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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 06:09

 

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, résident de Jérusalem-Est subit depuis 20 ans un harcèlement continu de la part de l’État d’Israël.

Après les années d’emprisonnement arbitraire, c’est à sa vie privée que l’occupant israélien s’est attaqué : interdiction à sa femme de se rendre à Jérusalem où vit la famille, impossibilité faite à ses enfants de naître à Jérusalem, interdiction faite à cette famille de se regrouper pour vivre ensemble à Jérusalem, la ville où il est né et entend demeurer.

Depuis le mois de juin 2020, il vit sous la menace d’une expulsion imminente en vertu d’une loi inique  :  Israël a décidé de révoquer le statut de résident de Jérusalem de Salah Hamouri pour « défaut d’allégeance. »

Il lui est interdit, dans l’attente des procédures d’appel, de se déplacer. Il se retrouve maintenant dans l’impossibilité de sortir de chez lui, dans un quartier excentré de Jérusalem : il ne peut plus exercer sa profession d’avocat.

Et maintenant Israël vient de lui retirer sa couverture santé pourtant obligatoire.
Les Palestiniens de Jérusalem se battent pour vivre à Jérusalem, sur leur terre et dans leurs maisons. Salah est un parmi tous les autres.

La panoplie du régime d’apartheid israélien pour perpétrer le transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem est diversifiée et inhumaine : démolition de maisons, expulsion, confiscation de terres, harcèlement, emprisonnement, privation du droit à la santé et à l’éducation, et une des plus récentes : le retrait du statut de résident pour défaut d’allégeance.

Salah est le premier visé par l’application de cette loi inique. Il se bat pour lui mais aussi pour toutes et tous les autres qui risqueraient de subir le même sort après lui.

L’AFPS soutient Salah Hamouri dans son combat. Aux côtés de la Coalition civique pour les droits des  Palestiniens de Jérusalem, aux côtés des organisations palestiniennes de défense des droits humains telles que Al Haq ou Adalah, ensemble nous luttons contre le nettoyage ethnique à Jérusalem.

L’asphyxie financière est un des moyens utilisés par Israël pour rendre la vie des Palestiniens de Jérusalem impossible : toute démarche administrative ou juridique a un coût parfois très élevé. On sait que les familles dont les maisons sont détruites par Israël doivent financer eux-mêmes la destruction de leur propre maison.

Comme toutes les Palestiniennes et tous les Palestiniens de Jérusalem victimes du régime d’apartheid israélien, Salah Hamouri a besoin de notre soutien y compris financier pour mener à bien son combat, leur combat.

Pour lui permettre de mener à bien ses actions juridiques, contribuons financièrement au combat de Salah Hamouri contre son expulsion de Jérusalem !

Contribuons au combat des Palestiniennes et des Palestiniens contre le nettoyage ethnique à Jérusalem  !

>> Soutenir Salah Hamouri dans son combat contre son expulsion de Jérusalem

 

--
Association France Palestine Solidarité (AFPS)
21 ter Rue Voltaire 75011 Paris
Tél. : 01 43 72 15 79
Suivez l'AFPS sur www.france-palestine.org,
FacebookTwitterInstagram et Youtube
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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 06:37

 

Le bilan de l'intensité carbone selon les différents pays européens en 2021 est désormais disponible : premières analyses.

Mise à disposition par Thomas Auriel sur la base des données fournies par le GIEC et ENTSO-E, ce graphique nous permet d'analyser la quantité de CO2 produit par kWh générée sur l'année 2021 (gCO2eq/kWh en abscisse) en fonction de la puissance totale produite (MWh en ordonnée) donnée heure par heure (chaque point du graphique) et pays par pays (par couleur). Un regard précieux pour comparer les performances des différents modèles de production d’électricité et leur efficacité pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le moins de CO2 produit par MWh et la plus grande régularité de la production faisant foi pour le modèle le plus efficace en terme de réduction des émissions :

  • Plus la tache est large en hauteur et moins le modèle est efficace pour garantir un taux de CO2 constant
  • Plus elle est large en longueur et plus le modèle peut s'adapter aux différents besoins de consommation et de distribution, donc + de puissance et moins de risque de blackout.

On peut constater que d'année en année, les modèles ayant la meilleure efficacité en terme de basses émissions par rapport à la production sont les modèles reposants essentiellement sur l'alliance de la production d'électricité hydraulique et nucléaire. Dans l'ordre en l’occurrence : La Suisse, la Suède, la Norvège et la France.

À l'inverse, les modèles reposant massivement sur l'éolien et le gaz comme l'Allemagne ne parviennent pas à atteindre des objectifs de diminution régulier et reste comparable en terme de performances aux modèles qui restent très carbonés comme l'Italie. En effet, bien que très variable en terme de production d'électricité et de CO2 par heure, la moyenne allemande est 8 fois supérieure à la moyenne française (414gCO2eq/KWh contre 53gCO2eq/kWh pour la France).

La Pologne, quand à elle, encore très mal équipée reste le mauvais élève de l'Europe avec une moyenne de 768gCO2eq/kWh soit presque deux fois la moyenne allemande et 15 fois la moyenne française.

Malgré tout, la plupart des pays sont parvenus à réduire leur production de CO2/kWh : la Belgique, l'Espagne et le Portugal sont ceux qui ont le plus diminué leurs émissions par rapport à 2019[1]. La France a stagné tout comme la Suède mais reste très loin devant les 3 pays précédemment cités, seule la Norvège a connu une réduction importante d'environ 30% parmi les pays les mieux classés (ceux qui sont sous la barre des 100gCO2/kWh).

À l'inverse, l'Allemagne et le Danemark qui reçoivent pourtant régulièrement les louanges des représentants de GreenPeace sont les deux seuls pays à voir leurs émissions augmenter, légèrement pour l'Allemagne et de presque 20% pour le Danemark.

En ce qui nous concerne, ces bons résultats pour la France ne seront durablement confortés qu'avec une politique ambitieuse pour l'industrie et qui ne se repose pas sur ses petits lauriers. Ils confirment que les besoins écologiques nous encouragent à investir et défendre le parc nucléaire français qui reste vieillissant et dont les investissements et le renouvellement tardent à arriver. Que c'est également sur d'autres domaines que la France doit se renforcer notamment pour remplacer les modes de transport et investir pour des logements moins consommateurs de chauffage.

Thomas Liechti est membre du comité de rédaction


[1]  L'année 2020 ayant été marquée par des émissions inhabituelles liées à la pandémie mondiale de Covid-19, la comparaison est délicate, 2019 a été choisi comme année de comparaison pour cette raison.

Revue Progressistes | 9 Jan 2022 à 17:52 | Catégories : ActualitésEnvironnement et Société | URL : https://wp.me/p3uI8L-37l

 

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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 07:41
Jean-Paul Lecoq : « Le respect du droit international est devenu un sujet tabou » (L'Humanité, 6 janvier 2022)

Jean-Paul Lecoq, député communiste du Havre, membre de la Commission Défense de l'Assemblée Nationale, sera à Brest le dimanche 9 janvier à 14h pour la manifestation pour la Paix, une autre politique internationale, de défense et vis-à-vis des réfugiés et migrants de l'Europe, et le Désarmement nucléaire.

Jean-Paul Lecoq : « Le respect du droit international est devenu un sujet tabou »
Jeudi 6 Janvier 2022 - L'Humanité

À quoi sert la diplomatie ? C’est à cette question que souhaitent répondre les députés communistes en organisant un débat au Parlement visant à faire le « bilan des actions de la France pour faire respecter le droit international ». Entretien avec Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime.

 

L’élu PCF Jean-Paul Lecoq appellera, ce jeudi, à ce que la France retrouve une diplomatie axée sur la défense de la paix, plutôt qu’une diplomatie de plus en plus dirigée vers les seuls intérêts économiques de court terme. Entretien.

Pourquoi avoir tenu à organiser ce débat ?

Jean-Paul Lecoq Parce que l’on ne parle quasiment jamais de ces questions. Le rôle que joue la France pour faire respecter ou non le droit international est devenu un sujet tabou à l’Assemblée nationale. Cela fait plus de quatre ans que je pousse pour avoir une discussion. C’était pourtant un véritable sujet de réflexion, il y a vingt ans, sur lequel la France pouvait s’enorgueillir d’avoir une voix propre. Mais nous sommes passés d’une diplomatie des valeurs à une diplomatie des intérêts de la France. Nous avons fait évoluer notre système consulaire vers celui des affaires, des installations d’entreprises, des ventes d’armes… Le développement de la paix, des intérêts des peuples et du respect du droit international est de plus en plus mis de côté, alors que c’est le meilleur service que la France ait à rendre au monde…

La première partie du débat sera consacrée au cas du Sahara occidental. Pourquoi ?

Jean-Paul Lecoq Là encore parce qu’on ne peut jamais en parler ! La France ne respecte pas les résolutions de l’ONU et la Cour de justice européenne a condamné le Maroc. Mais, à entendre le gouvernement, il n’y a aucun problème. L’idée selon laquelle le Sahara occidental appartiendrait au Maroc s’impose de plus en plus, sans aucun débat, comme si c’était naturel. Il faut pourtant reconnaître la volonté d’un peuple. Tant qu’il restera un Sahraoui, il y aura une résistance et un combat à mener pour la dignité humaine. La France a d’ailleurs la clé de cette affaire. Si seulement elle le souhaitait, elle pourrait être à la tête d’un mouvement pour une résolution pacifique du conflit. Mais, depuis des années, elle ignore la représentation du Front Polisario en France. Nous n’avons même pas exploité la période de cessez-le-feu et n’avons pas fait avancer le dossier depuis trente ans ! Si, demain, la France affirme au Maroc qu’il faut trouver une solution, si elle soutient l’organisation d’un référendum d’autodétermination défendu par l’ONU, alors tout peut changer.

Le rôle de la France concernant d’autres territoires et d’autres peuples sera-t-il également interrogé ?

Jean-Paul Lecoq Bien sûr, notamment sur Cuba. Il faut aussi que la France ose enfin élever la voix sur ce qui se passe en Palestine, avec l’instauration par Israël d’un État d’apartheid quasi permanent qui s’installe dans la vie quotidienne. Les exemples sont criants. La France ne doit pas l’accepter, et prendre des mesures fortes. « Si vous êtes très alliées avec le gouvernement israélien, alors dites-leur la vérité, ce n’est pas tenable autrement. » Voilà ce que je dis souvent aux autorités françaises. Un bon allié, comme un bon ami, doit savoir dire stop quand cela va trop loin. D’autant plus que les intérêts de la France ne sauraient être autres que les intérêts de la paix et du respect des peuples en Israël-Palestine comme ailleurs.

Une transformation radicale du rôle diplomatique de la France est-elle possible aujourd’hui ?

Jean-Paul Lecoq Cela doit le devenir. Le monde marche sur la tête et il s’agit, ni plus ni moins, de le remettre sur pied par l’action internationale et diplomatique. Cela ne peut pas être le business d’abord, sinon nous courons à notre perte, mais l’humain d’abord, la démocratie d’abord et la protection de la planète d’abord. Il faut donner à tous les pays les moyens d’un développement durable et écologique. C’est l’urgence. Au lieu de quoi, on dirige des miettes d’aide au développement là où l’on estime que la France doit sauvegarder des intérêts. Pire : on accepte tout et n’importe quoi, dès lors que nous avons des Rafale à vendre. Cela doit cesser. Force est de constater que l’aura internationale de la France s’abîme depuis qu’elle fait seulement du business. Elle est beaucoup moins respectée et écoutée. Au lieu d’inciter le monde à œuvrer pour la paix, nous nous sommes alignés sur la loi du commerce. Alors que nous devrions chercher à renforcer l’ONU, sortir de l’Otan et œuvrer à la dénucléarisation militaire.

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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 07:36
La paix et le désarmement nucléaire seront notre premier rendez-vous cette année avec notamment la manifestation à Brest du dimanche 9 janvier pour une Europe sans armes nucléaires.
 
Soyons pleinement mobilisés le dimanche 9 janvier pour la grande manif à partir de 14h à Brest place de la Liberté pour une Europe sans armes nucléaires.
 
En effet du 12 au 14 janvier prochain, les ministres de la défense et des affaires étrangères des 27 États de l'UE tiendront à Brest un sommet axé sur les questions de stratégie européenne et de défense. C'est ce qui a amené le Collectif Finistère pour l'Interdiction des Armes Nucléaires (CIAN 29 – qui regroupe une quinzaine d'associations, syndicats et organisations politiques dont le PCF) à proposer, en lien avec ICAN France et le Mouvement de la Paix, une série de mobilisations sur la période, axées sur la question du désarmement nucléaire.
 
Samedi 8 janvier après midi, fac Segalen : 4 heures pour le désarmement nucléaire
- exposition "agir pour le désarmement
- projection du film "le début de la fin des armes nucléaires" suivi d'un débat avec un représentant d'ICAN
- intervention de représentant·e.s de communes s'étant prononcées pour la signature du TIAN par la France
- intervention des représentant·e.s des organisations du CIAN 29
 
Dimanche 9 janvier :
- 11 h à 13 h, Maison du Peuple : meeting à l'initiative du Bureau National du Mouvement de la Paix avec intervention de délégations étrangères
- 14 h, Place de la Liberté : manifestation "pour une Europe sans armes nucléaires"
Jeudi 13 janvier, Maison des Syndicats : “sommet contre sommet”
- Rassemblement boulevard Jean Moulin en face de la Penfeld et des Capucins de 12h à 14h
- 17 h à 18 h 30 : projection du film "ils vont arrêter la bombe" (sur l'action contre les tirs à Mururoa en 1972) suivi d'un débat
- 20 h à 22 h : intervention de la directrice internationale d'ICAN et débat sur le désarmement nucléaire avec les forces politiques françaises qui soutiennent cet objectif, et notamment le député communiste du Havre, Jean-Paul Lecoq, membre de la commission Défense de l'Assemblée Nationale, qui représentera le candidat aux Présidentielles Fabien Roussel.
Brest - Capitale européenne du nucléaire militaire - tous mobilisés pour le désarmement nucléaire, la Paix, une autre politique de défense et vis-à-vis des migrants et réfugiés les 8, 9, 13 janvier 2022
Brest - Capitale européenne du nucléaire militaire - tous mobilisés pour le désarmement nucléaire, la Paix, une autre politique de défense et vis-à-vis des migrants et réfugiés les 8, 9, 13 janvier 2022
BREST, CAPITALE EUROPÉENNE DU NUCLÉAIRE MILITAIRE :
TOUS LES ÉTATS EUROPÉENS DOIVENT SIGNER
LE TRAITE D’INTERDICTION DES ARMES NUCLÉAIRES
Du 12 au 14 janvier prochain, les ministres de la défense et ceux des affaires étrangères des 27 Etats de l’Union Européenne tiendront sommet à Brest.
 
Le choix de Brest, siège de la « force océanique stratégique » ne doit rien au hasard.
Il démontre l’ambition du gouvernement Macron de profiter de ses six mois de présidence de l’Union Européenne pour pousser ses pions et faire de la « force de frappe » française la pièce centrale d’une future défense européenne.
Ce qui se profile, derrière le sommet de Brest, c’est bien la construction d’une Europe-forteresse aux dépenses militaires croissantes. On ne peut accepter que nos Etats s’engagent à consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses militaires quand tant de besoins sociaux restent insatisfaits sur notre continent (éducation, santé, emploi…)
Nous ne voulons pas de cette Europe-là mais d'une Europe de la PAIX fondée sur la coopération entre les peuples, le partage des richesses avec le reste du monde et la justice internationale.
Les Européens ne doivent pas accepter que le continent devienne le théâtre d’une nouvelle course aux armements.
Pour le retrait des bombes nucléaires américaines encore stationnées en Allemagne, aux Pays Bas, en Belgique et en Italie,
Pour la signature et la ratification par la France et par tous les États membres de l’Union Européenne du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (comme l’ont fait l’Autriche, l’Irlande et Malte),
Pour que la France s’engage dans un processus de démantèlement de ses armes nucléaires de toute nature et de ses sous-marins lanceurs d’engins, C'est le moment d'agir !
manifestation à Brest, place de la Liberté
le dimanche 9 janvier à partir de 14 heures , à l'appel du Collectif Finistérien pour l’Interdiction des Armes Nucléaires
(CIAN29)
En appelant à se rassembler à Brest pour réaffirmer notre exigence commune d’un monde sans guerre, un monde de paix, la CGT-Bretagne se fait aussi l’écho du poète invitant « sur cette ville heureuse à regarder ensemble cette pluie sage et heureuse, l’arsenal et le bateau d’Ouessant... » Et même si rue de Siam ou place Edouard Mazé, nous ne croiserons ni Prévert, ni Barbara, clamons avec force dimanche prochain depuis la cité du Ponant qui a connu les brûlures de l’Histoire :  « Quelle connerie la guerre ! »

En appelant à se rassembler à Brest pour réaffirmer notre exigence commune d’un monde sans guerre, un monde de paix, la CGT-Bretagne se fait aussi l’écho du poète invitant « sur cette ville heureuse à regarder ensemble cette pluie sage et heureuse, l’arsenal et le bateau d’Ouessant... » Et même si rue de Siam ou place Edouard Mazé, nous ne croiserons ni Prévert, ni Barbara, clamons avec force dimanche prochain depuis la cité du Ponant qui a connu les brûlures de l’Histoire : « Quelle connerie la guerre ! »

Tract du Mouvement de la Paix pour la manifestation nationale et même internationale du 9 janvier à Brest, 14h place de la Liberté

Tract du Mouvement de la Paix pour la manifestation nationale et même internationale du 9 janvier à Brest, 14h place de la Liberté

Tract du Mouvement de la Paix pour la manifestation nationale et même internationale du 9 janvier à Brest, 14h place de la Liberté

Tract du Mouvement de la Paix pour la manifestation nationale et même internationale du 9 janvier à Brest, 14h place de la Liberté

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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 06:58
Hisham Abu Hawash, une vie suspendue à un fil dans les geôles d'Israël (Pierre Barbancey, L'Humanité, 4 janvier 2022)
Hisham Abu Hawash, une vie suspendue à un fil dans les geôles d'Israël
Mardi 4 Janvier 2022 - L'Humanité

Près de 500 des 4 550 prisonniers politiques palestiniens sont incarcérés par Israël sans inculpation ni procès dans le cadre de la détention administrative. C'est le cas d'Hisham Abu Hawash, arrêté depuis le 27 octobre 2020, il a cessé de s’alimenter depuis plus de quatre mois et ne pèse plus que 39kg. Il demande juste le respect des droits humains et sa libération.

 

Le Palestinien Hisham Abu Hawash a cessé de s’alimenter il y a plus de 140 jours. Arrêté le 27 octobre 2020, il est emprisonné sous le régime de la détention administrative. Une loi datant de l’époque coloniale britannique et largement utilisée par l’occupant israélien.

En clair, les faits qui lui sont reprochés sont secrets, le prisonnier ni même son avocat ne peuvent avoir accès au dossier et, aux yeux de loccupant israélien, l’enfermement peut être renouvelé tous les six mois autant de fois que nécessaire.

Hisham Abu Hawash dans un état critique

Pour obtenir sa libération, Hisham Abu Hawash, âgé de 40 ans et originaire de la ville de Dura, près de Hébron, père de cinq enfants,, a décidé de mener une grève de la faim. Intraitable, ladministration israélienne le laisse mourir. Sa santé s’est considérablement dégradée. Il tombe dans le coma par intermittence.

Les équipes médicales qui lui ont rendu visite lont trouvé dans un "état critique", a indiqué samedi soir le Comité international de la Croix-Rouge (CIRC) qui sest dit "préoccupé par les conséquences irréversibles pour sa santé et sa possible mort tragique ». Il pèse moins de 39 kg, contre 86 kg avant sa grève. Aïsha Hrebat, son épouse, indique que « sa situation est très dangereuse (...) il ne parvient plus du tout à parler et nest plus conscient de ce qui se passe autour de lui. Même s’il met fin à sa grève, il aura de graves problèmes de santé ».

Sa détention administrative a été renouvelée deux fois depuis son arrestation, dont une alors quil était en grève de la faim depuis 70 jours. Sa grève de la faim se poursuit alors que ses codétenus administratifs ont lancé un boycott collectif des tribunaux militaires israéliens à partir de la nouvelle année, à compter du 1er janvier 2022, comme annoncé lors dune conférence de presse organisée le 20 décembre par la Commission des affaires des prisonniers, la Société des prisonniers palestiniens et lassociation Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits de lhomme.

Un régime en contradiction avec le droit humain le plus fondamental 

Une initiative qui suit celle de Bashir al-Khairy, avocat palestinien de gauche qui a demandé à son avocat de ne pas le représenter devant le tribunal militaire dOfer. Al-Khairy est âgé de 79 ans et il est détenu depuis le 29 octobre 2021. Les autorités doccupation israéliennes ont émis un ordre de détention administrative à son encontre pour 6 mois, jusquau 28 avril 2022.

Il a déjà passé 15 ans dans les prisons de loccupation israélienne de 1968 à 1984. « En tant quavocat et homme de loi, je considère la procédure de mon transfert en détention administrative quelle que soit sa durée – comme contredisant le droit humain le plus fondamental de se défendre et de connaître les accusations portées contre lui, en violation du droit international, a-t-il déclaré.

Devant ces tribunaux fascistes et oppressifs, afin de préserver ma dignité nationale et mes convictions, je boycotterai et refuserai de comparaître devant le tribunal militaire, et je rejetterai tout jugement émis par celui-ci. » À l’heure actuelle, environ 500 des 4 550 prisonniers politiques palestiniens sont incarcérés sans inculpation ni procès dans le cadre de la détention administrative.

La semaine du du 15 au 22 janvier 2022 a été décrétée semaine d’action pour la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti et Ahmed Saadat, respectivement leaders du Fatah et du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) auquel il convient d’ajouter Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné en France depuis 1984, soit plus de 37 ans aujourd’hui.

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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 07:31
Ashraf Fayad, poète insoumis, a reçu le prix international du poète résistant au Festival du livre de Mouans-Sartoux en 2019. L'Humanité

Ashraf Fayad, poète insoumis, a reçu le prix international du poète résistant au Festival du livre de Mouans-Sartoux en 2019. L'Humanité

Ashraf Fayad, un poète brisé
Mardi 28 Décembre 2021 - L'Humanité

Cela fait maintenant sept ans que le poète palestinien Ashraf Fayad croupit dans une geôle saoudienne.

Accusé d’apostasie (reniement de la foi), il avait été arrêté le 1 er janvier 2014 puis, en mai, condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet. Après avoir fait appel de cette peine, il est jugé à nouveau en novembre 2015 et est condamné à mort. À la suite d'une campagne internationale qui réunira plus de trois cent mille signatures, sa peine est commuée en huit ans de prison et 800 coups de fouet. Il lui est notamment reproché d’avoir publié un recueil de poèmes en 2007, Instructions internes, qui contiendrait des poèmes athées.

Né en 1980 à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, Ashraf Fayad avait dû s’exiler dans le Golfe où il devint très vite une figure du monde artistique. Peu après sa condamnation, des dizaines de poètes du monde entier s’étaient mobilisés. En 2019, il a reçu le prix international du poète résistant au Festival du livre de Mouans-Sartoux.

Le poète et dramaturge marocain, Abdellatif Laâbi, qui n’a de cesse de le défendre depuis toutes ces années, vient de diffuser un poème sur les réseaux sociaux, intitulé J’ai un ami en prison. On y lit notamment : « Dans l’étau de laideur où il étouffe/comment peut-il continuer/à caresser de la beauté/ne serait-ce que l’idée ?/Sa solitude est plus tyrannique/que celle de l’incommensurable désert/qui l’entoure/J’ai un ami en prison/et je pense à lui aujourd’hui/comme les autres jours. »

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30 décembre 2021 4 30 /12 /décembre /2021 06:39

 

Cela fera neuf ans que dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, trois militantes kurdes étaient assassinées dans Paris. L’effroi suscité par ce crime dans l’opinion publique fut à la hauteur de son caractère exceptionnel.

 

 

Ces femmes étaient des personnalités de premier plan du mouvement kurde : Sakine Cansiz, fondatrice, aux côtés d’Abdullah Ocalan, du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), cette organisation qui permit aux Kurdes de sortir de la marginalité pour retrouver leur dignité et leur liberté. Fidan Dogan (« Rojbin »), une militante éblouissante de conviction et d’opiniâtreté, alors porte-parole du CDKF, et Leyla Söylemez, dirigeante du mouvement de la jeunesse du Parti.

Ces meurtres furent également exceptionnels par l’extrême violence des exécutions. Chacune d’entre elles reçurent de nombreuses balles dans la tête.

Manifestation le 8 janvier à 12 h, gare du Nord (Paris)

L’auteur de ce crime, Omer Güney, appartenait à la mouvance extra-nationaliste des « Loups Gris ». Il est décédé en prison avant son procès, si bien que l’affaire ne sera jamais jugée. Pour autant, l’enquête poursuit son cours et a permis d’identifier les commanditaires. Omer Güney était missionné par les services secrets turcs (MIT) dont le numéro 2 était Ismaïl Hakki Musa, véritable coordinateur de l’opération sur ordre du président R.T. Erdogan. Ce bourreau a occupé les fonctions d’ambassadeur en France de 2017 à 2021 avant de les quitter opportunément alors qu’il allait être interrogé par la justice.

Désormais, pour que l’enquête connaisse une avancée décisive et soit conduite à son terme, les magistrats enquêteurs doivent avoir accès à tous les documents du dossier, couverts par le « secret défense ». Or le gouvernement de la France et notamment les ministres de l’Intérieur et de la Défense s’y opposent, empêchant ainsi que justice soit rendue. Cette situation est intolérable et indigne pour la mémoire de ces femmes, de leur famille et de tout le peuple kurde.

« Solidarité totale avec la lutte du peuple kurde. »

La France et les puissances occidentales ont pourtant une dette envers les Kurdes. Sur le devant de la scène internationale lorsqu’il s’agissait de lutter contre l’État islamique, encensés pendant quatre ans pour leur courage et leur héroïsme, les Kurdes étaient nos frères d’armes contre la barbarie et l’obscurantisme… mais c’était hier. Dans les municipalités conquises en Turquie, dans le territoire autonome du Rojava de Syrie, ils promouvaient des institutions démocratiques et progressistes, respectueuses de toutes les diversités, expulsant la violence et la mort pour construire des sociétés plurielles, féministes et pacifistes.

Désormais, ils sont abandonnés de tous, sous la menace d’invasions et d’exactions de la Turquie de R.T. Erdogan ainsi que de la duplicité des États-Unis, de la Russie et du régime sanguinaire de Bachar al-Assad. L’impéritie de la France et des Occidentaux prend la forme de plusieurs visages. Ceux des milliers de Kurdes de Turquie, députés, maires, militants du Parti démocratique des peuples (HDP) emprisonnés et torturés. Les co-présidents du HDP, Figen Yüksekdag et Selahattin Demirtas dont la Cour européenne de justice exige sa libération, en sont les figures emblématiques parmi bien d’autres. Ils prennent aussi les visages des Yézidis de la province de Shengal en Irak, qui après avoir échappé au génocide de l’État islamique sont sous les bombes chimiques de R.T. Erdogan. L’un de leurs dirigeants, Marwan Bedel, vient d’être assassiné par un drone turc. Ils portent aussi le visage de ces femmes kurdes de Syrie, notamment du canton d’Afrin (Syrie), annexé par Ankara, et livré aux hordes des supplétifs djihadistes qui les martyrisent.

Quand cette duplicité contre le droit humanitaire et le droit international cessera-t-elle ?

Enfin la France a une responsabilité particulière. Les Kurdes de France, comme Leyla, Sakine et Rojbin hier, sont à nouveau menacés. Plusieurs projets d’assassinats ont été mis à jour, tandis que les nervis de R.T. Erdogan multiplient les violences. Les Kurdes sont surveillés, leurs locaux incendiés, alors que les agressions physiques s’intensifient. Récemment, ce mois de novembre, la tombe de l’écrivain, chanteur et compositeur, Ahmet Kaya, a été profanée au Père Lachaise. Ce sont les démocrates de Turquie, comme la communauté arménienne de France, qui subissent, sur notre territoire, ces pressions, ces intimidations et ces exactions. Au lieu de protéger les Kurdes de France, le gouvernement a multiplié ces dernières années leurs interpellations et les menaces d’extraditions vers la Turquie.

C’est indigne. Alors que le Moyen-Orient est à feu et à sang, que la Turquie se montre agressive sur plusieurs champs d’opération, Paris doit être aux côtés des Kurdes partout où ils se trouvent.

Les communistes appellent à se joindre à la manifestation qui aura lieu à Paris le 8 janvier à 12 h, gare du Nord, pour exiger la justice pour ces trois militantes assassinées et exprimer notre solidarité totale avec la lutte du peuple kurde.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

 

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29 décembre 2021 3 29 /12 /décembre /2021 20:03
Le 9 janvier 2013, Sakine Canciz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient assassinées au 147 rue La Fayette

Le 9 janvier 2013, Sakine Canciz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient assassinées au 147 rue La Fayette, dans le 10ème arrondissement.
L'enquête a démontré que les services secrets turcs étaient impliqués dans le triple assassinat politique de ces militantes des droits du peuple kurdes.
Depuis 9 ans, la justice n'est pas passée.
Depuis 9 ans, les familles des victimes n'ont jamais été reçues à l’Élysée.
Depuis 9 ans, la France a préféré privilégier ses relations avec la Turquie d'Erdogan à la justice.

Alors que tous les indices recueillis au fil de l’instruction pointent vers Ankara et son agence de renseignement (MIT), la justice française a décidé dans un premier temps de clore le dossier, suite à la mort du tireur, Ömer Güney - officiellement décédé en prison d’une tumeur au cerveau en décembre 2016, au prétexte que la disparition de « l’assassin présumé » entraînait l’extinction de l’action publique. 
Soyons nombreuses et nombreux le 8 janvier à 12h devant la Gare du Nord à la manifestation organisée par les associations kurdes pour exiger la justice pour ces trois femmes, ces trois militantes.
 

Le lien de l'événement Facebook https://facebook.com/events/s/manifestation-pour-les-trois-m/586426025690981/
#justice #PCF #Kurdes #Erdoganassassin

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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 07:19
« Nos corps sont blessés, nos consciences sont touchées » : en Éthiopie, le calvaire des femmes victimes de violences sexuelles (L'Humanité, Rosa Moussaoui, 24 décembre 2021)
« Nos corps sont blessés, nos consciences sont touchées » : en Éthiopie, le calvaire des femmes victimes de violences sexuelles
Vendredi 24 Décembre 2021

Alors que la contre-offensive de l’armée d’Addis-Abeba a contraint la rébellion tigréenne au repli, les témoignages se multiplient sur les atrocités commises depuis un an par les deux parties. Reportage dans la région Amhara, où les femmes violées par les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) témoignent.

 

Nefas Mewcha, région Amhara (Éthiopie), envoyée spéciale.

Elle est prostrée dans la pénombre, sur un banc de bois vacillant, le corps enveloppé dans un gabi, une large et chaude étole de coton blanc. Elle porte sur les tempes et sur le front des tatouages et, aux oreilles, de discrets anneaux d’argent, les seuls biens qui lui restent, depuis que des hommes du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), la rébellion férocement combattue par le gouvernement d’Addis-Abeba, ont forcé la porte de sa maison, au milieu du mois d’août, pour y semer la désolation.

Le viol comme arme de guerre

« Ils nous ont tout pris, ils nous ont laissées nues, dans tous les sens du terme », souffle Agere, une femme d’une trentaine d’années, qui relève la tête pour livrer, la gorge nouée, l’atroce récit du viol qu’elle a enduré. « Ils sont arrivés le 12 août, nous entendions des tirs dans toutes les directions. Il y avait beaucoup de morts, que nous ne pouvions ni pleurer ni enterrer. Ils ont commencé à tout piller : l’hôpital, les commerces, puis les maisons une à une. Ce qu’ils ne pouvaient pas prendre, ils le démolissaient, raconte-t-elle.  Quand ils sont entrés chez moi, ils se sont emparés de mon téléphone, de ma croix, des vivres, de toutes mes économies. Puis ils ont mis mes deux enfants de 4 et 12 ans dehors, en menaçant de les tuer. J’ai été violée chez moi, sous la menace d’une arme. Ils étaient deux, très jeunes, des gamins. Si je n’avais pas eu si peur de leur arme, je leur aurais administré une correction. Ils m’ont dit : si tu cries, on te tue. »

Son fils aîné a pris la fuite, il a marché seul pendant deux jours à travers la montagne pour rejoindre des parents, chez lesquels il est arrivé les pieds en sang. Les hommes du TPLF ont occupé la zone du 12 au 21 août, neuf jours de terreur pour les habitants de Nefas Mewcha, une ville du district de Gayint, dans les hautes terres de la région Amhara, perchée sur une crête à plus de 3 000 mètres d’altitude, entre deux vertigineuses falaises.

« Ils nous disaient être venus détruire les ânes, c’est ainsi qu’ils nous désignent, nous, les Amharas. Ils nous attrapaient par la gorge, par les cheveux, nous giflaient, nous battaient, menaçaient d’en finir avec nos enfants. Ils disaient qu’il ne fallait pas laisser grandir ces serpents qui finiraient par se retourner contre eux. Ils n’ont pas tué d’enfants, mais nous étions terrorisés, terrés chez nous. Ils sont finalement partis en direction de Debre Tabor, en promettant de revenir nous massacrer si l’armée les contraignait à rebrousser chemin », poursuit Agere. Dans ce cauchemar, sa seule source de soulagement est d’avoir échappé à une grossesse. Son mari, qui se trouvait alors à Bahir Dar, la capitale régionale, ignore tout de son supplice : le poids de l’opprobre social jeté sur les femmes ayant subi des violences sexuelles les réduit au silence ; le viol, comme arme de guerre, s’avance comme une atteinte à toute la communauté, pour la salir tout entière et la disloquer.

Des victimes cloîtrées dans leur traumatisme

À Nefas Mewcha, 73 femmes ont déclaré avoir subi des violences sexuelles. Le docteur Biniam croit ce chiffre sous-estimé. Ce médecin de 35 ans, affecté à Debre Tabor, a été réquisitionné pour venir prêter main-forte à l’hôpital local, lorsque le front mouvant de la guerre civile meurtrière qui déchire depuis un an l’Éthiopie s’est rapproché de Nefas Mewcha. Avec ses équipes, il a réussi à faire évacuer les patients en catastrophe, avant l’arrivée du TPLF. Il a vu défiler des milliers de blessés. Lorsque la position a été reprise par l’armée fédérale, il a retrouvé les lieux dévastés, matériel détruit, lits renversés, médicaments éparpillés. « J’étais effondré en retrouvant l’hôpital dans cet état, murmure-t-il . Nous soignons tout le monde, tous les belligérants, je ne fais pas de différences. S’ils avaient pris les médicaments, le matériel pour sauver des vies ailleurs, d’accord, mais tout détruire ! Tous les villages des environs dépendent de cet hôpital, de sa maternité, de ses services de pédiatrie. Ici, le paludisme, la tuberculose, le VIH font des ravages. Pour beaucoup de gens de ce district encl avé, c’est un service absolument vital. »

Les femmes victimes de viol, dans ce chaos, ont tardé à se manifester. Beaucoup, cloîtrées dans leur traumatisme, ne sont jamais venues se faire soigner. Certaines l’ont sollicité pour une IVG en découvrant qu’elles étaient tombées enceintes. D’autres craignaient d’avoir contracté le VIH. Toutes souffraient de déchirures vaginales, parfois graves, entraînant des complications. D’ecchymoses et de plaies multiples, aussi, laissées par leurs agresseurs. « Les séquelles psychologiques sont lourdes. Une victime s’est récemment suicidée. Il y a eu des cas de viols collectifs, et des femmes violées sous les yeux de leurs enfants. Dans cette communauté de chrétiens orthodoxes très croyants, le viol est vu comme un déshonneur ; il y a cette idée de pureté brisée faisant peser la honte sur les victimes, qui n’ont nulle part où aller », expose le docteur Biniam.

« Il était très jeune, il aurait pu être mon fils »

Les femmes de Nefas Mewcha, pourtant, veulent raconter leur calvaire. Une quarantaine d’entre elles affluent dans la salle commune ouverte pour nous par une responsable de la municipalité, qui les invite à livrer leur témoignage « sans un mot de trop ni de moins, sans esprit de vengeance ». Des adolescentes à l’air égaré aux femmes d’âge mûr, traits graves, les yeux noyés de détresse, elles se confient une à une. Abaye Tsegaye doit avoir une cinquantaine d’années. À l’arrivée du TPLF, elle a rejoint la forêt avec des voisins. Les trois hommes du groupe ont été abattus, avant que les assaillants ne se retournent contre les sept femmes en fuite. « Ils étaient deux, l’un m’a attrapée par la gorge, l’autre m’a écarté les jambes de force en me reprochant de soutenir le gouvernement, alors que je ne me suis jamais occupée de politique, relate-t-elle. Ils m’ont pris tout ce que j’avais sur moi. J’ai erré nue dans la forêt pendant cinq jours. » Elle se lève, soulève un pan de sa robe pour montrer la longue cicatrice qui lui balafre l’aine.

Mnalou Goshou, une femme du même âge, était à ses côtés, à la recherche désespérée d’une échappatoire. Elle aussi dévoile les stigmates d’une blessure : elle a été violée sous la menace d’un couteau qui lui a tailladé le ventre et la jambe gauche. « Il m’a dit : “Ma mère a été attaquée par l’armée érythréenne (alliée du gouvernement d’Addis-Abeba dans l’offensive contre le TPLF – NDLR), alors je te fais la même chose.” Il était très jeune. Il aurait pu être mon fils », se remémore-t-elle, la voix tremblante. Elle s’effondre en sanglots.

« Il m’a dit que j’étais un serpent, que je méritais de mourir »

Alem Tsehaye a moins de 30 ans, elle était enceinte au moment du viol. « J’avais chez moi un drapeau du Parti de la prospérité (le parti du premier ministre Abiy Ahmed – NDLR). Il m’a dit : même si tu es enceinte, je dois te violer car tu es l’âne d’Abiy. Il m’a violée sous le regard d’un autre », chuchote-t-elle. Helmé a dix ans de plus, un foulard noué autour de la tête, le visage déjà creusé de rides. « Un homme m’a saisie chez moi, m’a mis sa main sur les yeux. Il me demandait des informations sur les responsables de la ville. J’ai répondu que je ne les connaissais pas. Il m’a dit que j’étais un serpent, que je méritais de mourir. Il m’a dit : “Tous vos hommes vous ont abandonnées, ils sont partis, qui te sauvera ?” Puis il m’a violée. Quand il a fini, celui qui faisait la sentinelle dehors a pris son tour, balbutie-t-elle.  On ne pouvait rien faire face à ces hommes armés. Nous avons des traditions de solidarité mais ils ne nous ont rien laissé, nous ne pouvons même plus nous entraider matériellement, juste se soutenir moralement. Nos corps sont blessés, mais nos consciences aussi sont touchées. »

Son récit est brutalement interrompu par le surgissement d’un fano, membre de la milice Amhara, qui nous conteste le droit de recueillir ces témoignages. Il exige des autorisations officielles, dit vouloir « protéger ces femmes ». Dehors, ses compagnons paradent partout, kalachnikov en bandoulière, avec les hommes des forces spéciales amharas, l’armée régionale. Dans le vacarme des tirs de ces miliciens, au crépuscule, les troupes fédérales, elles, remontent de Gashena, carrefour stratégique très disputé, à 70 kilomètres de là, qui a changé plusieurs fois de mains, tout juste repris au TPLF, au terme de sanglants combats. En treillis, capuche remontée sur ses cheveux nattés, fusil-mitrailleur en main, Jerry, à 25 ans, a le grade de lieutenant de l’armée fédérale. Interrogée sur les allégations de crimes de guerre et sur les atrocités commises par son propre camp contre des populations civiles du Tigré, elle veut croire que « la discipline » des siens est une digue contre les violences sexuelles. « Si je vois des soldats prêts à violer une femme tigréenne, moi aussi j’ai du feu. Je n’hésiterais pas à faire usage de mon arme », tranche-t-elle.

Dans l’hôpital de Nefas Mewcha où affluent sans trêve les ambulances, les lits des blessés et des malades sont alignés dans les couloirs ; les médecins recousent les plaies dans le patio. Chaque jour, trois ou quatre patients finissent par succomber.

Une chambre est tenue close ; pour l’ouvrir, le personnel soignant doit demander les clés à un colonel en tenue de sport bleue, tête couverte d’un bonnet noir. À l’intérieur, dans une pièce de 9 mètres carrés, six jeunes combattants tigréens blessés, faits prisonniers, gisent sur des matelas posés à même le sol, au milieu d’une saleté abjecte. Dans un recoin, des bouteilles de plastique remplies d’urine s’amoncellent. Ils ont été enregistrés auprès du Comité international de la Croix-Rouge, nous assure-t-on. Nous demandons à les interroger seuls : fin de non-recevoir. « Si nous sommes là, c’est que chaque maison devait donner un homme à la guerre », nous glisse, les yeux suppliants, l’un d’entre eux, pelotonné dans une couverture souillée. Le plus vieux dit avoir 21 ans, le plus jeune, 18 ans. Des vies à peine écloses, qui ont déjà tutoyé l’horreur et frôlé la mort. Brisées par la guerre.

Addis-abeba rejette le principe d’une enquête onusienne

Dans une résolution adoptée à l’issue d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme examinant « la situation grave » en Éthiopie, l’ONU a donné la semaine dernière son feu vert à un mécanisme international d’enquête sur les exactions commises, depuis un an, dans le pays. Démarche rejetée par Addis-Abeba, qui dénonce « une mentalité néocolonialiste ». Dans une enquête conjointe avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme, créée par le gouvernement éthiopien, les Nations unies avaient déjà conclu, début novembre, à de possibles crimes contre l’humanité commis par toutes les parties. La résolution demande la création d’une « commission internationale d’experts en droits de l’homme » chargée de réunir des preuves sur les violations des droits humains. Ce conflit a fait, depuis un an, plusieurs milliers de morts, plus de 2 millions de déplacés, et poussé des centaines de milliers d’Éthiopiens au bord de la famine, selon l’ONU, qui déplore aussi les arrestations de 5 000 à 7 000 personnes, dont neuf employés onusiens, depuis l’instauration de l’état d’urgence, le 2 novembre.

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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 07:12
Disparition. Desmond Tutu a rejoint l’arc-en-ciel des nations (Pierre Barbancey, L'Humanité, 26 décembre 2021)
Disparition. Desmond Tutu a rejoint l’arc-en-ciel des nations
Dimanche 26 Décembre 2021

Figure de la lutte contre l’apartheid, prix Nobel de la paix, personnalité intransigeante et attachante, l’ancien archevêque du Cap est décédé dimanche. Il avait 90 ans.

C’était un rire pur. Un rire franc. Un rire massif parfois tonitruant. Tous ceux qui ont eu la chance de rencontrer Desmond Tutu se souviennent aujourd’hui de ses yeux plissés, espiègles, comme ceux d’un enfant, dès qu’il esquissait un sourire. Plus que de la bonhomie, il y avait chez lui un amour de la vie et une façon unique de raconter des anecdotes. Comme celle-ci : « Un jour à San Francisco, j’étais bien tranquille dans mon coin. Une femme fait irruption devant moi. Visiblement émue, elle me salue d’un “Bonjour, archevêque Mandela !” Deux hommes pour le prix d’un ». Au mois d’octobre, il avait fêté ses 90 ans. Ce fut sa dernière apparition publique. Celui que tout le monde appelait familièrement par le surnom de The Arch (archevêque se dit archbishop en anglais) s’est éteint, ce dimanche, au lendemain de Noël.

Icon QuoteJe n’ai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d’autres qui pensent en être aussi.Desmond Tutu

Une disparition annoncée par Cyril Ramaphosa, président de la République d’Afrique du Sud, en personne. « Des trottoirs de la résistance en Afrique du Sud aux chaires des grandes cathédrales et lieux de culte du monde, en passant par le cadre prestigieux de la cérémonie du prix Nobel de la paix, The Arch s’est distingué comme un défenseur non sectaire et inclusif des droits de l’homme universels », a déclaré celui qui est également à la tête du Congrès national africain (ANC). Une organisation que Desmond Tutu n’a pas craint d’étriller ces dernières années, annonçant même qu’il ne voterait plus en sa faveur, se disant déçu par la corruption, l’état des écoles publiques et la pauvreté persistante. « Je n’ai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d’autres qui pensent en être aussi », dénonçait-il.

Tutu est né le 7 octobre 1931 dans la ville minière de Klerksdorp, à l’ouest de Johannesburg. Sa mère était domestique, son père directeur d’école primaire. Il se tourne très vite vers la théologie et devient, en 1978, le premier dirigeant noir du Conseil sud-africain des églises (SACC), qui compte 15 millions de fidèles actifs dans la lutte contre l’apartheid. En 1984, alors qu’il est nommé évêque de Johannesburg et appelle au boycott économique du régime raciste blanc de Pretoria, il est lauréat du prix Nobel de la paix. Albert Luthuli, président de l’ANC de 1952 à 1967, avait reçu ce même prix en 1960. Il sera également décerné à Nelson Mandela et Frederik De Klerk en 1993. Il devient archevêque du Cap en 1986, alors que, dans le pays, la lutte s’intensifie pour mettre à bas l’apartheid, notamment avec le regroupement de toutes les organisations progressistes, civiles, religieuses et syndicales au sein du Front démocratique uni (United democratic front, UDF).

Icon Quote Pardonner, ce n’est pas seulement être altruiste. C’est la meilleure forme d’intérêt personnel. Un processus qui n’exclut pas la haine et la colère.Desmond Tutu

Une lutte dont il est totalement partie prenante, notamment en tant que responsable de l’Église anglicane pour toute l’Afrique australe. Et une épine plantée dans le pied du pouvoir raciste qui ne peut se débarrasser de cette personnalité aux déclarations fracassantes. Ainsi, en juillet 1986, après le refus de Ronald Reagan, alors président des États-Unis, d’imposer des sanctions au régime de l’apartheid, il s’exclame devant la presse : « Plus de 70 % de notre peuple, comme le montrent deux sondages, veulent des sanctions. Mais non, le président Reagan sait mieux que tout le monde. Nous allons souffrir. Il est là, comme le grand chef blanc à l’ancienne, à nous dire que nous, les Noirs, on ne sait pas ce qui est bon pour nous. L’homme blanc sait ».

Serviteur d’une Église aux portes grandes ouvertes

En 1995, un an après les premières élections démocratiques qui ont vu l’accession de Nelson Mandela à la présidence du pays, Desmond Tutu est tout naturellement nommé à la tête de la commission Vérité et Réconciliation, chargée d’enquêter sur les crimes commis sous l’apartheid. Il aimait d’ailleurs dire : « Pardonner, ce n’est pas seulement être altruiste. C’est la meilleure forme d’intérêt personnel. C’est aussi un processus qui n’exclut pas la haine et la colère ». Au deuxième jour des auditions, il fond en larmes après le témoignage particulièrement insoutenable d’un ancien détenu de Robben Island.

Présidant depuis 2007 The Elders (les Aînés), groupe de personnalités internationales œuvrant pour le règlement de conflits dans le monde, The Arch avait écrit en juin 2016 au comité Nobel pour proposer « la nomination de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné, pour le prix Nobel de la paix ». Il rappelait qu’ « en 2013, une campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouti et de tous les prisonniers palestiniens fut lancée à Robben Island (…) depuis la cellule du symbole universel de paix qu’est Nelson Mandela ».

The Arch était le serviteur d’une Église aux portes grandes ouvertes pour accueillir ce qu’il a lui-même appelé la « nation arc-en-ciel ». Une belle expression qu’il a employée pour la première fois lors de son discours prononcé aux obsèques de Chris Hani, secrétaire général du Parti communiste sud-africain (SACP) et chef militaire de Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l’ANC, assassiné en 1993. Une idée si forte que Nelson Mandela l’a reprise le 10 mai 1994, lors de sa cérémonie d’investiture : « Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute (…), une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde ».

Desmond Tutu était un peu la conscience de l’Afrique du Sud. Avec lui, disparaît pratiquement le dernier des géants de la lutte contre l’apartheid et des idées progressistes. Parmi ses derniers combats, et contre sa hiérarchie, il a défendu le suicide assisté, le droit à l’avortement et les homosexuels. Avec ce pied de nez qui le caractérisait si bien : « Je ne vénérerais pas un Dieu homophobe. (…) Je refuserais d’aller dans un paradis homophobe. Non, je dirais : “Désolé ! Je préfère de loin aller de l’autre côté” ».

Repères
7 octobre 1931
Naissance à Klerksdorp, dans le Transvaal.
1961 Ordonné prêtre de l’Église anglicane.
10 décembre 1984 Reçoit le prix Nobel dans le grand amphithéâtre de l’université d’Oslo.
7 septembre 1986 Nommé archevêque du Cap.
1995 Nommé président de la commission de la Vérité et de la Réconciliation.
2005 Nommé par le secrétaire général de l’ONU membre du Haut-Conseil pour l’Alliance des civilisations.
26 décembre 2021 «Le décès de l’archevêque émérite Desmond Tutu est un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée. », Cyril Ramaphosa, président sud-africain.

Disparition. Desmond Tutu a rejoint l’arc-en-ciel des nations (Pierre Barbancey, L'Humanité, 26 décembre 2021)
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