Hommage à Yves Autret
21 août 2017 à Quimper.
- Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère.
C'est un joli nom, camarade,
Aujourd'hui, c'est avec émotion, un grand honneur et beaucoup d'humilité surtout que je prends la parole au nom du Parti Communiste pour rendre hommage à Yves Autret qui vient de nous quitter, pour exprimer la reconnaissance du Parti Communiste vis à vis de ses 79 ans d'engagement au service de ses idéaux d'égalité, de justice sociale, de fraternité, et d'une société où les travailleurs soient pleinement respectés dans leurs droits.
Au moment où le poison du racisme, de l'intolérance, des idées d'extrême-droite, revient menaçant dans notre pays et dans toute l'Europe, je voudrais particulièrement saluer le combat d'Yves Autret dans la résistance, contre le fascisme, pour un pays libre et un peuple heureux.
Yves Autret a adhéré au Parti Communiste à 15 ans, influencé ses professeurs, des républicains progressistes, par Louis Berthelot et ses enfants, ses voisins, Louis était ouvrier à la poudrerie, militant syndical et politique, qui fut déporté pendant la guerre pour fait de résistance, par Maurice et Guy Cam, qui mourut en résistant pendant la guerre, à la cellule de Pont-de-Buis qui dépendait alors de la section de Quimper.
Sollicité par François Merrien, son jeune professeur de français à Pont de Buis qui lui faisait lire le Capital de Karl Marx, membre du PCF, alors clandestin, en 1940-1941, il distribue les journaux clandestins du PCF, de la Jeunesse Communiste, et du Front National de lutte pour l'indépendance de la France.
En 1942, Yves Autret prend la responsabilité des Jeunesses Communistes à l'échelon départemental., organisant les groupes de jeunes résistants dans tout le Finistère, à Morlaix, St Pol, Quimper, Quimperlé, dans le Centre-Finistère. A partir de Brest et en circulant dans tout le département avec de faux papiers, il organise la distribution de la presse clandestine, les formations de groupes de résistance, les sabotages, le recrutement.
Sous le pseudonyme de Capitaine Pierre, il intègre le commandement des FTPF, Francs Tireurs et Partisans Français, et commande notamment une attaque de la prison St Charles de Quimper en mars 44 pour libérer des résistants.
A combien de bons camarades résistants Yves Autret a t-il dû dire des adieux douloureux ?
Jusqu'à ces fusillés de Mousterlin, enterrés encore vivants, parmi lesquels se trouvaient ses amis de Pont-de-Buis, Maurice Cam et son neveu Guy Cam, et qu'il viendra identifier après la retraite de l'ennemi.
En 2005, il disait à Anne Friant-Mendrès :
« Cette fraternité qui nous unissait dans la Résistance, nous unit toujours, nous, les survivants, une fois la liberté reconquise. A quel prix cette liberté ! Combien de camarades avaient à peine deviné l’aube de cette liberté, massacrés, torturés, fusillés en ces temps de barbarie nazie. Et encore nous n’imaginions pas les monstruosités que les libérateurs découvrirent dans les camps nazis. Le calvaire de ceux qui y sont restés. Les yeux immenses et la peau sur les os. Ceux qui en étaient revenus témoignaient à jamais de l’horreur qui s’était abattue sur les peuples. »
À la Libération, Yves Autret continua son activité militante au PCF, et fut un temps responsable départemental et permanent du mouvement de la Jeunesse communiste pour le Finistère. Il participait à des réunions dans de nombreux villages du Centre-Finistère, n'hésitant pas à utiliser la langue bretonne.
Devenu ouvrier du bâtiment, il adhéra à la CGT, et devint délégué syndical, et délégué du personnel, dans une grosse entreprise de travaux public à Brest. Ses activités syndicales lui valurent souvent d'être licencié. Yves Autret était un battant.
En 2016, à 92 ans, il versait encore sa cotisation au PCF et échangeait avec l'esprit alerte et exigeant avec Gilbert Sinquin, un adhérent de la section de Châteaulin, accompagné par Pierrot PANN, ancien secrétaire de la section de Châteaulin, dont le père Yvon avait été aussi résistant, membre et responsable du PCF et de la CGT (pendant plusieurs décennies dans le finistère ).
Au nom de tous les communistes du Finistère, je le dis, notre peuple peut être reconnaissants vis à vis d'hommes comme Yves Autret qui, la foi progressiste et révolutionnaire chevillée au corps, ont placé les exigences de liberté, d'égalité et de justice au-dessus de leur intérêt propre et ont permis de libérer le territoire de l'occupation nazie. Le parti communiste est fier d'avoir suscité ces dévouements pour la nation et d'avoir compté dans ses rangs des hommes ayant manifesté un tel héroïsme par sens du collectif, de la lutte et du devoir.
Nous ne devons pas laisser se dilapider leur héritage, celui du CNR et de son programme "Les jours heureux", la Sécurité Sociale, les grands services publics, la République démocratisée, et surtout nous leur devons d'en être dignes.
Aujourd'hui, le combat de camarades comme Yves Autret est plus que jamais d'actualité et nous impose d'être à la hauteur nous aussi à l'heure où de graves menaces envers le monde du travail se font jour avec la réforme du code du travail et, avec entre autre, la suppression des Comités d'Entreprises et de bons nombres des acquis des combats ouvriers pour une Sécurité Sociale et un droit du travail protecteurs. Ces acquis avaient été justement mis en place à l'époque, au sortir de la guerre, pour contrer le patronat qui s'était compromis et discrédité avec l'occupant, et grâce au poids nouveau du communisme dans la population grâce à son engagement de grande ampleur dans la résistance.