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10 novembre 2021 3 10 /11 /novembre /2021 06:27

Comité de soutien à Salah Hamouri, AFPS et Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

 

 

Voilà 20 ans qu’Israël s’acharne contre Salah Hamouri, citoyen franco-palestinien, avocat, défenseurs des droits humains.

Ce lundi 18 octobre, il s’est vu notifier la révocation de son statut de résident de Jérusalem. Il ne lui reste qu’une toute dernière possibilité d’appel sous 30 jours.

>> Voir le communiqué de l’AFPS et du Comité de soutien à Salah Hamouri

>> Voir le communiqué du Comité de soutien à Salah Hamouri

C’est maintenant en vertu d’une loi inique qu’Israël projette d’expulser Salah Hamouri. Les Palestiniens de Jérusalem sont soumis par Israël au statut précaire de résident et Israël entend leur imposer un devoir d’allégeance. C’est pour défaut d’allégeance qu’Israël a décidé de révoquer le statut de résident de Salah Hamouri, premier pas vers son expulsion de sa terre natale.

Comment la France peut-elle accepter que l’un de ses ressortissants soit ainsi soumis à de tels actes inhumains, à des violations constantes de ses droits élémentaires ?

Elle sait parfaitement se faire entendre quand elle en a la volonté, on l’a vu à de nombreuses reprises. Il est temps de le faire avec Israël.

Le Président de la République doit s’exprimer publiquement sur le cas de Salah Hamouri et affirmer qu’il ne laissera pas ainsi les droits élémentaires d’un citoyen français bafoués. Il est de sa responsabilité de protéger tous les citoyens français où qu’ils se trouvent.

Le Président de la République doit mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose pour que ce harcèlement de 20 ans cesse.

Salah doit pouvoir vivre à Jérusalem avec sa femme et ses enfants, c’est son droit le plus élémentaire. Le Comité de soutien à Salah Hamouri, l’Association France Palestine Solidarité et la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine appellent toutes celles et tous ceux qui sont épris de justice à interpeller le Président de la République.

Appel à action

Envoyez le message ci-dessous au Président de la République en remplissant le formulaire en ligne sur http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/

Monsieur le président de la République,

Voilà 20 ans qu’Israël s’acharne contre Salah Hamouri, citoyen franco-palestinien, avocat, défenseurs des droits humains. Ce lundi 18 octobre, il s’est vu notifier la révocation de son statut de résident de Jérusalem. Cette révocation est la dernière marche avant son expulsion de sa terre natale.

Il ne lui reste qu’une toute dernière possibilité d’appel sous 30 jours.

C’est pour « défaut d’allégeance » qu’Israël a décidé de révoquer le statut de résident de Jérusalem de Salah Hamouri, en vertu d’une loi inique qui contrevient en tous points au droit international : NON, une personne vivant sous occupation ne doit pas allégeance à l’occupant ; OUI, elle a le droit de vivre sur sa terre natale et de résister à l’occupation.

Salah Hamouri doit pouvoir vivre à Jérusalem avec sa femme et ses enfants, c’est son droit le plus élémentaire.

Nous vous demandons de vous exprimer publiquement sur le cas de Salah Hamouri et de recevoir sa femme officiellement à l’Élysée pour marquer le soutien que vous leur apportez et votre réprobation à Israël.

Nous vous demandons de vous engager et de faire tout ce qui en votre pouvoir pour que soient respectés les droits élémentaires de Salah Hamouri et de sa famille à qui vous devez assistance et protection.

« Suivre l’affaire de près » - comme dit le faire votre Ministre de l’Europe et des affaires étrangères - ne suffit pas, il faut des actes !

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma haute considération.

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 08:51
Espagne. Confortée, Yolanda Diaz, ministre communiste du travail, repart au charbon (Thomas Lemahieu, L'Humanité, 3 novembre 2021)
Espagne. Confortée, Yolanda Diaz repart au charbon
Mercredi 3 Novembre 2021- L'Humanité

En bisbille sur la réforme cruciale du marché du travail, les socialistes et Unidas Podemos enterrent la hache de guerre. La ministre communiste du Travail continuera de tenir le cap.

 

C’était la crise la plus aiguë qu’elle a traversée, mais c’est fini, jusqu’à nouvel ordre… La coalition entre les socialistes (PSOE) du premier ministre Pedro Sanchez et l’alliance de gauche Unidas Podemos, emmenée par la vice-présidente communiste du Conseil des ministres Yolanda Diaz, a trouvé un terrain d’entente. Après des semaines d’âpres débats au sein du gouvernement espagnol, une réunion au sommet, mardi midi, a permis de dégager un consensus sur une des réformes les plus déterminantes de leur programme, celle du marché du travail. Il s’agit, pour la gauche espagnole, de défaire le travail de sape sur les protections sociales et les garanties collectives conduit par le gouvernement conservateur et ultralibéral de Mariano Rajoy, au plus fort de l’austérité au début des années 2010, mais également de créer de nouveaux droits pour les travailleurs. Une des mesures emblématiques est d’ailleurs déjà entrée en vigueur dès cet été. Les plateformes de l’économie numérique sont dorénavant contraintes d’employer leurs livreurs sous un statut non plus d’autoentrepreneur ou d’indépendant, mais de salarié.

Hausse du salaire minimum de près de 30 % ces dernières années, restriction d’un droit des licenciements largement dérégulé, encadrement de la sous-traitance, lutte contre la précarité, avec, notamment, la fin programmée d’une forme de contrat de mission, rétablissement de la hiérarchie des normes qui ferait prévaloir l’accord de branche sur des accords d’entreprise moins-disant, dans bien des cas. Par exemple, sur le temps de travail, réintroduction de la clause empêchant les patrons de dénoncer des accords, sans rien proposer derrière, afin de baisser les droits et protections collectives… Cette orientation politique subit depuis des mois les foudres de la droite ou du patronat à Madrid. La nouveauté, c’est que, ces dernières semaines, la socialiste Nadia Calviño, ministre de l’Économie et elle aussi vice-présidente du gouvernement espagnol, s’est jointe au chœur des critiques contre Yolanda Diaz, revendiquant de lui reprendre les dossiers et la conduite des négociations.

Reprise des termes précis contenus dans l’accord de coalition

Dans la foulée, la ministre du Travail espagnole a été présentée dans la presse de droite comme une « pasionaria du XXIe   siècle » qui serait « plus dangereuse que Pablo Iglesias », qu’elle a, au printemps dernier, remplacé au gouvernement et à la tête de Podemos. Difficile, toutefois, pour Pedro Sanchez, de se passer de Yolanda Diaz, qui caracole en tête devant toutes les autres personnalités politiques dans les sondages de popularité. Aussi, au milieu de la semaine dernière, le premier ministre espagnol a-t-il dû confirmer que c’était bien elle, et non Calviño, qui conduirait, dans la dernière ligne droite, la négociation avec les syndicats, très enthousiastes devant le programme de réformes, mais également avec les représentants des entreprises.

Mardi, après que la Commission européenne a, ce week-end, été forcée d’admettre qu’elle ne pouvait pas, sous prétexte de sa supervision en vue du déblocage des fonds accordés via le plan de sauvetage européen, bloquer directement la réforme défendue par Yolanda Diaz, le PSOE et Unidas Podemos ont enterré la hache de guerre, et repris les termes précis contenus dans leur accord de coalition il y a quelques années. Le gouvernement réitère sa détermination à combattre les « principales anomalies du marché du travail en Espagne » que sont, « avec le chômage », « les contrats temporaires et la précarité ». Pour l’heure, à la satisfaction affichée d’Unidas Podemos, il maintient le cap sur les accords d’entreprise qui ne pourraient plus déroger, pour le pire, aux accords de branche, mais le porte-parole du gouvernement Sanchez affirme rechercher un consensus entre les organisations syndicales et patronales sur le sujet… « Aujourd’hui, ceux qui ont gagné, ce sont les travailleuses et les travailleurs du pays, se félicite Yolanda Diaz, de son côté. Nous allons mettre fin au modèle de préca rité des emplois qui a été imaginé et mis en œuvre par le Parti populaire. »

Des syndicats prudents

Pour Unai Sordo, réélu la semaine dernière secrétaire général des Commissions ouvrières (CCOO), l’un des plus puissants syndicats espagnols, le gouvernement de coalition entre les socialistes (PSOE) et Unidas Podemos va devoir se soumettre à une « épreuve de vérité » dès ce mercredi. Une rencontre est, en effet, prévue avec les organisations syndicales et patronales. « La position du gouvernement n’est pas exactement celle des syndicats », tient à préciser Sordo, citant l’encadrement des licenciements. L’UGT, l’autre grande centrale, salue tout de même la volonté de « rétablir un équilibre » dans la négociation sociale.

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 06:16
Cop 26 - Dix ans décisifs pour agir - Fabien Roussel
Cop 26 - Dix ans décisifs pour agir - Fabien Roussel

COP 26 : 10 ans décisifs pour agir !

La COP 26 de Glasgow ne saurait se satisfaire des beaux discours des dirigeants mondiaux bien souvent en contradiction avec leurs actions respectives. L’heure est aux décisions concrètes, ambitieuses et radicales face à la crise climatique qui menace les équilibres de la civilisation humaine. C’est bien de changements systémiques dont il est question. L’avenir de l’humanité ne se joue pas en mots mais bien en actes.

Rappelons que le gouvernement français a été jugé coupable d'inaction climatique. Le Haut conseil pour le climat a souligné à plusieurs reprises les manques de la politique du gouvernement ainsi que la nécessité de changer le système économique en profondeur. Au niveau mondial, les engagements actuels des États ne permettront, au mieux, que de réduire de 7 % les émissions en 2030 par rapport à 2020. Or il faudrait faire 7 fois plus d’efforts pour respecter les 1,5 degrés de réchauffement : c'est dire que la marche est encore très haute !

C’est pourquoi le Parti communiste français a mandaté une délégation à Glasgow, du 5 au 8 novembre, avec pour objectif d'échanger des propositions et de construire des actions communes avec d'autres forces progressistes et écologistes en Europe et dans le monde. Elle sera notamment porteuse d’une ambition pour la France : arriver à viser une empreinte carbone nulle le plus rapidement possible et sortir des énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon). Elle défendra aussi une approche sociale et populaire de l’écologie, qui affronte la nécessité d’un dépassement du système capitaliste par des mesures structurelles et qui fait des catégories moyennes et populaires les acteurs de cette révolution en plaçant la démocratie, la lutte contre les inégalités et une réorientation des richesses produites en son cœur. C’est en ce sens que la délégation participera à la manifestation à Glasgow et que les communistes seront présents aux manifestations pour la justice climatique samedi 6 novembre prochain.

A cet effet, Fabien Roussel est porteur d’une proposition forte, conforme aux recommandations du GIEC, celle d’un pacte inédit pour le climat et l’emploi de 140 milliards d’euros avec des objectifs précis (mix énergétique, mobilités, rénovation des bâtiments et du logement, mode de production agricole, biodiversité, industrialisation nouvelle et recherche, relocalisation des productions, lutte contre l’obsolescence programmée, solidarité internationale). Ce pacte prend toute la mesure de la révolution à engager en termes d’emploi, de formation et de nouveaux pouvoirs de décisions des salariés dans les entreprises pour relever le défi écologique.

Nous sommes face à un défi politique, scientifique, industriel et de recherche fondamentale et appliquée, sans précédent : nous avons 10 ans décisifs pour agir !

Paris, le 3 novembre 2021

Parti communiste français.

Présidentielle. Fabien Roussel propose un pacte à 140 milliards pour le climat
Vendredi 29 Octobre 2021 - L'Humanité

Pour sa troisième « rencontre des jours heureux », le candidat du PCF à l’Élysée a détaillé ses propositions pour la sauvegarde de l’environnement. Il souhaite conformer les dépenses écologiques de l’État aux préconisations du Giec.

 

Sous les arches métalliques de la halle Martenot, dans le centre historique de Rennes (Ille-et-Vilaine), Fabien Roussel a tenu, mercredi 27 octobre, sa troisième édition des « rencontres des jours heureux », dédiée à l’environnement et au climat. Devant les 400 personnes réunies pour l’occasion, le candidat du PCF à la présidence de la République a détaillé une série de propositions issues de son « pacte pour le climat et l’emploi », d’un montant de 140 milliards d’euros par an, « conformément aux préconisations du Giec ». « Nous sommes dans la décennie du possible », assure le député du Nord, estimant « urgent de rompre avec le système capitaliste, qui, pour gagner encore plus d’argent, exploite les êtres humains mais aussi la Terre ». Mais « l’écologie ne doit pas se limiter au réchauffement climatique », note Barbara Gomes, porte-parole de la campagne et animatrice de l’événement. Ce territoire n’a pas été choisi par hasard : de la catastrophe de l’ Erika aux phénomènes des algues vertes, provoqués par l’exploitation porcine intensive, la Bretagne doit faire face à différents enjeux environnementaux, tout en produisant « seulement 17 % de ses besoins énergétiques », déplore l’élu rennais Yannick Nadesan (PCF). Localement, les initiatives, que le candidat n’a pas manqué de saluer, se multiplient.

Développer le fret, rénover les logements

D’ailleurs, en amont de la rencontre, Fabien Roussel s’est notamment rendu sur le barrage de Rophémel. Un ouvrage qui, malgré sa production d’électricité et d’eau potable pour les 500 000 habitants de l’agglomération rennaise, était menacé de fermeture à la suite de l’abandon de la concession par EDF, avant d’être racheté 1 euro symbolique par Eau du bassin rennais. Une première pour une collectivité en France, qui « permet ainsi de contrôler la production d’une électricité verte, la distribution de l’eau, mais aussi d’agir sur sa tarification sociale », précise Yannick Nadesan, à l’initiative de la démarche. « Il ne faut pas opposer les énergies vertes et l’énergie nucléaire », assure Fabien Roussel, partisan de l’atome, qui a réaffirmé sa volonté de renationaliser EDF et Engie afin de « retrouver une maîtrise de nos productions à travers un mixte énergétique décarboné et pilotable ». « Les six scénarios de RTE pour la neutralité carbone en 2050 méritent un grand débat national », estime également le sénateur Pierre Laurent (PCF), présent pour l’occasion.

Mais c’est aussi sur les transports, responsables de 30 % des émissions de gaz à effet de serre, que le candidat communiste insiste. Sur le fret d’abord, il met sur la table un plan de 4 milliards d’euros avec pour ambition d’atteindre les 30 % de marchandises transportées sur le rail d’ici à 2030. Un plan qui comprend notamment l’ouverture de 100 lignes « sur le modèle du train des primeurs entre Perpignan et Rungis », détaille Fabien Roussel. Un enjeu de taille pour la Bretagne, d’autant qu’ « aucun port de la région n’est desservi par le rail », relève un syndicaliste CGT, lors de la visite du candidat dans une entreprise de logistique. « En développant nos activités sur le fret, nous réduisons de 15 000 le nombre de camions sur les routes chaque année », note Matthieu Lahaye, le directeur de l’entreprise, qui opère ainsi entre Rennes et Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.

Pour autant, Fabien Roussel n’oublie pas la vie quotidienne des Français, l’occasion pour lui de tacler la politique macroniste. « Avez-vous déjà vu un ouvrier acheter une voiture électrique à 50 000 euros grâce à la prime gouvernementale de 3 000 euros ? » ironise un candidat qui ambitionne la revalorisation de cette dernière à hauteur de 10 000 euros, comme l’engagement financier de l’État en faveur des transports en commun gratuits. Face à la hausse des prix de l’énergie, le secrétaire national du PCF a réitéré son appel à « baisser la TVA », d’autant que cette action dégagerait « des marges pour les entreprises afin d’augmenter les salaires ». Enfin, le candidat souhaite débloquer 10 milliards d’euros par an pour « financer la construction et la rénovation de 500 000 logements afin d’éradiquer l’ensemble des passoires ». « Les 1 % les plus riches sont responsables de 15 % des émissions de CO2  », glisse Fabien Roussel, qui entend financer l’ensemble de ces mesures « en allant chercher des recettes supplémentaires », notamment en taxant les plus aisés et les multinationales.

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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 17:09
Le gouvernement israélien s’acharne sur Salah Hamouri : la France doit agir - Pétition de l'AFPS à signer!
[PÉTITION]

Le gouvernement israélien s’acharne sur Salah Hamouri : la France doit agir

Voilà 20 ans qu’Israël s’acharne contre Salah Hamouri, citoyen franco-palestinien, avocat, défenseurs des droits humains.

Ce lundi 18 octobre, il s’est vu notifier la révocation de son statut de résident de Jérusalem par Israël. Il ne lui reste qu’une toute dernière possibilité d’appel sous 30 jours.

Salah doit pouvoir vivre à Jérusalem avec sa femme et ses enfants, c’est son droit le plus élémentaire.

Ajoutez votre signature à cet appel de personnalités pour que la France agisse afin que les autorités israéliennes rétablissent le statut de résident permanent à Jérusalem de Salah Hamouri et empêche son expulsion.

Pierre Laurent, président du Conseil National du PCF, vice-président du Sénat, signe cette pétition avec d'autres personnalités françaises: et vous?
 
Le gouvernement israélien s’acharne sur Salah Hamouri : la France doit agir
 
La ministre de l’Intérieur du gouvernement israélien, Ayelet Shaked a, le 18 octobre, signifié à l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri la révocation de son statut de résident de sa ville natale, Jérusalem, ouvrant la voie à son expulsion.
 
Cette décision, qui viole à la fois l’article 45 de la Convention de La Haye et l’article 49 de la 4e Convention de Genève, prétend se fonder sur des dossiers pourtant déjà jugés, d’autres « secrets ». Elle invoque une loi – « sur l’entrée en Israël », modifiée en 2018 pour permettre aux autorités de révoquer administrativement le statut de « résident permanent des Palestiniens de Jérusalem-Est » pour « défaut d’allégeance » à Israël.
 
Rappelons que l’annexion de Jérusalem-Est par Israël est condamnée par de nombreuses résolutions de l’ONU et que l’Union européenne « ne reconnaît pas la souveraineté d’Israël sur les Territoires occupés, y compris Jérusalem-Est ».
 
Ce faisant, le « nouveau » gouvernement israélien s’acharne, comme son prédécesseur, sur Salah Hamouri. Celui-ci a déjà passé 7 ans de sa jeune vie en prison, pour une tentative d’assassinat imaginaire attestée par des dénonciations d’agents provocateurs. S’y sont ajoutées près d’une année d’emprisonnement administratif sans le moindre motif et des restrictions de circulation en Cisjordanie. De surcroît, sa femme – expulsée enceinte de six mois en 2016 – et ses deux enfants sont interdits d’entrée en Israël. Il s’agit, a déclaré en substance Ayelet Shaked, de faire un exemple pour intimider tous les Palestiniens de Jérusalem.
 
Cette démarche incarne bien la politique du nouveau gouvernement israélien, dont les gestes cosmétiques cachent mal la violence accrue de la répression israélienne contre la population palestinienne. Selon les dernières statistiques de l’OCHA, le Bureau de l’ONU pour le Territoire occupé, depuis le 1er janvier 2021 l’armée a tué 331 Palestiniens (contre 30 en 2020) et en a blessé 15 860 (contre 2 668), alors que dans le même temps, 15 Israéliens ont perdu la vie (contre 3 en 2020).
 
L’ordre du ministre de la Défense Benny Gantz, le 22 octobre, déclarant comme «organisations terroristes » six grandes ONG palestiniennes de défense des droits de l’Homme, illustre aussi de manière inédite et particulièrement grave l’offensive du gouvernement israélien contre la société civile palestinienne. Rappelons que Salah Hamouri exerce son métier d’avocat auprès de l’une d’entre elles.
 
Le président de la République et le ministre des Affaires étrangères avaient manifesté de longue date l’attention qu’ils portaient au cas de Salah Hamouri. La décision du gouvernement israélien représente donc à leur égard, s’agissant d’un citoyen français, un défi, voire une humiliation. Voilà qui le prouve à nouveau, s’il en était besoin : la complaisance à l’égard du gouvernement Bennett, comme de son prédécesseur, ne peut que l’encourager dans son escalade anti-palestinienne. Salah Hamouri, sa femme et ses enfants ont droit de vivre librement à Jérusalem !
 
C’est pourquoi nous appelons les autorités françaises à tout faire pour empêcher ce nouvel acte arbitraire, symbole de tous les autres. Il revient au président de la République de poser des gestes forts, notamment en recevant personnellement l’épouse de Salah Hamouri, d’exiger du gouvernement israélien l’annulation des mesures prises contre Salah Hamouri, et de prendre des sanctions vis-à-vis d’Israël si ses demandes ne sont pas suivies d’effet.
 
Jean-Christophe Attias, professeur de pensée juive médiévale à l'EPHE (Université PSL)
Clémentine Autain, députée, conseillère régionale.
Isabelle Avran, journaliste et militante associative
Bertrand Badie, professeur émérite des Universités à Sciences Po Paris
Etienne Balibar, philosophe
Esther Benbassa, sénatrice écologiste de Paris
Pascal Boniface, géopolitologue
Philippe Bouyssou, maire d’Ivry.
Rony Brauman, médecin et essayiste
Cécile Casey, militante écologiste
Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités
Geneviève Coudrais, avocate retraitée.
Laurence De Cock, historienne
Nadia Essayan, députée
Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine
François Gèze, éditeur
Alain Gresh, journaliste
Nacira Guénif, sociologue, anthropologue, professeure Université Paris 8
Bertrand Heilbronn, président de l’AFPS
Pierre Laurent, vice-président du Sénat
Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers
Jean-Paul Lecoq, député.
Jean-Claude Lefort, Comité de soutien à Salah Hamouri, député honoraire
Patrick Le Hyaric, député européen 2009-2019, directeur de L'Humanité 2000-2021
Renée Le Mignot, co-présidente du MRAP
Claude Léostic, présidente d'honneur de la Plateforme des ONG pour la Palestine
François Leroux, président de la Plateforme des ONG pour la Palestine
Nadège Magnon, avocate.
François Pradal, enseignant
Gilbert Roger, sénateur, président du groupe d’amitié France-Palestine
Gwendal Rouillard, député
Taoufiq Tahani, président d’honneur de l’AFPS
Bérenger Tourné, avocat
Dominique Vidal, journaliste et historien
Daniel Voguet, avocat
Francis Wurtz, ancien membre du Parlement européen
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26 octobre 2021 2 26 /10 /octobre /2021 05:53
Israël. Une offensive contre des associations « digne des régimes totalitaires » (Pierre Barbancey, L'Humanité, 26 octobre 2021)
Israël. Une offensive contre des associations « digne des régimes totalitaires »
Mardi 26 Octobre 2021

Tel-Aviv vient de placer six ONG palestiniennes de défense des droits humains, des prisonniers, des enfants et des femmes, sur une liste d’organisations terroristes sous prétexte de proximité avec le FPLP. Mais les preuves sont classifiées.

 

Si Benyamin Netanyahou n’est plus à la tête du gouvernement israélien, sa politique et ses méthodes perdurent. L’actuel premier ministre, Naftali Bennett, est dans la lignée de celui qui a été son mentor pendant de nombreuses années. Il multiplie les décisions coercitives à l’égard des Palestiniens, qu’ils se trouvent dans les territoires occupés ou en Israël. Six organisations non gouvernementales (ONG) palestiniennes viennent ainsi d’être placées sur la liste des « organisations terroristes » parce que celles-ci feraient « partie d’un réseau d’organisations qui, sous couvert d’activités internationales, dépendent du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine – NDLR) pour soutenir ses objectifs et promouvoir ses activités », selon les termes du communiqué émanant du bureau du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz. Ce dernier avait un temps été présenté comme la meilleure alternative à Netanyahou. Mais l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, celui qui avait mené l’offensive meurtrière contre la bande de Gaza en 2014, n’a jamais désarmé.

Une longue campagne de stigmatisation

Il n’y a pas de hasard dans les décisions : parmi ces six ONG palestiniennes figurent les organisations de défense des droits humains al-Haq, Addameer, qui soutient les prisonniers palestiniens en Israël, le Centre de recherche et de développement Bisan, Défense internationale des ­enfants-Palestine, l’Union des comités du travail agricole (UAWC) et l’Union des comités des femmes palestiniennes (UPWC). « Ces organisations sont liées à la direction du FPLP, qui appelle à la destruction d’Israël par des actes terroristes » et elles « bénéficient d’aides d’États ­européens et d’organisations internationales obtenues de manière frauduleuse », croit savoir Benny Gantz. Il s’agit donc bien d’une attaque massive contre le FPLP, parti de la gauche marxiste. Israël a les coudées franches d’autant plus que l’Union ­européenne, contre toute logique politique, considère le FPLP (membre de l’OLP) comme une organisation terroriste. De la même manière, l’annonce, la semaine dernière, de la décision de la ministre de l’Intérieur de révoquer le statut de résident à Jérusalem de l’avocat franco­-palestinien Salah Hamouri, qui travaille pour ­Addameer, se situe dans cette même logique.

Le Shin Bet, le service israélien de renseignements intérieur, avait amorcé la pompe en mai en accusant des ONG en Cisjordanie occupée d’avoir détourné des fonds de « plusieurs pays européens », dont la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et la Grande-Bretagne, au profit du FPLP. Un responsable sécuritaire israélien avait alors assuré que « des dizaines de millions de dollars » avaient été transférés sans « qu’aucun des gouvernements ne sache où allait l’argent ». Pourtant, comme le fait remarquer Tom Bateman, correspondant de la BBC britannique pour le Moyen-Orient, sur son compte Twitter, « lorsqu’on lui a demandé s’il fournirait ses preuves derrière la liste de terrorisme de six ONG palestiniennes, le ministère israélien de la Défense a déclaré que tous les documents étaient classifiés ». Le bureau du Haut-­Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme dans les territoires palestiniens accuse Tel-Aviv de mener « une longue campagne stigmatisant ces organisations et d’autres » ONG en restreignant « leur capacité à mener leurs tâches cruciales ». Amnesty International et Human Rights Watch ont également dénoncé une décision « alarmante ». L’ONG israélienne anticolonisation B’Tselem a de son côté jugé la décision des autorités israéliennes « digne des régimes totalitaires ».

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26 octobre 2021 2 26 /10 /octobre /2021 05:00
Turquie. Purges intérieures et démêlés diplomatiques - Rosa Moussaoui, L'Humanité, 25 octobre 2021
Turquie. Purges intérieures et démêlés diplomatiques
Lundi 25 Octobre 2021

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a ordonné l’expulsion de dix ambassadeurs ayant plaidé pour la libération de l’opposant Osman Kavala, détenu depuis quatre ans.

 

Il avait comparu au mois de février 2020 devant le tribunal de Silivri, avec huit autres personnes accusées, comme lui, de « tentative de renverser le gouvernement », pour leur implication dans la révolte du parc Gezi. Le riche et discret philanthrope Osman Kavala encourait une peine de prison à perpétuité pour avoir contribué au financement de ce mouvement qui contestait un projet immobilier aussi démesuré qu’opaque, menaçant, dans le centre d’Istanbul, un précieux patrimoine historique, paysager et architectural. L’accusation avait alors brandi une carte de la Turquie retrouvée dans le téléphone du mécène, preuve, selon elle, de son intention de redessiner les frontières du pays. Il s’agissait, en fait, d’une carte de la répartition des abeilles…

Le ridicule de ce montage avait conduit à son acquittement pour insuffisance de preuves. Mais quelques heures seulement après ce verdict, un nouveau mandat d’arrêt était émis contre l’homme d’affaires né à Paris, formé en Europe, revenu à Istanbul en 1982 pour prendre la tête de l’entreprise familiale. Cette fois, ce fervent avocat du patrimoine turc et de la diversité culturelle était arrêté et placé en garde à vue au siège de la police antiterroriste d’Istanbul pour des soupçons d’implication dans la tentative de putsch manqué de 2016. Depuis lors, Osman Kavala croupit en prison sans jugement, comme des milliers d’opposants à la dictature de Recep Tayyip Erdogan. Il doit comparaître de nouveau le 26 novembre.

Dans un communiqué commun publié voilà une semaine, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les États-Unis avaient appelé à un « règlement juste et rapide de l’affaire » Osman Kavala. Aussitôt les ambassadeurs de ces pays avaient été convoqués au ministère des Affaires étrangères, Ankara jugeant « inacceptable » leur démarche.

L’économie turque s’enlise, Erdogan resserre son emprise

Cette crise diplomatique s’est encore envenimée samedi soir, le président turc, de retour d’une tournée africaine, ayant lui-même exigé, mesure exceptionnelle dans les relations internationales, l’expulsion des dix ambassadeurs qui ont réclamé la libération de Kavala, une demande « indécente » selon lui. « J’ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de déclarer au plus vite ces dix ambassadeurs persona non grata », a-t-il affirmé, sans préciser cependant le délai dans lequel ces diplomates devraient quitter le pays. « Du matin au soir ils répètent : Kavala, Kavala… Mais celui dont vous parlez, Kavala, c’est l’agent de Soros en Turquie !» a-t-il affecté, dans une allusion au milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, auquel il compare régulièrement l’opposant.

Dans un registre chauvin et complotiste à la fois, Erdogan cultive le contraste avec cet adversaire politique aux engagements ancrés à gauche, lié aux minorités arménienne et kurde, ayant noué de solides amitiés européennes. Parfaite figure de l’ennemi de l’intérieur, dans un contexte de tensions sociales grandissantes et de crise économique, au moment même où le pays affronte une crise monétaire très sérieuse : la livre turque a atteint son plus bas historique face au dollar, le 14 octobre, après le brutal limogeage par Erdogan de trois dirigeants de la banque centrale.

Depuis le début de l’année, la devise a perdu un cinquième de sa valeur ; l’inflation s’envole, dépassant les 20 %, l’un des plus forts taux au monde ; la pauvreté gagne du terrain. Pour endiguer la hausse des prix et la dépréciation de la monnaie, Erdogan exige de la banque centrale… qu’elle baisse ses taux directeurs, une politique propre à nourrir une folle spirale inflationniste.

Déjà fragile avant la pandémie de Covid, l’économie turque s’enlise, Erdogan resserre encore son emprise autoritaire et multiplie les coups de force, traque des ennemis imaginaires : commerçants, « lobbies », élus et militants kurdes, opposants accusés de travailler à la « déstabilisation » du pays. Le 19 octobre, plus de 158 personnes, dont 33 soldats en activité, étaient ainsi arrêtées pour des liens supposés avec la confrérie islamiste de Fethullah Gülen, un ancien allié d’Erdogan exilé aux États-Unis, accusé d’avoir fomenté la tentative de putsch de 2016.

De purges intérieures en rodomontades diplomatiques, le régime islamo-affairiste de Recep Tayyip Erdogan peine, avec sa rhétorique ultranationaliste, à dissimuler ses failles : il ne tient plus que par la peur et la menace.

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20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 06:26
Waiting for Gaza! - Ciné-débat au cinéma La Salamandre ce mercredi 20 octobre à 20h30 avec le réalisateur Guillaume Kozakiewiez

Au Cinéma La Salamandre - au SEW à l'ancienne Manufacture royale des Tabacs à Morlaix

Mercredi 20 octobre à 20h30, vous sera proposé le documentaire Waiting for Gaza sur les réalisateurs Arab et Tarzan Abu Nasser en présence de son réalisateur Guillaume Kozakiewiez. Alors que nous vous proposons cette semaine leur dernier film GAZA MON AMOUR!!!

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20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 06:23
Salah Hamouri, stop à l'acharnement!!! - MJCF
🔴Palestine🔴
Salah Hamouri, a été officiellement notifié de la décision de la ministre israélienne de l’Intérieur, de révoquer son statut de résident permanent à Jérusalem sur la base d’une « rupture de loyauté ».
Le MJCF apporte tout son soutien à Salah Hamouri, comme il le fait depuis 2011.
La France doit immédiatement se positionner pour la reconnaissance de l’Etat Palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem Est pour Capitale et cesse tout soutien économique et diplomatique avec l’Etat d’apartheid d’Israël.
Article de Pierre Barbancey dans l'Humanité

Article de Pierre Barbancey dans l'Humanité

Communiqué du Comité de soutien à Salah Hamouri
L’ordre d’expulsion de Salah Hamouri confirmé

Ce lundi 18 octobre, Salah Hamouri a été notifié du fait que le Ministre de la Justice et le procureur général d’Israël valident la demande de révocation de son titre de résident de Jérusalem. Cette révocation avait été demandée par Ayalet Shaked, ministre de l’Intérieur israélienne, le 30 juin 2021 et devait être examinée par ces deux autres autorités en vue de son application.

C’est donc une nouvelle étape franchie par Israël vers l’expulsion de Salah Hamouri de sa terre natale. Elle fait suite à une escalade de décisions arbitraires contre notre concitoyen : interrogatoires, interdiction d’entrée en Cisjordanie, expulsion de sa femme et son enfant, détention, restrictions de mouvements…

Depuis des années, Israël s’acharne sur ce défenseur des droits humains et la révocation de sa carte de résidence aurait pour conséquence pure et simple : l’exil.

Le 8 juillet 2021, le Ministère français des Affaires étrangères déclarait suite à la demande de révocation de l’ID par Ayalet Shaked : « Les services du ministère de l’Europe et des affaires étrangères à Paris, Jérusalem et Tel-Aviv, sont pleinement mobilisés pour que Salah Hamouri puisse faire valoir l’ensemble de ses droits et qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il réside. La situation de Salah Hamouri est suivie attentivement et à haut niveau par les autorités françaises. »

Avec cette décision inique, après l’affaire Pegasus, et au-delà de Salah Hamouri, c’est la France qui prend une nouvelle claque de la part d’Israël, une claque d’autant plus dure et inadmissible qu’elle touche aux droits de l’Homme.

La politique diplomatique française actuelle se montre incapable de faire respecter le droit et de se faire respecter.

Nous ne nous résignons pas à cette situation. Nous appelons les autorités françaises à tirer toutes les conclusions de cette nouvelle décision et à en tirer toutes les conséquences. Nous appelons les citoyens et les citoyennes à se mobiliser dans leur diversité pour relever ce défi contre les droits de l’homme, pour manifester contre ce déni du droit d’un gouvernement israélien qui se croit - encouragé qu’il est - au dessus de tout.

Salah Hamouri, stop à l'acharnement!!! - MJCF
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14 octobre 2021 4 14 /10 /octobre /2021 05:31
Histoire des luttes: 13 octobre 1970. Arrestation d'Angela Davis

13 octobre 1970 : Arrestation à New York de la militante communiste afro-américaine Angela Davis.

Le FBI l'accusait d'avoir procuré des armes au groupe qui a essayé de libérer George Jackson. En cavale depuis 2 mois, elle sera jugée et condamnée à la peine de mort pour séquestration et meurtres !

Toutefois, une grande mobilisation internationale se met en place pour la faire libérer. À Paris, en octobre 1971, à l'appel du Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF),

Histoire des luttes: 13 octobre 1970. Arrestation d'Angela Davis
"Cette militante communiste, deux fois candidate à la vice présidence des USA pour le Parti Communiste Américain, féministe et anti-raciste, fut aussi membre du fameux Black Panther Party for self defense, aux côtés des Huey Newton, Boby Seale et Mumia Abu Djamal !
Pour mieux connaitre son histoire, voir l’excellent film documentaire "free Angela" qui raconte comment cette professeur de philosophie à l'université de Californie, militante en vue à l'époque, se retrouva menacée de la peine capitale pour un crime qu'elle n'avait pas commis.
Et surtout comment la mobilisation nationale et internationale a réussi à faire reculer les autorités américaines.
 
 
26 janvier 1944: Naissance d’Angela Davis, militante antiraciste, communiste, féministe et révolutionnaire américaine !
Son engagement débute contre la guerre du Viet Nam. En militant, elle découvre le marxisme qui constituera la base de sa réflexion politique et idéologique. Elle s'engagera dans des mouvements de libération des Noirs et notamment elle militera au Black Panther Party dont elle deviendra une des leadeuses.
Étant très active politiquement et membre du Parti Communiste Américain, le FBI la surveillera de très près.
En 1970, une prise d’otages visant à libérer George Jackson, membre des Black Panthers condamné à la prison à vie à l’âge de dix-huit ans pour un vol de 70 $, tourne mal. Quatre personnes sont abattues et trois autres sont grièvement blessées. Davis étant membre du comité de soutien de George Jackson, le FBI l'accuse d'avoir procuré des armes au groupe qui a essayé de libérer Jackson. Le FBI émet donc un mandat d'arrêt contre Angela Davis. Durant 2 mois, alors qu'elle est la femme la plus recherchée des États-Unis, Angela Davis réussit à échapper à la police. Cependant, le 13 octobre 1970, elle est arrêtée. Accusée de séquestration et de meurtres, elle est condamnée à la peine de mort...
Toutefois, une grande mobilisation internationale se met en place pour la faire libérer. À Paris, à l'appel de la Jeunesse Communiste, plus de 100 000 personnes manifestent avec en tête de cortège de grands écrivains comme Louis Aragon et Jean-Paul Sartre.
Grâce à la pression internationale, elle est acquittée le 4 juin 1972 de toutes les charges qui pèsent contre elle par un jury composé uniquement de blancs, au cours d’un procès hyper médiatisé qui met à jour une machination du FBI.
Elle continue dès lors ses multiples combats contre les inégalités, contre l'impérialisme, pour un monde de paix. Elle devient aussi par ses écrits, une référence féministe pour nombre de militant·e·s.
MJCF

Angela Davis: "Les Etats-Unis sont en train de vivre une contre-révolution" (Médiapart, 30 novembre)

Angela Davis a raison... en France aussi

Guillaume Galliene rend hommage à Angela Davis, militante communiste, des droits de l'homme, et de la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis, sur France Inter

https://www.cinearchives.org/Films-447-740-0-0.html

Angela Davis reste une icône révolutionnaire, une grande figure du combat d’émancipation, du combat féministe, un symbole des luttes des Noirs américains pour l’égalité.

Les lieux du monde où nous grandissons nous forgent.

S’agissant de ségrégation raciale, Angela Davis a vu le jour dans le premier cercle de l’enfer. Birmingham, Alabama, au cœur de ce Sud raciste et sécessionniste où Rosa Parks osa, en 1955, un acte de révolte fondateur. Ses premiers souvenirs d’enfance ? Les Davis habitent dans un quartier où l'on accepte difficilement l'installation de familles noires modestes.  Les déflagrations des bombes posées par les fascistes du Ku Klux Klan, si nombreuses que son quartier est surnommé « Dynamite Hill » (Colline Dynamite). Les récits d’une grand-mère se remémorant les temps de l’esclavage. Les pancartes « white only ». Alors qu'elle n'a que 12 ans, le boycott d'une compagnie de bus pratiquant la ségrégation raciale marque Angela; les Afro-Américains ne revendiquent que le droit de s'asseoir où ils le souhaitent dans le bus, comme les Blancs, ce qui leur était dénié jusque là. Le 16 septembre 1963, un attentat à la bombe dans une église baptiste de Birmingham tue quatre filles noires que connaissait Angela; les assassins sont des racistes du Ku Klux Klan. 

Ses parents, des professeurs communistes, militent activement contre les lois Jim Crow instituant l’apartheid à l’américaine. À quatorze ans, la jeune fille quitte l’Alabama pour New York, à la faveur d’une bourse d’études.

Au lycée, elle découvre le Manifeste du Parti communiste et fait ses premiers pas de militante dans une organisation marxiste, Advance.

Angela Davis est une élève brillante. En 1962, elle entre à l’université de Brandeis. En première année, elles ne sont que trois étudiantes noires. Elle y découvre Sartre, Camus, s’initie à la philosophie d’Herbert Marcuse, dont elle suit les cours. Marcuse est alors un des maîtres à penser de la lutte contre la guerre du Vietnam. En 1964, elle part, une première fois, pour Francfort, creuset, à l’époque, d’un marxisme hétérodoxe. Elle y étudie Marx, Kant, Hegel et suit les conférences de Theodor W. Adorno. Aux États-Unis, un nouveau vent de contestation se lève, contre l’oppression raciste, contre la guerre du Vietnam.

Angela s'intéresse aux sorts de tous les Afro-Américains, en particulier celui des femmes et des prisonniers. En août 1965, six jours d'émeutes dans le ghetto noir de Watts, un quasi bidonville de Los Angeles, ébranlent le mythe américain de la démocratie et du bien-être pour tous: "l'ordre" y est rétabli au prix de 30 morts. Partout, les ghettos noirs sont en ébullition, comme à Détroit en 1967. Les Afro-Américains ne veulent plus être considérés comme des citoyens de seconde zone.

À son retour, en 1968, la jeune philosophe rejoint les Black Panthers et adhère au Che Lumumba Club, un cercle affilié au Parti communiste. Un an plus tard, titulaire d’une thèse de doctorat dirigée par Marcuse, elle est nommée professeure à l’université de Californie Los Angeles, pour enseigner la philosophie marxiste. Elle adhère au Parti communiste des Etats-Unis.

Le profil de la jeune femme de vingt-cinq ans, sa couleur de peau, ses convictions, ses engagements concentrent la haine de l’Amérique blanche et ultraréactionnaire que veut incarner un certain… Ronald Reagan, alors gouverneur de Californie. À la demande de celui-ci, Angela Davis est exclue de l’université comme dangereuse communiste.

Angela souhaite une révolution socialiste, qui bouleverserait l'ordre social et instaurerait enfin l'égalité entre les êtres humains, quelque soit leur sexe ou leur condition sociale. Elle est de tous les combats contre la discrimination raciale, sans oublier celui pour l'égalité hommes-femmes: "Les femmes noires, écrit-elle, sont victimes d'une pluralité d'oppressions: en tant que femmes, en tant qu'Afro-Américaines et, pour leur quasi-totalité, en tant que travailleuses pauvres. Pour que la femme noire se libère réellement, elle doit mener les trois combats de front".  

Premier acte d’une machination politico-judiciaire dirigée contre la militante communiste. Déjà engagée contre l’industrie carcérale qui broie la jeunesse noire, la jeune femme a pris fait et cause pour trois détenus de la prison de Soledad. Avec l’un d’entre eux, George Jackson, elle entretient une liaison épistolaire, amoureuse. George Jackson est emprisonné depuis des années pour un vol de 70 dollars dans une station-service. La tentative désespérée du jeune frère de ce détenu pour le faire évader tourne au drame. Le 7 août 1970, Jonathan Jackson, le frère de George, fait irruption dans un tribunal de Californie et prend des otages, dont le juge, exigeant la libération de son frère. La prise d'otage se termine par une fusillade entre la police et les preneurs d'otages. Jonathan Jackson, deux autres prisonniers accusés ainsi qu’un juge sont tués au cours de la fusillade.

Angela Davis est soupçonnée d’avoir fourni une arme aux assaillants. Désignée comme ennemie publique numéro un,elle est inscrite sur la liste publiée des dix personnes les plus recherchées des États-Unis.

Par crainte d’être tuée, elle prend la fuite. L’avis de recherche la décrivant comme « armée et dangereuse » est placardé dans tout le pays. Une vague ressemblance avec Angela Davis, une simple coupe afro, valent à des centaines de femmes d’être arrêtées. Le FBI déploie, dans le cadre de son programme de contre-intelligence visant les communistes et les Blacks Panthers, des moyens démesurés pour traquer celle que l’establishment blanc et réactionnaire surnomme « la panthère rouge » ou « la terroriste noire ». Mais, déjà, la solidarité s’exprime. Elle s’affiche au seuil des maisons amies, sur des pancartes : « Nous accueillerons volontiers Angela Davis. »

La fugitive est finalement arrêtée le 13 octobre 1970, à New York.

À la télévision, le président Nixon la condamne avant même qu’elle ne comparaisse en justice. « Cette arrestation servira d’exemple à tous les terroristes », se réjouit-il. Le 5 janvier 1971, l’État de Californie l’inculpe de meurtre, kidnapping et conspiration. Placée à l’isolement, elle risque par trois fois la peine capitale. Un extraordinaire mouvement de solidarité international se développe alors. En Inde, en Afrique, aux États-Unis, en Europe, des millions de voix exigent la libération d’Angela Davis. Les Rolling Stones lui consacrent une chanson, Sweet Black Angel, et John Lennon et Yoko Ono écrivent, Angela tandis que Jacques Prévert écrit pour elle: "Ceux qui enferment les autres sentent le renfermé; ceux qui sont enfermés sentent la liberté"

En France, Sartre, Aragon, Prévert, Genet dénoncent le racisme, le maccarthysme persistant, l’arbitraire de sa détention.

À l’initiative de la Jeunesse communiste, 100 000 personnes foulent le pavé parisien, le 3 octobre 1971, en compagnie de Fania, la jeune sœur d’Angela Davis. L’Humanité se fait le porte-voix de ce mouvement de solidarité.

Celle qui entrait toujours poing levé dans la salle d’audience est finalement acquittée le 4 juin 1972 par un jury exclusivement blanc. Son innocence est reconnue lors du procès.

Le verdict n’efface pas le racisme de la société américaine, mais il lui porte un coup sérieux. Libérée, Angela Davis ne renonce pas au combat pour l’émancipation, pour un autre monde, libéré de l’oppression et de toutes les formes de domination. En la rencontrant, Genet dit avoir acquis « la certitude que la révolution serait impossible sans la poésie des révoltes individuelles qui la précèdent ». Angela Davis incarne toujours cela, cette grâce qui donne sens et noblesse à l’engagement politique.

Une fois libre, Angela poursuit son combat, en reprenant ses cours de philosophie, en publiant de nombreux ouvrages politiques, dont plusieurs sont traduits en français. Elle est aux côtés des Amérindiens qui occupent symboliquement, en 1973, le lieu du massacre historique de Wounded Knee; elle se présente aux élections américaines en 1980 et 1984 pour le parti communiste. Elle s'engage contre la guerre en Irak en 2003 et en 2012 participe à un film documentaire sur la libération des prisonniers politiques à travers le monde.

Sources:

L'Humanité (article de 2013)

ELLES ont réalisé leur rêve de Philippe Godard et Jo Witek, De La Martinière jeunesse 

Une émission récente de France inter à écouter sur le combat d'Angela Davis. On y retrouve l'histoire et la parole de cette militante déterminée des droits de l'homme, professeur de philosophie et militante communiste, membre des Black Panthers :

 

Angela Davis et son combat pour la liberté : émission « ça peut pas faire de mal » par Guillaume Galliene

 

" Il était temps de partir. Pour la première fois depuis que nous avions découvert que la police me recherchait, je sortis. Il faisait bien plus sombre que je ne l’avais cru, mais pas assez pour que je cesse de me sentir vulnérable.

Dehors, à découvert, mon chagrin et ma colère s’alourdissaient de peur. Une peur pure et simple, si puissante et si élémentaire que la seule chose à laquelle je pus la comparer était le sentiment d’engloutissement que je ressentais lorsque, enfant, on me laissait dans le noir. Cette chose indescriptible, monstrueuse, était dans mon dos, elle ne me touchait jamais mais elle était toujours prête à l’attaque. Ma vie était maintenant celle d’une fugitive. Toute silhouette étrange pouvait être un agent déguisé, entouré de limiers qui attendaient dans les bosquets les ordres de leur maître. Je devais apprendre à éviter l’ennemi, à le déjouer. Ce serait difficile, mais pas impossible" (Angela Davis)

 

Cette femme qui fuit la police dans les rues de Los Angeles s’appelle Angela Davis.

En 1970, elle a 26 ans. Elle vient juste d’être nommée professeur de philosophie à l’université de San Diego, en Californie.

Mais elle est aussi communiste, proche des Black Panthers, et elle se bat depuis des années pour libérer le peuple Noir de l’oppression, dans une Amérique encore très ségrégationniste.

Après avoir été accusée (à tort) de complot et de meurtre, elle est contrainte de se cacher.

Au terme d’une traque qui va durer plus de 3 mois, Angela Davis est arrêtée, emprisonnée et risque la peine de mort.

Partout, en Amérique et en Europe, l’opinion publique se mobilise pour crier son innocence. Les Rolling Stones et John Lennon lui écrivent une chanson, Aragon et Sartre défilent à Paris, Jacques Prévert lui adresse un poème.

Ce soir, je vous propose de partir à la découverte de cette héroïne moderne et insoumise, icône du Black Power, pour qui la révolution était une affaire d’honneur : « Quand on s’engage dans la lutte », écrira-t-elle, « ce doit être pour la vie ».

Alors, comment Angela, arrière-petite-fille d’esclave née en 1944, a fait basculer l’histoire des Etats-Unis ?

Voici son autobiographie, écrite « à chaud » à la fin des années 1970, et publiée par la romancière Toni Morrison. Elle est traduite pour la première fois en français, par Cathy Bernheim, aux éditions Aden.

Histoire des luttes: 13 octobre 1970. Arrestation d'Angela Davis
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13 octobre 2021 3 13 /10 /octobre /2021 05:26
Burkina Faso. Assassinat de Thomas Sankara : 34 ans après, un procès pour l'histoire (Marc de Miramon, L'Humanité, 11 octobre 2021)
Burkina Faso. Assassinat de Thomas Sankara : 34 ans après, un procès pour l'histoire
Lundi 11 Octobre 2021 - L'Humanité

Le procès des assassins du « Che africain » s’ouvre ce lundi à Ouagadougou, un épilogue judiciaire attendu depuis près de trente-quatre ans. Si les circonstances de l’exécution du président burkinabé, perpétrée le 15 octobre 1987, sont connues, il reste à faire la lumière sur ses commanditaires.

 

Ravagé par les conséquences de la « guerre contre le terrorisme », ses tueries de civils commises par des groupes armés se revendiquant pour la plupart du djihad, ses déplacements de population fuyant les zones de combat, le « pays des hommes intègres » retient son souffle. Ce n’est cependant pas l’avenir sombre et la dégradation du climat sécuritaire qui préoccupe ce lundi le peuple burkinabé, mais l’exploration judiciaire d’un « passé qui ne passe pas ». « Le 11 octobre 2021 restera gravé dans les annales de l’histoire du Burkina Faso », promet le quotidien le Pays, alors que s’ouvre le procès public des assassins présumés de Thomas Sankara, exécuté au Conseil de l’entente il y a près de trente-quatre ans déjà.

Perpétré le 15 octobre 1987 par un commando parti du domicile de Blaise Compaoré, le numéro deux de la révolution progressiste installée par un coup d’État le 4 août 1983, le meurtre a fait l’objet d’une véritable omerta. Jusqu’à la chute de ce même Compaoré, à l’automne 2014, renversé par un soulèvement populaire mené au nom des idéaux d’un « sankarisme » plus vivace que jamais. Lors de la campagne présidentielle organisée l’année suivante, tous les candidats, de l’ex-poids lourd du système Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré, à l’ultralibéral Zéphirin Diabré, ont revendiqué son héritage, tandis que la justice militaire ouvrait enfin une enquête contre « Blaise » et ses sicaires pour « complicité d’assassinats », « recel de cadavres » et « attentat à la sécurité de l’État ».

Le capitaine bouscule et dérange

L’instruction judiciaire, dont l’Humanité avait révélé en avril dernier des documents inédits impliquant des réseaux français, a confirmé la trame d’un scénario « shakespearien » signé Blaise Compaoré – que Thomas Sankara considérait comme son meilleur ami – et coécrit par des puissances étrangères bien décidées à chasser le leader autant patriote que panafricain. Son contexte et ses grandes lignes restituent l’histoire d’une révolution aux réussites indéniables, emmenée par le charismatique et intègre Sankara, imperméable à toute forme de corruption et peu enclin aux compromis.

 

Pionnier des combats écologistes, du développement endogène – le Burkina Faso avait réussi à atteindre l’autosuffisance alimentaire – comme des luttes féministes, le capitaine bouscule et dérange les structures traditionnelles et patriarcales. Son immense popularité auprès des jeunesses africaines, ses éloquents discours fustigeant le néocolonialisme, l’impérialisme ou le fardeau d’une dette qu’il refuse de payer donnent des sueurs froides aux dirigeants des pays voisins – Côte d’Ivoire et Togo en tête – mais aussi à Washington et à Paris.

La haine de Jacques Chirac

La CIA surveille comme le lait sur le feu ce militaire altruiste qui garde toujours son pistolet à la ceinture, même pour une audience avec le parrain régional de la Françafrique, l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, et ne quitte son treillis que pour le faso danfani, le tissu traditionnel fabriqué et cousu au pays. Quant aux décideurs français, ils bouillonnent d’une rage de moins en moins contenue. Thomas Sankara a beau exercer sur eux une fascination certaine, en particulier sur Jacques Foccart, inamovible chef d’orchestre des réseaux parallèles que pilote la République pour dompter ses anciennes colonies, son sort paraît scellé avec le début de la première cohabitation, en 1986. Devenu premier ministre, Jacques Chirac ne cache pas sa haine recuite contre le président du Conseil national révolutionnaire du Burkina Faso, qui a eu l’outrecuidance de parrainer une motion en faveur de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie aux Nations unies.

Quelques mois avant l’assassinat, le patron d’une droite française qui bénéficie à plein des valises de billets envoyées par Félix Houphouët-Boigny menace explicitement Thomas Sankara, en s’adressant ainsi au journaliste Elio Comarin : «Dites à votre “petit” capitaine qu’il range ses abattis (abats de volaille, pattes et ailes coupées – NDLR), d’ici six mois on se sera occupé de lui. » Reste à déterminer si l’indispensable feu vert de Matignon ou de l’Élysée s’est borné à cautionner le coup d’État perpétré par Blaise Compaoré, ou si la France a validé, voire commandité l’assassinat. Il est hélas peu vraisemblable que le procès public qui s’ouvre ce lundi et qui se déroulera sans la présence du principal accusé puisse répondre à ces brûlantes questions.

En attendant les conclusions des prochaines instructions, la justice militaire va donc s’en tenir à un volet strictement interne, même si de nouvelles révélations peuvent toujours surgir des contre-interrogatoires et des auditions. En 2017, Emmanuel Macron avait promis dans un discours tenu à Ouagadougou la déclassification des documents français concernant l’assassinat de Thomas Sankara. Si trois lots d’archives ont effectivement été remis à la justice burkinabée, la pertinence des masses de papier n’a pas convaincu les avocats des parties civiles, et aucun organisme indépendant n’a pu vérifier si l’engagement du président français relevait du vœu pieux, d’un écran de fumée ou d’une réelle sincérité.

Le trublion de la Françafrique

Le révolutionnaire burkinabé donnait des sueurs froides aux potentats du pré carré français, tout en exerçant sur eux une véritable fascination. Le complot qui a scellé sa chute trouve probablement sa source en Côte d’Ivoire, où le président, Félix Houphouët-Boigny, s’était imposé comme le parrain politique de Blaise Compaoré, mais Thomas Sankara dérangeait bien au-delà de la sphère d’influence française. Son aura agaçait jusqu’à la Libye du colonel Kadhafi, qui se rêvait en « roi d’Afrique » et ne goûtait guère la concurrence du bouillant capitaine. Ce dernier disposait aussi de soutiens parfois inattendus, à l’instar d’Omar Bongo, président du Gabon, qui s’est posé en protecteur de certains de ses proches ou de sa famille après son assassinat.

Mort de Thomas Sankara. Pour Bénéwendé Sankara, les soutiens extérieurs « ne font pas l’ombre d’un doute »
Lundi 11 Octobre 2021

L'avocat de la famille Sankara et actuel ministre burkinabé de la Ville décrypte les enjeux d’un procès historique. Entretien.

Le procès qui s’ouvre ce lundi permettra-t-il de connaître enfin la vérité sur la mort de Thomas Sankara ?

Bénéwendé Sankara Les témoignages qui impliquent éventuellement des puissances étrangères sont consignés au niveau du parquet. Nous avons déposé une nouvelle liste de témoins avec des noms français comme Jean-Christophe Mitterrand (fils de l’ancien président et conseiller aux affaires africaines au moment de l’assassinat– NDLR), Jack Lang et bien d’autres. Mais moi je n’attends pas grand-chose de ce côté-là, car la procédure est essentiellement instruite sur la base des charges qui pèsent sur Blaise Compaoré et la dizaine de personnes qui devaient comparaître avec lui. Je ne vois pas de rebondissement possible, sauf à ouvrir une nouvelle instruction sur la base d’une complicité française ou d’un complot international. En théorie, c’est parfaitement possible.

Pour vous, est-il établi qu’il y a eu des complicités internationales ?

Bénéwendé Sankara Bien sûr ! Dans mon esprit, ça ne fait pas l’ombre d’un doute. Reste à savoir si ces complicités ont simplement accompagné le coup d’État ou si elles concernaient également la décision d’éliminer physiquement Thomas Sankara. Encore une fois, il faudrait pour cela investiguer sérieusement les éléments qui sont contenus dans la procédure et qui appuient cette hypothèse. Pour l’heure, ce procès est intra-burkinabé et il m’étonnerait beaucoup que le juge aille fouiller dans les méandres de ces procès-verbaux.

Le fait de ne juger que les responsables burkinabés et pas leurs éventuels parrains étrangers correspond-il à une volonté politique ?

Bénéwendé Sankara Côté burkinabé, la volonté politique était de faire aboutir une affaire qui faisait l’objet d’un déni de justice jusqu’à la chute de Blaise Compaoré. N’oubliez pas qu’on a changé de nature de juridiction. D’une plainte déposée au départ devant un juge d’instruction civil, on est parti jusqu’en cassation, puis devant le Comité des droits de l’homme, qui a reconnu que le Burkina Faso avait violé le pacte relatif aux droits civils et politiques, mais l’État du Burkina est resté dans une inertie et dans un déni de justice. La présente procédure se déroule devant le tribunal militaire, suite à un ordre de poursuite donné par le premier ministre de la transition Yacouba Isaac Zida.

Les audiences vont se dérouler sans la présence du principal accusé, aujourd’hui réfugié en Côte d’Ivoire. Comment l’expliquer ?

Bénéwendé Sankara Il y a eu l’émission d’un mandat d’arrêt international, mais la Côte d’Ivoire a invoqué la nationalité ivoirienne obtenue par Blaise Compaoré pour refuser l’extradition. Récemment, le ministre en charge de la Réconciliation a pu le rencontrer pour le convaincre qu’il fallait maintenant rentrer au Burkina Faso. Mais qu’il allait forcément faire face à la justice car le président, Roch Marc Christian Kaboré, a été clair : on ne peut pas faire la réconciliation sur le dos de la justice et de la vérité. C’est pour cela qu’il s’est ravisé ! Mais je crois que la volonté politique de le ramener au pays existe réellement, comme elle existe concernant Yacouba Isaac Zida, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt et qui est actuellement réfugié au Canada.

Ce procès s’ouvre dans un contexte particulier, au lendemain d’un sommet Afrique-France à Montpellier. Que vous évoque ce télescopage?

Bénéwendé Sankara C’est évidemment un pur hasard, mais ce sommet n’enlève rien à la dimension néocoloniale qui marque toujours les rapports entre la France et son ancien pré carré, que ce soit au Burkina Faso, au Mali ou au Niger. La jeunesse africaine n’est plus celle d’il y a vingt ou trente ans, elle est moins docile, moins « domptable ». Elle a accès aux nouvelles technologies, elle s’informe et ne s’en laisse plus conter. Même si Emmanuel Macron a pu se complaire dans ses échanges avec cette jeunesse lors du sommet Afrique-France, celle-ci est bien décidée à faire entendre sa voix.

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