Comment les candidats aux législatives sur la circonscription de Morlaix envisagent-ils l'avenir de l'agriculture ? Quelles sont leurs priorités pour la redynamiser ? Ce sont les questions que nous leur avons posées alors que le premier tour du scrutin, fixé au 11 juin, approche désormais à grands pas. Dans une région léonarde et trégorroise où l'agriculture demeure une composante importante de l'activité économique, leur vision sur la question est forcément intéressante à observer.
1. Patricia Blosse (Lutte ouvrière). L'agriculture n'échappe pas à l'exploitation et à la domination de la grande bourgeoisie sur les travailleurs. Revenus insuffisants et endettement sont le lot de nombreux agriculteurs car les banques, la grande distribution, les grands groupes de l'agroalimentaire dégradent leurs conditions de vie. Dans ces grands groupes tout puissants, la levée du secret des affaires permettrait aux paysans de voir dans quelles poches passent les richesses produites par leur travail
2. Edith Roussel (Front national). Ma priorité est de favoriser les petites exploitations familiales et le développement des circuits courts. Cela permettra à nos agriculteurs de vivre décemment de leur travail. Je souhaite un allégement des charges et de l'administration qui leur prend un temps infini dans des journées déjà extrêmement chargées. Je souhaite aussi une revalorisation de leurs retraites, qui sont actuellement bien en dessous du seuil de pauvreté.
3. Corinne Nicole (Oui la Bretagne). Il faut soutenir l'évolution et la diversification de l'agriculture pour aller vers des produits à plus forte valeur ajoutée. Chaque agriculteur doit pouvoir vivre de son métier. Du dynamisme de l'agriculture dépend aussi l'emploi agroalimentaire. La Pac doit évoluer pour gommer les distorsions de concurrence en Europe, être plus protectrice. Réglementairement, la profession doit être étroitement associée aux décisions et ses efforts pour la protection de l'eau reconnus.
4. Christine Prigent (Europe Écologie - Les Verts). Nous prônons une agriculture familiale, bio et de qualité qui préserve la santé (paysans, consommateurs) : circuits courts, plateformes pour la restauration collective (écoles, lycées, Ehpad) qui crée des emplois. Arrêt des pesticides, des OGM. Réforme de la Politique agricole commune : pour l'emploi, la souveraineté alimentaire, le développement rural. Fin de la concurrence à l'agriculture des pays émergents.
5. Jean-Paul Yves Le Goff (Rassemblement pour l'initiative citoyenne). Mon ignorance est profonde dans le domaine. Je sais seulement ce que sait (insuffisamment aussi) le grand public : les journées de travail interminables, le jamais de vacances, les endettements colossaux, les revenus dérisoires, les suicides à répétition... Nous devrions tous être atterrés. N'ayant guère d'illusions sur mes chances d'être élu, je pense que Sandrine Le Feur, agricultrice bio, pourrait faire beaucoup de bien à la profession.
6. Julien Kerguillec (la France insoumise). Il faut accompagner la transition vers une agriculture diversifiée et écologique. Plafonner les marges de la grande distribution, garantir des prix rémunérateurs et décourager le dumping social et fiscal en Europe. Faciliter l'installation des jeunes et sanctuariser le foncier agricole naturel. Favoriser les circuits courts et la vente directe. Stopper les fermes usines. Refuser les OGM et les pesticides dangereux. Aller vers une alimentation 100 % bio local dans les cantines.
7. Gwenegan Bui (Parti socialiste). La dérégulation des marchés agricoles a malmené nos exploitations. Il faut redonner aux agriculteurs une prise sur leur destin. Leur permettre de se regrouper pour être plus forts devant les industriels et les grandes et moyennes surfaces. Garantir un revenu décent en luttant contre la volatilité des prix en instaurant des mécanismes de régulation. Revoir la fiscalité agricole. Réviser la directive travailleurs détachés pour garantir le respect du principe à travail égal, salaire égal.
8. Ismaël Dupont (Parti communiste). Le député communiste André Chassaigne a fait voter une revalorisation des retraites agricoles. Nous voulons une alimentation de qualité pour tous. Il faut stopper Tafta et Ceta, rompre avec les élevages surdimensionnés. Pour une transition vers une agriculture saine, le zéro pesticide, les circuits courts, le bio, l'agriculture raisonnée sont à développer. Encadrer les marges des supermarchés par des coefficients multiplicateurs et des conférences sur les prix.
9. Maël de Calan (Les Républicains). L'agriculture représente 20.000 emplois directs et des dizaines de milliers d'indirects dans le Finistère. Si elle chute, toute notre économie chutera. Je me battrai pour alléger les charges (fiscales, sociales et administratives) qui plombent les exploitations, et pour revaloriser les prix (regroupement des producteurs, réforme LME...). Pour défendre notre agriculture, il faut élire un député qui pèse et qui saura se battre !
10. Sandrine Le Feur (la République en marche). Députée, je défendrai trois axes : réorganiser les filières pour mieux répartir la valeur ajoutée et assurer aux agriculteurs des prix rémunérateurs, simplifier les normes et défendre le droit à l'erreur face à l'administration, valoriser les circuits courts respectueux de l'environnement. Je veux une Pac au budget préservé et un système de subventions contra-cycliques de garantie sur les prix. Enfin, le chômage universel offrira une sécurité à tous.
11. Serge Bougot (Parti breton, 100 % Breizh). Produire breton doit être synonyme de qualité, de respect de l'environnement, la garantie d'une vie et d'un salaire décent pour les agriculteurs, tous les salariés de l'agroalimentaire et du transport qui en dépendent. C'est un des piliers de l'économie bretonne. Il faut diversifier notre agriculture, réfléchir à la valeur ajoutée des produits et amorcer une révolution verte créatrice d'emploi. Nous n'y arriverons qu'à travers une Bretagne gouvernée par elle-même.
12. Virginie Grall (Union populaire républicaine). La France voit son nombre d'agriculteurs diminuer de jour en jour, moins 90 % en 50 ans. Pour éviter la disparition des exploitations françaises familiales et pour lutter contre les grandes entreprises de l'agrobusiness, l'Union populaire républicaine (UPR) propose un programme de protection des marchés et des productions, de soutien économique et de développement des nouvelles techniques agrosylvopastorales.