Grève d'une demi-journée et rassemblement des agents communaux de Morlaix du 23 octobre 2017 contre l'augmentation du temps de travail sans contrepartie (passage de 1547 à 1607 heures) décidée par Agnès Le Brun en profitant des opportunités offertes par la régression sociale tout azimut imposée par Macron.
En tant qu'élu d'opposition PCF-Front de Gauche, j'étais présent aux côtés des personnels de la ville pour les soutenir dans leur effort pour conserver leurs acquis sociaux, sachant que leurs conditions de rémunération et de progression de carrière sont déjà souvent peu enviables.
Voir le communiqué que le PCF Morlaix a envoyé au Télégramme et à Ouest-France aujourd'hui:
Communiqué du PCF pays de Morlaix - 22 octobre 2017
La régression sociale taille Macron va t-elle s'appliquer aux agents territoriaux de la ville de Morlaix?
Le PCF pays de Morlaix soutient la lutte des agents communaux de la ville de Morlaix et de leurs syndicats contre la remise en cause des accords sociaux et l'augmentation de leur temps de travail.
Depuis quelques années, certains présentent comme inéluctable le passage du temps de travail des agents communaux de la ville de Morlaix à 1607 heures, contre 1540 aujourd'hui, à travers une remise en cause très sévère et une suppression des dispositions négociées entre la municipalité et les fonctionnaires territoriaux et leurs organisations syndicales ces dernières décennies.
Même s'il est de bon ton de taper sur les fonctionnaires en permanence (certains médias et politiques ne s'en privent pas!), qualifiés contre toute vérité de privilégiés, nous sommes quant à nous pleinement conscients de l'apport des agents de la ville de Morlaix et de leur travail de service public indispensable accompli avec conscience, professionnalisme et dévouement, alors que les rémunérations dans la fonction publique territoriale, particulièrement pour les catégories C, sont basses, avec le gel du point d'indice et l'austérité imposées depuis des années, du fait des orientations économiques libérales des gouvernements et de leurs prolongements par des choix municipaux.
Dès lors, les congés pour ancienneté, fractionnement du travail, travail pour les besoins du service sur des jours exceptionnels apparaissent comme des compensations liées aux contraintes des postes qui ont leurs explications et leur légitimité.
Avec le projet du maire de Morlaix Agnès Le Brun de supprimer le régime dérogatoire aux 35 heures en mettant fin à un certain nombre d'accords et d'acquis sociaux, on rompt une forme de contrat.
L'objectif est présenté comme non négociable. Pour l'instant, les syndicats et les salariés n'ont aucune information sur d'éventuelles bases de négociation pour des contreparties à une augmentation de la durée du travail.
Or, quels salariés accepteraient de travailler quasiment deux semaines de plus (pour ceux qui ont le plus d'ancienneté) du jour au lendemain, qui plus est sans gagner davantage?
Pourquoi devrait-on toujours niveler par le bas les conditions de travail et de rémunération des salariés et des fonctionnaires territoriaux?
Alors que leurs salaires et leurs perspectives d'évolution de carrière sont déjà souvent inférieurs à ceux du privé, à même niveau de qualification. C'est loin d'être une manière de rendre ces professions de la fonction publique territoriale plus attractives.
Le bon prétexte, c'est l'offensive généralisée contre le droit du travail et les droits sociaux d'Emmanuel Macron qui travaille pour le monde de la finance et ne cesse, après Hollande et Sarkozy, de retirer des moyens financiers aux collectivités locales, suivant ainsi les prescriptions du MEDEF et de la Commission Européenne.
Mais pour nous, l'austérité et le néo-libéralisme se combattent franchement et sans concession quand on est attaché aux services publics.
On ne les utilise pas pour dégrader les conditions de travail des fonctionnaires territoriaux et supprimer des postes. Car le but est bien là, nous semble t-il, le rallongement de la durée du travail pouvant permettre de récupérer douze ou treize postes.
C'est pourquoi la section du Parti Communiste du Pays de Morlaix soutient le débrayage décidé lors de l'AG de l'intersyndicale du jeudi 19 octobre pour le lundi 23 octobre au matin.
Nous serons présents aux côtés des agents territoriaux de la ville demain et dans les semaines à venir pour résister et faire échec à cette régression de leurs conditions de travail, à l'image du grand retour en arrière qu'impose la droite de Macron et d'Edouard Philippe dans la plupart des domaines sous couvert de "révolution néo-libérale".
D'autres camarades du PCF ne travaillant pas à la ville étaient présents en mairie pour appuyer le mouvement des agents décidé par l'AG du 19 octobre (à laquelle nous avons aussi participé par solidarité et comme observateur) qui avait donné un mandat pour refuser l'augmentation du temps de travail à 1607 heures: Marc Corbel, Manuel Audigou, Catherine André, Martine Carn, Jean-Luc Le Calvez.
Pour ma part, je suis resté de 9h à 12h, assistant à l'échange d'une heure entre Agnès Le Brun et les personnels de la ville grévistes et présents, soit 120 personnes environ.
Le fond du discours d'Agnès Le Brun qui au début ne voulait discuter qu'avec une délégation de 3-4, puis de 8 en dernier ressort, mais qui a dû finalement devant la volonté des syndicats et du personnel que l'échange ait lieu en présence de tous, a cherché souvent à mettre les représentants syndicaux en porte à faux par rapport aux autres agents.
Ce qu'a dit la maire de Morlaix était en substance: Je ne fais pas d'idéologie, vous les syndicats vous êtes dans l'idéologie quand vous ne prenez pas en compte le cadre juridique, le contexte politique et financier global. Vous allez amener les personnels dans le mur. Nous n'avons pas le choix. La loi est la loi, il y a une circulaire depuis 2007 sur le temps de travail dans la fonction publique territoriale. Je défends les collectivités, la fonction publique territoriale, mais attention: "ne sciez pas la branche sur laquelle vous êtes assis". Statistiquement, "vous ne bossez que 14 jours par semaine" (SIC). Vous croyez vraiment que ça peut être défendu alors que depuis 10 -15 ans, tout a changé autour de nous et autour de vous.
Si je l'on vous arrache aujourd'hui 8 à 10 jours de congé par an, ou si on vous fait travailler 20 mn de plus par jour sans augmentation de salaire, c'est pour votre bien, pour éviter que vous soyez davantage pénalisés par Macron qui est décidé à frapper fort sur les collectivités et les dépenses publiques.
Et pourtant, Agnès Le Brun défendait le candidat Sarkozy aux présidentielles (primaire de la droite), se montrant ainsi du même coup favorable à un plan d'austérité de 130 milliards d'euros, à la remise en cause du statut des fonctionnaires et des 39 heures pour tous.
Mais ça, évidemment, ce sont sans doute des rappels et des considérations idéologiques partisanes, notre maire elle "ne fait pas de politique" au niveau local. Et oui, elle a dit ça. Elle se contente selon eux de gérer la ville dans l'intérêt de tous les Morlaisiens et d'une gestion vertueuse pour les intérêts de la ville (pour ne pas avoir de baisse de DGF supplémentaire, pour ne pas se faire taper les doigts par la cour des comptes, ...).
Au passage les agents de Morlaix se voient annoncé, même si dans l'immédiat Agnès le Brun ne dit pas que c'est un problème, qu'ils sont proportionnellement à la taille de la ville et aux villes de mêmes strates bien nombreux, qu'ils ont des avantages acquis supérieurs à d'autres villes, sauf dans le sud et en Corse, que Macron veut faire feu sur des collectivités qui seraient trop clientélistes.
Sur le fond, Agnès le Brun reste intransigeante.
Les 1607 heures sinon rien, mais on ne touchera pas aux accords locaux pour les congés à l'ancienneté. Ce n'était pas gagné la semaine dernière, le positionnement a changé pendant le week-end.
Les organisations syndicales persistent à le dire: elles ne participeront pas à un simulacre de discussion s'il n'y a rien à négocier.
Elles suivent le mandat donné par l'AG des personnels de la ville: on refuse le passage aux 1607 heures, on reste au temps de travail actuel. Il n'y a pas de raison d'accepter une augmentation du temps de travail sans contreparties significatives, d'autant que les salaires n'ont pas augmenté vraiment depuis des années (gel du point d'indice), qu'ils sont souvent bas, plus bas que dans le privé.
Une AG du personnel est prévue jeudi prochain, le 26 octobre, à 16h, à Kernégues (local de la CGT).
Le mouvement devrait se poursuivre et se durcir car les agents ne sont pas prêts à se faire bouffer tout cru sans réagir. D'autant que d'autres questions sensibles sont en suspens et constituent des pommes de discorde non réglées : l'organisation, le management, l'externalisation d'activités de travaux au privé, la crèche familiale...
Ismaël Dupont, 23 octobre 2017
Photos de Jean-Luc Le Calvez.