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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 11:07
Père Patrick Dubois: "Daech commet un génocide contre le peuple yézidi"
Père Patrick Dubois: "Daech commet un génocide contre le peuple yézidi"

"L'homme est un loup pour l'homme", la maxime que Thomas Hobbes a emprunté aux latins n'est plus à prouver.

Avec Daech, un monstre international (30 000 combattants étrangers, encadrés par beaucoup d'anciens officiers irakiens), mi-armée de croisés fanatiques ayant une vision de la religion complètement stupide et caricaturale, mi-entreprise criminelle et mafieuse (soutenue par des dons privés des Emirats et de l'Arabie Saoudite, Daech se finance aussi par le trafic d'hydrocarbures et le racket), né de la brutalité d'années de dictatures et de guerres en Syrie et en Irak, mais aussi de l'exportation d'une vision de la religion musulmane ultra-sectaire et réactionnaire, on atteint des sommets de complaisance dans la violence, le vice, le sadisme et la cruauté, tout ça sous couvert de religion et avec la bonne conscience de ceux qui prétendent gagner le paradis par le djihad en terrorisant la population syrienne et irakienne, en décapitant des hommes et en réduisant en esclavage ou exterminant les infidèles.

Dont ces Yézidis, victimes aujourd'hui d'une entreprise génocidaire qui rappelle à certains égards celle de l'Etat turc contre les Arméniens il y a cent ans pendant la première guerre mondiale.

La religion yézidie trouverait ses origines dans l'Iran de l'Antiquité où existait le culte de Mithra et le zoroastisme. Remontant à plus de 4000 ans, le yézidisme est une des plus anciennes religions au monde. Les yézidis croient en un dieu unique, Xwede, qui est servi par sept anges, dont le vénéré est Malek Taous, "l'ange paon", considéré à tort par les musulmans comme le Satan de la Bible et du Coran. Dans cette religion qui accorde une grande place à la nature, le soleil est considéré comme un symbole de lumière divine. Les yézidis prient face à l'astre solaire. Présentés parfois comme les "kurdes originels", les yézidis ont souvent été persécutés lors des guerres d'expansion musulmanes. La communauté d'Irak est principalement implantée dans la région du Sindjar, à cheval entre le nord-est de la Syrie et l'Irak, dont la montagne est considérée comme sacrée et protectrice. La communauté compte six cent mille fidèles en Irak. Elle est divisée en castes: les pirs détiennent le savoir religieux, les cheiks gèrent les sanctuaires, les mourids forment le reste de la population.

Le 3 août 2014, trois mois après leur victoire éclair sur la ville de Mossoul, les djihadistes de Daech ont attaqué la région du Sindjar, peuplée d'environ 400 000 yézidis et d'une minorité d'Arabes Sunnites. Appartenant à la province de Ninive, placée sous le contrôle direct de Badgad, le Sindjar est un territoire revendiqué par la région du Kurdistan autonome. Confrontés aux hommes de Daech, les forces kurdes irakiennes ont pris la fuite. 5000 yézidis ont été capturés ou tués, tandis que des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, se sont réfugiés dans le mont Sindjar. Assiégés sous un soleil de plomb, ils ont résisté 5 jours sans eau ni nourriture, jusqu'à ce que des milices kurdes de Syrie ouvrent courageusement un passage sécurisé dans la montagne. En novembre 2015, les combattants kurdes, appuyés par les bombardements de la coalition, sont parvenus à reprendre la région du Sindjar.

La Revue XXI a consacré ce trimestre un article nécessaire mais horrifiant par son contenu à ces "passeurs de vie" qui, à partir de l'Irak, travaillent pour des familles yézidis dont les femmes, les filles, ont été réduites au rang d'esclaves, et souvent d'esclaves sexuelles par les hommes de Daech, et les jeunes enfants servent, après un lavage de cerveau, de chair à canon voire de bourreaux pour les terroristes. Ces passeurs, contre de l'argent souvent, grâce à des réseaux d'informateurs et de résistants à la terreur islamiste à Raqqa, réussissent à récupérer les filles yézidies, qui sont souvent passées par plusieurs propriétaires (elles sont vendues sur la messagerie WhatsApp, de gré à gré entre les hommes de Daesh, syriens, irakiens, ou étrangers: algériens, tunisiens, allemands, français, libanais, tchétchènes ...) se comportant quasiment constamment de manière sadique et inhumaine avec elles. Même des filles de 9 ans sont bourrées d'hormones pour devenir pubères plus tôt et vendues ensuite à des vieux dégoûtants.

Les familles doivent payer entre 5000 et 10 000 dollars pour tenter de récupérer leurs filles et leurs femmes en Syrie, l'argent transitant par la Turquie.

Les hommes qui les ravissent à leurs bourreaux prennent de gros risques; beaucoup sont décapités ou pendus dans cet enfer sur terre et de ce repère de dingues qu'est devenue Raqqa (765-809), la deuxième ville après Bagdad d'Haroun al-Rachid, le calife des Mille et une nuit.

A lire aussi, cet article du Télégramme du 6 février, car il est relativement instructif sur ce qu'est Daech, dans sa dimension internationale, le témoignage de Sophie Kasiki, auteur de "Dans la nuit de Daesh", témoignage d'une repentie, chez Robert Laffont.

Père Patrick Dubois: "Daech commet un génocide contre le peuple yézidi"
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20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 06:00

Ah! Cette fameuse détention administrative dont se délecte tant le gouvernement et la "justice" israélienne. Héritière du droit colonial britannique, celle du fameux mandat sur la Palestine, elle est utilisée de la même manière par Tel-Aviv. Au trou, pour six mois, emprisonnement renouvelable autant qu'il le faut. Comme le veulent les maîtres. Nul besoin de donner des raisons. Le droit n'existe plus. Est-ce là l'attitude d'un pays qui s'autoproclame "la seule démocratie du Proche-Orient"?

Des milliers de Palestiniens (peu importe qu'ils soient hommes, femmes ou mineurs) sont incarcérés à ce titre. Parmi eux, le journaliste palestinien Mohamed Al Qiq. Le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, l'accuse d'être un membre actif du Hamas, considéré comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne. Nul besoin de preuves. Notre confrère a été mis en prison comme un vulgaire prisonnier de droit commun. Et l'on sait, par des organisations israéliennes comme B'Tselem, que la torture est un quotidien des geôles israéliennes. Etre membre du Hamas serait donc un élément suffisant pour embastiller un Palestinien?

Mohamed Al Qiq a toujours dénoncé cette incarcération. Il est entré en grève de la faim pour dénoncer une arrestation et une détention arbitraire. Pour être entendu, il observe une grève de la faim depuis le 25 novembre. Il entend dénoncer "la torture et les mauvais traitements qu'il a subis pendant son interrogatoire" a indiqué Addameer, une organisation palestinienne de défense des prisonniers. "Il a perdu la capacité de parler et a du mal à entendre", selon son avocat. Transféré dans un hôpital, il est toujours, en réalité, sous contrôle des autorités judiciaires israéliennes.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) vient de dénoncer les mesures prises contre ce journaliste et vient d'interpeller Benyamin Netanyahou.

Pierre Barbancey, L'Humanité du 19 février 2016

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 07:23
Quand Poutine met ses agences de presse au service des délires racistes et anti-immigration

Le vendredi 12 février, la correspondante du Monde à Moscou, Isabelle Mandraud, dans un article intitulé "L'offensive médiatique russe vise l'Europe. Moscou dépeint une union européenne déstabilisée par les réfugiés et attaque l'Allemagne", relate comment le régime autoritaire brutal et à bien des égards d'extrême-droite de Vladimir Poutine nourrit les réseaux d'information (y compris net) xénophobes en Europe et alimente dans l'opinion russe l'idée d'une Europe mise à feu et à sang par les réfugiés et les immigrés. Pas étonnant que l'extrême-droite radicale française, Marine Le Pen et le FN, Dupond-Aignan fassent de Poutine leur modèle.

Morceaux choisis:

"Une Europe plongée dans l'insécurité et des dirigeants incapables d'y remédier, quand ils ne mentent pas de façon délibérée à des fins électoralistes. Telle est la vision présentée par les médias publics russes, qui consacrent une bonne partie de leurs informations à la crise migratoire en Europe, mettant en avant quasiment exclusivement les incidents survenus la nuit du Nouvel an à Cologne, durant laquelle de nombreuses femmes ont été agressées, mais pas seulement. Tous les pays d'Europe sont concernés.

Alors que des dizaines de milliers de Syriens se pressent de nouveau aux portes de la Turquie pour fuir les bombardements russes dans le nord de leur pays dénoncés par les Occidentaux, Moscou accroît la pression en dépeignant une Europe déstabilisée. L'ensemble des réseaux russes sont mobilisés, chaînes de télévision, agences, sites internet, ainsi que leurs antennes et bureaux à Londres, Berlin, Paris ou Vienne, pour diffuser en plusieurs langues une "version" déformée des événements.

D'Autriche, de Suède ou de Bruxelles, la tonalité des "nouvelles" est toujours la même, les titres ravageurs. "Vienne: un migrant viole un enfant de dix ans dans une piscine". "Journaliste belge agressée lors d'un reportage à Cologne". "L'Autriche ne va pas renvoyer un demandeur d'asile qui a violé une femme de 72 ans", "Les procureurs suédois ne seront pas obligés de signaler les agressions sexuelles par des réfugiés"...

Le 16 janvier, Perviy Kanal, la première chaîne russe, a consacré dans son journal du soir un long sujet à Lisa F., une jeune Berlinoise de 17 ans d'origine russe "enlevée et violée" par des étrangers. Le reportage démarrait "sur le nouvel ordre qui s'est instauré en Allemagne" où "selon des témoignages, les migrants ont commencé à violer des enfants mineurs".

Cette version des faits a été soutenue par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov lui-même.

Le fantasme étranger/homme de couleur= prédateur sexuel est digne de la littérature coloniale et raciste la plus baroque mais peut fonctionner dans un pays où les autorités laissent faire les ratonnades de skinheads russes contre les caucasiens, quand elles ne les organisent pas.

En Russie, les rassemblements du mouvement allemand anti-immigration Pegida ("¨Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident") sont suivis de près et ses assertions sur les "mensonges" et "dissimulations" de la police sont copieusement relayées.

La France, qui comme l'Allemagne s'est opposée à l'annexion de la Crimée et qui critique la politique pro-Bachar des russes en Syrie, n'est pas épargnée. "La manifestation du 6 février organisée malgré son interdiction par la microscopique branche française de Pegida, rejointe par le général Christian Piquemal, ancien commandant de la Légion étrangère, et surtout les procès qui ont suivi ont fait l'objet d'un flot ininterrompu d'"informations"".

La Russie a complaisamment relayé la chambre d'échos déformés des messages de l'extrême-droite - Robert Ménard, Gilbert Collard, Stephane Ravier, Thierry Mariani - au sujet de cette arrestation.

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 05:47

Turquie : l'escalade meurtrière contre le peuple kurde doit cesser. Communiqué de Marie-Christine Vergiat

Depuis plus d'un mois maintenant, les opérations de l'armée et des forces spéciales de police sur la partie kurde du territoire turc se renforcent et le bilan humain ne cesse de s'alourdir. Les villes de Sur, Diyarbakir et Cizre sont particulièrement touchées par ces affrontements.

Alors que Cizre est sous le coup d'un couvre-feu depuis le 14 décembre et que ces derniers habitants tentent de se protéger comme ils le peuvent, c'est avec horreur que nous avons appris que 28 personnes, dont des élus, bloquées depuis le 23 janvier dernier, dans la cave d'un bâtiment, avaient été pris pour cible et que plusieurs d'entre eux avaient été tués et lourdement blessés.

Alors que mon groupe, la GUE/NGL, aux côtés de plusieurs parlementaires d'autres groupes politiques, avait interpellé la semaine dernière Frederica Mogherini pour qu'elle fasse pression sur les autorités turques sur le désastre humanitaire de Cizre, nous assistons à une escalade de violence sans limite de la part des autorités turques.

Il y a urgence à faire pression sur les autorités turques pour qu'elles cessent de prendre en otage les populations civiles qui payent un lourd tribu dans ces opérations.

Les autorités turques doivent respecter les normes internationales en matière de droit humanitaire et cela vaut aussi pour les dizaines de milliers de syriens qui se massent à la frontière turque, aujourd'hui toujours fermée, alors même qu'ils fuient les combats qui ont lieu à Alep notamment, et cherchent à trouver refuge vers Afrin situé dans la partie kurde du territoire turc. Ces réfugiés sont aujourd'hui pris en étau au milieu de ces opérations et n’ont plus que seule voie de repli les routes qui mènent à la Turquie.

Il n'est pas acceptable que l'UE ferme les yeux sur l'ensemble des violations des droits de l'Homme commises par la Turquie sous couvert d'espérer pouvoir sous-traiter avec les autorités turques sa politique migratoire mortifère. Ce silence ne peut plus durer.

Marie-Christine Vergiat

Marie-Christine Vergiat

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12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 11:41
Syrie: l'inavouable accord russo-américain par Denis Sieffert (Politis)

L’inavouable accord russo-américain
http://www.politis.fr/articles/2016/02/linavouable-accord-russo-americain-34078/

L’inavouable accord russo-américain

Il faut bien en finir avec cette guerre civile sans issue, fût-ce par le bas, le très bas même, avec l’écrasement de l’insurrection.

Entre la guerre et le lâche abandon, existe-t-il un chemin ? C’est la question que l’on peut une nouvelle fois se poser à propos de la Syrie. Alors que l’aviation russe est en train d’écraser l’insurrection sous un déluge de bombes au nord d’Alep, le silence des grandes capitales est assourdissant. Sauf à s’inquiéter de l’afflux de nouveaux migrants en Europe. Tout juste a-t-on entendu quelques jérémiades onusiennes sur le « torpillage » des négociations de Genève par Vladimir Poutine. C’est bien le moins que l’on puisse dire. Doit-on pour autant entonner le refrain bien connu de la « lâcheté de la communauté internationale » ? C’est une figure classique du désarroi, mais qui n’est pas sans risque. Car il faut dire ce que serait le « courage ». Et la réponse n’est pas commode. En face de deux pouvoirs, celui de Moscou et celui de Damas, qui n’ont aucune limite dans l’exercice de la violence, et qui sont prêts à exterminer des populations entières pour arriver à leurs fins, on n’imagine a priori pas d’autres ripostes que la guerre.

Fort heureusement, nul n’est disposé à se lancer dans cette aventure. Sans doute aurait-il été possible, un temps, d’équiper les rebelles en armes anti-aériennes. Cela aurait pu être fait en 2013, lorsque Bachar Al-Assad a franchi la fameuse « ligne rouge » du recours aux armes chimiques. Cela n’a pas été fait, notamment parce que les Occidentaux craignaient que ces armes tombent entre les mains de jihadistes. Une autre solution aurait été de créer une zone d’exclusion aérienne. Mais l’ONU s’est contentée d’exiger le démantèlement de l’arsenal chimique de Damas. Ce que le régime syrien a immédiatement interprété comme un encouragement à lâcher en grand nombre des fûts de TNT sur la population.

Les amateurs de paradoxes noteront que c’est précisément parce que les plus modérés n’ont pas été aidés que les jihadistes, ceux du Front Al-Nosra en particulier, ont gagné en influence au sein de la rébellion.

À vouloir éviter les jihadistes, on n’a fait que les renforcer. Mais nous n’en sommes plus là aujourd’hui.

Depuis que Vladimir Poutine a commencé à mettre en œuvre au-dessus de Homs et de la province d’Alep une stratégie de la terre brûlée qui rappelle furieusement celle par laquelle il avait anéanti Grozny en 1999, la donne a changé.

L’inertie occidentale ne relève plus de la « lâcheté », ni même de l’impossibilité, mais d’un choix délibéré. Les États-Unis et les Européens ont fait de la guerre contre Daech, à l’autre extrémité du pays, leur priorité. Et les attentats ont attiré nos regards vers cet autre front, plus à l’est. Mais, la vérité est sans doute plus cruelle encore. Il semble surtout que Washington se soit rallié à Moscou. Puisqu’il faut bien en finir avec cette guerre civile sans issue, sortons-en, fût-ce par le bas, le très bas même, avec l’écrasement de l’insurrection et, accessoirement, des populations civiles.

Certes, le spectacle est peu ragoûtant, mais États-Unis et Union européenne ne sont pas directement impliqués dans le carnage, et Vladimir Poutine fait ça très bien. Il recueille même les louanges de John Kerry, le secrétaire d’État américain, qui juge que la diplomatie russe a des « idées constructives »… « Constructif », un étrange adjectif pour accompagner le fracas des bombes ! Les « idées », on en jugera ce jeudi à Munich lors du nouveau rendez-vous du groupe mal nommé « de soutien à la Syrie ». Mais on les devine déjà. Il s’agira pour Moscou d’imposer la candidature de Bachar Al-Assad à la présidentielle programmée pour 2017 en échange d’un cessez-le-feu observé à sa convenance. Mauvais calcul évidemment. Comment envisager que ce personnage, même « réélu », puisse être un jour réintégré dans la communauté internationale comme si de rien n’était ?

Comment imaginer que ce pays exsangue, vidé de la moitié de sa population, comptant par centaines de milliers ses morts, ses blessés, ses suppliciés, va se remettre à marcher comme un seul homme, droit derrière son dictateur ? Que le territoire démantelé va se reconstituer ? Que les Kurdes vont renoncer à une revendication historique tout près aujourd’hui de devenir réalité ? Et croit-on que la rébellion défaite ne va pas resurgir sous d’autres formes en confirmant cette loi du Moyen-Orient selon laquelle l’écrasement d’une opposition démocratique profite toujours aux mouvements les plus violents ? Espère-t-on que les quatre millions de Syriens qui ont fui la guerre civile vont faire demi-tour pour regagner leurs maisons en ruines ? Cela fait beaucoup d’illusions. Et un terreau de plus pour le terrorisme international !

Accessoirement, on s’étonnera aussi que les bombardements russes n’aient pas donné lieu dans nos régions à des mobilisations de la société civile. Sans doute les opinions publiques ont-elles été victimes de l’amalgame entre la rébellion et Daech. Sans doute le parrainage par l’Arabie saoudite de certaines factions rebelles a-t-il semé le trouble. Le peuple en a été oublié. Mais il y a peut-être d’autres causes à cette atonie. Que n’aurait-on dit si les bombes qui pleuvent sur Alep avaient été américaines ? On aurait hurlé, et avec raison. Aujourd’hui, rien. Quelques vestiges de nostalgie post-stalinienne seraient-ils à l’origine d’une certaine indulgence à l’égard de Poutine ? À moins que ce soit de l’anti-américanisme, en l’occurrence bien mal placé. Mais c’est déjà un autre débat.

Denis Sieffert éditorialiste à "Politis"

Denis Sieffert éditorialiste à "Politis"

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 12:27
Un vent d'espoir et de changement souffle sur les Etats-Unis d'Amérique: Bernie Sanders l'emporte sur Hillary Clinton dans le New Hampshire

Tout peut arriver, même aux Etats-Unis, où, à côté d'un Parti Républicain qui dérive toujours plus vers l'extrême-droite avec les victoires aux primaires du populiste grossier et xénophobe Donald Trump, un vent d'espoir vient de se lever.

Après Jeremy Corbyn au Royaume-Uni qui grâce à une primaire a réussi à prendre la tête du Parti Travailliste avec 20 ans de New-Labour néo-libéral et néo-conservateur, Bernie Sanders peut-il créer la surprise au sein du Parti démocrate américain? (voir Jeremy Corbyn, l'homme à abattre - Le Monde diplomatique Octobre 2015).

L'apôtre d'une "révolution socialiste" qui tient un discours de classe contre WALL STREET, les lobbies financiers, et l'emprise d'une minorité de riches sur le système politique américain et les politiques de Washington, Bernie Sanders, favori dans cet État voisin du Vermont dont il est sénateur, devance de plus de 20 points l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton dans le New Hampshire, gagnante d'une très courte tête dans l’Iowa la semaine dernière. Après le décompte de 75 % des suffrages, 59 % des voix sont allées à Sanders contre 39 % à Clinton.

Voir cet article de France 24:

À lire : "Bernie Sanders, la seconde jeunesse d'un 'socialiste fumeur de haschich'"

Le mot "socialiste" n’est plus un gros mot

Force est de reconnaître que contre toute attente, le discours de ce vieux sénateur "socialiste" - un gros mot aux États-Unis - plaît. Pourfendeur de Wall Street, Bernie Sanders dénonce un système politique manipulé selon lui par les lobbies et la collusion des hommes politiques avec le monde de la finance. Infatigable défenseur de la classe moyenne, il souhaite augmenter à 15 dollars le salaire minimum (7,25 dollars actuellement au niveau fédéral), et prêche pour une assurance maladie universelle en citant le modèle européen.

Un discours très marqué à gauche qui a surtout séduit les jeunes. Selon un sondage de CNN, plus de 70 % de ses électeurs de l’Iowa avaient moins de 30 ans. Avec Donald Trump, c'est d’ailleurs lui qui attire les plus grandes foules à ses meetings. Nombreux sont ceux qui se laissent tenter par ce septuagénaire aux costumes froissés, qui promet la gratuité de l'université, dans un pays où la dette moyenne des étudiants atteint 35 000 dollars.

"Quand les jeunes, les travailleurs et les personnes âgées commencent à se lever pour dire haut et fort : 'ça suffit !', [quand ils se lèvent pour dire] que notre gouvernement, le gouvernement de notre grand pays appartient à tous et pas seulement une poignée de milliardaires, voilà ce qui arrive : nous allons transformer ce pays !", a déclaré, enthousiaste, Sanders, dans l'Iowa.

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 08:20
Boycott des produits des colonies israéliennes de Cisjordanie palestinienne: liberté pour l'action citoyenne, signez la pétition

Boycott : Liberté pour l’action citoyenne

Déjà 9400+ signatures ! Signez et partagez la pétition

http://www.avaaz.org/liberte_boycott

à M. François Hollande, Président de la République, et au gouvernement français :

Qu’il s’agisse d’Israël ou de tout autre pays, que je le pratique ou non, l’appel au boycott est une action citoyenne pour obtenir l’application du droit. En France, des militants ont été poursuivis ou même condamnés pour cela, nous ne l’acceptons pas. Nous vous demandons de rejeter tous les amalgames, de respecter la liberté d’action citoyenne, et d’abroger au plus vite les circulaires qui demandent aux procureurs de poursuivre les militants. Et si vous persistez, poursuivez-nous tous !

>>SIGNEZ ET PARTAGEZ

Pourquoi c'est important

Nous avons pris connaissance avec stupéfaction de l’arrêt de la cour de cassation du 20 octobre 2015, confirmant la condamnation de citoyens pour avoir appelé à boycotter les produits israéliens, compte tenu des violations du droit international par l’Etat d’Israël.
Au-delà des positions diverses qui peuvent être les nôtres sur ce boycott, nous voulons dire notre indignation face à une telle atteinte aux libertés publiques.
(...)
Nous appelons le Président de la République et le gouvernement français à réagir de toute urgence :

  • en abrogeant immédiatement les circulaires Alliot Marie et Mercier, qui demandent au parquet de poursuivre les citoyens qui appellent au boycott des produits d’origine israélienne exclusivement,
  • en marquant de manière claire et publique les limites entre l’antisémitisme, qui est un délit, et l’action citoyenne contre les dénis du droit international commis par l’Etat d’Israël, qui est un droit citoyen imprescriptible.

​Retrouvez le texte complet de l'appel sur :
http://www.france-palestine.org/Boycott-liberte-pour-l-action-citoyenne
Première parution sur le site de Politis :
http://www.politis.fr/articles/2016/01/pour-le-droit-au-boycott-77/

Liste des premiers signataires :
Rony Brauman, médecin, essayiste, Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques et directeur de l’iReMMO, Christiane Hessel, Monique Chemillier-Gendreau, professeur émérite à l’Université Paris Diderot
Ghislain Poissonnier, magistrat, Guillaume Weill-Raynal, avocat et essayiste, Ivar Ekeland, ancien président de l’Université Paris-Dauphine, Ahmed Abbes, directeur de recherche au CNRS, Paris, Sonia Dayan-Herzbrun, professeure émérite à l’Université Paris Diderot-Paris7, Michael Harris, professeur, Université Paris-Diderot, Jean-Marc Levy-Leblond, professeur émérite de l’université de Nice, directeur de la revue Alliage, Gérard Toulouse, physicien, directeur de recherche CNRS, membre fondateur de l’Académie des Technologies, Pierre Cartier, directeur de recherche émérite au CNRS, René Backmann, journaliste, Alain Gresh, journaliste, Patrick Le Hyaric, directeur du journal L’Humanité, Denis Sieffert, directeur de Politis, Dominique Vidal Sephiha, journaliste et Historien, Pascal Durand, député européen, Monique Cerisier ben-Guiga, sénatrice honoraire, Jean-Claude Lefort, député honoraire, président d’honneur de l’AFPS, Bernard Ravenel, historien, président d’honneur de l’AFPS, Jacques Muller, maire honoraire de Wattwiller, ancien sénateur du Haut-Rhin, Michèle Zémor, ancienne vice présidente agglomération Plaine Commune, Allain Graux, journaliste indépendant, Augustin Grosdoy, co-président du MRAP, Dominique Watrin, sénateur du Pas de Calais, Jean-Jacques Candelier, député du Nord, Alain Bocquet, député du Nord, Fatima Bezli, élue au conseil régional d’Auvergne-Rhône Alpes, Barbara Romagnan, députée du Doubs, Titi Robin, musicien, Saïd Bouamama, sociologue, Henri Stoll, Maire de Kaysersberg-Vignoble, Isabelle Avran, journaliste, Hassane Zerrouky, journaliste politique et d’investigation, Pierre Barbancey, journaliste, grand reporter, Rosa Moussaoui, journaliste, Clémentine Autain, porte-parole d'Ensemble, Marie-Hélène Amiable, maire de Bagneux, conseillère départementale, Jacques Couland, historien, Bernard Rodenstein, pasteur, président fondateur de l’association Espoir à Colmar, Daniel Breuiller, maire d'Arcueil, Denis Péan (Lo'Jo), artiste, Marie-Claire Cailletaud, syndicaliste, Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de Gauche, conseiller régional IDF, Christian Troadec, maire de Carhaix, conseiller départemental du Finistère, Pierre Ivora, journaliste à l’Humanité, Robert Clément, ancien maire de Romainville et ancien président du Conseil Général de Seine Saint Denis, Jean-Pierre Frachon, alpiniste, Azzedine Taïbi, maire de Stains et vice-président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, Julien Pauliac, secrétaire de l'Union Départementale CGT du Puy-de-Dôme, Myriam Martin, conseillère régionale et porte-parole d'Ensemble, Isabelle Bloch, professeure émérite à l'université de Bordeaux, Patrick Jarry, maire de Nanterre, Hakim Amokrane, Zebda, Mustapha Amokrane, Zebda, Kaddour Hadadi, chanteur de HK & les Saltimbanks, Raphaëlle Primet, conseillère de Paris, Danielle Simonnet, conseillère de Paris, Jérôme Gleizes, conseiller de Paris, Danielle Bidard-Reynet, sénateur honoraire

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9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 12:26

Sur le site internet de RFI Moyen-Orient: http://www.rfi.fr/

Dans un rapport accablant, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie accuse le régime et certains groupes rebelles, comme le Front al-Nosra, d'avoir procédé à des exécutions massives visant des détenus au cours des quatre dernières années.

Dans leur rapport, qui analyse les conditions de détention en Syrie depuis le début du conflit en 2011, les enquêteurs de l’ONU relatent des cas de détenus battus à mort ou décédés des suites de leurs blessures ou d’actes de tortures. D’après eux, la politique d’extermination de prisonniers conduite et voulue par le régime syrien peut même être qualifiée de « crime contre l’humanité ».

« Les exécutions et les décès décrits dans ce rapport ont eu lieu à une fréquence élevée, sur une longue période. Ils ont eu lieu dans de multiples endroits et avec un soutien logistique qui implique des ressources étatiques considérables », précise Paulo Sérgio Pinheiro, président de la Commission d'enquête des Nations unies pour la Syrie. Officiers de haut rang, membres du gouvernement, tous ont été conscients que des décès avaient lieu à une échelle massive, affirme encore Paulo Sérgio Pinheiro. « Personne ne peut le démentir. Les conditions de vie en prison ont été maintenues avec l'intention calculée de provoquer des décès de masse parmi les détenus », poursuit-il.

Les quatre membres de la commission d’enquête de l’ONU n’ont jamais été autorisés par Damas à se rendre en Syrie. Leur travail repose sur les milliers de témoignages de victimes, de documents et de photos satellites. Ils ont interviewé 621 personnes, dont 200 ont été témoins de la mort d’un ou de plusieurs de leurs compagnons de cellule.

Le rapport de la Commission d'enquête de l'ONU accuse également plusieurs groupes affiliés à la rébellion, dont le Front al-Nosra, d'avoir commis des exécutions de masse de soldats syriens et d'avoir soumis les civils à des procès illicites.

Les exactions du régime plusieurs fois documentées

Ces crimes du régime ont été documentés par plusieurs travaux journalistiques. C’est le cas du documentaire Disparus, la guerre invisible de Syrie. Réalisé par Sophie Nivelle-Cardinale et Etienne Huver, il montre comment des dizaines de milliers de Syriens sont enlevés, torturés puis tués par le régime.

C’est le cas aussi du livre Opération César, une plongée au cœur du régime syrien, du nom de code pris par un photographe de la police militaire syrienne qui a réussi à exfiltrer 45 000 photos et documents de détenus torturés dans les geôles de Bachar el-Assad. Son auteur, Garance Le Caisne, s’est entretenu avec ce photographe pendant des dizaines d’heures. Sur RFI, elle explique de quoi meurent les détenus :

« Les détenus meurent de torture, mais ils meurent aussi de faim. César a photographié des cadavres qui pesaient 30 ou 40 kilos, alors que c’étaient des hommes qui devaient peser au moins le double avant leur arrestation. Les détenus meurent également de maladie, parce qu’ils ne reçoivent pas de médicaments.

Ils sont détenus dans des conditions d’hygiène déplorables. Ils sont entassés. Ils dorment par terre quand ils peuvent s’allonger, sinon ils dorment à tour de rôle. Il vaut mieux être près de la porte où il y a un petit filet d’air que d’être au fond de la cellule, parce que si vous êtes affaibli, vous mourez d’étouffement. Comme le régime a arrêté énormément de personnes, il n’y a plus de place dans ces cellules. »

Les enquêteurs de l'ONU demandent au Conseil de sécurité d’imposer des sanctions ciblées aux responsables civils et militaires directement impliqués ou complices de la mort, de la torture et de la disparition de détenus. La liste des noms des tortionnaires se trouve dans un coffre aux Nations unies à Genève. Mais cette demande risque de se heurter à un veto de la Russie, alliée de Bachar el-Assad. Le nombre de personnes détenues dans les prisons gouvernementales syriennes est estimé à plusieurs dizaines de milliers.

Le documentaire de Sophie Nivelle Cardinale sur les tortures atroces commises par le régime de Bachar-el-Assad sur les kidnappés et prisonniers des forces de sécurité! Des méthodes d'une cruauté inouïe dignes des criminels nazis... 200 000 syriens pourraient être détenus par le régime!

Voir aussi sur le site internet de La Tribune de Genève

 

Le brésilien Sergio Pinheiro et la Tessinoise Carla Del Ponte ne parviennent plus à étouffer leur colère et leur frustration. Propulsés à la tête de la Commission d’enquête indépendante de l’ONU sur la Syrie créée en 2011, ils en sont réduits à tenir la comptabilité des crimes commis par les parties au conflit sans que les choses ne bougent. Leur dernier rapport est pourtant plus alarmiste que les précédents. Les accusations de crime contre l’humanité et de crime de guerre portés contre le gouvernement syrien sont confortées par de nouveaux témoignages et de nouveaux documents. Les troupes de Bachar el-Assad, ont emprisonné, torturé et exécuté des prisonniers. Des actions qui ont pu, dans certains cas, s’apparenter à des crimes de masse. Carla Del Ponte va jusqu’à parler «d’extermination». Les groupes armés qui combattent le régime se sont également livrés à des exactions qui relèvent du crime de guerre. Parmi les soldats capturés, certains ont été maltraités avant d’être exécutés. Des cas d’otages assassinés sont également rapportés.

Groupes armés incriminés

Le groupe Jabhat Al-Nusra, les factions se réclamant de l’Etat islamique sont cités dans le dernier rapport de la Commission d’enquête indépendante de l’ONU. Une version plus détaillée que celle communiquée lundi aux médias devrait être remise lors de l’ouverture de la séance plénière du Conseil des droits de l’homme le 22 février prochain. Le nom d’autres groupes combattants, dont celui de Jaich al-Islam devrait y figurer. La présence de ce groupe aux pourparlers de Genève et de son représentant Mohamed Allouche, avait contribué à tendre les discussions avec les représentants syriens et russes farouchement opposés à sa venue.

«L’impunité est totale!»

Jamais Sergio Pinheiro et Carla Del Ponte n’ont livré à ce point leurs états d’âme. «Pour la Yougoslavie et le Rwanda, la Conseil de sécurité avait mis à peine six mois pour réagir et activer la justice pénale internationale. Là, il n’y a pas de volonté politique. L’impunité est totale!» explose l’ex-procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

Le brésilien est également sorti de sa réserve habituelle en ponctuant la présentation de ce nouveau rapport par «assez, c’est assez!» en rappelant combien les victimes du conflit attendaient de la communauté internationale qu’elle poursuive et punisse les criminels. A cause de cela «nous sommes énormément frustrés», a lâché Sergio Pinheiro après avoir rappelé que l’amnistie n’était pas une option envisageable pour les membres de la Commission.

Prisonniers d’un mandat très étroit qui restreint leur rôle, empêchés de se rendre sur le terrain, Sergio Pinheiro et Carla Del Ponte n’ont d’autre alternative que de ronger leur frein et d’en appeler à la responsabilité du Conseil de sécurité, seul organe habilité à enclencher la justice internationale.

Toujours plus de victimes

En attendant, la Commission aide au coup par coup les Etats qui ont ouvert des procédures pénales contre leurs ressortissants partis combattre en Syrie, en mettant ses informations à leur disposition. La liste des personnes impliquées dans des crimes de guerre et recensées par la Commission indépendante sur la Syrie ne cesse de s’allonger. «Malheureusement, au fil des mois, l’échelles de crimes, leur intensité et le nombre des victimes est en constante augmentation», déplore Sergio Pinheiro qui exhorte les acteurs du conflit à entrer dans le processus politique initié par l’ONU.

(TDG)

(Créé: 08.02.2016, 18h31)

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8 février 2016 1 08 /02 /février /2016 15:14
11 millions de syriens réfugiés et déplacés en détresse

"Plus de 11 millions de Syriens (4,6 millions de réfugiés, et 6,5 millions de déplacés) font face à leur cinquième hiver loin de chez eux. Ils ont un besoin urgent, voire vital, d'eau, de nourriture, d'assainissement, d'abris" a rappelé Manuel Sanchez-Montero, un responsable d'Action contre la faim, l'une des rares organisations internationales qui travaillent encore actuellement en Syrie.

Actuellement, 30 à 40 000 syriens fuyant l'offensive russe et de l'armée de Bachar-el-Assad sur Alep et sa région se retrouvent bloqués dans des conditions ultra-précaires à la frontière turque, pour l'heure presque hermétiquement close.

Comment le monde peut-il abandonner encore dans des conditions si inhumaines un peuple martyr pris en étau entre plusieurs barbaries? Confronté à l'une des plus grandes tragédies collectives depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats manifestent bien leur incapacité à se hisser à la hauteur de leurs responsabilités.

La Turquie, qui accueille déjà 2,5 millions de réfugiés syriens sur son sol, et que l'Union Européenne cherche à conserver au Proche-Orient contre des espèces sonnantes et trébuchantes (3 milliards d'euros pour faire obstacle à l'exil des réfugiés syriens en Europe) n'est bien sûr pas seule en cause, même si elle n'est pas exempte d'ambiguïtés et de complicités avec les groupes islamistes armés, en conflit avec les kurdes.

En tout cas, l'histoire nous jugera certainement sévèrement pour notre attentisme et notre impuissance coupable face à cette tragédie collective effroyable.

11 millions de syriens réfugiés et déplacés en détresse
Ouest-France, 9 février 2016: civils en Syrie, entre fuite et extermination

Ouest-France, 9 février 2016: civils en Syrie, entre fuite et extermination

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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 13:54
Serge Halimi

Serge Halimi

L'échange de compliments a surpris. Le 17 décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine a marqué une préférence pour l'un des candidats de la primaire républicaine américaine, le milliardaire new-yorkais Donald Trump. Le qualifiant d'"homme brillant et plein de talent" il a fait de lui "le grand favori de la course présidentielle".

Loin de récuser un tel hommage, pourtant susceptible de lui nuire dans un parti où les néo-conservateurs, nombreux, se demandent s'ils exècrent davantage la Russie ou l'Iran, M. Trump a réagi avec chaleur: M. Poutine "dirige vraiment son pays, c'est un leader énergique, ce qui le distingue de beaucoup de ceux que nous avons chez nous".

M. Trump a également promis que, s'il devenait président des Etats-Unis, il s'entendrait volontiers avec le dirigeant russe.

La sympathie que se portent ces deux hommes à poigne est confortée par leur mépris commun pour l'actuel locataire de la Maison Blanche, M.Poutine "n'aime pas du tout Obama, se réjouit M. Trump, il ne le respecte pas".

En général, les intérêts des Etats l'emportent sur les affinités éventuelles entre leurs dirigeants. Mais quand l'économie mondiale déraille, quand les cours du pétrole s'écroulent, quand les attentats meurtriers se multiplient, il n'est ni étonnant ni indifférent que les valeurs d'ordre, d'autorité, et les hommes forts, cyniques et brutaux, occupent la scène. Partisans d'une restauration patriotique et morale, nostalgique d'un roman national, ils élèvent la voix, bandent leurs muscles, déploient leurs troupes.

Installer une clôture en acier le long des frontières de son pays avec la Serbie et la Croatie a profité politiquement au premier ministre hongrois Victor Orban, tout comme l'annexion de la Crimée a consolidé le pouvoir de M. Poutine et la répression meurtrière des Kurdes conforté le président turc Recep Erdogan. De la même façon, lorsque M. Trump recommande le rétablissement de la torture aux Etats-Unis ou que son concurrent républicain Ted Cruz exige que l'Amérique substitue à ses bombardements trop ciblés contre l'Organisation de l'Etat islamique un "tapis de bombes" sur les zones (et les civils) qu'elle contrôle, l'un et l'autre gagnent en popularité dans leur camp. Le dédain envers les intellectuels, les universitaires et leur "politiquement correct" leur servirait même d'argument supplémentaire.

C'est peut-être aussi parce qu'ils ont remarqué ce genre de phénomènes que les dirigeants français parsèment volontiers leur discours de "réponse ferme" et "demande d'autorité", accroissent les prérogatives de la police au détriment de celles de la justice et accueillent avec flegme des dizaines de décapitations d'opposants en Arabie Saoudite.

Les promesses de paix et de prospérité de la modernité capitaliste avaient déjà chaviré avec la débâcle financière de 2008. A présent, c'est au tour de sa culture, de son esprit, de ses dirigeants à la civilité onctueuse et trompeuse. La "mondialisation heureuse" se voulait rationnelle, fluide, globale, connectée. Sa faillite ouvre la voie aux "hommes en colère" et aux chefs de guerre.

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