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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 05:53

Lettre d'explication et de dénonciation publiée par le Monde Diplomatique n°713 d'août 2013

 

evo-morales2.jpg

 

Le dévoilement par M. Edward Snowden du caractère tentaculaire de l'espionnage américain n'a suscité que des réactions frileuses de la part des dirigeants européens. Lesquels, en revanche, n'ont pas hésité à immobiliser l'avion du président bolivien Evo Morales, soupçonné de transporter l'informaticien fugitif.

 

"Moi, président de la Bolivie, séquestré en Europe" - Par Evo Morales

 

Le 2 juillet dernier s'est produit l'un des évènements les plus insolites de l'histoire du droit international: l'interdiction faite à l'avion présidentiel de l'Etat plurinational de Bolivie de survoler les territoires français, espagnol, italien et portugais, puis ma séquestration à l'aéroport de Vienne (Autriche) pendant quatorze heures.

Plusieurs semaines après, cet attentat contre la vie des membres d'une délégation officielle, commis par des Etats réputés démocratiques et respectueux des lois, continue de soulever l'indignation, cependant qu'abondent les condamnations de citoyens, d'organisations sociales, d'organismes internationaux et de gouvernements à travers le monde. 

Que s'est-il passé? J'étais à Moscou, quelques instants avant le début d'une réunion avec M. Vladimir Poutine, quand un assistant m'a alerté de difficultés techniques: impossible de nous rendre au Portugal comme prévu initialement. Toutefois, lorsque s'achève mon entretien avec le président russe, il devient déjà clair que le problème n'a rien de technique... 

Depuis La Paz, notre ministre des affaires étrangères, M. David Chocohuanca, parvient à organiser une escale à Las Palmas de Grand Canaria, en Espagne, et à faire valider un nouveau plan de vol. Tout semble en ordre... Pourtant, alors que nous sommes dans les airs, le colonel d'aviation Celiar Arispe, qui commande le groupe aérien présidentiel et pilote l'avion ce jour-là, vient me voir: "Paris nous retire son autorisation de survol! Nous ne pouvons pas pénétrer dans l'espace aérien français". Sa surprise n'avait d'égale que son inquiétude: nous étions sur le point de passer au-dessus de l'Héxagone.

Nous pouvions bien sûr tenter de retourner en Russie, mais nous courions le risque de manquer de kérosène. Le colonel Arispe a donc contacté la tour de contrôle de l'aéroport de Vienne pour solliciter l'autorisation d'effectuer un atterrissage d'urgence. Que les autorités autrichiennes soient ici remerciées pour leur feu vert. 

Installé dans un petit bureau de l'aéroport que l'on avait mis à ma disposition, j'étais en pleine conversation avec mon vice-président, M. Alvaro Garcia Linera, et avec M. Choquehuanca, pour décider de la suite des évènements et surtout, tenter de comprendre les raisons de la décision française, lorsque le pilote m'a informé que l'Italie nous refusait également l'entrée dans l'espace aérien. 

C'est à ce moment que je reçois la visite de l'ambassadeur d'Espagne en Autriche, M. Alberto Carnero. Celui m'annonce qu'un nouveau plan de vol vient d'être approuvé pour m'acheminer en Espagne. 

Seulement, explique-t-il, il lui faudra au préalable inspecter l'avion présidentiel. Il s'agit même d'une condition sine qua non à notre départ pour Las Palmas de Gran Canaria. 

Lorsque je l'interroge sur les raisons de cette exigence, M. Carnero évoque le nom de M. Edward Snowden, cet employé d'une société américaine auprès de laquelle Washington sous-traite certaines de ses activités d'espionnage. J'ai répondu que je ne le connaissais qu'à travers la lecture de la presse. J'ai également rappelé au diplomate espagnol que mon pays respectait les conventions internationales: en aucun cas je ne cherchais à extrader qui que ce soit vers la Bolivie. 

M. Carnero était en contact permanent avec le sous-secrétaire aux affaires étrangères, M. Rafael Mendivil Peydro, qui, de toute évidence, lui demandait d'insister. "Vous n'inspecterez pas cet avion, ai_je dû marteler. Si vous ne croyez pas ce que je vous dis, c'est que vous traitez de menteur le président de l'Etat souverain de Bolivie." Le diplomate ressort pour prendre les consignes de son supérieur, avant de revenir. Il me demande alors de l'inviter à "prendre un petit café" dans l'avion. "Mais vous me prenez pour un délinquant? lui demandai-je. Si vous tenez à pénétrer dans cet avion, il vous faudra le faire par la force. Et je ne résisterai pas à une opération militaire ou policière: je n'en ai pas les moyens." 

Ayant certainement pris peur, l'ambassadeur écarte l'option de la force, non sans me préciser que, dans ces conditions, il ne pourra pas utiliser notre plan de vol: "A 9 heures du matin, nous vous indiquerons si vous pouvez ou non partir. D'ici là, nous allons discuter avec nos amis" m'explique t-il. "Amis"? "Mais qui donc sont ces "amis" de l'Espagne auxquels vous faites référence? La France et l'Italie sans doute?" Il refuse de me répondre et se retire... 

Je profite de ce moment pour discuter avec la présidente argentine Cristina Fernandez, une excellente avocate qui me guide sur les questions juridiques, ainsi qu'avec les présidents vénézuélien et équatorien Nicolas Maduro et Rafael Correa, tous deux très inquiets à ce sujet. Le président Corréa me rappellera d'ailleurs plusieurs fois dans la journée pour prendre de mes nouvelles. Cette solidarité me donne des forces. "Evo, ils n'ont aucun droit d'inspecter ton avion!" , me répètent-ils. Je n'ignorais pas qu'un avion présidentiel jouit du même statut qu'une ambassade. 

Mais ces conseils et l'arrivée des ambassadeurs de l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA) (1) décuplent ma détermination à me montrer ferme. Non nous n'offrirons pas à l'Espagne ou à touty autre pays - les Etats-Unis encore moins que les autres- la satisfaction d'inspecter notre avion. Nous défendrons notre dignité, notre souveraineté et l'honneur de notre patrie, notre grande patrie. Jamais nous n'accepterons ce chantage. 

L'ambassadeur d'Espagne réapparaît. Préoccupé, inquiet et nerveux, il m'indique que je dispose finalement de toutes les autorisations et que je peux m'en aller. Enfin, nous décollons... 

 

Cette interdiction de survol, décrétée de façon simultanée par quatre pays et coordonnée par la Central Intelligence Agency (CIA) contre un pays souverain au seul prétexte que nous transportions peut-être M. Snowden, met au jour le poids politique de la principale puissance impériale: les Etats-Unis. 

Jusqu'au 2 juillet (date de notre séquestration), chacun comprenait que les Etats se dotent d'agences de sécurité afin de protéger leur territoire et leur population. Mais Washington a dépassé les limites du concevable. Violant tous les principes de la bonne foi et les conventions internationales, il a transformé une partie du continent européen en territoire colonisé. Une injure aux droits de l'homme, l'une des conquêtes de la Révolution française. 

L'esprit colonial qui a conduit à soumettre de la sorte plusieurs pays démontre une fois de plus que l'empire ne tolère aucune limite - ni légale, ni morale, ni territoriale. Désormais, il est clair aux yeux du monde entier que, pour une telle puissance, toute loi peut être transgressée, toute souveraineté violée, tout droit humain ignoré. 

La puissance des Etats-Unis, ce sont bien sûr leurs forces armées, impliquées dans diverses guerres d'invasion et soutenues par un complexe militaro-industriel hors du commun. Les étapes de leurs interventions sont bien connues: après les conquêtes militaires, l'imposition du libre-échange, d'une conception singulière de la démocratie et enfin, la soumission des populations à la voracité des multinationales. Les marques indélébiles de l'impérialisme - fût-il militaire ou économique - défigurent l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie. Des pays dont certains ont été envahis parce qu'on les soupçonnait de détenir des armes de destruction massive ou d'abriter des organisations terroristes. Des pays ou des milliers d'êtres humains ont été tués, sans que la Cour pénale internationale intente le moindre procès. 

 

Mais la puissance américaine provient également de dispositifs souterrains destinés à propager la peur, le chantage, l'intimidation. Au nombre des recettes qu'utilise volontiers Washington pour maintenir son statut: la "punition exemplaire", dans le plus pu style colonial qui avait conduit à la répression des Indiens d'Abya Yala (2). Celle-ci s'abat désormais sur les peuples ayant décidé de se libérer et sur les dirigeants politiques qui ont choisi de gouverner pour les humbles. La mémoire de cette politique de la punition exemplaire est encore vive en Amérique latine: que l'on pense aux coups d'Etat contre Hugo Chavez au Vénézuela en 2002, contre le président hondurien Manuel Zelaya en 2009, contre M. Correa en 2010, contre le président paraguayen Fernando Lugo en 2012, et bien sûr, contre notre gouvernement en 2008, sous la houlette de l'ambassadeur américain en Bolivie, M. Philip Goldberg. L'"exemple", pour que les indigènes, les ouvriers, les paysans, les mouvements sociaux n'osent pas relever la tête contre les classes dominantes. L'"exemple", pour faire plier ceux qui résistent et terroriser les autres. Mais un "exemple" qui conduit désormais les humbles du continent et du monde entier à redoubler leurs efforts d'unité pour renforcer les luttes. 

 

L'attentat dont nous avons été victimes dévoile les deux visages d'une même oppression, contre laquelle les peuples ont décidé de se révolter: l'impérialisme et son jumeau politique et idéologique, le colonialisme. La séquestration d'un avion présidentiel et de son équipage - que l'on était en droit d'estimer impensable au XXIe siècle - illustre la survivance d'une forme de racisme au sein de certains gouvernements européens. Pour eux, les Indiens et les processus démocratiques ou révolutionnaires dans lesquels ils sont engagés représentent des obstacles sur la voie de la civilisation. Ce racisme se réfugie désormais dans l'arrogance et les explications "techniques" les plus ridicules pour maquiller une décision politique née dans un bureau de Washington. Voici donc les gouvernements qui ont perdu jusqu'à la capacité de se reconnaître comme colonisés, et qui tentent de protéger la réputation de leur maître... 

Qui dit empire dit colonies. Ayant opté pour l'obéissance aux ordres qu'on leur donnait, certains pays européens ont confirmé leur statut de pays soumis. La nature coloniale de la relation entre les Etats-Unis et l'Europe s'est renforcée depuis les attentats du 11 septembre 2001 et a été dévoilée à tous en 2004, lorsque l'on a appris l'existence de vols illicites d'avions militaires américains transportant des prisonniers de guerre vers Guantanamo ou vers des prisons européennes. On sait aujourd'hui que ces "terroristes" présumés étaient soumis à la torture; une réalité que même les organisations de défense des droits humains taisent souvent. 

 

La "guerre contre le terrorisme" aura réduit la vieille Europe au rang de colonie; un acte inamical, voire hostile, que l'on peut analyser comme une forme de terrorisme d'Etat, en ce qu'il livre la vie privée de millions de citoyens aux caprices de l'empire. 

Mais le camouflet au droit international que représente notre séquestration constituera peut-être un point de rupture. L'Europe a donné naissance aux idées les plus nobles: liberté, égalité, fraternité. Elle a largement contribué au progrès scientifique, à l'émergence de la démocratie. Elle n'est plus qu'une pâle figure d'elle-même: un néo-obscurantisme menace les peuples d'un continent qui, il y a quelques siècles, illuminait le monde de ses idées révolutionnaires et suscitait l'espoir. 

Notre séquestration pourrait offrir à tous les peuples et gouvernements d'Amérique latine, des Caraïbes, d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Nord l'occasion unique de constituer un bloc solidaire condamnant l'attitude indigne des Etats impliqués dans cette violation du droit international. Il s'agit également d'une occasion idéale de renforcer les mobilisations des mouvements sociaux en vue de construire un autre monde, de fraternité et de complémentarité. Il revient aux peuples de le construire. 

 

Nous sommes certains que les peuples du monde, notamment ceux d'Europe, ressentent l'agression dont nous avons été victimes comme les affectant également, eux et les leurs. Et nous interprétons leur indignation comme une façon indirecte de nous présenter les excuses que nous refusent toujours certains des gouvernements responsables (3). 

 

Evo Morales   

 

(1) Dont sont membres Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, l'Equateur, le Nicaragua, la République dominicaine, Saint-Vincent et les Grenadines et le Venezuela. 

(2)  Nom donné par les ethnies kunas de Panama et de Colombie au continent américain avant l'arrivée de Christophe Colomb. En 1992, ce nom a été choisi par les nations indigènes d'Amérique pour désigner le continent. 

(3) Depuis, Lisbonne, Madrid, Paris et Rome ont présenté des excuses officielles à La Paz.   

 

 

 

 

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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 12:54
 
Ecoutez bien comment Fabius répond à côté des questionnements forts soulevés par Asensi: voilà qui risque d'être très impressionnant pour les Américains, nos "partenaires et alliés" ... Pas un mot pour justifier l'accord transatlantique, seulement un constat: "nous avons des positions qui ne sont pas nécessairement les mêmes". Toujours cet art de l'euphémisme cher aux gens qui reconnaissent combien  leur situation est mal assurée du point de vue de la légitimité ...
A la charrette des positions américaines et surtout pro-capitalistes des milieux financiers, de Barroso et de Merkel, ce gouvernement ne rendra pas de compte à la population sur les justifications de ces abandons de souveraineté et de cette complaisance inédite face aux USA et aux multinationales. 
  
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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 11:57

 

Intensifier le mouvement de solidarité en France et en Europe avec le peuple palestinien

un drapeau pour Gaza...à Morlaix 

 

De retour d'une visite en Israël et Palestine, du 27 juin au 2 juillet, la délégation officielle du Parti communiste français conduite par son secrétaire national, Pierre Laurent, également président du Parti de la gauche européenne (PGE) et sénateur, tient à réaffirmer l'urgence d'une action ferme de la France et de l'Union européenne en faveur de la reprise des négociations de paix.

Cela ne peut plus attendre : la poursuite de la colonisation israélienne, les humiliations et violences quotidiennes perpétrées par l'armée d'occupation et les colons à l'encontre des Palestiniens, les discriminations des populations arabes israéliennes, la pauvreté et les graves inégalités socio-économiques rendent la situation intenable.

Cette visite coïncidait avec le passage de John Kerry, émissaire américain, qui s'est à nouveau soldé par un échec devant l'intransigeance du gouvernement israélien qui refuse de geler la colonisation et qui ne respecte pas l'engagement d'Oslo de libérer les prisonniers politiques d'avant 1993.

 

La délégation entourant Pierre Laurent, composée de Patrick Le Hyaric, député européen et directeur du journal L'Humanité, Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales du PCF, Mathilde Caroly, conseillère municipale communiste de Saint-Denis, Nordine Idir, secrétaire général du Mouvement Jeunes communistes, et Fernand Tuil, président de l'AJFP (Association de jumelages entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises), a été reçue à Jérusalem, Nazareth, Ramallah, Naplouse, Bethléem, Beithuna, aux camps de Balata et de Dheishe, ainsi qu'à la Knesset par le groupe parlementaire Hadash. La délégation a également tenu à se recueillir, lundi 1er juillet, devant la tombe du président palestinien, Yasser Arafat, à Ramallah.

 

Au cours de ces entretiens et de ces visites, nos interlocuteurs nous ont confirmé et montré sur le terrain à quel point, chaque jour, le gouvernement israélien de B. Netanyahou s'ingénie à bloquer tout processus de dialogue avec les Palestiniens et à attiser la tension. Le gouvernement s'entête à encourager la poursuite de la colonisation – en particulier à Jérusalem-Est – alors qu'il s'agirait d'amorcer un mouvement réel de décolonisation ; il laisse l'armée détruire les fruits de coopérations internationales et de l'aide humanitaire (même dans les zones où Tsahal n'est pas autorisée à intervenir) alors qu'il s'agirait d'appuyer le développement et les coopérations – y compris entre Israël et la Palestine. B. Netanyahou et son gouvernement multiplient les arrestations arbitraires et les détentions administratives, et déportent maintenant les Bédouins du Neguev, pourtant « citoyens israéliens », qui sont chassés manu militari de leurs villages, et ceux-ci détruits. Ce sont près de 70 000 personnes, enfants et adultes, qui sont concernées par cette inadmissible opération qui fait l’objet d'un projet de loi !

Israël agit ainsi au mépris du droit international et au mépris des accords d'association qu'il a lui-même passé avec l'Union européenne en violant les clauses de respect des droits de la personne. Or au moment de son passage les 20 et 21 juin derniers, madame Ashton, vice-présidente de la Commission européenne et haute représentante pour les affaires étrangères et la sécurité, est demeurée absolument silencieuse à ce sujet. Pis, dans les jours qui ont suivi, la commissaire n'a pas aidé les ministres des affaires étrangères européens à s'accorder sur une déclaration commune pourtant soutenue par de nombreux pays.

Le PCF appelle à intensifier le mouvement de solidarité en France et en Europe avec le peuple palestinien pour son droit légitime à un État souverain, dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, et de solidarité avec ceux qui en Israël se battent contre les discriminations raciales, pour la justice sociale, l'égalité des droits et la dignité.

La France peut commencer par réaffirmer son engagement en faveur de la paix et reconnaître l’État de Palestine, ainsi qu'appuyer son adhésion aux instances internationales. Le gouvernement israélien doit être isolé. Sa politique est la politique du pire ; elle n'offre aucun avenir aux Palestiniens, et si peu aux Israéliens eux-mêmes.

La France doit prendre l'initiative de faire suspendre l'accord d'association UE-Israël, de sanctionner les entreprises qui profitent de la colonisation israélienne et au contraire d’encourager et protéger la coopération dans les territoires palestiniens. Après la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, il serait tout à l'honneur de notre pays d'adopter l'étiquetage des produits provenant des colonies.

 

La Fête de l'Humanité 2013 sera marquée par ce nouvel élan avec le lancement en France de la campagne mondiale pour la libération de Marwan Barghouthi et des prisonniers politiques palestiniens. « Libérer Marwan Barghouthi, c'est libérer la Palestine ». La France doit être au rendez-vous.

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 05:27

On nous présentait dans les années 1980 et 1990 dans le milieu des européistes de gauche et même du centre-droite le renforcément de l'intégration européenne comme un moyen de défendre notre modèle social dans la mondialisation et la rivalité avec la puissance anglo-saxonne ultra-libérale et comme un moyen de créer un monde multi-polaire, et d'exister comme puissance à côté des Américains pour proposer une alternative à l'impérialisme de la super-puissance.

Et voilà où nous en sommes: l'Europe se construit sans les citoyens, remettant en cause leurs droits démocratiques et sociaux, elle aligne les droits sociaux sur le moins-disant ultra-libéral et une conception anglo-saxonne de la vie économique et sociale et elle sert plus que jamais de gentil "toutou" des Etats-Unis aux prétentions vaguement humanitaires.

Hollande dans tout ça fait carpette face à Barroso et Merkel qui font carpette face aux Américains et aux intérêts des multinationales. Quelques jours après les révélations sur l'espionnage de l'UE par les services secrets américains, les négociations pour créer un grand marché de libre-échange permettant aux entreprises américaines de nous innonder de leurs produits aux normes sociales et environnementales très peu contraignantes, ce qui aura pour effet de rabaisser chez nous ces normes sociales et environnementales de production, vont continuer comme si de rien était.

Plus qu'un accord de libre-échange (les droits de douane sont déjà très bas, à l'exception de la culture et de l'agriculture), le but poursuivi lors de ces négociations est un "accord de convergence réglementaire", sur la suppression des "normes non nécessaires", existantes ou à venir. "Il s'agit d'harmoniser les normes sociales, environnementales, alimentaires, sanitaires, afin de protéger l'investissement de "formes d'expropriation indirecte" provoquées par des réglementations politiques qui nuisent à l'expansion des firmes et des profits... Si ce partenariat portant sur une gigantesque surface d'investissement était réalisé, les firmes transnationales, leurs filiales et boîtes aux lettres bénéficieraient d'un cadre ad hoc, pour se débarasser des processus démocratiques producteurs de règles et de droits" (journal de l'association ATTAC, juillet 2013: Lignes d'Attac ).

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 11:25

L'ONG Adalah (orga­ni­sation de défense juri­dique des Pales­ti­niens d’Israël) a lancé une pétition demandant le retrait du plan Prawer concernant les bédouins du NEGUEV. Vous trouverez ci-dessous le communiqué de l'AFPS et la traduction en français du texte de la pétition.

Signer et faites signer la pétition le plus massivement possible!

Pour signer, cliquez sur le lien suivant http://www.avaaz.org/en/petition/Stop_Prawer/?tPqFXbb


Une loi scélérate approuvée en 1ère lecture le 24 juin à la Knesset

Cette loi, connue sous le nom de Plan Prawer-​​Begin, vise à contraindre plu­sieurs dizaines de mil­liers de bédouins du Néguev (Pales­ti­niens d’Israël) à quitter leurs terres et leurs vil­lages pour les regrouper dans des villes et quar­tiers qui leur seraient assignés.

Elle s’inscrit dans l’objectif stra­té­gique des auto­rités israé­liennes : pré­server à tout prix la « majorité juive », au prix d’une véri­table épuration eth­nique à l’intérieur même d’Israël. Pour cela, l’installation de popu­la­tions juives est encou­ragée dans le Néguev comme en Galilée où les popu­la­tions pales­ti­niennes sont impor­tantes. Mais il leur faut aussi casser le tissu social et déstruc­turer les com­mu­nautés pales­ti­niennes dont les droits ances­traux sur la terre sont niés.

C’est l’objet de ce plan. Déplacer les popu­la­tions des « vil­lages non reconnus » dans des zones de regrou­pement, autrement dit les couper de leurs racines, de leurs maisons, de leur mode de vie, c’est les réduire à l’inactivité et les clochardiser.

Le débat à la Knesset a été par­ti­cu­liè­rement houleux et les députés arabes vio­lemment pris à partie. Le vote a été acquis à 3 voix de majorité. La loi doit revenir à deux reprises devant la Knesset pour être applicable.

Il est encore temps d’actionner tous les leviers pos­sibles pour faire échec à cette loi scé­lérate. Nous appelons nos groupes locaux à prendre toutes ini­tia­tives pour demander une inter­vention d’urgence du gou­ver­nement français et appelons à signer, faire signer et par­tager la pétition d’Adalah (orga­ni­sation de défense juri­dique des Pales­ti­niens d’Israël).


Texte de la pétition en français

Arrêtez le Plan Prawer !

 

Nous appelons le gou­ver­nement israélien à retirer le Plan Prawer qui envisage le dépla­cement forcé de plus de 70.000 Bédouins arabes ori­gi­naires de la région, citoyens d’Israël, hors de leurs terres ances­trales dans le désert du Naqab (Néguev) au Sud d’Israël. Le gou­ver­nement d’Israël doit recon­naître les vil­lages “non reconnus” des Bédouins arabes et leurs droits ances­traux sur les terres, cesser les démo­li­tions de maisons, fournir les ser­vices fon­da­mentaux et engager un dia­logue signi­fi­catif avec la com­mu­nauté bédouine arabe et les diri­geants poli­tiques arabes. Il est temps de réparer un tort his­to­rique, de mettre en pra­tique une véri­table égalité et de garantir le respect des droits de l’homme.

Pourquoi c’est important

Der­nière mise à jour : La pro­po­sition de loi Prawer-​​Begin sera pré­sentée en pre­mière lecture demain, lundi 24 juin 2013. Signez et dif­fusez cette pétition pour arrêter cette légis­lation dévas­ta­trice ! Demain Adalah et le Forum de Coexis­tence du Neguev trans­met­tront vos signa­tures aux prin­cipaux décideurs.

Le 6 mai 2013, la Com­mission des lois minis­té­rielle a approuvé la pro­po­sition de la “Loi de régle­men­tation de l’établissement des Bédouins dans le Néguev – 2013” (Pro­po­sition de loi Prawer-​​Begin). La pro­po­sition de loi Prawer Begin a été déposée sur le bureau de la Knesset le lundi 27 mai 2013 ; cependant, la pro­po­sition n’est pas allée en pre­mière lecture. La loi servira d’arme de mise en oeuvre du Plan Prawer-​​Begin, cadre poli­tique global du gou­ver­nement pour la com­mu­nauté bédouine arabe. S’il est pro­mulgué en tant que loi, le plan entraî­nerait le dépla­cement de force de dizaines de mil­liers de Bédouins arabes, citoyens d’Israël, vivant dans les vil­lages non reconnus du désert du Naqab (Néguev) au Sud d’Israël. Le Plan Prawer-​​Begin dépos­sèdera les Bédouins de leurs pro­priétés et de leurs droits his­to­riques sur cette terre, détruira la structure sociale de leur com­mu­nauté et condamnera des mil­liers de familles à des vies de pau­vreté et à un chômage chronique.

Les repré­sen­tants des vil­lages bédouins ont à plu­sieurs reprises essayé d’engager un dia­logue sur le plan avec le gou­ver­nement, mais ont été éconduits. Ils affirment que la loi et la poli­tique qu’elle contient sont fondées sur des visions fausses et dis­cri­mi­na­toires des Bédouins pré­sentés comme des intrus sur leur terre. Le Plan Prawer-​​Begin ignore le fait que la plupart des vil­lages bédouins existent dans leur empla­cement actuel depuis avant la création de l’Etat d’Israël ou ont été créés quand le Gou­ver­nement Mili­taire Israélien a déplacé de force les Bédouins arabes vers le Siyag, région du Naqab, dans les années 1950.

Une solution juste et fai­sable demande d’abord et avant tout la recon­nais­sance du fait que les habi­tants bédouins des vil­lages non-​​reconnus sont des citoyens égaux aux droits égaux. Les vil­lages interdits doivent être reconnus et orga­nisés selon des normes d’aménagement équi­tables et les droits de pro­priété des Bédouins sur la terre doivent être for­mel­lement reconnus.

 

Pour plus d’information, consultez les sites de :

Adalah – Centre Juri­dique pour les Droits de la Minorité Arabe d’Israël – www.adalah.org

Forum de Coexis­tence du Neguev pour une Egalité Civique – www.dukium.org

 

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 06:20

Le président bolivien Evo Morales, à Moscou, le 1er juillet. Le président bolivien Evo Morales, à Moscou, le 1er juillet. | AFP/MAXIM SHEMETOV

Les Boliviens sont en colère. "La vie du président a été mise en danger", "les lois du trafic aérien ont été violées"... L'objet de leur courroux ? Le refus par la France, le Portugal et l'Italie du survol de leur territoire par l'avion du président Eva Morales, mardi 2 juillet.

Dans la soirée, le dirigeant bolivien revient d'une réunion de pays producteurs de gaz naturel à Moscou. Une rumeur court alors qu'Edward Snowden, l'ex-consultant de la National Security Agency (NSA) à l'origine des révélations sur les pratiques de surveillance et d'écoutes du renseignement américain, recherché par les Etats-Unis, se trouve à bord de l'avion. Coincé depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo à Moscou, où il est arrivé en provenance de Hong Kong, ce jeune homme de 30 ans se retrouve piégé dans des limbes juridiques. Prétextant des raison techniques, selon les autorités boliviennes, la France et la Portugal décident de fermer brutalement leur espace aérien.

"Mais après avoir obtenu des explications auprès de certaines autorités, nous avons déterminé qu'il semblait y avoir une rumeur infondée sur la présence de M. Snowden à bord de l'avion, a expliqué le ministre des affaires étrangères bolivien, David Choquehuanca. Nous ne savons qui a inventé ce mensonge." Son homologue de la défense, Ruben Saavedra, estime que le département américain d'Etat était peut-être derrière cette décision.

"Nous avons des soupçons sur le fait que ces deux pays ont été manipulés par une puissance étrangère, en l'occurrence les Etats-Unis, afin d'intimider l'Etat bolivien et le président Evo Morales".

Ainsi interdit de passage au-dessus de l'Hexagone, l'avion présidentiel bolivien est contraint de faire une escale imprévue en Autriche.

L'avion du président Morales a été contraint de stationner sur le tarmac de l'aéroport de Vienne. L'avion du président Morales a été contraint de stationner sur le tarmac de l'aéroport de Vienne. | REUTERS/HEINZ-PETER BADER

 

Après vérification, Vienne confirme que Snowden ne se trouve pas à bord. La France, le Portugal puis l'Italie autorisent finalement, dans la nuit, le survol de leur territoire.

  

"PARANOÏA"

Mais le mal est fait. Evo Morales a passé la nuit de mardi à mercredi dans un hôtel de Vienne et l'indignation monte en Amérique latine. "C'est un attentat contre la vie du président Morales", a déclaré le ministre des affaires étrangères vénézuélien, Elias Jaua, dont le pays est l'un des principaux alliés de la Bolivie. En déplacement à Minsk, en Biélorussie, où il accompagne le président Nicolas Maduro en visite officielle, il a fustigé "une agression grossière, brutale, impropre et non civilisée" de la part "de gouvernements d'Europe et des Etats-Unis" qui "mettent en danger la vie d'un président".

Le ministre des affaires étrangères de l'Equateur, Ricardo Patiño, pays où le jeune Américain a également envisagé de se réfugier, a estimé que "cela semble une terrible offense au président Morales". "Il n'est pas possible qu'ils aient osé refuser à un président sud-américain le passage par leur espace aérien [parce qu'ils] suspectaient que dans l'avion du président Morales pouvait se trouver M. Snowden. Ça me semble une énorme offense, pour le moins", a ajouté le ministre, évoquant "la paranoïa" de certains pays après les révélations de l'ancien consultant pour le renseignement américain.

Manifestation devant l'ambassade de France en Bolivie, mardi 2 juillet à La Paz. Manifestation devant l'ambassade de France en Bolivie, mardi 2 juillet à La Paz. | AP/Juan Karita

A La Paz, quelques dizaines de personnes ont manifesté devant l'ambassade de France pour protester contre le refus initial de Paris d'ouvrir  son espace aérien au président Morales. "Vive la Bolivie, vive le président Evo" ont crié les manifestants, agitant des drapeaux boliviens. Par ailleurs, des communautés indigènes proches de Morales ont annoncé de prochaines manifestations devant les ambassades des Etats-Unis, de France, du Portugal et d'Italie, taxées d'hostilité envers la Bolivie.

La Bolivie est l'un des 21 pays à qui Edward Snowden a demandé l'asile politique et s'est dite "prête" à examiner cette demande. Parmi ces pays figure également... la France.

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 06:09
Avant son arrivée en Afrique du Sud Barack Obama avait manifesté voire claironné le souhait de se rendre au chevet de Nelson Mandela...
Mais patatras ! On apprenait samedi dans les premiers journaux du matin sur France-Inter que la famille de Madiba ne souhaitait nullement qu'il s'y rende. Elle évoquait une attitude inappropriée des E-U à l'égard d'un certain nombre de pays ainsi que l'utilisation de leurs drones à des fins qui le sont tout autant.
Mais cette information éminemment politique disparut à la vitesse d'un éclair de l'antenne ! mais par quel pouvoir?... Mystère...
S'ensuivit illico presto une autre info reprise en boucle par tous les médias et tout le jour durant selon laquelle Barack Obama ne souhaitait  pas se rendre auprès de Nelson Mandela par respect pour la famille !!!
Et hop...trop fort, mais  tard. Ce qui constituait sans conteste un camouflet pour les E.U se transforma sans sourciller en une délicate attention de la part du fringant Barack, toute honte bue.
Ainsi celui qui n'a pas fermé Guantanamo ,celui dont la NSA espionne le monde entier, celui qui ne lève pas le petit doigt pour la libération de Mumia Abu Jamal devenait le pourfendeur des injustices, à la pointe de la lutte contre l'apartheid, le hérault de la liberté ! alors que ce n'est qu'en 2008 que Nelson Mandela fut retiré de la liste états-unienne des terroristes !N'est-ce pas merveilleux ?

 

Jean-Paul Primet




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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 05:52

 Espionnage / NSA : "Nous demandons une session spéciale du Parlement"

 

Les révélations du Guardian sur l’espionnage de la France et de l’Union européenne par les Etats-Unis sont extrêmement graves. En matière de défense nationale, le gouvernement français a le devoir de tirer toutes les conséquences de cet acte d’agression. La participation de la France au commandement militaire intégré de l’OTAN est directement remise en cause. De plus les négociations sur l’achat de drone MALE aux Etats-Unis doivent être arrêtées sine die. Commander de tels drones dont tous les systèmes informatiques et de télécommunication sont sous contrôle des Etats-Unis, reviendrait à donner au Pentagone et à la NSA les clefs d’une partie de notre politique de défense. Devant la nécessité de conserver une capacité de renseignement indépendante, notre pays doit sans plus attendre s’engager dans un projet de coopération industriel européen pour produire et acquérir les drones d’observation dont il a besoin.

Le Président de la République doit demander des explications à son homologue étasunien. Le Parlement doit être saisi et l'Ambassadeur des Etats-Unis en France convoqué dans les plus brefs délais devant les commissions des affaires étrangères des deux chambres afin de répondre aux questions de la Représentation nationale. La gravité de cette affaire appelle à la réaction la plus ferme de notre pays.

 

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

 

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 05:49

 

Egypte : Le PCF salue le courage et la détermination du peuple égyptien

 

Les millions d'Egyptiens qui ont manifesté hier dans tout le pays signent l'échec total des Frères Musulmans au pouvoir depuis quelques mois.

Depuis l'élection de Mohamed Morsi, comme Président, qui n'avait recueilli que 20 % du corps électoral, les Frères Musulmans ont tenté d'imposer à la fois une islamisation rampante de la société, notamment par le biais de la Constitution, et une politique libérale forcenée qui a conduit à une dégradation générale de la situation économique et sociale, avec les hausses du chômage et de l'inflation, le recul des services publics, l'aggravation de la dette et la chute de la monnaie, cette politique ayant reçu les encouragements du FMI et Qatar réunis.

En un mot tout l'inverse de ce pourquoi le peuple égyptien s'était dressé il y a 2 ans en chassant le dictateur.

Depuis, les manifestations contre le nouveau régime n'ont jamais cessé et le bras de fer avec les Frères Musulmans n'a fait que se durcir. La mobilisation historique de ce week-end marque une rupture irréversible entre les forces vives du peuple et la confrérie.

Comme le propose le mouvement Tamarod qui reçoit le soutien de l'opposition de gauche, laïque et libérale et des 22 millions de signataires, la solution est dans le départ de Morsi et la tenue de nouvelles élections présidentielles.

Le PCF salue le courage et la détermination du peuple égyptien, de sa jeunesse, des femmes, des syndicalistes, des progressistes qui écrivent aujourd'hui une nouvelle page d'histoire de leur pays, pour une Egypte démocratique, de justice sociale et de dignité.

 

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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 21:55

L’audiovisuel a été exclu des négociations commerciales avec les Etats-Unis, mais les normes environnementales ou sociales de l’UE pourraient pâtir du futur accord.

Par JEAN QUATREMER

Et si l’«exception culturelle» n’était qu’un chiffon rouge, destiné à détourner l’attention pour mieux faire passer la pilule ? Celle de l’abandon du «modèle européen» au profit d’une logique du tout marché ? Car si la France a réussi à obtenir, vendredi, au prix de treize heures de négociations avec ses partenaires de l’Union, l’exclusion de l’audiovisuel du mandat de négociation confié à la Commission, celle-ci a emporté l’essentiel : la mise en chantier d’un grand marché transatlantique unissant l’Union européenne et les Etats-Unis, les deux principales puissances économiques de la planète, où les biens, les capitaux et les services circuleront librement.

 

«Harmonisation». Certes, les milieux culturels français et européens peuvent être soulagés que leur secteur reste à l’écart de cette zone de libre-échange. Mais «l’enjeu stratégique du Transatlantic Trade and Investment Partnership [TTIP] est ailleurs», souligne un fonctionnaire européen. En effet, il s’agit non pas d’abaisser des droits de douane déjà historiquement bas (4% en moyenne), mais d’éliminer les «obstacles non tarifaires» aux échanges que sont les normes environnementales, sanitaires, phytosanitaires, les lois protégeant les consommateurs ou les données personnelles, les droits d’auteur, le droit bancaire et financier, l’accès aux marchés publics, etc. En clair, il faut har-mo-ni-ser et créer entre l’UE et les Etats-Unis l’équivalent du marché unique.

«Il est sidérant que ce futur accord de libre-échange ne fasse pas davantage débat, confie une source diplomatique, alors que cette harmonisation risque de se faire par le bas, les Américains étant bien moins protecteurs que nous dans tous les domaines. Bref, un compromis se soldera forcément par un alignement du modèle européen sur le modèle américain Et cet alignement ira très loin. Le futur accord prévoit de mettre en place un «organe de règlement des différends» euro-américain, afin de juger si les normes adoptées à l’avenir des deux côtés de l’Atlantique sont conformes au futur traité(page 4). Ce qui signifie que l’Union acceptera de limiter sa souveraineté, celle-ci étant encadrée par l’accord et les décisions des arbitres désignés pour trancher les conflits.

Chevron, l’une des plus grosses entreprises d’exploitation des énergies fossiles, ne s’y est pas trompé. Dans une lettre envoyée, en mai, au représentant américain pour le commerce, elle se félicitait de cette innovation : «Certains Etats remettent en cause ce principe, considérant qu’il s’agit d’un empiétement injustifié sur leur souveraineté. En fait, cela permet de s’assurer qu’aucune des deux parties n’a le pouvoir d’influencer de manière excessive les lois.»

Les Etats-Unis ont donc bon espoir, sauf accident de parcours, de sortir vainqueurs de la négociation. «Ils sont dans une position de force stratégique, reconnaît un fonctionnaire européen. Comme ils négocient un accord équivalent avec la zone Pacifique, ils pourront menacer les Européens de les laisser seuls face aux Chinois s’ils n’acceptent pas leurs demandes. Ils savent aussi qu’ils peuvent compter sur la division des Européens sur les sujets commerciaux, comme vient encore de le montrer l’affaire des panneaux solaires chinois, où seuls trois pays, dont la France, soutiennent la Commission dans sa volonté de leur imposer des taxes antidumping. Entre la Commission soutenue par les ultra-libre-échangistes du Nord et les Atlantistes par principe du Sud, un boulevard s’offre à eux.»

Et Washington a déjà montré qu’il n’était pas prêt à céder sur grand-chose. Les Européens, par exemple, se sont soit alignés sur la législation américaine en matière de protection de la vie privée (scanner corporel dans les aéroports), soit ont perdu leurs combats en matière de protection des données personnelles (PNR, relatives aux passagers aériens, ou Swift, sur les données bancaires). Seule la pression de l’opinion publique les a contraints à résister sur le bœuf aux hormones ou les OGM…

Cartouches. Difficile, également, d’imaginer que l’administration Obama va pouvoir convaincre le Congrès et les Etats fédérés d’ouvrir leurs marchés publics ou de permettre aux navires européens de faire du cabotage. Ou encore d’autoriser les Européens à prendre le contrôle des compagnies aériennes américaines. Bref, plutôt qu’un accord gagnant-gagnant, le risque est bel et bien celui d’un accord gagnant-perdant, du «fort au faible», comme le dit un diplomate. D’autant que les lignes jaunes du mandat de la Commission sont vagues, lui permettant de négocier comme elle l’entend. Certes, l’accord final sera soumis aux Etats membres, mais à la majorité qualifiée. Et chacun y trouvera bien de quoi le satisfaire. De ce point de vue, Paris a sans doute grillé toutes ses cartouches en se battant pour l’exception culturelle. «Cela fait partie, avec le siège du Parlement à Strasbourg et la politique agricole commune, des constantes politiques françaises», se justifie un diplomate hexagonal, tout en reconnaissant qu’il va désormais être difficile d’agiter le veto français pour défendre la réglementation sur les OGM ou les normes sanitaires. «La Commission a bien joué avec l’exception culturelle : elle a pour longtemps cornerisé les Français», admire un diplomate européen.

 

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