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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 06:57
Fabien Roussel au Portugal pour le 45 ème anniversaire de la révolution des oeillets à la rencontre du parti communiste portugais et de la  Coalition démocratique unitaire (CDU) - L'Humanité, Cathy Dos Santos, 26 avril
Fabien Roussel : « La mobilisation populaire est
déterminante pour la poursuite des réformes »
Vendredi, 26 Avril, 2019
 
Lors de la manifestation de Lisbonne, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF était accompagné de João Ferreira, tête de liste de la Coalition Démocratique Unitaire(CDU)/ Parti communiste Portugais (PCP), l'écrivaine Ana Margarida de Carvalho, Jeronimo de Sousa, secrétaire général du PCP.

Pour sa première visite à l’étranger en tant que secrétaire national du PCF, Fabien Roussel s’est rendu au Portugal qui célébrait le 25 avril, le 45ème anniversaire de la révolution des œillets. Une occasion également pour échanger avec son homologue portugais des politiques de changement à l’œuvre depuis 2015.

Vous étiez présent au Portugal, lors de la manifestation à Lisbonne, célébrant la révolution des œillets du 25 avril 1974. Quarante-cinq ans après ce soulèvement civico-militaire qui a renversé la dictature de Salazar, quelle en est l’actualité ?

Fabien Roussel. Pour ma première visite officielle à l’étranger, j’ai tenu à me rendre au Portugal pour célébrer cette belle révolution. J’ai assisté à un défilé populaire où se sont retrouvés des syndicats, des partis politiques, ainsi que des associations qui se battent en faveur de la paix, de la culture, de la fonction publique. C’est toute la société civile qui s’est mobilisée ce 25 avril. Cette mobilisation était d’autant plus importante qu’elle a lieu à un moment où le gouvernement socialiste hésite dans les réformes à poursuivre, et surtout, à quelques mois des élections législatives d’octobre 2019.

Le Portugal a terriblement souffert des politiques d’austérité imposées par la troïka (UE, BCE, FMI) et l’exécutif de droite de Pedro Passos Coelho. Qu’en est-il aujourd’hui avec le gouvernement socialiste d’Antonio Costa? La page de l’austérité a-t-elle été tournée ?

Fabien Roussel. Les Portugais ont énormément souffert des injonctions de la troïka. Elle a imposé une taxe sur tous les salaires pour financer la réduction de la dette nationale. Elle a ainsi volé de l’argent aux salariés portugais. L’une des premières mesures du gouvernement socialiste, qui est arrivé au pouvoir en 2015, a été de supprimer cette taxe. Le Smic et les pensions ont été augmentés. La gratuité des livres scolaires a été imposée. Dans certaines villes, le prix des tickets de transports a été réduit de 50%. Le capital a également été taxé avec une taxe sur les dividendes reversés par les grandes entreprises. La croissance a doublé et le chômage a été divisé par deux. Ces réformes n’auraient pu voir le jour sans la pression des députés communistes et du Bloc de gauche. Pour rappel, l’exécutif socialiste est minoritaire. Les communistes n’ont accepté de voter le budget que si ces réformes étaient mises en place. Elles ont permis de tourner le dos aux politiques d’austérité. Elles ont démontré qu’il est possible de relancer la consommation, donc la croissance, en redonnant du pouvoir d’achat aux Portugais.  

A l’occasion de votre visite, vous avez rencontré Jéronimo de Sousa, le secrétaire général du Parti communiste Portugais (PCP). Quelle a été la teneur de vos échanges ?

Fabien Roussel. Cela a été pour moi  l’occasion d’échanger sur la politique menée depuis quatre ans. En 2015, le PCP s’est battu pour faire entendre l’idée que la gauche était majoritaire à l’issue des législatives. En ce sens, le PCP a été à l’initiative de l’expérience actuelle. Quatre ans plus tard, le bilan est mitigé. Il y a eu beaucoup d’avancées en faveur du pouvoir d’achat et des services publics, comme me l’ont confirmé nombre de Portugais  avec lesquels j’ai pu échanger. Mais, dans le même temps, la vie reste chère. La précarité de l’emploi s’est développée. L’une des revendications fortes du PCP est justement d’avoir un droit du travail qui protège davantage les salariés.

Et concernant les élections européennes du 26 mai ?

Fabien Roussel. Nous avons parlé de l’enjeu de conserver un groupe au parlement européen. Un groupe original du fait de sa diversité mais également des enjeux qui rassemblent les parlementaires de la GUE. J’ai rencontré João Ferreira, la tête de liste de la Coalition démocratique unitaire (CDU)/PCP. Ils mènent une belle campagne de terrain. Ils mettent beaucoup en avant la défense de la souveraineté nationale dans les choix économiques. Je le comprends au regard des politiques très dures imposées par la troïka, comme cette taxe de la honte. A cause de ces orientations, le Portugal a subit un exode massif de la jeunesse, quasi aussi important que celui qui a eu lieu durant la dictature de Salazar, et qui explique le fort rejet que l’UE suscite.

Entretien réalisé par Cathy Dos Santos
Fabien Roussel au Portugal pour le 45 ème anniversaire de la révolution des oeillets à la rencontre du parti communiste portugais et de la  Coalition démocratique unitaire (CDU) - L'Humanité, Cathy Dos Santos, 26 avril
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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 06:55
Algérie.  Ni État militaire, ni pouvoir mercenaire ! - Nadjib Touaibia, L'Humanité, 27 avril 2019
Algérie. « Ni État militaire, ni pouvoir mercenaire !»
Samedi, 27 Avril, 2019

Les Algériens ne désespèrent pas de provoquer un changement radical et d’ouvrir la voie à une deuxième République dans un Etat de droit. Toujours et encore dans la rue le vendredi, ils dénoncent l’attitude de l’armée qui protège les résidus du régime d’Abdelaziz Bouteflika.

Plus que jamais déterminé à provoquer la chute du régime de Bouteflika, toujours en place malgré la démission de ce dernier, le mouvement populaire Algérien, boucle sa 10ème journée de mobilisation nationale depuis le 22 février.
Ils sont encore des millions dans la rue ce vendredi 26 avril, dans les capitales régionales, dans les villes moyennes et jusque dans les petites agglomérations. 
Pas d’affrontements avec les forces de police, pas de casse, pas d’incidents notables… les marches se déroulent partout dans le calme, rythmées seulement par les slogans.
A Alger, la foule est aussi dense que les vendredis précédents. Les gendarmes sont pourtant positionnés sur toutes les voies d’accès à la ville depuis l’aube. La tentation répressive reste perceptible, mais les agents ne passent pas à l’acte. Ils ne reçoivent sans doute pas d’ordres, mais sont aussi comme neutralisés par le pacifisme des manifestants et les élans de sympathie dont ils font preuve.
Sur la place-Audin, au cœur d’Alger, des « gilets orange » forment un cordon de sécurité empêchant tout contact avec les policiers amassés à l’entrée du tunnel des facultés. C’est à cet endroit qu’avaient eu lieu, il y a quinze jours, des jets de gaz lacrymogènes provoquant des mouvements de foules où se trouvaient des familles avec des enfants. 
Ces agissements soulèvent l’indignation dans l’opinion. « Nous protègeront les marches » promet alors le chef d’Etat-major, vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah. Et c’est précisément lui qui fait depuis lors l’actualité.
Ses sorties médiatiques entre deux vendredis sont très écoutées. Les Algériens en attendent des décisions fortes. Ils espèrent voir l’institution militaire pousser vers la sortie le président par intérim, Abdelkader Bensalah (ex-président du Sénat) et le Premier ministre Noureddine Bedoui, tous deux fidèles inconditionnels d’Abdelaziz Bouteflika, posés là comme des mines sur le chemin de la deuxième République. 
Mais le général laisse tout juste percer de vagues espoirs d’une telle rupture. Il évoque abondamment les liens entre le peuple et son armée dans une superbe langue de bois, sans plus. Il espère à l’évidence que la poignée d’oligarques embastillés ces derniers jours, pour des soupçons de corruption, va refroidir le mouvement, que les citoyens vont fermer l’œil sur le maintien du système. 
Du coup, la colère monte. De nombreux maires annoncent qu’ils n’organiseront pas le scrutin présidentiel fixé au 4 juillet prochain. Les ministres en visite sur le terrain sont accueillis à coup de « dégage ». Les étudiants sont de plus en plus nombreux à manifester tous les mardis, malgré la forte policière. 
Les Algériens ont en fait le sentiment d’être floués, d’être menés en bateau. Ce vendredi 26 avril le général en prend pour son grade. « L’armée nous appartient et Gaïd Salah nous a trahi ! », « Gaïd Salah assez de mensonges et de malheur !», dénonce-t-on dans les rangs des manifestants à Alger. 
« Ni Etat militaire, ni pouvoir mercenaire », scande-t-on surtout, soupçonnant le patron de l’armée, proche des Emirats et l’Arabie Saoudite, de se rêver dans la peau de l’Egyptien Abdel Fatah al-Sissi. La révolution algérienne est à un tournant.
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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 04:30
COMMUNIST'ART: Elio Petri, le cinéaste renégat - par Andréa Lauro
Elio Petri photo Festival de Cannes

Elio Petri photo Festival de Cannes

Elio Petri, le cinéaste renégat.

En Italie, le cinéma « politique » ou « d'engagement civil » démarre en 1962 avec le film  Salvatore Giuliano de Francesco Rosi  et termine en 1976 brusquement avec le film Todo Modo de Elio Petri. Ironie du sort, ce film qui scella la fin d'une saison exceptionnelle du cinéma italien est dû au réalisateur qui avait le plus contribué à la rendre grande. Elio Petri naît à Rome le 29 janvier 1929.

Fils unique, d'une famille d'artisans, il passe une enfance que lui-même définirait comme malheureuse. Nourri par l'éducation catholique et répressive donnée par sa grand-mère, encore adolescent, il adhère à la fédération des jeunes du Parti Communiste. Religion et politique, donc, travaillent dans un système de valeurs complexe et conflictuel.

Sa première approche avec le cinéma n'est pas à la caméra, mais à la machine à écrire. Il s'exerce, en effet, dans la critique, en collaborant auparavant avec L'Unità (organe officiel du Parti Communiste Italien jusqu'en 1991) puis avec Città Aperta, la revue d’un groupe d’artistes et de littéraires qui ont quitté le PCI après les événements de Hongrie, publiée en 1957-1958.

Sur les pages de cette revue il écrivait :

« Le Néoréalisme s’il n’est pas entendu comme large besoin de recherche et d’enquête, mais comme véritable tendance poétique, ne nous intéresse plus. La lugubre Italie née des compromis de l’après-guerre ne peut plus être abordée avec la candeur implicitement chrétienne du Néoréalisme : des histoires et des images plus pertinentes aux lacérations morales que la Restauration capitaliste - accomplie sur des nouvelles bases pour le pays – a accompli dans les consciences. Il faut faire face aux mythes modernes, aux incohérences, avec la corruption, avec des exemples magnifiques d'héroïsmes inutiles, avec les sursauts de la morale : il faut savoir et pouvoir représenter tout cela ».

Dans cette période Elio travaille comme scénariste, entre autres, pour Giuseppe De Santis (réalisateur de Riso Amaro) qu'il définissait son unique maître.

 

L'assassin, d'Elio Petri avec Marcello Mastroianni  et Micheline Presle (1961)

L'assassin, d'Elio Petri avec Marcello Mastroianni et Micheline Presle (1961)

"I giorni contati" d'Elio Petri (Les Jours comptés): 1962

"I giorni contati" d'Elio Petri (Les Jours comptés): 1962

A ciascuno il suo (1967)

A ciascuno il suo (1967)

Son parcours artistique change à partir de la rencontre avec Marcello Mastroianni.

Pas encore entiché de Federico Fellini, Marcello devient tout de suite ami avec Petri et, pour lui, il joue le rôle de l'antiquaire Alfredo Martelli, personnage principal du premier long-métrage du cinéaste romain: L'assassin (1961).

Même s'il manque encore de maturité et de maîtrise, le style de ce film annonce des thèmes caractéristiques du cinéma de Petri: la passion pour le genre policier, l'attention pour l'enquête de faits et les gens, mais surtout un néoréalisme dans lequel la réalité n'est plus représentée de manière directe, mais sous un tour grotesque et paradoxal. Une idée du cinéma qu'il mûrira au cours des années 60.

En 1962 sort I giorni contati (Les jours comptés), un récit d’une douloureuse actualité, avec un extraordinaire Salvo Randone.

En 1963, Petri tourne Il maestro di Vigevano avec le monumental Alberto Sordi, un film dramatique traité de façon grotesque.

Avec La decima vittima (La dixième victime) en 1965, joué par le duo Ursula Andress et Marcello Mastroianni, son cinéma s'enrichit de digressions de science-fiction. 

Ensuite le cinéaste rencontre l’œuvre littéraire de Leonardo Sciascia et la force expressive de l'acteur Gian Maria Volonté.

Dans le film A ciascuno il suo (A chacun son dû, 1967), les rapports entre mafia, église et classe politique, notamment avec la Démocratie Chrétienne, sont montrés à travers un langage cinématographique agressif, mais qui reste toujours très lucide. Le film gagne le prix du scénario au Festival de Cannes.

Il réalise en 1968 Un Tranquillo Posto di Campagna dont le sujet a été écrit en 1962 avec Tonino Guerra. Le film est le portrait d’un artiste intellectuel bourgeois et de sa scission schizophrénique.

Suite à ce film débute la période la plus importante pour sa carrière, avec Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto (1970): Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon.

Schizophrène, effronté, urticant, le film est un poing direct à l'estomac des bien-pensants. Le style est baroque, la trame est à la fois absurde, sinistre et plausible. La caméra suit, en effet, les traces d'un "Docteur" dont on ne connaît pas le vrai nom, un dirigeant de police (G.M. Volonté) qui, après avoir tué sa propre amante, rien ne fait pas pour se cacher. Au contraire, il dissémine sur la scène du délit des indices de sa culpabilité, convaincu que la condition d'homme de l'État suffira à le protéger de toute accusation. Un délire d'omnipotence que la fin, ouverte, semble confirmer. Porté par le scénario d'Ugo Pirro et la musique d'Ennio Morricone, le film gagne l'Oscar du meilleur film étranger et le Prix spécial du jury à Cannes, mais il attire une vague de critiques aussi. Nombreux, en effet, y lisent une claire référence à la mort de l'anarchiste Giuseppe Pinelli et à la figure du commissaire Luigi Calabresi. À côté de ceux-ci qui saluent l’œuvre comme une nouvelle respiration de démocratie pour l'Italie, certains voient l'attaque directe contre la Justice et la Police et accusent Petri de vouloir profiter de la chronique politique de l'époque.

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d'Elio Petri (1970)

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d'Elio Petri (1970)

" La classe operaia va in paradiso"- "La classe ouvrière va au paradis", 1971

" La classe operaia va in paradiso"- "La classe ouvrière va au paradis", 1971

Si avec Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto les critiques les plus féroces étaient arrivées des milieux de centre-droit, avec La classe operaia va in paradiso (La classe ouvrière va au paradis,1971) c'est le tour de la gauche de réagir.

Le film ne rend pas l'image de la classe ouvrière que le PCI aurait attendu d'"un camarade". En donnant corps et mot à l'ouvrier mutilé Ludovico Masso, dit Lulù, l'interprétation de Gian Maria Volonté, en effet, dénonce l'horreur des chaînes de montage et d'une usine devenue pure aliénation.

Petri creuse aussi dans les distorsions d'un syndicalisme hypocrite et décrit les mouvements étudiants de gauche comme des hordes de moulins à paroles. Un outrage insupportable pour la "contre-culture" italienne. À l'étranger cependant l'originalité absolue de la lecture marxiste du metteur en scène italien plaît. Au vingt-et-unième festival de Cannes, Elio Petri remporte le Grand Prix ex aequo avec Il caso Mattei di Francesco Rosi dans lequel joue également Volonté, honoré d'une mention spéciale. 

Après avoir analysé le pouvoir et le travail, en 1973, Petri complète la trilogie de la névrose avec l'argent.

Dans le film La proprietà non è più un furto (La propiété n'est plus le vol), le personnage principal (Flavio Bucci) est un employé de banque qui vit une allergie physique à l’argent liquide, cache un mépris pour tout ce qui est symbole capitaliste, à commencer par la banque même. Après avoir démissionné, il décide de tourmenter la vie d’un boucher grossier et riche (Ugo Tognazzi), en le frappant là où il fait le plus mal, en lui volant ses affaires, et en lui faisant des crasses de diverses natures. Le conflit entre les deux se résoudra par des résultats dramatiques.

En 1976 Petri porte sur le grand écran un autre roman de Leonardo Sciascia: Todo Modo, publié deux ans auparavant.

Centré autour d'un groupe d'hommes politiques qui se cachent dans un hôtel qui tient en même temps de l'ermitage et de la prison, le film est un procès explicite de la Démocratie Chrétienne. À côté d'un Mastroianni diabolique nous trouvons l'ombre d'Aldo Moro (G.M. Volonté). Même si elle dissimulée sous l'anonymat d'un M., la figure du président décalque mots, œuvres et omissions du juriste démocrate-chrétien. En creusant ses propres origines et celles de son cinéma, Petri teint de policier et d'absurde le plus pasolinien de ses films. Le film est une violente mise en accusation de la Démocratie Chrétienne que le cinéaste dénonce comme corrompue.

Mais Todo Modo est surtout un film maudit. A sa sortie en salle, le film s'attire des critiques très négatives venues de tous les bords politiques.

Démocratie Chrétienne et Parti Communiste sont en train de travailler au "compromis historique" et ce film, qui éclaire les contradictions et travers du principal parti national, est vu comme un problème. Retiré de l'affiche en moins d'un mois, il semble donc destiné à l'oubli. Cependant, le film émerge peu de mois après.

Dans le film, en effet, une prophétie inquiétante peut être identifiée postérieurement. Dans les minutes finales, Petri porte en scène l'exécution du Président, fusillé par son chauffeur pendant qu'à genou il implore pitié. Quand le 9 mai 1978, rue Caetani, est retrouvé le corps de Moro criblé de 12 balles, les images du film deviennent un sinistre présage. Petri est accusé d'avoir incité les terroristes à passer à l'acte, d'avoir d'une façon ou d'une autre porté à l'enlèvement et à l'exécution de l'ancien président du Conseil. Le cinéma politique est mort et l'image de son promoteur totalement compromise.

Dans les années suivantes il trouve un peu de place à la télévision et il signe le pessimiste Buone notizie (1979). Il met en scène une adaptation des Mains sales de J.P Sartre avec M. Mastroianni.  

Sciascia le défend, en justifiant la nécessité de ce Todo Modo et en soulignant la distance des intentions artistiques d'Elio Petri avec la propagande des Brigades Rouges. Le réalisateur fait de même en confirmant son propre mépris envers les auteurs de ce meurtre horrible, sans renier son œuvre, jusqu'à sa mort.

Le 10 décembre 1982, à seulement 53 ans, Elio Petri s'éteint, épuisé par un cancer.

Il sera presque totalement oublié pendant deux décennies, jusqu'à 2005 quand un petit groupe de jeunes réalisateurs présente au festival de Venise le film-documentaire Elio Petri – appunti su un autore, une œuvre touchante qui a permit de redécouvrir cet incroyable cinéaste militant.

Andréa Lauro

 

Lire aussi:

COMMUNIST'ART: Mario Monicelli, cinéaste italien, auteur de Les camarades (1963)

Portrait - Andréa : un italien à Morlaix

 

COMMUNIST'ART: Elio Petri, le cinéaste renégat - par Andréa Lauro
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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 06:24
Maïssa Bey - photo L'Humanité - 16 avril 2019

Maïssa Bey - photo L'Humanité - 16 avril 2019

Maghreb. « L’Algérie de demain, telle que je l’imagine, a un corps de femme »
Mardi, 16 Avril, 2019

L’œuvre de Maïssa Bey est tout entière traversée par le désir d’émancipation d’une génération qui a vu ses rêves de liberté se fracasser. L’écrivaine pose aujourd’hui sur le mouvement populaire qui refaçonne son pays un regard enthousiaste et lucide. Entretien.

Que se passe-t-il en Algérie depuis deux mois ? Est-ce un mouvement (hirak), un soulèvement (intifada), une révolution (thawra) ?

MAÏSSA BEY Un seul mot pourrait-il en rendre compte ? Laissons aux historiens le soin de régler plus tard ce problème de terminologie ! Ce qui se passe en ce moment en Algérie est inédit, c’est le surgissement d’une vague de fond qui touche toutes les couches de la société, une vague d’une ampleur sans précédent. Loin de s’affaiblir comme pouvaient l’espérer les tenants du pouvoir, elle grossit au fil des semaines. La mobilisation prodigieuse des foules qui envahissent les rues chaque vendredi depuis près de deux mois, dans toutes les villes du pays, est l’expression (pour le moment ?) d’une volonté populaire inébranlable, qui a foi en la victoire. Aucun des subterfuges employés jusque-là par un pouvoir aux abois, qui dégaine aujourd’hui ce qu’il croit être son atout principal, le recours à la violence répressive, ne parvient à la détourner de ses objectifs : le démantèlement du régime en place et la volonté de rupture avec un système politique plaçant ses intérêts au-dessus de ceux du peuple. La feuille de route ne souffre d’aucune équivoque. Les revendications sont exprimées par tous les moyens dont disposent les citoyens, notamment avec des slogans, des plus humoristiques aux plus radicaux. Ce qui surprend les observateurs et tétanise le pouvoir, c’est, d’une part, la détermination des manifestants et, d’autre part, leur pacifisme, leur civisme, loin de correspondre aux représentations qu’on a voulu donner des Algériens.

Quelles mutations de la société algérienne ont rendu possible une présence si massive des femmes dans les marches, les rassemblements ?

MAÏSSA BEY La mutation a commencé, ne l’oublions pas, par la participation des femmes à la guerre de libération – une révolution en soi –, même si, à l’indépendance, les combattantes ont été priées de réintégrer l’espace domestique. Leur implication directe dans la révolution algérienne est une vérité historique indéniable.

Leur scolarisation massive et leur entrée en force dans le monde du travail dès les années 1980 ont bouleversé les représentations et en ont fait des citoyennes autonomes – du moins sur le plan économique –, conscientes de leurs droits minorés cependant par un Code de la famille discriminatoire et contre lequel elles se battent depuis des décennies. Et même si les toutes premières ouvrières d’un complexe industriel ont été vitriolées à Sidi Bel Abbès à la fin des années 1970 (un vieux reflexe d’autodéfense masculin contre l’émancipation des femmes et leur sortie des délimitations spatiales que certains voudraient leur imposer, réflexe remis récemment au goût du jour), les Algériennes sont à présent totalement et définitivement intégrées au marché du travail.

D’autre part, ce n’est pas la première fois que les femmes occupent la rue. Qui ne se souvient pas des manifestations des années 1990 où les femmes, bravant la terreur, sont sorties en masse pour manifester leur rejet de la situation qui prévalait alors ? Comment oublier les slogans qui disaient leur désespoir de mères, de filles, de sœurs, et plus simplement de citoyennes face aux exactions des islamistes ?

Si les femmes sont présentes dans les manifestations, c’est parce qu’elles sont tout aussi concernées que les hommes par la chose politique, par ses retombées sur leur quotidien, et qu’elles en ont pris conscience.

L’ère Bouteflika fut celle de violentes attaques contre les libertés. Même des conférences littéraires ont fini par être frappées d’interdiction. Comment ce carcan a-t-il pu s’imposer ?

MAÏSSA BEY Dès l’indépendance, les libertés fondamentales comme la liberté d’expression, la liberté de réunion, la liberté de manifestation ont fait l’objet de restrictions de plus en plus sévères, laissant place à des interdictions toujours motivées par les mêmes prétextes : troubles à l’ordre public ou, plus grave encore, atteintes aux symboles et valeurs de la nation. Sous ces prétextes, on pouvait tout interdire : la création d’associations, des réunions de partis, des rencontres littéraires et artistiques, des projections de films, des sit-in organisés par des travailleurs ou des étudiants. Bref, tout ce qui pouvait sembler subversif aux yeux du pouvoir était censuré, parfois simplement par excès de zèle de certains de ses représentants dans les régions dites sensibles, par peur de représailles de la part leurs supérieurs.

Les dispositifs de censure ne sont jamais assumés ouvertement et prennent des formes détournées, comme le refus de financement ou de visas d’exploitation de certains films jugés trop critiques, et d’autres procédés tout aussi retors.

Cependant, l’Algérie, c’est aussi celle des caricatures de Dilem publiées chaque jour dans le journal Liberté, celles du Hic dans El Watan, les bandes dessinées de Slim, père de la BD algérienne, ce sont les chansons des groupes de rap aux paroles politiquement incorrectes, les chroniques au vitriol publiées dans certains journaux indépendants. C’est aussi l’éclosion récente d’une littérature qui, comme le disait Cendrars, « trempe sa plume dans la vie » pour en restituer les aspects les plus crus, faisant corps avec une réalité, celle d’un pays encore et surtout irréductible.

Les Algériens, après de dures épreuves et un relatif isolement, semblent retisser le lien entre eux et se reconnecter au monde. Pourquoi aujourd’hui ?

MAÏSSA BEY D’abord une précision : il faut rappeler que l’isolement des Algériens a duré plus de dix ans. Il n’est pas exagéré de dire que l’Algérie est restée quasiment sous embargo pendant la décennie 1990 et que le pays était considéré comme l’un des plus dangereux de la planète. Pendant toute cette période, les liens avec l’extérieur se sont distendus et rares étaient ceux qui se risquaient à rompre cet isolement autrement que par une solidarité qui, il faut bien le dire, n’avait que bien peu d’effets sur la population quotidiennement confrontée à un terrorisme des plus sanglants. De même, à l’intérieur du pays, le mode de vie des Algériens a été profondément impacté par la terreur qui régnait sur tout le territoire national.

Il est évident que ce passage douloureux de notre histoire a laissé des séquelles. Il a fallu beaucoup de temps pour retisser les liens, d’abord entre nous pour réapprendre à vivre ensemble, puis avec le reste du monde.

L’effet le plus surprenant et le plus réjouissant de la situation actuelle est ce que certains ont appelé « la réconciliation nationale », par allusion à l’autre réconciliation qui avait pour but de réintégrer les terroristes islamistes dans leurs droits, sans poursuites ni jugement. La volonté de réconciliation des citoyens entre eux, mais aussi de leur redonner espoir, a été un des effets observables dès les premières marches. Semaine après semaine, les marcheurs apprennent à se côtoyer, à se connaître, puis à se reconnaître. Bien sûr, il ne faut pas se leurrer. Les différences de classe ne se sont pas abolies d’un coup de baguette magique. Elles restent même très visibles à certains endroits, particulièrement dans la capitale. La grande fraternité n’est pas pour demain. D’autant qu’à l’heure actuelle, le pouvoir encore et toujours en place mise, comme il le fait depuis des années, sur les antagonismes, sur le régionalisme, sur les peurs, ou bien encore sur les stratégies de diversion pour diviser le mouvement et provoquer ainsi son essoufflement.

Dans la rue s’exprime une grande radicalité : on exige une rupture avec le système, on exhorte ses représentants à s’en aller tous. Les Algériens brûlent-ils l’esprit de « consensus » que prétendaient incarner Bouteflika et les siens ?

MAÏSSA BEY Peut-on croire que Bouteflika et les siens pensaient incarner un consensus ? Si cela était le cas, pourquoi auraient-ils pris la peine de truquer les élections, de falsifier les chiffres de participation du corps électoral et de rameuter des centaines de personnes pour qu’elles assistent aux meetings de soutien ?

La rupture est actée. Je me permettrai de paraphraser une citation d’Aimé Césaire à propos du colonialisme, en affirmant que le système n’est pas mort, mais qu’il se sait désormais mortel. Et comme tout organisme qui se sait appelé à disparaître, il se débat dans des convulsions qui peuvent s’avérer dangereuses. Il tire ses dernières cartouches, au sens propre comme au sens figuré. Et les réponses des manifestants aux concessions accordées par ce système, qui s’entête à vouloir suivre la feuille de route édictée par l’armée (mais pas seulement, sans nul doute) sous couvert de respect de la Constitution, se radicalisent elles aussi. Si l’on peut parler de consensus, c’est celui qui se fait autour du mot d’ordre scandé depuis plusieurs semaines par des millions d’Algériens : « Ils doivent tous disparaître ! Yetnahaw Ga3 ! »

En 1957, votre père a été torturé, exécuté. Votre œuvre est traversée par la fracture coloniale. Dans Pierre Sang Papier ou Cendre, vous brossez une fresque poétique des cent trente-deux ans de domination et d’oppression françaises. Dans ce mouvement populaire, comment expliquez-vous les références innombrables, explicites ou implicites, au combat de libération nationale ? Comment les jeunes Algériens ont-ils pu se réapproprier des figures d’émancipation gommées par l’historiographie officielle ?

MAÏSSA BEY Les jeunes nous le disent : ils ont été saturés de célébrations, de commémorations, de falsifications d’une histoire enseignée uniquement sous l’angle de l’héroïsation. Néanmoins, ils puisent aujourd’hui leurs références à cette histoire parcourue de violences et de répression. Cela peut sembler contradictoire, mais ils expriment leur volonté de se réapproprier un passé qui a trop souvent servi à légitimer les pouvoirs qui se sont succédé. Les grandes figures de la révolution algérienne sont pour eux les symboles de la résistance à un système oppresseur et dominateur. Mais il faut dire aussi que le patriotisme est un sentiment très largement partagé et que l’attachement à l’emblème national en est une démonstration, parfois même un peu trop… démonstrative ! Dès le début des marches, cette volonté de réappropriation était manifeste : slogans, portraits de héros de la guerre de libération, présence à Alger dans les rangs des manifestants d’une icône de la révolution, Djamila Bouhired, unanimement saluée, chants patriotiques repris en chœur par la foule en sont les signes évidents.

À quoi ressemble l’Algérie de demain, telle que vous l’imaginez ?

MAÏSSA BEY Je me préparais à écrire une envolée lyrique, une histoire de soleil, de sourires et de lendemains radieux sur fond de chant d’espérance ! Et puis sont venues s’interposer deux images : la première est celle de Melissa, la danseuse juchée sur ses pointes, au milieu d’une des premières manifestations à Alger, la grâce tranquille de ce corps comme hors du temps… puis celle d’Alaa, l’étudiante soudanaise, le corps enveloppé d’un voile blanc, le bras levé, debout sur une voiture, haranguant la foule qui réclamait le départ du dictateur Omar Al Bechir. Et tant d’autres femmes qui ont laissé trace dans l’histoire de leur pays…

Mais oui, c’est bien ça : la liberté a un corps de femme. L’Algérie de demain, telle que je l’imagine, a un corps de femme…

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
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21 avril 2019 7 21 /04 /avril /2019 06:18
Commerce. Un accord avec Trump discuté en catimini
Jeudi, 18 Avril, 2019

En pleine campagne pour les élections européennes, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne ont décidé la reprise de pourparlers avec les États-Unis.

Le traité transatlantique, cet accord de libre-échange et libre investissement abandonné à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir en 2016, revient par la petite porte. Un accord commercial entre les États-Unis et l’Union européenne sera discuté, comme l’exige le locataire de la Maison-Blanche depuis un an. Et les émissaires de l’Union européenne (UE) négocieront le pistolet sur la tempe. La semaine dernière, Donald Trump avait signifié qu’il taxerait pour 11 milliards de dollars de produits européens, notamment dans le secteur automobile, une activité cruciale pour l’Allemagne. Lundi, cédant à la menace protectionniste de Washington, les ministres de l’Agriculture de l’UE ont voté à la majorité qualifiée le lancement de tels pourparlers, qui ne concerneront cette fois-ci que le volet du commerce des biens – en sont exclus les services et les investissements. Seul le ministre français, Didier Guillaume, a voté contre, tandis que son homologue belge s’abstenait (voir encadré).

Les Européens sont sur la défensive. Ce n’est pas nouveau. En 2018, Donald Trump augmente les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium. Un mois plus tard, le 25 juillet, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, tente d’amadouer Donald Trump pour qu’il n’aille pas plus loin. Il lui promet des discussions sectorielles, l’augmentation des importations de soja américain ainsi que de gaz naturel liquéfié. Il obtient alors un sursis sur d’autres hausses de droits de douane. C’est ce délai qui a été remis en cause par Washington la semaine dernière.

Si jusqu’alors il n’y avait pas de tractations, c’est que Washington avait fixé, comme préalable à des discussions sur les produits industriels, l’ouverture de pourparlers en matière agricole. Les Européens se sont rangés, lundi, aux arguments de Donald Trump. Tout le problème est qu’ils n’ont pas défini de lignes rouges.

Or, cela aura des répercussions, s’inquiète la porte-parole de l’association altermondialiste Attac, Aurélie Trouvé. Cela pourrait se traduire par de « nouvelles importations de soja OGM » – qui ont déjà bondi de plus de 100 % depuis juillet 2018 et qui fournissent le bétail en protéines végétales. La feuille de route des autorités américaines est claire : ils entendent mettre fin aux droits de douane en matière agricole, mais également tordre le bras des Européens pour faire accepter les normes américaines… Bienvenue au bœuf aux hormones et autres bizarreries made in USA. À cela s’ajoute, selon la dirigeante d’Attac, le forcing de Washington pour accroître ses exportations énergétiques, au détriment d’une transition verte sur le Vieux Continent.

Membre du parti italien de la Refondation communiste et engagée contre le traité transatlantique, l’eurodéputée Eleonora Forenza voit dans ces discussions une « blessure pour la démocratie et la santé des citoyens ». Au cœur des accords commerciaux de nouvelle génération, on trouve une remise en cause des normes européennes. Si accord il y a, ces dernières ne seront plus définies « par le Parlement, mais par des comités bilatéraux techniques ».

Tout à sa technique du « deal », Donald Trump se fera fort d’imposer ses conditions, face à des Européens désarmés et qui restent engoncés dans une stratégie de libre-échange dont n’ont que faire les puissances américaine et chinoise. La décision de lundi s’inscrit dans « l’accélération des logiques de marché », dénonce Marie-Pierre Vieu, députée européenne PCF. Lors des cinq dernières années, le PCF, la France insoumise, les Verts et Génération.s se sont opposés aux traités de libre-échange. Et cette question sera à nouveau au centre des élections européennes. Élire « des députés européens communistes est un moyen d’adresser une fin de non-recevoir aux traités néolibéraux et de libre-échange », assure Marie-Pierre Vieu. Bloquer les accords de libre-échange n’est pas impossible. En mars, déjà, le Parlement actuel n’a pas trouvé de majorité pour voter le mandat de négociations de la Commission. Outrepassant cette absence de consensus, les ministres ont donné le feu vert aux pourparlers lundi. La Commission, qui discutera avec les émissaires américains en catimini pendant l’été, espère, elle, une entente avec Washington d’ici au 31 octobre. Le Parlement aura alors à se prononcer. Le 26 mai, chaque voix comptera pour empêcher le retour du traité transatlantique.

Gaël De Santis

La pirouette de Macron

Le ministre de l’Agriculture français a été le seul, lundi, à voter contre l’ouverture de négociations commerciales avec les États-Unis. Il s’agirait, selon Emmanuel Macron, de tenir une promesse : ne pas signer de traité de libre-échange avec un pays qui ne respecte pas l’accord de Paris sur le climat. En réalité, les émissaires français à Bruxelles n’ont pas cherché à former un bloc pour empêcher l’ouverture de pourparlers. Maxime Combes, qui suit les négociations pour l’association Attac, voit dans la démarche du président français une « manœuvre électoraliste ».

Commerce. Un accord avec Trump discuté en catimini
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21 avril 2019 7 21 /04 /avril /2019 06:15
Alexandrie, août 2018 - photo Ismaël Dupont

Alexandrie, août 2018 - photo Ismaël Dupont

Moyen-orient. Al Sissi assoit sa dictature en Égypte
Mercredi, 17 Avril, 2019

Les députés égyptiens ont offert hier les pleins pouvoirs au maréchal-président, qui pourrait régner jusqu’en 2030. Un référendum sur le sujet sera soumis au peuple.

Le Parlement égyptien, très largement acquis au président Abdel Fattah Al Sissi, a voté hier matin, au Caire, une révision constitutionnelle donnant la possibilité au maréchal, arrivé au pouvoir via un coup d’État militaire en juillet 2013, de prolonger son bail jusqu’en 2030. L’article 140 lui permet en effet d’étendre son second mandat (1) de quatre à six ans, portant son terme de 2022 à 2024. Le texte offre aussi au dirigeant égyptien le choix de se représenter une troisième fois. Pour beaucoup d’observateurs, ce tour de passe-passe juridico-politique ouvre la voie à une véritable dictature dans un pays qui en porte déjà tous les stigmates. Chantre de la stabilité et de la lutte antiterroriste auprès des chancelleries occidentales, Abdel Fattah Al Sissi, 64 ans, est souvent accusé par les ONG de graves violations des droits humains : torture, disparitions forcées, record d’exécutions capitales, emprisonnement d’opposants, musellement de la presse.

Au siège de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh) de Paris, où se tenait à la même heure une conférence de presse, c’était tout l’enjeu des débats. D’après les chiffres de Human Rights Watch, 60 000 « prisonniers d’opinion remplissent les geôles égyptiennes », a rappelé Claire Talon, spécialiste du monde arabe. La chercheuse basée au Caire est aussi revenue sur d’autres points chauds de cette révision constitutionnelle, notamment la nomination du procureur général qui se fera désormais à la discrétion du président. Sissi conduira aussi le Conseil judiciaire, lui permettant d’influer sur la nomination des juges. « Autrement dit, d’État autoritaire, l’Égypte glisse petit à petit vers un État totalitaire », conclut Claire Talon.

Également présent dans les bureaux de la Fidh, Alain Gresh, spécialiste de l’Égypte et fondateur du journal en ligne Orient XXI, en a profité pour rappeler que la consultation populaire à venir sur le sujet n’était qu’un cache-sexe utilisé par le régime égyptien. « Si vous allez au Caire aujourd’hui, vous y verrez bon nombre d’affiches promouvant le référendum et l’amendement constitutionnel. En revanche, toute distribution de tracts anti-réforme est prohibée. Quiconque s’y risque termine en prison », précise-t-il. Près de 120 personnes appartenant à des partis d’opposition légaux et à d’autres groupes pro-démocratie auraient été arrêtées ces derniers jours.

Paris accompagne l’architecture du régime répressif égyptien

Le politologue a également rappelé les responsabilités de la France dans cette dérive dictatoriale. « Je ne dis pas qu’il faille couper les ponts avec l’Égypte d’Al Sissi. Mais il y a des lignes à ne pas dépasser. Il y a dix ans, Alain Juppé exprimait son regret de ne pas avoir plus insisté sur les droits humains avec certains pays. Aujourd’hui pourtant, au nom de la lutte contre le terrorisme, Paris commet la même faute. Pour ma part, je ne cesse de m’étonner de voir un homme, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, se muer en VRP de nos industries militaires… Cet homme semble porter un amour sans bornes à l’égard d’Al Sissi, qui d’ailleurs le lui a bien rendu en le décorant en 2017… »

Depuis sa prise de pouvoir en 2013, le despote égyptien a, il est vrai, largement profité de l’« accompagnement » de l’Élysée. « Paris a littéralement coconstruit l’architecture du régime répressif d’Al Sissi », rappelait dans nos colonnes, le 27 février dernier, Tony Fortin, de l’Observatoire des armements. « Par exemple, la France a privilégié la fabrication de blindés Sherpa, qui ont été testés dans les rues du Caire lors de manifestations pacifistes. »

Un soutien que le peuple égyptien n’attendait pas venant du pays des droits de l’homme. « N’êtes-vous devenus que des vendeurs d’armes ? Êtes-vous bien sûrs de vouloir continuer à soutenir une dictature ? Tout cela est-il véritablement en corrélation avec vos valeurs ? » Telle fut la triple question posée hier par l’acteur égyptien Amr Waked, de passage à Paris avec le comédien Khaled Abol Naga. Les deux hommes sont venus présenter le lancement officiel d’une nouvelle ONG égyptienne, regroupant activistes des droits humains et de la société civile en exil, l’Egyptian Human Rights Forum. Une initiative dont ils paient déjà le prix fort. Pour avoir voulu critiquer le régime de Sissi, les deux artistes sont sous la menace d’une déchéance de nationalité.

(1) Sissi a été élu pour la première fois en 2014. Et une seconde fois avec 97 % des voix en 2018.
Stéphane Aubouard
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21 avril 2019 7 21 /04 /avril /2019 06:12
Union européenne. Juncker, le charlatan de l’Europe sociale
Vendredi, 19 Avril, 2019

À l’heure des adieux, le président de la Commission se gargarise de « progrès en matière sociale » qu’il est tout de même assez seul à déceler…

Il vaut toujours mieux écrire sa légende soi-même. Roublard comme il est, Jean-Claude Juncker le sait pertinemment. À quelques semaines des élections européennes et, dans la foulée, de la mise en place d’une nouvelle Commission, le président de l’institution bruxelloise s’est, entre embrassades, accolades et bises à l’heure des adieux, employé à le faire, mercredi, dans l’hémicycle du Parlement européen, délivrant son propre éloge en guise de bilan. « Dans l’histoire parlementaire de l’Europe, jamais autant de progrès ne furent faits en matière sociale, qui fut pendant de trop longues années le parent pauvre de la construction européenne », ose ainsi le chrétien-démocrate luxembourgeois devant les députés. Début avril, au micro de la RTBF, la radio de service public belge, Juncker ajustait déjà un maquillage le repeignant en héraut du peuple en souffrance face à des élites indifférentes : « Tout le monde dit que l’Europe doit être sociale, mais le courage politique d’aller au-delà n’est pas là », regrettait-il en appuyant bien sur son amertume.

En 2014, en arrivant au Berlaymont, le siège de la Commission à Bruxelles, après les mandats de José Manuel Barroso, Jean-Claude Juncker a décelé le champ sur lequel il entendait se couvrir d’honneurs. Rattaché au grand groupe de droite (PPE) où les ordolibéraux allemands de la CDU et de la CSU sont hégémoniques, longtemps responsable des politiques de concurrence fiscale parmi les plus agressives en tant qu’ex-ministre des Finances puis premier ministre du Grand-Duché du Luxembourg, il a choisi, au prix d’un faux paradoxe, de s’inscrire dans les pas du socialiste français Jacques Delors, grand artisan de l’Acte unique dans les années 1980. Sur fond de crises des dettes souveraines et de l’euro, endiguées au prix d’une austérité générale et d’une casse sociale dans de nombreux pays de l’Union européenne, Juncker a eu cette trouvaille : au triple A, économique et financier, des agences de notation, il allait opposer, croix de bois, croix de fer, un « triple A social » pour l’Europe.

Aucune harmonisation sociale par le haut pour les Européens

Mais, derrière ce concept de marketing politique aussi alambiqué que fumeux, cinq ans plus tard, les résultats sont très minces pour le champion autoproclamé de « l’Europe sociale ». La grande œuvre de Jean-Claude Juncker demeurera le « socle européen des droits sociaux ». Proclamé en grande pompe, malgré la défection notable d’Angela Merkel, lors d’un « sommet social » de l’Union européenne à Göteborg (Suède) en novembre 2017, ce texte n’a pas la portée que son titre, un brin fallacieux, lui donne. Ce que pressent d’ailleurs le président de la Commission sur le moment. « C’est une longue liste d’intentions, de convictions et de principes, admet-il à l’époque. Mais je ne voudrais pas que ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord soit considéré par les beaux esprits, qui sont nombreux, comme un poème. Ce n’est pas un poème, c’est un programme : programme de principe d’abord, programme d’action ensuite. »

Dans les faits, sur les 20 « principes et droits » qui composent ce nouveau « pilier social » de l’Union européenne, aucun n’a de caractère contraignant, donc ne permet d’avancer vers une réelle harmonisation sociale par le haut pour tous les citoyens européens. Tout un poème, donc, au bout du compte, comme feignait de le redouter le président de la Commission ! En dehors de cet affichage, Juncker ne peut guère se prévaloir de grandes réussites, bien au contraire. Alors que, dans le secteur des transports routiers, la dérégulation continue de mettre en danger des milliers de travailleurs sur les routes, il n’a globalement rien contré du dumping social à travers le travail détaché. Sur l’égalité entre les hommes et les femmes, son congé parental a été largement vidé de sa substance sous la pression de la France d’Emmanuel Macron, au motif qu’il pourrait être trop coûteux… Aujourd’hui, dans la dernière ligne droite de son mandat, la Commission qu’il préside envisage, pour contourner les obstacles, d’essayer de faire passer certaines compétences sociales, comme la lutte contre les discriminations ou les politiques en matière de protection sociale – ce qui inquiète, d’ailleurs, les Scandinaves qui, attachés à leur niveau élevé de protection sociale, redoutent un nivellement par le bas –, de l’unanimité à la majorité qualifiée des États membres.

Loin de son storytelling flûté, un épisode, en particulier, permet de mesurer la profondeur de l’esbroufe sociale du président de la Commission : c’est évidemment le sort réservé au gouvernement Syriza en Grèce, au premier semestre 2015. Dès qu’Alexis Tsipras prend le pouvoir, avec ses ambitions de rupture avec l’austérité et de mise en avant d’une Europe refondée sur la base des aspirations sociales et populaires, Juncker éructe dans le Figaro : « Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités. Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

Le président de la Commission – partie prenante de la troïka – tiendra la ligne de l’étranglement du gouvernement récalcitrant. Quelques années plus tard, Juncker finira par admettre qu’en imposant dans le mémorandum austéritaire infligé aux Grecs des restrictions drastiques en matière de négociation collective, il foulait aux pieds la Charte européenne des droits fondamentaux et il ne l’ignorait même pas, se réfugiant derrière des arguties juridiques sur le fait que les programmes d’austérité ne découlent pas directement du droit européen et n’ont donc pas l’obligation de respecter ses principes fondamentaux… Une manière, au fond, de renvoyer le social à sa juste place en Europe, selon lui : celle d’un mirage qui s’estompe toujours à l’horizon…

Thomas Lemahieu
Union européenne. Juncker, le charlatan de l'Europe sociale (Thomas Lemahieu, L'Humanité, 19 avril 2019)
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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 10:07

Tribune. Depuis 2015, la coalition militaire menée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, soutenue par les Etats-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et la France a engendré «la pire crise humanitaire au monde» selon l’ONU. Le bilan est terrifiant, 10 000 morts selon les chiffres officiels, et plus de 70 000 d’après les ONG. Du fait de l’embargo et de la destruction des infrastructures civiles, une famine sans précédent touche 16 millions de Yéménites. Cinq millions d’enfants sont touchés par la malnutrition retardant ainsi leur développement physique, mental et cognitif. Un enfant meurt au Yémen toutes les cinq minutes, une génération entière s’éteint.

Au service de l’industrie de l’armement 

La communauté internationale détourne le regard. La France n’échappe pas à cette règle, tiraillée entre les ventes d’armes aux membres de la coalition, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis en tête, et ses engagements internationaux. Le président de la République a beau affirmer qu’«il est faux de dire que l’Arabie Saoudite est un grand client aujourd’hui de la France», elle se hisse pourtant à la deuxième place en matière d’exportations d’armes.

 

Le gouvernement a connaissance de la gravité de la situation mais refuse toute responsabilité. Le président de la République justifie sans complexe cette stratégie, considérant que «c’est pure démagogie que de dire d’arrêter de vendre des armes à Riyad». Lorsque des milliers de Yéménites meurent et que des millions d’autres sont menacés par la famine, le dilemme n’est plus économique mais moral.

Au mépris du droit international 

Cette politique d’exportation, rentable financièrement, se fait au mépris des traités internationaux, et engage, comme lors des quinquennats précédents, la responsabilité de notre pays. L’article 6 du Traité sur le commerce des armes, ratifié en 2014 par la France, interdit en effet toute vente d’armes dès lors qu’elles sont susceptibles d’être utilisées contre des populations civiles. Et pourtant ce sont près de 3,4 milliards d’euros d’armement qui ont été livrés à l’Arabie Saoudite entre 2015 et 2017, au plus fort du conflit. En vendant ces armes (chars Leclerc, avions ravitailleurs A330 MRTT, corvettes Gowind, canons Caesar, systèmes de ciblage pods) la France s’est même engagée auprès de l’Arabie Saoudite à assurer leur maintenance sur plusieurs décennies. Malgré le conflit, notre pays maintient sa coopération militaire avec Riyad.

Si le Parlement européen – comme d’autres pays européens tels que la Finlande, les Pays Bas, la Suisse – s’est prononcé en faveur de la suspension des livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis en décembre 2018, le gouvernement reste inflexible. Les récents votes du Sénat et de la chambre des représentants sur l’arrêt du soutien militaire, dont les ventes d’armes, n’auront pas non plus suffi à infléchir la stratégie américaine.

Contrôle opaque et antidémocratique

Ce commerce lucratif pour les industries de défense s’appuie sur des règles opaques, excluant de fait tout contrôle démocratique. En effet, l’attribution des licences d’exportation est entièrement aux mains de l’exécutif. Les règles d’attributions ainsi que les décisions prises par la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), chargée de conseiller le Premier ministre en la matière, sont protégées par le secret-défense. Le Parlement est totalement absent de ce processus décisionnaire. La seule information dont disposent les citoyens se fait sous la forme d’un, très sommaire et peu précis, rapport au Parlement publié chaque année. Ni l’intitulé précis du matériel vendu, ni le nom du fabricant, ni la quantité du matériel ne sont indiqués. Malgré la demande des ONG françaises depuis 1997 de la création d’un office parlementaire, le contrôle des exportations a posteriori, notamment la traçabilité, est quasi inexistant.

Dans d’autres pays européens, une plus grande implication du Parlement permet un meilleur contrôle des autorisations d’exportations d’armes. Pour que cette situation cesse, nous demandons la mise en place d’une délégation parlementaire qui participera au processus de décisions pour l’attribution des licences d’exportation. L’urgence commande de telles mesures, pour que la France mette sa diplomatie au service de la paix, et cesse de se rendre complice de puissances criminelles.


 

Signataires:
 

Alexis Corbière député France insoumise, Christian Hutin, député socialiste, Jean-Paul Lecoq député Gauche démocrate et républicaine, Sébastien Nadot député non-inscrit, Esther Benbassa sénatrice Europe Ecologie-les Verts, Frédérique Dumas députée UDI, Jean Felix Acquaviva député Liberté et territoires, Manon Aubrycandidate France insoumise aux élections européennes, Clémentine Autain députée France insoumise, Joël Aviragnet député socialiste, Marie-Noëlle Battistel député socialiste, Marie-George Buffetdéputée Gauche démocrate et républicaine, Ugo Bernalicis député France insoumise, Alain Bruneel député Gauche démocrate et républicaine, Moetai Brotherson député Gauche démocrate et républicaine, Erica Bareigts députée socialiste, Gisèle Biémouretdéputée socialiste, Christophe Bouillon député socialiste, Guy Bricout député socialiste, Luc Carvounas député socialiste, André Chassaigne député Gauche démocrate et républicaine, Eric Coquereldéputé France insoumise, Alain David député socialiste, Pierre Dharreville député Gauche démocrate et républicaine, Jean-Paul Dufrègne député Gauche démocrate et républicaine, Laurence Dumont députée socialiste, Elsa Faucillon députée Gauche démocrate et républicaine, Olivier Faure député socialiste, Caroline Fiat députée France insoumise, Guillaume Garot député socialiste, Raphaël Glucksmann candidat Place Publique aux élections européennes, David Habib député socialiste, Régis Juanicodéputé socialiste, Sébastien Jumel député Gauche démocrate et républicaine, Marietta Karamanli députée socialiste, Manuéla Kéclard-Mondésir députée Gauche démocrate et républicaine, Jean Lassalle député non-inscrit, Michel Larive député France insoumise,Jerôme Lambert député socialiste, Bastien Lachaud député France insoumise, Serge Letchimy député socialiste, Josette Manin députée socialiste, Jean-Luc Mélenchon député France insoumise, Jean Michel Clément député Libertés et territoires, Paul Molac, député Libertés et territoires, Danièle Obono députée France insoumise, Younous Omarjee France insoumise aux élections européennes, Mathilde Panot députée France insoumise, Georges Pau-Langevindéputé socialiste, Stéphane Peu député Gauche démocrate et républicaine, Christine Pires-Beaune députée socialiste, Dominique Potier député socialiste, Loïc Prud’homme député France insoumise, Adrien Quatennen, député France insoumise, Valérie Rabault députée socialiste, Jean-Hugues Ratenon, député France insoumise, Muriel Ressiguier députée France insoumise,Fabien Roussel député Gauche démocrate et républicaine, Sabine Rubin députée France insoumise, François Ruffin député France insoumise, Bénédicte Taurine députée France insoumise, Sylvie Tolmont députée socialiste, Hervé Saulignac député socialiste, Hélène Vainqueur-Christophe députée socialiste, Boris Vallaud député socialiste, Michèle Victory députée socialiste, Hubert Wulfranc député Gauche démocrate et républicaine.


 

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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 05:09
La toile de fond des élections européennes: quelques éléments sur l'évolution des rapports de force en Europe et les défis pour la gauche européenne (note de Vincent Boulet, secteur International-Europe du PCF)

 

Note - Quelques éléments sur l’évolution des rapports de force en Europe et les défis pour la gauche européenne

Par Vincent Boulet, animateur secteur Europe du PCF - présent à la dernière AG départementale du PCF à Pont-de-Buis en décembre 2018 sur les questions européennes.

 

Éléments en toile de fond de la campagne des Européennes.

1/ L’onde de choc du (non-)Brexit :
  • Montre que la sortie de l’Union Européenne ne règle rien. Rapport du comité des droits de l’homme de l’ONU de novembre dernier. 900 000 personnes de plus dans la pauvreté : fin du versement des fonds structurels. Empire les effets des politiques d’austérité en Angleterre : les city councils ont perdu 30% de leur financement, des écoles qui font appel au crowfunding pour survivre (élections locales en Angleterre et en Irlande du Nord le 2 mai prochain)
     
  • Raideur de l’UE. Michel Barnier : tout faire pour défendre « le marché intérieur » c'est-à-dire les quatre « libertés fondamentales de l’UE » dans les 27 pays : liberté de circulation des personnes, des marchandises, des services, des capitaux. Réaffirmé par le livre blanc de la commission sur l’avenir de l’Europe de la CE de 2017.
     
  • Urgence de changer d’Europe ! Respect des droits démocratiques et souverains des peuples et Europe.  « Union des peuples et des nations souverains et associés » => mais donc la question est : comment faire bouger les rapports de force en Europe pour rendre cette perspective crédible ? Alors que l’image donnée par le Brexit jusqu’à présent est : l’UE on ne peut ni en sortir, ni la changer. Ce qui peut avoir des conséquences politiques importantes. C’est un défi pour toute la gauche européenne !
2/ Les effets dans les droites européennes et les bourgeoisies européennes

Bourgeoisie allemande : Toujours contre la mutualisation des dettes depuis Schauble. Mais un bouger avec encore moins d’intégration. UE comme zone de libre-échange et de contrôle du budget et des dépenses publiques. Défi de la récession de l’économie allemande alors que la bourgeoisie allemande est le fer de lance de la mise en place de politiques d’austérité en Allemagne depuis 2010 : va-t-on vers une limite au modèle fondé sur le tout-exportation ?

  • Lettre d’Annegret Kramp-Karrenbaue, présidente de la CDU en réponse à la tribune de Macron : défense du marché unique et contre un pas en avant vers un modèle d’une zone Euro intégrée : « Aucun super-Etat européen ne saurait répondre à l'objectif d'une Europe capable d'agir […]Refonder l'Europe ne se fera pas sans les Etats-nations ». La bourgeoisie allemande veut garder son autonomie.
     
  • Repositionnement de certaines bourgeoisies européennes pour contrebalancer la perte d’un défenseur de l’UE comme simple zone de libre-échange comme le Royaume-Uni : « ligue hanséatique » selon le Financial Times, en alliance objective avec la bourgeoisie allemande. Petits pays comme les pays Baltes, l’Irlande, les Pays-Bas, le Danemark…
     
  • Blocage du projet de Macron : Budget de la zone Euro : Réunion de l’Eurogroup le 5 avril : les Pays-Bas (porte flingue de l’Allemagne, disent tout haut ce que l’Allemagne pense tout bas), exigent droit de veto pour les dépenses.
     
  • Question sur avenir du « couple franco-allemand » : traité d’Aix la Chapelle avec peu d’éléments concrets et nouveaux mis à part dans le domaine diplomatique (et là c’est un problème). Différenciations lors du Conseil européen mercredi 10 avril sur le Brexit.
3/ Les extrême-droites européennes

Réunion organisée lundi par Matteo Salvini. L'extrême droite qui s’organise et qui a l’ambition de constituer le 3e groupe au Parlement européen avec 100 à 120 députés. Ce pôle n’est pas encore construit : des nationalistes allemands peuvent-ils passer sous le leadership d’un nationaliste italien ?

Deux éléments majeurs à noter :

  1. La présence de partis qui siègent dans le groupe ECR avec les conservateurs britanniques et qui servent de passe-plats avec la droite conservatrice et qui font partie dans leur pays de solution de pouvoir avec la droite ou qui pèsent sur des gouvernements de droite : Danemark (Parti populaire danois) Finlande (Vrais Finlandais, enjeu des élections législatives en Finlande le 14 avril).
     
  2. La volonté de peser sur l’UE explicitée : l’extrême droite participe à 9 gouvernements aujourd’hui dans l’UE (dernier arrivé : accord de coalition en Estonie signé mercredi 10 avril). Ambition d’avoir des commissaires européens. Déclaration de Jorg Meuthen (AfD) : « nous voulons refonder l’Europe et le PE sans les détruire. Nous voulons apporter un changement radical ».

L’extrême droite pose donc désormais de manière très claire et avec des relations qui restent compliquées mais qui sont de plus en plus assumées entre les différents partis : la question du pouvoir dans les États et au niveau de l’UE.

  • A noter que l’engluement dans lequel se trouve le Brexit radicalise également les positions du parti conservateur britannique [qui est un fer de lance en Europe du raidissement identitaire des partis conservateurs en Europe], entraînant une certaine distanciation entre le centre de gravité de ce parti qui se décale vers la droite et le patronat britannique (le CBI – MEDEF anglais- se prononce pour une nouvelle consultation sur le Brexit). Alors que 170 MP torys sur 317 ont demandé à May de sortir à tout prix de l’UE le 12 avril avec ou sans accord. Les négociations (sans résultat) de May avec Corbyn ont encore davantage cristallisé ce camp droitier.
  • Derrière : une dérive « impériale » en filigrane mais aussi la question de la place du capitalisme britannique dans la recomposition des rapports de force internationaux : Liam Fox, secrétaire d’État au Commerce extérieur, est à la fois un partisan du Commonwealth impérial et d’un accord de libre-échange total avec les USA.
4/ L’interrogation sur l’avenir de la social-démocratie

Également percuté par la perte du parti travailliste corbynien de l’UE qui a des conséquences sur la social-démocratie dans l’UE et sur la gauche européenne en général.

Recompositions en son sein en cours et dans des sens contradictoires :

Les partis qui ont porté les projets de protocoles sociaux « ajoutés » à l’UE libérale sans la remettre en cause (France) et ceux qui ont accepté purement et simplement l’Union Européenne libérale (SPD, parti social-démocrate néérlandais) sont en crise + crise de la social-démocratie scandinave (Suède : pays de l’OECE où les inégalités ont le plus augmenté depuis les années 80 => sociaux-démocrates se maintiennent de justesse au pouvoir après les élections législatives de 2018 avec soutien des partis libéraux).

  • Évolution dans la géopolitique de la social-démocratie dans le prochain Parlement Européen : va perdre beaucoup de députés :
  • Tendances contradictoires :  
  • place des Espagnols et des Portugais. C'est-à-dire sociaux-démocrates qui mènent une politique progressiste : avec une interrogation sur leur avenir (élections législatives en Espagne le 28 avril et au Portugal le 6 octobre octobre). Si ces expériences sont battues, cela va aussi avoir des répercussions sur l’ensemble de la gauche européenne. Si elles sont reconduites, cela va au contraire les repositionner peut-être dans une place plus centrale que ce qu’elles occupent à l’heure actuelle dans l’échiquier politique de la gauche en Europe.
  • Et « en même temps » candidat du Parti Socialiste Européen à la commission : Frank Timmermans, Vice-président de la Commission européenne à côté duquel même Moscovici fait figure de gauchiste.

Les Verts sont-ils en train de phagocyter une partie de l’espace de la social-démocratie « germanique »? Percée là où ils sont dans une perspective « ni droite ni gauche ».

  • En Allemagne : sont passés devant le SPD dans les sondages = Verts déjà en alliance avec la CDU au Bade Wurtemberg, en Hesse et en Schleswig-Holstein ; et dans des gouvernements SPD-CDU-Verts en Rhénanie Palatinat et Saxe Anhalt.
  • Aux Pays-Bas : la « gauche verte » essaie d’apparaître comme un recours contre la poussée de l’extrême droite (cf élections provinciales du 20 mars = 60 sièges au total contre 53 pour parti social-démocrate) = n’exclut pas alliance avec les libéraux.
Les défis pour la gauche européenne dans un paysage social et politique mouvant

Gauche européenne : évolutions géopolitiques et politiques avec plusieurs facteurs. Difficile de dresser une typologie car dépend aussi du contexte national. Toutes font face à des défis structurels.

- Question de la reconstruction de la gauche dans des pays où elle a quasiment disparu.
Italie. Accord sur la coalition « Sinistra » en Italie PCR-sinistra italiania-altra europa = question unité avec en évidence références au PGE (Sinistra italiana n’en est pas membre) et à la GUE.
 

- Forces issues des recompositions des années 90/2000 (suite de la chute du Mur):

  • Die Linke : socle électoral à 7-9% (image brouillée sur les migrants avec S. Wagenknecht et O. Lafontaire dont l’initiative semble avoir fait long feu) avec des évolutions importantes : stagnation à l’Est et poussée à l’Ouest. Renouvellement militant important (1/3 de nouveau, 2/3 de jeunes de moins de 30 ans) => potentiel de renouveau, de dynamisme à construire. Transformer ce potentiel en résultats politiques. Élections locales à Brême le 26 mai, peut être opportunité de participer pour la première fois à un gouvernement de Land à l’ouest.
  • Bloc de gauche au Portugal : la question du pouvoir lui est posée, d’important débats internes sur cette question, sur le bilan de la formule de pouvoir avec  PS et Parti Communiste Portugais.

- Aux forces anciennes qui ont connu un essor particulier dans un contexte favorable

  • PS néerlandais qui ne profite pas de la crise de la social-démocratie => aux Verts et qui actuellement en repli (perte de la moitié de ses conseillers provinciaux aux élections de mars)
  • Cas du PTB belge : d’importants défis devant lui (qui se sont ébauchés lors des dernières élections locales) : le PTB peut-il proposer une formule politique avec une ambition majoritaire ? Le président du PS néerlandais, qui vient de la même tradition politique, qui a buté sur cette question montre l’ampleur de ce défi.
  • Parti Communiste Portugais : au défi du bilan de la formule PCP-PS-BE, en des termes différents que le BE et cela semble pour l’instant ne pas lui profiter (perte de MEP de 3 à 1 ou 2).

- Les forces qui ont émergé des nouveaux mouvements sociaux : celles qui réussissent sur le long terme sont celles qui posent à nouveau le clivage gauche/droite => impasse du « populisme de gauche » sous la forme sous laquelle cela a émergé en 2011-2012.

De ces forces, prenons deux extrêmes :

  • Crise de Podemos : sur cette question. Sur bien fondé de la coalition « Unidos Podemos », reconduite aux élections générales et européennes sous le nom « Unidas Podemos » : une organisation qui va vers une formule d’union de la gauche ou une formule « à la portugaise » ? ou vers une espèce de « populisme centriste » aux contours vagues comme semble le porter Errejon à Madrid ?
  • Cas particulier de la FI : ne procède pas d’un mouvement social mais a essayé de se greffer sur la notion de « populisme de gauche » mais on voit que de grands débats d’orientation sont devant elle notamment pour les municipales de 2020. Mais il y a un espace politique à gauche qu’elle occupe.
  • Dans ce mouvement de nouvelles forces, il n’y a pas que des forces qui se référent ou qui se sont référées au « populisme de gauche » : Slovénie : Levica (la gauche), issue de formations politiques qui sont nées dans le mouvement social. 9 sièges sur 90 aux élections de 2018.

- Les défis : celle de la majorité sociale et politique ? du pouvoir ?

  • Prise en compte des revendications qui montent de la société alors que ces dernières ne se situent pas spontanément dans un clivage droite/gauche (c'est-à-dire pas dans un clivage de classe) mais qui portent des exigences sociales, écologiques (grèves climatiques…), fiscales ou de lutte contre la corruption dans des pays d’Europe de l’Est hors des organisations traditionnelles du mouvement ouvrier
  • Le cas français est très regardé en Europe. Beaucoup de questions de la part des autres forces de gauche en Europe. Les 10 propositions du PCF, les propositions de loi…
  • Serbie. Mouvements populaires contre l’autoritarisme du président Vucic mais quelle perspective politique ? (mouvements aussi au Monténégro, en Albanie…) : avec dans le mouvement, parmi ses initiateurs, les partis d’opposition anciennement au pouvoir dans les années 2000 (regroupés aujourd'hui dans « Alliance pour la Serbie » qui inclut des éléments d'extrême droite) et que le mouvement a été déclenché avec l’agression d’un leader de l’opposition Borko Stefanovic, dont le parti s’appelle « la gauche » mais qui n’est de gauche que de nom, et qui a organisé en 2008 le bradage de la compagnie nationale de pétrole pour Gazprom pour 1/5 de sa valeur. Mais dans le mouvement il y a des aspirations diverses : sur la privatisation des logements sociaux par ex, les effets des privatisations massives réalisées dans le cadre de l’accord de stabilisation et d’association avec l’UE dans le cadre des négociations d’adhésion (l’accord en soi n’est pas remis en cause).
  • Slovaquie : victoire à l’élection présidentielle de Zuzana Čaputová contre le candidat du parti au pouvoir, social-démocrate de nom mais très conservateur qui gouverne en coalition avec un parti proche de l'extrême droite en réalité. Pas anodin que le candidat défait Maroš Šefčovič soit aussi commissaire européen de l’énergie et fait partie de la commission européenne depuis la commission Barroso I. Mais les rapports de force politiques dans le pays ne changent pas fondamentalement pour le moment et l'extrême droite reste forte. Une aspiration à plus de transparence mais quelle évolution ? quelle place pour la question sociale ?
  • Poser la question du pouvoir d’une manière nouvelle : une « école portugaise » est-elle en train de naître en Europe ? même si le PCP et le BE ne considèrent pas le Portugal comme un modèle.
  • Cas du Portugal : perspective des législatives d’octobre
  • Cas de la Slovénie : Levica soutient sur quelques mesures un gouvernement libéral minoritaire formé pour faire barrage aux partis droitiers et notamment au Parti démocratique slovène, arrivé en tête, qui s’aligne sur Orban. Dans ce soutien ponctuel, désaccords affichés, notamment en politique étrangère et refus de signer un accord (différence avec le Portugal) mais soutien à des mesures précises : augmentation du salaire minimum (porté à 700 euros), mesures pour le logement, réforme fiscale progressiste.
  • Cas du Danemark : perspective des législatives de 2019 (avant le 17 juin) : renverser la majorité libérale qui gouverne avec le soutien de l'extrême droite. ARV « lignes rouges » sur le droit du travail, les conventions collectives et les migrants = pour expérimenter une formule de soutien d’un éventuel gouvernement social-démocrate. Dépend aussi des contours dudit gouvernement.
  • Cas de l’Irlande : conférence annuelle du Sinn Féin 2018, dans la perspective du Brexit : à quelles conditions participer au gouvernement dans la perspective d’une campagne pour un référendum de réunification de l’île?

Les défis posés aux cadres transpartidaires européens

- La GUE : question du maintien de son cadre confédéral : anticiper aussi les changements internes à la GUE avec un renforcement des divergences stratégiques internes dans le prochain mandat (entrée de la FI, initiatives de Syriza, de Die Linke). Il est de ce point de vue absolument crucial que nous y restions !
- Le PGE : importance majeure du congrès de décembre sur le rôle du PGE dans ce contexte : il a fait des choses importantes dans la dernière période (lancement du forum de la gauche progressiste, affirmation de son rôle au niveau international avec par exemple l’établissement de relations avec la gauche américaine) mais a du mal à trouver sa place dans la campagne des Européennes. Extrêmement utile comme « ministre des affaires étrangères » de la gauche européenne mais rôle pour la gauche européenne elle-même ?
- Forum de la gauche progressiste : c’est la grande nouveauté de ces dernières années, à populariser davantage en France, mais le cadre se structure peu à peu et a pris son indépendance par rapport au PGE.

Les cadres auxquels on ne participe pas :

Maintenant le peuple/Plan B : deux contradictions majeures :

    Maintenant le peuple : les intérêts de la FI (donner à Jean-Luc Mélenchon un cadre alternatif au PGE et initialement peut être aussi à la GUE) ne correspondent pas à ceux des partis qui en sont membres et qui peuvent poursuivre dans leurs pays des politiques qui ne correspondent pas à la stratégie de la FI en France = mais utiliser Jean-Luc Mélenchon comme une « étiquette » pour se prévaloir du soutien de quelqu'un qui a fait 17% à l’élection présidentielle en France (cf documents de campagne de l’ARV pour les Européennes)

    Plan B = deux conceptions :

  • Une conception étroite Plan A/ Plan B (Plan B = sortie des traités = sortie de l’UE réaffirmée par A. Corbière cette semaine).
  • Une conception large : celle des Suédois : conférence du plan B à Stockholm large (ex : avec le SF qui n’est pas du tout pour la sortie des traités et de l’UE !) mais qui est également utilisé comme « étiquette ».

Les cadres qui peuvent émerger :

- CC de Syriza d’un nouveau regroupement européen avec la gauche européenne, les Verts, la social-démocratie ; à partir de l’expérience du progressive caucus au PE : opposition à l'extrême droite et aux conservateurs mais dans une orientation politique peu définie.

Et nous ?

    = rôle et importance du PGE, de la GUE et du forum européen, chacun dans leur rôle = déclaration commune PCF/Die Linke du 8 avril.

    Surtout dans le contexte où nous ne savons pas quelle place nous aurons au PE après les élections :

    GUE : fonctionnement confédéral où tout le monde peut s’y retrouver

    Développement du forum européen

    Retravailler le rôle du PGE en « interne » pour ses partis membres à l’occasion du prochain congrès.

    Mettre en avant que nous ne sommes pas seuls en Europe durant la campagne.

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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 04:45
Tribune libre solidarité. Pas un Kurde ne doit mourir sur notre sol
Mercredi, 17 Avril, 2019

Tribune publiée dans l'Humanité: Pas un Kurde ne doit mourir sur notre sol

Signataires : Ariane Ascaride, Josiane Balasko, Rony Brauman, Pierre Laurent, Gérard Mordillat, Robin Renucci.

Nous sommes en colère car, en 2019, sur le sol de notre pays, des femmes et des hommes, des militants de la cause kurde pourraient mourir dans l’indifférence générale alors même que les combattants kurdes étaient encore salués il y a quelques jours quand est tombé le dernier bastion de l’État islamique, à Baghouz en Syrie.

Ils combattent pour notre liberté en Syrie et en Turquie, où populations et militants kurdes résistent avec courage à la dictature d’Erdogan. Ils viennent de lui infliger un cinglant désaveu lors des élections municipales du 31 mars, en réélisant toutes les municipalités kurdes que le dirigeant d’Ankara avait destituées, jetant leurs maires en prison.

Des milliers de Kurdes croupissent dans les geôles d’Erdogan. Le 8 novembre 2018, la députée Leyla Güven a entamé une grève de la faim. Sa vie ne tient aujourd’hui qu’à un fil. Des milliers d’autres prisonniers mènent à présent cette grève de la faim au péril de leur vie. Huit sont déjà décédés. Qui en parle ?

Depuis trois ans, leur dirigeant, Abdullah Öcalan, ne reçoit plus aucune visite de sa famille, ni des avocats. Les grévistes demandent la fin de ce régime d’isolement et la reprise d’un processus de négociations entre le pouvoir turc et les Kurdes.

En France, à Strasbourg, 14 militants kurdes, hommes et femmes, ont rejoint ce mouvement de grève de la faim depuis le 17 décembre. Leur vie est à leur tour en danger. Le silence des autorités françaises et européennes, comme des médias, est injustifiable. Il peut contribuer à l’irréparable, la mort d’une, d’un ou de plusieurs d’entre eux. Nous ne l’acceptons pas.

Nous lançons un appel au réveil des consciences. Les Kurdes qui montent au front pour notre liberté doivent être secourus et entendus. Nous demandons au gouvernement français d’aller les rencontrer sur place à Strasbourg. Nous appelons les médias à rompre le silence, à informer sur leur action et à faire entendre leurs revendications. Nous appelons tous les démocrates de France à se mobiliser pour que cesse l’indifférence qui peut aujourd’hui leur coûter la vie.

Faudra-t-il la mort d’un des 14 militants kurdes, grévistes de la faim à Strasbourg depuis près de 120 jours, pour que se réveille la France des droits humains ?

Tribune libre solidarité. Pas un Kurde ne doit mourir sur notre sol - L'Humanité, 17 avril: tribune signée par Pierre Laurent, Ariane Ascaride, Josiane Balasko, Gérard Mordillat, Robin Renucci, Rony Brauman
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