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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 05:26
Landerneau: François Pengam, résistant FTPF sous l'Occupation, enfin honoré (Ouest-France, 18 juin 2018)

Landerneau. François Pengam, résistant sous l'Occupation

 Ouest-France 18/06/2018 Romain LE BRIS

 https://www.ouest-france.fr/bretagne/landerneau-29800/landerneau-francois-pengam-resistant-sous-l-occupation-5831938

  

 

 

 

« Franche » Pengam est mort sans donner ses camarades. Quelques années après la Libération, Landerneau a donné son nom à une de ses rues.© DR

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, Landerneau a connu ses héros. François Pengam était l’un d’eux. Résistant, il avait été dénoncé, puis exécuté par les Allemands.

 

 Il y a 78 ans jour pour jour, le 18 juin 1940, Charles de Gaulle lançait l’appel à la Résistance depuis la radio anglaise BBC. Nombreux sont les Français à avoir répondu présent pour lutter contre l’Occupation de l’Allemagne nazie. À Landerneau, l’un d’eux s’appelait François Pengam.

 Cet employé de bureau, célibataire, né en 1925, a rejoint les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF) en novembre 1942. Il n’avait que 17 ans. Il a été vraisemblablement recruté par Jean Sizorn, décédé en 2001, du patronage Les Gars d’Arvor, aussi appelé « Groupe Lambert ». Ce groupe de combattants résistants, formés dans la rue des Boucheries à Landerneau, est responsable de neuf déraillements de trains, d’une douzaine de pylônes électriques démolis et d’une multitude d’autres sabotages.

Dénoncé à la Gestapo

 François Pengam a participé à ces opérations. D’après son dossier militaire, rédigé le 12 juillet 1945, c’est un « jeune patriote animé d’un courage exceptionnel qui a révélé immédiatement de rares qualités d’initiative et de bravoure qui le faisaient citer comme modèle à ses camarades de combat ».

 Mais le 21 mai 1944, une vingtaine des « Gars d’Arvor » sont arrêtés par le Kommando de la Gestapo de Landerneau, sous les ordres du sergent Herbert Schaad. Ils ont été dénoncés. Le père de François Pengam est également arrêté. « Il n’était pas concevable pour lui de laisser son père condamné à sa place », expliquent leurs descendants sur un site internet. C’est pourquoi le jeune résistant ne prend pas la fuite et se laisse arrêter.

 

« Toujours sans sépulture »

 François Pengam est torturé par la Gestapo. Il finit par avouer et « prend tout sur lui », pour sauver ses compagnons, qu’il ne donnera jamais. Il est le seul à être fusillé le 27 mai, à l’âge de 19 ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. D’après Fernand Tribisch, son compagnon de cellule, il est mort en criant « Vive la France ».

 En sa mémoire, un groupe de résistant prendra son nom : la Section spéciale Franche Pengam. Après la Libération, une rue de Landerneau prend le nom de François Pengam.

  

La rue François Pengam, inaugurée après la Libération, fait la jonction entre les rues de La Fontaine Blanche et du Gaz. | Aude Kerdraon

 

 Ses descendants, neveux et petits-neveux sont encore à la recherche de renseignements sur cet homme « toujours sans sépulture à ce jour », explique Thierry Lucas, son beau-neveu.

 « Sa famille a toujours fait beaucoup de démarches auprès des autorités françaises et allemandes, en vain, continue-t-il. Entendre son nom, ça faisait toujours pleurer dans la famille. Il n’était pas vraiment glorifié, jusqu’à il y a dix ans. »

  

Plus d’info sur le site internet francois.pengam.1944.free.fr.

Landerneau: François Pengam, résistant FTPF sous l'Occupation, enfin honoré (Ouest-France, 18 juin 2018)
PENGAM François

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article167127

 Né le 1er février 1925 à Landerneau (Finistère), fusillé le 27 mai 1944 à Brest (Finistère) ; employé de bureau ; membre des FTPF.

François Pengam
Crédit : Gildas PRIOL

Célibataire, employé de bureau, François Pengam était domicilié à Landerneau.
 Résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) depuis janvier 1944, il semble avoir participé à plusieurs sabotages des voies et moyens de communications. Il fut arrêté à Landerneau le 25 mai 1944 par les autorités allemandes.
 Interné à la prison de Landerneau, il fut ensuite transféré à la prison de Brest. Il ne semble pas avoir été jugé par un tribunal militaire du Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF) comme le montre le courrier traduit envoyé à ses parents.
 Il fut condamné à mort pour « actes de franc-tireur » le 27 mai 1944 par le tribunal militaire de division Feldpost 06.460. Le préfet et la DGTO (Direction générale pour les territoires occupés) ne furent prévenus de cette affaire que le jour où l’exécution leur fut notifiée.
 François Pengam a été fusillé à Brest le 27 mai 1944 par les autorités allemandes à 20 h 30.

 SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty) B VII 1177. – J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit.

Alain Prigent, Serge Tilly

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17 juin 2018 7 17 /06 /juin /2018 06:57
17 juin 1940: l'appel à la résistance de Charles Tillon
Charles Tillon à Carhaix en 1945 comme ministre de l'Air (archives Jean-Claude Cariou): Une photo prise au milieu de la foule sur le stade de Carhaix en 1945, près de l'emplacement actuelle des "Vieilles Charrues". Cette photo appartient à la collection privée de Jean-Claude Cariou. Au dos, on y trouve un tampon du service du ministère de l'Air. De gauche à droite, on peut voir avançant au milieu de la foule un officier de l'armée de l'air, Charles Tillon, Alain Cariou, résistant communiste, vice-président du Comité Départemental de Libération, chargé de l'épuration des fonctionnaires, permanent du PCF jusqu'en 1947 avant de reprendre ses fonctions d'instituteur, Gaby Paul, député PCF de Brest, membre du Comité Départemental de Libération, un élu (le maire de Carhaix), et sans doute le secrétaire de Charles Tillon et un membre du cabinet (légende Jean-Claude Cariou)

Charles Tillon à Carhaix en 1945 comme ministre de l'Air (archives Jean-Claude Cariou): Une photo prise au milieu de la foule sur le stade de Carhaix en 1945, près de l'emplacement actuelle des "Vieilles Charrues". Cette photo appartient à la collection privée de Jean-Claude Cariou. Au dos, on y trouve un tampon du service du ministère de l'Air. De gauche à droite, on peut voir avançant au milieu de la foule un officier de l'armée de l'air, Charles Tillon, Alain Cariou, résistant communiste, vice-président du Comité Départemental de Libération, chargé de l'épuration des fonctionnaires, permanent du PCF jusqu'en 1947 avant de reprendre ses fonctions d'instituteur, Gaby Paul, député PCF de Brest, membre du Comité Départemental de Libération, un élu (le maire de Carhaix), et sans doute le secrétaire de Charles Tillon et un membre du cabinet (légende Jean-Claude Cariou)

L’appel à la résistance du 17 juin 1940 de Charles TILLON - 

Page Facebook de Robert Clément 
 

« Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France.
Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier, au fascisme.
Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme.
Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.
Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes,

UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION!"
Charles TILLON,
Gradignan, 17 juin 1940
 

Antoine Porcu (1) a présente le texte de cet appel et en a expliqué le sens dans un entretien accordé à l’Humanité le 4 mars 2006
 

« L’appel de Charles TILLON est un appel à la résistance sur le territoire national, tandis que celui du général de Gaulle s’adresse d’abord aux français présents en Angleterre pour leur demander de se rassembler autour de lui. Par ailleurs, l’appel de Charles TILLON est explicitement lancé au nom de la lutte contre le fascisme.
Cela le différencie également de l’appel de Thorez et Duclos du 10 juillet 1940, conforme à la ligne de la IIIeme Internationale. Celle-ci réduisait la guerre en cours à un affrontement antiimpérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste. À l’inverse, Charles Tillon en appelle au rassemblement du peuple dans l’action contre le « fascisme hitlérien », dans le droit fil de la stratégie du Front Populaire pour laquelle Maurice Thorez s’était lui-même battu.
Depuis la Libération, la propagande anticommuniste affirme que les communistes ne sont entrés en résistance qu’en juin 1941, lorsque l’Union soviétique est attaquée par les nazis. C’est une parfaite falsification. D’ailleurs, l’importance de ce texte a été appréciée par la direction clandestine du Parti Communiste, laquelle intègre Charles Tillon, à la demande de Benoît Frachon. Mais derrière ce genre d ‘accusation, c’est le rapport même des communistes au peuple français de l’époque qui est questionné. L’appel de Charles TILLON permet de lever toute ambiguïté. Il prouve que l’engagement des communistes s’est fait indépendamment des directives de la IIIeme Internationale.
Car cet appel n’est pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige Charles TILLON est mandaté par le Comité central pour réorganiser le parti communiste dans tout le Sud-Ouest de la France. Son appel y rencontre un certain écho. Les kiosquiers de Bordeaux l’insèrent dans les journaux. Il parvient même jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Le Parti communiste français a été traversé par de nombreuses et dramatiques contradictions. Mais il a toujours été avant tout un collectif de femmes et d’hommes mobilisés pour l’émancipation humaine. Le combat pour cette reconnaissance est crucial dans un contexte où la droite la plus réactionnaire reprend le flambeau de la virulente campagne anticommuniste d’après-guerre dans le but de briser tout espoir de transformation sociale. »
(1) Antoine PORCU, ouvrier métallurgiste, il adhère au PCF en 1943. Il rejoint alors le réseau des jeunes communistes résistants. Secrétaire de la fédération du PCF de Meurthe et Moselle de 1961 à 1979, 
Il est député de 1978 à 1981, il collabore au cabinet de Charles Fiterman au ministère des transports. Il ne renonce pas à son idéal et écrit de nombreux ouvrages en l’honneur des militants et résistants communistes. Il meurt le 1er mars 2017

 

Lire aussi: 

 

1978: Charles Tillon revient sur sa traversée du siècle et ses engagements avec Michel Kerninon dans la revue Bretagnes n°8 : Désenchaîner l'espérance

1945: Charles Tillon, ministre de l'air, en visite à Carhaix (une photo inédite avec Gaby Paul et Alain Cariou, cadres du PCF dans le Finistère à la libération)

Les communistes et la résistance: 17 juin 1940: la reconnaissance de l'appel de Charles Tillon

Communistes de Bretagne (1921-1945)

 

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15 juin 2018 5 15 /06 /juin /2018 05:15
Décès de Bernard Langevin, petit-fils de Paul Langevin, lycéen résistant pendant l'Occupation, participant à la journée d'action du 11 novembre 1940

Triste nouvelle, notre camarade Bernard Langevin, dit "tiapa", nous a quitté aujourd'hui.
Petit fils de Paul Langevin, résistant alors qu'il était lycéen, militant communiste du 12e arrondissement de Paris, guide de montagne et alpiniste de grande renommée, tiapa a eu une vie bien remplie, son absence va nous laisser un grand vide dans le 12e.
Tous notre soutien à sa famille.

En lien, un interview qu'il avait donné à l'humanité sur la mobilisation des lycéens parisiens sous l'occupation, un premier pas dans la résistance et dans son engagement politique.

 

Nicolas Bonnet Ouladj, adjoint communiste à Paris

11 novembre 1940 : un défi au nazisme
« Nous avons perdu du temps à escalader les grilles du lycée… »
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS DEVERS-DREYFUS
MERCREDI, 10 NOVEMBRE, 2010
L'HUMANITÉ
 
 

Témoignage. Ce jour là, des milliers de jeunes défient les nazis sur les Champs-Elysées, notamment sous l’impulsion des lycéens et étudiants communistes. Parmi eux, un élève de 14 ans, Bernard Langevin, qui témoigne aujourd’hui sur cette éclatante manifestation de résistance.

Quelle était 
votre situation 
ce 11 novembre 1940 ?

Bernard Langevin. J’avais quatorze ans en 1940, et je poursuivais ma scolarité en troisième classique au lycée Henri-IV, avec Georges Pompidou comme professeur de lettres. C’était le retour dans le Paris de l’Occupation, après une année d’étude passée à Paimpol. Mon père, Jean Langevin, parti au front en septembre 1939, avait décidé, en accord avec maman, de mettre la famille à l’abri dans la maison de l’Arcouest, dans les Côtes-du-Nord.

Voyais-tu à cette période Hélène et Jacques Solomon ?

Bernard Langevin. Nous avons dîné un soir avec mon oncle Jacques Solomon et Hélène, puis je ne les ai plus revus à partir de novembre ou décembre 1940.

Comment s’est passée 
la rentrée scolaire ?

Bernard Langevin. Autant qu’il m’en souvienne, il n’y a pas eu de réaction particulière à l’exclusion des enseignants d’origine juive de l’éducation nationale. Mon père, Jean, professeur de physique des classes préparatoires et terminales, également à Henri-IV, a réussi à ne jamais remettre le formulaire obligatoire d’attestation de non-judéité.

Quelle avait été la vie 
de ton père, auparavant ?

Bernard Langevin. Normalien, il avait créé, en 1921, avec Georges Cogniot, l’organisation communiste de l’École normale supérieure. Professeur à Alexandrie, en Égypte, il quitta de ce fait le Parti quelques années. Revenu en France, il fut détaché, en 1936, au cabinet du ministre de l’Air, Pierre Cot. Sous la direction de Jean Moulin, on y trouvait, notamment, Robert Chambeiron, Louis Joxe et Pierre Meunier.

L’équipe était très concrètement engagée dans l’aide militaire à l’Espagne républicaine. Je me souviens des nuits blanches qu’il passait dans un grand local en sous-sol à régler des dispositifs optiques d’artillerie avant de les expédier, avec le concours de mes deux oncles, André et Henri.

À la Libération, mon père fut de l’équipe de physiciens rassemblés par Frédéric Joliot-Curie à la création du Commissariat à l’énergie atomique.

Quels sont tes souvenirs 
de novembre 1940 ?

Bernard Langevin. Nous avons, le 30 octobre, été immédiatement avertis de l’arrestation de Paul Langevin : l’électricien, notre voisin, a vu emmener notre grand-père par les Allemands et s’est précipité pour prévenir mon père.

Celui-ci assistait régulièrement aux conférences données au Collège de France. Il nota dans son carnet : « La conférence n’a pas eu lieu. Paul Langevin a été arrêté par Von Stülpnagel » (gouverneur militaire de Paris). J’ai retrouvé, il y a peu, la pétition datée du 4 novembre, signée de 34 élèves de la classe de première où professait mon père, protestant courageusement contre l’arrestation de Paul Langevin, seulement quatre jours après celle-ci. On y trouve le nom de mes amis Claude Orlianges et André Prenant, le grand géographe, fils de Marcel Prenant. Une prise de position publique, malgré les risques encourus vis-à-vis de l’occupant, qui témoigne de l’état d’esprit résistant dès l’automne 1940. Le 8 novembre, je n’ai connu qu’après coup les actions menées par les étudiants, sur le boulevard Saint-Michel, pour exiger la libération de Paul Langevin.

Le 11 novembre, mon cousin Michel, qui était dans la même classe que moi, a été au courant des mots d’ordre de manifestation. Nous avions décidé de la rejoindre à la sortie de 16 h 30. Mais les autorités avaient fait condamner, entre autres, la porte de notre lycée jusqu’à 17 h 30. Nous étions consignés. C’est pourquoi nous avons escaladé les grilles à l’arrière du lycée, mais cela nous a fait perdre du temps… Nous nous sommes retrouvés au métro Champs-Élysées-Clemenceau. À six copains d’Henri-IV, nous avons remonté le trottoir de gauche, vers l’Étoile, en scandant : « Libérez Langevin ! » Cela s’est mis soudain à crier. La foule a reflué et nous nous sommes sauvés en courant, sans être rattrapés par les « voltigeurs » allemands en motos sur les trottoirs, qui, à ce qu’on m’a dit après, ont blessé des manifestants. Épisode amusant : dans le métro, à l’entrée du quai, les poinçonneurs de la TCRP avaient préparé des tickets poinçonnés qu’ils remettaient à chacun. Ainsi, ils participaient de l’esprit patriotique, solidaires des jeunes, tout en demeurant dans la légalité. Impossible pour eux d’imaginer un voyageur dans le métropolitain sans ticket régulièrement poinçonné !

Quelles furent les suites ?

Bernard Langevin. Dans les jours qui ont suivi, le lycée est resté ouvert. Plus tard, en 1942, nous avons observé la soudaine disparition de certains professeurs. Plus de prof de maths – c’était Paul Labérenne. Puis plus de prof d’histoire-géo – c’était Émile Tersen – puis, pour les copains de philo, plus de prof du jour au lendemain – c’était René Maublanc, passé lui aussi dans la clandestinité. Par bonheur, aucun d’eux n’a été pris. Quant à moi, je suis véritablement entré en résistance plus tard, avec mon cousin Michel. Comme dans les Trois Mousquetaires, nous formions un « triangle » à quatre, avec Pagès et Durand. Au Front national, mon responsable, je l’ai identifié à la Libération, était Jean Poperen. C’est avec les mêmes, en juin 1943, que j’ai été arrêté à Paris par la police française. En plus du matériel national, nous fabriquions des tracts avec une imprimerie d’enfant. Maman (Wige Langevin, dessinatrice, fille de l’affichiste révolutionnaire Jules Grandjouan) nous avait appris la linogravure, et nous avions réalisé un très joli tract « Français, ne pars pas en Allemagne ! » Ce matériel d’amateur, saisi lors de la perquisition, nous a sans doute sauvés, car nous avons pu plaider, vu notre très jeune âge, que nous n’appartenions à aucun mouvement. Emmenés à la préfecture de police, nous avons suivi le parcours habituel : la Santé, puis la prison des Tourelles.

Mais, par un heureux concours de circonstances, le juge, Achille Olmi, et le directeur de la prison étaient résistants. Vu les faibles charges retenues, le juge a signé une mise en liberté provisoire (et quelques jours plus tard, pour mes copains) : « Langevin, je te libère… Mais ne rentre pas chez toi. »

Le lendemain, la police revenait me cueillir à la maison, mais trop tard.

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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 14:57
Près de Michelle Thépault, la fille de Jules Lesven, 2e à gauche, les représentants d'associations (Roger Berthelot et Jean-Claude Cariou, de l'ANACR, fils de résistants) et des lycéens

Près de Michelle Thépault, la fille de Jules Lesven, 2e à gauche, les représentants d'associations (Roger Berthelot et Jean-Claude Cariou, de l'ANACR, fils de résistants) et des lycéens

Les lycéens commémorent la mort de Jules Lesven

 Ouest-France Brest 02/06/2018

 https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/les-lyceens-commemorent-la-mort-de-jules-lesven 5802586

Toute la semaine, le lycée qui porte son nom a célébré le 75e anniversaire de la mort de Jules Lesven. Responsable finistérien des Francs-tireurs et partisans (FTP), il fut fusillé au camp d'Auvours, dans la Sarthe, le 1er juin 1943. Vendredi, des lectures de textes ont été faites dans le lycée en présence d'associations elles que Brest 44, l'Anacr, le mémorial Fort-Monbarey, de la présidente du Réseau musée de la résistance nationale et de Michelle Thépaut, la fille de Jules Lesven. « Une véritable surprise » pour le proviseur Stéphane Revelen, qui a longuement recherché des descendants de Jules Lesven. Un calligramme, réalisé par des élèves de seconde CAP à partir de la dernière lettre écrite par Jules Lesven, a reçu un prix dans le cadre du Concours de la Résistance et de la déportation.

Les lycéens commémorent la mort de Jules Lesven (Ouest-France, 2 juin 2018) - Dernière lettre de Jules Lesven, militant cégétiste et communiste, résistant FTPF, fusillé le 1er juin 1943

 

Avertissement: Une photocopie de mauvaise qualité de cette lettre manuscrite se trouvait dans la liasse confiée par Jacques Guivarch de Pleyber-Christ à Alain David et Ismaël Dupont, appartenant d'abord à son père, Jean Guivarch, patron d'une marbrerie funéraire à St Martin des Champs, militant communiste de la section de Morlaix, ancien résistant.

***

Lettre de Jules Lesven, fusillé à Champagné (dans la Sarthe) le 1er juin 1943

Ma chère Monique bien aimée,

Dans quelques heures, je vais être fusillé. Ma dernière pensée va vers toi ma chère Monique car demain toutes ces responsabilités vont peser sur tes épaules, la lourde charge d'assurer le pain pour nos trois petits chéris. Le moment est (illisible) mais je sais que tu es courageuse et que tu ne manqueras pas d'assumer la tâche qui t'incombe en ces heures tragiques et qui vont me séparer de tous ceux qui me sont les plus chers. Du fond de ma noire cellule où j'écris ces derniers mots, je pense à tous ceux que je ne reverrai plus et que j'aimerais saluer, embrasser de tout mon cœur une dernière fois. Je meurs en patriote pour que vive la France, pour avoir la tête haute, pour la libération de mon pays.

Je vais devant le peloton d'exécution la tête froide conscient d'avoir rempli mon devoir de Français.

Je suis resté fidèle à mon passé et à la classe ouvrière et à notre grand parti Communiste auquel j'appartiens qui mène une lutte vigoureuse pour unir toutes les forces vives du pays pour sa libération.

J'adresse aussi à mes camarades de travail mon dernier salut ainsi qu'à tous mes Amis. Je termine cette dernière lettre en te disant Adieu ma chère Monique, Adieu mon cher fils Gilbert, Adieu ma chère fille Mathilde, Adieu mon petit Pierrot.

 

VIVE LA FRANCE

 

***

 

Qui était Jules LESVEN?
 
(un très bon article biographique sur le site du lycée technologique et professionnel brestois, réalisé avec le concours de l'ANACR)
 
Jules LESVEN est né le 25 avril 1904 à Saint-Thégonnec. Orphelin à 4 ans, il est élevé par une tante. En 1929, il épouse Monique Kerrien, née à Plouescat en 1908, couturière. Le couple aura 4 enfants, dont 3 d'entre eux, toujours vivants, résident à Brest ou dans les alentours.
 
Forgeron, Jules Lesven a travaillé à Plouescat, Landivisiau, Plounévez-Lochrist chez un réparateur de machines agricoles. Dès 1929, il est forgeron à l'arsenal de Brest.
Militant syndical - membre du Conseil d'Administration de la CGT (Confédération Générale du Travail) à l'arsenal - et militant politique - il adhère au Parti Communiste en 1935 - il doit faire face à une situation délicate en 1939 lorque le gouvernement Daladier interdit le Parti Communiste. Il participe à sa restructuration clandestine à l'arsenal.
Au sein de son syndicat, il s'oppose aux dirigeants réformistes de la CGT qui sont devenus majoritaires et qui lui demandent de renier son Parti et de condamner la politique de l'Union Soviétique.
Il est alors déchu de son mandat syndical mais s'oppose à cette mesure de déchéance qu'il juge arbitraire, tout comme les ouvriers de l'arsenal.
En novembre 1939, il est coopté au "triangle" de direction de l'organisation communiste clandestine brestoise. Ce triangle est composé de Jeanne Goasguen-Cariou, Eugène Kerbaul et Jules Lesven.
Ce triangle est une unité d'organisation du Parti communiste ; ce mode d'organisation sera ensuite utilisé au sein de la Résistance pour protéger ses membres. Chaque adhérent se situe à une des extrémités d'un triangle et ne connait que les deux autres camarades des deux autres sommets du triangle, ce qui permet d'assurer une certaine sécurité du réseau.
 
En 1940, lors du départ des Anglais, Jules Lesven, avec quelques camarades, récupèrent des armes et des munitions. Le groupe organise des sabotages, dès janvier 1941, sur les chantiers et à l'arsenal. Fin juin 1941, un triangle militaire est mis en place et comprendre Jules LESVEN, Pierre CORRE et Lucien KEROUANTON. Le Triangle militaire a pour but de coordonner l'action des groupes O.S. (Organisation Spéciale de Protection des membres du P.C. distributeurs de tracts et écrivains ruraux et des militants et de leurs familles) de la région brestoise.
Fin 1941, les réserves d'eau distillée destinées à alimenter les batteries des sous-marins allemands sont sabotées à l'arsenal de Brest.
 
Le 27 mars 1942, des sous-stations électriques de l'arsenal sont sabotées.
Fin avril - mai 1942, les groupes O.S. disparaissent : ils sont versés dans les formations de combat mises en place par "Le Front National de lutte pour la libération et l'Indépendance de la France" : ce sont les F.T.P.F (Francs-Tireurs et Partisans Français) pour lesquels compte avant tout l'action directe (propagande, lutte armée, sabotages).
Jules LESVEN devient responsable départemental des "F.T.P." puis interrégional de Bretagne.
 
"Grillés", recherchés par la police française et par les Allemands, les responsables brestois quittent la région de Brest.
Mais les actions continuent : sabotage à la gare de tirage du Mans (09.01.1943) et de la voie ferrée Le Mans - Rennes (26.01.1943), attentats à la bombe à l'arsenal de Brest.

Jules LESVEN, recherché, a quitté l'arsenal de Brest.
Devenu responsable politique de la SARTHE, il est arreté par des policiers français le 7 mars 1943 (jour du 1er anniversaire de son fils Pierre) au domicile d'un chef de train.
Livré au Allemands, torturé, jugé et condamné à mort, il sera fusillé au camp d'AUVOUR (à 15 km du Mans - Commune de CHAMPAGNE), le 1er juin 1943.
Dernière lettre à sa femme de Jules Lesven, résistant communiste brestois fusillé le 1er juin 1943

Dernière lettre à sa femme de Jules Lesven, résistant communiste brestois fusillé le 1er juin 1943

Les lycéens commémorent la mort de Jules Lesven (Ouest-France, 2 juin 2018) - Dernière lettre de Jules Lesven, militant cégétiste et communiste, résistant FTPF, fusillé le 1er juin 1943
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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 06:42
Les Brestois dans la guerre, d'Olivier Polard et Gildas Priol - Une vie de dangers dans une ville en destruction (Fréderique Guiziou, Ouest-France, 12 juin 2018)

Une vie de dangers dans une ville en destruction

 

Ouest-France Brest 12/06/2018 Frédérique GUIZIOU

 

 https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/siege-de-brest-une-vie-de-dangers-dans-une-ville-en-destruction-5818543

  

Le quotidien, héroïque, des Brestois pendant le siège du port stratégique, le journal inédit du résistant Stéphane Massé... Le livre "Les Brestois dans la guerre" mérite un succès populaire. Entretien avec Olivier Polard, historien et Gildas Priol, chercheur, fils et petit-fils de résistants, coauteurs des Brestois dans la guerre.

 

 

 Qu'est-ce qui fait l'intérêt de ce livre d'histoire, consacré aux Brestois pendant la guerre 1939-1945 ?

 Ce livre retrace la vie quotidienne de Brest pendant la période d'occupation, sous les bombardements. Une vie de privations et de dangers dans une ville en destruction. La guerre n'a épargné aucune famille brestoise. Un « bordel » monumental ! Deux mois dans des conditions aussi extrêmes, c'est très long.... Tous les Brestois se retrouveront dans ce livre, Les Brestois dans la guerre, que l'on a voulu populaire et intergénérationnel. Ici, on ressent, toujours, un très vif intérêt pour ce pan si particulier de l'histoire.

 

 

  

 Vous insérez un journal inédit, celui de Stéphane Massé, qui raconte le siège de Brest...

 

Un vrai coup de chance, cette copie du journal de Stéphane Massé, découverte dans les archives de Jean Le Goualc'h, célèbre historien local et cinéaste amateur. On a remonté la piste pour retrouver le document originel, deuxième coup de chance, chez Catherine Massé, la nièce de Stéphane Massé, sa seule descendante. Son journal est un témoignage exceptionnel qui raconte, au jour le jour, la survie dans Brest assiégée, cité et port stratégiques condamnés.

 

 

  

 Qui était Stéphane Massé ?

 Stéphane Massé était membre de l'état-major du mouvement Libé-Nord, le plus ancien et important mouvement de la résistance en zone occupée. Nommé par Mathieu Donnart, chef du service de renseignements pour l'arrondissement de Brest, il faisait partie des 2 500 Brestois restés dans la ville pendant toute la durée du siège des troupes américaines. Son poste d'observation se trouvait au n° 40-42 de la rue Branda, tout en haut de cet immeuble des années 30 épargné de la destruction. Il surveillait les véhicules de la Gestapo, analysait les défenses de l'ennemi, cherchait les emplacements des batteries et des dépôts de carburant.

 

 En quoi son témoignage est-il exceptionnel ?

 Ce ne sont pas les souvenirs d'un vétéran âgé mais le quotidien d'un Brestois engagé : on a l'impression que son récit, palpitant, est tout frais ! À travers ses yeux, on voit les ruines, les cendres, la fumée... On le suit en courant dans des rues connues dévastées pendant que les sirènes retentissent. On ressent son impatience, alors que les Américains ont déjà débarqué en Normandie. On l'écoute maudire le nazi qui balance, ivre, une grenade dans la cave où il se cachait. On l'entend pleurer ses amis, on l'entend applaudir, comme le faisaient alors les Brestois, les avions anglais...

 

 

 Très riche, l'iconographie présente autant de scènes impressionnantes ainsi que de portraits...

Nous avons redécouvert, aux archives, les images du photographe brestois Henri Chalois. Elles livrent une foule de détails : les expressions des Brestois, leurs vêtements, les devantures des magasins... Mettre des visages sur des noms permet d'humaniser plus sûrement l'Histoire, de mieux insérer la petite dans la grande.

  

  

Mercredi 13 juin, à 18 h, librairie Dialogues, à Brest, rencontre avec les auteurs de « Les Brestois dans la guerre » (éditions Dialogues, 29,90 €).

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11 juin 2018 1 11 /06 /juin /2018 05:17
Front Populaire; un livre qui observe les logiques de blocs - article sur le livre de Jean-Paul Sénéchal sur le Front Populaire dans le Finistère par Bruno Salaün, Le Télégramme

Son ouvrage fouillé analyse le Front populaire dans le Finistère. Jean-Paul Sénéchal signe « Finistère du Front populaire, 1934-1938. Lutte pour l’hégémonie et logiques de blocs »*.

 

Jean-Paul Sénéchal avait soutenu une thèse, fin 2015, sur l’impact du Front populaire dans le Finistère. Le docteur en histoire en publie une synthèse éclairante dans un livre publié aux Presses universitaires de Rennes.

L’originalité de l’analyse tient à cette approche qui consiste à observer comment des blocs socio-économiques et politiques se sont comportés dans une société finistérienne très largement rurale et catholique. Une société peu pénétrée par les idées sociales au milieu des années 1930 et très imprégnée de rapports dominants-dominés.

 

Les fractures que l’auteur discerne en disent long sur la volonté des forces en présence de peser, voire de conserver une certaine hégémonie, alors que l’arrivée des gauches au pouvoir en France radicalise les positions, que les résonances sociales du Front populaire et les grèves incitent les uns et les autres à s’adapter.

 

 

 

« Ils ont agi avec une grande finesse »

 

Une illustration parmi d’autres. « Même si catholiques et agrariens bataillaient notamment sur la formation des élites paysannes, ils ont eu une réaction quasi groupée pour éviter que les campagnes ne soient contaminées par le mouvement social », décrit l’historien. « Ils ont agi avec une grande finesse. J’ai été impressionné par la capacité mimétique de l’Église. Elle réalise que le centre névralgique du mouvement social est plutôt situé à Brest. Ça bouillonne à la Maison du peuple. L’Église veut faire la même chose. Les cléricaux lancent une souscription pour créer une maison du peuple catholique, une démarche originale quasi unique en France », complète-t-il.

 

 

Seuls 2 % à 3 % des 60 000 ouvriers agricoles se sont, à l’époque, syndiqués dans le Finistère

 

Cette souscription marchera très peu dans les milieux ouvriers. « Mais le courant passe et permet à la CFTC d’atteindre, par exemple, entre 6 000 et 7 000 adhérents. Ça crée des bases pérennes », note Jean-Paul Sénéchal. Dans le même esprit mimétique, « les agrariens de l’Office de Landerneau, réseau coopératif très puissant, créent un syndicat patrons-ouvriers, alors qu’ils ne parlaient jamais des ouvriers agricoles avant les grèves », observe Jean-Paul Sénéchal.

L’Office de Landerneau ira jusqu’à éditer des tracts à l’été 1936, distribués dans les campagnes. « Il arrive à syndiquer quelques milliers d’ouvriers agricoles aux côtés des employeurs. Évidemment, ça ne peut pas marcher, même si, de l’autre côté, la CGT ne parvient pas à recruter dans les campagnes. Seuls 2 % à 3 % des 60 000 ouvriers agricoles se sont, à l’époque, syndiqués dans le Finistère. Après la guerre cependant, la CGT va en syndiquer des milliers », expose-t-il.

 

« La droite est restée forte »

 

Le docteur en histoire a également décrypté les conséquences politiques du Front populaire dans un département alors ancré à droite. « Il y a eu des satisfactions à gauche avec l’élection du député Tanguy Prigent. Mais l’autre grande figure politique de l’époque à gauche, le Concarnois Pierre Guéguin (PCF) perd de peu les législatives en 1936 face au candidat de droite, parce qu’un radical-socialiste s’est maintenu », rapporte l’auteur.

« La droite est restée forte, grâce notamment à la puissance des agrariens dorgéristes, qui s’appuient parfois sur les chemises vertes fascistes ou en sont eux-mêmes. Grâce aussi à l’appui de l’Office central de Landerneau qui s’assure, en temps de crise, les services d’éléments de la droite nationaliste. La démocratie populaire perd du terrain, les socialistes maintiennent des bastions et le PCF commence à émerger », résume-t-il.

Quant aux acquis sociaux, « une minorité d’ouvriers urbains (hors arsenal) et ruraux ont obtenu des avantages ». Il leur faudra attendre l’après-guerre pour bénéficier de certaines avancées du Conseil national de la Résistance, inspirées ou héritées du Front populaire.

 

* Aux Presses universitaires de Rennes, 393 pages, 25 €.


Le Télégramme, 6 juin 2018

Lire aussi: 

 

Jean-Paul Sénéchal, un historien analyse ce que fut le Front Populaire dans le Finistère

Sortie fin mars du livre de Jean-Paul Sénéchal: le Finistère du Front Populaire, tiré de sa thèse, aux Presses Universitaires de Rennes

Le Front Populaire dans le Finistère: C'était 1936, le Front Populaire vu de Bretagne

 

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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 19:35
Résistance communiste: France Bloch - par Marie Cristiani (aux éditions Arcane)
Résistance communiste: France Bloch - par Marie Cristiani (aux éditions Arcane)

Voilà une histoire tragique de guerre et d’amour, celle entre France Bloch intellectuelle communiste, fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch et de Fredo Sérazin syndicaliste de la métallurgie. Ils se rencontrent en 1938, ont un fils puis basculent dans la résistance.

Elle sera Claudia dans la clandestinité. Chimiste, elle fabriquera des bombes pour les FTP et réussira, sous une fausse identité, à se faire embaucher au laboratoire de police du 36, quai des Orfèvres.
Après la drôle de guerre, lui sera arrêté avec d'autres syndicalistes et communistes. Après une évasion de la forteresse de Sisteron où il retrouve France durant trois jours à Paris, il est repris et incarcéré à Châteaubriand puis à Voves.

En tentant de faire évader une nouvelle fois son mari, elle est arrêtée, transporté en Allemagne et le 12 Février 1943, quelques jours avant son trentième anniversaire, elle est guillotinée à Hambourg.
Après une nouvelle évasion du camp de Voves, Frédo lui rejoint les FTP comme lieutenant. Arrêté par la Gestapo à St Etienne le 15 juin 1944, il est assassiné le même jour.
Leur fils Roland sera sauvé de justesse lors de l'arrestation de sa mère. Il vit aujourd’hui à Marseille.

Marie Christiani journaliste à France 3 a découvert leur histoire en travaillant à un reportage sur Danielle Casanova. Depuis elle n’a eu de cesse de la faire connaître, au travers d’un film, et aujourd’hui d’un livre bouleversant « Mon Frédo » l’entame de la dernière lettre de France à Fredo juste avant d’être exécutée, une lettre qu’il ne recevra pas.

C’est un récit superbe, sobre et puissant. Il inaugure une nouvelle collection d’Arcane 17, parole de femmes. Lisez le!!!

Marie-Pierre Vieu

https://www.editions-arcane17.net/
12 euros.

Résistance communiste: France Bloch - par Marie Cristiani (aux éditions Arcane)
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6 juin 2018 3 06 /06 /juin /2018 18:59
Le Parti Communiste pleure le chanteur Marc Ogeret, symbole de toutes les luttes - Huffington Post, Geoffroy Clavel
Mort de Marc Ogeret: le décès du chanteur de toutes les luttes a ému le PCF

Il sera inhumé avec "un œillet rouge", symbole du Paris révolutionnaire.

 

Il sera inhumé avec "un œillet rouge", symbole du Paris révolutionnaire. Plusieurs figures de la gauche de la gauche ont rendu un vibrant hommage après la disparition ce lundi 4 juin du chanteur engagé Marc Ogeret à l'âge de 86 ans. "Marc est mort lundi au centre hospitalier de Semur-en-Auxois où il était hospitalisé depuis quelques jours", a annoncé sa compagne, Anita.

 

Interprète d'Aragon mais aussi de Jean Genet, Pierre Seghers et Aristide Bruant, il avait à son répertoire la plupart des chants révolutionnaires qui ont fait l'Histoire de France, depuis "L'Internationale" jusqu'au "Temps des cerises". C'était notamment un grand admirateur de la Commune de Paris (1871).

Ce mercredi 6 juin, le secrétaire général du PCF, Pierre Laurent, a notamment salué en lui un chanteur de "la révolte des opprimés".

Chanteur dans l'ombre de Ferré (qu'il a également interprété) et Brassens, il avait fait la première partie du concert de Georges Brassens à Bobino en 1964. Marc Ogeret, habitué des programmations musicales de Radio Libertaire, avait une voix chaleureuse, le timbre clair et un diction impeccable qu'on peut retrouver sur des albums comme "Chansons contre".

 

Marc Ogeret s'était également illustré en reprenant des chansons réalistes évoquant la Première guerre mondiale comme "La chanson de Craonne" ou "La butte rouge".

Marc Ogeret avait commencé sa carrière au début des années 1960 dans plusieurs cabarets de la rive gauche à Paris. Chanteur engagé sur scène et dans la vie (il était membre actif du syndicat français des artistes-interprètes, SFA), il avait reçu en 1962 le prix de l'Académie Charles-Cros.

Il avait été nommé chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 1983.

 

MARC OGERET : MORT D'UN COMPAGNON, 
D'UN AMI DE LA REVOLUTION
Le chanteur Marc Ogeret est mort, le 4 juin, à l'âge de 86 ans, vient d'annoncer sa compagne à l'AFP. Chanteur engagé issu de la tradition rive gauche, il était bien connu des lecteurs de l'Humanité et des participants de la Fête de l'Huma pour ses interprétations des poèmes d'Aragon, des textes de Genet, de Ferré, et, surtout, de son interprétation incroyable (l'une des meilleures) de l'Internationale. Une chose est sûre, nous entendrons longtemps encore sa voix dans les manifs... 
Une pleine page a été publié aujourd'hui dans l'Humanité.

Jean-Emmanuel Ducoin, journaliste à l'Humanité

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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 10:17
Maurice et Josette Audin jeunes avant l'assassinat du mathématicien communiste défenseur de l'indépendance algérienne

Maurice et Josette Audin jeunes avant l'assassinat du mathématicien communiste défenseur de l'indépendance algérienne

Josette Audin, le 13 mars 2018. Lahcène ABIB

Josette Audin, le 13 mars 2018. Lahcène ABIB

Josette Audin ou le deuil impossible
MAUD VERGNOL
MARDI, 29 MAI, 2018
L'HUMANITÉ

À 87 ans, la veuve de Maurice Audin se bat encore pour que la vérité soit faite sur l’assassinat de son mari et la pratique de la torture pendant la guerre d’Algérie. Portrait d’une militante anticolonialiste qui a combattu sans relâche les lâchetés politiques et les mensonges de la grande Muette.

Un portrait ? « Ma vie n’a pas trop d’intérêt vous savez », lâche Josette Audin, qui consent tout de même à l’exercice, « si ça peut être utile ». Dans son appartement de Bagnolet, les mots sont rares. Maurice Audin est partout, éternel jeune homme de 25 ans, immortalisé par des clichés posés sur les étagères du salon. Ses silences, ses soupirs et son regard fixe en disent long du combat de cette femme que l’armée française a arrachée au bonheur, un 11 juin 1957. Mais, derrière ses lunettes, son sourire pudique – lorsqu’elle évoque ses petits-enfants – a gardé la fraîcheur de la jeune femme qu’elle était, qui partageait avec l’amour de sa vie celui des mathématiques, de l’Algérie et de son peuple. Un pays où elle est née et a grandi, dans le quartier de Bab el-Oued.

Militante du Parti communiste algérien (PCA), elle rencontre Maurice Audin en 1952, à la faculté d’Alger. Ils se voient pendant les cours, à la bibliothèque, aux réunions de cellule du PCA. « Ils se sont aussi beaucoup promenés ensemble, et un jour Il a parlé, comme le dit ma mère », raconte sa fille aînée, Michèle Audin (1). Le jeune couple se marie quelques semaines plus tard. « Mais pas à l’église. » Fait rare à l’époque. « Maurice était promis à un avenir brillant, confie Josette Audin. Il avait entrepris sa thèse dans des conditions difficiles, entre notre vie de famille et la guerre. » Depuis l’automne 1955, après l’instauration de l’état d’urgence, le PCA a été dissous. « On était conscient des risques qu’on prenait, explique Josette Audin, mais nous étions révoltés par le colonialisme. On ne supportait pas de voir des gosses algériens cirer les chaussures dans les rues, au lieu d’aller à l’école. Au marché, si le vendeur était arabe, tout le monde le tutoyait. Nous ne l’acceptions pas. »

À l’indépendance, elle fait le choix de devenir fonctionnaire algérienne

Au mois de juin 1957, l’un des plus meurtriers de la bataille d’Alger, le couple héberge des militants clandestins dans son appartement de la rue Flaubert, dans le quartier du Champ-de-Manœuvre. C’est ici que, vers 23 heures, le 11 juin 1957, des parachutistes tambourinent à leur porte, derrière laquelle dorment leurs trois enfants : Michèle, 3 ans, Louis, 18 mois, et Pierre, 1 mois. « Quand est-ce qu’il va revenir ? » demande Josette Audin. « S’il est raisonnable, il sera de retour dans une heure », lui répond un capitaine. « Occupe-toi des enfants », a le temps de lui lancer Maurice Audin. Ce seront les derniers mots qu’elle entendra de son mari. Maurice Audin n’est jamais revenu. Josette n’a jamais cru à la thèse de l’évasion. « Jamais », assure-t-elle. « Il aurait tout fait pour prendre contact avec moi. » Pendant quatre jours, les paras lui interdisent de sortir de son appartement, devenu une véritable souricière, même pour aller au lycée Pasteur, où elle enseigne les mathématiques.

« Mon mari s’appelait Maurice Audin. Pour moi il s’appelle toujours ainsi, au présent, puisqu’il reste entre la vie et la mort qui ne m’a jamais été signifiée », écrivait Josette Audin en 2007 dans un courrier adressé à Nicolas Sarkozy, publié dans nos colonnes, qui restera lettre morte. Inflexible, depuis soixante et un ans, Josette Audin n’a jamais renoncé à sa quête de vérité. « Elle n’a jamais abandonné », explique son plus jeune fils, Pierre, lui aussi mathématicien. Dès le 4 juillet 1957, elle porte plainte contre X pour homicide volontaire. La famille de Maurice Audin est la seule à l’épauler dans ces semaines pénibles, où les soutiens se font rares. Les collègues de la faculté ne se précipitent pas pour l’aider. Quant aux camarades, « c’était trop dangereux pour eux de me contacter ». L’instruction de l’affaire, commencée en juillet 1957 à Alger, est transférée à Rennes en 1960. Deux ans plus tard, un premier non-lieu sera prononcé pour « insuffisance de charges ». Mais Josette Audin ne baisse pas les bras. C’est une battante, une militante. Elle décide de rester vivre en Algérie et, au moment de l’indépendance, elle fait le choix de devenir fonctionnaire algérienne, quitte à perdre beaucoup de salaire. Ce n’est qu’à l’été 1966, après le coup d’État de Boumedienne, qu’elle se résout à partir en France, pour protéger sa famille. « On a annoncé à tout le monde, aux voisins, qu’on allait passer l’été dans le sud de l’Algérie. Ma mère avait tout organisé. On a atterri pour une autre vie à Étampes », raconte Pierre Audin. « Pas de chance, le proviseur du lycée où ma mère enseignait était au FN. Donc on est partis vivre à Argenteuil… » Quelques semaines après son arrivée en France, en décembre 1966, la Cour de cassation déclare l’affaire « éteinte ». Mais les plaies sont toujours ouvertes. « Ma mère n’en parlait jamais. C’était son jardin secret, et on l’a respecté, raconte Pierre Audin. Il y avait son portrait partout, je me doutais que c’était un héros, mais je ne savais pas pourquoi. Un jour, je suis tombé sur un livre dans la bibliothèque, intitulé l’Affaire Audin (2)… »

Les années passent, et chaque nouvelle étape de l’affaire replonge Josette Audin dans ce deuil impossible. Elle ne s’est jamais remariée. Au début des années 2000, alors que les tortionnaires soulagent leur conscience (voir page 6), Josette remonte au front et dépose une nouvelle plainte contre X pour séquestration, qui aboutira encore à un non-lieu. Elle refuse de rencontrer en privé la famille des assassins de son mari : « Si la vérité doit advenir, explique-t-elle, il faut que cela soit devant tout le monde, devant la justice de la République. » L’espoir, la lassitude, la colère… En janvier dernier, à l’Assemblée nationale, à 87 ans, elle est venue redire, avec une incroyable dignité, qu’elle espérait toujours que « la France, pays des droits de l’homme, condamne la torture, ceux qui l’ont utilisée, et ceux qui l’ont autorisée ». Un geste comparable à celui de Jacques Chirac sur la rafle du Vél d’Hiv. « J’attends que la France m’apporte la réponse, je l’attends chaque jour de ma vie. »

(1) Une vie brève, de Michèle Audin. « L’Arbalète », Gallimard. (2) L’Affaire Audin, de Pierre Vidal-Naquet. Les Éditions de Minuit (1958).
 
Chef de la rubrique Politique
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1 juin 2018 5 01 /06 /juin /2018 13:59
Jean-Paul Sénéchal, un historien analyse ce que fut le Front Populaire dans le Finistère
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