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21 septembre 2017 4 21 /09 /septembre /2017 18:42
Résistance brestoise: l'hommage du lundi 18 septembre 2017 aux 19 résistants FTP fusillés au Mont Valérien le 17 septembre 2017 et aux autres fusillés, déportés, et morts brestois de la résistance: discours de Jean-Claude Cariou et Gildas Priol
Résistance brestoise: l'hommage du lundi 18 septembre 2017 aux 19 résistants FTP fusillés au Mont Valérien le 17 septembre 2017 et aux autres fusillés, déportés, et morts brestois de la résistance: discours de Jean-Claude Cariou et Gildas Priol

COMMÉRATION DE LA LIBÉRATION DE BREST - HOMMAGE AUX RESISTANTS MORTS POUR LA LIBERTÉ.

Lundi 18 septembre au matin, nous rendions hommage à celles et ceux qui sont tombés pour libérer Brest et la France du joug nazi.

A ce titre, Eric Guellec, élu communiste à la Ville de Brest, s'est joint à François Cuillandre, Maire de Brest, ainsi qu'aux représentants des associations patriotiques, pour déposer une gerbe rue Coat Ar Gueven et au Jardin des fusillés au Guelmeur en la mémoire de nos camarades assassinés par les nazis.

En effet, le 17 septembre 1943, dix-neuf résistants Brestois, membres ou sympathisants du Parti Communiste Français, sont fusillés par les Nazis au fort du Mont-Valérien, situé à Suresnes, près de Paris. Ces camarades ouvriers ont été arrêté en 1942 pour certains, 1943 pour d'autres. Emprisonnés à Brest, Rennes ou Fresnes, ils sont tous condamnés à mort par un tribunal militaire allemand.

Sur l'année 1943, 47 résistants communistes Brestois trouvèrent la mort face à l'occupant pour s’être insurgés contre l’occupation nazie et ses complices vichystes.

Durant cette journée de commémoration, nous nous sommes également rendus au Fort Monbarey, sur la stèle des fusillés saint-politains du Bouguen, sur celle des 11 martyrs (membres du réseau Elie), pour commémorer le courage, le combat et le sacrifice de tous ces jeunes gens qui défendaient le bien commun. Ils nous ont livré une France libérée et SOCIALE.

Soyons dignes d’eux et de leurs combats.

 

Albert Rannou: Lettres de prison d'un résistant communiste brestois né à Guimiliau fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Résistance: les derniers écrits d'un guimilien, Albert Rannou, dévoilés par Jacques Guivarc'h, de Pleyber-Christ (Le Télégramme, 3 mai 2017) - des lettres bouleversantes et une histoire de la résistance communiste de Brest à connaître à lire sur Le Chiffon Rouge

Dernière lettre de Paul Monot, résistant brestois fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 avec Albert Rannou et 17 autres résistants brestois dont André Berger et Henri Moreau

Dernière lettre à sa femme de Jules Lesven, dirigeant de la résistance communiste brestoise, ouvrier et syndicaliste à l'Arsenal, fusillé le 1er juin 1943,

Lettre à ses parents de la prison de Rennes du résistant communiste brestois Albert Abalain, fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 (fonds d'archives ANACR 29)

Lettre de Joseph Ropars, résistant communiste brestois, écrite à sa mère et à sa soeur le jour de son exécution le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Résistance et répression des communistes brestois de 1939 à 1943 (à partir des souvenirs et des enquêtes d'Eugène Kerbaul, résistant communiste)

Résistance brestoise: l'hommage du lundi 18 septembre 2017 aux 19 résistants FTP fusillés au Mont Valérien le 17 septembre 2017 et aux autres fusillés, déportés, et morts brestois de la résistance: discours de Jean-Claude Cariou et Gildas Priol

Discours prononcé par  Jean-Claude Cariou pour l'ANACR le lundi 18 Septembre 2017, à la stèle des 19 fusillés , square Georges-Melou , au Guelmeur (Brest) à l'occasion des cérémonies pour l'anniversaire de la Libération de la ville.

 

Monsieur le Maire                                                                         

Mesdames et Messieurs les élus                                                                         

Madame et Messieurs les représentants des associations patriotiques et porte-drapeaux ,

 

Nous voici devant la stèle où sont inscrits les noms des 19 résistants brestois fusillés au Mont Valérien , en Suresnes , près de Paris le 17 septembre 1943: c'était hier l'anniversaire , il y a déjà 74 ans...

 

Ils étaient en majorité brestois d'origine, mais certains y étaient venus pour  travailler ,comme Joseph Ropars de Guissény, Albert Abalain du Pont de Buis, Albert Rannou de Guimiliau , et Eugène Lafleur venait de Paris.

 

19 résistants FTP employés surtout à l'arsenal ou dans le bâtiment c,arrêtés à différentes dates  par la police  vichyste ou la gendarmerie aux ordres en prison à Brest ,puis à Rennes après parfois des simulacres de procès, et livrés aux allemands,pour un nouveau procès à Fresnes, après des tortures souvent atroces.

 

On leur reprochait des actes de sabotage ,souvent dans l'arsenal ou des attaques de soldats allemands ,par exemple à 500 mètres d'ici au Douric ,rue St Marc , la destruction d'un central téléphonique allemand ,ou la reconstitution d'un parti interdi , le Parti Communiste français, dont ils partageaient les idées. 

 

Les plus jeunes avaient 21 ans ,comme Yves Giloux ,étudiant , né à Ouessant de parents instituteurs .

 

 Certains avaient une expérience militaire , comme Jean-Louis Primas et Albert Rannou ,qui avaient participé à la guerre d'Espagne dans les rangs de Brigades Internationales, le second: lieutenant et blessé au combat... Joseph Ropars ,pupille de la nation (son père tué à la guerre 1914/18) ,venait de passer 8 ans dans la Marine avant de rentrer à  l'arsenal ,Henri Moreau était musicien miltaire à la Musique de la Flotte jusqu'en 1940.

 

Tous ont légué un exemple de courage et d'abnégation ,n'ont pas accepté les discours de ceux qui parlaient d'honneur en capitulant , ils n'ont pas supporté la trahison et l'infamie.Ne les oublions pas ! Se souvenir de la Résistance est nécessaire.

 

On parle souvent du "devoir de mémoire" , mais il faut citer le "droit à la mémoire". Un grand résistant , Raymond Aubrac ,s'exprimait à ce sujet en mai 2011 ; il est mort peu de temps après ."Lorsque les jeunes m'interrogent , ils me demandent toujours pourquoi nous avons résisté. Et bien je leur réponds : parce que nous savions que ça servait à quelque chose ! Même si nos risquions la mort , nous savions que nous agissions pour les nouvelles générations. Nous étions patriotes :à l'époque , envahir la France , c'était  comme attaquer notre famille.

Sa femme Lucie , résistante aussi ,ajoutait : "Résister est un verbe qui se conjugue toujours au présent" :il ne faut jamais se résigner , et lutter contre toute résurgence du fascisme...

 

Pour terminer je voulais lire une dernière lettre,parmi d'autres ,destinée  aux familles des fusillés : voici  cette année quelques extraits de celle d'Albert Rannou ,fusillé lui aussi au Mt Valérien ;

                                                             

Prison de Fresnes le 17 septembre 1943                                                             

 

Cher Papa et chère Maman ,

 

      Il est 11 heures moins le quart ,on vient de nous prévenir qu'on va être fusillé à 16 heures.

 Je vais donner  ma vie à la France,ma patrie que j'ai toujours aimé ,pour laquelle j'ai combattu ....Je suis content ,car mon sacrifice ,j'en ai la certitude ,ne sera pas vain.J'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour la paix dans le monde .

                                                                         -----    UN PASSAGE CENSURE ----     

 Mes chers parents ,je vous ai toujours aimé,ça me fait une peine immense de vous quitter .Je ne sais comment exprimer ma gratitude pour tout ce que vous avez fait pour moi.Si quelquefois je vous ai fait de la peine ,vous m'avez pardonné .Je pense à tote la famille.Mes amitiés aussi aux voisins et aux camarades , qu'ils sachent que j'ai fait mon devoir de français et de communiste.

                                           Je vous embrasse tous.Soyez courageux , Adieu à tous....

                                                                      Albert

Albert Rannou: Lettres de prison d'un résistant communiste brestois né à Guimiliau fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Voir aussi le discours de GILDAS PRIOL, pour l'ANACR: 

Nous étions il y a quelques dizaines de minutes devant la stèle rendant hommage aux 19 fusillés FTP brestois. Parmi ces résistants, l'un d'eux se nommait André Berger, il n'avait que 20 ans quand les allemands le fusillèrent. Dans la famille d'André, il n'était pas le seul résistant, il y avait sa soeur Margueritte et son père, Joseph Berger. Joseph est un vétéran de 14/18, militant communiste convaincu et cheminot. Il participe à la lutte au sein des FTP contre l'occupant et ses sbires, ce qui lui vaut d'être arrêté à plusieurs reprises mais relâché faute de preuves et d'aveux. Nous ne pouvons imaginer la douleur qu'a enduré ce père à l'annonce de la mort de son enfant. Mais nous pouvons néanmoins comprendre sa décision de s'enfermer dans la poche de Brest pour lutter jusqu'à la fin contre les allemands.

Nous sommes en Août 1944, les américains sont depuis une semaine dans la périphérie de notre cité portuaire. Brest, dont la population est déjà bien diminuée par quatre années d'occupations et de bombardements, s'est complètement vidée le 14 août, ne reste environs que 2 000 habitants. Sur ordre, les résistants brestois ont quitté la ville pour former des unités cohérentes dans les faubourgs. Tous ? Non, Joseph Berger refuse, et avec un groupe douze homme, il va harcerler les allemands au plus profond de leurs lignes. Nous ne savons pas si les hommes de Berger sont volontaires mais en tout cas, ils sont efficaces malgré le petit effectif. Ils créent un sentiment d'insécurité constant au sein du dispositif allemand. Citons leurs noms pour que ces braves ne sombrent pas dans l'oubli: Barbedor Constant, Bouscatier, Cariou Pierre, Cloarec, Cousquer Marcel, Gourlaouen Jean-Pierre, Jameau Alfred, Laot Joseph, Le Dreo Paul, Lotrian François, Penduff, Vallee Jean.

Evoquons quelques unes de leurs actions mémorables. Joseph Berger alias "Marc" venge la mort se son fils en faisant feu de tout bois. La dangerosité de leur mission la rend presque sacrificielle. Dès le 14 août au soir ils tirent sur les allemands du voisinage de la caserne Guépin. Très mobiles, ils se faufilent dans les rues de Brest qu'il connaissent bien. Depuis des immeubles vidés de leurs occupants, ils tirent sur plusieurs positions allemandes dans leurs dos. L'occupant est sur les dents, il fait mettre le feu à tous les immeubles d'où proviennent les tirs, ils réduiront en cendres l'église de Saint-Louis et arrêtent plusieurs personnes qu'ils soupçonnent (à tord) d'être des résistants infiltrés dans la Défense Passive ou le personnel requis.

Le 18 août, Pierre Cariou, et trois autres FTP du groupe, se rendent au 13 de la rue Coat ar Gueven à son domicile. Mais à leur arrivée ils sont alpagués par quelques policiers français et l'armée allemande, avant même de pouvoir entrer dans l'immeuble, c'est une souricière. Ils auraient été dénoncé... Capturés par les allemands, leurs sort n'a que peu d'avenir, surtout après leurs actions de harcèlement. Néanmoins, Pierre Cariou se débat et arrive à prendre la fuite en se dirigeant vers le cinéma Vox.

Hélas, vingt minutes plus tard, ces trois camarades étaient fusillés, ils ce nommaient: Marcel Cousquer, Alfred Jameau et Jean-Pierre Gourlaouen.

Le groupe continua malgré tout la lutte et Pierre Cariou qui avait frôlé la mort le 18 août fut mortellement fauché place Keruscun par des éclats d'obus le 08 septembre 1944. Voilà leur histoire et peut être qu'un jour, le nom de leur camarde Pierre sera ajouté à cette plaque. Si vous me le permettez, je souhaiterai également ajouter un mot pour clore cette allocution en vous rappelant que juste à côté, au 14 de la rue Coat ar Gueven, c'était la maison de Mme Anne Marie Stéphan, grand résistante du mouvement Défense de la France qui fut elle aussi arrêtée par les allemands et dont on a totalement perdu la trâce en mars 1944.

Il semblerait quelle fut fusillée au Bouguen en juin. J'aimerai que nous ayons également une pensée pour elle et toutes les femmes qui furent les grandes oubliées de cette guerre. A nous désormais de corriger cette erreur historique. Je vous remercie de votre attention, vive la France, vive la Résistance.

Gildas PRIOL (ANACR)

Texte lu le 18/09/2017 rue Coat ar Gueven

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 13:15
Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors norme, né à Morlaix le 12 juin 1908
Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors norme, né à Morlaix le 12 juin 1908
Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors norme, né à Morlaix le 12 juin 1908
Henri Rol-Tanguy, à gauche, avec Paul Le Gall, Alain Signor, Pierre Le Rose, et des résistantes bigoudènes du Parti Communiste à la fête de la Bretagne dans le sud Finistère à la libération (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Henri Rol-Tanguy, à gauche, avec Paul Le Gall, Alain Signor, Pierre Le Rose, et des résistantes bigoudènes du Parti Communiste à la fête de la Bretagne dans le sud Finistère à la libération (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Henri Rol-Tanguy, à gauche, avec Paul Le Gall, Alain Signor, Pierre Le Rose, et des résistantes bigoudènes du Parti Communiste à la fête de la Bretagne dans le sud Finistère à la libération (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Henri Rol-Tanguy, à gauche, avec Paul Le Gall, Alain Signor, Pierre Le Rose, et des résistantes bigoudènes du Parti Communiste à la fête de la Bretagne dans le sud Finistère à la libération (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors norme, né à Morlaix le 12 juin 1908
Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors norme, né à Morlaix le 12 juin 1908

Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors normes.
Avec Henri Rol-Tanguy, décédé à Paris à l'âge de 94 ans, la Résistance communiste perdait une de ses figures mythiques, l'un des héros de la Libération de Paris. Le 25 août 1944, c'est lui, alors chef régional des Forces françaises de l'intérieur, qui avait reçu, aux côtés du général Leclerc, la reddition du gouverneur allemand de Paris, Dietrich Von Choltitz. Le lendemain, le journal l'Humanité évoquait ce militant dévoué à la cause communiste depuis l'âge de 17 ans : «Visage fin et décidé», il a un «regard franc respirant le courage et la modestie».
Né le 12 juin 1908 à Morlaix, Rol-Tanguy, de son vrai nom Henri Tanguy, avait adhéré aux Jeunesses communistes en 1925. 77 ans plus tard, il était toujours membre du Parti et continuait d'incarner, aux yeux de la jeune génération, l'engagement du «parti des fusillés» contre les nazis. Cet engagement antifasciste remonte à 1937, lorsqu'il intègre les Brigades internationales en Espagne. Quelques années plus tard, c'est en hommage à un camarade mort pendant la guerre d'Espagne, Théo Rol, qu'il choisit Rol comme pseudonyme dans la Résistance. 
Je vous invite à lire un article de l’historien Roger Bourderon publié dans l’Humanité du 7 septembre 2012 :
« Ancien des Brigades internationales, résistant de la première heure, cet ouvrier métallurgiste a dirigé en août 1944 l’insurrection parisienne qui a conduit à la libération de la capitale. Indépendance d’esprit et fidélité au Parti communiste le caractérisaient.
Il y a dix ans, le 8 septembre 2002, décédait Henri Rol-Tanguy – Rol, comme on l’appelait, dernier pseudo clandestin en hommage à un combattant des Brigades internationales tué en 1938 sur le front de l’Ebre. Né le 12 juin 1908 à Morlaix, reçu au certificat d’études en 1921, à Paris en 1923, Henri Tanguy devient ouvrier métallurgiste hautement qualifié. Les journées de février 1934, la menace du fascisme, déterminent son engagement total au Parti communiste et surtout au syndicat CGT des métaux de la région parisienne, dont il est permanent en octobre 1936, puis fin 1938, après la dissolution des Brigades internationales où il s’est engagé en 1937 (il sera commissaire politique de la 14e Brigade en 1938). Il épouse le 15 avril 1939 Cécile Le Bihan, l’une des secrétaires du syndicat des métaux et sa marraine de guerre.
Mobilisé en septembre 1939, il reprend contact dès sa démobilisation en août 1940 avec ses camarades des métaux et participe à la création des premiers comités populaires clandestins. Responsable politique d’un secteur parisien du Parti communiste début 1941, il est contacté en juillet pour militer dans la lutte armée que le Parti commence à organiser. Il sera responsable militaire des FTP parisiens jusqu’en août 1942, puis responsable politique en Anjou, Poitou, et à nouveau à Paris en avril 1943. Affecté fin 1943 au titre des FTP dans les FFI en cours de constitution, élu chef régional de l’Île-de-France en juin 1944, il prépare et conduit avec son état-major l’insurrection parisienne (19-25 août). Il poursuit la guerre dans la 1re armée du général de Lattre de Tassigny et est titularisé en décembre 1945 officier d’active, lieutenant-colonel à titre temporaire.
Suspect comme communiste, il est victime de la guerre froide, relégué « personnel sans emploi » puis mis à la retraite d’office en 1962. Il est membre du Comité central du PCF de 1964 à 1987, mais jusqu’à ses derniers jours il se consacre surtout à la mémoire de la guerre d’Espagne et de la Résistance, mission pour lui essentielle.
Cette vie intense repose sur un principe majeur, la volonté d’avoir les compétences professionnelles indispensables pour accomplir ses tâches. Ce fut le cas quand il était ouvrier métallurgiste. Ce le fut pour le métier des armes, découvert avec passion lors du service militaire, forgé par l’expérience essentielle de la guerre d’Espagne, perfectionné par de nombreuses lectures sur la théorie et la pratique militaires, consolidé dans la Résistance, avec le souci permanent de la préparation minutieuse des opérations, liée à la connaissance du terrain, à la réalité des rapports de forces, aux impératifs tactiques et stratégiques. Rol ne cessa de souligner l’importance capitale du travail collectif et des relations de confiance entre les membres de l’état-major, comme il ne cessa de rappeler combien il tenait pour essentiel le rôle, souvent sous-estimé, des femmes dans la Résistance. Cécile Rol-Tanguy, qui fut continûment sa secrétaire et son agent de liaison, en est un remarquable exemple.
Dans le cadre d’une fidélité constante au Parti communiste – il n’était pas de ceux qui prétendent avoir tout compris d’emblée de la réalité du stalinisme –, une réelle indépendance d’esprit traverse la vie de Rol : pour lui, l’accord politique est un cadre, non un carcan. Attitude permanente : remplissant sa « bio » lors de la guerre d’Espagne, il ne répond pas aux questions inquisitoriales ; face au pacte germano-soviétique, il affirme que son existence ne doit obérer en rien la lutte antifasciste – comme des milliers d’autres militants, il n’apprendra qu’après la guerre les tentatives légalistes du parti à l’été 1940 ; responsable FTP, il ne donne pas suite aux consignes qu’il estime inadaptées vu le rapport des forces ; chef régional FFI, il estime ne devoir désormais dépendre que de la hiérarchie FFI, et non des FTP ; élu au Comité central, il refuse d’être reversé dans le travail syndical, pour lequel il se trouve désormais incompétent, comme il refusera d’être responsable des questions militaires sous l’exclusive autorité de Georges Marchais. Cette éthique militante lui valut des inimitiés et la non-utilisation de ses compétences dans les instances du PCF, mais son rôle éminent dans la libération de Paris le préserva de toute réaction publique officielle.
Le 23 août 2004, dans le discours qu’il prononça lors de l’inauguration de l’avenue Rol-Tanguy à Paris, le général de Boissieu, chancelier de l’ordre de la Libération – Rol avait été fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle le 18 juin 1945, date hautement symbolique –, dira d’Henri Rol-Tanguy : « Militant communiste et syndicaliste, il restera, toute sa vie durant, fidèle à ses idéaux d’humanisme et de justice sociale, imprégné des valeurs de la tradition française. »
Bibliographie : Libération de Paris, les cent documents, de Colonel Rol-Tanguy et Roger Bourderon, avant-propos de Jacques Chaban-Delmas, Hachette Littérature, Paris 1994 ; Rol-Tanguy, de Roger Bourderon, préface de Christine Levisse-Touzé, Tallandier, 2004.
Rol avant la guerre 
1908. Henri Rol-Tanguy naît dans une famille de marins bretons, fils d’un officier marinier et d’une blanchisseuse. Il est ouvrier métallurgiste dès l’âge de quatorze ans.
1925. Il est tôlier en carrosserie chez Renault. Il adhère aux Jeunesses communistes.
1929. Il fait son service militaire en Algérie au 8e régiment de zouaves. Il quitte l’armée combattant d’élite avec une formation de mitrailleur mécanicien, de télémétreur et d’armurier.
1930. Embauché à l’entreprise Nessi à Montrouge (Hauts-de-Seine), puis chez Bréguet, il suit des cours de perfectionnement et devient tôlier-formeur, chaudronnier en cuivre, tuyauteur, soudeur.
1936. Il devient secrétaire du syndicat des travailleurs de la métallurgie CGT de la région parisienne.

 

Lire aussi: 

17 août 1944: le commandant FFI du grand Paris, Rol-Tanguy, parle aux Parisiens...

"25 août 1944. Le métallo (Rol-Tanguy) et les généraux" par Roger Martelli

Communistes de Bretagne (1921-1945)

Le 8 septembre 2002, il y a 15 ans, disparaissait Henri Rol-Tanguy, un résistant hors norme, né à Morlaix le 12 juin 1908

Ci-joint, un bel article du Figaro sur Henri Rol-Tanguy. 

 

HISTOIRE - Le 8 septembre 2002, le colonel Henri Rol-Tanguy, figure marquante de la Résistance, s'éteignait après une vie riche de combats sociaux, politiques et militaires. Retour en cinq points sur le parcours de cet homme extraordinaire.

 

Un fervent militant

Né à Morlaix le 12 juin 1908, fils de marin et d'une mère blanchisseuse, Henri Rol-Tanguy débarque à Paris à la gare Montparnasse en 1923. Grâce à la communauté bretonne parisienne, le jeune Henri trouve un travail aux usines Talbot. Il devient alors ouvrier métallurgique avant d'entrer chez Renault comme tôlier-carrossier. C'est à cette époque là qu'il assiste à une réunion des jeunesses communistes. Débute alors sa formation de militant. Nommé responsable des jeunes communistes, il se syndicalise à la CGTU. Après son service militaire à Oran en Afrique du Nord, il retrouve un travail chez Bréguet. Il s'y perfectionne et devient chaudronnier en cuivre, tuyauteur et soudeur. Les journées de 1934 et la montée du fascisme déterminent son engagement total au parti. Licencié en décembre 1935 suite à une grève, il devient permanent au puissant syndicat des métaux. Il est plus particulièrement chargé d'animer la campagne de solidarité avec la jeune République espagnole, après le putch des généraux. Tanguy se propose de partir combattre auprès des Espagnols.

Un combattant acharné contre le franquisme

En février 1937, Rol-Tanguy quitte la France pour s'engager dans les Brigades internationales. Sensibilisés au danger du fascisme et de l'Hitlérisme, les volontaires des BI venaient de 53 nations: on y recensait au moins dix-mille français, pour la plupart des communistes. Rol-Tanguy arrive donc à Albacete. Au début, loin du front , il exerce les fonctions de commissaire politique de l'arsenal et du parc automobile de cette ville. Puis avec la 14eme Brigade, il participe à l'offensive de l'Ebre en 1938. Blessé par un tir de mitrailleuse, il rentre à Paris en novembre. Les Brigades internationales se retirent et c'est la fin de la République espagnole. 
Rol-Tanguy tirera les leçons de la guerre d'Espagne pour les mettre à profit dans son futur combat de résistant.

Un résistant de la première heure

Mobilisé en 1939, il participe aux combats contre les Allemands. Après la défaite, il se jette aussitôt dans la Résistance. C'est là qu'il prend le nom de Rol en souvenir d'un camarade tombé lors de la guerre d'Espagne. Dès les premiers mois d'occupation, il participe à la mise en place de l'Organisation spéciale (OS) et aux premiers sabotages de la machine de guerre Hitlérienne. Cécile, son épouse l'accompagne dans tous ses combats contre les nazis: elle est à la fois son agent de liaison et sa secrétaire. Rol-Tanguy devient chef des FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français), l'organisation du parti communiste. Affecté fin 1943 au titre des FTP dans les FFI (Forces Françaises de l'intérieur), il y est désigné chef régional de l'Île-de-France en juin 1944. Son quartier général se situe dans les catacombes non loin de la statue du lion de Belfort, place Denfert-Rochereau. De là il organise l'insurrection parisienne (19 au 25 août), rejoint par la 2ème division blindée de Leclerc.
Le 25 août 1944, Rol-Tanguy appose sa signature sur l'acte de reddition du général von Choltitz. Le voici artisan de la libération de Paris.

Un soldat aguérri

Après la capitulation de Paris, Rol-Tanguy poursuit une carrière militaire. Il est intégré avec le grade de lieutenant-colonel à titre temporaire jusqu'en 1962. Il s'engage dans l'armée du général de Lattre de Tassigny. Il reçoit la croix de compagnon de la Libération. La campagne d'Allemagne le conduit jusqu'à Berlin avant d'être nommé gouverneur de la ville de Coblence. Pendant la guerre froide en raison de ses convictions communistes, il est relégué au «Dépôt central des isolés» à Versailles pour dix longues années. Il organise des cours de stratégie militaires. Il se retire en 1962 date de sa retraite.

Un communiste convaincu

Fidèle aux idéaux communistes, il siège au comité central du P. C. F jusqu'en 1987. Rol-Tanguy n'est pas toujours en accord avec les choix des dirigeants de son parti, notamment avec Georges Marchais. Pourtant, quelques années plus tard, il le soutient lors de la polémique sur son comportement pendant la guerre.
Il s'éteint à l'âge de 94 ans. Le 13 septembre 2002 un hommage national est célébré par Jacques Chirac aux Invalides: «Je veux saluer la mémoire du combattant qui se fit stratège, et avec quel talent, pour défendre sa liberté et la République», soulignait alors le chef de l'État. Rol Tanguy est inhumé à Monteaux, petit village du Loir-et-Cher.
Illustre personnage qui, jusqu'à son dernier souffle, est resté d'une exemplaire fidélité à tous ses engagements.

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 10:10
archives PCF Morlaix - Fête de l'Humanité, l'auberge bretonne

archives PCF Morlaix - Fête de l'Humanité, l'auberge bretonne

fête de l'Huma 1972 photo Jean-Yvon Ollivier

fête de l'Huma 1972 photo Jean-Yvon Ollivier

fête de l'Huma septembre 1973 photo Jean-Yvon Ollivier

fête de l'Huma septembre 1973 photo Jean-Yvon Ollivier

fête de l'Huma septembre 1974 photo Jean-Yvon Ollivier

fête de l'Huma septembre 1974 photo Jean-Yvon Ollivier

Petit coup d'oeil dans le rétro à une semaine de l'ouverture de la 82e Fête de l'Humanité... Les bretons, et particulièrement les finistériens du PCF et des Jeunesses Communistes, ont toujours été très présents pour ce qui reste encore aujourd'hui le plus grand rassemblement populaire du pays. Ici, trois photos prises respectivement en 1972, 1973 et 1974, et que l'on doit aux archives du Morlaisien Jean-Yvon Ollivier et à Jean-Luc Le Calvez, pour la première. On notera le slogan de 1974 : "La Bretagne lutte pour être une terre de bonheur dans une France démocratique".

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 06:09
Alain David - Annie Bergot - Michel Derrien au 2 petite rue de Callac - 3 élus communistes à Morlaix

Alain David - Annie Bergot - Michel Derrien au 2 petite rue de Callac - 3 élus communistes à Morlaix

Jean-Luc Le Calvez, conseiller municipal communiste, à droite, avec un camarade, Lucien Le Leuch, ancien adjoint communiste aux Travaux

Jean-Luc Le Calvez, conseiller municipal communiste, à droite, avec un camarade, Lucien Le Leuch, ancien adjoint communiste aux Travaux

C'était pendant le mandat de 83 à 89, du temps de Jean-Jacques Cléac'h, maire PS.  

Il y avait à l'époque 7 élus communistes dans la majorité. 

Marie-Paul Kerebel Adjointe aux affaires Sociales, Alain David Adjoint aux affaires scolaires, Lucien Le Leuc'h Adjoint aux Travaux, Michel Derrien Adjoint aux Transports, Jean-Luc Le Calvez à la commission logement et urbanisme, Annie Bergot aux Affaires Sociales, Scolaires et Culturelles, et Jean-Charles Le Naour à la commission Travaux. 

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8 septembre 2017 5 08 /09 /septembre /2017 05:20
archives PCF Morlaix, char de l'Huma et du PCF (avec faucille et marteau) à Morlaix dans l'après-guerre

archives PCF Morlaix, char de l'Huma et du PCF (avec faucille et marteau) à Morlaix dans l'après-guerre

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8 septembre 2017 5 08 /09 /septembre /2017 05:00
Séance d'autographe pour Pierre Juquin à Morlaix (archives PCF Morlaix)

Séance d'autographe pour Pierre Juquin à Morlaix (archives PCF Morlaix)

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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 06:28
 
  • Le linguiste                    Francis Favereau (à gauche) et le président des                    éditions Skol Vreizh, Poalig Combot, présentent le                    dernier né, "Celticismes".           

Francis Favereau, auteur de dictionnaires de breton, est remonté jusqu’au gaulois pour trouver l’origine de nombreux mots. "Celticismes" marque une avancée dans la recherche en lexicologie.

Celticismes, le titre du dernier ouvrage du lexicographe Francis Favereau, n’est pas sans rappeler un certain Bretonnismes. C’est ce petit livre à succès qui a donné l’idée à Jean-René Le Queau, directeur des éditions Skol Vreizh, de s’intéresser au gaulois, langue très peu écrite, dont on a retrouvé trace sur des objets en plomb et des poteries.

Un intérêt exceptionnel

Il en a confié la tâche à l’auteur de quatre dictionnaires de breton, d’une grammaire bretonne « qui fait autorité », et de trois romans écrits dans la même langue. « C’est un livre d’un intérêt exceptionnel, n’hésite pas à affirmer Paolog Combot, président de Skol Vreizh. L’aboutissement d’une longue carrière d’enseignant et de chercheur consacrée au breton, mais pas uniquement. Francis Favereau adore jouer avec les mots et savoir d’où ils viennent. »

« Je mets ici en avant ce qui reste du celtique dans le français et dans les autres langues qui nous entourent, explique, quant à lui, le linguiste agrégé d’anglais. En rédigeant mes dictionnaires, je me suis rendu compte de la profondeur de l’origine des mots. Une profondeur historique. »

La même origine

Quand des auteurs de dictionnaire indiquent « o. i. » (origine inconnue) devant un mot, Francis Favereau pousse sa curiosité vers les langues anciennes. « Loin d’avoir totalement disparu, la langue de nos ancêtres a essaimé dans de nombreuses langues parlées aujourd’hui. »

Dans cet ouvrage, il classe les mots par thème. « Les nombres, couleurs, plantes, animaux, ruisseaux, etc. sont tous issus du gaulois, en passant par d’autres langues comme le latin. Les mots vont et viennent, s’échangent, se transforment. »

« Francis est un iconoclaste, reprend Paolig Combot. Il détruit les croyances sur les légendes de l’origine des Celtes. Ils sont venus du sud et non de l’est. » L’auteur situe l’origine de mots dans « les zones africaines humides ». Toutes les langues néoceltiques parlées de l’Irlande à la Turquie, dérivées du gaulois, viendraient donc du continent voisin.

L’auteur défriche d’autres « notions plus abstraites », religieuses, politiques. Ce travail, de longue haleine, « donne les clefs de la compréhension du territoire ».

 

"Celticismes", Skol Vreizh. 380 p., 25 €.

 

 
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30 août 2017 3 30 /08 /août /2017 05:01
Le destin de Lise et Artur London est indéfectiblement lié à l’histoire du 20ème siècle
LUNDI, 28 AOÛT, 2017
HUMANITE.FR

Par Catherine Vieu-Charier, Adjointe à la Maire de Paris chargée des questions relatives à la mémoire et au monde combattant et Nicolas Bonnet Oulaldj, Président du groupe Communiste-Front de gauche au Conseil de Paris.

Alors que nous commémorons le 73ème anniversaire de La libération de Paris, la ville va rendre hommage à Lise et Artur London en baptisant une place à leurs noms dans le 12ème arrondissement, Porte de Charenton.
 
Cet hommage de Paris à ces héros du siècle passé, fait suite à un vœu des élu-es communistes parisiens adopté à l’unanimité en 2012. 
 
Le destin de Lise et Artur London est indéfectiblement lié à l’histoire du 20ème siècle. Siècle qu’ils auront marqué en s’engageant dans le Front populaire, la guerre d’Espagne, la Résistance, puis en étant victimes de la déportation et des purges staliniennes. 
 
Lise London, née Élizabeth Ricol en 1916, nous a quitté le 31 mars 2012 à l’âge de 96 ans, et rejoint Artur London décédé le 7 novembre 1986. 
Née dans une famille très pauvre de mineurs, Lise rejoint les Jeunesses Communistes et s’engage dans la démocratisation des pratiques sportives avec la Fédération Sportive du Travail (FST, ancêtre de la FSGT) auprès d’Auguste Delaune. Elle gardera un souvenir fort de fraternité entre sportif et antifascistes lors des Spartakiades mondiales à Lyon en 1932. 
Elle s'engage ensuite au Parti communiste français en 1934 alors qu’elle n’a que 18 ans. Elle sera missionnée auprès du siège du Komintern, à Moscou. Là-bas, elle fit la rencontre d'Artur London, un communiste tchèque qui allait devenir l'amour de sa vie.
 
Lise et Artur London ont puisé très jeunes dans leurs engaments communistes et humanistes leur idéal de Justice et de Liberté. Ils l’ont défendu très tôt et très concrètement dans la défense de la République espagnole, au sein des Brigades internationales face au fascisme de Franco. 
 
C’est ensuite en France, dans la résistance face à l’occupation et l’oppression nazie qu’ils poursuivront leur combat. Artur London deviendra l’un des chefs historique de la main d’œuvre immigrée. Il sera arrêté en 1942, condamné à 10 ans de travaux forcés, puis déporté. Dans le camp de Mauthausen, il devient l'un des principaux  artisans du comité de résistance. La même année, celle que la police de Vichy appelait la « mégère de la rue Daguerre » suite à ses prises de parole en pleine rue et ses dénonciations publiques du nazisme et de la collaboration, fût arrêtée, livrée aux allemands, puis déportée. 
 
Rappelons à ce titre que Lise London organisa une manifestation dans le 12e arrondissement le 27 juin 1942 au carrefour de la rue du Faubourg St Antoine et de l’avenue Ledru Rollin où 150 à 200 participantes lancèrent des tracts en entonnant la Marseillaise. 
 
A la libération de Paris, Lise London et Artur London s’installent en Tchécoslovaquie. Artur London devient vice-ministre des Affaires étrangères. Il est arrêté en 1951 et est l’un des 14 « accusés » du procès de Prague qui avait pour but d’éliminer les cadres du Parti communiste tchécoslovaque que l’on accusait de conspirer contre leur pays. Condamné à la prison à perpétuité à l’issue de ce procès, il sera réhabilité en 1956. Artur London décrira dans l'Aveu, témoignage au retentissement mondial écrit pendant ses années d'emprisonnement, cette page sombre de l'Histoire qu'il a traversée avec sa compagne. 
 
Ceux que l’on surnommait les « amants de Vérone » ont donc connu l’horreur de la déportation, l’horreur des appels, la faim, la soif, les coups, l’humiliation et les privations. Ils ont subi l'enfer du stalinisme, ce dévoiement hideux de l'idéal communiste auquel ils n'ont jamais cessé de croire. Malgré ces épreuves et ces souffrances, leurs convictions humanistes ne les ont jamais quitté et sont demeurées intactes dans tous les combats qu'ils ont menés, contre toutes les injustices et contre toutes les oppressions. 
                                                                             
Artur et Lise London s’installent en 1963 dans le 12ème arrondissement de notre ville, rue du Sergent Bauchat, qu’ils ne quitteront plus. 
 
Avec cet hommage, nous voulons prolonger leur volonté d’éclairer les côtés lumineux comme les côtés sombres de notre Histoire. Explorer les fautes d’une génération, la perte du sens critique, du doute par l’aveuglement, et les mots d’ordre d’un parti.
 
Inscrire leurs noms dans l’espace public, c’est donc aussi, au-delà de l’hommage mérité, nous permettre de réfléchir et de penser, à partir de leur Histoire, à l’avenir de la nôtre. C’est une transmission indispensable de l’Histoire et de la mémoire aux jeunes générations.
 
C’est aussi inviter les parisiennes et les parisiens, pour reprendre les mots justes de Lise, à « toujours ouvrir les yeux, à ne pas se laisser enfermer dans les certitudes, à se battre contre les injustices et à rester eux-mêmes ». 
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21 août 2017 1 21 /08 /août /2017 19:32
Une photo prise au milieu de la foule sur le stade de Carhaix en 1945, près de l'emplacement actuelle des "Vieilles Charrues". Cette photo appartient à la collection privée de Jean-Claude Cariou. Au dos, on y trouve un tampon du service du ministère de l'Air. De gauche à droite, on peut voir avançant au milieu de la foule un officier de l'armée de l'air, Charles Tillon, Alain Cariou, résistant communiste, vice-président du Comité Départemental de Libération, chargé de l'épuration des fonctionnaires, permanent du PCF jusqu'en 1947 avant de reprendre ses fonctions d'instituteur, Gaby Paul, député PCF de Brest, membre du Comité Départemental de Libération, un élu (le maire de Carhaix), et sans doute le secrétaire de Charles Tillon et un membre du cabinet (légende Jean-Claude Cariou)

Une photo prise au milieu de la foule sur le stade de Carhaix en 1945, près de l'emplacement actuelle des "Vieilles Charrues". Cette photo appartient à la collection privée de Jean-Claude Cariou. Au dos, on y trouve un tampon du service du ministère de l'Air. De gauche à droite, on peut voir avançant au milieu de la foule un officier de l'armée de l'air, Charles Tillon, Alain Cariou, résistant communiste, vice-président du Comité Départemental de Libération, chargé de l'épuration des fonctionnaires, permanent du PCF jusqu'en 1947 avant de reprendre ses fonctions d'instituteur, Gaby Paul, député PCF de Brest, membre du Comité Départemental de Libération, un élu (le maire de Carhaix), et sans doute le secrétaire de Charles Tillon et un membre du cabinet (légende Jean-Claude Cariou)

C'est à Jean-Claude Cariou dont c'est une photo de famille personnelle que l'on doit la publication de cette photo dans le "Chiffon Rouge". Son père Alain Cariou, était résistant dans le Cap Sizun et le sud Finistère. En 1944, il vient travailler pour le PCF à Brest dans une baraque dans un ensemble avec la CGT, rue Duquesne. C'est en temps que cadre du PCF et du Comité Départemental de Libération qu'il était invité avec Gaby Paul, député communiste de Brest à la libération, au déplacement du ministre communiste Charles Tillon. 

A lire aussi: 

1978: Charles Tillon revient sur sa traversée du siècle et ses engagements avec Michel Kerninon dans la revue "Bretagnes" n°8 : "Désenchaîner l'espérance"

Les communistes et la résistance: 17 juin 1940: la reconnaissance de l'appel de Charles Tillon

Communistes de Bretagne (1921-1945)

Lire aussi: 

 

Libération : quand les ministres communistes changeaient la vie
MICHEL ÉTIÉVENT, ÉCRIVAIN
VENDREDI, 23 NOVEMBRE, 2012
L'HUMANITÉ

1944-1946 : pour la première fois, les communistes participent au pouvoir. Pendant cette période, riche 
de changements politiques profonds, les cinq ministres communistes vont provoquer une véritable cassure dans la manière d’envisager une nouvelle politique au service de l’humain.

Le 31 août 1944, alors que les troupes alliées se battent encore sur le sol français, le général de Gaulle forme le premier gouvernement provisoire. Il compte deux communistes : François Billoux et Charles Tillon. Le 13 novembre 1945, le deuxième gouvernement du général de Gaulle est caractérisé par l’entrée de cinq ministres communistes : Maurice Thorez, Ambroise Croizat, François Billoux, Marcel Paul et Charles Tillon. Les ministres communistes vont devenir acteurs de l’invention sociale, provoquant une véritable cassure dans la manière d’envisager une nouvelle politique au service de l’humain.

Toutes les conditions sont réunies en 1945 pour une rupture : un programme inspiré du Conseil national de la Résistance sous-tendu par la volonté de mettre l’homme au centre de tous les choix ; un rapport de forces pour l’appliquer – 29,9 % des voix au PCF, 5 millions d’adhérents à la CGT ; une classe ouvrière grandie par sa lutte héroïque dans la Résistance ; un patronat déconsidéré par sa collaboration. S’y ajoutent des hommes issus du mouvement ouvrier et capables d’incarner ce mouvement. Des conditions repérables au fil des grands moments de notre histoire sociale et qui fondent tout changement majeur.

Dès la mise en place du deuxième gouvernement de De Gaulle, en novembre 1945, l’objectif est de mettre en application, dans un pays ruiné, les dispositions du programme du CNR. Son préambule résonne aujourd’hui d’une actualité brûlante : « Nous réclamons l’instauration d’une véritable démocratie sociale, impliquant l’éviction des féodalités financières de la direction de l’économie et le retour à la nation des moyens de production, de l’énergie, des richesses du sous-sol… » Empruntons, pour ce faire, le sillage de deux ministres à l’œuvre, sans doute deux des grands innovateurs sociaux du siècle : Ambroise Croizat et Marcel Paul.

Le soir même de sa nomination au ministère du Travail, Croizat, fils de manœuvre, secrétaire de la fédération CGT des métaux, donne le sens de son combat. Ses premiers mots sont pour le peuple : « Ministre du Travail, j’entends demeurer fidèle à mon origine, à mes attaches ouvrières, et mettre mon expérience syndicale au service de la nation. » Son discours signe la force du changement : « Nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous en finirons enfin avec les angoisses du lendemain ! » Il lance parallèlement un appel au peuple mobilisé, à l’irruption d’une dynamique sociale nécessaire au changement : « Il n’y a pas de politique efficace sans l’accompagnement d’un peuple vigilant. Rien ne pourra se faire sans vous. Le changement n’est pas qu’une affaire de lois. Il réclame votre participation dans la rue, la cité, l’entreprise. Il demande vos mains ! »

Cet appel s’accompagne d’une forte présence sur le terrain, qui rompt avec la politique clanique et électoraliste de la IIIe République. François Billoux le rappelle dans son livre, Quand nous étions ministres : « L’essentiel du temps de nos ministres se passait en réunions directes au cœur des entreprises, dans les hôpitaux, les municipalités. Il s’agissait de vraies discussions, où les gens apportaient leurs propositions, leurs solutions. » Les premiers pas d’une démocratie participative qui aboutit à la création de 138 caisses de Sécurité sociale gérées par les travailleurs.

Même exigence au ministère de la Production industrielle, où Marcel Paul, le jour de son investiture, s’adresse ainsi aux hauts fonctionnaires : « On ne vous paie pas pour que vous m’indiquiez les articles du Code m’interdisant de réformer, mais pour y trouver ceux qui vont me le permettre ! » Et les électriciens et gaziers, devenus par le biais de la nationalisation, selon les mots de Paul, « acteurs, citoyens, gérants de leur entreprise », redonneront à la France l’énergie qui lui manquait. « À développement économique à la hauteur des ambitions de la nation, il faut un statut social à la hauteur des besoins des hommes. » Cette phrase de Paul, étonnante de modernité, traverse la politique mise en place sous l’inspiration du CNR.

L’objectif est clair : allier l’essor économique au progrès social. D’où le statut des électriciens et gaziers du 22 juin 1946, celui des mineurs, ou, avec Croizat, l’institution d’une vraie « protection sociale » qui offre les moyens d’espérer des lendemains sereins. Là est l’innovation première de la pratique des ministres communistes à la Libération. Il faut y ajouter la capacité à mener de pair deux politiques : l’une faite de grandes idées transformatrices de la société à long terme (l’instauration de la Sécurité sociale, par exemple) ; l’autre, d’une politique de satisfaction immédiate des besoins des gens : doublement du montant des allocations familiales, institution de la retraite, lois sur les heures supplémentaires, augmentation des salaires, création de la fonction publique… Un corpus de lois sociales impressionnant donne au peuple français la dignité de son identité sociale…

(*) Auteur d’Ambroise Croizat ou l’invention sociale, 
suivi de Lettres de prisons 1939-1941.

La Sécurité sociale « Outre le fait qu’elle ouvre le droit à la santé pour tous, la Sécurité sociale a pour objectif de relever la France de ses ruines. Elle offre au salarié une tranquillité sociale qui lui permettra de reconstruire le pays à l’aune de ses besoins. » Ainsi s’exprime Ambroise Croizat, inaugurant le nouveau système de Sécurité sociale en 1945. « Nous bâtirons un plan de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence au cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion des intéressés et de l’État. » Croizat reprend l’article 21 de la Déclaration des droits de l’homme 
de 1793 qui établissait le droit au travail et à la santé. Cent trente-huit caisses sont édifiées en moins de huit mois sous sa maîtrise d’œuvre par un peuple anonyme après le travail ou sur le temps des congés. Quatre principes charpentent l’institution. L’Unicité : tous les « risques sociaux » sont regroupés dans une seule caisse en proximité des assurés ; la Solidarité : pilier de l’édifice qui est financé par les richesses créées dans l’entreprise ; l’Universalité ; la Démocratie.

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21 août 2017 1 21 /08 /août /2017 19:23
21 août 2017 à Quimper: Discours d'hommage de la fédération du Parti Communiste Français du Finistère à Yves Autret, grand résistant, adhérent pendant 80 ans au Parti Communiste

Hommage à Yves Autret

21 août 2017 à Quimper.

- Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère.

C'est un joli nom, camarade,

Aujourd'hui, c'est avec émotion, un grand honneur et beaucoup d'humilité surtout que je prends la parole au nom du Parti Communiste pour rendre hommage à Yves Autret qui vient de nous quitter, pour exprimer la reconnaissance du Parti Communiste vis à vis de ses 79 ans d'engagement au service de ses idéaux d'égalité, de justice sociale, de fraternité, et d'une société où les travailleurs soient pleinement respectés dans leurs droits.

Au moment où le poison du racisme, de l'intolérance, des idées d'extrême-droite, revient menaçant dans notre pays et dans toute l'Europe, je voudrais particulièrement saluer le combat d'Yves Autret dans la résistance, contre le fascisme, pour un pays libre et un peuple heureux.

Yves Autret a adhéré au Parti Communiste à 15 ans, influencé ses professeurs, des républicains progressistes, par Louis Berthelot et ses enfants, ses voisins, Louis était ouvrier à la poudrerie, militant syndical et politique, qui fut déporté pendant la guerre pour fait de résistance, par Maurice et Guy Cam, qui mourut en résistant pendant la guerre, à la cellule de Pont-de-Buis qui dépendait alors de la section de Quimper.

Sollicité par François Merrien, son jeune professeur de français à Pont de Buis qui lui faisait lire le Capital de Karl Marx, membre du PCF, alors clandestin, en 1940-1941, il distribue les journaux clandestins du PCF, de la Jeunesse Communiste, et du Front National de lutte pour l'indépendance de la France.

En 1942, Yves Autret prend la responsabilité des Jeunesses Communistes à l'échelon départemental., organisant les groupes de jeunes résistants dans tout le Finistère, à Morlaix, St Pol, Quimper, Quimperlé, dans le Centre-Finistère. A partir de Brest et en circulant dans tout le département avec de faux papiers, il organise la distribution de la presse clandestine, les formations de groupes de résistance, les sabotages, le recrutement.

Sous le pseudonyme de Capitaine Pierre, il intègre le commandement des FTPF, Francs Tireurs et Partisans Français, et commande notamment une attaque de la prison St Charles de Quimper en mars 44 pour libérer des résistants.

A combien de bons camarades résistants Yves Autret a t-il dû dire des adieux douloureux ?

Jusqu'à ces fusillés de Mousterlin, enterrés encore vivants, parmi lesquels se trouvaient ses amis de Pont-de-Buis, Maurice Cam et son neveu Guy Cam, et qu'il viendra identifier après la retraite de l'ennemi.

En 2005, il disait à Anne Friant-Mendrès :

« Cette fraternité qui nous unissait dans la Résistance, nous unit toujours, nous, les survivants, une fois la liberté reconquise. A quel prix cette liberté ! Combien de camarades avaient à peine deviné l’aube de cette liberté, massacrés, torturés, fusillés en ces temps de barbarie nazie. Et encore nous n’imaginions pas les monstruosités que les libérateurs découvrirent dans les camps nazis. Le calvaire de ceux qui y sont restés. Les yeux immenses et la peau sur les os. Ceux qui en étaient revenus témoignaient à jamais de l’horreur qui s’était abattue sur les peuples. »

À la Libération, Yves Autret continua son activité militante au PCF, et fut un temps responsable départemental et permanent du mouvement de la Jeunesse communiste pour le Finistère. Il participait à des réunions dans de nombreux villages du Centre-Finistère, n'hésitant pas à utiliser la langue bretonne. 

Devenu ouvrier du bâtiment, il adhéra à la CGT, et devint délégué syndical, et délégué du personnel, dans une grosse entreprise de travaux public à Brest. Ses activités syndicales lui valurent souvent d'être licencié. Yves Autret était un battant. 

En 2016, à 92 ans, il versait encore sa cotisation au PCF et échangeait avec l'esprit alerte et exigeant avec Gilbert Sinquin, un adhérent de la section de Châteaulin, accompagné par Pierrot PANN, ancien secrétaire de la section de Châteaulin, dont le père Yvon avait  été aussi résistant, membre et responsable du PCF et de la CGT (pendant plusieurs décennies dans le finistère ).

Au nom de tous les communistes du Finistère, je le dis, notre peuple peut être reconnaissants vis à vis d'hommes comme Yves Autret qui, la foi progressiste et révolutionnaire chevillée au corps,  ont placé les exigences de liberté, d'égalité et de justice au-dessus de leur intérêt propre et ont permis de libérer le territoire de l'occupation nazie. Le parti communiste est fier d'avoir suscité ces dévouements pour la nation et d'avoir compté dans ses rangs des hommes ayant manifesté un tel héroïsme par sens du collectif, de la lutte et du devoir.

Nous ne devons pas laisser se dilapider leur héritage, celui du CNR et de son programme "Les jours heureux", la Sécurité Sociale, les grands services publics, la République démocratisée, et surtout nous leur devons d'en être dignes.

Aujourd'hui, le combat de camarades comme Yves Autret est plus que jamais d'actualité et nous impose d'être à la hauteur nous aussi à l'heure où de graves menaces envers le monde du travail se font jour avec la réforme du code du travail et, avec entre autre, la suppression des Comités d'Entreprises et de bons nombres des acquis des combats ouvriers pour une Sécurité Sociale et un droit du travail protecteurs. Ces acquis avaient été justement mis en place à l'époque, au sortir de la guerre, pour contrer le patronat qui s'était compromis et discrédité avec l'occupant, et grâce au poids nouveau du communisme dans la population grâce à son engagement de grande ampleur dans la résistance.

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