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14 avril 2018 6 14 /04 /avril /2018 05:21
René Vautier, le porteur de drapeau à droite, en 1945. Le scout de Quimper a effectué de nombreuses "missions", l'année où il préparait son bac: c'était lui qui représentait le clan des Eclaireurs lors des cérémonies officielles (collection René Vautier - repris par Philippe Chapleau et l'équipe du livre "Des enfants dans la Résistance", Ouest-France)

René Vautier, le porteur de drapeau à droite, en 1945. Le scout de Quimper a effectué de nombreuses "missions", l'année où il préparait son bac: c'était lui qui représentait le clan des Eclaireurs lors des cérémonies officielles (collection René Vautier - repris par Philippe Chapleau et l'équipe du livre "Des enfants dans la Résistance", Ouest-France)

René Vautier en Algérie

René Vautier en Algérie

René Vautier chez lui à Cancale (photo Ouest-France)

René Vautier chez lui à Cancale (photo Ouest-France)

 Né le 15 janvier 1928 à Camaret-sur-Mer (Finistère), mort le 4 janvier 2015 à Cancale où il vivait depuis des années, René Vautier est un cinéaste engagé, anticolonialiste, antimilitariste. 

Ses films et ses documentaires profondément novateurs sur le rapport au réel les plus connus sont "Afrique 50" (1950), "Un homme est mort" (1950), "Anneau d'or" (1956), "Avoir vingt ans dans les Aurès" (1971), "Frontline" (1976), "Marée Noire, colère rouge" (1978). 

Alors que René Vautier était décoré de la croix de guerre à 16 ans en 1945, pendant la guerre d'Algérie, il eut le courage par conviction anti-colonialiste et par goût du témoignage inédit de suivre des fellagas du FLN pendant plusieurs mois à l'insu évidemment des autorités coloniales avant d'être arrêté par le FLN et de passer plus de deux ans dans ses prisons. 

Ce fut aussi un adhérent communiste jusqu'à sa mort, et un militant du Mouvement de la Paix. 

Dans le livre richement illustré Des enfants dans la Résistance (1939-1945) (édition Ouest-France), Philippe Chapleau nous fait revivre la naissance à l'engagement de René Vautier à Quimper, comme scout résistant, à travers la retranscription d'un interview passionnant. 

 

René Vautier revient sur son adolescence de résistant dans le Sud-Finistère et les blessures intimes que cela a engendré pour lui:  

" Je suis né le 15 janvier 1928 à Camaret. A 9 ans, j'ai quitté Brest pour Quimper, où ma mère était institutrice dans une école de la ville, sur le bord de la route de Pont-l'Abbé. Elle était divorcée. Nous vivions à trois, avec mon frère aîné, Jean, qui avait 16 ans. 

En 1939, mon père, que je n'avais pas vu depuis quelques temps, a été mobilisé. Il a été envoyé dans un casernement de Quimper, à 300 mètres de l'école de ma mère. Je suis allé lui rendre visite plusieurs fois; ça a été mon premier contact avec la guerre. Chez nous, on ne parlait pas beaucoup de la Grande Guerre. En revanche, dès que les Allemands sont arrivés, on a eu une réaction immédiate: il fallait faire quelque chose.

Mon frère et quelques-uns de ses copains des Éclaireurs de France ont échafaudé un plan: ils projetaient de quitter la France en allant prendre l'avion à Pluguffan pour gagner l'Angleterre. Nous, les plus jeunes des Éclaireurs, on était six ou sept: il y avait Bob, Jojo... On a décidé de retarder les Allemands en barrant la route et en faisant des barrages. On a commencé à creuser des trous, des tranchées... Il fallait qu'on donne du temps à nos aînés pour qu'ils puissent s'envoler de l'aérodrome de Pluguffan. C'était complètement dingue, mais ça nous a marqués parce qu'on s'est fait tirer dessus par les premiers soldats allemands qui sont arrivés; c'était en juillet 1940. Ils étaient en side-car, avec de grands cirés, un fusil-mitrailleur à l'avant du side-car. Impressionnant! On a quand même décidé de continuer à balancer des cailloux. Quand ils ont vu qu'ils étaient immobilisés par des rochers sur la route et par des gamins qui leur jetaient des pierres, ils ont tiré en l'air. On a couru très vite à l'abri...   Ce fait d'armes n'a guère impressionné les gens du coin qui nous en voulaient d'avoir creusé des tranchées: ça allait attirer les avions allemands. Certains d'entre nous se sont pris des gifles et on été condamnés à reboucher nos trous! 

Les adultes n'étant pas d'accord avec nous, nous avons décidé que nous mènerions notre résistance nous-mêmes. Comme le lycée avait été réquisitionné par les Allemands, les élèves de 6e, 5e et 4e, suivaient les cours de l'autre côté de la ville, route de Brest. Tous les matins, il fallait donc que je traverse toute la ville. C'est alors qu'on a eu une idée. Au début, c'était comme une plaisanterie: on déplaçait les poteaux indicateurs mis en place par les Allemands. Mais, quand les Allemands ont placé des sentinelles près des fameux poteaux de signalisation, on s'est pris au jeu et on leur a compliqué la vie autant qu'on pouvait. C'est à cette époque que j'ai trouvé des poèmes de Victor Hugo; je me suis mis à les lire aux copains. C'était des poèmes de résistance, de lutte contre les Prussiens. Je trouvais ça bien. 

Quand on partait camper avec le groupe des Éclaireurs de France qui continuait à fonctionner, je lisais aussi ces poèmes. Mon professeur de français m'a appelé un jour; il s'appelait Xavier Trélu. Il m'a demandé pourquoi je lisais ces textes. Je lui ai répondu qu'il fallait qu'on appelle les gens à la résistance contre l'occupant. Il s'est alors arrangé pour que je reçoive les premières éditions de littérature clandestine, des textes des Lettres françaises *. 

*Le journal du Front National pour la Libération de la France, à visée de rassemblement mais à base communiste, dont le responsable était Louis Aragon  

 

 

Les lettres françaises, avril 1944 ( Gallica, BNF)

Les lettres françaises, avril 1944 ( Gallica, BNF)

Je lisais ça dans la cour. Le groupe des Éclaireurs a ainsi été un petit peu éduqué dans cet esprit. Un jour Xavier Trélu a disparu. On a appris qu'il était parti en Angleterre. C'était en 1942. 

On a alors appris que les Allemands avaient tué des parachutistes qui avaient été largués le long de la côte. On n'a jamais su exactement ce qui s'était passé. Toujours est-il qu'on a pensé que ces paras étaient venus pour faire des relevés, dresser des plans de défense côtières, étudier les zones de tir... Pourquoi pas nous?   

En tant qu’Éclaireurs, on avait le droit de marcher le long de la côte: on pouvait aussi faire du renseignement. On a commencé à faire des relevés des angles de tir de casemates. Jusqu'au jour où le responsable du groupe nous a convoqués. Il s'appelait Albert Philippot. Il était professeur à l'école Jules-Ferry, c'est-à-dire le cours complémentaire qui était juste en face du lycée. Philippot nous a fait la leçon: "Vous faites des bêtises qui risquent de se retourner contre vous et contre beaucoup de monde". 

On a eu beau expliquer nos activités, ça ne l'a pas convaincu. Il nous a demandé de lui remettre nos relevés. On a tout donné. Mais quinze jours plus tard, il est revenu nous voir: "Bon, vous pouvez continuer; soyez quand même plus discrets". C'était en 1943. Philippot nous a même fourni du matériel, des compas par exemple. Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'il allait devenir le chef des FFI du Sud-Finistère. 

Un jour de mai 1944, tout le lycée a été fouillé par les Allemands. J'avais sur moi des relevés que je devais remettre à Philippot. Notre professeur de français, dont on apprendra qu'il était lieutenant dans les FFI, a protesté quand les soldats ont fait irruption dans la classe. Il a entraîné les officiers allemands chez le proviseur. Il est seulement resté un garde dans notre salle de classe, un vieux soldat. Les élèves ont commencé à chahuter. Moi, j'étais au premier rang. Je voulais me débarrasser des trois feuilles de relevés. J'ai plié deux feuilles pour en faire des bateaux et une pour en faire un avion. J'ai engagé la conversation avec le soldat en lui parlant des cuirassés allemands et de la Luftwaffe et en m'expliquant avec mes bateaux de papier. A la fin, j'en ai fait des boulettes que j'ai jetées par terre. Heureusement, car les officiers sont revenus et ont fouillé mon sac et celui d'André, un copain. Ils sont repartis les mains vides. 

Nous, à partir de ce jour-là, on n'a plus remis les pieds au lycée. On s'est cachés prs d'Audierne, chez un certain Trividic. Comme on n'avait pas d'armes, on a projeté de piquer les revolvers des gendarmes locaux. A défaut, on a volé celui d'un Feldgendarm dans une salle de bal réservée aux Allemands. Un revolver et six balles qu'on n'a pas gardés longtemps puisque le frère de Jojo nous les a confisqués! 

Près des casemates, on avait aussi repéré des dépôts de munitions. On s'est dit alors qu'il devait y en avoir d'autres en ville, que ça pouvait être utile d'avoir des munitions parce qu'on parlait de maquis... Nos aînés, dont Jean, mon frère, apprenaient déjà à se servir de mitraillettes, toujours grâce au fameux Philippot! On a donc commencé à piller des dépôts allemands en 1944. Au début, on piquait cinq ou six grenades; à la fin, on y allait carrément avec des sacs! On a ainsi pu fournir des grenades à Jean et ses copains Éclaireurs et Routiers.  On est devenus des pourvoyeurs pour d'autres groupes de résistants. 

Fin 1944, on a failli se faire prendre, mon copain Bob et moi. Des Allemands nous ont pris en chasse, place de la Tour-d'Auvergne. Deux side-cars nous sont tombés dessus et nous ont coursés dans les rues. On a dû se séparer. J'ai réussi à me mettre à l'abri mais je n'avais pas de nouvelles de Bob. C'est alors qu'on m'a dit qu'un jeune homme avait été tué par des Allemands en side-car du côté de la gare. J'ai décidé de le venger. 

Il y avait, à Quimper, des convois en transit. Des camions quittaient Concarneau pour se rendre vers Brest ou vers la presqu'île de Crozon. J'ai pris mes grenades et j'ai "marché au canon", vers la sortie de la ville où les résistants tentaient de bloquer ces convois. J'ai attaqué un camion allemand en stationnement. J'ai balancé une grenade dans la cabine par le toit ouvert. Au même moment, un soldat allemand s'est redressé; la grenade l'a touché à la poitrine avant d'exploser. J'ai vu ce que cela donnait... Du coup, je suis reparti. 

Après, j'ai appris que Bob n'était pas mort du tout, qu'il me cherchait de son côté. J'avais conscience d'avoir tué. J'en ai parlé à Philippot. Lui et mon prof de français, André Monteil, qui commandait les FFI de Quimper et qui deviendra député MRP (Mouvement républicain populaire) du Finistère, ont décidé que nous, les plus jeunes, nous devions être épargnés, que nous devions éviter de tuer à 16 ans. Ils ont décidé de nous rattacher au commandement. Nous, c'était un groupe de de vingt et un gars des Éclaireurs de France. On a continué comme approvisionneurs. moi, de toute façon, je ne voulais plus du tout me servir d'une arme. Au total, sur les vingt et un jeunes du groupe, sept seront tués.

Je me suis fait coincer pour de bon pendant les combats pour la libération de Quimper. Au retour d'une expédition dans un dépôt, je m'étais réfugié avec un autre garçon dans un bâtiment de la préfecture auquel les Allemands ont mis le feu. On a été capturés. Je me suis retrouvé attaché à un tuyau dans la cave de la Kommandantur, passé à tabac (ils m'ont cassé deux dents) pour me faire taire! J'ai réussi à m'évader pendant mon transfert vers la gare: j'ai sauté du camion et j'ai rejoint les copains qui ont eu du mal à me reconnaître tant mon visage était tuméfié.

Quand Quimper a été libéré, on été rattaché à la 6e compagnie du bataillon FFI de Quimper, comme gardes de l'état-major. Philippot pouvait ainsi nous avoir à l’œil. C'était à l'époque où les combats se poursuivaient entre le Menez Hom et Brest. Les accrochages étaient fréquents entre FFI et Allemands. Un jour, le PC (poste de commandement) a été encerclé et investi. L'état-major a dû se replier. Nous, ce jour-là, on servait de vigies du haut d'un clocher. On est restés là-haut pendant toute une journée. Les copains nous avaient oubliés! 

C'est pendant cette période de combat, en août, qu'a eu lieu le bombardement de Telgruc, près de Crozon. Les canons allemands qui tiraient vers l'intérieur des terres devaient être détruits. La mission a été confiée aux FFI, appuyés sur les chars américains. Le 3 septembre, ils ont progressé mais l'aviation américaine ne le savait pas. Il y a donc eu un bombardement de Telgruc. Nous, on était restés bloqués à 5 ou 6 kilomètres, à cause d'une panne de camion. Ce qui nous a sauvé la vie. 

Les bombes des B-17 ont tué 52 civils, 25 FFI et 11 soldats américains. Trois éclaireurs, dont Roger Le Braz, le chef du clan, ont été tués ce jour-là au cours du bombardement, qui a fait beaucoup de victimes civiles. A partir de là, le clan des Éclaireurs a changé de nom. Il s'appelait le "clan René-Madec" et il est devenu le clan "Roger-Le Braz". C'est sous ce nom qu'il a été cité à l'ordre de la Nation. 

Pour moi, ce bombardement marque la fin de la guerre. On est rentrés pour enterrer les gars à Quimper. Le chien de Roger Le Braz a suivi le cercueil de son maître. 

J'ai alors été démobilisé, cinq jours avant de passer les épreuves du premier bac. J'avais déjà passé deux épreuves, français et latin, le 6 juin 1944; j'ai été reçu avec la mention "bien". Mon année de philo a été détestable. Je n'aimais pas les cours de philo. Je séchais souvent mais j'avais une bonne raison: j'étais en "mission". En fait, j'étais le porte-drapeau du clan. On m'appelait dès qu'il y avait une inauguration d'une rue qui portait le nom d'un résistant. 

Je suis ensuite entré à l'Institut des hautes études cinématographiques. J'avais passé le concours d'entrée en 1946. Je suis alors parti pour Paris. Sans jamais perdre de vue les copains du clan, j'ai commencé une carrière de cinéaste"      

Propos recueillis par Philippe Chapleau, Des enfants dans la Résistance (1939-1945), Ouest-France.    

Retranscrits par Ismaël Dupont qui remercie vivement notre ami France Chapa de St Malo, qui a bien connu René Vautier au sein de la fédé PCF d'Ille-et-Vilaine et lors des fêtes de section, pour nous avoir fait découvrir ce texte.  

Collection René Vautier - livre "Des enfants dans la résistance (1939-1945) Philippe Chapleau, Ouest-France - quatre photos du clan scout résistant en action: sur l'une des photos, on aperçoit bien les grenades allemandes passées à la ceinture de René Vautier (au centre) et de ses camarades

Collection René Vautier - livre "Des enfants dans la résistance (1939-1945) Philippe Chapleau, Ouest-France - quatre photos du clan scout résistant en action: sur l'une des photos, on aperçoit bien les grenades allemandes passées à la ceinture de René Vautier (au centre) et de ses camarades

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14 avril 2018 6 14 /04 /avril /2018 05:00
Lucienne Fabre-Sébart, grande dame de la Résistance (l'Humanité)

Lucienne Fabre-Sébart, grande dame de la Résistance (l'Humanité)

Disparition. Lucienne Fabre-Sébart, grande dame de la Résistance
PIERRE CHAILLAN
VENDREDI, 13 AVRIL, 2018
L'HUMANITÉ
Une vie pour la liberté, la justice et la paix. DR

Combattante antinazie de la première heure dans l’Oise, membre de l’état-major de la FFI à la libération de Paris, la militante du Secours populaire est décédée à l’âge de 97 ans.

Lucienne Fabre-Sébart, « grande dame de la Résistance », est décédée. « Vétérante du Parti communiste français, Lucienne avait conservé une flamme intacte de résistance à toutes les injustices, tous les fascismes, les racismes, les guerres et fut jusqu’aux limites de ses forces une combattante pour un monde meilleur de liberté, de justice et de paix, porteuse de cette “invincible espérance” dont parlait Jaurès. » C’est par ces mots que le secrétaire départemental du PCF de l’Oise, Thierry Aury, lui a rendu hommage.

Née le 1er décembre 1920 à Nogent-sur-Oise, ouvrière dès l’âge de 13 ans, Lucienne Sébart s’engage très jeune dans les grandes grèves de 1936 et dans la solidarité avec les républicains espagnols. Elle entre dans la Résistance dès octobre 1940. Sa vie bascule alors dans la clandestinité pour quatre longues années où elle va risquer sa vie et voir assassiner nombre de ses camarades. Agente de liaison, responsable de la résistance des femmes successivement dans l’Oise, le Calvados, l’Eure-et-Loir et la Somme, Lucienne joue un rôle auprès du Colonel Fabien ou de Rol-Tanguy. Après avoir rejoint l’état-major FFI à Paris, elle participe à la libération de Paris. Militante communiste, Lucienne sera de la première école centrale organisée par le PCF en novembre 1944. C’est là qu’elle rencontre Raymond Fabre. Ils se marient à Montpellier (Hérault) en 1946.

Dans ces années de guerre froide, le combat politique est âpre et les exclusions et mises à l’écart se multiplient dans les rangs communistes. Il faudra surmonter cette période. Elle militera à l’Union des femmes françaises (UFF) et au sein du Secours populaire ­français. En 2017, elle est élevée au rang de chevalier de la Légion d’honneur. Très engagée dans l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr), elle consacre beaucoup de temps à témoigner dans les collèges et lycées pour y rencontrer la jeunesse. Ses obsèques auront lieu lundi 16 avril, à 10 h 30, au cimetière de Nogent-sur-Oise. Ni fleurs, ni couronnes, ni plaques, mais dons au Secours populaire français. L’Humanité présente ses condoléances à sa famille ainsi qu’à tous ses proches.

Tribunes & idées
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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 19:50
Les cahiers d'histoire, Revue d'histoire critique - 1917 - l'Europe gronde

Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique sont une revue trimestrielle, organisée pour chaque numéro autour d’un dossier thématique qui donne son titre au volume. Cette revue généraliste se donne comme objectif, à travers une grande diversité de thématiques, de développer une histoire polarisée autour du fonctionnement des dominations sociales dans toutes leurs dimensions politiques, économiques et culturelles. Cette approche s’accompagne d’une démarche réflexive sur les formes de production et les usages du savoir historique dans ces processus de domination.

 

 

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 06:08
photo association Survie

photo association Survie

Aujourd'hui nous sommes le 7 avril. Il y a 24 ans, jour pour jour, commençait le génocide des Tutsi au Rwanda. La France, via certains de ses responsables politiques et militaires, est complice. Avant, pendant,après le génocide,la France a soutenu le régime responsable de ce génocide. Aucun de ces responsables n'a à ce jour été jugé, renforçant un discours officiel fait de déni et d'hypocrisie, celui-ci s'auto-protégeant en ne déclassifiant pas ses archives (l'histoire officielle étant toujours écrite par le pouvoir). Aujourd'hui c'est donc jour de commémoration, de mémoire mais pour nous c'est surtout, une nouvelle fois, l'occasion de dire qu'on ne lâchera pas, jamais!

https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/

https://jumophoto.wordpress.com/.../la-france-au-rwanda.../

 ethttps://jumophoto.wordpress.com/.../rwanda-1994-20-ans.../

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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 20:34
Higelin. Marchais. Krasucki. Concert de solidarité pour les 10 de Billancourt. Prestation gratuite d'un chanteur très engagé ! Photo Jean-Luc Villin

Higelin. Marchais. Krasucki. Concert de solidarité pour les 10 de Billancourt. Prestation gratuite d'un chanteur très engagé ! Photo Jean-Luc Villin

« Pourra-t-on un jour vive sur la Terre sans colère, sans mépris... » Des milliards d’étoiles pour Jacques Higelin.‬

JACQUES HIGELIN, L'ADIEU A UN AMI 
Nous venons de perdre un ami, un grand ami de l'Humanité et de la Fête de l'Humanité, alors que la France, elle, perd une figure artistique cardinale. Nous sommes tous sous le choc et très attristés par la disparition de Jacques Higelin. Depuis les années 60, il a marqué le monde de la chanson et plus largement le champ artistique avec une créativité toujours renouvelée et sur le qui-vive, avec une audace rare, une liberté totale d'esprit au service de son art. De la chanson artisanale au rock français aux accents contestataires, il a été un immense inventeur de la création contemporaine engagée. Ses héritiers sont nombreux...

Jean-Emmanuel Ducoin, journaliste à l'Humanité

 

Le chanteur Jacques Higelin est mort
LORENZO CLÉMENT AVEC AFP
VENDREDI, 6 AVRIL, 2018
HUMANITE.FR
 

Le chanteur Jacques Higelin, un des pionniers du rock français, est décédé vendredi matin à Paris à l'âge de 77 ans, a annoncé sa famille.

Jacques Higelin, est l'auteur-compositeuir d'une vingtaine d'albums et quelques chansons inoubliables, parmi lesquelles "Pars", "Champagne" ou encore "Tombé du ciel". Il est le père de trois enfants artistes, le chanteur Arthur H, la chanteuse Izia Higelin, et le réalisateur Kên Higelin.

Artiste attachant aux airs d'éternel adolescent, cet "enchanteur", auteur, compositeur et interprète, a rassemblé un public de fidèles autour de ses chansons et de ses concerts incarnés, durant desquels il improvisait sans relâche, passait du piano à l'accordéon ou la guitare et apostrophait les spectateurs Homme de coups de gueule et de coups de coeur, toujours révolté, Higelin évoque dans certaines de ses chansons la société, les sans-papiers ou les difficultés économiques, et s'engage à plusieurs reprises aux côtés des sans domicile fixe. Alternant ballades aériennes, rock énergique et envolées lyriques, jonglant avec le texte en amoureux des mots. Né le 18 octobre 1940 à Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne), d'une mère belge et d'un père alsacien, Jacques Higelin quitte l'école à 14 ans. Il grandit en écoutant du jazz et de la chanson, Léo Ferré ou Jacques Brel, et rencontre à la fin des années 50 Henri Crolla, guitariste d'Yves Montand, figure familière de son adolescence.

Mais c'est comme comédien qu'il commence sa carrière. Au début des années 60, il s'inscrit au Cours Simon. Il débute au théâtre en 1959 avec "Bon week-end, Monsieur Bennett", mis en scène par Michel Vitold, et se lance aussi au cinéma avec "Le bonheur est pour demain" d'Henri Fabiani (1961), "Bébert et l'Omnibus" d'Yves Robert (1963) ou "Elle court, elle court, la banlieue" de Gérard Pirès (1972). Il jouera au total dans une trentaine de films.
Son destin bascule avec une double rencontre décisive au milieu des années 60, celle des musiciens Areski et Brigitte Fontaine, avec lesquels il se produit en trio sous la houlette de Pierre Barouh. C'est l'époque de ses débuts dans la chanson, des communautés et des expériences. En 1965, il sort l'album "Douze chansons d'avant le déluge", enregistré en duo avec Brigitte Fontaine.

En 1974, il amorce un virage rock, avec l'album "BBH 75". Enfant de Charles Trenet et des Rolling Stones, il est l'un des premiers chanteurs à tenter la synthèse entre le rock et la chanson, deux genres a priori antagonistes. Il sort ensuite "Irradié" (1975), "Alertez les bébés" (1976) et "No man's land" (1978). Devenu chanteur rock populaire, il connaît en 1979 un grand succès avec l'album "Champagne pour tout le monde" et son jumeau "Caviar pour les autres...".
En 1988, il remporte à nouveau l'adhésion du public avec l'album "Tombé du ciel", pour lequel il s'entoure de musiciens comme Didier Lockwood et William Sheller. L'album, qui se vend à plus de 300.000 exemplaires, est son plus grand succès. Suivent "Aux héros de la voltige" (1994) et "Paradis païen" (1998), qui marque ses retrouvailles avec Areski. En 2005, il reprend des chansons de Charles Trenet lors d'une tournée, en héritier déjanté et lunaire du "fou chantant". En 2006, après huit ans sans album de chansons originales, il sort "Amor Doloroso", suivi de "Coup de Foudre" en 2010. Ces albums, pour lesquels il travaille avec l'ex-leader de Kat Onoma, Rodolphe Burger, sont tous deux salués par la critique. Après "Beau Repaire" paru en 2013, il sort son 20e et dernier album, "Higelin 75", à l'automne 2016. Plus libre que jamais sur cet opus, le chanteur installé à Pantin, aux portes de Paris, se permet un morceau-fleuve final de plus de... 21 minutes et, dans "J'fume", clame continuer à "fumer" en attendant "que le fossoyeur me creuse une tombe au Père-Lachaise" et que "le temps s'arrête et que le ciel me tombe sur la tête".

Lire aussi : Jacques Higelin, mémoires d’un libre chanteur

C’est avec une grande tristesse que nous apprenons la disparition de Jacques Higelin. Il disparait au moment du cinquantième anniversaire des mouvements de 1968 alors qu’il fut l’une des figures les plus marquantes de l’élan artistique né de la révolte de la société, de la jeunesse, des femmes. On se souvient de sa collaboration avec Brigitte Fontaine qui marqua l’avant-garde musicale au début des années 1970, tout comme de sa formidable capacité de réinvention pendant toute sa carrière, son talent hybride, sa passion si communicative et les liens intenses qu’il avait noué avec un public fidèle.
Jacques Higelin aura été l’un des fers de lance du renouvellement de la chanson populaire française dans le pas de Charles Trenet dont il avait perpétué l’allure du « fou chantant » ou de Boris Vian auquel il empruntait l’impertinence et l’humour. Sa chanson mettait en avant la poésie avec des textes qui empruntait à la tradition surréaliste alliés à une musique ouverte sur les nouvelles sonorités. Il était quelque part aussi beau poète que grand musicien, sans oublier ses talents d’acteurs prêtés à de nombreux rôles de cinéma.
Homme au grand cœur, engagé à gauche, mobilisé aux cotés de la fondation Abbé Pierre pour le droit au logement, dans les luttes ouvrières, antiracistes, internationalistes ou écologiques, il était en permanence concerné par le sort des plus humbles. Jacques Higelin aura enchanté le public fervent de la Fête de l’Humanité à cinq reprises, de 1975 à 1999. Il lègue un héritage musical riche et fécond aux nouvelles générations d’artistes. Il nous laisse une immense œuvre.
C’est une voix aussi populaire qu’exigeante que nous pleurons aujourd’hui en gardant en tête ses inépuisables mélodies qui appartiennent désormais au bel et grand patrimoine populaire.

Hommages de l'Humanité et du PCF à Jacques Higelin: Patrick Le Hyaric - Jean-Emmanuel Ducoin

COMMUNIQUE DE PRESSE du PCF

Higelin : "Les communistes perdent un ami, la France perd une figure artistique cardinale" (Pierre Laurent)

Je suis choqué et très attristé de la disparition de Jacques Higelin. Depuis les années 60 il a marqué profondément le monde de la chanson et plus largement le champ artistique avec une créativité toujours renouvelée et sur le qui-vive.
Promoteur d’une chanson artisanale, puis d’un rock français aux accents libertaires, inclassable inventeur de formes métissées et hybrides, il a nourri l’oreille de plusieurs générations et laisse une marque profonde et durable dans la création contemporaine. Sa descendance artistique est riche. Homme de cœur et d’engagement il a toujours conservé une grande proximité avec les gens ordinaires et a su rester attentif au monde qui l’entoure ce dont ont témoigné ses nombreuses participations à des concerts de solidarité avec le monde ouvrier, les sans-papiers ou de soutien aux causes de la justice, de l’écologie et de la liberté.
Les communistes perdent un ami, la France perd une figure artistique cardinale, une des belles incarnations de cet esprit français généreux et audacieux que nous célébrons en cette année anniversaire de mai 68, dont l’œuvre de Jacques Higelin garde à jamais l’irrévérence rieuse.

Je m’incline devant sa mémoire et adresse mes plus vives condoléances à ses proches et à ses enfants Arthur, Isïa et Kên.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF,
Paris, le 6 avril 2018.

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 11:51

« L’INTÉRÊT GÉNÉRAL À LA CASSE » – dossier du Monde diplomatique, avril 2018

 

Propageant la plus grande confusion entre rentabilité à des fins particulières et efficacité au bénéfice de tous, le gouvernement français veut délégitimer un peu plus l’État social qui fut pourtant gage d’émancipation pour de nombreuses générations. Après avoir multiplié les cadeaux fiscaux aux vrais privilégiés, il tente de dévier l’attention sur la fonction publique.

 

 

Les fonctionnaires, voilà l’ennemi

 

Par Anicet Le Pors *

Début février, le premier ministre Édouard Philippe a livré les premières décisions du gouvernement concernant la fonction publique : plans de départs volontaires, recrutement accéléré de contractuels, rémunérations dites « au mérite », multiplication des indicateurs individuels de résultat… Il inaugurait ainsi une croisade contre les statuts : d’abord celui des cheminots, puis les autres, en particulier la pièce maîtresse du « statut général des fonctionnaires », qui concerne quelque 5,5 millions de salariés, soit 20 % de la population active.

Dans ce domaine comme dans les autres, le président Emmanuel Macron entend aller vite. Mandaté par les dominants – la finance internationale dont il émane, les cercles dirigeants de l’Union européenne, le patronat, la technocratie administrative, les flagorneurs du show-business, la quasi-totalité des médias –, le jeune dirigeant sait que le temps ne travaille pas pour lui.

Durant la campagne pour l’élection présidentielle, M. Macron a jugé le statut des fonctionnaires « inapproprié » et prévu la suppression de 120 000 emplois. Il a stigmatisé les insiders[1], ceux qui se seraient construit un nid douillet à l’intérieur du « système » et dont les privilèges barreraient la route aux moins chanceux. Le 13 octobre 2017, le premier ministre s’est adressé aux ministres pour leur annoncer la création d’un Comité action publique 2022 (CAP 22) prévoyant « des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions », et présenté comme la pièce centrale du chantier de réforme de l’État. La réforme du code du travail – priorité répondant aux vœux du Mouvement des entreprises de France (Medef) – a par ailleurs élevé le contrat et, plus spécifiquement, le contrat individuel d’entreprise au rang de référence sociale susceptible d’être généralisée à l’ensemble des salariés des secteurs privé et public. Et, ce faisant, permis de fourbir les armes qui permettront de s’attaquer directement aux statuts des personnels du secteur public, qui se situent dans la filiation de celui élaboré au lendemain de la Libération, puis en 1983. En rappeler la genèse éclaire la situation présente.

L’histoire de la fonction publique française révèle deux lignes de force : une conception autoritaire donnant la primauté au pouvoir hiérarchique, et une autre fondée sur la responsabilité du fonctionnaire, quelle que soit sa place dans la hiérarchie – la conception du fonctionnaire-citoyen. Adopté en 1944, le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) ne prévoyait pas de réforme spécifique dans ce domaine. Le général de Gaulle souhaitait toutefois pouvoir s’appuyer sur une administration loyale et efficace. Sous l’impulsion de Michel Debré[2], chargé d’une mission dans ce domaine, un premier train de reformes est adopté par ordonnance le 9 octobre 1945. Elles donnent naissance à l’École nationale d’administration (ENA), à la Direction de la fonction publique, aux corps interministériels d’administrateur et de secrétaire d’administration, au Conseil permanent paritaire de l’administration civile ainsi qu’aux Instituts d’études politiques (IEP).

Nommé ministre d’État chargé de la fonction publique le 21 novembre 1945, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), se heurte à plusieurs difficultés dans l’élaboration d’un statut propre. À commencer par les réserves de la Fédération générale des fonctionnaires (FGF-CGT), qui demeure campée sur sa revendication d’un « contrat collectif », associant l’idée de statut à celle de « carcan ». Jacques Pruja, l’un des dirigeants de la fédération, prendra toutefois le contrepied de la position de son organisation, qu’il finira par convaincre. De leur côté, la Confédération générale du travail (CGT) et la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) – les deux seuls syndicats de l’époque – divergent sur le mode de représentation des syndicats.

Le premier projet de loi essuie de vives critiques, dont beaucoup s’articulent autour de la création d’un poste de secrétaire général de l’administration, suspectée de refléter une volonté de placer l’administration sous contrôle politique. Thorez transige sur ce point, mais tient bon sur le reste. Son entreprise se trouve encore contrariée par le rejet, le 5 mai 1946, d’un premier projet de Constitution, qui contraint à de nouvelles élections législatives. Après la formation du gouvernement, Thorez – alors vice-président d’un conseil des ministres présidé par Georges Bidault – obtient que son projet soit discuté le 5 octobre à l’Assemblée. Il est adopté à l’unanimité, sans discussion générale, après seulement quatre heures de débat. Pour Thorez, la loi du 19 octobre 1946 constitue un premier pas vers « la libération” du fonctionnaire, enfin considéré comme un homme et non comme le rouage impersonnel de la machine administrative[3] ».

Le statut alors créé ne concerne que les fonctionnaires de l’État, un effectif de 1 105 000 agents dont seulement 47 % sont titulaires. Il instaure de nombreuses garanties en matière de rémunération, d’emploi, de carrière, de droit syndical, de protection sociale et de retraite. L’innovation la plus surprenante est la définition d’un « minimum vital » : « La somme en dessous de laquelle les besoins individuels et sociaux de la personne humaine considérés comme élémentaires et incompressibles ne peuvent plus être satisfaits » (Art. 32, 3e al.). Cette mesure constitue la base d’une disposition prévoyant qu’aucun traitement de début de carrière ne soit inférieur à 120 % de ce minimum vital. Le agents des collectivités territoriales devront attendre la loi du 28 avril 1952 pour obtenir de nouvelles dispositions statutaires ; ceux des établissements hospitaliers, le décret-loi du 20 mai 1955.

Lors de l’avènement de la Ve République, l’ordonnance du 4 février 1959 abroge la loi du 19 octobre 1946, mais les dispositions essentielles du statut sont conservées. À la suite du mouvement social de 1968, les fonctionnaires bénéficient des retombées des événements (comme la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise), avant que l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le 10 mai 1981, n’ouvre un nouveau chantier statutaire…

Ayant fait de la décentralisation l’une de ses priorités, Mitterrand avait chargé son ministre de l’intérieur et de la décentralisation, le maire de Marseille Gaston Defferre, d’élaborer un projet de loi sur le sujet. J’occupais alors le poste de ministre de la fonction publique, et la question des garanties statutaires à accorder aux personnels des collectivités territoriales m’opposa rapidement à la logique de Defferre. Il envisageait un simple renforcement des dispositions existantes ; je souhaitais au contraire une unification statutaire globale au niveau des garanties de carrière prévues pour les fonctionnaires de l’État.

Avant même l’arbitrage du premier ministre, Pierre Mauroy, j’intervins à l’Assemblée nationale, le 27 juillet 1981, en faveur de la « mise en place pour les personnels locaux d’un statut calqué sur celui de la fonction publique de l’État, c’est-à-dire sur le statut général des fonctionnaires ». On pouvait craindre la coexistence de deux types de fonction publique : celle de l’État, fondée sur le système de la carrière, et celle de la fonction publique territoriale, soumettant l’emploi aux aléas du métier, peu mobile et plus sensible aux pressions de toute nature. À terme, la seconde pouvait l’emporter sur la première, au préjudice de la neutralité de l’administration, des garanties des fonctionnaires, de la mobilité des effectifs et de l’efficacité du service public. M. Olivier Schrameck, alors conseiller technique de Gaston Defferre, radicalisera plus tard ma position, écrivant à mon sujet : « Jacobin de tempérament et tout particulièrement méfiant à l’égard des tentations clientélistes des élus, il était résolu à n’accorder à l’autonomie des collectivités locales que ce qui leur était constitutionnellement dû. » Après bien des péripéties, Mauroy arbitra en ce sens. « Ce compromis fut ainsi la traduction d’un rapport de forces », conclura M. Schrameck[4].

Le statut unifié fut inauguré par la loi du 13 juillet 1983 relative aux droits et obligations de tous les fonctionnaires, suivie de trois lois concernant respectivement la fonction publique de l’État, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière, caractérisant un système « à trois versants ». Le nouveau statut intégra des droits qui ne s’y trouvaient pas (droit de grève, liberté d’opinion, capacité de négociation des organisations syndicales, garantie de mobilité, droit à la formation permanente, etc.) et étendit son champ d’application aux agents territoriaux et hospitaliers. Après quelques hésitations de certaines d’entre elles, les organisations syndicales soutinrent la réforme. Les associations d’élus se montrèrent réservées, voire hostiles, craignant que ce statut ne limite leurs prérogatives. Mais, au Parlement, l’opposition se découragea vite.

Au départ, François Mitterrand ne s’intéressait guère à ces questions. Il était beaucoup plus vigilant concernant les réformes administratives, craignant sans doute qu’on lui reproche de laisser un ministre communiste s’intéresser de trop près à l’appareil d’État. Dès la composition du gouvernement et ma nomination, il n’avait accepté qu’avec réserve que les attributions du ministre de la fonction publique soient étendues aux réformes administratives. Il multiplia ensuite les objections à nos propositions en la matière. Il ne pouvait cependant manquer de douter des réformes en cours après son « tournant libéral » de 1983. M. Jacques Fournier, alors secrétaire général du gouvernement, le raconte : « Le président s’interrogea à haute voix, le 29 mai 1985, sur l’utilité de l’ensemble législatif concernant le statut de la fonction publique. (…)Passait ce jour-là en conseil des ministres le projet de loi sur la fonction publique hospitalière, dernier volet de cet ensemble. Le commentaire de Mitterrand est en demi-teinte. L’adoption de ce texte s’inscrit dans la logique de ce que nous avons fait. À mon sens, ce n’est pas ce que nous avons fait de mieux. Il évoque une rigidité qui peut devenir insupportable et des solutions discutables. On ne peut plus recruter un fossoyeur dans une commune sans procéder à un concours”. Il est vrai que j’ai présidé moi-même à l’élaboration de ces lois. Peut-être n’ai-je pas été suffisamment informé. Tout ceci charge l’administration et conduit à la paralysie de l’État. Il reste que c’est la quatrième et la dernière partie d’un ensemble. Je ne suis pas sûr, en définitive, que ces lois auront longue vie[5]. » C’était il y a trente-trois ans…

La séquence libérale étant ouverte, on aurait tort de s’étonner de l’obstination des partisans de la marchandisation de la vie publique et du « détricotage » des statuts législatifs ou réglementaires (et tout spécialement du statut général des fonctionnaires), soit sous la forme d’offensives brutales, soit par l’action de « transformations souterraines » plus insidieuses. Ainsi, la loi Galland du 13 juillet 1987 (sous le gouvernement de M. Jacques Chirac) changeait pour le symbole les corps des fonctionnaires territoriaux en cadres et rétablissait le système dit des « reçus-collés », soit la substitution, à l’issue d’un concours, de la liste des candidats admis par ordre alphabétique à la liste présentée par ordre du mérite dans la fonction publique territoriale. Elle nuisait à la comparabilité des fonctions publiques et, par là, à la mobilité des fonctionnaires, que le statut a érigée au rang de « garantie fondamentale » (article 14 du titre Ier su statut). Mais aussi : faux pas du Conseil d’État préconisant dans son rapport annuel de 2003 de faire du contrat une « source autonome du droit de la fonction publique ». Proclamation imprudente de M. Nicolas Sarkozy appelant en septembre 2007 à une « révolution culturelle » et déclarant son intention de promouvoir le « contrat de droit privé négocié de gré à gré », mais forcé d’y renoncer face à la crise financière de 2008, l’opinion reconnaissant que la France disposait d’un précieux atout anticrise dans l’existence d’un important secteur public, efficace « amortisseur social ».

Les attaques frontales ayant échoué, s’est développée une stratégie plus sournoise : d’une part, l’expansion du paradigme de l’entreprise privée dans le service public sous la forme du new public management (« nouvelle gestion publique ») ; d’autre part, un « mitage » du statut : 225 modifications législatives en trente ans, la plupart des dénaturations, démontrant, malgré tout, à la fois sa solidité et son adaptabilité.

La conception française du service public et la traduction juridique qu’en donne le statut général des fonctionnaires expriment une logique inacceptable aux yeux d’oligarchies qui s’efforcent de faire « ruisseler » leur idéologie libérale dans la société. Y compris lorsqu’elle se voit disqualifiée sur le plan théorique et contredite par le mouvement du monde.

« On empêchera plutôt la Terre de tourner que l’homme de se socialiser », aurait déclaré Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), paléontologue et jésuite, homme de science et prophète[6]. Il n’est au pouvoir d’aucun gouvernement d’inverser des tendances lourdes qui portent l’évolution des sociétés. Depuis la fin du Moyen Âge, on assiste à une sécularisation du pouvoir politique qui s’accompagne d’une autonomisation de l’appareil d’État et d’une expansion administrative constante. La socialisation des financements répondant à des besoins fondamentaux apparaît irréversible : en France, les prélèvements obligatoires ne dépassaient pas 15 % du produit intérieur brut (PIB) avant la première guerre mondiale ; ils s’élèvent désormais à 45 %. Il n’y avait pas plus de 200 000 agents de l’État au début du XXe siècle ; le secteur public (administrations, entreprises, organismes publics) approche les sept millions de salariés en 2018.

Pour autant, la France n’est pas « suradministrée ». Elle se situe au contraire en haut de la moyenne des pays développés, comme l’a démontré une récente étude de France Stratégie : on y compte 89 agents publics pour 1 000 habitants, loin derrière les pays scandinaves, derrière le Canada et juste devant le Royaume-Uni[7]. Ce n’est ni l’ampleur des effectifs ni leur évolution qui distinguent la France des autres pays, mais le fait que les agents y sont protégés par la loi, dans le cadre d’un statut regardé comme la condition d’une administration neutre et intègre.

Les libéraux ont cru pouvoir annoncer la victoire définitive de leur doctrine, la fin de l’histoire, et consacrer l’horizon indépassable d’un capitalisme hégémonique sur la planète. En ce début de XXIe siècle, le monde tel qu’il est dévoile leur erreur. Comme sous l’effet d’une nécessité, une forme de socialisation objective se développe, quand bien même elle s’exprime dans des contextes capitalistes. Dans une crise qu’Edgar Morin analyse comme une « métamorphose[8] », des valeurs universelles émergent et s’affirment : les droits humains, la protection de l’écosystème mondial, l’accès aux ressources naturelles indispensables, le droit au développement, la mobilité des personnes, l’égalité hommes-femmes, le devoir d’hospitalité, la sécurité. D’autres sont en gestation, qui exacerbent les contradictions. La mondialisation n’est pas seulement celle du capital ; elle touche toutes les formes d’échange et de formation de la citoyenneté : révolution informationnelle, coopérations administratives et scientifiques, conventions internationales, floraison de créations culturelles. Bref, ce siècle sera peut-être celui des interdépendances, des interconnexions, des coopérations, des solidarités, toutes formules qui se condensent en France dans le concept de service public. On ne s’en rend peut-être pas compte tous les jours en écoutant M. Macron, mais, contrairement aux espoirs et aux proclamations des thuriféraires du libéralisme, le XXIesiècle pourrait annoncer l’âge d’or du service public* 

 

Anicet Le Pors Ancien ministre de la fonction publique et des réformes administratives, conseiller d’État honoraire.

 

 

 

[1] Le Point, Paris, 31 août 2017.

[2] Michel Debré inaugurera le poste de premier ministre prévu par la Constitution de la Ve République, à la rédaction de laquelle il avait pris une part importante.

[3] Cité par René Bidouze, Fonctionnaire, sujet ou citoyen, Éditions sociales, Paris, 1979.

[4] Olivier Schrameck, La Fonction publique territoriale, Dalloz, coll. « Connaissance du droit », Paris, 1995.

[5] Jacques Fournier, Itinéraire d’un fonctionnaire engagé, Dalloz, 2008.

[6] Cité par Gérard Donnadieu, « Comprendre Teilhard de Chardin », Saint-Léger Productions, 2013.

[7] Florence Deschard et Marie-Françoise Le Guilly, « Tableau de bord de l’emploi public », France Stratégie, Paris, décembre 2017, http://www.strategie.gouv.fr

[8] « Edgar Morin : “L’idée de métamorphose dit qu’au fond tout doit changer” »,L’Humanité, Saint-Denis, 19 juillet 2013. Dans le même esprit : Anicet Le Pors, Pendant la mue le serpent est aveugle, Albin Michel, Paris, 1993.

[9] Gérard Aschieri et Anicet Le Pors, La Fonction publique du XXIe siècle, Éditions de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2015.

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 20:51
Décès de Winnie Mandela, grande figure de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud pendant 25 ans
Winnie Mandela et Nelson Mandela

Winnie Mandela et Nelson Mandela

ll y a aujourd'hui 28 ans, après 27 ans 6 mois et 6 jours d'emprisonnement, Nelson Mandela était libéré. Ici avec Joe Slovo président du Parti communiste sud-africain (SACP) et Winnie Mandela (photo Page Facebook de Philippe Bouvier) ​​​​

ll y a aujourd'hui 28 ans, après 27 ans 6 mois et 6 jours d'emprisonnement, Nelson Mandela était libéré. Ici avec Joe Slovo président du Parti communiste sud-africain (SACP) et Winnie Mandela (photo Page Facebook de Philippe Bouvier) ​​​​

Winnie Mandela, figure de la lutte anti-apartheid durant 25 ans, personnalité tempétueuse des townships d’Afrique du Sud et ancienne épouse de Nelson Mandela est décédée lundi 2 avril à l’âge de 81 ans.

Le Congrès national africain (ANC), fer de lance de la lutte contre le régime ségrégationniste, a salué une femme qui "symbolisait la force, la résistance et une âme éternelle de la liberté". "Elle s'est battue sans relâche pour que nous ayons une société juste et égalitaire. Elle a consacré sa vie au service du peuple africain", a-t-il insisté...

Lettre de Nelson Mandela à Winnie Mandela, 1er août 1970 « L’espoir est au combattant de la liberté ce que la bouée de sauvetage est au nageur: la garantie qu’il ne se noiera pas, qu’il restera à l’abri du danger ».

Une vie pleine de sacrifices, de pleurs et enfin une lueur d’espoir pour l’humanité! 

Mandela : la grande bataille.

Lu sur le site de la fédération PCF de l'Hérault, un article de 2013 qui remet un certain nombre de choses en perspective

 

Retour sur le formidable mouvement qui a porté le prisonnier de Robben Island à la présidence de la République d’Afrique du Sud.
La montée des luttes populaires antiapartheid en Afrique du Sud fut décisive dans les années 80. Le combat contre le système colonial et de discrimination raciale sud-africain a cependant marqué toute la seconde moitié du XXe siècle.
 
On ne peut réduire le mouvement anti-apartheid à l’antiracisme tellement sa portée fut globale. Cette lutte s’inscrivit en effet dans les enjeux de la décolonisation, de la guerre froide, de la montée de l’exigence démocratique et du besoin d’une voie de développement nouvelle porteuse d’égalité, de justice et de progrès humain. Ce sont toutes les grandes questions du XXe siècle qui se cristallisèrent ainsi, dans cette grande bataille, en particulier au moment des bouleversements en Europe de l’Est (dont les régimes ont soutenu l’ANC). C’est toute la donne internationale qui est en train de changer. Des aspirations populaires et un monde nouveaux s’annonçaient.
 
Le PCF va s’engager intensément et au plus haut niveau aux côtés du peuple sud-africain parce qu’il mesure alors la dimension de l’enjeu, parce qu’il veut faire du refus de l‘asservissement d’un peuple un moteur de conscience politique.
 
La nécessité de la destruction du système d’apartheid a mûri au cours des années. L’ONU elle-même, dès la décennie 60, y contribua en légitimant les sanctions. En 1973, son Assemblée générale reconnaissait explicitement la nécessité « d’éliminer et de réprimer l’apartheid ». A juste titre, les Nations unies liaient la libération pour le peuple d’Afrique du Sud à celle des autres peuples d’Afrique australe, notamment la Namibie.
 
Un système criminel et obsolète
 
Il faut souligner à quel point ce système colonial sud-africain était à la fois obsolète et criminel. La violence faisait partie de sa nature : massacres de Sharpeville en mars 1960, de Soweto en juin 1976 ; assassinat de Dulcie September en 1988… Le régime s‘appuyait sur un arsenal sévère de dispositions et de forces de répression qui n’épargnaient aucun opposant, y compris les Blancs, Métis ou Indiens qui osaient la critique. Le système se présentait comme le rempart du monde libre face au danger communiste sur le continent africain.
C’est probablement ce mythe idéologique qui servit à justifier tant de livraisons d’armes occidentales, en particulier françaises, à un régime pourtant si contraire aux principes et aux buts de la Charte des Nations unies et aux valeurs humaines universelles.
 
Il est vrai que les intérêts en jeu étaient considérables. Les banques et les multinationales du monde capitaliste, notamment celles à base française, y défendaient leur implantation et leurs profits. Peu importait alors la défense d’intérêts capitalistes injustifiables dans un niveau d’exploitation intolérable… Jusqu’au moment où la lutte populaire et la solidarité internationale imposèrent les sanctions qui contribuèrent à de premiers reculs du régime, à la libération des prisonniers politiques puis à la chute du système lui-même.
 
L’engagement des communistes
 
Cette bataille ne fut pas si simple à conduire. Quelques années avant sa libération, qui

connaissait Nelson Mandela en France ? Certes, lors du procès de Rivonia (1963-1964), qui envoya le chef de l’ANC et ses camarades au bagne, Marie-Claude Vaillant-Couturier, pour le groupe communiste, intervenait à la tribune de l’Assemblée en faveur des inculpés. Mais en 1984, un sondage IFOP pour l’Humanité Dimanche révélait que 68 % des Français n’avaient jamais entendu parler de Nelson Mandela. Seulement 20 % le savaient victime d’atteinte aux libertés.
Il en a fallu des initiatives, des rassemblements énormes, des manifestations, des interventions, des affiches, des articles dans l’ensemble de la presse du PCF, dont l’Humanité, pour nourrir ce mouvement populaire et une très large solidarité qui finirent par l’emporter dans l’opinion publique et contre toutes les complicités.

 
Lors de la Fête de l’Humanité de 1985, tandis qu’un grand concert est donné pour le peuple sud-africain, Roland Leroy et une délégation se rendent à Matignon pour exiger le boycott du régime d’apartheid. En 1988, Georges Marchais propose le Prix Nobel pour Nelson Mandela et le 31 janvier 1989 il se rend à Oslo pour présenter cette candidature pour laquelle 2 500 personnalités françaises et étrangères avaient signé avec le Comité de défense des droits de l’homme et des libertés présidé par le secrétaire général du Parti.
 
Un petit badge métallique est édité par le PCF, dont la vente permit d’alimenter l’aide financière à l’ANC. On se souvient aussi de la bataille pour la libération du jeune Français Pierre-André Albertini, accusé d’avoir transporté des armes pour l’ANC. Mais le régime de Pretoria est en train de perdre ses soutiens. François Mitterrand refusa les lettres de créance du nouvel ambassadeur sud-africain en France en s’appuyant sur l’affaire Albertini. Déjà, en 1985, le gouvernement Fabius finit par décider d’arrêter les importations de charbon en provenance d’Afrique du Sud et de suspendre tout investissement dans ce pays.
 
L’ambassadeur de France sera rappelé. C’est le début de la fin grâce à une mobilisation populaire qui ne cessa de se renforcer et de s’élargir, notamment avec la création de Rencontre nationale contre l’apartheid (RNCA) dirigée par Marcel Trigon et Jacqueline Derens, avec la mise en place du Comité Nelson Mandela libre qui rassembla 71 organisations politiques, syndicales, associatives, avec le soutien de mouvements chrétiens, d’artistes, de musiciens, d’écrivains, de personnalités connues comme Breyten Breytenbach qui s’y associa. Le PCF et le Mouvement de la jeunesse communiste s’y engagèrent pleinement. La diversité de ce Comité fit sa force et sa représentativité au-delà des débats et des divergences d’approches sur le sens et la nature du combat à mener.
 
La libération de Nelson Mandela et des prisonniers politiques cristallisa l’ensemble de la lutte solidaire contre le système d’apartheid. La jeunesse, et en particulier la jeunesse communiste, y puisa une formidable énergie, au point qu’on parlera ensuite de la génération Mandela.
 
Un évènement d’une portée mondiale.
 
Lorsque celui-ci, le 11 février 1990, sort de prison, l’émotion est immense. L’événement est mondial. La chute définitive du régime d’apartheid se dessine. C’est une avancée décisive, à la fois politique, sociale, morale, profondément démocratique et porteuse d‘un immense espoir d’égalité et de justice pour le peuple sud-africain, pour l’Afrique, pour toutes les forces d’émancipation humaine dans le monde.
 
Le 7 juin suivant, Nelson Mandela est à Paris. Il est reçu par les autorités françaises. Il est accueilli notamment au siège du Parti communiste français, accompagné de Thabo Mbeki et Solly Smith, représentant de l’ANC en France.
L’arrivée de Mandela dans le hall du Comité central est un moment exceptionnel, une explosion d’émotion et de joie… dans un enthousiasme collectif inénarrable. Georges Marchais et Nelson Mandela s’étreignent longuement. Winnie Mandela tient Georges Marchais par la taille… Tout le monde sait, alors, que le combat n’est pas terminé. Loin de là. Mais quelle victoire !
 
Mandela restera comme le symbole d’une légitimité démocratique universelle qui continue à imposer le respect à tous, à rassembler le peuple sud-africain dans sa mémoire et dans l’espoir d’une Afrique du Sud capable, dans notre temps de crise, de répondre aux profondes attentes sociales et populaires… Mais ceci est une autre histoire.
 
Jacques Fath
CommunisteS juin 2013.
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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 09:12
Fête du Viaduc 2012

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Fête du Viaduc 2013

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fête du Viaduc 2017

54 ANS DE COMBAT COMMUN

 

DES LIENS FORTS AVEC LA POPULATION

 

Cette année nous tenons la 54 ème Fête du Viaduc du nom du journal de la section PCF du pays de Morlaix.

Cette durée en dit long sur la qualité des liens que les communistes et leurs amis (car ils ont toujours été présents sur la Fête) ont su tisser avec la population. En témoigne aussi la fidélité des annonceurs qui sont pour beaucoup dans le succès financier.

 

UNE FETE NOMADE

 

Le souci de rencontrer la population et différentes contraintes ont conduit à chercher des implantations diverses. La première fête s’est déroulée le 5 septembre 1965 à Kernéguès. Mais très rapidement le 1er mai, la fête des travailleurs, devint le rendez-vous incontournable des communistes avec la population du pays de Morlaix. Jusqu’en 1978 elle se déroula autour du terrain de foot de la Madeleine ; terrain où se déroulait une rencontre corpo très suivie. En 1979 la fête s’installa aux Jacobins pour une mémorable édition, très riche artistiquement… mais qui ne dégagea pas beaucoup de bénéfices. A partir de 1980 s’ouvre une longue période dans la vallée de Ty-Dour. Elle va durer jusqu’en 2004 à ce carrefour du quartier du plateau nord-est. Je fus à l’origine de son départ en décidant, en tant qu’adjoint à l’urbanisme, de la construction de la résidence étudiante sur le terrain qui servait de parking. S’en suivirent 2 ans à Ploujean où la salle mettait les stands à l’abri des intempéries puis le déplacement, par souci de visibilité, place Allende pendant 3 années. Un essai fut fait en 2010 à la Boissière, Place de la Commune de Paris, dont le nom nous plaisait évidemment. Mais l’année suivante nous rejoignîmes la place Allende.

 

POLITIQUE, CULTURE ET CONVIVIALITE

 

Organisée par le PCF, la Fête du Viaduc n’est évidemment pas une simple kermesse. La politique y tient une grande place. Par l’intervention politique assurée par un dirigeant national, départemental ou local, par un élu ou un candidat. Nous lui avons substitué depuis plusieurs années un débat avec les participants à la fête qui peuvent ainsi échanger avec le dirigeant présent et les militants. Mais la politique est aussi présente par les affiches , les livres, la presse, les revues, les pétitions, les expos… et les discussions informelles toujours passionnées. S’y ajoute la présence d’associations amies et de nos partenaires. Tous les ans, nous y enregistrons plusieurs adhésions.

 

La culture a toujours été présente à la fête du Viaduc. Expositions de peinture, dessins, photos avec toujours la diversité, la qualité…et le contenu. Spectacles : chansons françaises, rock, chants de marins ; musique, jazz, musique et danse bretonnes, fanfare, musique baroque, percussions, spectacle de magie, théâtre, littérature…sans oublier la dimension sportive.

 

La fête est aussi un moment de rencontre et de convivialité. Aux jeux, stands, loteries, concours s’ajoute bien évidemment la restauration. Aux casse-croûtes et grillades des premières années se sont ajoutés la crêperie et le restaurant où militant-e-s et ami-e-s font tous les ans merveille permettant ainsi d’ajouter aux plaisir des papilles ceux des retrouvailles et des discussions.

 

LA SOLIDARITE EN ACTION

 

Beaucoup de partis politiques ont organisé des fêtes …qui parfois ont disparu. Nous ne sommes pas peu fiers de tenir cette année la cinquantième fête du Viaduc. Ce n’est possible que grâce à l’investissement des militants et des amis qui d’année en année y mettent toute leur énergie dans les différentes tâches à assurer. Que grâce aussi à toutes celles et à tous ceux qui y participent chaque année.

 

Longue vie à la Fête du Viaduc et succès à tous les combats que nous mènerons ensemble !

Alain David (édito du Viaduc pour l'annonce de la 50 ème fête du Viaduc légèrement remanié) 

 

 

A partir de ce travail de restitution d'archives de Jean-Luc Le Calvez, et du dépouillement de quelques exemplaires du Journal du PCF, on peut restituer quelques moments forts de l'histoire de la section PCF de Morlaix ces 50 dernières années, tour à tour dirigée par Michel Derrien, Alain David, Jean-Yvon Ollivier, Stephane Mayer, François Bourven, Daniel Ravasio. 

 

La Fête du Viaduc est née non pas le 1er Mai mais en septembre 1964.

Elle avait lieu d'abord au Stade de Kernéguès et était déjà une grande fête populaire. L'entrée était payante (2 francs). Il n'y avait pas encore de partie musicale et artistique mais on pouvait y entendre l'allocution d'un membre du comité fédéral du PCF (Gabriel Paul en 1965), y participer ou y assister à des tournois de foot (entre des équipes coporatives: Ameublement, Renault, Hôpital...), des concours de Palais, de Luttes Bretonnes.

Plus tard,  à la fin des années 1960 et jusqu'en 1978, la Fête du Viaduc s'est déplacée au Terrain de la Madeleine. La Musique s'est invitée, comme le Radio-Crochet, la Course à l'Oeuf, la Course Humoristique, les Floralies, les Concours de Dominos.    

Dans les années 1980 et jusqu'en 2004, la Fête du Viaduc avait lieu dans la Vallée du Ty-Dour. Puis à Ploujean en 2005 et 2006, place Allende de 2007 à 2009, place de la Commune en 2010 à La Boissière, puis à nouveau place Allende.      

 

La naissance de cette fête du Viaduc témoigne d'un renforcement et d'une ambition nouvelle du PCF dans le Pays de Morlaix et coïncide avec la création du journal Le Viaduc, organe de la section du Parti Communiste de Morlaix.

Ce journal naît fin 1963 avec pour directeur de publication Louis Ollivier. On y lit aussi des articles de Michel Derrien, le secrétaire de section du PCF Morlaix, qui sera adjoint au maire pendant plusieurs mandats, et de François Paugam, le très estimé dirigeant de la CGT des Cheminots, responsable à l'organisation du PCF.

Alain David, qui sera secrétaire de section du PCF Morlaix de 1968 à 1976, devient à la fin des années 1960 et pour plusieurs décennies le directeur de publication et la plus brillante plume duViaduc.

 

Le premier éditorial du Viaduc commence ainsi, donnant le ton à la fois populaire, impertinent et bien senti du journal :

 

"Travailleurs morlaisiens, vivez-vous au dessus de vos moyens? C'est du moins l'avis de notre Ministre des finances qui entend ajouter un cran à votre ceinture. Toute la propagande gaulliste de la presse, de la radio et de la télévision, est insuffisante pour démontrer que les vessies sont des lanternes. En effet, depuis 1958, les prix ont augmenté de 42,50%, les taxes de vie chère de 78% et les profits des grosses sociétés de 85%. Mais depuis 5 ans, bien des yeux se sont ouverts sur la nature du pouvoir des financiers dont les méfaits pèsent de plus en plus sur la population laborieuse de notre ville.

- Les salaires et traitements sont en retard sur les prix

- Les vieux vivent dans la misère

- Les logements neufs sont inabordables

- Notre zone n'a d'industriel que le nom. Pourquoi?

La main d'oeuvre qualifiée manque, mais le pouvoir et la municipalité laissent dormir dans les cartons le projet de collège technique...

Nous voulons combattre avec vous sur tous les plans la politique néfaste du gaullisme, du patronat et de leurs représentants à la municipalité".

 

Au delà de ces déclarations politiques générales, le 1er Viaduc fait aussi la part belle aux revendications locales: mieux équiper pour les besoins des sportifs la salle du Poulliet, datant d'un an, et que l'on détruit cette année, 50 ans après, prévoir une école pour le quartier Saint Augustin, dont la population a cru avec les nouveaux immeubles de la Rape Saint Augustin.

 

L'édito du Viaduc n°2, publié en janvier 1964, a un titre et des propositions que l'on ne renierait pas aujourd'hui:

 

" Pour une démocratie véritable.

Le remplacement du pouvoir gaulliste par une république démocratique est à l'ordre du jour. De part, la constitution actuelle, le pouvoir sert les banquiers, les marchands de pétrole, les trusts: il faut que ça cesse. Il faut remplacer le pouvoir d'un seul homme par celui de tout le peuple et non par celui d'un autre homme. Le PCF propose à tous les démocrates comme base d'un programme commun:

- élection à la proportionnelle d'une assemblée constituante qui dotera le pays d'une constitution démocratique.

- par l'intermédiaire de l'Assemblée Nationale, le gouvernement doit être l'émanation de la volonté populaire.

- transfert du pouvoir des Préfets aux conseils généraux élus à la proportionnelle

- laïcité de l'Etat et de l'Ecole et réforme démocratique de l'enseignement

- réforme de la fiscalité permettant de faire payer les grosses sociétés

- nationalisation des monopoles pour permettre une véritable politique sociale

- abandon de la force de frappe, signature des accords de Moscou et politique de désarmement" 

 

Suite une présentation de François Paugam, "sympathiquement connu de notre population", candidat du Parti aux Cantonales. 

 

Au verso du journal qui ne compte que feuille A4 recto verso jusqu'en 1970, on trouve des articles locaux truculents sur la nécessité de nettoyer les abords de l'école du Calvaire - en l'occurence la promenade ombragée par les peupliers qui offre un magnifique panorama sur la ville mais où s'entassent les boîtes de conserve qui servent aux jeux de "foot boîtes" des enfants. On demande à brancher les eaux de ruissellement de future école Corentin Caer au tout-à-l'égoût et à installer des bancs en contrebas sur la promenade. On apprend que les crédits pédagogiques dont bénéficient les écoles publiques morlaisiennes sont insuffisants, comme leurs systèmes de chauffage sont défaillants. A l'inverse, on nous présente une école maternelle et primaire modèle de Moscou où le taux d'encadrement et les conditions pédagogiques sont optimales: "dans l'Etat socialiste, l'ENFANT EST ROI". 

 

Viaduc n°3 - Mars 1964 - sous le titre ironique "Les arguments frappants des patrons", une charge contre Tilly qui fait tabasser les militants de la CGT à Guerlesquin: "La direction "TILLY" à GUERLESQUIN, n'aime pas les défenseurs des ouvriers. F. PAUGAM, responsable CGT en a fait l'expérience. Aux tracts qu'il distribuait à GUERLESQUIN pour dénoncer l'exploitation dont sont victimes les ouvriers de cette entreprise, le beau-frère de Mr Tilly a opposé les coups de poing. La classe ouvrière ne peut tolérer de telles méthodes. Pour parer cette méthode fasciste dont notre camarade F.PAUGAM a déjà été victime, tous les travailleurs doivent faire preuve d'une vigilante solidarité à l'égard de leurs responsables, prévoir et assurer leur défense dans tous leurs déplacements intéressant leur travail de militant".

 

Sur le plan local, diatribe contre les voitures qui encombrent l'allée du Poan Ben, jadis "réservée aux jeunes enfants et aux vieillards qui y trouvaient une paisible retraite, loin de l'agitation de la ville": "leur gaz d'échappement n'a rien de comparable avec l'air pur des sommets" et la mairie ne finance pas de classe de neige pour les enfants, "la pétarade des moteurs crée dans les classes une ambiance défavorable aux études et sensibilise des organismes déjà fortement éprouvés par les trépidations de la vie moderne".

Cette attaque contre l'invasion de l'allée du Poan Ben par la voiture ne s'arrête pas là: "Le moins dangereux n'est pas le gymkana des voitures parmi les enfants aux heures d'entrée et de sortie des écoles. Attend-on un accident grave pour remédier à cet état de chose? Qu'a cela ne tienne des mesures sont envisagées: un agrandissement du parking par la couverture de la rivière! pas moins...

Ce qui, parait-il coûterait plus cher que la couverture du bassin. Ce serait, avouez-le, porter beaucoup d'estime aux quatres roues et bien peu à nos enfants qui n'ont, il est vrai, que deux jambes à garer. Pourquoi ne pas transformer les cours d'écoles en parking? ..."

 

Toujours dans ce Viaduc n°3, le PCF, dans son programme pour les cantonales, plaide pour le rattachement de Morlaix à St Martin des Champs, précise sa conception du soutien public au développement économique du territoire: "l'expansion économique ne signifie pas pour nous, des cadeaux aux capitalistes sous forme de terrains et d'installations gratuites (zone de Kerivin aménagée aux frais du contribuable)".

 

En fin, au bas de la page 2, ce qui deviendra une tradition dans le journal des communistes morlaisiens, on peut lire une mise en cause du Télégramme:

 

"LES SILENCES ... DU TELEGRAMME"

Le télégramme a omis d'informer ses lecteurs des raisons pour lesquelles il n'a pu paraitre vendredi 21 février:

Les linotypistes ont fait grève pour soutenir un de leur camarade mis à pied injustement. Bravo pour cet exemple

LOUABLE DE SOLIDARITE OUVRIERE!".

 

Dans le Viaduc N°4 (juin 1964), les rédacteurs qui militent pour l'installation d'un centre médico-pédagogique à Morlaix s'offusquent que la Salle Omnisports de Morlaix soit retenue pour la célébration du messe à l'occasion de la fête Diau tandis que le 7 juin, le stade de Kernéguez est également retenu pour la célébration d'une messe: "Décidément le pouvoir encourage au maximum le clergé et celui-ci en profite. Après la radio et la télé, la réaction monopolise les installations sportives".   

 

Dans Le Viaduc n°6 (novembre 1964), le PCFMorlaix justifie la constitution d'une liste indépendante au 1er tour des élections Municipales tout en se montrant partisan d'une union avec les socialistes au second tour sur la base d'un programme commun. "Une liste d'union au 1er tour consisterait à passer sous silence les grandes réalisations des élus communistes, notamment à SCAER, LEUHAN, SCRIGNAC, HUELGOAT etc... où ils détiennent la municipalité depuis 20 ans... En présentant une liste d'union au 1er tour comme en 1959 nous créerons la confusion et faciliterons ainsi l'élection des représentants du pouvoir... Notre Parti, qui arrive en tête des partis de gauche à MORLAIX, ne peut accepter  d'être une force d'appoint. Pour avoir la confiance des travailleurs, il faut que chaque Parti détermine le niveau de ses forces...

Quand nous aurons mis en échec les défenseurs du Pouvoir Gaulliste, au soir du 1er tour, les Communistes feront tout, à Morlaix, pour former une liste d'union pour le 2e tour; sur la base d'un programme commun et compte-tenu des forces de chaque organisation.

Les Communistes ont prouvé leur discipline républicaine en votant en masse pour élire les camarades PRAT et TANGUY PRIGENT. Il est temps de cesser la polémique et de passer au travail de masse, c'est à dire à l'explication aux électeurs des malfaisances du régime gaulliste et de l'équipe du docteur Le Duc".

 

Lors des Municipales de 1965, les communistes affirment le caractère politique des élections locales:

"Nous proclamons que les élections municipales ont un caractère politique.

Pour qui réalise t-on?

Qui paie?

Répondre à ces deux questions, c'est faire un choix politique.

Nous, Communistes, avons choisi. Nous voulons réaliser pour les travailleurs, pour les classes les plus deshéritées; nous voulons faire payer les riches et avant tout les gros patrons.

Toutes les municipalités communistes ont toujours appliqué ces deux principes.

Le rôle d'une municipalité ouvrière est de réaliser avant tout pour alléger la peine des travailleurs, de défendre l'enfance, d'organiser les loisirs de la jeunesse, d'aider les vieux".

Pour les enfants, le PCF de Morlaix propose la création de trois nouveaux patronages laïques (Madeleine, centre-ville, Rampe Saint Augustin) et le soutien au départ en vacances en colonies des enfants de famille modeste. Pour les mères qui travaillent à la Manufacture, à l'hôpital, aux PTT, il propose une crèche municipale. Pour les vieux, la création d'un Foyer, la création d'une aide aux travailleurs. La création aussi d'un office municipal d'HLM et l'achat par la ville des terrains nécessaires à la construction de logements accessibles aux bourses modestes. Le gros chantier du mandat parait-être celui de l'aissinissement: "le docteur Le Duc, maire de Morlaix depuis 18 années, écrit: "il convient d'améliorer les conditions d'hygiène et de ne plus utiliser la rivière comme exutoire naturel". Bravo, Monsieur le Maire, il eut fallu penser plus tôt et commencer par construire un épurateur et un collecteur central et ensuite étendre à toute la ville le tout-à-l'égout".    

 

Dans le Viaduc de juin 1965, c'est une pétition pour demander l'implantation d'un STOP à l'intersection de la Bellevue de la Madeleine et de la Venelle de la Madeleine à cause des collisions de voitures à répétition. "Attend t-on un autre accident, peut-être mortel, celui-là? La vie d'un homme vaut-elle moins qu'un panneau? Les habitants du quartier de la Madeleine, lorsqu'ils entendront un crissement strident et si un malheur arrivait sauront accuser les responsables de cette négligence que l'on pourra qualifier de criminelle".   

 

Après une interruption,  en 1970, Le Viaduc, qui a a désormais comme directeur de publication Alain David, secrétaire de section du PCF Morlaix depuis quelques mois, s'étoffe, gagne en quantité d'articles, à qualité de mise en page, et en ambition: notamment celle d'établir un dialogue avec les lecteurs. Il parait toujours tous les deux mois.

En novembre 70, le journal qui coûte 30 centimes, auquel on s'abonne, a

Pourquoi ce journal?

 

AMIS LECTEURS, 

 

En France, l'écrasante majorité des journaux appartient à un petit nombre de groupes financiers. Quant à la radio-télévision, elle demeure un instrument de propagande au service du gouvernement. Et ce n'est pas parce qu'un dirigeant communiste ou syndical peut faire de temps à autre une apparition sur le petit écran que cela change quelque chose à l'essentiel. L'information est unilatérale, dirigée, partiale. 

C'est pourquoi la section de Morlaix du PCF a décidé de publier un journal local afin de faire connaître à la population de Morlaix et de ses environs le point de vue des communistes sur quelques questions internationales, nationales et locales. 

Il est évident que, dans une publication modeste comme la nôtre, il nous sera impossible d'aborder ou de développer tous les problèmes de l'actualité. D'autre part, les auteurs des différents articles de ce journal sont des militants de base de la section de Morlaix du Parti Communiste, ce sont des ouvriers, des paysans, des artisans, des enseignants et ils n'ont pas, pour rédiger, la facilité des journalistes professionnels.

Nous espérons cependant que vous lirez avec intérêt ce journal que vous recevrez tous les deux mois.

C'est avec plaisir que nous accepterions de dialoguer avec vous en répondant, dans nos prochains numéros, aux questions que vous nous auriez posées en écrivant au siège de notre parti, situé 5, rue Haute à Morlaix.

Le Comité de rédaction".

 

Signent leurs articles dans ce journal Renée Deroux (la place de l'EPS dans l'éducation nationale), François Paugam (luttes sociales aux Combustibles Morlaisiens), Daniel Crassin (Regards sur la RDA: réaction argumentée à un article du Télégramme), Janine Tardivel qui fait le compte rendu d'une conférence où Alain David et Louis Le Roux, membre du Comité Cental du PCF, ont parlé de la situation prometteuse du Chili.

 

En juin 1971, Le Viaduc relate une conférence débat avec le grand résistant communiste ROL-Tanguy, né en gare de Morlaix, ouvrier metallurgiste, ancien des Brigades Internationales et libérateur de Paris. "150 personnes étaient venues assister à la conférence-débat que donnait Rol-Tanguy dans la salle des conférences de la mairie de Morlaix. Aux côtés de Rol-Tanguy avaient pris place au bureau les camarades Alain David, secrétaire de section, Louis Aminot, membre du comité fédéral et Le Nagar de Plougonven". 

 

En mai-juin 1972, il est question de la 8e fête du Viaduc. Louis Ollivier commente: "Le 1er mai 1972, malgré son temps incertain, a apporté sur le terrain de la Madeleine, un millier de personnes. Notre "Fête du Viaduc" devient la kermesse la plus importante de notre ville. En effet, le grand nombre de stands, leur décoration, leur qualité et surtout le match de football ont contribué à son succès en créant une ambiance gaie, joyeuse et sportive". Alain David écrit un article anti-colonialiste de circonstance:

Halte à l'agression américaine au Vietnam:

 "Depuis plus d'un quart de siècle, les peuples d'Indochine sont contraints à défendre leur existence et leur dignité, leur indépendance et leur liberté. En minant les ports de la République Démocratique du Vietnam, en reprenant les bombardements intensifs sur les objectifs civils, le gouvernement américain fait un pas de plus dans l'escalade de la guerre. Il faut en finir avec cette "sale guerre". Comme tous les peuples du monde, les peuples indochinois ont un droit imprescriptible: le droit à la paix. Cette paix ne pourra voir le jour tant que l'envahisseur américain occupera l'Indochine"...

Comme d'habitude François Paugam se fait écho des luttes sociales dans la région de Morlaix, aux PTT et aux Imprimeries. Michel Derrien écrit sur les implantations d'école à La Vierge Noire et à La Boissière, et sur le manque d'espaces de vie collective dans le nouveau quartier HLM de La Vierge Noire. Son texte, toujours d'actualité, mérite d'être cité:

"Le vendredi 19 mai, la première chaîne de télévision présentait une dramatique: "Un dimanche volé". C'est le drame réel d'un ouvrier vaincu par la fatigue du travail, les bruits de la rue et de l'immeuble filtrant à travers les cloisons et les fenêtres de l'appartement, le manque de sommeil accumulé. Au-delà de cette existence, on peut trouver une condamnation des logements construits au rabais, véritables usines à névroses, des cadences de travail, de l'absence de terrains de jeux pour les enfants des HLM, condamnés à jouer au milieu des voitures ou dans les escaliers. Allez vous promener dans la rue de La Vierge Noire à Morlaix. Voyez ces clapiers humains qui montent, les espaces libres sont chichement mesurés. Dans quelques années, des centaines d'enfants y habiteront. Ce décor de béton vous fera immanquablement penser au film de Gérard Chouchan. Existe t-il une solution? Certes oui. Les constructions de ce quartier sont en place, on n'y peut plus rien. Mais il existe encore, tout à côté, du terrain. Il faut d'urgence que la ville de Morlaix achète, si ce n'est déjà fait, le "petit bois de Coat Serho", ainsi que les prés et les terrains qui bordent la route de Lanmeur. A cet endroit, il est possible, sans de trop grandes dépenses, d'aménager une part de promenade et de loisir. L'aménagement d'un bassin ne pose aucune difficulté. En outre, il faut des terrains de jeux pour les enfants. Ne serait-il pas possible de prévoir un tel espace entre la Boissière et la Vierge Noire? L'erreur serait d'attendre que les constructions soient terminées pour penser à un tel problème..."    

 

En décembre 1972, Le Viaduc s'ouvre sur un article d'Alain David sur le Programme Commun:

 

"Le programme... c'est le vôtre.

Le programme commun signé par le Parti Communiste, le Parti Socialiste, et les Radicaux de Gauche ouvre au peuple des perspectives nouvelles.  

Ce programme n'est pas un simple accord électoral conclu entre les dirigeants des trois partis; ce programme commun que les travailleurs ont attendu si longtemps c'est une arme que nous mettons entre leurs mains pour qu'ils puissent se libérer des quelques monopoles parasites qui sucent le fruit du travail de tout un pays.

Le programme commun est le programme de tous ceux qui ont intérêt à l'avènement d'une démocratie véritable. C'est le programme des ouvriers dont l'exploitation est sans cesse accrue, des employés et des fonctionnaires dont le pouvoir d'achat est sans cesse menacé par la hausse des prix, des artisans et des commerçants de plus en plus victimes du secteur monopoliste, des paysans que l'on force à quitter la terre pour grossir les rangs des chômeurs ou des O.S, des femmes surexploitées qui bouclent de plus en plus difficilement leur budget, des jeunes à qui ce régime n'offre aucun espoir et des personnes âgées qu'il oblige à vivre dans la misère.

En un mot le programme commun que nous vous appelons à acheter, à étudier, à populariser et à soutenir, c'est le VOTRE.

A.DAVID"     

 

(Suite au prochain numéro...)

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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 05:46
PUR, 2018, 25€

PUR, 2018, 25€

Cet ouvrage se propose d’analyser l’impact du Front populaire sur le Finistère, département rural fortement marqué par la question religieuse. Évitant une approche surplombante, le cadre choisi permet d’appréhender au plus près les fractures de la société finistérienne, entre villes et campagnes, entre blancs et bleus, entre dominants et dominés. La pénétration des idées sociales est faible dans les campagnes. Un puissant syndicalisme agricole s’y développe en s’arrogeant le rôle d’un contre-État. En face, la société urbaine vit ses propres antagonismes. L’Église catholique, présente dans les deux mondes, tente de conforter son emprise sur l’ensemble de la société et se retrouve de fait en concurrence avec les élites agrariennes. L’arrivée des gauches au pouvoir radicalise les positions. L’irruption d’une séquence gréviste inédite oblige les uns et les autres à s’adapter. Les forces adverses mettent en place des stratégies mimétiques qui cherchent à accompagner plutôt qu’à affronter le réveil ouvrier. Les changements d’échelle permettent d’étudier tous les moyens utilisés, du consentement jusqu’à la coercition. Loin d’une histoire fractale, nous avons privilégié une histoire mosaïque. Pour autant, le Finistère du Front populaire, avec ses particularités, s’inscrit dans le cadre national. Cet ouvrage est une contribution à l’histoire de cet événement majeur dans un département catholique et rural

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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 07:30
Communistes de Beuzec (Finistère Sud) dans les années 30 - photos archives Pierre Le Rose

Communistes de Beuzec (Finistère Sud) dans les années 30 - photos archives Pierre Le Rose

Manifestation du Front Populaire à Concarneau - photos archives Pierre Le Rose

Manifestation du Front Populaire à Concarneau - photos archives Pierre Le Rose

Conflit social de la fabrique de galoches à Rosporden - photo archives Pierre Le Rose

Conflit social de la fabrique de galoches à Rosporden - photo archives Pierre Le Rose

Le Parti communiste: de l'espoir au doute

En Bretagne, le Parti communiste a longtemps dû se contenter de la "portion congrue" à gauche. Sauf au lendemain de la Libération. Ces dernières années, il avait amorcé une remontée intéressante. Mais cet espoir a été détruit par la crise d'identité qui le traverse et a fait place au doute, y compris dans les fiefs anciens, comme les monts d'Arrée. 

Au moment du congrès de Tours, le socialisme commençait à connaître une implantation non négligeable en Bretagne, surtout dans les zones qu'André Siegfried avait déjà recensées comme favorables, dans sa remarquable autant que minutieuse étude publiée en 1913 ("Tableau politique de la France de l'Ouest sous la IIIe République"). 

Les socialistes dirigeaient alors les mairies de Brest, Lambézellec, Saint-Marc dans la banlieue brestoise, Morlaix, Douarnenez, Concarneau, Audierne dans le Finistère, Lanester dans le Morbihan et Trignac en Loire-Atlantique. 

Aux élections législatives de 1919 les socialistes avaient eu trois élus en Bretagne: Goude, le premier député socialiste breton élu dès 1910, et Masson dans le Finistère, Aubry en Illle-et-Vilaine. Tous les trois resteront à la SFIO après Tours. 

Plusieurs délégués bretons participent à ces débats de Tours. Marcel Cachin, le directeur de "L'Humanité" auteur de la motion d'adhésion de l'Internationale Communiste, avec Fossard, ne représentait pas sa Bretagne natale mais la Seine dont il était élu, le Lot et la ... Corse.

Le syndicaliste brestois Jean-Marie Guibant et le métallurgiste nantais René Gomichon se firent remarqués par leurs vigoureuses interventions en faveur de la Troisième Internationale au cours du Congrès. Guibant donnait aussi une précision intéressante, à savoir la création d'une section entièrement acquise à l'Internationale Communiste à La Feuillée, près de Huelgoat, dans les Monts d'Arrée, que Siegfried avait qualifiés de "démocratie radicale" . Radicale au sens étymologique et non partisan du terme. 

Douarnenez chantait rouge 

Dès 1921, le jeune Parti communiste, issu de la majorité du Congrès de Tours, mettait de nouvelles structures en place. Louise Bodin pour l'Ille-et-Vilaine, René Gomichon pour la Loire-Atlantique, le Treis pour le Finistère et Soufflet pour le Morbihan en furent les premiers secrétaires fédéraux. Par contre les débuts du parti furent plus difficiles dans les Côtes-du-Nord, alors assez fermées à l'influence révolutionnaire. 

Ce Parti communiste des premières années, on a quelques peines à l'imaginer. Tant par ses actions que ses querelles intestines, il se rapprochait plutôt des formations gauchistes de l'après mai 68 que du PC tel qu'on le connaît aujourd'hui. Les "nouveaux rouges" faisaient preuve d'un activisme sans borne, portant aux quatre coins de la péninsule bretonne la parole révolutionnaire et le grand espoir né d'octobre 1917. 

Charles Tillon a raconté comment le jeune syndicaliste et communiste rennais qu'il était participait alors aux grandes luttes des ports du Sud-Finistère de Douarnenez à Concarneau ("On chantait rouge", éd. Laffont, 1977). 

Douarnenez fut la première ville de France à se donner un maire communiste. Ce ne fut pas, comme on le croit à tort, le célèbre Daniel Le Flanchec, mais un tapissier nommé Sébastien Velly, qui succédait, après bien des palabres, au socialiste Fernand Le Goïc au mois de juillet 1921.

Velly mourait subitement le 9 juillet 1924. Il fut alors remplacé par le secrétaire fédéral du PC, Daniel Le Flanchec, une personnalité complexe, mais d'une popularité extraordinaire. Le Flanchec fut le héros de la longue et sanglante grève des pen-sardines douarnenistes, les ouvrières des conserveries de poisson, à la fin de l'année 1924. Il fut victime d'un attentat où il faillit laisser la vie. 

En 1936, Le Flanchec devait rompre avec le PC, mais il resta maire de Douarnenez jusqu'en 1940, avant de mourir en déportation. 

Le rôle des émigrés   

Mais, mis à part ces quelques zones d'influence, le PC n'avait encore qu'une audience limitée en Bretagne. En 1924, il ne réunissait que 13 000 voix aux législatives. 

Dans les années trente pourtant, le PC commença à "décoller", à la faveur du Front populaire. Le rôle de l'émigration fut important. Une grande partie de la classe ouvrière bretonne formait en effet les gros bataillons prolétariens dans la banlieue parisienne, notamment à Saint-Denis. 

Beaucoup de ces travailleurs, revenus au pays avec les congés payés, contribuèrent à faire connaître les idées communistes dans les campagnes bretonnes, certaines s'avérant trs réceptives, du côté d'Huelgoat et de Callac. 

Aux élections législatives de 1936, le PC dépassait 10% des voix dans trois circonscriptions bretonnes: Lannion, Guingamp et surtout Quimper, qui englobait alors Pont-l'Abbé et Concarneau. 

Pierre Guéguin, maire de Concarneau depuis 1935, futur martyr de Châteaubriant, obtenait 23% des voix au premier tour. Il manquait de peu le siège de député, le radical sortant se maintenant au second tour, contrairement aux accords du Front populaire. Dans la montagne huelgoataine, les scores communistes approchaient déjà les 20%. Mais à ces mêmes élections de 1936, la SFIO avait huit élus en Bretagne. 

Des lendemains qui chantent 

La Résistance, où son rôle fut considérable, permit au PC d'acquérir une implantation nouvelle en Bretagne. Charles Tillon devenait même ministre. 

 

Pierre Guéguin, élu maire communiste de Concarneau en 1935

Pierre Guéguin, élu maire communiste de Concarneau en 1935

Charles Tillon, ministre de l'Armée, à Carhaix à la libération (photo des archives Alain et Jean-Claude Cariou)

Charles Tillon, ministre de l'Armée, à Carhaix à la libération (photo des archives Alain et Jean-Claude Cariou)

Congrès du PCF - la délégation du PCF à Strasbourg en 47, photo Archives Pierre Le Rose (avec Daniel Trellu, Gabriel Paul, Pierre Le Rose, Marie Lambert)

Congrès du PCF - la délégation du PCF à Strasbourg en 47, photo Archives Pierre Le Rose (avec Daniel Trellu, Gabriel Paul, Pierre Le Rose, Marie Lambert)

Jeunes communistes à la Libération (archives Pierre Le Rose)

Jeunes communistes à la Libération (archives Pierre Le Rose)

Marcel Cachin dans le sud-Finistère, avec Pierre Le Rose, alors secrétaire départemental (archives Pierre Le Rose)

Marcel Cachin dans le sud-Finistère, avec Pierre Le Rose, alors secrétaire départemental (archives Pierre Le Rose)

Des lendemains qui chantent 

La Résistance, où son rôle fut considérable, permit au PC d'acquérir une implantation nouvelle en Bretagne. Charles Tillon devenait même ministre. La proportionnelle aidant, des députés communistes étaient élus dans les départements bretons pendant toute la IVe République. 

En novembre 1946, les listes communistes recueillaient 341 793 voix dans les cinq départements bretons. En pourcentage, cela faisait 22,34% des suffrages exprimés avec des pointes à 31,5% dans les Côtes-du-Nord et 27,8% dans le Finistère. Scores supérieurs à ceux de la SFIO, jamais retrouvés par le PC en Bretagne. 

En 1951 et en 1956, le PC se maintenait à un excellent niveau électoral. Dans la dernière législature de la IVe République, les députés communistes bretons étaient au nombre de cinq: Marcel Hamon et Guillaume Le Caroff dans les Côtes-du-Nord, Gabriel Paul et Alphonse Penven, le maire de Huelgoat, dans le Finistère, Gravoille en Loire-Atlantique, auxquels il faut ajouter Emmanuel d'Astier de la Vigerie, élu en Ille-et-Vilaine sur une liste commune progressiste communiste. 

Fer de lance de l'union 

Malgré la "guerre froide", le PC maintenait de fortes positions en Bretagne et gardait tout son pouvoir d'attraction politique et culturelle. Son pouvoir d'attraction sociale aussi comme en témoignent les luttes de l'époque, notamment à Brest en 1950. De même, l'opposition du PC aux guerres coloniales, en Indochine et en Algérie, lui valait le soutien d'éléments jeunes et combatifs. 

L'arrivée du général de Gaulle au pouvoir en 1958 portait un coup sévère au PC. Le nouveau mode de scrutin mis en place par la Ve République naissante (majoritaire à deux tours et non plus la représentation proportionnelle) écartait pour vingt ans les communistes bretons du Parlement. 

Politiquement ce fut la période de rapprochement avec les socialistes, c'est-à-dire avec le PSU surtout. Le PC contribua largement aux victoires municipales de la gauche à Saint-Brieuc en 1962 et à Lorient en 1965. 

Fer de lance de l'unité des forces de gauche le PC conservait en Bretagne de solides positions dans ses bastions traditionnels: les Monts d'Arrée, bien sûr, la Montagne Noire, le sud du pays Bigouden, le Trégor rouge, la région de Guingamp, Hennebont, Lanester, Trignac... 

Douarnenez, perdue en 1951, lui faisait certes défaut, mais en 1971, le communiste Michel Mazéas retrouvait un fauteuil de maire qui a valeur historique pour son parti.

C'était alors une période assez exaltante pour les communistes. Sous l'impulsion de Waldeck-Rochet, le PC s'efforçait de se dégager des pesanteurs thoréziennes. Aux élections présidentielles de juin 1969, Jacques Duclos obtenait un excellent score, y compris en Bretagne. Avec 257 818 voix, et 15,75%, le candidat du PC devançait largement, dans les cinq départements bretons, le PSU de Michel Rocard (4,19%) et le socialisme de Gaston Defferre (3,98%). 

C'était voici treize ans à peine! 

Cette nouvelle progression communiste allait pourtant piétiner à partir de 1972. Le nouveau Parti socialiste occupait rapidement un terrain sociologiquement favorable et laminait le centrisme en Bretagne. 

Pour l'heure, le PC recueillait quand même les fruits de l'unité avec les socialistes, lors des cantonales de 1976 et surtout des municipales de mars 1977. Le PC gagnait de nouvelles mairies (Concarneau qu'il avait perdu en 1947, Carhaix, Guingamp..) et entrait dans les conseils municipaux de plusieurs grandes villes bretonnes. 

 

- A suivre   

Rentrée scolaire catastrophique - tract du PCF en 1962 (archives Pierre Le Rose)

Rentrée scolaire catastrophique - tract du PCF en 1962 (archives Pierre Le Rose)

Les candidats du Parti Communiste aux cantonales dans le Finistère en septembre 1967 (Bretagne Nouvelle)

Les candidats du Parti Communiste aux cantonales dans le Finistère en septembre 1967 (Bretagne Nouvelle)

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