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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 18:29

Face à Israël, le parti pris du laisser-faire ?

Communiqué de l’AFPS, mercredi 21 septembre 2016

La signature à Washington de ce qui est présenté par le Département d’Etat comme « le plus grand engagement d’aide militaire bilatérale dans l’histoire des Etats-Unis », 38 milliards de dollars sur 10 ans au bénéfice d’Israël, a laissé sans réaction la France et l’UE.

Ce protocole d’accord, 23 ans quasi jour pour jour après la signature à Washington des accords d’Oslo, scelle dans le marbre une alliance stratégique présentée comme immuable.

Quel message envoie-t-il, sinon celui d’avaliser par avance toute nouvelle initiative israélienne dans la poursuite de l’occupation, de la colonisation et de l’épuration ethnique à l’œuvre en Palestine ? Intervenant en fin d’administration Obama, il affiche une volonté de soutien permanent et inconditionnel, quel que soit le prochain président des Etats-Unis.

Cette annonce intervient après que le mois d’août aura été celui d’un chiffre jamais atteint en termes de nouveaux appels d’offres, de confirmation et relance de programmes déjà annoncés, ou lancement de travaux d’extension des colonies, spécialement dans les régions stratégiques de Jérusalem et de la vallée du Jourdain. Le tout accompagné tout au long de l’été de proclamations répétées sur le droit d’Israël à poursuivre la colonisation en tout point du territoire occupé, de destructions de maisons palestiniennes et de bâtiments financés par des fonds européens.

Face à cette politique israélienne de refus de toute solution politique, refus qui semble acté par le protocole de Washington, le silence persistant de la France laisse à penser qu’il pourrait procéder d’un partage des rôles, l’initiative diplomatique française n’étant alors guère plus qu’un habillage pour masquer le renoncement de fait à toute véritable intervention pour faire valoir les exigences du droit et la recherche d’une solution de paix juste et durable.

Le sort réservé en France par le Parquet aux plaintes pour tenter de museler l’appel au boycott sera un vrai révélateur de la nature de la position française face à ceux qui se battent pour imposer le droit.

Le Bureau national de l'AFPS

DOCUMENTS JOINTS

Face à Israël et à l'alliance militaire intensive avec les Etats-Unis, le parti pris du laisser faire? (communiqué de l'AFPS, 21 septembre 2016)

L’alliance militaire entre les Etats-Unis et Israël renforcée pour dix ans

La somme est colossale. Au cours de la décennie 2019-2028, les Etats-Unis s’engagent à fournir à Israël une aide militaire de 38 milliards de dollars (34 milliards d’euros). Selon le département d’Etat, il s’agit du « plus grand engagement d’aide militaire bilatérale dans l’histoire des Etats-Unis ».

Piotr Smolar - Le Monde, mercredi 14 septembre 2016

Ce protocole d’accord devait être officiellement signé à Washington, mercredi 14 septembre, par Yaakov Nagel, conseiller pour la sécurité nationale auprès du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, et Thomas A. Shannon Jr., le sous-secrétaire d’Etat pour les affaires politiques. Il scelle une nouvelle fois l’alliance stratégique entre les deux pays, malgré les relations personnelles exécrables entre leurs dirigeants, Barack Obama et Benyamin Nétanyahou, et le développement des colonies en Cisjordanie, que la diplomatie américaine condamne régulièrement, sans conséquences.

L’accord en vigueur à ce jour, et qui expire en 2018, alloue à Israël environ 3,1 milliards de dollars d’aide annuelle. A cela s’ajoutent des efforts exceptionnels, votés chaque année par le Congrès, essentiellement pour des projets de défense antimissiles comme les batteries du système « Dôme de fer ». « Israël aurait pu assumer ces programmes seuls, mais cela aurait pris beaucoup plus de temps à cause du processus de décision lourd et de la charge budgétaire », explique Uzi Rubin, qui dirigea le développement du système Arrow contre les missiles longue portée entre 1991 et 1999.

Dans le cadre du nouveau mémorandum, la Maison Blanche a imposé des concessions à l’Etat hébreu. Celui-ci ne pourra plus s’engager directement dans des marchandages avec le Congrès pour obtenir des rallonges, à moins de circonstances particulières, en temps de guerre.

« Ça nous donne moins de flexibilité, mais ça nous permet de mieux planifier nos besoins à l’avance, explique Reuven Ben Shalom, ancien chef du département nord-américain au planning des forces armées, à l’époque où fut conclu l’accord précédent, en 2007. Je suis soulagé et reconnaissant vis-à-vis du peuple américain. L’héritage d’Obama sera le renforcement de la sécurité d’Israël, avec un niveau sans précédent de coopération militaire et en matière de renseignement. » Le motif d’inquiétude numéro un de l’état-major israélien est l’arsenal sans précédent accumulé par le Hezbollah, la milice chiite libanaise parrainée par l’Iran, qui dispose de 100 000 roquettes à la précision accrue.

« Régime unique »

Une réserve de taille figure dans le nouveau mémorandum. A partir de la sixième année, Israël ne pourra plus utiliser ces fonds pour passer des commandes à sa propre industrie de défense, ce qui était le cas pour plus du quart de la somme allouée. L’aide de Washington est donc, au-delà du lien conforté entre les deux pays, une subvention indirecte au complexe militaro-industriel des Etats-Unis. « Nous avions bénéficié d’un régime unique, explique Reuven Ben Shalom. Les fonds américains étaient de l’oxygène pour notre secteur militaro-industriel. Nous allons devoir gagner en maturité et nous préparer à l’indépendance. »

Les négociations en vue d’un nouvel accord avaient vraiment débuté en novembre 2015. Quatre mois plus tôt, un accord historique avait été conclu par les pays du « P 5+1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) avec l’Iran, au sujet de son programme nucléaire. Un accord jugé dangereux par Benyamin Nétanyahou, qui a dès lors encouragé les élus au Congrès américain à ne pas le ratifier, quitte à se mêler de la politique intérieure d’un autre Etat. Jusqu’à la ratification finale, le premier ministre israélien avait refusé d’entamer des discussions sur la compensation militaire dont pourrait bénéficier son pays en réponse à l’accord avec l’Iran et à la course aux armements ouverte dans la région.

A compter de novembre 2015, les négociations furent ardues entre Israéliens et Américains. Le 25 avril, 83 sénateurs américains sur 100 ont signé une lettre appelant l’administration Obama à accroître ses efforts pour conclure un nouvel accord avec Israël. Le gouvernement Nétanyahou espérait un effort financier considérable de la part de Washington, de l’ordre de 4 à 5 milliards de dollars par an. La Maison Blanche a opposé une fin de non-recevoir. M. Nétanyahou a ensuite joué un bluff risqué, en semblant prêt à remettre les discussions à plus tard, lorsque M. Obama aura quitté la scène.

Même les conseillers du premier ministre et ses alliés politiques estimaient pourtant qu’il valait mieux conclure dès que possible. Le 4 juillet, lors de la fête nationale à l’ambassade américaine, M. Nétanyahou confia son « espoir » d’une conclusion heureuse. Il passa aussi publiquement commande. « Nous apprécions les derniers avions, les F35. Nous parlerons des autres versions que nous voulons. Le décollage vertical, c’est un indice. »

Maintenant que l’accord est conclu, les observateurs israéliens s’interrogent déjà sur le sens que Barack Obama voudra donner à ses derniers mois de présidence vis-à-vis d’Israël. Compte-t-il profiter des deux mois et demi entre l’élection du 8 novembre et l’investiture de son successeur pour prendre une initiative ?

Depuis longtemps, les experts spéculent sur sa volonté éventuelle de laisser un héritage sur le conflit israélo-palestinien. Il pourrait s’agir soit d’un soutien à une résolution au Conseil de sécurité, défavorable à Israël, soit d’un discours cadre, rappelant les paramètres d’une solution à deux Etats. Mais d’autres commentateurs soulignent la lassitude qui se serait emparée de Barack Obama sur ce dossier.

Sous sa présidence, conformément à la tradition, les questions politiques et militaires ont été découplées. Les communiqués répétés du département d’Etat condamnant le développement des colonies en Cisjordanie se sont succédé, sans effet. Le 9 septembre, Benyamin Nétanyahou s’est même permis, à quelques jours de la signature du mémorandum, d’enregistrer une vidéo de deux minutes en anglais, dans laquelle il accuse les pourfendeurs de la colonisation d’être complices du « nettoyage ethnique » des juifs dans les territoires palestiniens. Cette vidéo a été mal reçue au département d’Etat. Sans conséquences.

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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 18:23

Interdiction de l'IVG : En Europe, les forces réactionnaires mobilisées contre l’intérêt des femmes (Laurence Cohen - PCF)

Alors que les femmes sont souvent mobilisées pour reprendre le contrôle de leur vie, aussi bien dans la sphère publique que dans la sphère privée, dans tous les pays du monde, les réactionnaires fourbissent leurs armes pour briser leurs aspirations. Ils ont mené la semaine dernière une offensive dans 2 pays européens.

Ainsi en Pologne, dont la législation est très restrictive en terme d’interruption volontaire de grossesse, le gouvernement propose une loi qui interdit l'avortement y compris en cas de viol, de graves malformations du fœtus ou de danger pour la vie de la mère. Ainsi, les associations pro-vie, qui ont obtenu ce durcissement, prétendent déposséder les femmes de tout choix relatif à leurs corps, quitte à les mettre en danger ou à les assigner au seul rôle de procréatrices !

Au même moment, l'Italie a célébré son « Fertility Day », censé sensibiliser les jeunes à la nécessité de procréer. Cette campagne, organisée par le ministère de la santé italien, explique en réalité que les priorités des femmes doivent être tournées vers les enfants, leur naissance, leur accompagnement, leur éducation.

En France même, de Manif pour Tous en ABCD de l'égalité, les forces réactionnaires ont pu convaincre et mobiliser contre l’intérêt des femmes, encouragées, parfois, par les renoncements gouvernementaux. Le Front national en a même fait un programme, distillé à coups de petites phrases revendiquant le « retour au foyer » des unes et des autres.

Les militantes et militants du Parti Communiste Français sont du côté des femmes de Pologne, d'Italie, de France et d'ailleurs pour balayer ces tentatives rétrogrades et pour entrer de plain-pied dans un XXIe siècle aux couleurs du choix, des libertés, de l'égalité, de la solidarité pour toutes les femmes du monde entier.

Nous appelons donc au rassemblement prévu devant l'ambassade de Pologne, au 1 rue de Talleyrand à Paris, le 2 octobre à 15h.

Interdiction de l'IVG: en Europe, les forces réactionnaires mobilisées contre les droits des femmes (Laurence Cohen- PCF)
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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 17:33
Ce "modèle israélien" de lutte contre le terrorisme qui fascine politiciens et médias français (Sylvain Crepel, Orient XXI)

Ce « modèle israélien » de lutte contre le terrorisme qui fascine politiciens et médias français

Comment lutter contre le terrorisme ? En appliquant le modèle israélien, répètent à l’envi certains politiciens et journalistes français. Pourtant, il existe peu de pays où l’on vit depuis aussi longtemps si peu en sécurité qu’en Israël.

Sylvain Cypel, Orient XXI, mardi 20 septembre 2016

L’attentat de Nice qui a ôté la vie à 86 personnes et fait 434 blessés le 14 juillet 2016 a légitimement suscité un débat sur les moyens de conjurer ce type d’épreuves épouvantables. On a vu, à cette occasion, se multiplier les déclarations évoquant le « modèle israélien ». Ce n’était pas une déferlante, mais une petite musique tenace a commencé de s’installer. Dès le lendemain de l’attentat, la radio RTL interrogeait longuement l’ambassadrice d’Israël en France. Le journal libéral en ligne Contrepoints se faisait une spécialité de promouvoir les « solutions israéliennes ». Il interviewait longuement Corinne Sauer, du Jerusalem Institute for Market Studies, sur les intérêts de la « méthode israélienne ». Trois jours plus tard, il s’interrogeait lui-même : « Lutte contre le terrorisme : vers le modèle israélien ? », avec ce sous-titre : « Dans ce contexte nouveau de terrorisme, faut-il aller vers un nouveau modèle sécuritaire ? »

Le 18 juillet, L’Express titrait : « Pourquoi Israël est un modèle en matière de lutte contre le terrorisme ». Bientôt, Harold Hauzy, conseiller en communication du premier ministre Manuel Valls, s’extasiait sur Twitter d’un reportage de France 2 portant sur les méthodes israéliennes pour préparer la population à faire face au risque terroriste. Et l’ancien ministre français de la défense, Hervé Morin, souhaitait « israéliser notre sécurité ». Dès lors, l’ambassade d’Israël à Paris diffusait, le 22 juillet, un petit opuscule intitulé« L’exemple israélien face à la menace terroriste », où elle ne cache pas sa satisfaction de voir les médias français prendre enfin conscience du problème qu’affronte son pays depuis si longtemps et de l’expertise israélienne. Plus récemment encore, l’ex-juge antiterroriste Marc Trévidic expliquait à son tour dans Marianne que « face au terrorisme, il faut adopter des réflexes à l’israélienne ».

Une très longue expérience

Reconnaissons, tout d’abord, que les Israéliens ont effectivement une très longue expérience en la matière. Ils sont de tels champions de la lutte antiterroriste ! Avant même mai 1948, les colons juifs y ont été confrontés et la création de l’État d’Israël n’a rien changé : cent ans de combat contre le terrorisme n’a pas permis d’en venir à bout. Avec des périodes de forte hausse et d’autres de plus basse intensité, le « modèle » israélien a vécu avec ce qu’il a systématiquement désigné comme du « terrorisme », dit « arabe » puis « palestinien », quasi sans discontinuité depuis les années 1920. Au point qu’aujourd’hui, plus aucun « expert » israélien ne se risque à proposer une méthode pour « vaincre » le terrorisme. Tout juste s’agit-il de le maîtriser au mieux.

La première leçon du « modèle » israélien, c’est que « le terrorisme », catégorie sans autre caractérisation politique, est comme le paludisme, une sorte de maladie qui se manifeste de manière récurrente, que l’on peut plus ou moins bien soigner ponctuellement, mais dont on ne peut jamais se défaire, et avec laquelle il faudra vivre ad vitam aeternam, du moins dans le monde tel qu’il est. Car les enseignements de toute la littérature qui s’adosse au « modèle antiterroriste israélien » sont invariablement les mêmes :

A) Le terrorisme est une entité uniforme et identique en tous lieux et toutes circonstances. L’organisation de l’État islamique (OEI), le Hamas palestinien comme hier le Fatah, Al-Qaida, le Hezbollah chiite, etc., tout cela ressort de la même catégorie « terroriste » et, comme dirait Manuel Valls, mieux vouloir comprendre les différences est illusoire, car « expliquer, c’est déjà excuser ».

B) Le terrorisme n’est pas un phénomène conjoncturel, mais permanent, nous devons apprendre à vivre avec lui du mieux possible.

C) La « lutte contre le terrorisme » est un problème technique, et elle n’est que cela. Si l’on adopte la bonne méthode et que l’on se dote des moyens adéquats, on parviendra à le résorber sinon définitivement, du moins grandement.

Bien entendu, pas plus que de la qualification politique du terrorisme qu’il affronte, et moins encore du contexte qui y mène, les propagandistes de la « méthode » israélienne ne posent quasiment jamais la question de la légitimité des moyens mis en œuvre par Israël. Généralement, cette question n’est simplement pas évoquée. Parfois, mis dans l’obligation d’y répondre, ces moyens sont justifiés : on ne mène pas une guerre sans casser des œufs.

En violation du droit international

Souvent, donc, ledit « modèle » israélien se résume chez les commentateurs à l’« implication » de la société civile aux côtés des forces de l’ordre et à sa disposition à accepter les restrictions de ses libertés publiques pour mieux combattre le terrorisme. L’article de L’Express précité est un modèle du genre : « La politique israélienne de lutte contre le terrorisme repose à la fois sur une stratégie défensive (zones de sécurité, barrières, points de contrôle militaires…) et offensive (infiltration, arrestations préventives, assassinats ciblés…) ». D’autre part, « la sensibilisation et la résilience du grand public constituent un atout maître », explique un « expert » israélien à l’hebdomadaire, qui vante la « culture de responsabilité » de sa population.

Dans ce descriptif, il manque curieusement un élément clé : le maintien d’un peuple — les Palestiniens — dans un état de totale soumission et dépendance, qui est devenu à la fois l’explication de l’émergence récurrente du terrorisme issu de son sein, mais aussi l’élément essentiel de la politique de prévention de son extension. Pour lutter contre le « terrorisme », c’est-à-dire en réalité contre toute propension — terroriste ou pas — d’un peuple à se révolter contre son oppression,Israël n’a cessé au fil du temps de contrevenir au droit international. Ainsi de la méthode, systématiquement appliquée par l’armée israélienne, consistant à détruire les maisons des familles de terroristes : une punition collective strictement interdite par les conventions de Genève qui a pourtant commencé d’être mise en œuvre dès les premières manifestations de résistance à l’occupation des territoires palestiniens, en juin 1967. Passons sur le fait que ces punitions ne sont que pure vengeance : elles n’ont jamais empêché le moindre jeune Palestinien, surtout si sa famille les a subies, de se lancer dans le terrorisme. De même que les assassinats, ciblés ou non, commis par l’armée, sont un terreau extrêmement fertile pour amener ces jeunes à se lancer dans une « action armée », le plus souvent vaine, vu le rapport de force.

Ainsi également de la torture, mise en œuvre dès le début de l’occupation en 1967 et longtemps massivement utilisée, en particulier dans la prison secrète du renseignement militaire, le camp 1391, où même les députés israéliens étaient interdits d’entrée. La torture continue d’être pratiquée à un niveau plus modeste, aux dires du Comité public contre la torture en Israël, elle n’a toutefois jamais cessé.

Ainsi encore des fameuses « détentions administratives ». Elles sont autorisées par les « règles de défense en état d’urgence », directement héritées des règles de l’armée britannique, qui les utilisa systématiquement jusqu’au retrait de ses forces en 1948. Ces règles britanniques furent immédiatement insérées par le nouvel État d’Israël dans son arsenal législatif sécuritaire. Contraires à toutes les normes du droit international actuel, elles permettent entre autres d’interner quiconque non seulement sans jugement, mais surtout sans motif d’accusation ni limite de temps. Il suffit qu’un juge valide périodiquement la reconduction de cette détention, ce que les juges israéliens ont toujours fait.

Un Guantanamo qui ne dit pas son nom

Bref, il s’agit d’un Guantanamo qui ne dit pas son nom. Depuis 1948, ces règles ont été appliquées dans un premier temps contre des citoyens arabes israéliens « suspectés » de soutien à la cause palestinienne, puis depuis 1967 de manière massive contre les Palestiniens des territoires occupés. Elles ont été introduites dans l’arsenal militaire israélien (Jérusalem-Est incluse, bien que formellement annexée par Israël). Fin avril 2016, l’organisation israélienne des droits humains B’Tselem dénombrait 692 Palestiniens en détention administrative, dont 2 femmes et 13 mineurs. Ce nombre dépassait les 2 000 par mois dans les années 2006-2008. On estime qu’en bientôt 50 ans d’occupation, sur les quelque 800 000 Palestiniens qui ont été arrêtés à un moment ou un autre, plusieurs dizaines de milliers ont subi ces détentions administratives pour des périodes allant de six mois à plus de cinq ans [1]. Certains militants l’ont été plusieurs fois.

La lutte antiterroriste inclut encore une série de mesures de dislocation de la société palestinienne, dont le « mur de séparation », déclaré illégal par la Cour de justice internationale de La Haye, et les innombrables mesures visant à perturber considérablement le quotidien et l’activité des Palestiniens sont les manifestations les plus spectaculaires. Et, en cas de situation extrême, c’est toute une population qu’on assimile aux terroristes. Durant la seconde intifada, lors de l’opération « Remparts » menée au nom de la « lutte antiterroriste » en avril 2002, l’armée israélienne interna d’un coup pour des « vérifications » plus ou moins durables des dizaines de milliers d’hommes palestiniens âgés de 14 à 45 ans.

Ainsi, le « modèle » antiterroriste israélien ne se réduit-il pas à de meilleures fouilles aux aéroports et dans des lieux publics, ni à une acceptation volontaire de diverses contraintes par la population (juive israélienne, car les Palestiniens israéliens, eux, font l’objet d’un suivi sécuritaire des pouvoirs publics autrement contraignant). Ce modèle s’inscrit dans ce que l’anthropologue israélo-américain Jeff Halper a appelé « la matrice de l’occupation » : un système réfléchi, sophistiqué et constamment amélioré, destiné à maintenir toute une population en état de dépendance et d’impuissance — impuissance politique à achever ses ambitions nationales, impuissance quotidienne à mener une vie normale. Un « modèle » qui, en revanche, concourt considérablement à favoriser le désespoir et le terrorisme qu’il génère. On a pu encore récemment le constater avec ladite « intifada des couteaux », où de jeunes Palestiniens, rendus fous d’humiliation et d’impuissance à la conjurer, se précipitaient pour agresser des soldats ou des colons israéliens à l’aide de couteaux, de ciseaux ou de tournevis.

Légitimer la répression coloniale

Il faudrait donc, lorsque les édiles français vantent le « modèle israélien » de lutte contre le terrorisme, qu’ils précisent un peu leur pensée. Entend-on instaurer des camps de rétention pour y interner des « suspects » ad libitum sans qu’il soit nécessaire de motiver leur détention ? Et quelle serait la population visée par l’application en France du « modèle israélien » ? Entend-on soumettre certaines banlieues dites « sensibles » aux « normes » que font subir les Israéliens aux Palestiniens occupés depuis bientôt cinquante ans (patrouilles militaires, couvre-feux, interdiction d’emprunter les routes réservées aux non-Palestiniens, refus d’allocation de permis de construire, etc.) ? S’agit-il de détruire systématiquement les maisons des familles de terroristes pour les mettre à la rue ? Veut-on réinstaller la torture comme moyen légitime dans cette nouvelle « guerre contre le terrorisme » où s’est engagé Paris ?

En réalité, dans cette « guerre », Israël use, pour tout dire, de méthodes déjà amplement mises en œuvre par d’autres dans l’histoire, en particulier par les puissances coloniales. Les incarcérations sans motif, inculpation ni procès pour une durée indéterminée étaient monnaie courante dans la « politique antiterroriste » britannique à travers tout son empire, comme d’autres « mesures d’urgence » du même acabit. En Palestine avant 1948, les victimes étaient principalement palestiniennes. Mais ces pratiques furent également utilisées contre le yishouv sioniste [2]. Un futur premier ministre israélien, Yitzhak Shamir, alors qualifié de « terroriste » par les forces d’occupation britannique pour ses activités à la tête d’un groupe armé (le Lehi, ou groupe Stern), fut lui-même déporté vers l’Érythrée en fonction de ces « règles en état d’urgence ». Les mêmes règles ont été ensuite utilisées par Israël pour expulser des milliers de Palestiniens.

Quant à la torture et à d’autres modalités d’action illégales, elles furent pratiquées par bien d’autres avant qu’Israël n’en fasse usage. Sur ce plan, notre pays n’a pas besoin d’aller copier le « modèle israélien ». Le passé français, en particulier en Algérie, où là aussi sévissaient d’épouvantables « terroristes » ambitionnant d’accéder à l’indépendance, serait amplement suffisant. Ce passé a d’ailleurs lui-même servi aux forces d’occupation israéliennes dans les territoires occupés. Le film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger, évoquant l’affrontement (torture incluse) entre les parachutistes français et lesdits « fellagas », comme les militaires appelaient les combattants pour l’indépendance algérienne, a été montré dans les écoles d’officiers israéliens pour illustrer la lutte antiterroriste en milieu urbain…

Bref, s’il s’agit de relégitimer l’usage de moyens coloniaux de répression, autant le dire. Et pas besoin de se référer à Israël, le passé français fait très bien l’affaire.

[1] Le meilleur article sur le sujet est celui de l’association juridique Adameer, paru en décembre 2015, « Administrative Detentions »

[2] Le terme « yishouv » prend diverses acceptions en hébreu. Il signifie en particulier « installation », ou « implantation ». Il a été utilisé par le mouvement sioniste pour désigner la population juive installée en Palestine mandataire avant 1948.

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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 19:45
Declan Kearney, dirigeant du Sinn Fein

Declan Kearney, dirigeant du Sinn Fein

au centre, à côté d'Anne Sabourin à gauche (secteur international du PCF), Raymond Mc Cartney, ancien gréviste de la faim de l'IRA, militant du Sinn Fein et héros de la résistance irlandaise à l'occupation

au centre, à côté d'Anne Sabourin à gauche (secteur international du PCF), Raymond Mc Cartney, ancien gréviste de la faim de l'IRA, militant du Sinn Fein et héros de la résistance irlandaise à l'occupation

Le 24 septembre, Pierre Laurent et le PCF s'engagent avec le Sinn Fein dans la bataille pour la réunification de l'Irlande
Le 24 septembre, Pierre Laurent et le PCF s'engagent avec le Sinn Fein dans la bataille pour la réunification de l'Irlande

Hier soir, samedi 24 septembre, au cours de cette soirée mémorable, Declan Kearney à lancé un appel - auquel Pierre Laurent a répondu positivement au nom du PCF - au soutien international pour l'unité irlandaise, 100 ans après le soulèvement de Pâques, 35 ans après les grèves de la faim des prisonniers républicains, et quelques mois après le Brexit. Pour les Irlandais, le Brexit est à la fois un problème économique, social et politique mais il représente une "opportunité stratégique" de relance du combat pour la réunification de l'île.
Bientôt, une traduction de son intervention sera publiée ici, ainsi que d'autres infos sur cette soirée historique.

Le récit de Raymond Mac Cartney, gréviste de la faim avec Bobby Sands en 1981, son humour et son intelligence, ont été également très touchants, tout comme on avait des frissons d'émotion en entendant Francis Wurtz raconter le cœur serré dans quelles conditions il s'est rendu à l'enterrement de Bobby Sands. Mais Margaret Tatcher est morte (enfin pas tout à fait, car Cameron et Théresa May sont gratinés eux aussi), et Jeremy Corbyn (autre anti-colonialiste, qui a su engager un dialogue très tôt avec le Sinn Féin, comme il défendait Mandela et le mouvement de libération palestinien) est réélu triomphalement contre tous les médias et l'establishment britannique à la tête du Parti Travailliste, avec 61% des voix, autre excellente nouvelle de la soirée d'hier à Fabien qui honore la tradition bien vivace de l'internationalisme et de l'anti-colonialisme du Parti Communiste, Pierre Laurent, en tant que président du Parti de la Gauche Européenne pendant 5 ans, regroupant des communistes, socialistes, républicains, anticapitalistes, écologistes, féministes, écosocialistes, et d'autres forces démocratiques et progressistes de toute l'Europe (Sinn Fein, Izquierda Unida, Die Linke, Syrisa...) ayant œuvré à la compréhension mutuelle et à la capacité de travailler ensemble des partis de gauche anti-austérité et anti-libéraux en Europe.

Avec pour mot d'ordre: une autre Europe que celle des libéraux et du capital, une Europe des coopérations solidaires librement choisies, de la souveraineté démocratique et d'une convergence vers le haut des modèles sociaux.

Kearney calls for international community to support Irish unity

Sinn Féin MLA Declan Kearney has called on the international community to support and encourage Irish unity.

Speaking at a conference in Paris organised by the French Communist Party alongside Raymond McCartney MLA, Mr Kearney said;

"Brexit has once more brought into sharp focus the contradiction of partition at the heart of Irish politics. This directly challenges democracy and Irish national interests.

"However, it has also created an equally unprecedented political and civic discussion in Ireland about the future.

"We believe that these new challenges need to be converted into a positive, national conversation about how the constitutional, political and economic future of the island can be reimagined and redesigned.

"The Irish Government should urgently convene an All-Ireland forum representative of political parties and civic society on the island to agree and bring forward concrete proposals to secure the north of Ireland’s place in the EU.

"The peace process was facilitated and supported by international good will, support and diplomacy and the international community still has an essential role to play.

"A new phase of political change has arrived and the significant strategic political influence of the international community should now assist with planning for the transition towards a new agreed, united Ireland.

"It is time to end the division of Ireland and prepare the transition to Irish unity. A positive, international axis to encourage, persuade for, and support that aim is now required."

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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 18:49
Seul contre une grande partie des parlementaires néo-libéraux et blairistes du Labour, et malgré la campagne de discrédit des médias au service des puissances financières et réactionnaires, Corbyn est réélu au sein du Parti Travailliste

Le plus grand parti réformiste d’Europe confirme sa réorientation à gauche. A la veille de l’ouverture du congrès annuel du Parti travailliste, les résultats du leadership du Labour sont tombés. Jeremy Corbyn est réélu avec 61,8% des voix dans un scrutin marqué par une participation de 77%. Owen Smith avait reconnu sa défaite à demi mots dès la clôture des votes mercredi 21 septembre. Pour autant, les adversaires du vétéran socialiste ne vont pas déposer les armes. Si le spectre de la scission paraît s’éloigner, la crise va continuer.

Jeremy Corbyn progresse donc de deux points et 61,000 voix par rapport à l’an dernier. Les résultats du leadership confirment un fossé grandissant entre les adhérents du Labour et leur représentation parlementaire. Certes, les appels à l’unité se sont multipliés ces derniers jours. Corbyn a évoqué une branche d’olivier qu’il tendra bientôt au parti parlementaire. Andy Burnham a invité ses camarades membres du parlement à revenir au sein du Shadow cabinet « dans un état d’esprit serein ». Il a également relevé publiquement que le Parliamentary Labour party (PLP – le groupe parlementaire, une des trois composantes organiques du parti travailliste) avait réservé un « traitement effrayant » à Corbyn « dès la première réunion » du PLP. Owen Smith, candidat malheureux du « tout sauf Corbyn », a lui même reconnu que Corbyn « n’a pas bénéficié d’assez de temps ».

Autant de déclarations qui prennent en compte le fait que, malgré la limitation du corps électoral et malgré l’hystérisation du débat, la base a basculé durablement en faveur du membre du parlement pour Islington-North. Le candidat présenté comme « inéligible » par la droite travailliste a donc remporté son deuxième scrutin consécutif, certes en interne. Il pourra aussi rappeler à ses détracteurs que des candidats proches de lui ont réussi à emporter, lors d’élections partielles jeudi 22 septembre, deux sièges sur les conservateurs et un sur le Scottish National Party. Des succès d’autant plus bienvenus qu’ils rompent avec les échecs enregistrés pendant l’été.
Une partie de l’électorat travailliste a voulu sanctionner en juillet et août un parti trop tourné sur lui même et ses guerres internes. C’est plutôt là que les travaillistes doivent chercher les raisons de leur déshérence électorale plutôt que dans les orientations politiques de Jeremy Corbyn.

GREY.BRITAIN.NET

Labour. Le coup de force libéral stoppé par les militants (L'Humanité)

Le congrès travailliste débute le 25 septembre à Liverpool. Candidat à sa réélection, Jeremy Corbyn l'a emporté avec 62 % des voix. Et ce, malgré les menaces de scission d’un noyau dur de cadres et députés « blairistes ».

Depuis un an, les anti-Corbyn n’ont toujours pas digéré son arrivée à la tête du parti et ont utilisé la victoire du « leave » au référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne pour déclencher une motion de défiance à son encontre. Le 23 juin, celle-ci a été approuvée par 75 % des députés travaillistes, ceux qui représentent un courant « blairiste », libéral et adepte de la fameuse troisième voie. Owen Smith est donc leur candidat. « Il fait campagne en s’adressant aux centristes, tout en tentant de faire des propositions proches de celles de Corbyn pour capter ses électeurs », analyse Tony Travers, professeur à la London School of Economics.

Face ces cadres et ces parlementaires, un engouement massif et historique s’est enclenché derrière Corbyn. Aujourd’hui, ce mouvement d’adhésion permet au Parti travailliste de compter 640 000 membres, trois fois plus qu’en mai 2015 ! 183 000 nouvelles adhésions ont été enregistrées juste avant la fermeture des inscriptions pour le vote qui a démarré fin août.

Appel à l’unité

Pour tenter d’arracher la victoire, Owen Smith a brandi, en cas de reconduction de Corbyn, la menace d’une scission du parti autour des députés insoumis. « Un scénario qui paraît peu probable du fait du système électoral à un tour, qui laisse peu de place à un troisième parti. La marque “Labour” garantit 25 % des votes », explique Tony Travers dans les « Échos ».

Pour éviter le risque, Corbyn a appelé au rassemblement et même propose une sorte d’amnistie aux députés travaillistes « insoumis ». Ces cadres, membres de la direction, ont quitté le cabinet fantôme (un gouvernement alternatif formé par l’opposition) pour obtenir son départ. Corbyn leur a proposé de rejoindre à nouveau ce cabinet. Cette offre est prise au sérieux car la nouvelle génération, proche de Corbyn, a pris de l’ampleur en leur absence. « Les départs ont été brillamment remplacés par les “Corbynastas”, comme les surnomme la presse britannique. La réussite d’Angela Rayner, en tant que secrétaire d’État à l’Éducation dans le cabinet fantôme, démontre qu’il faudra compter sur eux désormais », affirme la journaliste Jessica Elgot dans le « Guardian ».

Les lib enfoncent le clou

Le nouveau défi pour le Labour et son dirigeant sera d’apparaître comme une véritable force alternative au gouvernement conservateur dirigé par Theresa May. Un certain nombre de travaillistes réclament donc l’unité. « L’élan suscité autour de Corbyn et de son programme ne doit pas être trahi. Les militants, les syndicalistes, les travailleurs veulent des propositions concrètes et une confrontation avec la 1re ministre. Car un nouveau scrutin n’est pas à exclure avant 2020 », constate Jeff Harper, de l’Union nationale des journalistes (NUJ).

Le scénario de la scission semble abandonné dans l’immédiat. Mais des grandes figures du Labour, qui disposent d’une base propre d’électeurs, n’écartent pas l’idée de poursuivre une guerre en interne jusqu’aux élections générales. Un contexte dont souhaite profiter le dirigeant des Lib Dem (libéraux-démocrates), Tim Farron. Lors de leur congrès annuel, le 18 septembre, il a été clair : « Mon offre est simple pour ces libéraux d’autres formations, il est temps pour eux de rejoindre un véritable parti libéral. » L’autre option pour l’aile libérale du Parti travailliste serait de copier le mouvement « Momentum », créé par Corbyn lors de sa campagne de 2015, tout en évitant le clash. À voir.

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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 11:28
Milos Zeman, de la race des Trump, Sarkozy, Orban et Cie...

Milos Zeman, de la race des Trump, Sarkozy, Orban et Cie...

Le président tchèque encourage volontiers ses concitoyens à s'armer contre les réfugiés. Étrange pour un social-démocrate.

Si on pensait avoir touché le fond du populisme européen avec Nigel Farage (Royaume-Uni) et Viktor Orban (Hongrie), le président tchèque Milos Zeman habite au sous-sol. Ses sorties sont tellement brutales que le Sénat tchèque a dû lui demander en mars, de "faire preuve de retenue", de ne pas diviser la société et de ne pas endommager les relations extérieures du pays.

Zeman aime beaucoup boire, manger et outrager. Il s'exprime violemment sur les choses qui ne lui plaisent pas: les musulmans, les écologistes et les végétariens. Il a d'ailleurs qualifié l'immigration d'"invasion organisée". Pourtant, sur les 1400 demandes d'asile en 2015 dans son pays, seules 70 personnes ont obtenu le statut de réfugié.

Avant de voter pour Zeman, en poste depuis mars 2013, les Tchèques savaient parfaitement à qui ils avaient affaire. Zeman est l'un des acteurs de la Révolution de velours qui a conduit à la chute du régime communiste en 1989. Ce gros fumeur devient président du Parti social-démocrate dès 1993 et Premier ministre du président conservateur europhobe Vaclav Klaus en 1998.

D'après le quotidien Süddeutsche Zeitung, "Klaus et Zeman se partageaient (...) les postes et l'argent selon leur convenance. Une époque où la corruption s'étendait durablement en Tchéquie". Des scandales sont encore attachés au nom de Zeman. En 1999, les Tchèques manifestaient contre lui, demandant sa démission.

Il est élu en janvier 2003 avec 54,8% des voix contre son adversaire de centre droit, et succède à Vaclav Klaus, qui l'a massivement soutenu, malgré leurs divergences. Zeman se décrit comme proeuropéen. Il confiait récemment au britannique Guardian que son pays devait rester dans l'UE pour une raison: "Money, money, money. Nous recevons une part considérable des subsides de l'Union Européenne".

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 11:00

Élections à Berlin : "Il y a une alternative progressiste" (PCF)

Lundi, 19 Septembre, 2016 Humanite.fr Berlin votait hier pour les élections régionales. Comme dans plusieurs Länder cette année, et malgré un SPD qui arrive en tête (21,6 %), la grande coalition SPD-CDU qui gouvernait à l'Abgeordnetenhaus est lourdement sanctionnée (CDU 17,6%).

L'AfD, le parti d'extrême droite anti-establisment et anti-immigrés, fait sont entrée avec 14,2 %, ce qui est très inquiétant dans une ville cosmopolite et ouverte comme Berlin.

La bonne nouvelle, c'est la progression de la liste de Die Linke (15,6%), qui, avec une campagne sociale, de solidarité et de tolérance, a porté haut les couleurs de l'Allemagne fraternelle et bienveillante, celle qu'on a trop peu entendue ces derniers mois.

Le Parti communiste Français tient à féliciter ses militants.

Ce résultat permettra certainement, avec celui des Verts (15,2%), la constitution d'une "coalition rouge-rouge-verte", qui, à condition d'une profonde réorientation de la politique menée précédemment, pourrait ramener Berlin vers le progrès social, écologiste et démocratique. Ce que ce scrutin confirme c'est que, partout en Europe, les forces existent pour des politiques alternatives à l'austérité, à la casse des droits sociaux et au repli nationaliste et xénophobe. Partout, des millions de femmes et d'hommes aspirent à la justice sociale, l'égalité et la solidarité et constituent des majorités populaires potentielles qu'il est urgent d'écouter pour refonder l'Union européenne.

Parti communiste français

Elections à Berlin: "Il y a une alternative progressiste" (PCF)
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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 05:46
Europe: soutenons les travailleurs au lieu d'aider Caterpillar à démanteler l'outil industriel (communiqué commun Parti des Travailleurs Belge, PCF, Sinn Fein)

Europe: soutenons les travailleurs au lieu d'aider Caterpillar à démanteler l'outil industriel (Communiqué commun PTB, Sinn Féin et PCF)

Caterpillar s'apprête à organiser bain de sang social de l'Irlande à la Belgique. C'est une énième conséquence de la toute liberté octroyée aux multinationales par cette Europe de la concurrence. Nous soutenons les travailleurs dans leur lutte pour l'emploi et appelons les gouvernements concernés l'UE à prendre leurs responsabilités.

Caterpillar veut détruire 250 emplois à l'usine Monkstown, Newtownabbey au nord de l’Irlande. En Belgique 2200 familles sont directement concernées par la fermeture de l'usine de Gosselies (Charleroi). S'y ajoutent 5000 travailleurs des entreprises sous-traitantes. À Grenoble, où une partie de la production devrait être transférée, beaucoup de travailleurs craignent que leur site ne soit le prochain sur la liste.

Pour nous, cette destruction d'emploi n’est pas due à un coût du travail trop élevé, comme le prétend la direction, mais au coût du capital : bénéfices du groupe Caterpillar, dividendes versés aux actionnaires, intérêts versés aux banques et aux créanciers, ainsi qu'aux politiques d'austérité conduites en Europe qui réduisent la demande des opérateurs privés et publics. Ces délocalisations au sein même de l'Union européenne encouragent une spirale sociale vers le bas. Elles sont incompatibles avec toute politique industrielle efficace, de cohésion, et de développement.

Le 16 septembre prochain, les travailleurs de Caterpillar et de ses sous-traitants défileront dans les rues de Charleroi pour dire non à la fermeture et oui à la défense de l'emploi. Ils seront rejoints par des travailleurs venus de tout le pays. Une délégation de Caterpillar Grenoble sera également présente en solidarité, pour défendre l'intérêt commun des travailleurs européens.

Où sont les pouvoirs publics face à cette multinationale? Le choix aujourd'hui est simple: est-ce que des actionnaires et millionnaires vont recevoir un peu moins ou est-ce qu'on va détruire un outil industriel performant et jeter dans le désarroi des milliers de familles ?

Il y a des coopérations à construire entre nos pays pour contrer les stratégies prédatrices des multinationales en Europe. Maintenir l'emploi serait tout à fait réalisable si les gouvernements concernés intervenaient. En lieu et place d'une politique de cadeaux et de démantèlement social, les travailleurs ont besoin de soutien dans le rapport de force qu'ils sont en train d'établir avec la multinationale américaine.

  • Nous pouvons organiser la répartition de la production entre les différents sites et baisser les dividendes des actionnaires.

  • Nous exigeons la transparence sur les transferts financiers des filiales européennes avec la maison mère aux États-Unis et avec les paradis fiscaux ;

  • Les aides potentielles octroyées par le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation ne peuvent pas servir à faciliter le départ du site.

  • Concrètement, des sanctions, des menaces de saisies doivent être mises en place contre la multinationale si celle-ci persiste dans son plan de restructuration illégitime.

  • Il convient également de vérifier si les licenciements ne constituent pas une violation de la Directive Transfert d'Entreprise (2001/23/CE).

  • Nous dénonçons les politiques de démantèlement de l’industrie européenne et exigeons la création de politiques alternatives, en lien avec les représentants des travailleurs dans un objectif de réindustrialisation européenne et de transition énergétique.

Partout en Europe mobilisons-nous pour lutter contre la mise en concurrence des travailleurs, pour que l’argent des entreprises, l’argent des banques et l’argent public serve à l’emploi et à la création de richesses au profit des populations ! Construisons une Europe des peuples et de la solidarité !

Parti du travail de Belgique (PTB)

Sinn Féin,

Parti communiste français (PCF),

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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 06:29

Le conflit entre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) et Ankara « pourrait être réglé en six mois » si les négociations de paix venaient à reprendre, a estimé Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, dont les propos ont été rapportés par son frère Mehmet Öcalan, lundi 12 septembre.

C’est la première fois depuis octobre 2014 que le chef kurde, surnommé « Apo », peut recevoir la visite d’un membre de sa famille sur l’îlot-prison d’Imrali (mer de Marmara) où il purge une peine de prison à vie pour avoir dirigé la lutte armée contre l’Etat turc, qui a causé 40 000 morts depuis les années 1980.

La dernière visite autorisée était celle d’une délégation du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde, troisième formation du Parlement) en avril 2015. Depuis, les militants n’ont cessé de s’inquiéter au sujet de l’état de santé de leur chef historique, âgé de 68 ans, et objet d’un véritable culte.

Reprise des hostilités

Alarmés, une cinquantaine de militants prokurdes, revêtus d’un tee-shirt à l’effigie de leur chef, ont entamé tout récemment une grève de la faim à Diyarbakir (sud-est), exigeant la fin de son isolement. Après avoir entendu le message de Mehmet Öcalan, venu à Diyarbakir, lundi 12 septembre, au lendemain de sa visite à Imrali, le mouvement a cessé.

« AUCUNE PARTIE NE PEUT GAGNER CETTE GUERRE. IL EST TEMPS DE FAIRE CESSERLES LARMES ET LE BAIN DE SANG »

« Il a dit que si l’Etat était prêt pour ce projet, nous pourrions le finir en six mois, et que le précédent processus n’était pas complètement effacé, a expliqué Mehmet Öcalan. Aucune partie ne peut gagner cette guerre. Il est temps de faire cesser les larmes et le bain de sang, c’est ce qu’il a dit. »

L’appel du chef kurde intervient au moment où les affrontements sont quotidiens dans les régions majoritairement peuplées de Kurdes à

l’est et au sud-est du pays. Lundi, cinquante personnes (46 civils et quatre policiers) ont été blessées dans un attentat à la voiture piégée attribué au PKK à Van (est), non loin de la permanence du Parti de la justiceet du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002.

De 2012 à 2015, des pourparlers historiques avaient eu lieu entre le gouvernement et le PKK. Ils ont volé en éclats à l’été 2015, quand le PKK a revendiqué l’assassinat de deux policiers à Ceylanpinar, après un attentat-suicide (33 morts) survenu non loin de là, à Suruç, lors d’un rassemblement de la gauche prokurde.

Quelques mois plus tôt, le président Recep Tayyip Erdogan avait rejeté la « feuille de route pour la paix » en dix points, dévoilée par son gouvernement.« Electoralement parlant, estime l’universitaire Ahmet Insel, faire la paix avec le PKK n’était pas une stratégie payante pour Recep Tayyip Erdogan, puisqu’il a vu le score de son parti baisser aux législatives de juin 2015 au profit du HDP, le parti prokurde, qui, franchissant pour la première fois la barre des 10 %, a fait son entrée au Parlement. »

Depuis, les hostilités ont repris de plus belle entre les rebelles kurdes et les forces turques. Il ne se passe pas un jour sans l’annonce d’un attentat ou d’une attaque à l’explosif contre un convoi militaire dans les régions kurdes. Forts de l’expérience acquise en Syrie, où le PKK combat les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) au côté des milices kurdes syriennes (les Unités de protection du peuple, YPG) qui lui sont affiliées, les rebelles kurdes ont de plus en plus recours aux engins explosifs télécommandés et aux attentats-suicides.

« En position offensive »

La situation en Syrie, où les YPG veulent établir une région autonome kurde le long de la frontière turque, ruine, pour le moment, toute perspective d’un retour à la table des négociations en Turquie. Au moment où l’armée turque mène des opérations contre l’EI et contre les YPG dans le nord de la Syrie, le gouvernement ne veut pas entendre parler de paix avec le PKK. « Nous sommes en position offensive », a rappelé récemment le premier ministre, Binali Yildirim.

Une purge drastique s’est abattue sur le PKK. Le 8 septembre, le premier ministre a annoncé la mise à l’écart de 11 835 enseignants soupçonnés de sympathie envers lui. Ils s’ajoutent aux 23 000 enseignants déjà suspendus ou limogés pour leurs liens présumés avec la communauté religieuse de Fethullah Gülen, désignée par Ankara comme l’instigatrice du putsch raté du 15 juillet.

Soumise à l’état d’urgence depuis le 18 juillet, la Turquie vit au rythme des décrets-lois. Le dernier en date prive 28 maires de leurs mandats. Accusés d’être liés au PKK ou à la mouvance Gülen, ils ont été remplacés par des administrateurs proches de l’AKP. La plupart des municipalités concernées (Sur, Silvan…) sont situées dans le sud-est du pays, où le PKK est bien implanté.

Bien que révéré, Abdullah Öcalan fait de plus en plus figure d’icône sans rôle décisionnel important, tandis que la direction militaire du PKK, basée au mont Qandil, dans le nord de l’Irak, a la main sur le mouvement.

A. Ocalan

A. Ocalan

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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 06:20
« La jeunesse n’a plus peur, C’est un acquis irréversible », affirme la jeune militante.

« La jeunesse n’a plus peur, C’est un acquis irréversible », affirme la jeune militante.

Wafaa Charaf, le goût de la liberté

ROSA MOUSSAOUI

MERCREDI, 14 SEPTEMBRE, 2016

L'HUMANITÉ

Libérée le 10 juillet après une peine de deux ans de prison, la militante marocaine des droits de l’homme était à la Fête de l’Humanité.

Sous les hauts plafonds de l’hôtel de ville de Saint-Denis, elle paraît toute menue, un peu perdue. Le visage de Wafaa Charaf s’éclaire lorsque Didier Paillard, le maire de Saint-Denis, rend hommage à ses combats, à Tanger, aux côtés des ouvrières de l’industrie textile, des migrants échoués aux portes de l’Europe forteresse, des femmes marocaines en quête d’égalité. Autour d’elle, il y a ses camarades de la Voie démocratique, ses soutiens en France, élus et militants qui forment toujours un « réseau de vigilance » veillant sur elle. « Bien sûr, je continue la lutte ! La prison n’a pas ébranlé ma détermination ! » lance-t-elle d’une voix ferme. Wafaa Charaf vient de purger une injuste peine de deux ans d’incarcération. Par l’un de ces lugubres tours de passe-passe dont le pouvoir marocain a le secret, la militante des droits humains, victime de violences policières, a été désignée comme coupable par une justice aux ordres du palais.

Wafaa Charaf avait 27 ans lorsqu’elle a été embastillée le 9 juillet 2014, après avoir déposé plainte contre X pour enlèvement et séquestration. Les faits remontent au 27 avril 2014. Très liée au monde ouvrier de Tanger, la jeune femme participe ce jour-là à un rassemblement de soutien aux ouvriers de la multinationale Greif (le numéro un mondial de l’emballage industriel), licenciés après la création d’une section syndicale. Un affront, au cœur de cette zone franche qui permet aux entreprises locales ou occidentales d’empocher des cadeaux fiscaux tout en disposant d’une main-d’œuvre bon marché, privée des droits les plus élémentaires. À l’issue de ce rassemblement, la militante est embarquée par des inconnus qui la brutalisent, la questionnent sur ses activités, avant de l’abandonner couverte de blessures au bord d’une route, en pleine nuit, à une quinzaine de kilomètres de la ville.

Comme pour alléger le souvenir de l’enfermement, elle raconte mille anecdotes

Ce scénario de mauvais polar porte évidemment la signature des méthodes policières régulièrement dénoncées par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), dont Wafaa Charaf est membre. L’enquête ouverte par la plainte de la jeune femme n’a d’ailleurs pas pour objet d’identifier ses agresseurs, bien au contraire. C’est finalement elle qui est poursuivie pour « mensonges et diffamation », maintes fois convoquée, avant d’être incarcérée et condamnée, le 11 août 2014, à un an de prison ferme et à une lourde amende. Le 20 octobre suivant, la cour d’appel de Tanger double sa peine d’emprisonnement. Derrière la haute enceinte blanche de la prison de Tanger, la vie, le combat, ne se sont jamais arrêtés. Dans les allées de la Fête de l’Humanité, sa joie de vivre, sa force de caractère ont mis du baume au cœur de tous ceux qui l’ont croisée. Comme pour alléger le souvenir de l’enfermement, elle raconte mille anecdotes, ponctuées de grands éclats de rire. Comme ce jour où, très sollicitée par ses codétenues pour rédiger courriers et réclamations, elle a placé sur la porte de sa cellule une feuille sur laquelle était inscrite la mention « Écrivain public ». Avec les horaires. « Les gardiens étaient furieux ! » s’esclaffe-t-elle, les yeux pétillants de malice. Derrière les barreaux, Wafaa Charaf n’a jamais cessé de militer, jusqu’à prendre à partie le directeur de la prison après qu’il eut frappé une détenue. Ce qui lui a valu maintes brimades, puis un transfert à la prison de Larache. « Tu vas dans une autre prison parce que tu menaces l’institution carcérale et que tu fais de la propagande auprès des autres prisonnières », lui a expliqué le procureur du roi. Ce qui ne l’a pas empêchée de tisser encore, inlassablement, des liens de solidarité avec les prisonnières.

La militante a retrouvé les ouvrières de Textile Manufacturing abusivement licenciées

À Tanger, puis à Larache, Wafaa n’a pas perdu le fil de ses études de droit : elle a obtenu sa licence et reprend, cet automne, le chemin de l’université. Elle s’est mariée quelques jours après sa sortie de prison. Aujourd’hui encore, elle craint de sortir seule, de tomber sur des séides prêts à en découdre. « Le Maroc est une grande prison », soupire-t-elle, en évoquant les atteintes de plus en plus féroces aux libertés. Cet été, une nouvelle disposition est venue durcir encore un Code pénal très répressif pour les militants de gauche et les défenseurs des droits humains. En vertu de ce nouvel article 267 bis, quiconque « porte outrage à la religion islamique, au régime monarchique ou a incité contre l’intégrité territoriale du royaume » s’expose à une peine de six mois à deux ans de prison et à une amende de 20 000 à 200 000 dirhams (1 800 à 18 000 euros). Interdiction de mettre en cause l’islam, le roi ou d’évoquer l’autodétermination du Sahara occidental. Pourtant, assure Wafaa, ni l’arsenal judiciaire ni les intimidations policières ne découragent cette génération militante formée dans le chaudron du mouvement du 20 février 2011. « La jeunesse n’a plus peur. C’est un acquis irréversible », sourit-elle. Dans sa cellule, Wafaa Charaf a beaucoup écrit. Bientôt, elle fera publier ses carnets et ses poèmes de prison. « Ces deux ans, je ne les ai pas perdus. J’ai expérimenté le vrai visage du régime. C’est une expérience précieuse », insiste-t-elle. Dans la zone franche, ou plutôt zone de non-droit de Tanger, la militante a retrouvé les ouvrières de Textile Manufacturing abusivement licenciées par un patron qui a pris la poudre d’escampette. Elles ont célébré avec enthousiasme sa libération. Wafaa Charaf a été jetée en prison peu après le début de leur lutte. Malgré les agressions et les pressions quotidiennes, elles réclament toujours justice. Deux ans de prison, deux ans de lutte.

Rosa Moussaoui

Journaliste à la rubrique Monde de L'Humanité.

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