richesses, aujourd’hui très majoritairement au service des plus riches et du capital, est indispensable. C’est possible notamment par une autre utilisation de l’argent des banques, des entreprises et de l’argent public. Je porterai une réforme de la fiscalité sur les multinationales, sur le capital, sur les grandes fortunes, sur les transactions boursières. Je mènerai aussi le combat pour un président de la République et un gouvernement incorruptibles face à l’évasion fiscale. Je souhaite être l’Eliot Ness de la lutte contre ce fléau, celui qui ne négociera pas avec les voleurs et les tricheurs.

Vous avez participé à la dernière marche pour le climat, le 9 mai. Le PCF a eu longtemps une image assez peu écolo-compatible, notamment sur la question nucléaire, pensez-vous avoir suffisamment renversé la donne ?

Fabien Roussel C’est la donne qui a changé naturellement, par pragmatisme. Parce que si nous voulons lutter contre les énergies fossiles et les réduire le plus possible, il nous faut augmenter la production d’énergies renouvelables, mais aussi la production d’énergies pilotables et décarbonées. Une grande majorité de nos concitoyens, d’acteurs des ONG que j’ai rencontrés, des chercheurs, des salariés, des syndicats estiment aujourd’hui que, face à l’urgence climatique, nous allons avoir encore besoin de l’énergie nucléaire.

Mais surtout nous avons besoin d’une maîtrise publique, seule garante, même pour les renouvelables, du respect de la planète. Quant à notre image, en réa­lité, les communistes ont souvent été à la pointe de ces combats, en particulier dans les politiques des communes et du département du Val-de-Marne que nous dirigeons, où nous sommes en tête de l’action pour la production d’énergies décarbonées, sur le développement des transports en commun écologiques et de la lutte pour leur gratuité.

Face à la grande précarité, encore amplifiée par la crise sanitaire, vous préparez un « pacte pour la jeunesse ». En quoi consiste votre démarche ?

Fabien Roussel La jeunesse était déjà particulièrement en difficulté, mais la crise a montré que le gouvernement l’a définitivement abandonnée. Or, les séquelles de cette crise seront profondes. Six jeunes sur dix sont en détresse psychologique. La jeunesse de France est sous antidépresseurs. C’est pourtant l’avenir de notre pays, ce sont nos enfants. Nous voulons leur garantir les meilleures conditions de formation, de la primaire à l’enseignement supérieur ; la liberté d’avoir un travail à temps plein et bien payé en fonction de leurs diplômes.

Pour cela, c’est incontournable, il va falloir y consacrer des moyens énormes : quasiment doubler le budget de l’éducation nationale, augmenter de 50 % celui des universités, mettre fin définitivement à la sélection, financer un revenu étudiant autour de 850 euros pour que chacune et chacun puisse apprendre à égalité, quels que soient son origine sociale et son lieu d’habitation…

Ces propositions, nous voulons leur soumettre, que les jeunes, dans toutes les villes et les villages, prennent le stylo et qu’ils soient les auteurs de ce que la France doit mettre en œuvre pour eux et avec eux. Nous ouvrirons aussi ces espaces de discussion aux enseignants, aux élus locaux, aux syndicats, à la vie associative, à l’éducation populaire… Nous devons avoir une ambition démesurée pour notre jeunesse.

Icon QuoteC’est trop facile de la part du président de dire que la levée des brevets ne sert à rien.

Sur le terrain du féminisme, de la laïcité, ou encore de l’antiracisme, une partie de la gauche renvoie l’autre au rang d’islamo-gauchiste. Où vous situez-vous dans ce débat ?

Fabien Roussel Je veux engager une révolution féministe de la société, placer la laïcité au cœur d’une nouvelle République et en finir avec le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations. Le combat pour l’égalité des droits devrait rassembler la gauche. Je fais une différence entre les débats et les invectives. Et je regrette que certains y cèdent. Ce procès en islamo-gauchisme n’a pas à exister à gauche.

Ces mots sont les mêmes que ceux qu’employait déjà l’extrême droite soixante-quinze ans en arrière, en parlant de judéo-bolchevisme. Nous aurions plutôt intérêt à conserver l’esprit de fraternité. Ces débats ont toujours existé, y compris aux États-Unis et au sein de ce grand mouvement des années 1970 pour les droits civiques.

Vous vous êtes mobilisé ces derniers mois pour la levée des brevets sur les vaccins. Quel regard portez-vous sur la prise de position de l’administration Biden en ce sens et le retournement d’Emmanuel Macron dans la foulée ?

Fabien Roussel Je me félicite du changement de braquet total du président de la République. La campagne que nous avons menée en France avec d’autres organisations, associations, syndicats, chercheurs n’y est pas pour rien. Elle a fait écho à la mobilisation internationale. Emmanuel Macron a bougé sous la pression mais, comme ce n’est pas sa conviction, soyons exigeants notamment sur l’attitude de la France à l’OMC, les 8 et 9 juin, lorsque cette décision devra être prise à l’unanimité.

Une autre question doit aussi nous mobiliser : celle des investissements pour former et adapter les outils de production pharmaceutiques en France et dans le monde. C’est trop facile de la part du président de dire que la levée des brevets ne sert à rien puisqu’on ne sait pas fabriquer les vaccins. Quel défaitisme ! Au contraire, mobilisons-nous pour former et embaucher, pour adapter les outils de production et être en capacité de produire les vaccins en France car ce combat contre la pandémie va durer des années.

CONSULTATION DES ADHÉRENTS DU PCF SUR LA STRATÉGIE PRÉSIDENTIELLE

Inscrits : 43 473  Votants : 30 190 (69,45 % de participation)    Exprimés : 29 617

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Choix des options 
Option 1
Présenter un candidat communiste : 21 337 voix, 72,40 %
Option 2
Travailler un processus commun avec les autres forces de gauche : 6 817 voix, 23,13 %
Abstention : 1 317, 4,46 %

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Choix du candidat 
Fabien Roussel : 23 225 voix, 82,32 %
Emmanuel Dang Tran : 512 voix, 1,81 %
Grégoire Munck : 46 voix, 0,16 %
Abstention : 4 431, 15,70 %

Fabien Roussel : reprendre le pouvoir sur la finance est tout à fait réalisable - La grande interview du candidat communiste aux Présidentielles dans L'Humanité, 15 mai 2021 
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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 06:20
Communiqué de l’AFPS - L’indispensable solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer en France
 
Vendredi 14 mai 2021

Communiqué de l’AFPS

L’indispensable solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer en France

Le gouvernement français vient de passer un cap. Alors que la population palestinienne de Gaza subit la terreur et les destructions des bombardements par Israël, et que les victimes se comptent par dizaines dont de nombreux enfants, le gouvernement français n’a toujours pas condamné ces bombardements aveugles ni la nécessité de protéger la population palestinienne. Et maintenant c’est l’expression de la solidarité à l’égard du peuple palestinien qu’il a décidé de faire taire.

Mercredi 12 mai le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) était mis en garde à vue suite à l’interdiction d’un rassemblement à Paris.

Le 13 mai le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir faire interdire toutes les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien à Paris le samedi 15 mai.

Depuis des semaines, l’armée d’occupation harcèle les Palestiniens de Jérusalem. Cette même armée a pénétré dans les lieux saints (jusqu’à l’intérieur de la mosquée d’Al Aqsa) pour y tirer sur les fidèles. Elle a assuré la protection de centaines de militants racistes criant « mort aux arabes » à Jérusalem. Elle protège les colons armés qui agressent les Palestiniens menacés d’expulsion dans le quartier de Sheikh Jarrah et de Silwan. En Cisjordanie la répression s’abat aussi sur la population : 10 morts ce 14 mai, assassinés par l’occupant. Les Palestiniens d’Israël quant à eux paient le prix d’un racisme institutionnel enraciné dans la société israélienne.

Ces faits n’ont suscité aucune condamnation de la France qui continue de renvoyer dos à dos l’oppresseur et l’opprimé, l’occupant et l’occupé. Cela ne fait qu’accroître la colère et la révolte.

L’AFPS est scandalisée par cette nouvelle décision du préfet de Paris sous ordre d’un ministre de l’Intérieur qui justifie cette interdiction par des supposés troubles à l’ordre public. Elle soutient le référé qui a été déposé contre l’interdiction de manifester. Ce sont les interdictions qui créent les troubles à l’ordre public et non l’inverse. Monsieur Darmanin joue les pyromanes. Il portera la responsabilité des dérapages qui pourraient advenir suite à cette interdiction.

Le 14 mai le ministre Darmanin en rajoute dans l’outrance laissant entendre que les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien sont des manifestations antisémites. C’est scandaleux et indigne. Nous avons le droit de contester le régime israélien d’oppression et de domination sans être insultés et muselés. Nous avons le devoir de dénoncer les violations du droit international. La France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour entrave à la liberté d’expression. Ces violations doivent cesser.

L’émotion est très forte et l’indignation doit pouvoir s’exprimer dans un cadre organisé. Réprimer systématiquement toute expression de solidarité à Paris voire dans d’autres villes est une tendance extrêmement dangereuse. Dans de nombreuses villes de France des manifestations se sont tenues depuis une semaines à l’appel de collectifs d’organisations. Toutes se sont passées sans le moindre incident. Des dizaines de rassemblements sont programmés samedi 15 mai. La solidarité avec le peuple palestinien s’exprimera malgré les défenseurs inconditionnels d’un État criminel.

Nous allons avec nos partenaires prendre des initiatives pour que le droit à manifester notre solidarité avec le peuple palestinien à Paris et partout en France soit restauré.

Le Bureau National de l’AFPS
Le 14 mai 2021

https://www.france-palestine.org/L-indispensable-solidarite-avec-le-peuple-palestinien-doit-pouvoir-s-exprimer

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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 06:05
Bertrand Heilbronn, président de l'AFPS: On a l’impression que Darmanin veut créer des incidents (Médiapart, Justine Brabant, 13 mai 2021)
Bertrand Heilbronn: «On a l’impression que Darmanin veut créer des incidents»
Par

Face aux nombreux rassemblements de soutien aux Palestiniens qui s’organisent en France, l’exécutif emploie la méthode forte. Le ministre de l’Intérieur a demandé l’interdiction des manifestations prévues samedi. Mercredi, le président de l’Association France Palestine Solidarité, Bertrand Heilbronn, a été interpellé à la sortie d’un rendez-vous au ministère des affaires étrangères, pour organisation d’un rassemblement «interdit». Il revient pour Mediapart sur sa garde à vue.

a stratégie de l’exécutif se précise. Après l’invraisemblable arrestation, mercredi 12 mai, du président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) devant le Quai d’Orsay, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a fait savoir, jeudi 13 mai, qu’il avait demandé aux préfets l’interdiction des manifestations pour la Palestine prévues samedi, après une semaine de violences à Jérusalem et à Gaza.

Pour le président de l’AFPS, Bertrand Heilbronn, interpellé mercredi après-midi puis libéré dans la nuit, la méthode dure choisie par l’exécutif marque une rupture et une volonté de faire taire « particulièrement grave ».

À l’issue d’un week-end de violences à Jérusalem et Gaza, votre organisation (l’AFPS) et le collectif dont elle fait partie commencent à réfléchir à l’organisation d’un rassemblement de soutien au peuple palestinien. Comment se passent les échanges avec la préfecture ?

Bertrand Heilbronn. Dans la journée de lundi, le Collectif [pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens – ndlr] a des échanges tout à fait habituels avec la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris.

Quand on sait qu’il y a une forte émotion dans le pays, il est très courant de leur dire : « On sait qu’il va sans doute y avoir un rassemblement. » C’est ce qu’on fait. Ce sont vraiment des négociations très classiques. Et étant président de l’association la plus impliquée du collectif, c’est moi qui suis le « négociateur », en quelque sorte.

 

Le lundi soir, nous avons une réunion du collectif au niveau national, et le lendemain matin je peux donc leur confirmer la tenue de ce rassemblement le mercredi. Le mardi en fin de matinée tombe d’abord une décision de « non prise en compte » de notre déclaration. Des députés du collectif se mobilisent alors et écrivent à la préfecture pour leur dire qu’il est vraiment important que ce rassemblement puisse se tenir.

Je rappelle la préfecture le mercredi matin, où l’on me répond que la décision n’a pas été prise, que le sujet est en cours de discussion au cabinet du préfet. Puis mercredi, à 13 heures [alors que le rassemblement devait se tenir à 15 heures – ndlr], l’arrêté d’interdiction tombe. Je leur dis que c’est irresponsable de leur part, que l’appel a déjà circulé partout sur les réseaux sociaux, que ça nous met dans une situation impossible, qu’on va prévenir nos adhérents mais qu’il faut quand même qu’on aille sur place.

Entre-temps, nous avions pris rendez-vous au ministère des affaires étrangères. L’idée était de discuter de notre inquiétude par rapport à la gravité de la situation et de la position de la France.

Le jour J, vous vous rendez à cet entretien au ministère des affaires étrangères et, fait inédit et rarissime, vous êtes arrêté à la sortie du Quai d’Orsay.

Oui. On va à cette sorte de non-rassemblement [où le collectif demande aux présents de rentrer chez eux – ndlr]. On attend notre rendez-vous au ministère, qui a lieu à 17 heures. J’échange avec les forces de l’ordre, à qui je dis que nous allons être reçus au Quai d’Orsay. Ils me demandent avec qui j’y vais, la liste de la délégation, appellent le ministère pour vérifier… C’est pointilleux mais habituel, et plutôt cordial.

Nous allons ensuite au ministère avec trois parlementaires (la députée PC Elsa Faucillon, la sénatrice EELV Raymonde Poncet, la députée France insoumise Sabine Rupin), le coordinateur du secteur international de la CGT Pierre Coutaz et Jean-Guy Greilsamer de l’Union juive française pour la paix. Deux policiers en civil nous escortent.

Nous sommes reçus par un conseiller du ministère, avec qui nous avons une conversation ferme mais courtoise. L’entretien dure 1 h 15, 1 h 30. Puis à 18 h 30, nous sortons ensemble du ministère. On voit des policiers à la sortie, on n’y prête pas particulièrement attention : on discute du rendez-vous et de ce qu’on va en faire. Puis tout d’un coup, trois policiers me prennent à part et me disent de les suivre : « Nous sommes là pour vous interpeller. »

Je suis placé en garde à vue au commissariat du VIIe arrondissement de Paris pour « organisation d’un rassemblement interdit ». Apparemment, la procédure du commissariat du VIIe est de menotter les gens sur un banc. On me menotte donc pendant cinq à dix minutes, en attendant que l’officier de police judiciaire me signifie ma garde à vue.

Je pense que l’intervention qu’il y a ensuite de partout [plusieurs communiqués et appels sont publiés dans la soirée – ndlr] fait que j’ai pu être entendu vers 23 h-23 h30 par une officière de police judiciaire. Peu après l’audition, on me signifie ma libération. Je suis libéré vers 0 h 15.

Quel est votre état d’esprit à la sortie ?

Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est qu’on est dans une rupture complète des pratiques habituelles entre associations « responsables » et forces de l’ordre. Jusqu’à présent, il y avait toujours des relations courtoises.

Mais avec ce qui s’est passé mercredi, et avec les décisions de Gérald Darmanin aujourd’hui, on est dans une rupture. Il y a, pour moi, une volonté de faire taire l’ensemble de forces démocratiques, dont l’AFPS. C’est particulièrement grave.

L’un des arguments avancés par la préfecture est que votre rassemblement n’a pas été déclaré dans les délais légaux (trois jours avant)…

Cela arrive régulièrement d’obtenir une autorisation même si l’on est hors délai. En particulier dans les périodes de grande émotion, il y a une sorte de consensus sur le fait qu’il vaut mieux que les choses s’expriment dans cadre organisé, c’est très classique.

C’est pour cela que j’estime que l’on assiste à une rupture dans les relations entre les forces de police et les organisations, qui fait que me suis retrouvé en quelque sorte dans la position d’un négociateur qu’on arrête à l’issue d’une négociation…

L’arrêté d’interdiction mentionne le risque d’incidents autour de la manifestation.

Oui, le préfet parle de risques d’importation du conflit et risque d’incidents. On hallucine. En agissant comme ils l’ont fait, qui provoque le conflit ?

Plus généralement, la situation à la suite des déclarations de Gérald Darmanin est inquiétante, non seulement à Paris mais aussi ailleurs. D’après les quelques remontées que j’ai de nos groupes locaux, on a l’impression que les préfets reviennent sur leurs décisions [d’autoriser les manifestations de samedi 15 mai – ndlr] ou sur l’ampleur de ce qu’on peut organiser.

C’est quelque chose de grave. On a l’impression que Darmanin veut créer les incidents. Ceux qui crient à l’importation du conflit sont ceux qui les provoquent.

L’AFPS ira-t-elle manifester samedi, en dépit des interdictions ?

Nous réfléchissons avec nos partenaires sur la meilleure attitude à prendre face aux attaques aux libertés que constituent les directives de Gérald Darmanin. Il ne s’agit pas seulement d’y aller ou pas, mais aussi de voir comment les contester.

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 08:34
Jérusalem, violences à l'égard des palestiniens: Lettre des députés communistes à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères
Jérusalem, violences à l'égard des palestiniens: Lettre des députés communistes à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères
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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 06:22
"Vous avez été informé.e.s de la garde à vue absolument scandaleuse de notre président hier à l'issue du rassemblement parisien de soutien à la Palestine.
 
Informé en fin de matinée par la préfecture de Paris (Lallement!) que le rassemblement était interdit 1) sous prétexte qu'il n'était pas déclaré assez tôt, 2) sous prétexte que ce  serait une dangereuse importation du "conflit" en France, Bertrand et des responsables des autres asso appelant au rassemblement, se sont rendus sur place pour signifier l'interdiction aux personnes déjà rassemblées. Une délégation comprenant des éluEs a ensuite été reçue au ministère des Affaires étrangères. Réunion courtoise. A la sortie, la police arrêtait Bertrand Heilbronn. AucunE autre membre de la délégation. Il a été emmené menotté comme un dangereux malfrat au poste de police du  7ème où il a été attaché à un banc! On lui a signifié sa garde à vue. L'avocat de l'Afps immédiatement contacté a pu le voir et au bout d'un moment Bertrand a pu appeler sa femme, également membre du CN de l'Afps. 
Il a finalement été relâché au bout de 4-5 heures.
 
Cette arrestation est un signe très inquiétant de l'alignement de notre exécutif sur Israël et ses groupes de pression en France. La France se déshonore encore une fois en ne faisant pas respecter le droit dont elle est garante et en laissant commettre impunément des crimes de guerre: des centaines de morts, des dizaines de blessés, des ratonnades, un lynchage...ça ne suffit pas semble-t-il au gouvernement Macron qui se rend ainsi complice de ces crimes."
Claude Léostic
Violation des libertés, abus de pouvoir du préfet macroniste Lallement - Arrestation arbitraire à Paris du président de l'AFPS, Bertrand Heilbronn - Pierre Barbancey, L'Humanité, 12 mai 2021
Arrestation arbitraire à Paris du président de l’Association France Palestine Solidarité
Mercredi 12 Mai 2021

En sortant d’une rencontre au ministère des Affaires étrangères, le président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn, a été arrêté mercredi soir au motif de « manifestation interdite ». L’abus de pouvoir du préfet de Police de Paris, Didier Lallement est dénoncé par de nombreuses personnalités et associations.

Le président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn, encadré par des policiers en tenue robocop, amené dans un fourgon, direction le commissariat du 7e arrondissement où il a été menotté. Dans la soirée de mercredi, Antoine Comte, avocat, s’y est rendu et a constaté que Bertrand Heilbronn était placé en garde-à-vue.

Cela se passe en France, à Paris. Qui plus est, alors que ce responsable associatif venait de sortir d’une entrevue avec un représentant de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. La scène s’est déroulée sous les yeux ébahis des membres de la délégation qui se trouvaient avec lui : les députées Elsa Faucillon (PCF) et Sabine Rubin (FI), la sénatrice Raymonde Poncet-Monge (EELV), Jean-Guy Greisalmer, de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Coutaz pour la CGT.

Dénoncer la répression contre les jeunes Palestiniens à  Jérusalem

Bertrand Heilbronn, en lien avec plusieurs dizaines d’associations, des syndicats et des partis politiques de gauche, avait pris l’initiative d’appeler à un rassemblement devant le ministère français des Affaires étrangères, ce 12 mai, pour dénoncer la répression contre les jeunes Palestiniens à Jérusalem et, surtout, demander à la France d’agir politiquement. Rendez-vous avait été demandé et accepté, avec le cabinet de Jean-Yves Le Drian.

Entretemps, le sang du préfet de Police de Paris, Didier Lallement, n’a fait qu’un tour. Le ministère des Affaires étrangères peut bien recevoir une délégation, mais pas question d’un quelconque rassemblement. Son motif ? Il considère « qu'il existe un risque sérieux que les affrontements violents qui se sont produits ces dernières heures entre Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ne se transportent sur le territoire national et que, dans ce contexte de fortes tensions, cette manifestation soit l'occasion de troubles graves à l'ordre public entre partisans de l'une ou l'autre des parties au conflit ».

Gerald Darmanin affirme qu'il n'était pas au courant

C’est sans doute pourquoi la délégation dès sa sortie du métro, aux Invalides, a été accompagnée par plusieurs policiers en civil. Dans le même temps, et alors que des responsables des organisations étaient restés présents pour demander aux éventuels participants de repartir, des policiers, en tenue d'affrontement, les verbalisaient.

Le préfet Lallement n’en est pas à son coup d’essai dans la répression. Cette fois son attitude confine au danger démocratique. Selon nos informations, le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, interpellé par le plus haut niveau de la CGT, se serait borné à dire qu’il n’était pas au courant. La garde-à-vue de Bertrand Heilbronn, si elle est confirmée dans les prochaines heures, impliquerait pourtant une acceptation de la hiérarchie policière, mais également l’instrumentalisation de la justice, puisque le parquet a forcément signifié une telle décision.

Violation des libertés, abus de pouvoir du préfet macroniste Lallement - Arrestation arbitraire à Paris du président de l'AFPS, Bertrand Heilbronn - Pierre Barbancey, L'Humanité, 12 mai 2021
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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 05:12
Violences à Jérusalem-Est : se préoccuper ne suffit plus, il faut condamner: Pierre Laurent, sénateur PCF, pose une question écrite à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères

Violences à Jérusalem-Est : se préoccuper ne suffit plus, il faut condamner

Alors que l’extrême-droite israélienne sort renforcée à la Knesset des élections anticipées du 23 mars, les agressions de Palestiniens vivant dans le Vieux-Jérusalem par les militants ultranationalistes de Lahava se sont multipliées ces dernières semaines.
La semaine dernière, ce sont de nouveaux projets d’expulsion de Palestiniens vivant dans les quartiers occupés illégalement par Israël de Sheikh Jarrah, de Bab Al-Zahra et de la porte de Damas qui ont mis le feu aux poudres. Dès vendredi, l’ONU a tenu à rappeler à Tel-Aviv que ces expulsions forcées pourraient constituer des crimes de guerre.
En difficulté politiquement, Benyamin Netanyahou souhaite donner une nouvelle fois des gages à l’extrême-droite israélienne. Après le plan d’annexion du poumon économique de la Palestine qu’est la Vallée du Jourdain, soutenu par les États-Unis et l’accélération de l’installation de colons en lieu et place des Palestiniens en Cisjordanie, Jérusalem-Est est la prochaine priorité du gouvernement israélien. Arguant d’une rétroactivité du droit immobilier pour les propriétés juives d’avant 1948, il organise l’expulsion de familles palestiniennes. La mobilisation de ces dernières est réprimée dans le sang.
Le 10 mai, la France a finalement réagi, mais en renvoyant criminels et victimes dos à dos, condamnant les sept tirs de roquette partis de Gaza contre Israël, et se contentant de se montrer « préoccupée » par les violences à Jérusalem-Est. C’est consternant et indigne de la France.
Les parlementaires du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste condamnent fermement les exactions israéliennes dans tous les territoires palestiniens occupés et réaffirment leur soutien aux populations palestiniennes. Ils réitèrent leur attachement à une solution à deux États. Ils rappellent enfin qu’à leur demande, le Sénat avait débattu en juin dernier du projet d’annexion de la vallée du Jourdain. Ils y avaient exigé une parole forte de la France, une reconnaissance de l’État de Palestine et des sanctions contre l’État d’Israël en vertu du droit international.
Pierre Laurent
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