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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 06:39

Dans cet excellent édito paru dans L'Humanité le 21 janvier 2011, Patrick le Hyaric dénonce les responsables de l'instabilité mortifère des économies capitalistes et de la crise de la dette, et indique la seule voie possible d'un rétablissement d'une stabilité et d'une prospérité économique et sociale en Europe: la restauration de la souveraineté des démocraties en matière économique et de leur pouvoir de contrôle sur les flux de capitaux et la création monétaire.  

 

"Une petite bande organisée de spéculateurs cagoulés, agissant dans l’ombre, s’attaque chaque jour à la monnaie européenne, spécule sur la dette afin d’en tirer d’énormes profits. Ils achètent des obligations d’Etat à la moitié de leur valeur et les revendent à 100% voire à 120, 150%. Mieux encore ! Ils osent prétendre, avec les dirigeants et les média à leur service,  qu’il n’y a pas d’argent pour l'emploi, les salaires, les retraites, la formation...! Dans tous les pays, le discours est le même alors que la masse des produits financiers dérivés atteint la somme astronomique de 600 000 à 750 000 milliards de dollars. Douze fois la valeur de toutes les richesses produites sur la planète ! Qu'à cela ne tienne, ces adeptes de la pensée unique, celle-là même qui a produit la crise, regardent l’Union européenne se fissurer et ajoutent des plans d’austérité aux purges sociales d'un bout à l'autre du continent.

Il n’y a pas de solidarité parce que les antagonismes entre les forces nationales du capital sont puissants, au sein même de l’Union européenne, et à l’échelle de la planète. Ainsi, on voit comment, notamment, les puissances industrielles et financières allemandes sont en compétition avec celles d’autres pays, en particulier la France. Ce sont les travailleurs qui partout, comme toujours, en font les frais.

L'ahurissant dogme de la liberté totale de circulation des capitaux et des marchandises, tamponné dans les traités européens et répété en boucle par les « élites », ne fait que pousser à l'extrême les tensions et les antagonismes. La gravissime situation actuelle ne doit donc rien au hasard. Les déréglementations économiques et financières de la fin des années 1980 produisent leur terrible effet.  Leur conception de la monnaie unique n’a toujours visé, d’une part, qu’à satisfaire les marchés financiers et, d’autre part, qu’à exaucer les demandes du capital allemand. La satisfaction des marchés financiers, dans la rivalité avec le dollar, se fait en jouant avec les taux d’intérêt, en surévaluant en permanence la valeur de l’euro. L’emploi, le développement, social et économique sont ainsi sacrifiés.

La stratégie allemande a consisté depuis plus de vingt ans à développer une guerre commerciale au sein même de l’Union européenne, à l’opposé de l’idée de solidarité européenne. Certes on ne dévalue plus les monnaies nationales. On dévalue les salaires. C’est ce qu’ont fait les dirigeants Allemands depuis longtemps, tout en utilisant l’Europe centrale comme arrière-cour pour leurs exportations, ou des délocalisations pour bénéficier de salaires encore plus bas.

Nous sommes bien loin des slogans sur l’unité européenne. Les populations subissent les dégâts d'une guerre commerciale, économique, monétaire et sociale intra-européenne, sous l'égide des traités de Lisbonne et de Maastricht, basés sur la concurrence libre. C’est l’Europe des banquiers, contre la démocratie, qui est à l’œuvre. Les chefs d’Etat et de gouvernement mettent une semaine à se réunir alors  que la semaine dernière s’est tenue à Rome une réunion des banquiers européens dans le quasi secret, sans aucune autorité politique. Il faut en finir avec cela !

Nous qui pourtant avons combattu non pas l’idée européenne, non pas l’Europe des peuples solidaires, mais les traités instituant des politiques européennes, ne nous doutions pas que la catastrophe viendrait si vite et serait si forte. Nous ne nous en réjouissons pas. Après les peuples irlandais, grecs, portugais, voilà que les italiens se voient imposer en quelques heures un plan d’austérité. La même déjà à l’œuvre, au Royaume-Uni comme en France, avec la contre-réforme des retraites, le blocage des salaires, la réduction des services publics. Depuis des mois, on nous explique sur tous les tons que c'est indispensable pour « rassurer les marchés financiers ».

Mais au nom de quoi,  de quel intérêt supérieur, faut-il « rassurer » ces marchés financiers qui font tant de mal aux peuples, aux pays, et à l’idée européenne elle-même ? La priorité n'est-elle pas à rassurer les populations? Au nom de quoi l’argent de la spéculation doit-il mener le monde ?

Que l’on rende publique la liste des fonds spéculatifs, qui font de l’argent sur la dette des Etats et conduisent leurs dirigeants à saigner les travailleurs et les retraités, tout en sacrifiant les services publics. Que l’on nous dise quelles institutions financières sont derrière et arment ces fonds spéculatifs. Qu’un débat public soit lancé sur l’efficience ou pas des traités européens qui régissent l’Union européenne. Il faut refuser la mise sous tutelle des budgets nationaux, sociaux et des collectivités territoriales avec cette fameuse « règle d’or » que veut imposer le pouvoir. Qu’un audit public, avec participation des syndicats et des citoyens, soit réalisé sur la nature des dettes des Etats. On découvrira quel est le résultat des baisses des impôts sur le capital, de la réduction de l’activité économique, et des frais financiers énormes qui grossissent année après année la dette. Il faudra bien se rendre à l’évidence. Il n’y a pas de solution sans considérer une part importante de la dette comme illégitime, parce qu’elle a été gonflée d'énormes frais financiers qui n’ont servi qu’à grossir les profits des rapaces de la finance. Il devient donc urgent de réorienter radicalement le rôle de la Banque centrale européenne pour qu’elle prenne en charge tout ou partie de la dette, par rachat, et par création monétaire, tout en insufflant des moyens à un fonds de développement humain, social et écologique, à la place du fonds pour l’euro d’aujourd’hui qui n’a justement pas d’autre objectif que de « rassurer » les marchés financiers. Il faut instituer une taxe sur les transactions financières et décider un moratoire sur le paiement des intérêts de la dette.

Seule une combinaison associant la relance économique, le progrès social, des investissements pour une économie durable et solidaire, le développement des services publics, le désarmement des marchés financiers pourra amorcer un processus de sortie de crise. Fondamentalement, l’actuelle crise européenne et la crise de l’euro, facettes de la crise globale du capitalisme, posent avec force la question de la nature et des finalités de la construction européenne. Construire pour les rapaces de la finance ou pour les peuples ? Le débat ne pourra pas éternellement être éludé. Que nos concitoyens s'en emparent !"

  

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 06:15

 

ça y est...! Papandréou le collabo a réussi a faire voter au Parlement un gigantesque plan de saignée sociale refusé par 85% des Grecs et des dizaines de milliers de manifestants et de grévistes brutalisés par la police la semaine dernière.   

Rassurez-vous? Aucun espoir que ce plan d'hyper-austérité qui plonge le pays dans une recession plus noire encore, après que le premier plan d'austérité décidé début 2010 ait été responsable des 4,5% de recession (croissance négative du PIB) enregistrés cette année,  réduise un peu la dette de 350 milliards d'euros des Grecs... Il s'agit simplement de faire accepter le nouveau prêt d'urgence de 12 milliards que les Etats européens et le FMI accordent aux Grecs pour qu'ils remboursent les intérêts exhorbitants de leur dette et ne se déclarent pas insolvables en demandant une restructuration de la dette, voire une annulation d'une partie d'entre elle.  Cela aurait été sans doute alors un vent de panique dans les milieux bancaires et assurantiels générant un relevement des taux d'intérêt des emprunts accordés aux autres pays européens endettés fortement, une aggravation de la crise de la dette en Europe et des attaques contre l'euro.

 

L'autre solution qui n'a jamais été envisagée aurait été que la BCE revoit ses missions, qu'elle crée de la monnaie pour solder la dette grecque et devenir un instrument de coopération plutôt que de police néo-libérale au service d'une politique déflationniste qui sert essentiellement les intérêts du capital et des rentiers au détriment de l'emploi et de l'activité économique.   

 

Ce qu'on impose au peuple grec pour ne pas mettre les puissances financières en colère (et ainsi se faire agresser par l'hydre hideuse et incontrôlable du pouvoir financier créée par une dérégulation et une financiarisation de l'économie encouragées politiquement par les gouvernements apprentis sorciers européens, y compris sociaux-démocrates, dans les années 80-90)  ni revoir les dogmes libéraux qui président au fonctionnement du FMI et de l'Union européenne est purement et simplement criminel.  

Jugez plutôt les mesures délirantes de ce nouveau plan d'austérité de 28 milliards d'euros d'économie à faire d'ici 2014 qui vise à réduire le budget de l'Etat à 44% du PIB contre 53% du PIB en 2009.  

Des médicaments des personnes âgées qui ne seront plus remboursés qu'à 50%. Privatisations du secteur de l'eau, de l'électricité, du gaz, des Télécom, du rail, de la loterie nationale. Suppression de 86000 emplois publics. Nouvelle baisse des salaires des fonctionnaires. Augmentation de la TVA et baisse du seuil de revenus pour payer l'impôt sur le revenu (des travailleurs pauvres gagnant 450 euros y seront désormais astreints).    

Rappelons qu'en 2010,  l'équivalent de 2 mois de salaire par an avait déjà été retiré aux fonctionnaires, la TVA avait été augmentée de 2 points, des hausses de taxe sur l'alcool, le tabac, les carburants avaient été imposées, et la durée de cotisation pour les retraites avait été augmentée de 3 ans.   

 

Papandréou avait dit préférer "restructurer le pays" (en commençant par le démolir) plutôt que de "restructurer la dette". Je vous propose d'écouter une nouvelle drôle et brillante petite chanson engagée de "La Parisienne Libérée" invitée sur le plateau de "Arrêt sur Images" qui explicite ce beau programme !   

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26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 09:50

C'est l'été, une petite chanson pour la fête de la musique:

 

 

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 10:08

Le lundi 20 juin, les militants du collectif "Un bateau pour Gaza" de la région de Morlaix se sont retrouvés dans le local du PCF Morlaix, rue de Callac, pour un repas convivial destiné à célebrer la belle aventure humaine que fut l'organisation des collectes de fonds et du fest-noz de Saint Thégonnec le 22 avril 2011 avec des citoyens engagés issus des mouvements et des courants de pensée les plus divers: Association des Chrétiens contre la Torture, Amnesty International, Ligue des Droits de l'homme, PS, PCF, NPA, les Verts, Morlaix-Vavel, AFPS...  

 

Rappelons qu'à Gaza, 1,6 millions d'habitants vivent sur 370 km2 (une des plus fortes densités de population au monde). 70% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 80% de la population de Gaza dépend de l'aide humanitaire.

Depuis la victoire électorale du Hamas et la capture du soldat Gilad Shalit retenu en otage depuis 5 ans par un commando palestinien, Israël impose un blocus à cette petite enclave, relayé par l'Egypte, alliée des Américains jusqu'à la chute de Moubarak, blocus qui prive de tout les gazaoui.

En 2008, l'opération israélienne "Plomb durci" sur Gaza, une agression avec des forces disproportionnés contre une population sans défense, a fait 1400 victimes en 22 jours et s'est accompagnée de nombreux crimes de guerre et des possibles "crimes contre l'humanité" reconnus par le rapport Glodstone de l'ONU.

 

Le 21 mai 2010, l'arraisonnement brutal par un commando israélien du bateau turc qui cherchait à forcer le blocus de Gaza et à mettre l'injustice mortifère dont souffrent ses habitants au coeur de l'actualité internationale avait fait 9 morts et de nombreux blessés. Sous la pression (trop peu élevée) de la communauté internationale, Israël avait légèrement assoupli son embargo le mois suivant sur les biens "à usage civil", tandis que les matériaux de construction, par exemple, susceptibles d'utilisation militaire, restaient sous embargo.

 

L'attaque brutale de l'armée israélienne contre des civils étrangers avait manifesté le sentiment d'impunité et l'extrême violence de ce régime qui colonise à tout va, emprisonne les palestiniens et les prive de leurs ressources et de leurs possibilités de travailler dans les enclaves arabes en Israël et les territoires occupées, et qui justifie des représailles disproportionnées à chaque tir de roquette ou attentat palestinien.

 

La flotille de la liberté qui va voguer vers Gaza à partir de plusieurs ports du pourtour méditéranéen comporte deux bateaux français partant d'Athènes et d'un port du sud de la France où sont embarqués des militants des droits de l'homme, de la cause palestinienne et des personnalités publiques de gauche comme le député communiste du Havre ou Olivier Besancenot. Cette flotille a pour but de dénoncer les scandales:  

 

- de la punition collective injustifiée dont sont victimes les gazoui.

 

- de la non reconnaissance d'un gouvernement qui, quoique partisan d'une idéologie islamiste contestable et dangeureuse, est issu d'une majorité politique issue des élections (celui du Hamas).   

 

- de la prétention d'Israël à gérer les frontières d'un territoire palestinien souverain et de porter atteinte à la liberté fondamentale de circuler librement et à la possibilité pour cette enclave palestinienne de développer son économie.

 

Le ministère des Affaires Etrangères français et l'ensemble des gouvernements européens, sous l'influence des Israéliens arguant de la possibilité d'acheminer des vivres et du matériel humanitaire par voie de terre sous leur contrôle, ont tenté de dissuader la mise en place de cette nouvelle flotille en route vers Gaza. Mais l'objectif de cette opération est plus politique encore que militaire: manifester au grand jour l'arbitraire de la politique israélienne pour augmenter le niveau de pression sur cet Etat et desserer l'étau qui étouffe la population de Gaza.  

 

Pour ceux qui veulent le visionner, vous trouverez ici un petit film d'animation politique, poétique et pathétique de soutien au peuple de Gaza.   

Vive la Palestine libre et rendue dans ses droits!  

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 08:20
Signalée par Alain David, voici une réaction intéressante  d'André Chassaigne sur son blog à l'échec du G20 de Paris (faisant suite à 8 mois de négociation) des ministres de l'agriculture organisé en France qui devait limiter la spéculation sur les matières premières agricoles et réguler les marchés pour contenir les fluctuations des prix agricoles afin de faire face aux besoins alimentaires des plus pauvres et aux besoins de rémunération des paysans. A l'horizon 2050, selon les experts, il faudra augmenter de 70% la production pour faire face aux besoins alimentaires de la population mondiale, en augmentation principalement dans les pays en voie de développement. 
Avec quelles conséquences sur l'environnement et la santé si on fait face à ces besoins en faisant appel aux seules entreprises privées et à leur logique de rendement et de rentabilité à court terme? Avec quelle garantie que la hausse de la production agricole soit bien une visée des Etats (ce qui suppose d'aider l'agriculture locale et non de la sacrifier sur l'autel de l'ouverture des marchés ou de la modernisation de l'économie) et qu'elle s'accompagne, grâce à des prix rémunérateurs pour les matières premières produites par les paysans des pays pauvres et à des mécanismes de coopération, d'une meilleure ventilation de cette production alimentaire et du nombre de calories disponibles? Rappelons qu'une personne sur six sur la planète est sous-alimentée et que la crise capitaliste de 2007-2008 (qui a transformé les matières premières agricoles en valeur refuge pour la spéculation), combinée à la destructuration des politiques agricoles nationales, régionales et mondiale, et à l'exode rural, a fait basculer en seulement 2 ans près de 200 millions de personnes supplémentaires vers la faim.  
Quels sont les investissements publics dans la recherche et l'expérimentation agronomique pour les pays en voie de développement qui sont réellement libérés de la tutelle du profit capitaliste à court terme des grands groupes agro-alimentaires? Quels sont les moyens que se donne la communauté internationale pour lutter contre l'accaparement des terres par les puissances financières et l'expulsion des paysans traditionnels pratiquant une culture vivrière au profit des monocultures d'exportation (pour pallier aux besoins de l'élevage surdimensionné des pays riches, pour fabriquer des agro-carburants, ou confisquer la terre aux mains de puissances financières nationales et étrangères pour la revendre ou l'exploiter plus tard...)?  Comment lutter contre les égoïsmes des pays producteurs et exportateurs (Etats-Unis, Brésil, Argentine, par exemple) qui cherchent à maximiser les prix des matières premières agricoles en faisant des stocks qui condamnent à la famine des pans entiers des populations des pays pauvres, que le libéralisme du FMI et de leurs gouvernements a rendu dépendantes des cours mondiaux et des importations? Comment créer des réserves d'urgence, des stocks de régulation, détenues par la communauté internationale pour des objectifs de coopération et de lutte contre la faim et l'exode rural, qui pourraient permettre de lutter contre la volatilité des prix et ses conséquences?
Si le G20 agriculture de Paris a été un échec, c'est que la France a accepté, pour ne pas aboutir sur une impasse totale, que l'engagement de rendre public pour les Etats leurs stocks de matière agricole afin de limiter la spoéculation liée aux attentes de remontée des cours et aux incertitudes sur l'état de la production mondiale ne soit que facultatif. Une déclaration de principe de plus, sa valeur contraignante... C'est aussi qu'on ne s'est pas réellement attaqué au business des cinq multinationales qui contrôlent 75% du commerce international de céréales (cf. La Croix, 22 juin 2011), ce qui aurait impliqué de revenir sur leurs stratégies de pénétration des marchés régionaux par leur intégration à l'économie-monde financiarisée et l'imposition à tous les Etats du modèle libéral de libre circulation des marchandises et des capitaux.      

   

 

Une nouvelle fois, la « politique-réclame » du chef de l'État se conclut par un fiasco : les représentants des vingt économies les plus puissantes de la planète refusent de faire face à leurs responsabilités pour sortir l’agriculture des griffes des intérêts privés et de la fuite en avant dans la spéculation.

Ce jeudi 23 juin, les conclusions de l’initiative française se résument ainsi à un copié collé pour l’agriculture des mauvaises recettes appliquées à l’ensemble de l’économie mondiale après la crise financière de 2008.

L’accord des 20 pays se limite ainsi à améliorer la « transparence » des marchés et la « connaissance » des stocks agricoles, « en encourageant les pays à partager leurs données » et « à prendre des mesures appropriées pour une meilleure régulation ».

En dehors de ces vagues intentions, et de quelques vœux pieux sur l’augmentation de la production mondiale, aucune volonté politique n’a transparu pour extirper l'agriculture des dogmes libre-échangistes, et des dumpings sociaux, économiques, environnementaux conduits par l'OMC, le FMI, la Banque mondiale.

Comme l’a affirmé le ministre français de l’Agriculture, il s’agit bien d’un accord « historique », puisqu’il prétend tout résoudre sans rien changer sur le fond de la politique agricole et alimentaire mondiale. Les représentants des grandes puissances ont tourné le dos à l’humanité en montrant une nouvelle fois l’immense hypocrisie qui consiste à faire croire que tout change sans rien changer. L’instabilité des prix et la spéculation sur les marchés agricoles n’ont donc pas fini d’affamer les peuples du monde.

Saisir l’enjeu de civilisation d'un nouvel ordre alimentaire mondial suppose au contraire de mettre en place une véritable réforme agraire de dimension internationale, avec pour principes fondateurs la souveraineté alimentaire des peuples, et la protection de marchés communs régionaux fondés sur le développement d’une agriculture paysanne et la complémentarité des productions.

Plus que jamais, il faut en finir avec l’incantation politique. Plus que jamais, l'agriculture doit être considérée comme un bien commun de l'humanité.

 

                                                             André Chassaigne.

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 20:06

 

J'écoutais il y a une semaine, vers 7h50, la chronique que l'ancien rédacteur en chef de Courrier International, Alexandre Adler, consacrait à la Syrie sur France Culture. En gros, celui qui a pris depuis une dizaine d'années le virage du néo-conservatisme sioniste après avoir été maoïste dans sa jeunesse nous disait qu'il y a quelques semaines, on ne voyait pas comment un changement de régime pouvait se produire en Syrie, car les États voisins n'avaient pas forcément intérêt à voir partir le clan Assad et s'installer une démocratie dans un pays politiquement et économiquement à bout de souffle: l'Iran, parce qu'il est un allié de la Syrie, qui contrôle son bras armé au Liban, le Hezbollah; la Turquie, parce qu'elle est en train de coloniser économiquement la Syrie; l'Arabie Saoudite et les Américains, parce que la Syrie est un élément de stabilité dans la région, et l'on craint en cas de changement de régime une perte de contrôle sur la situation libanaise et une montée de l'islamisme et de l'agressivité contre Israël en Syrie (les Etats-Unis ont aussi eu recours à l'aide des services de renseignement syriens pour « lutter contre le terrorisme » et délocaliser la torture) ; Israël, parce qu'au moment où il perd un à un ses alliés arabes (Ben Ali, Moubarak), il a besoin de compter sur un pays avec lequel il est toujours officiellement en guerre, mais qui en réalité cherche essentiellement à contrôler sa population avec son armée et à maintenir un statut quo inoffensif dans ses rapports avec l'état hébreu.

Alexandre Adler concluait son analyse en disant que maintenant, les voisins de la Syrie voyaient s'installer une situation de point de non retour dans le pays du Levant avec une escalade de la répression de la part d'un régime qui par la dureté de sa riposte radicalise le ventre mou de la population qui n'aspirait jusque là qu'à des réformes démocratiques modérées, sans appeler au départ de Bachar el-Assad. La violence risque de s'installer durablement dans le pays et le régime bassiste apparaît condamné à terme. Or, loin de se féliciter d'une possibilité d'évolution démocratique de la Syrie, ses voisins, selon Adler, feraient contre mauvaise fortune bon cœur et se réjouiraient cyniquement de voir cet État qui, sous Hafez el-Assad, n'avait cessé de remuer les braises de la division ethnico-confessionnelle chez son petit voisin libanais afin d'orienter la guerre civile pour le profit de ses intérêts stratégiques, victime à son tour d'une balkanisation et de risques de conflits ethnico-confessionnels entre les communautés chrétiennes, alaouites, sunnites, chiites, kurdes, druzes, communautés qui, selon le chroniqueur, seraient actuellement en recherche d'alliance étrangère pour consolider leurs positions et défendre leurs intérêts face aux autres communautés.

 

Il n'est pas impossible en effet qu'il y ait des risques à moyen terme de conflits plus ou moins violents entre ces communautés, qu'ils soient motivés par des revendications séparatistes, des fanatismes religieux et des disputes pour le pouvoir et ses avantages économiques. En particulier, les chrétiens de Syrie – arméniens, maronites, catholiques syriaques, orthodoxes- qui constituent un peu moins de 10% de la population et sont en voie de marginalisation du fait de leur moindre dynamisme démographique et de l'exil d'une partie des membres des communautés les plus fortunés et dotés culturellement, étaient protégés par le régime et soutenaient le patriotisme laïc dont il se prévalait: le repli identitaire observé dans la société les années 1990 et 2000 (qui les concerne également) constitue une menace potentielle pour eux, qui pourraient être stigmatisés si la majorité sunnite reprenait le pouvoir, un peu comme cela se passe aujourd'hui en Egypte avec les Coptes.

En effet, jusqu'à présent, comme hier dans l'Irak du Baas et de Sadaam Hussein, une minorité confessionnelle dominait le pays en Syrie (les alaouites de la montagne du nord-ouest de la Syrie, contrôlant l'armée, les services de renseignement, et le parti Baas, et s'appuyant aussi dans une certaine mesure, sur une alliance avec la bourgeoisie chrétienne), mais en garantissant avec des moyens autoritaires, sinon une vraie laïcité, du moins une neutralité de l'État par rapport aux cultes, et un climat de relative tranquillité pour les minorités culturelles et religieuses joint à une répression de l'Islam politique à volonté hégémonique.

Toutefois, il est frappant de constater que Alexandre Adler est incapable d'envisager une évolution démocratique, pacifique, et tolérante de la révolution citoyenne syrienne, soit parce qu'il partage les présupposés culturalistes teintées de racisme larvé des adeptes du choc des civilisations (présupposés démentis justement par le printemps des peuples arabes) qui ne croient pas les peuples arabes capables d'accéder de leur propre initiative, du fait de leur religion et de leur histoire, à une société ouverte, démocratique et libérale, soit parce qu'il imagine l'avenir probable à partir de son désir de voir Israël pouvoir exploiter les divisions de ses adversaires. En tout cas, cette analyse conduite avec le ton péremptoire qui caractérise Alexandre Adler et les adeptes de la realpolitik cynique au service des intérêts occidentaux de sa sorte, qui considèrent les peuples comme des pions sur l'échiquier des rapports de forces entre puissances amies (pro-israéliennes et pro-occidentales) ou ennemies (en révolte contre l'ordre impérialiste occidental, potentiellement anti-sionistes), manifeste un beau mépris pour le courage inouï et les motivations démocratiques et sociales des centaines de milliers de Syriens qui manifestent et s'organisent au péril de leur vie depuis presque deux mois pour arracher des concessions démocratiques au clan Assad d'abord, et maintenant pour l'expulser du pouvoir.

 

J'ai eu la chance de pouvoir séjourner avec ma compagne et mes enfants en Syrie cet été pendant un mois et demi. C'est un des voyages les plus extraordinaires que nous avons jusqu'ici eu la chance de faire en dehors de l'Europe. Les Syriens qui évoluent dans une société multiculturelle à l'histoire extraordinairement riche, sont distingués, d'une politesse exquise, très accueillants: leurs rapports entre eux, en première apparence, semblent marqués par la courtoisie et la fraternité. Les inégalités et les distances sociales n'apparaissent pas très grandes entre eux au premier abord, si l'on excepte toutefois les privilégiés de l'armée et l'espèce de mafia qui gravite autour des dignitaires du régime et contrôle les grandes entreprises privatisées. Les infrastructures de transports, les villes, les services publics de santé et d'éducation n'apparaissent pas aussi délabrés qu'en Égypte ou au Maroc: on n'a pas le sentiment d'être dans un pays sous-développé quand on circule dans les villes.

Cependant, une enquête du Programme des Nations Unies pour le Développement révélaient que 30% des syriens vivaient en dessous du seuil de pauvreté, 2 millions ne pouvant subvenir à leurs besoins alimentaires, principalement dans le monde rural et semi-désertique et dans les périphéries des villes où se pressent les victimes des sécheresses et de l'exode rural. Depuis la libéralisation économique des années 1990-2000, avec la baisse en particulier de l'emploi public et des salaires dans la fonction publique, la classe moyenne s'est également appauvrie: le niveau de vie moyen des syriens s'est détérioré (1000 dollars par habitant et par an en moyenne: il a baissé de 10% entre 1980 et 2000) avec un fort de taux chômage et une crise du logement. La plupart des gens sont obligés de cumuler plusieurs emplois pour s'en sortir et vivent sans confort, en ne s'assurant que la satisfaction des besoins élémentaires. En Syrie, les ressources pétrolières, qui représentent les 2/3 des exportations et 50% des revenus de l'Etat, sont accaparées par le clan Assad et sa clientèle.

 

Bachar el-Assad a succédé à 34 ans à Hafez-el-Assad comme président-dictateur de la Syrie le 13 juin 2000. Pourtant éduqué dans un contexte occidental et s'étant destiné à une carrière d'ophtalmologiste dans le civil, il n'a pas apporté les réformes d'ouverture démocratique et de respect des droits humains qu'on voulait espérer de lui, malgré la curiosité de la succession dynastique dans un régime censément présidentiel. L'état d'urgence instauré en 1962 dans le sillage des atmosphères de coups d'état militaires qui ont suivi la séparation avec l'Egypte, qui conduit à donner les pleins pouvoirs au président, au parti-Etat du Baas, et aux services de sécurité, n'a pas été aboli. Toute opposition politique, y compris celle des différentes fractions d'une mouvance communiste autrefois très puissante qui ont refusé de se faire intégrer dans le régime dictatorial (en 1973, au début du règne d'Hafez-el-Assad, les communistes, honnis par un Hafez qui représentait la fraction la plus nationaliste et de droite du Baas socialiste et pan-arabe, se sont séparés en deux fractions acceptant d'être représentées dans le rassemblement présidentiel et une majorité rentrant dans l'opposition clandestine, dont les leaders ont été éliminés, emprisonnés et torturés, contraints à l'exil: à la dernière fête de l'humanité, le stand du parti communiste syrien « acheté » et officiel était à 50 mètres du stand du parti communiste syrien clandestin et persécuté, où j'ai pu m'entretenir avec de vieux militants en exil), est réprimée et empêchée de s'exprimer.

D'emblée, Bachar n'a pu imposer son autorité qu'en donnant des gages au clan familial (ses oncles, son beau-frère ont d'abord fait figure de rivaux dangereux) et au clan alaouite qui tient le pouvoir en Syrie: son pouvoir s'appuie comme celui de son père sur tout un appareil sécuritaire reposant sur quatre services de renseignement différents (les moukharabat assurant renseignements et sécurité du régime, contrôlant l'armée composée de 300000 hommes et affectée par la perte de revenus lié au retrait du Liban en 2005, et la société) et des unités d'élites militaires. Quand on demande « qui gouverne en Syrie? », les syriens, nous dit la spécialiste française de la Syrie contemporaine Caroline Donati (L'exception syrienne: entre modernité et résistance), qui dénoncent le règne des moukharabat, répondent « les services de renseignement »: « Organiser un mariage, ouvrir un commerce, fonder une association, envoyer un fax, s'inscrire à l'université ou dans des instituts de formation, importer des pièces détachées d'automobile: autant de gestes de la vie quotidienne qui nécessitent l'autorisation des omniprésents services de renseignement ». Le système de sécurité s'autonomisait déjà par rapport au pouvoir du clan Assad avant le début de la révolte citoyenne en Syrie: il fonctionnait tout seul et assurait essentiellement la protection de ses intérêts. Avant 2011, le parti Baas n'était déjà plus vraiment une force sociale pour asseoir le pouvoir autoritaire de Bachar: un parti fourre-tout composé aussi bien de riches et de pauvres, de paysans et d'ingénieurs, et où beaucoup, à la base, se plaignent de la corruption du régime et des régressions sociales. Un parti qui vieillit, s'éloigne de la société, particulièrement dans les villes: « seuls 29000 Damascènes en sont membres effectifs sur une population de 4,5 millions d'habitants » selon Caroline Donati. Et encore, beaucoup de membres du Baas sont loin d'être convaincus par la qualité des orientations politiques prises par Bachar ni par l'idéologie officielle du Baas, leur adhésion devant davantage à des raisons opportunistes d'intérêt personnel.

 

Qu'est-ce qui explique la force du soulèvement populaire en Syrie ? D'abord, évidemment l'exemple du courage des citoyens tunisiens et égyptiens qui, en s'organisant pour rompre le lien de la peur et manifester ensemble pacifiquement, ont réussi à faire chuter des régimes tout aussi corrompus et répressifs que celui des Assad, mais qui étaient moins destructeurs de toute opposition politique et de la liberté d'expression et davantage liés aux intérêts occidentaux, et donc sur lesquels ces derniers avaient une certaine prise.

En Syrie, on a aussi un contexte de récession économique et de crise sociale liée à une absence de partage des richesses et à des politiques libérales au service des privilégiés. On a une population de 17 millions d'habitants dont la moitié ont moins de 20 ans, avec des diplômés et des moins diplômés sans autre perspective que le chômage, la précarité ou les bas salaires qui aspirent à plus de liberté, plus de reconnaissance institutionnelle et sociale de leur dignité, plus d'égalité, moins de favoritisme et de corruption au plus haut niveau du pouvoir. En 2009, par exemple, l'influent cousin du président, Rami Makhlouf avait des intérêts dans 9 des 12 banques privées que compte le pays, avait une exclusivité sur les entreprises de téléphonie mobile domiciliées dans des paradis fiscaux, et des capitaux dans l'exploitation pétrolière, l'immobilier. « Sous Bachar, écrit E.Picard cité par Caroline Donati, le caractère patrimonial du régime se combine avec l'épanouissement d'un secteur capitaliste ultralibéral voire mafieux. C'est ce « capitalisme des copains », combiné à la persistance de l'autoritarisme, qui fait du régime ba'thiste aujourd'hui un régime néo-patrimonial ». La nouvelle clientèle du régime, ce sont les nouveaux entrepreneurs de l'économie globalisée et des des anciennes grosses entreprises publiques de l'ancien État socialiste aujourd'hui privatisées qui sont protégés par le régime pour faire leurs affaires et n'ont surtout pas intérêt à ce que cela change. En Syrie aussi, les chaînes satellitaires arabes et internet ont permis de faire circuler l'information et de contourner la propagande et la désinformation du pouvoir. De plus, la ferveur musulmane des sunnites joue certainement un rôle important dans l'esprit d'indépendance et de sacrifice des jeunes qui débutent dans les mosquées leurs marches de colère contre un régime qui en 1982, n'avaient pas hésité à massacrer 15000 personnes au moins à Hama. Tout un quartier du centre-ville agité par la rébellion islamiste où l'on avait tué des soutiens du régime avait été pilonné à l'artillerie lourde pendant des jours avant que les survivants, à qui l'on avait promis par haut-parleur depuis le sommet de la colline d'où on les bombardait la grâce pour qu'ils puissent enterrer leurs morts, soient encore triés lors de ratissages militaires et en partie éliminés: désormais, ce sont des hôtels et des restaurants de luxe, un grand commissariat, et des terrains vagues qui ont remplacé ce quartier historique martyr situé au pied du grand parc de la ville où les enfants sont toujours aussi gais.

 

Depuis presque trois mois, le régime syrien réprime avec une violence inouïe les manifestations et la révolte populaire. L'armée et les services de sécurité tirent sur des manifestants désarmés (dans les villes du djebel druze au sud, les banlieues de Damas, Lattaquié...) - hommes, femmes, adolescents – et « punissent » des villes entières (Deraa au sud, Djisr el-Choghour au nord-ouest) en les encerclant avec des chars pour les affamer avant de les ratisser méthodiquement afin d'arrêter et de torturer, bombardant et mitraillant les villages (Maraat an Nouman, la petite ville du massif calcaire du Nord-Ouest au sud d'Alep où les croisés européens en leur temps avaient massacré toute la population et s'étaient livrés à des actes de cannibalisme en arrivant en Syrie) avec des avions et des hélicoptères pour faire des exemples de répressions féroces susceptibles d'inspirer la terreur. Des jeunes gens, des enfants de 13 ans sont rendus à leur famille morts et affreusement mutilés, ou vivants mais détruits psychologiquement et physiquement par des tortures sadiques que les services de renseignement syriens ont déjà expérimenté au Liban.

Le cœur se soulève en imaginant le calvaire que les syriens sont en train de vivre, parfois privés de tout, face à un régime qui se sait voué aux gémonies par une majorité de la population mais qui a décidé, que l'ordre vienne de Bachar où des puissants qui gravitent dans l'ombre autour de lui, de préserver à tout prix et par la manière la plus forte les intérêts des cadres de l'armée, des services de sécurité et des membres de la mafia associée au dictateur, en pariant sur la lassitude de la population et le renouveau de la peur devant tant d'horreurs.

Plus de 1300 morts déjà ! Et combien de vies saccagées par les tortures systématiques visant à « guérir » de l'engagement politique... Mais maintenant, le peuple syrien est debout, et s'y maintient dans les pires épreuves par la force de la haine, parce qu'il a entrevu une vie meilleure dans un avenir démocratique possible et car il sait qu'il est trop tard pour reculer, qu'il n'a plus grand chose à perdre et que ce régime de bourreaux sans conscience est acculé.

A court ou moyen terme, la dictature en Syrie tombera, comme probablement le régime islamiste répressif et vieillissant de l'Iran voisin. Malheureusement, l'armée est tenue elle aussi jusqu'à présent par le lien de la terreur et les répressions des récentes mutineries dans des casernes du nord du pays ont été atroces. Il semble que seule une insurrection généralisée (et armée?) de la population pourra venir à bout de ce régime. Il faut en attendant que les États qui font des affaires avec la Syrie (la Turquie, la Russie...), ou chez qui les proches du régime ont placé des capitaux et investi dans des entreprises, isolent le régime de Bachar el-Assad. Il faut qu'on ne lui vende plus d'armes et qu'on cherche à soutenir les rares foyers d'opposition structurée (par des communications, des conseils, de la logistique, des aides financières, des pressions sur le régime pour relâcher les prisonniers).

Est-il responsable de chercher à armer la révolte populaire? Je n'en sais rien: cela pourrait encore démultiplier la violence de la répression et enfoncer le pays dans une guerre civile dont pourrait se nourrir les conflits communautaires.

Ce qui est sûr, c'est que les syriens, nourris au lait du nationalisme arabe, sont hostiles à toute intervention militaire étrangère pour chasser la dictature, comme cela s'est fait en Libye, et qu'il ne sert à rien d'agiter cette menace qu'instrumentalise Bachar el-Assad pour ses intérêts en faisant passer ses opposants comme les éclaireurs d'un complot impérialiste occidental. L'armée syrienne est d'ailleurs suffisamment forte pour résister, à partir du moment où elle ne s'est pas désunie en fractions pro et anti-Bachar, à tout assaut étranger sur son sol.

 

La première chose que l'on devrait faire à mon sens, c'est d'ouvrir en grand les espaces d'expression publique aux opposants syriens partout dans le monde, pour empêcher que les gouvernements, d'ici quelques semaines, en reviennent à ménager leurs intérêts stratégiques en se lavant les mains et détournant les yeux devant les souffrances infligées à la population civile. C'est ce qu'a fait le parti communiste dans sa conférence nationale en invitant le vendredi soir un intellectuel et éditeur syrien proche du communisme exilé en France qui nous a disséqué avec clarté la nature du régime et de la contestation qui grandit dans son pays natal.

 

La Syrie partage une histoire commune avec la France: principautés franques, normandes, ordres de moines-soldats installés sur son territoire pendant plus de deux siècles à l'époque des croisades, protectorat français de 1918 à 1945, nombreux échanges culturels depuis. Ne l'abandonnons pas à ses tortionnaires!

 

Ismaël Dupont.

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 07:25

Choc des coïncidences...

 

A Deauville, on discute de l'identité du nouvel apôtre des marchés qui remplacera l'ancien directeur du FMI sali par des soupçons de viol sur une femme de chambre. 

Les tenants de la dictature du capital en Europe - Barroso, Merkel, Sarkozy - font peser toute leur poids dans la balance pour que l'avocate d'affaires Christine Lagarde, celle qui, à l'été 2007, à peine entrée dans ses fonctions de ministre des finances, pleurait sans honte sur le triste sort des cols blancs français, brillants rejetons de la bourgeoisie diplômés d'économie, contraints à l'exil à Londres pour accéder à des rémunérations décentes à la City et échapper au poids écrasant de l'impôt républicain, soit nommée à la tête du FMI. Une ancienne directrice d'un fonds d'investissement américain et que tout le monde présente, après Strauss-Khan, brutalement démonétisé, comme une de nos plus brillantes économistes. Seule petite épine dans le pied de notre nouvelle dame de fer, qui ne la fait pas trop souffrir heureusement, car la justice a su se montrer complaisante en d'autres temps pour de tels arrangements entre amis: on soupçonne Madame Lagarde d'avoir pesé de tout son poids, là encore, pour que l'escroc Bernard Tapie soit remboursé par l'Etat de la coquette somme de 300 millions d'euros... Il est vrai que nanard avait tourné sa veste en 2007 en soutenant Nicolas le petit après avoir été au début des années 90 le produit d'appel du mitterrandisme agonisant. Est-il resté de cette période quelques dettes "d'honneur", réglées en tout bien, tout honneur? Ou le PS renvoie t-il à Sarkozy l'amabilité du soutien à la candidature Strauss-Khan à la présidence du FMI? Toujours est-il que Martine Aubry a trouvé opportun d'affirmer publiquement qu'elle soutenait la candidature Lagarde.

 

Pendant ce temps, en Espagne et en Grèce, et bientôt dans d'autres pays européens, les révolutions citoyennes arabes font des émules chez les jeunes, qui campent sur les grandes places des villes pour dire leur indignation devant l'emprise de la finance sur une classe politique inféodée, l'acceptation trans-partisane, dans les partis de gouvernement de droite et de gauche, de plans d'hyper-austérité qui font peser le poids de la crise née de la dérégulation de l'économité et de la spéculation débridée sur les classes moyennes et populaires et qui privent d'avenir les jeunes.

 

Dans un très bel article en dernière page du Ouest France  paru ce jeudi 26 mai 2011 sur le mouvement des Indignés de la Puerta del Sol à Madrid, le journaliste Marc Pennec écrit: "Tous ces jeunes, étudiants, travailleurs précaires, chômeurs, continuent évidemment à vivre chez papa-maman, dans une capitale où les loyers et les garanties exigées par les propriétaires deviennent délirants.... Au terme d'un  reportage que nous avions effectué il y a trois mois en Espagne, nous nous étonnions que la jeunesse de ce pays garde encore son calme. Près de cinq millions de chômeurs, 43% des jeunes sans emploi, record européen. L'âge de la retraite qui passe à 67 ans, l'aide de 426 € aux chômeurs en fin de droitd supprimées. A la mi-mai, les digues ont fini par tomber en poussière."  

 

A l'occasion des élections municipales, cette énorme mobilisation populaire de la Puerta del Sol a été pour des gens de tous les âges un moment de réappropriation de la politique et de dénonciation du vide démocratique créé par l'absence d'alternative proposé aux plans de saignées sociales, par le peu de représentativité et d'écoute de la classe politique.  Ce mouvement est parti de la plate-forme de discussion et de riposte DEMOCRATIA REAL YA!, "Une vraie démocratie maintenant!" (ou "Une démocratie réelle maintenant!'), lancée sur internet il y a 3 mois, et vite rejointe par des collectifs de chômeurs, de précaires, de familles indettés, et d'internautes hostiles à une régulation du téléchargement en ligne, qui a abouti sur 170 campements urbains en Espagne la semaine dernière, et à la mobilisation d'au moins 80000 manifestants le 15 mai dans 50 villes espagnoles. Pour la France, ce niveau de mobilisation ne serait ni inédit, ni très impressionnant: en Espagne, marquée par le silence des passions politiques et le consensus centriste pour la croissance après le franquisme, si...  

 

Le mouvement DEMOCRATIA REAL YA! s'organise autour de deux axes de revendications: régénération démocratique du système politique et défense d'une politique sociale. Il s'agit d'une véritable mobilisation citoyenne, indépendante des partis politiques et des syndicats, comme les mobilisations arabes, et autogérée. Elle vise à rendre à nouveau les citoyens ordinaires, grâce à la force de l'indignation face à l'inacceptable de la confiscation de la démocratie au service des puissances d'argent, acteurs du changement. Rappelons que le pamphlet inspiré de Stephane Hessel, Indignez-vous!, c'est aussi vendu à des centaines de milliers d'exemplaires en Espagne, et qu'il fait maintenant le tour de l'Europe. Si l'on y associe le boom des ventes du Capital depuis la crise financière de 2007-2008, on peut se dire qu'il y a en ce moment des signes encourageants de retour de la question sociale et de prise de conscience de la dérive oligarchique des démocraties occidentales.   

 

Ainsi, suivant l'exemple des Indignés de la Puerta del Sol, des milliers de Grecs ont envahi hier la place Syntagma à Athènes pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité imposés par les créanciers de la Grèce, l'Allemagne, le France et la commission européenne qui défendent les banques allemandes et françaises contre la menace d'une restructuration de la dette, et acceptées par le docile gouvernement social-démocrate de Papandréou, aussi combattif contre les exigences indécentes du capital que son homologue espagnol dirigé par Zapatero. Nouveaux remèdes de cheval pour le patient grec qui risquent bien de lui interdire tout rétablissement à moyen terme: non-renouvellement de 150000 fonctionnaires partant à la retraite, hausses d'impôt (les plus injustes, évidemment), privatisations à marche forcée (aéroport d'Athènes, ports et marinas, compagnie d'électricité, loterie...).

 

En France, François Hollande nous promettait il y a quelques mois "du sang et des larmes" si les socialistes, bon gestionnaires affolés par le poids des déficits publics creusés par les plans de réduction d'impôt et de charges patronales, revenaient au pouvoir à l'issue des présidentielles et des législatives.

 

On ne peut laisser sans rien faire la souveraineté populaire être ainsi confisquée par avance par l'absence d'alternative imposée par les convergences libérales des partis "à vocation majoritaire" que les médias dissimulent derrière la mise en scène des égos et des micro-polémiques politiciennes. D'autant que, comme le signale un Appel à la mobilisation du mouvement ATTAC, "le désastre social en cours partout en Europe va être aggravé par les nouvelles réformes, discutées au Parlement européen en juin, qui permettront à la Commission européenne d'imposer autoritairement la réduction des dépenses publiques et des salaires" (le Pacte Euro plus)... Comme le disait Philippe Seguin en 2003, la présence ferait du bien à la droite aujourd'hui: "les politiques n'aiment pas reconnaître que là où la démocratie existe, on décide de moins en moins et qu'à l'inverse, là où on décide de plus en plus, il n'y a pas de démocratie. Certaines décisions fondamentales sont prises à l'échelle européenne ou planétaire, sans que les peuples aient voix au chapitre".

 

Hier, des rassemblements ont été organisés sur le mot d'ordre espagnol "Démocratie réelle, maintenant!" dans une dizaine de villes françaises et, dimanche prochain, le 29 mai, deux grandes manifestations sit-in auront lieu à Marseille et à Paris, Place de la Bastille, à 14h. En tant que communistes scandalisés par le nouveau degré de mainmise du pouvoir de l'argent sur la politique pris à la faveur de  l'intégration européenne et de la dérégulation libérale de l'économie, nous ne pouvons qu'être enthousiasmés par ce réveil des peuples européens qui prend forme, et d'autant plus quand on songe que ce sont les peuples et les jeunesses arabes, que les théoriciens de l'impérialisme américain et du choc des civilisations, nous disaient immatures pour la démocratie, qui nous ont montré la voie.

 

Ismaël Dupont.    

 

 

   

      

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 15:58

Enfin des raisons de se rejouir et d'espérer!

 

Gustave Massiah est économiste et urbaniste. C'est l'un des animateurs du mouvement alter-mondialiste en France. Dans ces propos reccueillis par Denis Sieffert et Jennifer Austruy dans le Politis n°1145, il montre dans un regard unifiant et synthétique en quoi les révolutions arabes s'inscrivent dans une nouvelle phase de la délocanisation et ont des causes économiques et sociales, et non pas seulement politiques (le ras le bol du manque de liberté d'une jeunesse éduquée) ou technologiques (les facilités de communication et d'information par delà propagande et censure qu'offre internet). Gustave Massiah s'interroge aussi sur les revendications et les prolongements possibles de ces insurrections populaires.

 

Politis: Quel regard portez-vous sur les révolutions arabes? 

 

Gustave Massiah: Ces évènements sont en rupture avec le passé et ouvrent de nouveaux possibles. La dimension nationale est déterminante, mais le fait qu'il y ait six ou sept révolutions ou insurrections -encore que le terme juste serait Intifida- montre qu'il existe également une dimension régionale et mondiale.

La dimension mondiale vient des plans de sortie de crise mis en place par les régimes dominants, qui ont généré une certaine exaspération sociale. Le niveau de vie des couches populaires, les inégalités sociales de plus en plus criantes et l'augmentation du prix des denrées alimentaires expliquent cette exaspération.

Les insurrections mettent en avant trois questions: la question sociale, la question des libertés et celle de l'indépendance. Les clans familiaux au pouvoir dans le monde arabe depuis des décennies se sont construits sur un système de rente et de corruption. Cet état de fait a entraîné récemment le refus massif du peuple de se soumettre à des oligarchies, mais a aussi créé des divisions au sein des classes dirigeantes. L'exemple le plus intéressant, c'est l'évolution du comportement des armées. Ces régimes autoritaires ont été mis en place par l'armée, mais, une fois au pouvoir, ils ont essayé de s'autonomiser et ont créé leurs propres milices. Cela permet de comprendre pourquoi, à un certain moment, l'armée a choisi de se démarquer du clan au pouvoir. Ce qui a été très clair en Tunisie et en Egypte.

Ensuite, il y a l'évolution des couches populaires. La précarisation a renforcé leur unité. Et il y a le développement de la question culturelle. Comme disait Aimé Césaire, "avant tout grand changement du monde, il y a un préalable culturel".

Dans pratiquement tous les pays du Sud, on a vu exploser le taux de scolarisation, modifiant profondément le fond culturel des couches populaires. Ce fort taux de scolarisation s'est traduit d'un côté par l'exode des cerveaux, qui ont toutefois conservé des liens avec leur société et l'ont alimentée avec toute une série d'idées et de connaissances. De l'autre côté, on a vu apparaître un phénomène massif de chômeurs diplômés. Ces derniers se sont saisis des nouveaux outils, des nouvelles cultures et des nouvelles formes de rapport entre liberté individuelle, ouverture sur le monde et nouvelles formes de fonctionnement collectif et social. Ces organisations ne sont plus celles des partis traditionnels, mais elles restent compatibles avec les anciennes structures du mouvement social, notamment le syndicalisme, comme on a pu le voir en Tunisie et en Egypte. On voit alors apparaître une réorganisation culturelle des couches populaires et de nouvelles formes de lutte des classes.

 

Politis: Que doivent faire les pays du Nord pour aider ce processus?

 

Gustave Massiah: Le grand écrivain camerounais Mongo Beti disait: "Que la France défende ses intérêts en Afrique, c'est normal, mais si la France veut aider les Africains, qu'elle les laisse tranquilles". L'idée qu'on peut aider est une idée fausse. Aujourd'hui, ce qui est déterminant dans les rapports mondiaux, c'est le refus de la recolinisation matérialisée par le contrôle des matières premières et la question de l'accaparement des terres.

D'ailleurs, ces insurrections populaires ont bien montré le rejet de régimes adoubés par l'Occident. L'Europe et les Etats-Unis avaient assigné à ces régimes quatre tâches: garantir l'accès aux matières premières (surtout énergétique), garantir les alliances militaires, comme avec Israël, contenir l'islamisme et maîtriser les flux migratoires. Ce ne sont jamais des objectifs qui vont dans le sens des intérêts des peuples du Sud.

 

Politis: Mais, tout de même, une autre politique est possible pour les pays du Nord, qui ne soit pas simplement cette gestion à courte vue des intérêts...

 

Gustave Massiah: Une autre orientation est possible dès maintenant en effet: celle de l'accès aux droits pour tous. Il faut organiser la production et les échanges autour de l'accès aux droits, et donc remettre la politique au centre de l'économie. On peut aller en ce sens d'abord en redéfinissant ce que sont les droits fondamentaux.

Il faut donner la priorité aux marchés intérieurs et réintroduire l'autonomie face au marché mondial. En favorisant les services publics.

Il ne s'agit pas de revenir à la grande opposition public/privé au sens Etat versus grand capital, mais plutôt d'explorer d'autres voies de socialisation, de contrôle citoyen et d'intervention publique sociale et collective. Sur cette question de l'accès aux droits, il peut y avoir une alliance assez large entre une partie des bourgeoisies nationales, étatiques, et les mouvements populaires. C'est d'ailleurs un peu ce qui se passe aujourd'hui dans les pays émergents.

L'accès aux droits n'est pas la sortie du capitalisme, mais ça n'empêche pas de poursuivre le débat modernisation ou dépassement du capitalisme. Jaurès disait: "Le socialisme, c'est d'abord les rapports sociaux".

 

Politis: Comment voyez-vous le développement de ces révolutions?

 

Gustave Massiah: Actuellement, elles ne sont pas en mesure de définir un programme... C'est bien entendu une transition... Je pense qu'on peut comparer ces révoltes à ce qui s'est passé en Amérique latine, il y a trente ou trente-cinq ans. Il y avait aussi des dictatures, et des mouvements populaires extrêmement puissants pour faire tomber ces dictatures. Cela s'est traduit par des nouveaux régimes un peu plus démocratiques. Les bourgeoisies nationales ont en général fini par prendre le contrôle, et elles ont mis en place des systèmes avec un peu de redistribution et beaucoup plus de croissance. Et les Etats-Unis se sont adaptés. Ils ont réussi à avoir des démocraties "sous contrôle"... On pourrait dire: ce n'est qu'une révolution bourgeoise, mais si on regarde l'Amérique latine aujourd'hui, ces démocratisations ont permis l'émergence de nouveaux mouvements sociaux. Ces mouvements se sont traduits par des régimes politiques différents selon les pays, mais il y a eu un mouvement de transformation sociale extrêmement large. Et, pour moi, c'est un peu ce qui se passe dans l'ensemble des pays du Maghreb. Cette évolution sera longue. On ne parle pas de 3 ou 4 ans, mais plutôt des 30 prochaines années.

Je pense que la double crise du néolibéralisme et du capitalisme ouvre une nouvelle phase de la décolonisation.  La première caractérisée par l'indépendance des Etats, dans les années 1960, a été cassée par le néolibéralisme en 1980, après le deuxième choc pétrolier. C'est le G8 qui a organisé la crise de la dette avec les programmes d'ajustement structurel, mettant ainsi en crise la décolonisation. Et maintenant nous sortons de cette crise et entrons dans une nouvelle phase de décolonisation qui n'est pas complètement définie. Elle passe par l'apparition des pays émergents sur la scène géopolitique: ils comptent désormais politiquement et culturellement....Elle porte non pas l'idée de l'indépendance des Etats, mais l'idée plus profonde de l'autodétermination des peuples.           

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 16:28

 

Le processus de paix israélo-palestinien dans l'impasse.

 

Un million et demi de Gazaouis qui vivent de manière misérable dans une prison à ciel ouvert surpeuplée depuis 2006, dans l'indifférence apparente de la vieille garde du Fatah contrôlant l'Autorité Palestinienne de Cisjordanie, qui fait tout pour conserver son pouvoir contesté par ses preuves d'impuissance et ses soupçons de corruption et pour fragiliser le Hamas, maître de Gaza. Israël qui continue sa politique d'isolement et de morcellement des zones palestiniennes de Cisjordanie tout en annexant par la politique du fait accompli de ses bulldozers escortés par des militaires armés jusqu'aux dents des pans entiers de Jérusalem-Est et des territoires occupés afin d'étendre ses colonies et de les sécuriser, fût-ce en détruisant des maisons palestiniennes et des champs d'oliviers et en expropriant leurs propriétaires. Un processus de paix moribond depuis les échecs du sommet de camp David et le déclenchement de la seconde Intifada suite à la visite par Ariel Sharon de l'esplanade des Mosquées. Un processus de paix qui n'est réactivé artificiellement par les américains avec la complicité du Fatah, que pour donner le change, calmer les belles âmes avides de justice en Occident et faire patienter les palestiniens exaspérés...

 

C'en est trop pour Ziyad Clot, cet avocat français d'origine palestinienne par sa mère qui raconte ses quelques mois d'expérience en tant que négociateur de l'OLP dans les négociations de paix engagées avec les israéliens à la fin du deuxième mandat de Bush, dans un essai amer mais vivant et instructif publié en 2010 aux éditions Max Milo, Il n'y aura pas d'Etat palestinien.

Le titre de l'essai peut apparaître comme une abdication ou le signe d'un défaitisme dangereux pour les droits spoliés des palestiniens. Il est en réalité la présentation provocatrice et brutale d'une thèse fondée sur une perception pragmatique de la situation au Proche-Orient et qui l'amène à penser que les intérêts concrets et immédiats des palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, et d'Israël, comme des réfugiés, seront mieux défendus dans le cadre de la revendication d'une place dans un Israël ou une Palestine multi-ethnique.

 

Cachez cette collaboration de l'autorité palestinienne à l'occupation que je ne saurais voir...

 

Rappelons un peu le contexte et l'enchaînement des événements avec les éléments d'information que rappelle Ziyad Clot. Suite à la victoire du parti de résistance islamiste Hamas aux élections législatives du 25 janvier 2006, Mahmoud Abbas tente dans un premier temps de faciliter la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Mais Washington et Condoleeza Rice qui se rend à Ramallah pour rencontrer le président palestinien exigent qu'Abou Mazen (le nom arabe de Mahmoud Abbas) dissolve le gouvernement du nouveau premier ministre Ismaïl Haniyeh, et le président de l'autorité palestinienne s'exécute. On voit bien que la promotion du respect de la démocratie dans les pays arabes et plus largement du sud dépend très largement des intérêts stratégiques des américains et de leurs alliés... Le Hamas n'est pas le parti laïc, tolérant, hostile à toute forme d'antisémitisme et la solution de la provocation stérile d'un terrorisme inefficace politiquement que l'on aimerait voir triompher chez les Palestiniens, mais il aurait fallu lui laisser sa victoire électorale et le combattre politiquement sans punir toute la population israélienne par l'embargo sur Gaza et une séparation du peuple palestinien évitable.

Face à la violente réaction du Hamas devant son éviction illégitime, les Etats-Unis garantissent que le Fatah sera soutenu matériellement et politiquement, que ses forces de sécurité seront renforcées. L'Egypte, la Jordanie, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis contribuent au financement, à la formation et au développement des forces armées du Fatah.

Le 1er février 2007, les forces de Dahlan, chef de la sécurité du Fatah, prennent d'assaut l'université islamique de Gaza. Le Hamas répond par des attaques sur les postes de police du Fatah. L'Arabie Saoudite, en promettant de financer les salaires de l'Autorité palestinienne, amène les frères ennemis à trouver un accord et à s'engager à former un gouvernement d'union nationale mais les Etats-Unis de Bush font tout pour complaire au gouvernement israélien et faire échouer le projet de manière à continuer à isoler le Hamas. Comme l'Egypte et la Jordanie continuent à former et à armer les forces de sécurité palestiniennes, le Hamas se sent de plus en plus menacé à Gaza et engage en juin 2007 une série d'attaques contre les forces du Fatah. Le 15 juin 2007, les forces de sécurité du Fatah sont délogées de la bande de Gaza.

Entre cette date et la brutale offensive israélienne de trois semaines « Plomb durci sur Gaza » entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009 qui a fait 1400 morts côté palestinien, 50 blessés côté israélien, avec laquelle s'achève le récit de Ziyad Clot, le Hamas tente tant bien que mal de faire survivre la population de Gaza victime d'un embargo international voulu par les israéliens et les américains et accepté par l'Europe et l'Egypte, tout en purgeant violemment la société des partisans laïcs du Fatah et en envoyant quelques rockets sur la ville de Sdérot.

Pendant ce temps, Bush et Condoleeza Rice, enlisés en Afghanistan et en Irak, suscitant la détestation des peuples arabes dégoûtés par leurs politiques impérialistes et inéquitables, veulent faire croire en une résolution ferme d'avancer vers une paix négociée et une solution à deux Etats reconnaissant les droits respectifs des israéliens et des palestiniens sur la terre palestinienne sans menacer la survie, la puissance et le caractère de foyer juif d'Israël.

Les caciques de l'Autorité Palestinienne s'engagent dans les négociations avec beaucoup de scepticisme, ne se faisant guère d'illusion sur la volonté et la capacité du gouvernement Olmert succédant à celui de Sharon tombé dans le coma de faire des compromis à l'approche des législatives, mais forcés de faire comme s'ils avaient un interlocuteur de bonne foi prêt au compromis car il ne peuvent se maintenir au pouvoir malgré le mécontentement grandissant de la population des territoires occupées qu'avec l'appui des américains. « J'ai maintenant compris, écrit Ziyad Clot à l'issue de son expérience de négociateur, que l'Autorité Palestinienne, au fil des années, est devenue une autorité d'occupation. Elle est réduite à faire le sale boulot en Cisjordanie en lieu et place des Israéliens, avec le soutien des Américains et de l'Union Européenne ».

« Le processus de paix, ajoute l'auteur, est un spectacle, une farce, qui se joue au détriment de la réconciliation palestinienne, au prix du sang versé sur Gaza » (p.104)... Pendant que les Israéliens avec la complicité de la communauté internationale affament et privent de tout les gazaouis, que les israéliens obligent les négociateurs palestiniens à faire des compromis sur le droit au retour des réfugiés palestiniens tout en continuant à charcuter les territoires palestiniens de Cisjordanie et à mener une politique de nettoyage ethnique pour construire le tramway de Jérusalem, protéger les colonies et les multiplier sur les zones les plus favorables à l'installation, le Fatah endort son peuple de promesses de souveraineté et de dignité retrouvée tout en le décourageant de se révolter violemment.

Ziyad Clot était tout particulièrement chargé de la question du retour et de l'indemnisation des descendants de réfugiés palestiniens expulsés entre 1947 et 1949 (comme son propre grand-père maternel) et en 1967. Les 7 millions de réfugiés, chrétiens et musulmans, installés au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Europe ou en Amérique, constituent aujourd'hui 70% des palestiniens, pour la plupart vivant à moins de 100km de la frontière palestinienne. Beaucoup, particulièrement en Jordanie et au Liban, sont considérés comme des citoyens de seconde zone victimes de discrimination depuis des décennies, vivant dans la misère et la frustration, et considérés comme potentiellement dangereux par des régimes d'états arabes qui composent avec Israël, qu'ils craignent.

Pour Ziyad Clot, si l'on veut prendre réellement en compte l'intérêt des réfugiés palestinens, qui est de pouvoir retourner chez eux s'ils le souhaitent ou d'être indemnisés pour que l'injustice de l'expropriation et de l'exil forcé qu'ils ont subi soit reconnue, comme l'intérêt des populations des territoires occupées ou des territoires placés sous administration palestinienne, victimes d'un véritable apartheid, il faut renoncer à cette chimère d'une solution à deux États. En effet, les israéliens ne laisseront jamais un État pleinement souverain et disposant d'un territoire suffisamment cohérent pour accueillir les réfugiés et vivre en dehors du goutte à goutte de la communauté internationale et de son aide humanitaire se constituer.

 

Est-il souhaitable et envisageable de renoncer à l'objectif de la paix dans la séparation en deux États?

 

Depuis les accords d'Oslo, Israël fait croire au monde arabe, à la communauté internationale et aux dirigeants du mouvement de résistance palestinienne qu'il est prêt à accepter la formation d'un Etat palestinien souverain, à condition que les États voisins fassent la paix avec l'État hébreu, qu'ils reconnaissent ses frontières, et que les forces organisées palestiniennes lui assurent sa sécurité. Pendant ce temps, la réalité sur le terrain s'aggrave: les discriminations dont sont l'objet les arabes israéliens se renforcent, la colonisation progresse en ne laissant à la population palestinienne que des lambeaux de territoires discontinus séparés par des centaines de barrages militaires qui asphyxient la vie économique palestinienne, et le regain des injustices et de la misère nourrissent un désarroi chez les palestiniens qui renforce les conflits internes et l'extrémisme.

Dès lors, pourquoi ne pas prendre acte du fait qu'Israël ne laissera jamais un État palestinien viable se former à ses côtés et ne fait qu'agiter cette promesse pour gagner du temps et poursuivre sans craindre de trop les foudres des américains et de la communauté internationale une politique d'expropriation et de marginalisation brutale des populations palestiniennes?

S'il existe de bonnes raisons de s'accorder avec ce constat, on peut se demander si la solution d'un Etat israélien pluri-culturel au pouvoir décentralisé et confiant une large autonomie aux communautés locales palestiniennes que semble préconiser Ziyad Clot est plus satisfaisante et plus réalisable. En effet, elle exigerait, comme le préconisait jadis la gauche israélienne universaliste et communiste, que les israéliens renoncent à leur programme sioniste de définition ethnico-religieuse de la citoyenneté israélienne et du droit à vivre dans l'État israélien et qu'ils acceptent le principe du droit au retour des réfugiés palestiniens. Comment, dans un contexte de droitisation et de la société israélienne et au vu des forts moyens de pression des petits partis religieux et d'extrême droite sioniste dans une Knesset élue à la proportionnelle, des partis de gauche, qui sont de surcroît également parfois sujets à l'angoisse concernant la forte natalité arabe et le risque d'un déséquilibre démographique altérant le caractère juif de l'Etat d'Israël, accepteraient une telle solution d'un Etat pour tous avec des citoyens égaux, reconnus dans leur droit à la différence?

L'alternative à la solution des deux Etats préconisée par Ziyad Clot, dans le sillage du professeur de philosophie et président de l'université Al Qods de Jérusalem, n'est-elle donc tout aussi irréalisable? Est-elle même souhaitable si l'on songe au risque de violences internes né de l'histoire conflictuelle des juifs israéliens et des palestiniens, de la nécessaire limitation de l'immigration juive en Israël qu'implique le droit au retour des palestiniens et des inégalités sociales qui séparent actuellement juifs et palestiniens chrétiens ou musulmans?

Il n'empêche que la question mérite d'être posée, étant donné le rôle de leurre et d'écran de fumée que peut jouer l'espoir de création d'un État palestinien dans une situation où, en réalité, depuis l'assassinat d'Isaac Rabin, les gouvernements sionistes israéliens ne visent qu'à créer des situations irréversibles pour des politiques d'appropriation du territoire unilatérales afin de servir les clientèles électorales des colonies et le rêve mortifère d'Eretz Israël, un foyer de peuplement juif dans les frontières de l'installation hébreu antique.

 

Ismaël Dupont.

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 08:03
Une information peu connue et passionnante communiquée sur la liste de diffusion d'Attac Finistère:
La révolution silencieuse…Quelle révolution ? On n’en entend parler nulle part.
Effectivement à l’origine de cette révolution, qui a eu lieu en 2008, dans ce pays d’à peine plus de 300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de cette crise, en 2006.
Merveille de la désinformation, un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique peut se produire en Europe à nos portes sans que les médias français n'en informent le peuple français. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos pouvoirs politico-financiers qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective.
Confronté alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était descendu dans la rue. Du jamais vu au pays des geysers d’eau chaude. Le gouvernement avait été renversé Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées.
Des images du palais présidentiel assiégé par une foule…Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du cacerolazo, qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.
Un nouveau gouvernement est institué. Mais, très vite le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois.
Le Président de la République refuse de promulguer ce choix de politique économique et décide de soumettre cette décision à un référendum. Le peuple rejeta unanimement (93%) le plan de renflouement. À plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars). 
Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être aussi considérable que la nuit du 4 août 1789 où était votée l’abolition des privilèges. C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.
Les constitutants se réuniront à partir de la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. En particulier, seront soumis à la décision de cette Assemblée :
-         les bases de la constitution islandaise et ses concepts fondamentaux;           
-         l'organisation des branches législatives et exécutives et les limites de leurs pouvoirs;                                                                                                             
-         le rôle et la place du Président de la République;
-         l'indépendance de la magistrature et leur surveillance des autres détenteurs de pouvoirs gouvernementaux; 
-         les mesures pour les élections et les circonscriptions électorales;                  
-         la participation des citoyens au processus démocratique, y compris l'organisation de référendum, y compris un référendum sur une loi constitutionnelle;                                                                                                
-         le Transfert des pouvoirs souverains aux organisations internationales et conduite des affaires étrangères;                                                                       
-         les affaires environnementales, y compris la propriété et l'utilisation de ressources naturelles.
Il s’agit donc de l’élaboration d’un nouveau contrat social et, pour un tel objectif, il faut, ce que beaucoup ici semblent ignorer, la participation de toute la nation.
Dans une interview avec l’agence d’information financière Bloomberg, Olafur Grimsson a dit : « La différence [avec l’Irlande] c’est qu’en Islande nous avons permis aux banques de faire faillite. C’étaient des banques privées et on n’y a pas injecté d’argent pour les maintenir ; l’Etat n’a pas porté la responsabilité de la faillite des banques privées. »  
« L’Islande se porte bien mieux qu’attendu », a déclaré Grimsson. « Peut-on demander aux gens ordinaires – les agriculteurs et les pêcheurs, les enseignants, les docteurs et les infirmières – d’assumer la responsabilité de la faillite des banques privées ? Cette question, qui fut au cœur du débat dans le cas de la banque islandaise Icesave, va être la question brûlante dans de nombreux pays européens.» 
En Islande, les activités en faillite furent séparées du reste des banques, ce qui permet aujourd’hui d’avoir un système bancaire au service de l’économie nationale. 
Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État. Aujourd’hui où, partout en Europe, les parlements sont soumis aux chantages d’institutions essentiellement soumises aux intérêts financiers pour voter des plans de rationnement des populations et de pillage des fonds sociaux et publics, où on donne de plus en plus le pouvoir à ceux qui amplifient les dégâts en profitant d’un système de privilèges et d’inégalités, cet évènement indique, une fois encore, que seule la souveraineté du peuple permettra de trouver une issue politique à la crise économique et sociale. 
Source de l'information: le sîte internet "Paris s'éveille".  
 
Du nouveau en Islande (nouvelles fraîches de quelques mois) :
Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « google »: bref, le black-out total …
Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.
Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.
Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.
Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’excommunistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.
http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la
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