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18 juin 2023 7 18 /06 /juin /2023 06:34
Hommage aux fusillés de La Torche : un « moment important » selon le PCF du Pays bigouden

Le PCF du Pays bigouden rappelle l‘importance de l’hommage qui sera rendu, samedi 17 juin, aux fusillés de La Torche à Plomeur. Dans un communiqué, ses militants expliquent : « En représailles à une action de résistance les 15 et 23 juin 1944, 21 hommes membres des Francs-Tireurs et Partisans ont été fusillés à La Torche. Ils combattaient le nazisme, qui, à travers l‘invasion de l’Europe par le pouvoir allemand, tentait de s‘implanter en France. Aujourd’hui, cette idéologie, à travers le racisme et la xénophobie, qui s’exprime par des actes de violence contre la fraternité, couve comme un feu qui peut à tout moment renaître. Avec cette commémoration aux fusillés de La Torche, les militants communistes du Pays bigouden expriment le souhait que le souvenir de l‘histoire reste un marqueur de la lutte contre la banalisation de l‘exclusion et le poison du fascisme ».

Rendez-vous à 16 h 15 à la stèle de La Torche et à 17 h au cimetière de Lesconil.

Le Télégramme 14 juin 2023

Hommage aux fusillés de La Torche : un « moment important » selon le PCF du Pays bigouden
Hommage aux fusillés de La Torche : un « moment important » selon le PCF du Pays bigouden
Hommage aux fusillés de La Torche : un « moment important » selon le PCF du Pays bigouden
Hommage aux fusillés de La Torche : un « moment important » selon le PCF du Pays bigouden
Hommage aux fusillés de La Torche : un « moment important » selon le PCF du Pays bigouden

Juin 1944 - Les fusillés de Lesconil, de la Torche et de Poulguen

15 résistants de Lesconil ont été fusillés a La Torche en Juin 1944

35 résistants ont été massacrés à Poulguen.

Beaucoup de noms de rues des communes du Pays Bigouden évoquent ces martyrs.

"Notre Finistère", supplément à l'Humanité Dimanche, revenait dans ses éditions du 21 et 28 juin 1964 sur la cérémonie à la mémoire des fusillés de la Torche et de Lesconil les 9, 10, 15, 23 juin 1944 pour la commémoration des 20 ans du martyre de ces résistants. 

Au cimetière de Lesconil, 17 sur 19 résistants tombés qui ont leur tombe, étaient membres du parti communiste, assure "Notre Finistère". "Un menhir rappelle la mémoire d'Alain Le Lay, mort en déportation"

"Premières victimes de la barbarie nazie, à Lesconil, les frères Volant (Yves, 30 ans, et Antoine, 20 ans) sont fusillés le 9 juin. Deux jours après, Louis Larnicol (34 ans) subit le même sort à l'école St Gabriel à Pont L'Abbé.

Le 15 juin, la liste s'allonge, neuf marins de Lesconil sont fusillés à La Torche. Le plus jeune, Yves Biger, n'avait pas encore 17 ans, l'âge de Guy Mocquet; le plus "vieux", Pierre Daniel, a 37 ans.

Les dunes de la Torche n'ont pas fini de rougir du sang des martyrs. Face à la mer, six patriotes tombent le 23 juin. Les trois plus âgés sont fusillés les mains enchaînées, devant les trois jeunes, qui, huit minutes plus tard, 22h28, dit le rapport, connaîtront le même sort".

Les photos publiés datent des premières cérémonies à la Libération en août 1944, 2 mois après leur exécution. 22 enfants de Lesconil, résistants, sont morts pour la France, fusillés ou en déportation, comme Alain Le Lay, 34 ans, Yves Le Donche, 21 ans, Antoine Buannic, 20 ans.

Site internet https://bigouden1944.wordpress.com - Gaston Balliot:

"Les fusillés de La Torche

La période Avril-Juin 1944 fut terrible pour notre pays bigouden.
Des résistants furent fusillés par l’occupant allemand sur le site de La Torche, commune de Plomeur, et sur le site de Poulguen, commune de Penmarc’h.
Les uns comme les autres ont été condamnés à mort par le même Tribunal militaire.

15 jeunes de Lesconil ont été abattus les 15 juin et 23 juin sur la dune de La Torche, en Plomeur.

Le 6 juin 1944, jour du débarquement anglo-américain en Normandie, les Francs-tireurs et partisans de Lesconil reçurent d’un « jeune chef », Alex ou Jean-Marie, l’ordre d’investir, dans la soirée le bourg de Plomeur, carrefour de routes venant du Guilvinec et de Penmarc’h où stationnaient de fortes garnisons allemandes, au port et au champ de tir.

Voulaient-ils obéir à l’ordre – devenu caduc – d’empêcher les renforts allemands de rejoindre la Normandie ?

Les gradés réveillèrent Mr le Maire, Louis Méhu, abasourdi et inquiet. Au cours de la nuit, les Francs-tireurs arrêtèrent une patrouille allemande de deux hommes, puis deux Caucasiens, supplétifs de l’armée allemande basés à Beuzec, qui étaient chargé d’apposer des affiches signalant le nouveau couvre-feu.

Les soldats prisonniers furent dirigés vers Plonivel, base ou « maquis » des résistants. Allait-on les fusiller ?… On leur demanda de creuser leur tombe.

Au matin, les occupants déclenchèrent la riposte. Louis Méhu, Isidore Garo, le secrétaire de mairie, et une dizaine de passants furent pris en otages. Des interrogatoires musclés eurent lieu à l’école Saint-Gabriel de Pont L’Abbé devenue siège de la feldKommandandur. Les traces de sang sur les murs et les parquets le témoignèrent. Les allemands ne tardèrent pas à savoir où étaient détenus leurs quatre soldats ; ils encerclèrent alors le village de Plonivel. Les frères Volant voulurent s’échapper en traversant le bras de mer mais furent abattus.

Avec les renforts caucasiens, les Allemands organisèrent de grandes rafles, à Lesconil et dans les ports voisins. Les quatre prisonniers libérés connurent leurs geôliers et les autres participants à l’occupation du bourg de Plomeur. Affaire douloureuse, trois marins âgés qui étaient venus raisonner les jeunes francs-tireurs pour qu’ils libèrent leurs prisonniers. Ils furent reconnus, hélas, comme des geôliers.

Les FTP furent jugés par un tribunal militaire présidé par le général Duvert, chef de la division des supplétifs caucasiens. 15 Lescolinois furent condamnés à mort et fusillés sur les dunes de La Torche en Plomeur, les 15 et 23 juin, et enterrés dans le sable. Ils sont tous morts en braves avec ce cri « Vive la France ».

Louis Méhu fut fusillé à l’école de St-Gabriel.
Isidore Garo fut déporté en Allemagne mais ne reviendra pas des camps.

Les services de renseignement nazis firent arrêter d’autres FTP, en mer le 6 juin, comme Antoine Buannic et les déportèrent vers l’Allemagne.

Ces événements eurent de graves conséquences dans les communes voisines. Au port du Guilvinec-Léchiagat le 12 juin, 2000 hommes furent raflés par représailles. Une cinquantaine de STO, jusque là peu inquiétés, furent dirigés vers les usines de Pologne.

Tous les travailleurs revinrent en France après la victoire mais 2 FTP reconnus périrent à Ellrich et Neuengamme. Un juif roumain déserteur, caché à Léchiagat depuis 1940, Ernest Mandelbaum, mourut 5 jours après son arrivée à Auschwitz.

A l’Île Tudy la rafle du 20 juin décapita le groupe FFI de Libération Nord. Treize îliens résistants périrent dans les camps de Dora ou Ellrich. Seul rescapé, Pierre Gouasdoué".

***

https://bigouden1944.wordpress.com/2019/04/11/les-fusilles-de-1944 - Le Blog de Gaston Balliot

https://www.gastonballiot.fr/les-fusilles-de-1944/

Les fusillés de Poulguen

Sur la dune de Poulguen, en Penmarc’h, 35 cadavres ont été retrouvés dans une fosse commune.

A LA MEMOIRE DES FUSILLES DE POULGUEN

par Alain Signor en 1964

Le 8 mai dernier (1964), dans toutes les communes de France, a été commémoré l’Armistice du 8 mai 45. Au Guilvinec, à Treffiagat et Penmarc’h, cette cérémonie a été marquée par un dépôt de gerbe au monument aux Morts. La plupart des participants se sont ensuite rendus au monument des fusillés de Poulguen, Poulguen où, d’avril à mai 1944 (voici donc 20 ans), tombèrent avec un grand courage 33 combattants de la Résistance.

Deux républicains espagnols y achevèrent leur héroïque combat pour la liberté, mêlant un sang généreux à celui de nos compatriotes . Plus tard les bourreaux hitlériens, après avoir abattu sur le territoire de leur commune natale les deux frères Volant, de Plobannalec-Lesconil. vinrent enfouir leurs cadavres dans le sable abreuvé de sang de Poulguen. Au total 35 patriotes y trouvèrent une fin glorieuse.

Leurs noms sont gravés dans le granit du monument érigé en 1947 à l’initiative de la municipalité de Penmarc’h, sur les lieux même du massacre, sauf pour quatre d’entre eux, non identifiés et qui y figurent sous l’inscription : « quatre Anonymes » .Quatre soldats sans uniforme, de la liberté et de l’indépendance, soldats aux noms perdus, d’autant plus chers, s’il est possible, à nos cœurs.

Ces combattants étaient tous des travailleurs : ouvriers, paysans, marins, artisans, commerçants, enseignants, fonctionnaires…

La noble figure du docteur Nicolas, né à Pont-L’Abbé , le 16 décembre 1879, domicilié à Concarneau représentait les professions libérales. C’était aussi le doyen d’âge de tous ces héros. Il aurait pu être le père, et même le grand-père de beaucoup d’entre eux.

Ce qui frappe, en effet, c’est leur jeunesse. La plupart étaient Finistériens; mais l’Ille-et-Vilaine, l’Eure-et-Loir et la Région parisienne y étaient aussi représentés, et, nous l’avons vu les Républicains espagnols . Ce qu’ils avaient tous de commun, c’était la haine de l’oppression, l’amour de la liberté, la volonté d’une vie meilleure dans un monde libéré de la servitude.


Nom et prénoms

date de naissance lieu de naissance Résidence
Quatre anonymes

MORENO (pseudo) Joseph 15.09.1915 Madrid (Espagne) Réfugié en France

GARCIA Martin Antonio 13.0.1911 Avila (Espagne) idem

LE GALL François 09.11.1923 ? Saint-Grégoire(Ille et Vilaine)

CARON William 18.02.1919 ? Sorel-Moussel (Eure et Loir)

COCHERY René 06.01.1914 Chartres (Eure et Loir) Morlaix

BEVIN Yves 09.01.1921 Peumerit ( Fin.) Vitry-sur-Seine

LANCIEN Jean-Louis 05.05.1921 Scaër

QUEINNEC Arthur 18.09.1919 Quimper

LE PORT Charles 2301.1920 Quimper

VOLANT Marcel 04.08.1916 Quimper
KERGONNA Marcel 08.09.1919 Beuzec-Cap-Sizun Quimper
PLOUZENNEC Pierre 12.05.1920 Plogastel-Saint-Germain Quimper

CAM Maurice 20.06.1919 Pont-De-Buis

NORMANT Robert 30.07.1919 Plouhinec

VOLANT Antoine 20 ans Plobannalec-Lesconil

VOLANT Yvon 30 ans idem idem

GRALL Henri 07.01.1922 Pleyber-Christ

BOURLES Jean 11.06.1920 Pleyber-Christ

CREAC’H Albert 07.08.1920 idem

PHILIPPE François 22.09.1920 Landivisiau

LE BUANEC Arthur 01.09.1919 Guerlesquin Morlaix

LE SIGNOR Roger 29.12.1919 Camaret-sur-Mer

COAT Paul 03.03.1925 Brest St Marc Brest

TANGUY Hervé 25.01.1926 idem

PAUGAM Roger 12.10.1923 idem

LE BAUT Roger 17.09.1921 idem

BRUSQ Emmanuel 13.08.1923 Audierne

SIMON Jean 09.10.1924 idem

CADIC Eugène 14.04.1921 Bannalec

LOREC Eugène 10.04.1920 Pont-L’Abbé idem

Dr NICOLAS Pierre 16.12.1879 idem Concarneau

Les Résistants étaient astreints à la stricte observation des règles de la clandestinité. La moindre indiscipline en ce domaine pouvait entraîner de redoutables conséquences. C’est pourquoi de leurs épreuves, de leurs combats, de leurs succès comme aussi de leurs revers, il subsiste peu de traces écrites, car l’ordre était, ici, inflexible : il fallait détruire toutes les traces écrites susceptibles de renseigner l’ennemi.

Toutefois, voici deux témoignages : l’un émane de Jean-Roland PENNEC de Camaret-sur-Mer, plus connu de ses compagnons d’armes sous le pseudonyme de « Capo ». L’autre vient d’un douanier allemand de la Gast de Guilvinec, recueilli par un de ses collègues d’Audierne et rapporté par Francis POSTIC, ancien maire de cette dernière commune et ancien douanier lui-même.

« Capo » avait 23 ans lors de évènements dramatiques de Poulguen. Ce n’est qu’à une énergie indomptable qu’il dut de ne point partager le sort de ses infortunés compagnons.

Très tôt, sa volonté de combattre l’envahisseur les armes à la main le conduisit à s’enrôler dans les F.T.P.F., avec une poignée de Camarétois aussi décidés que lui à la lutte. Affecté au maquis de Spézet, il entra, avec son ami Roger SIGNOR dans l’unité de choc constituée en 1943 et placée sous le commandement de Yves BEVIN, professeur à Vitry-sur-Seine.

L’unité comprenait d’autres résistants connus pour leur bravoure : Jean-Louis LANCIEN de Scaër , Fernand AUMEL, probablement de Callac ( Côtes du Nord), Jean-Louis DERRIEN de Plonéour-Ménez, leur agent de liaison et un Camarade juif dont « Capo » ignorait l’identité et dont il pense qu’ils seraient parmi les « anonymes » de Poulguen.

Cette unité harcela l’ennemi dès sa constitution ; elle battait un vaste secteur de la Montagne Noire. Admirablement renseignés, elle frappait les postes isolés, mitraillait les cantonnements, les transports, faisait sauter les dépôts de munitions et de matériel de guerre. L’objectif atteint la troupe s’évanouissait, puis se regroupait sur des bases éloignées.

Cependant Yves BEVIN fut arrêté au Fell en Spézet, en 1943, avec son agent de liaison et un autre camarade. Condamnés à mort, ils furent exécutés à Poulguen. L’unité reconstituée,

Le commandement en fut confié à « Capo ».

Au début de l’hiver 1943-44, elle reçut la mission de transférer cinq aviateurs américains dans les Côtes-du-Nord. La tâche accomplie, l’escorte s’arrêta à Gourin sur le chemin du retour ; elle fut hébergée à l’hôtel-restaurant Perrot, près de la gare. A ce moment « Capo » contracta une forte grippe et dut garder le lit. Il demanda en vain à ses compagnons de quitter l’hôtel-restaurant, mais aucun ne voulut le laisser seul. Deux jours plus tard , ils y étaient encore. Au cours de la dernière nuit passée à l’hôtel, 200 Allemands transportés par camions, cernèrent l’immeuble. Jetés dehors, en chemise, les mains levées et aveuglés par les phares des camions, Capo et ses compagnons demeurèrent deux heures durant exposés aux morsures d’un froid glacial. Emprisonnés d’abord à Carhaix, privés de toute nourriture et de boisson pendant trois jours, ils furent ensuite transférés à la prison Saint-Charles de Quimper. Tous furent condamnés à mort. Ils se retrouvèrent à dix dans le cachot destiné aux condamnés à mort. Aussitôt, ils entreprirent de s’évader, se procurèrent une corde, peu solide hélas, percèrent le plafond de la cellule puis la toiture. Selon l’ordre déterminé; Capo sortit le premier suivi de Jean-Louis DERRIEN. Lorsque Roger SIGNOR, plus corpulent parvint presqu’à la toiture, la corde se rompit. Les huit patriotes qui restaient furent exécutés à Poulguen en avril-mai 1944.

Pour terminer cette évocation et faire toucher du doigt – notamment aux jeunes générations- le courage inouï de ces hommes , nous rappellerons l’exemple de Manu BRUSQ d’Audierne. Ce témoignage nous vient d’un douanier allemand de la GAST (Douane allemande) du Guilvinec, recueilli par un de ses collègues d’Audierne et que nous a rapporté Francis Postic, ancien maire de cette commune et ancien douanier lui-même.

Manu Brusq, jeune homme athlétique. Dynamique, très intelligent et cultivé, était l’homme des coups de main spectaculaires, I’homme « sans peur ». Il avait du mal à se contenir et sa témérité frisait apparemment l’inconscience du danger comme en témoigne son dernier acte avant son exécution.

Alors que les condamnés arrivaient au lieu désigné pour leur exécution, encadrés par les soldats allemands, fusils chargés, baïonnette au canon, un capitaine commit l’imprudence de s’approcher trop près des patriotes pour lancer un ordre aux soldats de tête. D’un geste frénétique, Manu BRUSQ s ‘empara du petit sabre de l’officier et le tua. Presque massacré à coups de crosses, il fut fusillé quelques minutes plus tard.

Ni chez Manu, ni chez ses camarades, il n’y avait la moindre inconscience du danger. Bien au contraire, ils étaient bien placés pour apprécier la sauvagerie de l’ennemi et savaient pertinemment à quoi ils s’exposaient, mais leur détermination venait d’abord de leur haine d’un oppresseur particulièrement féroce, mais aussi dans ce que, dans le combat, ils s’étaient aguerris et connaissaient parfaitement ses insuffisances et ses faiblesses.

A l’heure où certains s’efforcent de ternir l’image de la Résistance, de réhabiliter quelques criminels nazis, où certaines organisations d’extrême-droite se réclament ouvertement de l’idéologie fasciste, il était bon que soient rappelés les immenses sacrifices consentis par notre peuple pour libérer notre territoire de l’oppresseur hitlérien.

Alain Signor, Député du Finistère

 

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6 juin 2023 2 06 /06 /juin /2023 05:39
Photo de Jean-Marie Le Guen à la Libération - Collection personnelle de Marie-Hélène Le Guen

Photo de Jean-Marie Le Guen à la Libération - Collection personnelle de Marie-Hélène Le Guen

Cent ans d'engagements communistes en Finistère: Jean-Marie Le Guen (1911-1980)

Jean-Marie Le Guen est le père de nos camarades Marie-Hélène Le Guen (PCF Morlaix), de Eliane Lejeune (PCF Morlaix), récemment décédée, et de Fernande Guéguen (PCF Brest), et de Annie Le Guen (ancienne élue communiste à Huelgoat, sous le mandat de Robert Cleuziou).

Ce n'est pas un hasard si beaucoup des enfants de Jean-Marie Le Guen ont eu des engagements communistes...

C'était le combat de sa vie.

Tout un symbole: il est décédé à 69 ans d'une crise cardiaque à Brest, le 13  décembre 1980, à l'occasion d'un meeting de Georges Marchais, alors qu'il était au côté de ses filles et de son fils et qu'il s'indignait contre des anti-communistes (ou militants anti-nucléaires) qui étaient venus railler le candidat aux présidentielles du PCF à la fête de l'Unité.

Mouloudji et Bernard Lavilliers étaient invités, on pouvait manger des frites et du kig-ar-farz pour la traditionnelle Fête de l'unité, la grande fête régionale du PCF à l'époque.

Et des manifestants anti-nucléaires s'étaient invités reprochant le soutien de Marchais à la centrale nucléaire de Plogoff...

Marie-Hélène nous en parle encore avec beaucoup d'émotion, elle qui avait 24 ans à l'époque.

Son père avait déjà eu trois crises cardiaques mais elle n'imaginait pas que ce moment de fête et d'espoir avec Georges Marchais, dont la popularité dans le peuple était très forte à cette époque, et que beaucoup de communistes pensaient en mesure de dépasser F. Mitterrand pour atteindre le second tour des Présidentielles, puisse se terminer ainsi.

Jean-Marie Le Guen, son père était un personnage, conteur et bretonnant hors pair, c'était le parrain et l'ami du conteur de Huelgoat Jean-Marie Le Scraigne (1920-2016).

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 63/ Jean-Marie Le Scraigne (1920-2016)

Ce dernier lui devait sans doute une partie de ses histoires et de sa passion du conte et du breton comme moyen d'expression et de création d'histoires...

Jean-Marie Le Guen est né le 3 novembre 1911 dans le Haut-Léon, à Lampaul-Guimiliau.

Ses parents sont venus tenir une ferme sur Locmaria-Berrien, au village Le Helaz, puis sur Berrien. C'est là qu'il a rencontré sa femme et la mère de ses enfants, Soazig Quemener (née en 1918, mariage en 1939).

Il a été brièvement clerc de notaire, puis il est devenu cultivateur à Berrien.

Il a adhéré au PCF en 1931 et est entré dans la cellule d'Huelgoat en 1934.

Il militait surtout en milieu rural avant même son adhésion au Parti, note Eugène Kerbaul.

Il fut candidat communiste aux législatives de 1936 dans la circonscription de Chateaulin 2 - regroupant les cantons de Huelgoat, Carhaix, Châteauneuf du Faou - réalisant 6,34% des voix (778 voix, 4e et dernière position, derrière Pierre Lohéac, Hippolyte Masson, Guillaume Jaffrennou).

Lors de ces élections, il arriva en tête dans les communes de Berrien, Huelgoat, Scrignac, les campagnes rouges de l'Arrée, avant même les épisodes tragiques et glorieux de la Résistance populaire à l'Occupation nazie.

Il avait fait campagne, note Eugène Kerbaul dans la notice qu'il lui consacre dans son dictionnaire du mouvement ouvrier et résistant finistérien "1918-1945: 1640 militants du Finistère. Dictionnaire biographique de militants ouvriers du Finistère élargi à des combattants de mouvements de la Résistance, complétés en 1986 et 1988", en se disant "Breton de race et de langue", ce que le journal régional du Parti avait repris et ce qui fut pour beaucoup dans son succès dans les trois communes... et dans les autres où il avait eu à parler breton à des auditeurs ruraux qui aimaient que l'on s'exprimât devant eux dans leur langue de tous les jours.

"Le breton parlé de Jean-Marie Le Guen, poursuit Eugène Kerbaul, était un des meilleurs qui fut utilisé alors aux tribunes des réunions publiques".

En 1937, Jean-Marie Le Guen a l'honneur d'être sollicité pour aller se former à l’École Nationale du PCF à Montreuil, signe que l'on voit en lui un cadre régional en devenir.

Sous l'Occupation allemande, il diffuse des tracts et publications du PCF et du Front National de Libération de la France et intègre les FTP.

Beaucoup de ses amis meurent, dénoncés par des miliciens, arrêtés par l'occupant, déportés, torturés, fusillés. Certains étaient très jeunes,  réfractaires du STO. Quand Jean-Marie Le Guen évoquait cette période, il était toujours blessé et peiné.

Jean-Marie Le Guen s'engage dans la résistance armée même s'il était amputé de trois doigts suite à des travaux agricoles qu'il avait fait étant enfant à Locmaria-Berrien pour défricher la lande avec une machine qu'il avait manipulé imprudemment.

Cela lui a d'ailleurs valu une exemption de service militaire. 

Mais cela ne l'a pas empêché de combattre et de diriger des opérations de combat contre l'ennemi avec bravoure et efficacité.

Le 24 avril 1947, il est cité à l'Ordre de la Brigade n°42 par le Général de Division Préaud, commandant de la IIIe Région Militaire:

"Jean-Marie Le Guen, des Forces Françaises de l'Intérieur du Finistère

Chef de section d'un cran et d'un courage remarquables.

A pris part à des nombreux engagements, notamment à l'attaque d'un convoi allemand le 28 juillet 1944 à Scrignac, où 3 camions furent détruits et 85 hommes mis hors de combat*, et aux combats de la Libération du 4 et du 5 août à Plouigneau et du 8 août à Plougastel-Daoulas.

Cette citation comporte l'attribution de la croix de guerre" 

* A Scrignac, le 12 septembre 1943, l'Abbé nationaliste breton Jean-Marie Perrot accusé de Collaboration avec l'ennemi, est exécuté, sans doute par un jeune résistant communiste, sur une décision jointe de la Résistance, la France Libre et les FTP.

Voici ce qu'on peut lire dans wikipédia sur cette période d'une violence inouïe à Scrignac pendant la Guerre: 

"Le 19 juillet 1944, une rafle commise par le kommando de Landerneau provoque l'arrestation de trois personnes de Scrignac, qui sont torturées. Entre le 18 et le 30 juillet 1944, les violences se succèdent à Scrignac. En représailles à la suite de l'assassinat de l'abbé Perrot, le bourg tout entier est mis au pillage ; terrorisés, les habitants s'enfuient. Les soldats allemands, aidés de membres du Bezen Perrot dirigés par Michel Chevillotte se servent dans les maisons, incendient l'école, la mairie, ainsi qu'un hameau de la commune, et multiplient les rafles, les arrestations et les tortures. Le  18 juillet 1944, lors d'un parachutage d'armes dans la région de Scrignac, un groupe de 13 jeunes gens est arrêté et deux d'entre eux, Robert Guinier et Pierre Le Hénaff, sont transférés par les Allemands à Pontivy; leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Les corps des frères P. et V. Poher, demeurant à Plévin et arrêtés à Bourbriac, sont découverts à Scrignac le 20 juillet 1944, puis ceux de François Kervœlen et Édouard Guillou, exécutés le 30 juillet 1944. Le 29 juillet 1944, l'aviation alliée bombarde le bourg à la demande de la Jedburgh Team Hilary, l'objectif visé étant les deux écoles publiques où logeait l'armée allemande et le presbytère où logeaient les miliciens de la Bezen Perrot. La résistance locale s'était opposée en vain à ce bombardement qui fit vingt-trois victimes civiles parmi la population malgré le bouche à oreille qui avait annoncé le bombardement, mais seulement deux victimes parmi les militaires allemands, la plupart de ceux-ci étant partis en opération ; les miliciens demeurés sur place furent indemnes. "

Jean-Marie Le Guen a lui-même échappé de justesse à l'arrestation pendant l'occupation. Sa maison a été fouillée alors qu'il avait un pistolet dans son buffet. 

 

Cent ans d'engagements communistes dans le Finistère - Jean-Marie Le Guen (1911-1980) résistant dans le maquis de Berrien

Après la guerre, Jean-Marie Le Guen reste agriculteur quelques années, puis devient cantonnier municipal à Huelgoat, avant de devenir jardinier, employé notamment de la Centrale de Brennilis. 

Il compose des poèmes et des balades en breton, telle "une chanson des betteraves" (Son ar Boetrabez), une narration truculente sur la ramasse des betterave en Picardie dans l'Oise par les jeunes paysans bretons des Monts d'Arrée, ou encore cette "Chanson du Maquis".

Jean-Marie Le Guen avait beaucoup d'humour. C'était un homme très ouvert et parlait avec tout le monde, y compris les curés. Il lisait beaucoup et s'intéressait à tout.

 

Son ar Maki

Er bloaz naontek kant pevar ha daou-ugent

Da debarket an Angliched d'ar c'hwec'h ar miz even

Ar re gentaň debarket a oa Kanadianed

Paotred an « Amerik du Nord » ‘zo soudarded kalet


 

Ar pempzekteiz gentaň, oa bet stard ar barti

Keot e oant ‘tebarkaň traoù war kotoù an Normandi

Me ho ped tudoù yaouank, pe re a gar ar Fraňs

D’en em angaji raktal ebarzh troupoù ar resistaňs


 

Pe re a zo pevar bloaz ‘zo kuzet ‘barzh ar c’hoajoù

Soatret o deus kalz a wad ‘vid difenn ar vro

Bremaň ‘zo pevar bloaz ‘zo pa oamp en em formi

Kuzet e kreiz ar c’hoajoù, vijemp aňvet « Maki »


 

Taolet ha distaolet eus an eil koat d’egile

Evit chom kozi dalc’hmat e danjer hor buhez

Bez’ a oa eneb deomp toud arme ar boched

Ha kalz a Fraňsijen aňvet ar milisianet


 

Ar re eus ouzhomp a vij’ taped e vije torturet

Evit tennaň diganto anoioù kamaraded

Nag ar boan nag an dortur na rae deomp kaoseal

Gwelloc’h gavemp soufr’ hon foan ‘vid gwerzhaň ar re all


 

Jean Korr ar milisian braz a oa bet tigouezhet

Da zebriň gant ur c’hamarad du-man e gar Skrignag

Med ar c’hamarad-se n’oa ket braz skolajet

Da Ziwall diouzh Fransijen n’o ket bet prevenet


 

An deiz-se Jean Korr ‘n doa lakeet lac’had pemp kamarad

Rapartiet diouzh ar c’hentaň group oa bet formet e Skrignag

Ha pevar gamarad all ‘n deus galloud tond d’ar ger

En ur lampad diouzh an treň du-se kichen Langeais


 

N’eus ket c’hoaz a gwall pell’zo oa aretet Jean Korr

O tond eus Landevenneg pa oa treuziň ar mor

Bet e bet e tre daouorn tud e ker Landerne

A zigase dezhaň da zoňj ar maleurioù ‘n doa graet


 

N’eus ket kalz e barzh ar Fraňs a zo gouest da gompren

Ar maleurioù o deus graet lod eus ar fraňsijen

Da betek lakkad war o c’hein gwiskamant ar boched

Ha dond da lakaad an tan war beizanted Skrignag


 

Eürusamant e Kergiz oa formet ur maki

En ur feurm tost ha Bont-Lemezhek oa groat dezho rekuli

Nav oto bennak o oa leun a vilisianed

Ma oa komaňset ar gombat na pebezh kriadeg


 

D’an daou du eus ‘n hent braz friz’ a rae an tennoù

Kalz a vilisianed o doa kavet o maro

Abao an devezh-se war beizanted Skrignag

Oa ket bet lakeed an tan gant ar vilisianed


 

Ar son-mân ‘zo kompozet gant un den a raeson

En deus kombated ar boched eus kreiz e galon

Maget eo mesk ar brug, tost da vro ar merienn

E chom eo bet barzh an Helaz e Lokmaria-Berrien


 

Ar son-maň a zo bet kompozet gant

Jean-Mar’ ar Gwenn eus an Uhelgoad

(chom en amzer-se e Lokmaria)

 

 

Traduction:

En l'an 1944

Les Anglais avaient débarqué le 6 juin

Les premiers débarqués étaient Canadiens

Les gars d'Amérique du Nord sont des soldats costauds

 

Les 15 premiers jours la partie avait été serrée

Tandis qu'ils débarquaient des choses sur les côtes de Normandie

Je vous prie jeunes gens, ou ceux qui aiment la France

De vous engager tout de suite dans les troupes de la résistance.

 

Ceux qui sont cachés depuis quatre ans dans les bois

Ils ont versé beaucoup de sang pour défendre le pays

Il y a maintenant quatre ans quand nous nous formions

Cachés au milieu des bois, on nous appelait "Maki". 

 

Jetés et rejetés d'un bois à l'autre

Pour rester quasiment tout le temps au péril de notre vie

Il y avait contre nous toute l'armée des Boches

Et beaucoup de Français appelés miliciens.

 

Ceux d'entre nous qui étaient attrapés étaient torturés

Pour leur arracher le nom de leurs camarades

Ni la souffrance ni la torture ne nous faisaient parler

Nous préférions souffrir notre mal que dénoncer les autres.

 

Il était arrivé à Jean Corre le grand milicien

De manger avec un camarade chez moi à la gare de Scrignac

Mais ce camarade-là n'avait pas été beaucoup à l'école

On ne l'avait pas prévenu de se méfier des Français.

 

Ce jour-là Jean Corre avait ordonné de tuer cinq camarades

Faisant partie du premier groupe qui s'était formé à Scrignac

Et cinq autres camarades ont pu rentrer à la maison 

En sautant du train là-bas à côté de Langeais.

 

Il n'y a pas encore très longtemps Jean Corre

qui revenait de Landevennec alors qu'il traversait la mer

Il a été pris en main par des gens de Landerneau

Qui lui ont rappelé les malheurs qu'il avait causés.

 

Il n'y a pas grand monde en France capable de comprendre

Les malheurs qu'ont fait certains Français

Jusqu'à mettre sur leur dos l'uniforme des Boches

Et venir incendier les paysans de Scrignac.

 

Heureusement à Kergiz s'était formé un maquis

Dans une ferme près de Pont-Lemezhek on les fit reculer

Environ neuf voitures étaient pleines de miliciens

Le combat commença, que de cris

 

Des deux côtés de la grande route fusaient les tirs

Beaucoup de miliciens avaient trouvé leur mort

Depuis ce jour-là sur les paysans de Scrignac

Les miliciens avaient mis le feu.

 

Cette chanson a été composée par un homme de raison

Qui a combattu les Boches de tout son coeur

Nourri au milieu de la bruyère, près du pays des fourmis

Il a habité au Helaz à Locmaria-Berrien

 

Cette chanson a été composée par Jean'Mar' Le Guen de Huelgoat (qui habitait à ce moment-là à Locmaria)

 

 

 

 

 

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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 05:47

Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat

Fou qui songe à ses querelles

Au cœur du commun combat

 

 

On connaît les vers célèbres d’Aragon écrits à l’été 1942 et successivement publiés à Marseille puis à Genève, en 1943, avant d’être repris dans La Diane française. Ils figurent dans cette ode à l’unité nationale face à l’occupant nazi qu’est « La Rose et le Réséda », dédiée « à Gabriel Péri et d’Estienne d’Orves », auxquels s’ajoutèrent, les massacres succédant aux massacres, « Guy Môquet et Gilbert Dru ». « Celui qui croyait au ciel » côtoie ainsi « Celui qui n’y croyait pas » dans la lutte pour la libération nationale et le chant qu’Aragon en propose.

Pourtant, cette unité n’avait aucune évidence. On a peut-être oublié quelle fureur anticommuniste dominait dans de larges secteurs de notre pays : parmi les nazis et leurs alliés pour lesquels le communisme était l’ennemi absolu bien sûr, mais bien au-delà de ces rangs et au sein même d’une partie substantielle de la Résistance.

Il fallut un très haut sens de l’intérêt national pour que chacun acceptât de surmonter des différences qui n’avaient pas vocation à s’effacer. De ce point de vue, il faut sans doute rappeler l’initiative communiste de constitution d’un « Front national » au printemps 1941. (Depuis les funestes usages de ce syntagme par les Le Pen, on n’entend plus ce que ces mots voulaient dire. « Front national », c’est bien sûr, dans les circonstances de la guerre et de l’Occupation, le prolongement du « Front populaire ».) Dirigé par le communiste Pierre Villon, le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France rassemble très au-delà : on y trouve, jusque dans sa direction, des radicaux à l’image du Lyonnais Justin Godart et même des catholiques conservateurs comme Georges Bidault ou Jacques Debû-Bridel. Dans le même esprit, Aragon travaille à la jonction, pour Les Lettres françaises, organe du Comité national des écrivains (initialement, Front national des écrivains), avec des hommes de lettres aussi éloignés sur le plan politique que Jean Paulhan ou François Mauriac…

Bref, tôt ostracisés, les communistes, sans se renier, multiplient les initiatives de rassemblement. Cela ne détruit pas d’un coup le mur de l’anticommunisme, mais c’est aux autres qu’est renvoyée la question du travail en commun. Celle-ci s’impose d’autant plus volontiers que, progressivement, les communistes s’affirment comme une force absolument incontournable de la Résistance intérieure. Unir la Résistance en écartant les communistes n’a dès lors que peu de sens. Pour autant, il reste difficile à envisager, à ce stade, que les communistes soient à la tête d’une structure de rassemblement à créer :  il faudra reconnaître à de Gaulle une place prééminente.

Les méfiances subsistent longtemps, les débats demeurent, mais le 27 mai 1943, le pas est franchi : un Conseil national de la Résistance est créé après la réunion clandestine tenue en plein Paris, rue du Four. Les principaux mouvements de la Résistance y figurent (Front national, Combat…), aux côtés des syndicats de salariés et des partis politiques d’avant-guerre (gauche et droite confondues). Il s’agit d’abord et avant tout de se battre et de le faire efficacement, en tentant une coordination (plutôt qu’une impossible fusion). Progressivement, la question de la nature de la France à construire après la guerre se pose. Longtemps repoussée (elle pourrait diviser, vu la diversité des forces à rassembler contre l’occupant), elle s’impose en quelques mois et c’est la proposition de Pierre Villon pour le FN qui est retenue comme base de discussion en vue de la conclusion d’un programme du CNR. En mars 1944, c’est chose faite. En dépit de sa diversité sociale, culturelle, politique ou confessionnelle, la Résistance se dote d’un programme qui, la Libération venue, change la France radicalement pour lui donner ces couleurs singulières (Sécurité sociale, vaste secteur public, pouvoirs et droits nouveaux…) que d’aucuns s’acharnent à effacer dans une entreprise de normalisation pour le plus grand profit de quelques-uns… Mais ceci est une autre histoire dont la fin n’est pas écrite.

Guillaume Roubaud-Quashie
membre du CEN

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27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 20:18
Hommage à Odette Nilès (1922-2023)

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès d'Odette Nilès, grande résistante, femme de combat et de cœur, en ce 27 mai 2023, jour si symbolique du 80e anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance.

Nous adressons nos profondes condoléances à sa famille, ses proches et ami.e.s militantes et militants de l'histoire et la mémoire de la Résistance. Nous avons une pensée toute particulière pour sa petite fille Carine Picard-Nilès, présidente de l'Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt et notre vice-présidente du Musée de la Résistance nationale. Reçois Carine toute notre affection et sois assurée que nous sommes à tes côtés dans ce moment difficile.

Odette Nilès nous quitte dans sa 100e année après une vie passée au dévouement des justes causes. Nous vous proposons de redécouvrir son parcours retracé dernièrement dans notre revue à l'occasion de son 100e anniversaire.

« Odette Lecland, de son nom de jeune fille a 17 ans quand elle manifeste un fameux 11 novembre 1940 sur les Champs-Élysées contre l’occupant nazi et le régime de Vichy. Malgré les risques encourus, la jeune fille multiplie les actes de résistance, distribue des tracts, participe de nouveau à des manifestations le 14 juillet et le 13 août 1941 scellant ainsi son dernier jour de liberté pour plusieurs années. Dix-sept jeunes sont arrêtés par les brigades spéciales, Odette est l’une d’entre eux, tous ont moins de 20 ans. Dix sont condamnés à la forteresse, quatre comme Odette à la prison, trois à la peine capitale. Pour la première fois mais non la dernière, Odette assiste au départ vers la mort de camarades.

Commence alors le temps de l’internement, des otages et des exécutions, de la prison du Cherche-Midi à celle de La Roquette, du camp de Choisel, à ceux d’Aincourt, Gaillon, La Lande de Monts et Mérignac. Autant de lieux aussi où des liens fraternels seront noués à jamais.

Premier de la liste, le camp de Choisel, celui des « bistouillardes », ses amies éternelles, avec qui elle partage l’esprit de combat et de solidarité ainsi que les souffrances d’après les fusillades comme ce 22 octobre 1941 et le départ des 27 vers l’effroyable exécution. « Quand nous avons été autorisés à sortir des baraques où nous étions bouclés, je me souviens de cette Marseillaise que nous avons hurlée ! » témoigne Odette. Choisel, la rencontre avec Guy Môquet. Un mot glissé in extremis. Jeunes gens engagés pour la liberté dans la tourmente et les jours sombres de l’Histoire, un récit transmis aujourd’hui aux plus jeunes par la médiation d’un joli roman graphique intitulé La Fiancée.

Du camp d’Aincourt, elle garde en particulier la colère et le souvenir révolté de ces femmes juives qu’on déporte devant leurs enfants. Le camp de Gaillon est celui de ses 20 ans. La Lande de Monts, celui où « Il faisait si froid que nous couchions à trois dans le même lit, de façon à bénéficier de trois couvertures ». Celui aussi où elle couvre l’évasion d’une camarade. En représailles, elle sera envoyée au camp de Mérignac.

Mérignac, d’où elle réussit à s’échapper pour rejoindre avec d’autres femmes un groupe FTP près de Bordeaux. « Quand nous sommes arrivées, on nous a confié ... la vaisselle. Moi j’ai refusé » se souvient-elle fièrement. Si elle est là c’est pour poursuivre la lutte. Nous sommes en 1944, en Charente, Odette est responsable des Forces unies de la Jeunesse patriotique, elle rencontre Maurice Nilès, jeune combattant FFI chargé de restructurer le réseau de Résistance du Sud-Ouest. Maurice avec qui elle se marie après-guerre ; Maurice, maire de Drancy et député de la Seine ; Odette, sa veilleuse et conseillère avisée qu’il surnomme tendrement « sa bergère ».

Chevalière de la Légion d’honneur, présidente d’honneur de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt, c’est à la tête de cette association que, des années durant, elle a assumé avec une conviction passionnée sa responsabilité de Mémoire. Odette en a fait le sens de sa vie d’engagement : témoignant très tôt, notamment auprès des scolaires, pour poser les fondations d’un monde plus juste et rendre hommage aux combats de ses camarades assassinés. »

« Vous qui restez soyez dignes de nous », inscrivait Guy Môquet sur la planche de la baraque 6 du camp de Choisel avant son exécution. Mission réussie, Odette ! Tu as su nous conduire sur cette digne route. À tes côtés d’abord et dorénavant après toi, nous sommes nombreuses et nombreux, en automne, à arpenter le chemin du passé peuplé des portraits de tes compagnons exécutés, bien déterminés à emboîter leurs pas courageux si indignement fauchés sur la voie de Jours qu’ils voulaient heureux. Nous t'assurons Odette que tu fus digne d'eux et que nous ferons tout pour l'être également et que nous œuvrerons pour que toutes et tous sachent qui tu étais.

 

Lucienne Nayet

Présidente du MRN

Hommage à Odette Nilès (1922-2023)
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27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 06:20
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
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Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
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Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez
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Semaine de la Résistance à Morlaix - Reportage photo de Jean-Luc Le Calvez

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23 mai 2023 2 23 /05 /mai /2023 17:03
« LES MAUVAIS JOURS FINIRONT » par le Théâtre de La Corniche le VENDREDI 16 JUIN,  à 18H à la MJC de Morlaix

« LES MAUVAIS JOURS FINIRONT »
par le Théâtre de La Corniche
le VENDREDI 16 JUIN,  à 18H

entrée sur participation libre, au chapeau

Ce spectacle est une chronique en chansons de la Commune de Paris, événement historique dont nous avons fêté le 150e anniversaire en 2021. Vous trouverez ci-joint le dépliant élaboré par la Compagnie avec davantage de contenu.

Rappelons nous que les événements de la Commune de Paris ont été une des premières expériences sociales et politiques de laïcisation des institutions.

Le théâtre de la Corniche revisite ces 72 journées du printemps 1871 et les replace dans le contexte historique par l’évocation de deux paroliers, acteur ou témoin des événements : Jean Baptiste Clément, l'auteur du Temps des Cerises et membre du Conseil de la Commune, et Jules Jouy, le « poète chourineur »

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 06:45
Photo de René Bertré - Le Maitron

Photo de René Bertré - Le Maitron

La Section de Morlaix du PCF et la fédération du Finistère du PCF témoignent de leur solidarité à la famille et aux proches de René Bertré et de notre reconnaissance pour ses décennies d'engagement pour le progrès social, l'égalité, les causes humaines fondamentales et l'anti-fascisme. René Bertré, habitant Taulé, était depuis plusieurs années adhérent à la section de Morlaix. Son passé militant, détaillé dans l'article du Maitron, Dictionnaire du mouvement ouvrier, qui suit, témoigne de la force de sa personnalité et de sa réflexion et de sa fidélité à ses engagements.

Ci dessous les articles de Ouest-France et du Maitron

René BERTRÉ (1919 – 2023)
Penseur, peintre et cinéaste nous a quittés le 10 mai.
Partisan infatigable de l'abolition du capitalisme, destructeur des hommes et de la planète, il s'est éteint à son domicile au Douryen, dans son sommeil, à l'âge de 103 ans.
Selon sa volonté, ses obsèques se sont déroulées dans l'intimité familiale.

Nous remercions les Drs Garlantezec et Oishi, l'équipe du centre de soins de Taulé, l'HAD de Morlaix, pour leur dévouement et leur humanité.
Les familles Druart-Bertré, Lécuillier, Dechet remercient sincèrement toutes les personnes qui s'associeront à leur peine.

BERTRÉ René

Né le 26 septembre 1919 à Crespin (Nord) ; photographe puis technicien du cinéma ; militant marxiste, antifasciste puis communiste en Belgique et en France ; maire adjoint de Saint-Quentin (Aisne) de 1977 à 1983.

Fils d’Albert Bertré, herboriste, et de Anne Tellier native de Bruxelles, René Bertré avait deux frères nés en 1909 (Albert) et 1911 (Henri). Il eut à l’école de Crespin, comme instituteur, Eugène Thomas, qui fut ministre socialiste. Il vécut à Vendeuil-Caply dans l’Oise puis après l’impasse professionnelle de son père qui devint jardinier, à Bruxelles (Belgique) de 1929 à 1939. Il fréquenta l’Athénée communal d’Uccle, "véritable creuset de libres penseurs" dit-il. En 1935, il étudia le marxisme, le matérialisme dialectique et historique à de l’Université ouvrière de Bruxelles (UOB). Il suivit notamment les cours de dialectique donnés par le mathématicien Jean Gorren. Il fut dès lors, selon ses termes, un "militant pour la défense de la conception matérialiste de l’histoire, interdite à l’Université comme subversive". Auditeur au cours du soir de l’Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles, il dessinait et peignait des paysages et des portraits.
Militant antifasciste, soutien de l’Union soviétique et des républicains espagnols, le Pacte germano-soviétique ne modifia pas sa position vis-à-vis de l’URSS, estimant que l’échec des négociations tripartites France-Garande-Bretagne-Union soviétique incombait "à l’anticommunisme des gouvernements anglais et français". Il revint en France en novembre 1939. En 1941, il était à Saint-Quentin où il exerça sa profession de photographe. Isolé politiquement, sans amis ni connaissances, il ne répondit à aucune des convocations allemandes pour l’organisation Todt. Il écrit : "Pendant l’occupation, j’ai été comme tous les citoyens, dans l’attente".
En août 1944, marié à Madeleine Vrebos, il milita au Front national de Libération dirigé localement par Jean Cailluyer et par Paule Cailluyer qui devinrent ses amis. Il adhéra au PCF début 1945, milita avec Achille Borgniet et Robert Monfourny. Secrétaire de la cellule Wolf, membre du comité de section, il fut chargé de la diffusion de la presse communiste. Secrétaire du Comité de défense de l’Humanité (CDH) il vendit lui-même le journal dans la rue et au porte-à-porte jusqu’en 1977. Il écrivait des articles dans la rubrique départementale.
René Bertré s’est toujours préoccupé de la "faiblesse idéologique" des militants aussi participa-t-il aux écoles fédérales ou il enseigna les données essentielles du marxisme. En 1970, à son initiative personnelle et bénévolement, il ouvrit durant une saison un cours de sociologie et de philosophie marxiste. au premier étage du restaurant "Le Faisan doré", place de l’Hôtel de ville.
Daniel Lemeur devenu député, Émile Tournay, secrétaire fédéral et Joseph Leroux, lui demandèrent d’entrer au secrétariat de la section de Saint-Quentin et, en 1977, d’être adjoint à la mairie de la ville.
Technicien de l’industrie cinématographique, il réalisait des courts métrages destinés à l’enseignement. Il participait à des colloques sur l’homme et la nature et fonda avec Serge Boutinot, ornithologue, un Institut des sciences de l’environnement qui s’intéressait notamment à l’étude de la Réserve naturelle des marais de d’Isle de Saint-Quentin.
Approuvant le Programme commun mais réservé par rapport à son application de l’époque, réservé quant à l’abandon de la thèse de la "dictature du prolétariat", hostile à l’entrée des communistes dans les gouvernements socialistes, René Bertré, au delà de ses cent ans, resta au Parti communiste tout en étant “critique”. Il approuva le Front de gauche, regretta son échec et se rallia avec le PCF à la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2012 et 2017.
Il se retira ensuite dans le Finistère avec sa fille adoptive Sylvie Druart-Bertré.

http://congres.pcf.fr/83497

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19 mai 2023 5 19 /05 /mai /2023 06:41
Semaine de la Résistance à Morlaix - du 22 mai au 26 mai 2023 - Demandez le programme!

La semaine de la Résistance à Morlaix, c'est la semaine prochaine à La Virgule: expositions, conférences, témoignages. Demandez le programme... Pendant 4 jours, des spécialistes et des grands témoins recevront dans la journée scolaires, collégiens et lycéens.

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16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 06:25

Quand la ligne Morlaix-Roscoff faisait halte à Henvic, à l'arrêt Carantec-Henvic. La dernière halte d'un train à Henvic date de 1991 et le cheminot retraité Loïc Le Gall, membre du Collectif pour la ligne Morlaix Roscoff, nous a retrouvé dans ses archives des coupures de presse sur une manifestation avec les élus, dont la députée de la circonscription de Morlaix et maire de Henvic Marie Jacq, avec Michel Morvan, vice-président du Conseil Régional, pour développer les investissements sur la ligne Morlaix Roscoff et maintenir la présence des cheminots. Ce soir, mardi 16 mai, le collectif pour la relance de la ligne Morlaix-Roscoff se réunit à 19h salle Marie Jacq à Henvic. Une réunion ouverte à toute personne intéressée pour se mobiliser pour la réouverture de la ligne ferroviaire Morlaix Roscoff et préparer le goûter d'anniversaire des 140 ans de la ligne Morlaix Roscoff à Saint Pol de Léon, salle Ti Kastellyz, le samedi 10 juin, avec la conférence débat des architectes Camille Damiano et Samir Boukhalfa, auteurs de la BD "Le fer et la terre" sur la ligne ferroviaire Morlaix Roscoff.

16 mai 2023 - La ligne Morlaix Roscoff fait halte à Henvic: une page d'histoire
16 mai 2023 - La ligne Morlaix Roscoff fait halte à Henvic: une page d'histoire
16 mai 2023 - La ligne Morlaix Roscoff fait halte à Henvic: une page d'histoire
16 mai 2023 - La ligne Morlaix Roscoff fait halte à Henvic: une page d'histoire
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16 mai 2023 - La ligne Morlaix Roscoff fait halte à Henvic: une page d'histoire
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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 07:43

 

Fréquemment présenté comme un acteur sombre de l’histoire, quand il n’est tout simplement pas effacé, Robespierre apparaît souvent dans la voix de ses contempteurs quand tous leurs arguments sont usés. Ce serait le retour de l’autoritarisme, de la violence politique. Il faut dire qu’après les espoirs déçus des expériences révolutionnaires du XXe siècle, il est désormais admis dans le débat public de discréditer jusqu’à la Révolution française, pourtant fondatrice de notre modernité politique. Le président actuel, alors candidat, n’avait-il pas déclaré que la France était orpheline de sa figure du roi ? L’exercice du pouvoir présidentiel semble en effet confirmer cette tendance monarchique si prégnante dans notre République, plus de deux siècles après la fin de l’institution royale.

Robespierre, c’est ce révolutionnaire dont aucun édifice ou espace public ne porte le nom dans la capitale française, volonté délibérée de l’État de ne pas lui reconnaître un rôle prééminent dans l’histoire contemporaine et passer sous silence 1793 dans la période révolutionnaire, réduisant cette dernière à la prise de la Bastille dans l’imaginaire collectif.

De quoi ce fameux Robespierre, qui a traversé les siècles aux côtés d’autres grandes figures de la Révolution, est-il le nom ?

Avocat, défenseur des plus modestes, il deviendra avec la Révolution un tribun et un ardent promoteur d’un ordre social radicalement nouveau. Le natif d’Arras voulait ainsi parachever l’œuvre révolutionnaire. À travers lui, c’est le peuple en action, qui décidait de prendre le cours de l’histoire et des affaires publiques, qu’on refuse de célébrer.

La Constitution de la Ire République de 1793, dont il était le promoteur (sans vouloir l’appliquer dans la situation exceptionnelle d’alors), deviendra une référence constante de celles et ceux épris de justice dans les générations suivantes, des révolutionnaires du XIX e siècle au mouvement ouvrier et jusqu’à la Libération.

1793 ouvrait ce chemin nouveau où la souveraineté revenait au peuple, qui devenait alors l’acteur politique de l’époque moderne.

Il faut dire que cette date est l’objet de débats et de confrontations d’idées vives tant elle a ouvert le champ des possibles. Elle a stimulé les réflexions intellectuelles et les travaux d’historiens pour en comprendre les ressorts et les dynamiques. Elle a irrigué le mouvement ouvrier, démocratique, républicain en France, de Michelet à Jaurès (qui qualifiait Robespierre de « théoricien inflexible de la souveraineté nationale et de la démocratie ») jusqu’aux penseurs de notre temps. Que ces derniers soient salués et remerciés, des sociétés d’histoire aux chercheurs qui consacrent leur vie à transmettre cet héritage. Saluons Pierre Serna, ami de longue date de notre journal et rédacteur en chef exceptionnel de ce brillant numéro spécial. Il a su s’entourer des plus grands chercheurs sur la question, en particulier Claude Mazauric, éminent historien de la Révolution française, que nous accueillons avec fierté dans ces colonnes.

Ce chemin révolutionnaire était foncièrement conflictuel, complexe et en même temps passionnant. Des tentatives de déstabilisation, des ingérences étrangères qui alimentèrent un climat de guerre, aux débats entre les composantes révolutionnaires, l’affrontement était permanent. Robespierre en était, mais il n’était pas le seul. La preuve en est que la Terreur se poursuivit après sa mort pour s’achever par le renfermement de la période napoléonienne.

Changeant jusque dans la dénomination du calendrier, le rapport à une spiritualité sécularisée (prélude à la laïcité), le robespierrisme était avant tout ce mouvement d’émancipation intégral. Il était ce terreau de forces déterminées à renverser l’ordre social et faire l’histoire. Et 1793 est l’aboutissement des espoirs de ces paysans de Champagney qui revendiquent l’abolition de l’esclavage dans leurs doléances de 1789. C’est aussi ce plan d’instruction massif pour bâtir la citoyenneté, ce dispositif d’égalité territoriale et d’accès aux prémices des services publics.

1793, c’est la République sociale qui émerge avec l’objectif de résorber les disparités sociales par l’intervention publique et par une juste redistribution de l’impôt, établissant la notion balbutiante de bien commun. Nous devons à cela les programmes d’aide sociale, séparés de la logique de charité chrétienne, prélude aux politiques de solidarité. La vertu comme élément structurant du débat public (que ses thuriféraires veulent réduire à la Terreur) était conçue comme élément de probité et de lutte contre les abus. C’était surtout la démocratie permanente et populaire qui instaurait l’abolition réelle des privilèges. Ce caractère précurseur était bien dans l’esprit de la Constitution de la République. Au fond, si nous devions résumer le processus de 1793, ce serait celui d’une révolution inachevée, dont l’ambition du projet n’avait d’égale que la violence de l’époque, et qui tua ses propres rejetons.

Cette période a néanmoins laissé des traces irréversibles dans l’histoire des mouvements d’émancipation et résonne encore dans les affrontements de classe de notre temps. C’est pour cela que nombre de mouvements de résistance et de lutte portent encore, tel un écho, cette référence à ce moment qui a tant œuvré pour la libération humaine.

La morgue et la gestion libérale-autoritaire des pouvoirs politiques de notre temps, administrée par une classe qui fonde son pouvoir sur les privilèges financiers exorbitants dans un monde qui n’a jamais été aussi inégalitaire, nous confirment que les nombreuses féodalités des temps modernes restent à briser.

Un hors-série exeptionnel sur 1793, cette année « où l'impossible est advenu »

A l’occasion du 230e anniversaire de l’année 1793, l'Humanité a confié à Pierre Serna, professeur des universités à Paris-I Panthéon-Sorbonne, directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française, la direction d’un hors-série sur cette année si particulière dans l’Histoire de France et du monde, et sur ses principaux protagonistes parmi lesquels Maximilien Robespierre.

1793 n’est pas notre passé ; il est notre futur. »

En « 1793, c’est l’impossible qui est advenu ». Voilà comment Pierre Serna, empruntant à Balzac, titre son ouverture de ce hors-série de référence. « 1793 n’est pas notre passé ; n’en déplaise aux réactionnaires de tous poils et de tous pays, 1793 est notre aujourd’hui, il est notre futur. 1793 est notre actualité et notre lendemain » écrit-il encore. La preuve en 124 pages d’articles, de portraits, d’entretiens et de débats.

 

 

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