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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 06:01

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Hier soir, Arte diffusait un documentaire intitulé Syrie, dans l'enfer de la répression, ce reportage ayant été tourné clandestinement en août dernier par la journaliste Sofia Amara pour montrer les modes d'action, l'immense courage et le calvaire des activistes et des foules syriennes qui manifestent pacifiquement contre le régime de Bachar el Assad.

Au moins 3000 syriens tués par le régime (ce sont ceux dont le sort à été établi, mais il y a aussi beaucoup de disparitions), des dizaines de milliers d'arrestations suivies de tortures (suspendus à des crocs de boucher où l'on étire les chairs, cigarettes avec lesquels on les brûle, coups de ceinturons, électricité...), des manifestants blessés qu'on achève systématiquement dans les hôpitaux militaires, des soldats refusant de tirer sur la foule qui sont immédiatement fusillés... Tout l'arsenal d'un appareil sécuritaire pervers en guerre contre son peuple.

Et, malgré tout, on voit les Syriens, enfants, jeunes hommes et moins jeunes, qui continuent à offrir leur poitrine aux assassins appointés en avançant vers les soldats ou les forces de sécurité dans les manifestations d'après prière de rupture de jeûne tout en criant et chantant leur detestation de Bachar et de son régime mafieux et terroriste basé sur la corruption, la domination sans partage d'une minorité, les Alouites, et le pouvoir absolu des services de renseignement. On les voit continuer à avancer, masqués ou non, alors que des étages des immeubles, ou d'en face devant des fourgonnettes ou des blindés, on les tue au compte-goutte, par dizaines ou par centaines selon la stratégie du jour des loyalistes. Quand les révoltés se retrouvent le soir sur les places, ils dansent et ils reprennent à l'unisson des slogans où il est question de ne renoncer jamais, de n'avoir qu'un Dieu, et surtout pas Bachar, de pendre leur dictateur, d'aller jusqu'au bout pour renverser le régime. Ils se donnent du courage ensemble pour ne pas céder au désespoir qui leur ferait tout perdre. Par internet, les différents mouvements populaires révolutionnaires décentralisés des villes syriennes s'échangent des images, des slogans, des informations, informent Al Jazira, la télévision qatari qui dénonce au monde arabe les atrocités de l'armée et des milices du pouvoir, dont certaines sont composées de tueurs du Hezbollah ou d'Iran encore plus cruels avec la population. Ce qui est bouleversant dans ce reportage et cette réalité, ce n'est pas simplement de voir les supplices infligés par ce régime qui n'a plus aucune porte de sortie honorable, c'est de voir la joie, la fraternité et la résolution inébranlable sur les visages des manifestants qui n'ont plus peur d'Assad et vivent déjà un rêve en retrouvant un collectif politique, une dignité, en s'exprimant librement. C'est de voir que, dans leur majorité, ils continuent à avoir la lucidité, malgré l'horreur de la repression, de refuser de repliquer, de prendre les armes contre les gardiens du régime, car ils savent que ces dernières n'attendent que cela pour passer d'une repression ciblée visant à terroriser à des crimes de guerre de masse dans un conflit absolument inégal qui opposerait sans que le terrain se prête à une guérilla une armée suréquipée de 500000 soldats joints aux forces de sécurité à une population quasi désarmée. Ils continuent également à refuser l'intervention étrangère qui obscurcirait les motivations du mouvement populaire, permettrait à Bachar et à ses sbires de le décridibiliser comme l'effet d'un complot occidental, et qui générerait sans doute dans un premier temps une intensification de la répression et une guerre civile. Ce peuple a déjà eu à souffrir de la partialité occidentale dans ses conflits avec Israël et a l'exemple-repoussoir de l'Irak pour continuer à vouloir que la chute du régime vienne d'un mouvement politique interne, malgré les difficultés et les sacrifices que cela nécessite. Dans la ville d'Hama, que les chars ont encerclé avant que les militaires ne la ratisse et envoie des obus anti-aériens sur la population, on a été obligé cet été, comme l'armée bombardait les cimetières, d'enterrer dans ces jardins publics créés sur l'emplacement d'anciens cimetières et charniers après les massacres des Frères musulmans et des populations civiles en 1982 par Hafez el Assad.    

Dès lors, de quoi ces Syriens en lutte attendent leur salut? De l'impossibilité logique qu'un régime militaire et policier continue d'exercer sa domination en massacrant pendant des mois ou des années des opposants unis et s'organisant à visage découvert qui représentent la volonté d'au moins 80% de la population. De la fin du soutien des Iraniens, du gouvernement libanais qui craint son voisin et le Hezbollah, de la Russie et de la Chine, au régime des Assad. Des mouvements de défection et de révolte à l'intérieur de l'armée, motivés par l'indignation morale devant les exactions contre des civils pacifiques, leur peuple, ou par la perception lucide de l'intérêt qu'il y a à se désolidariser à temps d'un régime condamné à terme. 

La France a tenté avec d'autres ces dernières semaines d'obtenir une condamnation ferme de l'Etat syrien et des sanctions à l'ONU: la Chine et la Russie ont fait obstruction, même si leurs communiqués se font de moins en moins complaisants pour Assad. Il faut poursuivre et intensifier ces efforts pour ne pas laisser la population syrienne se faire massacrer en huis clos sans rien tenter. Le dialogue entre les opposants en exil issus de divers partis et composantes de la société syrienne et leur association en un Comité National de la Résistance est aussi une perspective intéressante pour crédibiliser auprès des autres Etats et de la population syrienne elle-même l'opportunité d'un changement de régime.

En tout cas, ce pays qui a été placé depuis 40 ans sous une chape de plomb d'unanimisme et de docilité forcés nous donne une sacrée leçon de vitalité populaire et de courage de la même manière que tous les mouvements démocratiques pacifiques de ce printemps arabe qui devraient nourrir en nous la honte de ne pas être capables, en Europe occidentale, de nous révolter dans une situation de précarité et de danger bien moindres face à la confiscation de nos droits et la régression sociale que nous subissons depuis des années.

Ismaël Dupont.

 

 

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 06:02

Le très ultra-libéral José Manuel Barroso a dit il y a quelques jours (Libération du 29 septembre): "La coopération intergouvernementale n'est pas suffisante pour sortir l'Europe de cette crise" qui "risque de mener à la renationalisation et à la fragmentation".  On ne peut être plus clair: le renforcement de l'intégration économique européenne et de la constitutionnalisation des contraintes d'austérité s'inscrit dans le projet historique des concepteurs de l'Union Européenne de défense dogmatique du libéralisme et de la privatisation contre l'indépendance économique des peuples, entreprise mise en péril par les conséquences de la crise actuelle du capitalisme qui fragilise des banques, les sociétés d'assurance et les fonds d'investissement pouvant être menacés par les cessations de paiement et le non remboursement des dettes des Etats (comme la Grèce, l'Italie, l'Espagne).

Le 29 septembre 2011, l'Allemagne et l'Estonie ont voté le texte qui augmente le poids du Fonds européen de stabilité financière (FESF) dont l'existence a été décidée au niveau du Conseil des Ministres européens en mai et qui sera doté d'une capacité d'emprunt de 440 milliards d'euros.

Ce Fonds européen de stabilité permettra donc aux Etats d'emprunter sur le circuit bancaire pour prêter dans l'urgence aux Etats afin qu'ils remboursent à échéance leurs créanciers privés, sans certitude aucune de voir ces milliards avancés par le contribuable européen sous la forme d'une aggravation de la dette publique qu'il paye en réduction du service public, des prestations sociales et des droits sociaux, revenir un jour dans ses poches. Cette cagnotte virtuelle du fonds de stabilité constituée en hypothéquant le bien-être des classes moyennes et populaires européennes est là pour limiter la spéculation sur les dettes souveraines et la faillite des banques et le renchérissement des taux d'intérêt consentis aux Etats très endettés, qui rend de plus en plus difficile le remboursement de ces dettes en les plongeant dans la recession. 

Vu que les plans d'austérité qu'on impose aux Etats hyper-endettés (du fait de la crise financière de 2008, des aides inutiles aux entreprises, de la défiscalisation des hauts revenus et des entreprises, rappelons-le...) réduisent encore leur capacité à rembourser un jour leurs dettes en plombant leur croissance, il est quasiment certain que ce fonds de stabilité sera mis à contribution très bientôt, ce qui augmentera considérablement la dette des principaux Etats contributeurs, la France et l'Allemagne, fragilisera l'euro et permettra une nouvelle curée contre les droits sociaux d'une violence inégalée.        

Puisque à l'origine de cette crise se trouve le poids de l'économie financière (renforcé par les privatisations du secteur bancaire, des services publics et de la protection sociale, la pression sur les salaires au profit des actionnaires, la libéralisation et la dérégulation des échanges boursiers...) et les limites de l'endettement privé pour alimenter la consommation et le dynamisme de l'économie alors que les salaires du grand nombre restent corsetés, le moyen d'en sortir aurait été de renationaliser une partie du secteur bancaire pour mener une politique de crédit au service du social, de l'écologie et de la croissance durable, de taxer les capitaux et les grandes fortunes pour réduire le poids de l'économie financière, de supprimer les opérations boursières purement spéculatives, de renforcer les services publics, la protection sociale, les salaires dans le cadre d'un certain protectionnisme européen afin de relancer la production et la consommation en Europe.  Cela peut et doit se faire sur une échelle européenne et la crise du capitalisme européen causée par 30 ans d'ultra-libéralisme aurait été l'occasion de faire ce virage à 180 degrés dans nos politiques publiques.

Au lieu de cela, on fait semblant de croire, pour continuer à transférer des richesses publiques au secteur privé et à appliquer les bonnes vieilles recettes libérales, que l'hyper-austérité imposée aux Etats endettés leur permettra ainsi que l'Europe toute entière de se sortir de la crise, qualifiée de crise de la dette des Etats (trop généreux avec les sociétés par conséquent) et non de symptômes d'une maladie incurable du capitalisme, sous la forme pure que nous lui connaissons depuis les vagues de dérégulation et de privatisations des 30 dernières années. 

La contrepartie exigée pour bénéficier au besoin de la caisse de mutualisation des pertes du fonds européen de stabilité est en effet de se plier au pacte de stabilité pour l'euro. Avec celui-ci, comme l'écrit Jean Quatremer, journaliste de Libération le 29 septembre: " non seulement l'équilibre des finances publiques devient la règle, sous peine de lourdes sanctions quasi automatiques, mais les grandes lignes des politiques économiques et budgétaires seront arrêtées en commun à Bruxelles avant d'être approuvées par les Parlements nationaux. La "règle d'or" européenne (déficit limité à 3% du PIB, dette maximale de 60%) était déjà gravée dans le marbre, elle l'est désormais dans l'acier trempé". Désormais, affirme le député européen Modem Sylvie Goulard, "la Commission va pouvoir piloter plus finement les politiques économiques de la zone euro" . Les citoyens se veront ainsi tout à fait déposséder de leur souveraineté en matière de choix économiques et sociaux: le vieux programme de Monnet de dictature de la science technocratique au service de la vitalité des entreprises se réalise enfin!

Avec quelle efficacité le fait-elle déjà! Après avoir imposé à l'Italie un plan d'austérité de 54 milliards d'euros, frappant essentiellement les intérêts des classes moyennes et populaires grâce au sens de la justice sociale si spécial de Berlusconi, il devient tellement improbable que l'Italie plongée dans la recession se sorte d'un endettement équivalent à 130% du PIB que l'agence de notation Standards and Poor's, une semaine après l'adoption de ce texte, a degradé la note de l'Italie.

De même, comment justifier que dans un pays, la Grèce, qui compte un taux de recession à 4 ou 5%, 16,6% de chômeurs, et qui a fait déjà des "plans d'économie" monstres depuis 2008 en augmentant les impôts, privatisant des services publics, démentelant le système de retraite et la protection sociale, supprimant des postes de fonctionnaires et réduisant leurs salaires, on exige encore une batterie de nouvelles mesures que Papendreou, entraîné dans une course en avant pour éviter que les taux d'intérêts de la Grèce s'envolent encore, s'empresse de faire voter par son Parlement: "suppression de 20000 postes supplémentaires dans la fonction publique, gel des salaires et des retraites de la fonction publique, instauration du chômage technique dans tous les organismes publics, augmentation de la taxe sur le fioul domestique, réduction des dépenses de santé, accélération des privatisations"    (L'Humanité Dimanche, 22 septembre). Ainsi, les dirigeants de l'Europe, loin de manifester leur solidarité envers des grecs déjà durement éprouvés, se comportent, selon la bonne formule du journaliste de L'Humanité, Dominique Sicot, comme "un tribunal de commerce" au service des intérêts des créanciers, les grandes banques françaises et allemandes.

En France, la dette est actuellement équivalente à 6,7% du PIB. Les députés européens socialistes français, à l'inverse de leurs homologues sociaux-démocrates grecs, espagnols, italiens, allemands, n'ont pas voté le Pacte de Stabilité pour l'euro. C'est une bonne chose. Pourtant, dans leur projet socialiste pour 2012, il y a cet objectif conforme aux traités de Maastritch et de Lisbonne, de revenir à une dette à 3% du PIB et de ne pas faire augmenter les dépenses publiques plus vite que la croissance, quasi nulle actuellement. Peu de chances dès lors qu'en cas d'alternance en 2012, les socialistes, surtout s'ils sont conduits par un François Hollande adepte de la rigueur depuis plusieurs années, engagent une politique de relance pour soutenir le pouvoir d'achat des français, réévaluent les pensions, les minima sociaux, les niveaux d'indemnisation au titre de la sécurité sociale, ou qu'ils engagent un plan de relance de l'investissement et de l'embauche dans les services publics. Tout au plus, si un rapport de force ne s'établit pas qui oblige la gauche gouvernementale à rompre avec sa logique d'adaptation au capitalisme mondialisé et de renforcement des politiques économiques intégrées et libérales en Europe,  pourra t'on espérer que les socialistes, sans rétablir ce que la droite a défait, s'engagent à ne pas faire plus de dégâts dans une sorte de solution de compromis entre leurs engagements européens et les attentes de leur électorat.

 

Ismaël Dupont.

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 18:35

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On cherchait des idées pour la programmation du nouveau Festival des Arts dans la Rue de juillet-août 2014 et les Grecs, inventeurs de la philosophie, de la démocratie, du théâtre tragique, du ouzo et de la féta, et de biens d'autres choses moins plaisantes telles que l'oligarchie au VI ème siècle av. JC ou l'effet létal du chantage à la dette depuis deux ans, n'ont pas démenti leur réputation de précurseurs en trouvant un rôle à sa mesure à notre regretté plus brillant économiste de France, ex sauveur du monde et meilleur espoir d'une gauche qu'il aurait enfin pu reconcilier avec la modernité social-libérale. 

C'était dans un village du Magne, une péninsule aride et magnifique au sud du Péloponnèse, peuplée à l'origine, semble t-il,  par des colons corses, ce qui explique, autant peut-être que l'austérité martiale de leurs hautes maisons fortifiées  traditionnelles à meurtrières et machicoulis, le goût de des gens là, si éloignés de New-York, de ses suites et de ses dîners de truffes à des milliers d'euros, pour l'esthétique glorieuse des films de mafia.

C'était avant la vraie-fausse confession si persuasive et pleine de hauteur imposante de Dominique face à cinq millions de Français, plus Claire Chazal.  

Le patron du FMI (L'était-il encore? Le titre lui sera de toute façon attaché durablement désormais comme celui de ministre de la Culture à Jack Lang, Christine Lagarde nous en excuse...)  avait l'air moins grave, plus détendu et léger que dans son exercice d'explication du 18 septembre sur TF1 - soit qu'il était content de sa reconversion dans la séduction des caméristes blanches, soit parce que le théâtre lui allait mieux que la comédie politicienne, ou bien encore la gestion impériale et sans complaisance des affaires grecques lui donnait pour lui-même des airs flatteurs d'Alexandre le Grand, selon l'hypothèse que l'on veut bien former sur l'authenticité et le contexte chronologique de cette photo. 

En tout cas, depuis qu'il est la super-star connue jusque dans les campagnes les plus reculées de Grèce, où l'on n'hésite pas, avec un salaire minimum de 600 €, un salaire moyen d'à peine 1000 €, des mois de salaires brutalement retirées, des taxes en augmentation, un Sans Plomp 95 à 1,70 € le litre, à dépenser 15 à 20 € pour voir le spectacle de Dominique (Nique Nique... scandent souvent les spectateurs, se souvenant peut-être du tube très sixtie d'une soeur de coeur de notre ancien consultant de la MNEF à qui l'on donnait le bon dieu sans confession), Strauss-Kahn a évolué sur la question de la dette grecque: elle ne doit plus prendre à la gorge les spectateurs qui ont lancé sur des chapeaux de roue  sa tournée internationale et qui ont fait déjà de tels sacrifices pour lui: il faut en annuler une partie, nous a dit-il, plein de lucidité, à la fin de son allocution du 18 septembre: "Il faut couper les pertes maintenant si l'on veut repartir de l'avant", a dit-il à propos de la dette grecque, ce qui laisse penser que sa sérénité nouvelle et son indépendance le rendent plus lucides que nos laborieux hommes politiques européens qui continuent à faire sans joie le sale boulot des banques et des multinationales.         

 

Ismaël Dupont.      

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 13:49

 

 

troy davis

 

Malgré les 20 ans pendant lesquels Troy DAVIS a crié son innocence du meurtre d’un policier blanc pour lequel il a été condamné à mort en quelques heures.

Innocence qu’il a revendiquée jusqu’au moment de la piqûre fatale qui lui a donné la mort.,

 

Malgré l’absence de toute preuve matérielle et en particulier de l’arme du crime (la condamnation ne reposant alors que sur des témoignages),

 

Malgré la rétractation de sept des neuf témoins qui l’avaient « reconnu »,

 

Malgré les pressions de la police que ces témoins déclarent avoir subies (des adolescents noirs dans un commissariat dont l'un des policiers venait d’être tué),

 

Malgré les centaines de milliers d’appels à la retenue émanant d’institutions, d’états, de célébrités comme de citoyens anonymes,

 

 

ILS ONT OSE !!! ILS ONT TUE DE SANG-FROID UN ADOLESCENT (au moment des faits) QUI A PASSE ENSUITE 20 ANS DANS LE COULOIR DE LA MORT

 

Je suis d’accord avec Robert BADINTER : c’est un crime, un assassinat judiciaire.

Mais c’est aussi une déroute de la « démocratie » états-unienne.

 

 

Au moment où, surfant sur l’échec de la politique sécuritaire de SARKOZY et sur le mal-vivre de couches de plus en plus larges de la population, certain-e-s veulent remettre en cause l’abrogation de la peine de mort, c’est aussi un combat qu’il appartient à tous les démocrates de mener dans notre pays.

 

 

Alain DAVID

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 06:19

Le recul de la décennie n’a pas effacé l’intensité du terrible choc de cet événement mondial communément baptisé « le 11 septembre », avec la destruction des deux tours du « World Trade Center ». Symbolique, car ces tours avaient été ainsi baptisées parce qu’elles devaient indiquer le lieu où battait le cœur économique et financier du monde capitaliste occidental. Acte de barbarie vécu par des milliards de téléspectateurs, imprégnant les mémoires, qui fut, quelques temps après la chute du mur de Berlin, un nouvel événement de rupture dans l’histoire.

Les dirigeants américains qui, pour combattre les pays du bloc soviétique et aussi les pays non alignés cherchant des voies d’émancipation, ont favorisé le fondamentalisme islamique, venaient de subir une attaque sur leur propre territoire, de ceux-là même qu’ils avaient créés, nourris et contribué à développer. Au-delà des trois mille morts qu’elle a engendré, de la destruction d’un quartier des plus emblématiques de New-York, le peuple nord-américain a été d’autant plus traumatisé que ses dirigeants n’avaient cessé de faire croire qu’ayant gagné la guerre froide contre le système soviétique, ils étaient désormais en sécurité et pouvaient envisager un avenir paisible, voir prospère. Les années de gouvernement de B. Clinton donnaient d’ailleurs pour une part raison à cette thèse.

Mais dans un monde globalisé, aucun pays ne peut vivre dans la prospérité quand l’immense majorité des peuples vit dans le dénuement le plus total. C’est sur la misère et la pauvreté qu’a prospéré un fondamentalisme terroriste faisant confondre les idéaux généreux de l’islam avec un intégrisme islamique. Prétexte utilisé par un bushisme, tout aussi intégriste, appelant lui aussi à de prétendus ordres de dieu pour, au nom de la lutte contre le terrorisme, déclencher deux guerres, celle d’Afghanistan et celle d’Irak. En Afghanistan, les dirigeants nord-américains ont installé au pouvoir l’ancien royaliste Hamid Karzaï, qui était collaborateur de la compagnie pétrolière américaine « Unocal », pour négocier avec les talibans, sans que l’influence de ces derniers ne recule aujourd’hui. Quant à la guerre en Irak, déclenchée sur le mensonge des armes de destruction massive, en dehors de toute légalité internationale, là non plus les choses ne s’améliorent pas, ni en Irak, ni aux alentours avec les tensions décuplées avec l’Iran que le Président Sarkozy vient de relancer.  

Partout, particulièrement aux Etats-Unis, en Europe et en Israël, la destruction des tours a servi de prétexte à des politiques sécuritaires de contrôle des individus, de restriction des libertés. Dans cette période, la direction israélienne, a favorisé l’émergence du Hamas contre l’Organisation de libération de la Palestine. Elle a bloqué les négociations pour l’existence d’un Etat palestinien souverain, continuant de voler leurs terres, leurs maisons aux Palestiniens, les colonisant de plus en plus sans qu’aucune initiative efficace ne soit prise pour mettre fin à l’intégrisme israélien au nom de la théorie bushiste du combat contre «l’axe du mal », alors que les peuples arabes considéraient que l’humiliation faite aux Palestiniens était aussi leur humiliation.

Et que dire des scandales de la prison de Guantanamo et de la complicité européenne qui ont laissé deux pays, la Roumanie et la Pologne abriter des centres de détention au service de la logique nord-américaine?

Les dirigeants nord-américains et de larges fractions de dirigeants en Europe et en Israël, ont tenté ces dernières années de survaloriser la nécessaire lutte contre le terrorisme, espérant ainsi affaiblir la lutte des classes. Nous sommes à la fin de ce cycle. Les mouvements arabes viennent de faire voler en éclats le concept de « guerre de civilisations », comme d’ailleurs celui d’une prétendue « fin de l’histoire ». L’élection de B. Obama est due pour une part au rejet des guerres américaines. Mais au-delà, le monde change un peu plus chaque jour. Sous l’effet de la crise totale du capitalisme mondialisé et de luttes émancipatrices, particulièrement en Amérique latine, la prédominance nord-américaine est menacée. L’empire vacille. Les peuples arabes cherchent les voies de leur émancipation. Ne sous-estimons pas le fait que dans la nouvelle stratégie nord-américaine, existe plus que la tentation de contrôler ce processus. Le continent africain est ainsi devenu un vaste champ d’influence et de pressions alors qu’il s’enfonce dans des difficultés extrêmes.

Dans quelques jours, l’autorité palestinienne déposera la demande de la reconnaissance de l’Etat palestinien à l’Organisation des Nations-Unies. Dans ce contexte, la valorisation de la guerre, par la Président de la République française, comme politique internationale, à rebours de toutes les traditions et valeurs françaises, est très préoccupante. Avec dix ans de retard, il marche sur les chemins de M Bush. La vigilance, l’unité dans l’action pour le désarmement et la paix, pour faire reculer la famine et la pauvreté, pour transformer le système financier international afin de faire reculer et éradiquer la crise du capitalisme, est plus que jamais indispensable. Des voies nouvelles inédites pour un monde nouveau, appelant le partage et la solidarité, sont en gestation. Des potentiels existent pour faire germer les semences encore trop sèches des futurs d’humanité.

 

Patrick Le Hyaric. Edito pour l'Humanité dimanche.

le 9 septembre 2011.

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19 août 2011 5 19 /08 /août /2011 06:07

Dans La Situation de la classe laborieuse en Angleterre (1845), le compagnon de Karl Marx, le socialiste allemand Friedrich Engels, lui-même propriétaire d'une usine textile à Manchester, décrivait avec une précision sociologique les conséquences de l'émergence du capitalisme industriel de l'autre côté de la Manche, et notamment le déracinement et l'exploitation des ouvriers et la force de la ségrégation sociale et géographique dont ils étaient victimes dans les nouvelles villes industrielles hyper polluées du nord de l'Angleterre. La réflexion et l'enquête du jeune Engels avaient alors été nourries par la participation aux conférences et aux débats des nombreux cénacles socialistes, syndicaux, d'éducation populaire souvent inspirés par les idées de Robert Owen ou des chartristes partisans du suffrage universel et de l'intégration des ouvriers dans la démocratie, qui rassemblaient alors toute une avant-garde ouvrière cultivée et consciente dans les grandes villes anglaises. "Selon des estimations, affirme le biographe de Engels, Tristam Hunt, la "communauté socialiste" de Manchester s'élevait à huit ou dix mille personnes dans les années 1840, et le public du dimanche soir dans le Palais (des sciences) atteignait le nombre impressionnant de trois mille personnes"... On y causait économie politique, socialisme, travail, mais aussi athéisme et religion, littérature, astronomie... A côté de cette élite d'ouvriers qualifiés qui s'organisait pour émanciper le prolétariat de l'exploitation capitaliste, laquelle suscitait son admiration et nourrissait son optimisme quant aux chances de la révolution, Engels décrivait aussi, auprès des rivières contaminées par les teintures et les agents de traitement du textile d'où s'échappaient des odeurs fétides et des gaz dangeureux, le quart monde boueux des taudis surpeuplés par les familles fraîchement arrachées à la campagne ou les 40000 irlandais sous-payés de Manchester qui s'entassaient derrière Oxford Road et noyaient leur chagrin dans l'alcool, ce qui entraînait maltraitance conjugale et infantile, précocité des rapports sexuels, abrutissement généralisé...

Egoïsme des riches et des classes moyennes complètement étrangers aux hommes qui travaillaient à forger leur prospérité dans des conditions indignes, avilissement des travailleurs exploités, formaient déjà une dissociété ou une anti-société: "Cette indifférence brutale, cet isolement insensible de chaque individu au sein de ses intérêts particuliers, sont d'autant plus répugnants et blessants (....). La désagrégation de l'humanité en monades, dont chacune a un principe de vie particulier et une fin particulière, cette atomisation du monde est poussée ici à l'extrême" (La situation des classes laborieuses en Angleterre)... Et que pensaient les classes moyennes de cette société de misère? "Un jour, poursuit Engels dans l'ouvrage cité, je pénétrai dans Manchester avec un de ces bourgeois et discutai avec lui de la construction déplorable, malsaine, de l'état épouvantable des quartiers ouvriers et déclarai n'avoir jamais vu une ville aussi mal bâtie. L'homme m'écouta calmement et, au coin de la rue où il me quitta, il lança: "Et malgré tout, on gagne ici énormément d'argent. Au revoir, monsieur". Circulez, il n'y a rien à voir: business is business... L'aménagement de l'espace urbain, comme à Londres, à New-York ou à Paris aujourd'hui, facilitait la préservation de la bonne conscience des privilégiés et leur épargnait le contact avec les violences et les incivilités que leur société basée sur l'exploitation et l'inégalité produisait: "La ville elle-même est construite d'une façon si particulière qu'on peut y habiter des années, en  sortir et y entrer quotidiennement sans jamais entrevoir un quartier ouvrier ni même rencontrer d'ouvriers... Cela tient principalement à ce que les quartiers ouvriers - par un accord inconscient et tacite, autant que par l'intention consciente et avouée- sont séparés avec la plus grande rigueur des parties de la ville réservées à la classe moyenne".  

 

L'Angleterre était le laboratoire de la vampirisation du monde agricole traditionnel et de l'émergence la production industrielle capitaliste nourrie par le pillage colonial des matières premières des pays pauvres. Entre les années 1980 et les années 2000, elle a également été à la pointe du mouvement général de financiarisation de l'économie, de marchandisation généralisée des biens et services d'utilité publique, de destruction des droits sociaux et des garanties collectives cédant la place à une concurrence non faussée de tous contre tous pour le plus grand profit des élites financières, de désagrégation de la classe ouvrière et de ses anciennes structures de conscientisation, de solidarité et d'organisation - partis politiques et syndicats- au profit du chacun pour soi consumériste... Ce pays avait incarné pendant des années à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle une certaine idée de la force syndicale avec le Trade-Unionisme, prototype d'un mouvement ouvrier pragmatique et réformiste, non révolutionnaire et non politique, ne cherchant pas à agir sur le pouvoir central par le vote ou la grève générale, mais plutôt à améliorer la condition des ouvriers branche par branche grâce à une forte organisation bureaucratique du mouvement des producteurs en vue de négocier. Dans l'après-guerre et les années 1960-1970, un Labour Party très fort et souvent au pouvoir pour y mener des politiques socialistes assumées avait pris le relais de ce mouvement trade-unioniste et fait considérablement progresser les droits sociaux jusqu'à la crise mondiale du milieu des années 70 et aux difficultés du vieux complexe industriel anglais face à la concurrence des pays du sud aux ouvriers sous-payés.         

Mais le rouleau compresseur de l'ultra-libéralisme triomphant détruisit sans pitié tout un héritage de progrès sociaux enregistrés dans une société aux traditions demeurant fortement inégalitaires, symbolisées par ses écoles privées à destination exclusives des élites et visant à les reproduire sans mélange, lui qui fut incarné dans sa version brutale et ultra-conservatrice par Margaret Tatcher et representé plus tard dans sa version hypocritement chrétienne et philanthropique par Tony Blair et les traîtres à la classe ouvrière qui dirigèrent le New-Labour et prétendirent définir une "troisième voie" (de garage) entre l'ultra-capitalisme darwinien et le socialisme dirigiste, faite de pragmatisme économique et de consentement béat à la mondialisation et à la financiarisation de l'économie, de valorisation du rôle de l'entrepreneur mécène et bienfaiteur social, d'interprétation morale ou culturelle (déficit d'éducation ou ratés de l'intégration des populations issues de l'immigration) et non plus sociale et économique de l'origine des incivilités, de la pauvreté et du chômage, de focalisation de l'attention publique sur la délinquance de certains pauvres et de préconisation de la tolérance zéro.

 

Quels sont les résultats de ces 30 ans de guerre des classes conduite par les riches avec l'appui d'une pseudo-gauche de gouvernement? La City de Londres, malgré le krach financier de 2008 et grâce au hold-up qui a consisté à livrer dans la foulée  aux banques et organismes financiers britanniques intoxiqués par la dévalorisation de titres financiers spéculatifs des centaines de milliards de livres sterling extorquées aux contribuables, a supplanté Wall Street en tête du hit-parade des bourses mondiales. Londres est devenue la capitale de l'oligarchie mondiale où héritiers européens, magnats du pétrole, mafieux de Russie et d'ailleurs, népotes orientaux et africains, traders et banquiers plaçant leurs fortunes mal acquises dans des paradis fiscaux, investissent dans l'immobilier pour se donner une vitrine et une respectabilité et envoient leurs enfants dans des écoles privées aussi chères et élitistes que les suisses. Grâce aux politiques de baisse des impôts justifiées par le culte de la réussite individuelle et l'attractivité du territoire pour les investissements, le taux d'imposition des plus riches est passé sous Tactcher de 83% à 40% sans avoir été vraiment réévalué depuis (il n'est remonté qu'à 50% aujourd'hui). De ce fait, et à cause de la dévaluation des revenus du travail par rapport à ceux du capital (rente immobilière, spéculation...), les 10% de britanniques les plus riches ont des revenus cent fois plus élevés que les 10% les plus pauvres. 

De l'autre côté de la barrière sociale, les chômeurs sont légion, victimes de la désindustrialisation, de la mauvaise qualité des formations reçues dans une école publique délaissée (malgré l'opération odieuse de vente des écoles publiques aux mécènes privés et aux entreprises, y compris confessionnelles, organisée par Tony Blair), de l'abandon des quartiers pauvres, et de la récente crise économique terrible causée par les méfaits de la financiarisation et de la spéculation immobilière. 20% de jeunes britanniques sont aujourd'hui au chômage. L'accès à l'université, déjà peu valorisée par rapport aux grandes écoles privées d'Oxford et de Cambridge reservés aux super-privilégiés, devient inaccessible à une majorité de jeunes, du fait de l'augmentation des frais de scolarité de 300% (chiffres donnés dans l'Humanité dimanche de 18 août), ce qui a causé au printemps dernier un reveil politique des jeunes en Grande-Bretagne qui s'est traduit par des grandes manifestations violemment réprimées. L'Angleterre de 2011, apprend t-on toujours dans L'Humanité est aussi inégalitaire que celle de 1920: raccourci saisissant qui permet de bien mesurer la violence de la contre-réforme libérale que ce pays, présenté comme un modèle de toutes les réussites par beaucoup de journaux bien pensants et d'éditorialistes français du temps de Tony Blair, a subie, avec les Etats-Unis, plus que tout autre.

La dégradation de la moralité publique, des valeurs manifestées dans l'espace commun, médiatique et politique, le cynisme sans limite des classes possédantes, sont plus impressionnants encore que les chiffres témoignant de l'augmentation des inégalités, même si ces phénomènes sont reliés de manière consubstantielle. Entendons-nous bien: on ne parle pas d'abord de ces "hordes barbares" d'adolescents et de jeunes immoraux et violents produites par l'irresponsabilité de parents incapables de transmettre des valeurs à leurs enfants et de bien les éduquer, qui se sont défoulés dans les émeutes de Tottenham et d'ailleurs début août en cassant et volant des magasins ou des voitures. Cameron l'ultra-libéral est dans son rôle en faisant passer ces révoltés, conscients de la brutalité de la société qui les relègue à un rôle subalterne mais sans revendication ni objectif politiques clairement définis, pour des chiens enragés, des déviants que la société toute entière doit dénoncer et vouer aux gémonies, car ils n'ont aucune excuse, pas même celle de la mauvaise éducation ou du repli communautaire plus ou moins volontaire de leurs minorités culturelles, causes proclamées de leur comportement puisque l'on cherche à déresponsabiliser à tout prix la violence de relations sociales inégalitaires produites par le capitalisme et ses politiques: acculturation du peuple par des mass médias débilitants visant à transformer les citoyens réfléchis et capables de s'organiser collectivement en des mouvements revendicatifs en consommateurs dociles, précarisation et affaiblissement de la protection sociale et des services publics, crimininalisation des classes dangereuses...   

Non, ce qui soulève le coeur, c'est de voir que les politiques, et Cameron au premier chef, veulent faire passer les pauvres pour des assistés coupables de fainéantise qu'on ne peut remettre au travail qu'à coup de nerf de boeufs (d'où la baisse des allocations familiales et des allocations chômage, le travail d'intérêt général gratuit imposé aux chômeurs de longue durée indemnisée l'hiver dernier, en réponse à la crise de la dette... A l'UMP, on a pris des notes). Ce qui soulève le coeur, c'est de voir que l'on remet soudainement en cause le patriotisme des britanniques d'origine indienne, pakistanaise ou jamaïcaine en se fondant sur ces émeutes que l'on refuse d'expliquer par la pauvreté, le déclassement et la ségrégation sociale, ou sur des sondages indiquant que les habitants de Grande-Bretagne issus de l'immigration sont de moins en moins attachés à l'institution monarchiste... 

Il y a vraiment quelque chose de pourri dans le royaume d'Elisabeth II... En témoigne la surenchère martiale pour appeler à la dénonciation des émeutiers, qui vise, comme le dit l'article de l'Humanité dimanche déjà cité, "à dresser les couches moyennes contre les plus pauvres et à leur faire oublier que c'est leur politique (ultra-libérale) qui pousse le monde dans les pires affres"...  Ce pays qui avait des traditions de respect des libertés individuelles et des droits a franchi depuis les attentats du World Trade Center en 2001 et ceux de Londres en 2004, un cap extrêmement dangereux dans la mise en cause en cause des minorités culturelles et des traditions de tolérance, dans la mise en place d'une société de surveillance généralisée digne du Big Brother de George Orwell (n'oublions pas que c'est en Grande Bretagne qu'il situe le centre de sa société totalitaire dans la contre-utopie que constitue le roman 1984) et d'un arsenal liberticide et répressif, dans l'encouragement public à la délation passant par le non-respect de la présomption d'innocence (photos de suspects affichés dans les rues, le métro...) et l'enrôlement dans des milices populaires de citoyens armés et non formés...

Toutes ces mesures inquiétantes sont populaires car la population, matraquée comme en France par le complexe médiatique aux ordres du capital, a été encouragée à détourner le regard des mains de financiers, délinquants en col blanc qui la volent, pour craindre les jeunes paumés et parfois réellement violents et dangereux qui hantent les quartiers populaires. De ce fait, c'est le fascisme qui s'est installé dans les têtes insidieusement.

Ainsi, quand le tabloïd "The Sun" de Robert Murdoch exhorte les policiers en une à tirer à balle réelle sur les émeutiers le 10 août dernier, cela ne choque plus grand monde... Rappelons que cet inflexible redresseur de tort qu'est Murdoch, qui avait conclu en d'autres temps un pacte de non-agression et de business partagé avec Tony Blair, est actuellement au coeur d'un scandale d'écoutes téléphoniques organisées par ses torchons pour violer la vie privée des stars et de victimes d'attentats et de drames familiaux... Rappelons que ces parlementaires qui n'ont pas de mots assez durs  aujourd'hui contre les émeutiers ont allègrement pioché dans l'argent public qui aurait dû être destiné à améliorer le système d'éducation, de santé, de transports (...etc.) pour remettre à flot les banquiers victimes de la dévaluation de leurs placements spéculatifs hautement rentables, et se sont eux-mêmes, pour certains travaillistes comme Gordon Brown, servis dans le bourse de la nation pour embaucher des femmes de ménage, embellir leurs appartements...

La tolérance zéro, pour ces nantis, ne s'applique qu'aux gueux... 

Même si nous aimerions être surpris par un réveil des luttes émancipatrices, il n'y a guère de raisons aujourd'hui d'être optimiste sur l'évolution politique et sociale en Angleterre tant la dictature de la finance et le vérouillage du système démocratique sont bien installés, tant les forces de progrès social sont affaiblies et les solidarités collectives désagrégées, mais la situation dramatique de ce pays où des vieux de 70 ans privés de pension continent à travailler, où les salariés actifs cumulent souvent deux ou trois contrats précaires à temps partiels pour travailler jusqu'à 70 heures par semaine, où l'on revoit des hommes et des femmes se louer à la journée pour servir de mannequins vivants dans les magasins de vêtements ou "d'hommes sandwich", nous donne une idée de l'abîme où pourrait sombrer notre propre pays si on ne se bat pas assez efficacement pour faire échec aux ultra-libéraux qui veulent détruire des acquis sociaux et démocratiques glorieux issus des luttes de la révolution, des combats socialistes et ouvriers de la IIIème République, du Front Populaire et de la Résistance, ainsi que de mai 1968.   

 

Ismaël Dupont.

 

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 06:27
Transmise par Patrick Le Hyaric, député européen, voici une information affligeante mais guère surprenante tant l'on constate chaque jour que les plus démunis sont ceux à qui les décideurs politiques font payer de préférence le coût de la crise du capitalisme financiarisé:  
Suppression de l'aide alimentaire, une décision scandaleuse

Lundi 20 juin la Commission a décidé une réduction drastique des fonds du programme destiné à l'aide alimentaire. Jeudi 7 juillet le Parlement a débattu de la réduction de ce fonds qui bénéficie à plus de 240 banques alimentaires en Europe.

L'aide alimentaire aux plus démunis est un programme doté d’une enveloppe de plus de 500 millions d'euros. A la suite d'une plainte de l'Allemagne appuyée par les six autres Etats qui ne participent pas à ce programme, la Cour de Justice a émis un arrêt selon lequel le programme ne devrait pas reposer sur les fonds de la Politique agricole commune mais sur les fonds sociaux de l'Union européenne. Cette décision produit un impact très concret car, cette section du budget étant moins conséquente, la Commission a réduit de 500 à 113 millions d'euros les fonds destinés à ce programme.

Voici un extrait de l'intervention de Jacky Henin, élu du Front de Gauche : « Madame la Présidente, nous sommes ici confrontés à un véritable scandale, à un déni de justice. Alors que, depuis 1987, l'Europe vient en aide aux plus démunis, en leur fournissant un complément alimentaire sans lequel de très nombreuses familles ne mangeraient pas tous les jours, voilà que, parce que quelques États bloquent la mécanique, parce qu'en Europe, malheureusement, on ne sait faire des économies que sur le dos des faibles, nous allons droit vers une catastrophe alimentaire pour plus de 20 millions d'Européens ».

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 06:39

Dans cet excellent édito paru dans L'Humanité le 21 janvier 2011, Patrick le Hyaric dénonce les responsables de l'instabilité mortifère des économies capitalistes et de la crise de la dette, et indique la seule voie possible d'un rétablissement d'une stabilité et d'une prospérité économique et sociale en Europe: la restauration de la souveraineté des démocraties en matière économique et de leur pouvoir de contrôle sur les flux de capitaux et la création monétaire.  

 

"Une petite bande organisée de spéculateurs cagoulés, agissant dans l’ombre, s’attaque chaque jour à la monnaie européenne, spécule sur la dette afin d’en tirer d’énormes profits. Ils achètent des obligations d’Etat à la moitié de leur valeur et les revendent à 100% voire à 120, 150%. Mieux encore ! Ils osent prétendre, avec les dirigeants et les média à leur service,  qu’il n’y a pas d’argent pour l'emploi, les salaires, les retraites, la formation...! Dans tous les pays, le discours est le même alors que la masse des produits financiers dérivés atteint la somme astronomique de 600 000 à 750 000 milliards de dollars. Douze fois la valeur de toutes les richesses produites sur la planète ! Qu'à cela ne tienne, ces adeptes de la pensée unique, celle-là même qui a produit la crise, regardent l’Union européenne se fissurer et ajoutent des plans d’austérité aux purges sociales d'un bout à l'autre du continent.

Il n’y a pas de solidarité parce que les antagonismes entre les forces nationales du capital sont puissants, au sein même de l’Union européenne, et à l’échelle de la planète. Ainsi, on voit comment, notamment, les puissances industrielles et financières allemandes sont en compétition avec celles d’autres pays, en particulier la France. Ce sont les travailleurs qui partout, comme toujours, en font les frais.

L'ahurissant dogme de la liberté totale de circulation des capitaux et des marchandises, tamponné dans les traités européens et répété en boucle par les « élites », ne fait que pousser à l'extrême les tensions et les antagonismes. La gravissime situation actuelle ne doit donc rien au hasard. Les déréglementations économiques et financières de la fin des années 1980 produisent leur terrible effet.  Leur conception de la monnaie unique n’a toujours visé, d’une part, qu’à satisfaire les marchés financiers et, d’autre part, qu’à exaucer les demandes du capital allemand. La satisfaction des marchés financiers, dans la rivalité avec le dollar, se fait en jouant avec les taux d’intérêt, en surévaluant en permanence la valeur de l’euro. L’emploi, le développement, social et économique sont ainsi sacrifiés.

La stratégie allemande a consisté depuis plus de vingt ans à développer une guerre commerciale au sein même de l’Union européenne, à l’opposé de l’idée de solidarité européenne. Certes on ne dévalue plus les monnaies nationales. On dévalue les salaires. C’est ce qu’ont fait les dirigeants Allemands depuis longtemps, tout en utilisant l’Europe centrale comme arrière-cour pour leurs exportations, ou des délocalisations pour bénéficier de salaires encore plus bas.

Nous sommes bien loin des slogans sur l’unité européenne. Les populations subissent les dégâts d'une guerre commerciale, économique, monétaire et sociale intra-européenne, sous l'égide des traités de Lisbonne et de Maastricht, basés sur la concurrence libre. C’est l’Europe des banquiers, contre la démocratie, qui est à l’œuvre. Les chefs d’Etat et de gouvernement mettent une semaine à se réunir alors  que la semaine dernière s’est tenue à Rome une réunion des banquiers européens dans le quasi secret, sans aucune autorité politique. Il faut en finir avec cela !

Nous qui pourtant avons combattu non pas l’idée européenne, non pas l’Europe des peuples solidaires, mais les traités instituant des politiques européennes, ne nous doutions pas que la catastrophe viendrait si vite et serait si forte. Nous ne nous en réjouissons pas. Après les peuples irlandais, grecs, portugais, voilà que les italiens se voient imposer en quelques heures un plan d’austérité. La même déjà à l’œuvre, au Royaume-Uni comme en France, avec la contre-réforme des retraites, le blocage des salaires, la réduction des services publics. Depuis des mois, on nous explique sur tous les tons que c'est indispensable pour « rassurer les marchés financiers ».

Mais au nom de quoi,  de quel intérêt supérieur, faut-il « rassurer » ces marchés financiers qui font tant de mal aux peuples, aux pays, et à l’idée européenne elle-même ? La priorité n'est-elle pas à rassurer les populations? Au nom de quoi l’argent de la spéculation doit-il mener le monde ?

Que l’on rende publique la liste des fonds spéculatifs, qui font de l’argent sur la dette des Etats et conduisent leurs dirigeants à saigner les travailleurs et les retraités, tout en sacrifiant les services publics. Que l’on nous dise quelles institutions financières sont derrière et arment ces fonds spéculatifs. Qu’un débat public soit lancé sur l’efficience ou pas des traités européens qui régissent l’Union européenne. Il faut refuser la mise sous tutelle des budgets nationaux, sociaux et des collectivités territoriales avec cette fameuse « règle d’or » que veut imposer le pouvoir. Qu’un audit public, avec participation des syndicats et des citoyens, soit réalisé sur la nature des dettes des Etats. On découvrira quel est le résultat des baisses des impôts sur le capital, de la réduction de l’activité économique, et des frais financiers énormes qui grossissent année après année la dette. Il faudra bien se rendre à l’évidence. Il n’y a pas de solution sans considérer une part importante de la dette comme illégitime, parce qu’elle a été gonflée d'énormes frais financiers qui n’ont servi qu’à grossir les profits des rapaces de la finance. Il devient donc urgent de réorienter radicalement le rôle de la Banque centrale européenne pour qu’elle prenne en charge tout ou partie de la dette, par rachat, et par création monétaire, tout en insufflant des moyens à un fonds de développement humain, social et écologique, à la place du fonds pour l’euro d’aujourd’hui qui n’a justement pas d’autre objectif que de « rassurer » les marchés financiers. Il faut instituer une taxe sur les transactions financières et décider un moratoire sur le paiement des intérêts de la dette.

Seule une combinaison associant la relance économique, le progrès social, des investissements pour une économie durable et solidaire, le développement des services publics, le désarmement des marchés financiers pourra amorcer un processus de sortie de crise. Fondamentalement, l’actuelle crise européenne et la crise de l’euro, facettes de la crise globale du capitalisme, posent avec force la question de la nature et des finalités de la construction européenne. Construire pour les rapaces de la finance ou pour les peuples ? Le débat ne pourra pas éternellement être éludé. Que nos concitoyens s'en emparent !"

  

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 06:15

 

ça y est...! Papandréou le collabo a réussi a faire voter au Parlement un gigantesque plan de saignée sociale refusé par 85% des Grecs et des dizaines de milliers de manifestants et de grévistes brutalisés par la police la semaine dernière.   

Rassurez-vous? Aucun espoir que ce plan d'hyper-austérité qui plonge le pays dans une recession plus noire encore, après que le premier plan d'austérité décidé début 2010 ait été responsable des 4,5% de recession (croissance négative du PIB) enregistrés cette année,  réduise un peu la dette de 350 milliards d'euros des Grecs... Il s'agit simplement de faire accepter le nouveau prêt d'urgence de 12 milliards que les Etats européens et le FMI accordent aux Grecs pour qu'ils remboursent les intérêts exhorbitants de leur dette et ne se déclarent pas insolvables en demandant une restructuration de la dette, voire une annulation d'une partie d'entre elle.  Cela aurait été sans doute alors un vent de panique dans les milieux bancaires et assurantiels générant un relevement des taux d'intérêt des emprunts accordés aux autres pays européens endettés fortement, une aggravation de la crise de la dette en Europe et des attaques contre l'euro.

 

L'autre solution qui n'a jamais été envisagée aurait été que la BCE revoit ses missions, qu'elle crée de la monnaie pour solder la dette grecque et devenir un instrument de coopération plutôt que de police néo-libérale au service d'une politique déflationniste qui sert essentiellement les intérêts du capital et des rentiers au détriment de l'emploi et de l'activité économique.   

 

Ce qu'on impose au peuple grec pour ne pas mettre les puissances financières en colère (et ainsi se faire agresser par l'hydre hideuse et incontrôlable du pouvoir financier créée par une dérégulation et une financiarisation de l'économie encouragées politiquement par les gouvernements apprentis sorciers européens, y compris sociaux-démocrates, dans les années 80-90)  ni revoir les dogmes libéraux qui président au fonctionnement du FMI et de l'Union européenne est purement et simplement criminel.  

Jugez plutôt les mesures délirantes de ce nouveau plan d'austérité de 28 milliards d'euros d'économie à faire d'ici 2014 qui vise à réduire le budget de l'Etat à 44% du PIB contre 53% du PIB en 2009.  

Des médicaments des personnes âgées qui ne seront plus remboursés qu'à 50%. Privatisations du secteur de l'eau, de l'électricité, du gaz, des Télécom, du rail, de la loterie nationale. Suppression de 86000 emplois publics. Nouvelle baisse des salaires des fonctionnaires. Augmentation de la TVA et baisse du seuil de revenus pour payer l'impôt sur le revenu (des travailleurs pauvres gagnant 450 euros y seront désormais astreints).    

Rappelons qu'en 2010,  l'équivalent de 2 mois de salaire par an avait déjà été retiré aux fonctionnaires, la TVA avait été augmentée de 2 points, des hausses de taxe sur l'alcool, le tabac, les carburants avaient été imposées, et la durée de cotisation pour les retraites avait été augmentée de 3 ans.   

 

Papandréou avait dit préférer "restructurer le pays" (en commençant par le démolir) plutôt que de "restructurer la dette". Je vous propose d'écouter une nouvelle drôle et brillante petite chanson engagée de "La Parisienne Libérée" invitée sur le plateau de "Arrêt sur Images" qui explicite ce beau programme !   

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26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 09:50

C'est l'été, une petite chanson pour la fête de la musique:

 

 

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