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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 10:36
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière

Plusieurs camarades finistériens (Brest, Scaër, Morlaix, Plouigneau, St Thégonnec...) étaient à Châteaubriant ce dimanche 18 octobre, et parmi eux 5 camarades du PCF Morlaix, pour les 79 ans de l'exécution des otages le 22 octobre 1941 par les nazis, 27 prisonniers dont le seul tort était d'être communistes et qui ont été livrés à l'occupant par le sinistre ministre de Vichy Pucheu.

Ian Brossat prenait la parole dans la carrière pour y représenter le Parti communiste français.

L'hommage aux vingt-sept fusillés , à la Carrière des fusillés, au lieu-dit la Sablière, ce dimanche 18 octobre à Châteaubriant était placé sous l’autorité d’Odette Nilès, présidente de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt.

Châteaubriant, 18 octobre. Ian Brossat avec nos camarades et amis de Morlaix, Walden Gauthier, lycéen, militant des jeunesses communistes, 16 ans, et Lucienne Nayet, présidente du Réseau du Musée National de la Résistance de Champigny-sur-Marne, pour l'hommage aux 27 fusillés communistes de la Sablière de 1941. Photo Mariane Gauthier-Destable. Jean-Luc Le Calvez

 

Le 22 octobre 1941, à Chateaubriant, 27 résistants, choisis par Vichy, furent fusillés par les nazis. 
Des hommes,syndicalistes et politiques, dont « on dira que c’était des communistes » pour reprendre les mots d’Aragon qui leur a rendus hommage.

https://www.humanite.fr/node/371693

"A propos d'une ignominie: être dignes des 27": Pierre Le Rose rend hommage à Pierre Guéguin et Marc Bourhis, fusillés de Chateaubriant concarnois (L'Unité, journal communiste de Concarneau, novembre-décembre 1979)

Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
Châteaubriant - 18 octobre 2020 - hommage à nos camarades pour le 79e anniversaire des exécutions des 27 otages communistes de Châteaubriant à La Sablière
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18 octobre 2020 7 18 /10 /octobre /2020 05:34

À l'occasion de l'exposition "Aux alentours du congrès de Tours" au musée de l'Histoire vivante de Montreuil, l'Humanité vous invite à plonger dans ce processus, qui à travers la décennie 1914-1924, vit la naissance de la section française de l'Internationale communiste. Une histoire vieille de cent ans qui débute par l'assassinat de Jaurès, le 31 juillet 1914, au café du Croissant à Paris. Visite guidée avec les co-commissaires de l'exposition.

Retrouvez les informations du musée de l’Histoire vivante ici http://www.museehistoirevivante.fr/

Découvrez également La nuit se déchire à Tours le roman de Philippe Pivion en exclusivité pour les lecteurs de l'humanite.fr

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 19:09
Histoire. L’art à l’épreuve de 100 ans d’histoire du PCF
Histoire. L’art à l’épreuve de 100 ans d’histoire du PCF
Mardi 13 Octobre 2020

Le catalogue de l’exposition « Libres comme l’art, 100 ans d’histoire entre les artistes et le PCF » sort aujourd’hui. Il annonce la présentation de dizaines d’œuvres témoins d’un siècle de lourdeurs, mais aussi d’ambitions, toujours actuelles, d’ouvrir des chemins de liberté et de création.

 

Picasso, bien sûr avec sa photo en une de l’Humanité, dans l’immédiat après-guerre, quand il remet son adhésion au PCF à Jacques Duclos : « Je suis venu au communisme comme on va à la fontaine. » Picasso et Guernica, Picasso et la Paloma, la colombe de la paix qui prendra son envol sur des milliers de banderoles dans les manifestations, contre « la bombe », contre les guerres d’Indochine et d’Algérie… Picasso, Fernand Léger, Giacometti qui sculpte un buste d’Henri Rol-Tanguy après l’insurrection parisienne… Mais il faut remonter bien avant. C’était il y a cent ans. Au congrès de Tours, la majorité des délégués décidaient, pour le meilleur et pour le pire, de rompre avec le vieux monde et les anciens partis pour créer le Parti communiste. À cette même époque, le dadaïsme, puis le surréalisme tranchent dans le vif de l’art. André Breton veut « une insurrection de l’esprit ». Il écrira plus tard : « Transformer le monde, a dit Marx, Changer la vie, a dit Rimbaud. Ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. »

Pourtant, si à la fin des années 1920 la question de l’adhésion au Parti communiste travaille et divise les surréalistes et bien d’autres artistes et intellectuels, la vraie rencontre n’aura pas lieu. Les conceptions staliniennes de l’art pèsent sur le PCF. Aragon pousse la porte. Pour lui, le réalisme socialiste de l’URSS doit être un réalisme français. Il parle de Courbet, de Poussin… La guerre d’Espagne rebat les cartes. Nombre d’artistes prennent parti. Peintures, affiches pour l’Espagne républicaine comme celles de Miro. D’autres liens se nouent.

Les Lettres françaises et l’Humanité se tournent vers les avant-gardes de l’époque

Quoi qu’il en soit des pesanteurs, pour les communistes l’art n’est pas un supplément d’âme, il fait partie d’un projet global d’émancipation, celui, selon les mots de Marx, « de l’épanouissement de chacun sans étalon préétabli ». Dans les années d’après-guerre, les nombreuses villes que dirige le PCF portent de grandes ambitions artistiques et culturelles qui vont à la fois marquer l’époque et l’identité communiste aujourd’hui encore. Ce n’est pas sans contradictions. En 1953, à la mort de Staline, le portrait qu’en fait Picasso à la une des Lettres françaises, à la demande d’Aragon qui les dirige, va être violemment critiqué par la direction du PCF, en l’absence de Maurice Thorez, alors soigné à Moscou. Il remettra les pendules à l’heure dès son retour, en allant ostensiblement rendre visite à Picasso. Le réalisme socialiste a toujours ses artistes, mais il faut nuancer. Fougeron, Taslitzky n’ont rien à voir avec les navrants peintres académiques choyés à Moscou. Directement politiques et sociales, leurs œuvres relèvent davantage d’une forme d’expressionnisme que d’une plate figuration. Les Lettres françaises, de leur côté, des critiques d’art de l’Humanité vont se tourner résolument vers les avant-gardes de l’époque et ouvrir une nouvelle page de l’histoire de l’art et du PCF.

Un regard partagé sur les pressions de la pensée dominante

L’ambition est toujours – que ce soit par le soutien aux artistes, l’achat d’œuvres, par une camaraderie militante, un regard partagé sur les tragédies ou les avancées de l’histoire, avec Cuba, le Vietnam, sur les pressions de la pensée dominante – d’ouvrir des chemins de la liberté et de la création. C’est cette ambition qui court dans l’exposition qu’annonce ce catalogue, comme un reflet de 100 ans d’histoire de l’art et du PCF.

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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 19:06
Amicale de Châteaubriant-Voves-Aincourt-Rouillé – Cérémonie d'hommage aux fusillés du 22 octobre 1941
Amicale de Châteaubriant-Voves-Aincourt-Rouillé – Cérémonie d'hommage aux fusillés du 22 octobre 1941
Amicale de Châteaubriant-Voves-Aincourt-Rouillé – Cérémonie d'hommage aux fusillés du 22 octobre 1941
Amicale de Châteaubriant-Voves-Aincourt-Rouillé – Cérémonie d'hommage aux fusillés du 22 octobre 1941

Dans le Pays de Morlaix, au moins 5 camarades du PCF feront le déplacement pour le souvenir des fusillés de Châteaubriant le dimanche 18 octobre 2020.

Amicale de Châteaubriant-Voves-Aincourt-Rouillé – Cérémonie d'hommage aux fusillés du 22 octobre 1941

Il y a 79 ans avait lieu dans la France occupée une exécution massive qui eut un retentissement considérable jusqu’au-delà des frontières. Appliquée par le gouvernement vichyste selon le tout nouveau « Code des otages », elle touchait, "les indésirables", en majorité des communistes et des syndicalistes. Ils furent fusillés à Nantes, à Souge, au Mont-Valérien et à Châteaubriant. Le plus jeune, Guy Môquet, n’avait que 17 ans !

Dimanche 18 octobre 2020, à partir de 13 h 30, aura lieu la cérémonie d’hommage aux fusillés de Châteaubriant (44), sur le site de La Sablière, sous la présidence d'Odette Nilès, ancienne internée, et d'Alain Hunault, maire de Châteaubriant, président de la Communauté de Communes Châteaubriant-Derval, en présence de Ian Brossat, pour le Parti communiste français, ainsi que de nombreux élus locaux et nationaux et de syndicalistes.

En ces temps difficiles de pandémie virale où les associations souffrent dans leur vie collective, il est important de ne pas passer sous silence le combat de ces hommes pour une France libre, solidaire et fraternelle. La France du programme « les Jours heureux » et de la Sécurité sociale qui assurait l'accès à la santé pour tous. La santé c'est la vie.

Cette année, l’évocation artistique présentée par les Tréteaux de France, scène dramatique nationale, a pour thème "La fille aux planches", écrite par Evelyne Loew et interprétée par Marion Amiaud et Babette Largo. Le texte relate la rencontre entre l'esprit d'Esther Gaudin, jeune femme de 1941, et Lou, jeune femme d'aujourd'hui, pour parler du monde d'après !

 

L’Amicale et les services de la Préfecture et de la Mairie veillent à assurer une cérémonie dans le respect des gestes sanitaires. La sécurité est notre priorité à tous.

Son entrée est libre. Port du masque obligatoire.

Contact : Carine Picard-Nilès, secrétaire générale de l'Amicale

sg.amicale.chateaubriant@gmail.com

Page Facebook : https://www.facebook.com/amicalechateaubriant/

Site Internet : http://www.amicaledechateaubriant.fr/

 

La BD "Immortels" sur Châteaubriant de Camille Ledigarcher

et Gaëlle Richardeau (suivie d'un dossier pédagogique de Dominique Comelli) peut être commandée à comitesouvenir@orange.fr ou www.resistance-44.fr

Les otages du camp de Choiseul

Les otages du camp de Choiseul

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 05:42
Madeleine Riffaud Des toits de Paris 
aux rizières du Vietnam
Mercredi 25 Juillet 2012 - L'Humanité

Résistante, 
devenue journaliste, la grand reporter de l’Humanité a couvert les guerres coloniales. Poète, écrivain, 
elle a été la première femme à repousser aussi loin les limites 
de l’investigation.

 

Lorsque Madeleine Riffaud devient journaliste, Elsa Triolet lui donne ce conseil : « Pour ce métier, pas besoin d’aller à l’école, mais il faut lire deux textes, Choses vues, de Victor Hugo, et le Nouveau Testament. » C’est la Libération. La fin de la clandestinité est douloureuse pour celle qui se faisait appeler Rainer au sein de la Résistance. En 1940, l’adolescente, fille unique d’un instituteur revenu amputé de la boucherie de 1914-18, se fait agresser par des soldats allemands. Un soudard aux gestes déplacés l’humilie en public. « C’était la première fois qu’un acte violent était commis sur moi par un soldat ennemi. Je ne l’ai pas admis. » Elle rejoint les FTP et écrit ses premiers poèmes. « En parachutage, on recevait des armes et, sur papier bible, des poèmes d’Éluard. La poésie de cette époque a su se rendre tellement persuasive qu’elle nous poussait en avant. »

 

Début 1944, elle entre en même temps au Parti communiste et dans la lutte armée. Elle apprend le massacre d’Oradour-sur-Glane, village de sa jeunesse. « Je pensais à cela quand je pédalais dans Paris, aux brûlés vifs que je connaissais. Éluard parlait des “armes de la douleur”. C’était exactement cela. J’ai roulé jusqu’à ce soldat allemand sur le pont de Solferino. J’ai voulu qu’il me regarde. Il a tourné son visage vers moi. À ce moment-là, je lui ai tiré deux balles dans la tempe gauche. » Le 23 juillet, ce visage d’ange qui n’a pas encore vingt ans exécute un officier SS en plein Paris. Un milicien la rattrape et la livre inconsciente à la Gestapo. Elle se réveille rue des Saussaies. « Un endroit dont on ne peut pas parler tranquillement », confie-t-elle encore aujourd’hui, et qui décidera du reste de son existence. Privée de sommeil, soumise à des décharges électriques, elle assiste aux tortures de ses camarades. Elle est promise au poteau, puis à la déportation, avant d’être libérée in extremis grâce à un échange d’otages. Sitôt libérée, elle participe à la libération de Paris.

Loin des clichés sur l’euphorie de la liberté retrouvée, la sortie de la clandestinité s’avère douloureuse pour Madeleine Riffaud. Les souvenirs des geôles nazies la hantent. « Après ça, j’ai essayé de vivre comme tout le monde mais je n’ai pas pu », confie-t-elle au réalisateur Philippe Rostan, dans le documentaire qu’il lui a consacré en 2010. Durant ces mois difficiles, elle comprend que seules l’intéressent désormais « les situations limites et l’extrême danger ». Jusqu’à ce jour où on la présente à un certain Paul Éluard. « Il m’a soulevé le menton et m’a dit : “Tu veux bien me regarder ?” Ce qu’il a vu dans mes yeux, c’était une détresse sans borne. Il m’a tendu une carte de visite. Ma vie en a été changée. » Pour son premier recueil de poèmes, le Poing fermé, Picasso lui tire le portrait pour la couverture du livre. On lui suggère le journalisme, elle y voit l’occasion de partir au bout du monde. C’est lui qui vient à elle pour la conférence de Fontainebleau, en 1946. On la présente à Hô Chi Minh. C’est le début d’une longue histoire avec le Vietnam. Et l’Oncle Hô de lui dire : « Si tu viens dans mon pays, je te recevrai comme ma fille. » Ce qu’il fera. Devenue grand reporter pour l’Humanité, après avoir travaillé à la Vie ouvrière et Ce soir, elle couvre la fin de la guerre d’Indochine, puis du Vietnam. Elle est la première à dénoncer, dès 1955, un an après leur signature, la violation des accords de Genève par les États-Unis.

Car, à partir de 1964, Madeleine Riffaud devient Chi Tam, la 8e sœur. Elle est l’une des rares occidentales à être acceptée dans les maquis viêt-cong, et devient une combattante à part entière de la résistance vietnamienne. « Ce que j’ai vu au Sud-Vietnam » affiche la une de l’Humanité en novembre 1970, dont le reportage révèle au monde l’horreur de la répression. « Con Son, Tan Hiep, Thu Duc, Chi Hoa… Il nous faut retenir ces noms car, jadis, pour les résistants victimes des nazis, l’enfer a duré cinq ans. Or au Sud-Vietnam, le même enfer dure depuis quinze ans », écrit-elle en 1972, au cœur d’un papier qui dénonce les atrocités commises par l’administration américaine. « Voilà la démocratie de Nixon, conclut-elle. Voilà la paix que les vaincus, en s’en allant, voudraient accorder à des hommes, des femmes estropiés à vie par les tortures sans fin… » Et elle sait de quoi elle parle : « Le drame est d’être passée de la Résistance aux guerres coloniales. J’ai été correspondante de guerre pour dire mon horreur des conflits. » « On disait des Viêt-cong : ce sont des hommes sans visage. » Ces combattants de l’ombre retrouvent le sourire devant l’objectif de Madeleine Riffaud, qui s’attache à leur redonner une identité. Dans ces déluges de violences qu’elle décrit, la poésie n’est jamais loin, derrière une description des rizières vietnamiennes ou des images de typhons, autant de métaphores de la mort, omniprésente. La couverture de la guerre d’Algérie la ramène rue des Saussaies, où la police française torture les militants du FLN, là même où elle a connu l’enfer. Le 7 mars 1961, l’Humanité sort avec une page blanche, marquée en son centre de ce seul mot : « Censuré ». À l’origine de la saisie, un article de Madeleine Riffaud sur les tortures pratiquées à Paris, qui déclenche la fureur du préfet de police, Maurice Papon, qui porte plainte en diffamation et demande des dommages et intérêts. Elle réchappe de peu à un attentat de l’OAS et passe plusieurs mois à l’hôpital.

En 1973, Madeleine Riffaud emprunte une nouvelle identité et repousse toujours plus loin les limites de l’investigation. Elle devient Marthe, se fait embaucher dans un hôpital parisien comme aide-soignante. Elle récure les sols, prodigue les soins aux patients, veille la nuit des mourants anonymes. De cette expérience, elle en tire un récit lucide et tendre sur l’univers hospitalier, les Linges de la nuit, sur ce qui se joue sous les draps blancs, quand l’imminence de la mort rebat les cartes des rapports humains. Car comme le disait d’elle Jean Marcenac, « Madeleine Riffaud est un poète qui a pris résolument le parti de s’exprimer par le journal… Elle a toute seule créé ce qu’il faut bien nommer un genre et, finalement, elle a parfaitement réussi ».

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7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 16:19
Université populaire du Pays d'Iroise: Gildas Priol sur l'Occupation à Brest, Edouard Mazé avec Kris, Marie-George Buffet, Anne Guillou sur l'insurrection de 47 à Madagascar
Université populaire du Pays d'Iroise: Gildas Priol sur l'Occupation à Brest, Edouard Mazé avec Kris, Marie-George Buffet, Anne Guillou sur l'insurrection de 47 à Madagascar
Université populaire du Pays d'Iroise: Gildas Priol sur l'Occupation à Brest, Edouard Mazé avec Kris, Marie-George Buffet, Anne Guillou sur l'insurrection de 47 à Madagascar
Université populaire du Pays d'Iroise: Gildas Priol sur l'Occupation à Brest, Edouard Mazé avec Kris, Marie-George Buffet, Anne Guillou sur l'insurrection de 47 à Madagascar
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7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 11:06
Photo de José Corre

Photo de José Corre

La vieillesse est venue petit à petit, par délicatesse, pour ne pas froisser le vieux musicien. Ces paroles sont empruntées à la chanson, Les Cerisiers, de Jean Ferrat que José chantait en toutes occasions, qui faisait naître l’émotion dans l’auditoire, et correspondait parfaitement à la vie d’engagements qui fut la sienne.

Dès l’enfance, quand il trainait ses galoches entre les baraques du quartier du Bouguen, José a vécu la solidarité ouvrière qui permettait de dépasser à peine la pauvreté dans ces années d’après- guerre. Il a vite compris la nécessité de se serrer les coudes et de se battre aux côtés de ceux de sa condition pour la dignité, la justice sociale, la satisfaction de revendications améliorant le quotidien.

A l’âge de 17 ans, en 1956, José adhère au Parti Communiste Français. De 1961 à 1964, il fut secrétaire départemental des jeunesses communistes, membre du comité fédéral de 1961 1968. Pépé est longtemps resté membre du comité de section de BREST.

Cet engagement s’est également traduit par son adhésion à la CGT dès qu’il commença sa vie de travail, notamment à EDF où il endossa plusieurs responsabilités différentes, non sans se trouver fréquemment en face des tracasseries de la direction.

Personnellement je me suis engagé aux jeunesses communistes en 1968. J’ai donc fréquenté José et Christiane depuis longtemps, manif après manif, une campagne électorale chassant l’autre et toujours dans l’expression de fraternité chaleureuse. Il a même réussi à me glisser une licence au club de tennis de table d’EDF, LUMINA Sport, où l’on participait au championnat FSGT.

On s’est tellement peu quittés que nous nous sommes retrouvés citoyens au Relecq-Kerhuon à l’époque où Guy LIZIAR en était le maire, communiste bien sûr. José s’est investi aux côtés de Guy, qu’il remplaça à la présidence après son décès.

La seconde patrie de José et Christiane, l’Espagne, a beaucoup compté dans l’organisation de leur vie et à travers leur soutien indéfectible aux républicains espagnols ayant fui le Franquisme, réfugiés en France avant de retourner dans leur pays.

Pépé, le surnom que José s’était choisi, est le diminutif espagnol de José, diminutif lui-même de Josepe. La maison de la rue des poudriers porte d‘ailleurs fièrement le nom de CASA PEPE.

Il est un autre combat que José a mené toute sa vie, c’est la défense de son journal, l’Humanité. Il ne ratait aucune occasion de vanter les mérites du journal de JAURES afin d’éveiller l’intérêt et pousser à l’abonnement.

Nous allons devoir nous passer de José désormais et ce ne sera pas facile. Surtout pour Christiane, Patricia, Paola et ses petits enfants qui pourrons compter sur le soutien de tous les amis et camarades rencontrés au fil de la vie.

Gérard et Stéphane sont ici aujourd’hui, dans nos pensées et dans nos cœurs.

C’est à l’automne que le vieux musicien a fini par claquer sur son tambourin. A chaque printemps, le temps des cerises nous remettra en mémoire cet engagement de José de rester fidèle à l’esprit qu’on a vu paraître avec la Commune et qui souffle encore au cœur de Paris.

Le moment est venu de te saluer une dernière fois, José, mon camarade, mon ami. Merci de nous avoir gratifiés de ton humanisme et de ta fraternité. Nous avons croisé ton chemin avec bonheur. Il est donc normal que nous te quittions le cœur rempli de chagrin.

Companero Jose, Presente !

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5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 05:58

 

MICHEL ETIÉVENT HISTORIEN ET AUTEUR

L’ordonnance du 4 octobre 1945 s’inscrit comme une étape dans le long processus de la bataille pour la protection sociale. Un combat séculaire pour la dignité qui s’enracine dans les volontés de substituer aux compassions de la charité la force de la solidarité. Il traversera la bataille des corporations avant de se nourrir des grandes inventions sociales de la Révolution française, où les sans-culottes proclameront dans la Déclaration des droits de l’homme de 1793 le droit imprescriptible à la santé : « Les secours publics sont une dette sacrée. » L’intention est lumineuse mais restera lettre morte au fil d’un XIXe siècle, où le patronat de la révolution industrielle prolétarise à outrance ce que Victor Hugo appellera les « bataillons miséreux des travailleurs ».

Face à cette exploitation génératrice de souffrance sociale et aux carences de l’État en matière de santé, la classe ouvrière va devoir désormais tenter de continuer à prendre en charge elle-même sa propre protection sociale. Naîtront ainsi une floraison de mutuelles ouvrières tendant à limiter les « carences sociales », mais n’offrant souvent qu’une protection aléatoire. Ce mouvement mutualiste, les luttes syndicales acharnées de la fin du XIXe et début du XXe siècle aboutiront néanmoins à une première victoire, poussant l’État à promulguer la loi du 30 avril 1930 sur les « assurances sociales ».

« Ce fut là une avancée, nous confiait M. Petit, militant CGT, président de la première caisse de Sécurité sociale en Savoie en 1946. Cependant, les assurances ne couvraient qu’une faible partie de la population, les remboursements étaient très faibles et les prestations limitées. Même chose pour la retraite. Il existait bien une loi de 1910 instaurant une retraite pour les plus pauvres, mais le patronat avait réussi à faire supprimer le caractère d‘obligation de cotisation et la plupart étaient obligés de pousser l’activité jus qu’au bout. La retraite alors, c’était le cimetière. »

À l’aube de la guerre, la grande majorité des salariés (5 millions sur 7 millions) vivent ainsi dans les angoisses de l’insécurité sociale… C’est au cœur du programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944 que naîtra le socle fondateur de la Sécurité sociale. Reprenant au mot près l’une des intentions de la Déclaration des droits de l’homme de 1793, la phrase est lumineuse : « Nous, combattants de l’ombre, exigeons un plan de complet sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion par les intéressés et l’État. »

Ces mots brûlants de modernité donneront naissance à une vaste réflexion collective menée sous la maîtrise d’œuvre d’Ambroise Croizat à Alger en relation constante avec le CNR et en lien étroit avec les services du ministère de la Santé, dirigé par le communiste François Billoux de septembre 1944 à novembre 1945. Elle prendra chair dans la promulgation de l’ordonnance du 4 octobre 1945, sous le ministère du Travail d’Alexandre Parodi, donnant ainsi naissance à la Sécurité sociale. Mais l’ordonnance n’est qu’un texte ronéoté et des intentions.

Reste maintenant à bâtir l’idée et à ouvrir l’immense chantier. Dès l’aube de 1946, 138 caisses seront édifiées en moins de sept mois par un peuple anonyme de travailleurs, essentiellement des militants CGT, sur le temps de congé ou après leur temps de travail « pour en finir, selon les mots de Croizat ministre du Travail dès novembre 1945 et maître d’œuvre de l’opération, avec l’indignité des vies dans l’angoisse de l’accident, ou des malheurs de l’enfance ». Quatre principes charpenteront l’institution : l’unicité : tous les « risques sociaux » (maladie, maternité, vieillesse, accidents du travail…) sont désormais regroupés dans une seule caisse en proximité des assurés. La solidarité : pilier de l’édifice. Système de répartition financé par les richesses créées dans l’entreprise à travers le « salaire socialisé » de la cotisation. L’universalité, sous-tendue par l’idée de soigner toute la population et « de suivre l’assuré de sa naissance à son décès ». Sans oublier la démocratie, cette volonté de confier la direction de l’institution aux bénéficiaires eux-mêmes.

« La Sécurité sociale fut mise en place dans un enthousiasme indescriptible car, pour la première fois, nous avions conscience de bâtir nous-mêmes notre avenir ! » écrivait en 1946 le président du conseil de la CPAM de Savoie. Elle dépassait enfin un système d’assurances inégalitaire pour devenir un droit obligatoire pour tous. Les réticences s’affirmèrent très vite du côté des médecins libéraux, du patronat, des assurances privées, mais le rapport de forces de la Libération permettra de l’imposer : 28 % des voix au PCF, 5 millions d’adhérents à la CGT, une classe ouvrière grandie par sa résistance héroïque, un patronat sali par sa collaboration.

C’est cette institution solidaire que patronat et gouvernement s’acharnent aujourd’hui à détricoter pour ouvrir le chemin au privé. Revenir aux années d’indignité, livrer la « Sécu » aux appétits des assurances, celles que les bâtisseurs de 1945 dépossédaient afin d’envisager un avenir solidaire. Mais ces attaques ne sont pas nouvelles. Elles hantent la presse dès 1946 et seront suivies de soixante-quinze ans de démantèlement, à travers de multiples programmes qui mettront à mal l’institution. « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale », rappelait Ambroise Croizat. À l’heure où sont menacés les conquis sociaux nés du CNR, ces mots résonnent comme un cri vers nous pour que la Sécurité sociale ne soit pas une coquille vide livrée au privé, mais reste ce que les militants de la Libération ont voulu qu’elle soit : un vrai lieu de solidarité, un rempart contre le rejet, la souffrance et l’exclusion.

 

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4 octobre 2020 7 04 /10 /octobre /2020 15:41
José Corre - Photo Le Télégramme

José Corre - Photo Le Télégramme

Nous avons eu la tristesse il y a trois jours d'apprendre le décès de notre camarade José Corre, membre de la section du Relecq-Kerhuon.
José était un camarade chaleureux, et d'un grand volontarisme, un militant de très grande valeur.
Soutien indéfectible de l'Humanité, il avait fait un virement mensuel important à l'Humanité il y a deux ans et nous recommandait de mettre le paquet dans la bataille pour la survie de notre journal. Il avait aussi l'Espagne au coeur, comme l'a écrit Jean-Paul Cam, le secrétaire de la section de Brest. Il avait pris la parole et avait été très applaudi lors du meeting des Européennes de Ian Brossat, Cinderella Bernard et Glenn Le Saout au Relecq-Kerhuon il y a deux ans.
Au nom de la fédération du PCF Finistère, je veux adresser un message d'amitié et de condoléances à sa famille, ses amis, ses camarades de Brest et du Relecq-Kerhuon. José était de des militants charismatiques et ouverts sur l'avenir et la jeunesse qui nous servent de modèle pour construire à nouveau les jours heureux du communisme.
Ismaël Dupont, secrétaire départemental de la fédération du PCF Finistère. 
 
***
 
Les mauvaises nouvelles se suivent. Notre camarade José Corre est décédé jeudi 1er octobre.
Adhérent du Parti communiste depuis 1956, José fut  longtemps membre du comité fédéral du Finistère . Secrétaire départemental puis fédéral des jeunesses communistes (UJCF) il fut secrétaire de la section de Brest-centre du PCF.  José participait régulièrement à la vie de notre section et était présent malgré la maladie aux AG .
Toujours soucieux de l'unité des communistes José était un acharné défenseur de l'Humanité et avait l'Espagne au cœur
Les obsèques auront lieu lundi 5 octobre à 16 h 30 à la salle de cérémonie du Vern à Brest
 
La section de BREST présente à Christiane et à ses enfants et petits enfants ses fraternelles condoléances.
 
Voici parmi beaucoup d'autres quelques témoignages d'émotion et de sympathie de nos camarades que la mort de José peine:
 
Pierre-Yves Liziar, secrétaire de section du PCF Relecq-Kerhuon:
" José était l'ami de mon père, Guy Liziar et le mien. C'était un militant communiste. Parmi les facettes de son engagement, il y avait la promotion du tourisme social, pour une solidarité respectueuse qui permet de proposer des vacances de qualité pour tous. Son action bénévole et militante à TVL puis AVEL, a d'ailleurs permis à de nombreux enfants de "respirer un peu d'ailleurs", ce en partenariat avec le Secours Populaire".
 
José Fort, journaliste à l'Humanité:
"J'ai connu José dans les années 1970 chez lui où il m'hébergeait lorsque je "suivais" la fédération de la JC. Puis, bien plus tard, je l'ai retrouvé en Espagne pas loin où vivait ma mère. C'était un chouette copain, un camarade fidèle, un homme sur lequel on pouvait compter.
 
Jean-François Philippe, du PCF Saint-Brieuc:
"Mes sincères condoléances à ses potes, ses camarades, sa famille. La fête de l'huma Bretagne est orpheline et pleure son ami. Repose en paix".
 
Jean-Claude Cariou (section de BREST, militant à l'ANACR):
"J'ai connu José en ..... janvier 1960 , cela fera bientôt 61 ans, au moment de mon adhésion à la J.C. dont il était responsable .J'étais alors en 1ère au lycée de Kerichen à Brest, et c'était bien sûr la lutte pour la paix en Algérie ,mais aussi contre l'OAS, et ses crimes qui commençaient alors : une période très militante , que j'ai continué ensuite à l'UEC et au Parti plus tard à l'Université . J'ai quitté le Finistère pendant 12 ans pour le travail , mais je n'ai jamais vraiment perdu de vue José,ne serait-ce que dans les manifs :un excellent camarade , qui savait trouver les mots pour expliquer la situation avec un naturel optimiste et chaleureux" .
 
Jeannine Daniel (section de Scaër):
"Respect pour cet infatigable camarade qui s'en va et nous laisse un peu orphelins".
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4 octobre 2020 7 04 /10 /octobre /2020 05:47

 

L’ordonnance du 4 octobre 1945 créant la Sécurité sociale est promulguée par le gouvernement provisoire dirigé par le général de Gaulle. Cette réalisation nouvelle est présentée par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, le communiste Ambroise Croizat, dans le sillage du programme du Conseil national de la Résistance.

Ambroise Croizat relata ce moment : « L’ordonnance du 4 octobre 1945, à laquelle est à juste titre attaché le nom d’un ami qui nous est commun à tous, Alexandre Parodi, a été le produit d’une année de travail, au cours de laquelle des fonctionnaires, des représentants de tous les groupements et de toutes les organisations intéressés, des membres de l’Assemblée consultative provisoire, dont certains font partie de la présente Assembl ée, ont associé leurs efforts pour élaborer un texte que le gouvernement de l’époque a, en définitive, consacré conformément à l’avis exprimé par 194 voix contre 1 à l’Assemblée consultative. » (1)

La promulgation de cette ordonnance inscrivit les véritables objectifs de la Sécurité sociale autour d’une organisation unique, d’une cotisation unique, la solidarité et la gestion des caisses par les assurés eux-mêmes et en particulier par la démocratie et l’élection des conseils d’administration des caisses. De Gaulle ne signa pas cette ordonnance : il était en voyage en URSS. Croizat précisa, lui, à qui appartient cette grande conquête sociale : « Le plan de Sécurité sociale est une réforme d’une trop grande ampleur, d’une trop grande importance pour la population de notre pays pour que quiconque puisse en réclamer la paternité exclusive. (…) Cette Sécurité sociale, née de la terrible épreuve que nous venons de traverser, appartient et doit appartenir à tous les Français et à toutes les Françaises sans considération politique, philosophiq ue, religieuse. C’est la terrible crise que notre pays subit depuis plusieurs générations qui lui impose ce plan national et cohérent de sécurité. » (1)

Il fallait dépasser une conception d’assistance sociale placée sous le contrôle de l’État, de bienfaiteurs, de congrégations religieuses, de notables et d’une petite bourgeoisie voulant en rester à leurs œuvres sociales. La loi sur l’assurance sociale, en 1930, préparait le futur et ébauchait ce que devrait être la Sécurité sociale. Cette loi avait donné les pleins pouvoirs à la Mutualité française mais les inégalités persistaient et les caisses d’affinités différentes n’étaient pas sous la responsabilité des assurés eux-mêmes. La Deuxième Guerre mondiale, l’occupation de la France, le régime de Vichy, avec la charte du travail, mettaient finalement par terre cette loi de 1930.

La Sécurité sociale naissante n’avait rencontré que l’opposition de la Mutualité française, qui s’estimait dépossédée, et d’un patronat qui voyait se mettre en place ce qu’il avait toujours combattu, c’est-à-dire une caisse unique, obligatoire et dirigée par le monde du travail. Ambroise Croizat, devenu ministre du Travail, après Alexandre Parodi, fin 1945, souligna cependant le rôle de la mutualité comme précurseur de la Sécurité sociale dans un discours prononcé lors d’une visite des bâtiments de la caisse primaire au Havre, le 12 avril 1947, où il affirma « qu’il n’était pas dans nos intentions de supprimer toute activité de la mutualité, mais au contraire de l’utiliser, car nous connaissons l’œuvre qu’elle a réalisée depuis très longtemps dans notre pays… » (2).

C’est le Conseil national de la Résistance (CNR), sous l’intitulé « Les jours heureux », qui fixa le 15 mars 1944 dans son programme « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ». L’ordonnance de 4 octobre 1945 visait donc à remplir cet objectif. Sans oublier l’ordonnance du 19 octobre 1945, qui précise les objectifs à réaliser en matière d’organisation et de prestations. Ces ordonnances sont les fruits de la libération du pays et du rôle joué par la Résistance, et particulièrement par le Parti communiste français (PCF) et la CGT réunifiée en 1943. Personne ne peut nier l’importance jouée par la CGT, qui avait 5 millions d’adhérents, et le PCF, premier parti politique aux élections de la première constituante, où il représentait 28 % des voix. Un rapport de force qui a compté pour l’établissement d’une législation sociale incomparable de 1945 à 1947.

La Sécurité sociale était donc sur les rails : il fallait la concrétiser rapidement sur le terrain et mettre en place les structures nécessaires. Ambroise Croizat, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, et Pierre Laroque, directeur de la Sécurité sociale, en furent, chacun dans ses responsabilités, les réalisateurs. L’ordonnance ne réglait pas tout, il fallait la mettre en application. Croizat fut celui qui fit en sorte que celle-ci soit appliquée politiquement par toute une série de décrets et de lois, notamment pour les différents risques, que ce soit ceux relatifs à l’assurance-maladie, la retraite, les accidents du travail et maladies professionnelles, les allocations familiales et la maternité, etc.

À l’Assemblée constituante, le ministre intervint contre ceux qui voulaient en retarder l’application, attendant des jours meilleurs pour faire en sorte que la Sécurité sociale finisse dans les oubliettes. Il emporta la confiance de l’Assemblée constituante et la Sécurité sociale commença à fonctionner dès juillet 1946. Un énorme travail fut effectué pour inscrire les assurés et les employeurs, pour établir les caisses primaires, les correspondants dans les entreprises en lien avec les comités d’entreprise naissants.

Ambroise Croizat paya de sa personne pour réaliser cela et notamment imposer la cotisation sociale. Il réfuta l’étatisation de la Sécurité sociale et décréta qu’il fallait aussi se sortir des formes anciennes et des régimes d’affinités pour adopter la caisse unique que la CFTC (devenue pour une part CFDT en 1964) refusait à cette époque. Il rejeta les tentatives de construire la Sécurité sociale à partir d’un financement par l’impôt. Croizat et Laroque méritent toute l’estime du monde du travail dans la réalisation d’une Sécurité sociale appartenant au monde du travail et ils auraient voulu aller plus loin en faisant en sorte qu’elle soit universelle et regroupe l’ensemble des Français, comme le prévoyait la loi du 22 mai 1946.

L’ordonnance du 4 octobre 1945 est donc la pierre angulaire du système français mais elle ne fut réalité qu’à travers un travail incessant des militants de la CGT, qui lui donnèrent vie auprès des salariés. Jean Magniadas a souligné « le rôle important des militants de la CGT. D’abord Ambroise Croizat, dirigeant communiste et secrétaire général de la fédération des métaux, mais aussi Georges Buisson et Henri Raynaud. (…) Il serait injuste d’oublier les autres militants de la CGT mais aussi le personnel des organismes concernés face aux difficiles problèmes qui se posaient avec le reclassement des personnels venus de la mutual ité et des compagnies d’assurances ». (3)

Cette Sécurité sociale naissante fut l’objet de la rage de la droite réactionnaire, mais surtout du patronat, réorganisé pour collaboration avec l’ennemi à partir de décembre 1945 au sein du Conseil national du patronat français (CNPF).

Un travail de sape était dès lors lancé pour remettre en cause la plus belle conquête sociale de la Libération. Des ordonnances en 1967, sous le général de Gaulle, préparèrent la revanche patronale. La première chose fut de défaire les élections des conseils d’administration et d’imposer le « paritarisme », dont on sait les méfaits depuis cette date. Plus tard, un patron du Medef, Denis Kessler, assureur privé de surcroît, montra toute sa hargne en 2007 dans la revue Challenges en s’adressant à Sarkozy, président de la République : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie… Il s’agit de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Alors, relevons le défi et rétablissons cette Sécurité sociale, comme l’affirma Ambroise Croizat. Il dira le 12 mai 1946, lors de la présentation de la loi, qui sera votée le 22 mai 1946, à l’adresse des travailleurs : « Rien ne pourra se faire sans vous (…) La Sécurité sociale n’est pas qu’une affaire de lois et de décrets. Elle implique une action concrète sur le terrain, dans la cité, dans l’entreprise. Elle réclame vos mains… » Quel beau message en ce soixante-quinzième anniversaire.

Bernard Lamirand

Animateur du comité d’honneur national Ambroise Croizat

(1) Intervention d’Ambroise Croizat. Séance du 8 août 1946, application de la loi de Sécurité sociale

(2) Archives de la FTM-CGT, IHS métaux

(3) Conférence de Jean Magniadas, docteur en sciences économiques, syndicaliste CGT, prononcée le 9 octobre 2003, IHS CGT

 

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