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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 16:58
Libre-échange: la tentation autoritaire
29 OCTOBRE 2016 | PAR MARTINE ORANGE

Pressé d’effacer l’affront wallon, le conseil européen a prévu de signer le traité de libre-échange avec le Canada, dès dimanche. L’épisode a cependant souligné un complet divorce avec la société civile européenne. Le temps de la mondialisation heureuse est achevé.

 

Il fallait laver l’affront wallon au plus vite. Les différents parlements régionaux belges avaient à peine donné leur accord au texte amendé que le président du conseil européen, Donald Tusk, annonçait la signature du traité entre le Canada et l’Union européenne. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, se félicitait de son côté de l’accord trouvé et annonçait sa venue à Bruxelles. L’accord sur le CETA sera signé dès dimanche.

En précipitant les événements, les responsables européens espèrent redonner à l’Union européenne sa crédibilité entamée. Après la Grèce, le Brexit, la crise sur les réfugiés, cette nouvelle contestation a mis à mal l’appareil européen. De nombreuses critiques se sont élevées sur son fonctionnement, sa capacité à négocier des traités commerciaux.

Signer le CETA au plus vite est une façon d’apporter la démonstration que l’Union européenne, quoi que ses détracteurs aient pu en dire ces derniers jours, est toujours en pleine possession de ses pouvoirs. C’est une manière de réduire la contestation wallonne à rien : un énième rebondissement dans la vie politique compliquée belge, de la lutte entre Wallons et Flamands, une manœuvre de ces socialistes wallons « obtus et ringards ».  

Le premier ministre belge, Charles Michel, comme les représentants flamands se sont d’ailleurs empressés d’accréditer cette thèse : « Pas une virgule n’a bougé dans le texte du CETA », a assuré le chef du gouvernement belge devant le parlement, jeudi soir. Une thèse que reprennent à leur compte les responsables européens. Rien d’important n’a été concédé aux parties wallonnes, puisqu’il est possible dès le lendemain de mettre en œuvre le traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne.

Préoccupés à défendre leur légitimité, les responsables européens n’ont désormais qu’une obsession : tout faire pour que pareil blocage ne se reproduise plus, pour qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer la machine européenne. Des conservateurs demandent déjà que les modes de négociation soient changés, que les traités commerciaux soient de la compétence exclusive de la commission et du parlement européens, sans que les États puissent dire leur mot sur le processus.

 

À Bruxelles, on attend avec impatience l’arrêt de la cour européenne de justice sur le traité commercial avec Singapour. Si celle-ci tranche que cet accord est de la compétence exclusive de la commission, comme tous les technocrates européens l’espèrent, alors la voie sera libre : ils n’auront plus de compte à rendre aux parlements nationaux et pourront engager les pays de l’Union européenne comme bon leur semble. Berlaymont (le siège de la Commission européenne) aura alors tout pouvoir.

La tentation autoritaire des responsables européens, leur désir de passer en force sont bien là. La façon dont ils vont gérer les demandes belges permettra d’en mesurer l’ampleur. Car quoi qu’ils en disent, des engagements ont bien été pris : sur la protection des services publics, sur les OGM, sur les mécanismes de protection des marchés agricoles en cas de déséquilibre. Surtout, les régions wallonne, germanophone et celle de Bruxelles ont imposé que les tribunaux arbitraux soient transformés en cour publique internationale avec des juges dont les mandats seraient encadrés. Et avant toute chose, elles ont exigé que la cour européenne de justice se prononce sur la compatibilité de cette cour avec les principes constitutionnels européens. Le fait même que la commission européenne n’ait jamais posé la question à la cour européenne de justice laisse penser que les choses ne vont peut-être pas de soi.

Que vont faire les responsables européens de tous ces engagements pris ? Vont-ils accepter de les mettre en application, en concédant que d’autres pays exigent les mêmes traitements et garanties ? Ou, pour préserver l’intégrité du traité, vont-ils décider de tout ignorer, maintenant que la crise est passée et que l’accord est signé : les promesses, comme chacun le sait, n’engageant que ceux qui les reçoivent ? La réponse à cette question est redoutée.

Imaginer que tout va redevenir comme avant ou encore mieux qu’avant, avec une commission dotée de tous les pouvoirs face aux États, comme des responsables européens semblent en caresser l’idée, serait une lourde erreur. Car même si le conseil européen veut feindre de l’ignorer, la crise de légitimité des instances européennes face à la société civile européenne est bien plus grande que celle à l’égard des pays partenaires, même s’il semble pressé de ne répondre qu’à ces derniers.

La contestation belge a recueilli un écho et un soutien inattendu auprès de toutes les opinions publiques européennes. Celles-ci n’adhèrent plus à la mondialisation heureuse, tant vantée depuis vingt ans. Le CETA est signé, alors que 70 % des Wallons et des Français s’y disent opposés. Des manifestations contre le CETA et le Tafta ont lieu dans toute l’Europe. En Allemagne, plus de 300 000 personnes ont défilé dans tout le pays pour dénoncer ces traités de libre-échange, début octobre. L’accord avec le Canada fait d’ailleurs l’objet de multiples recours d’associations devant la cour constitutionnelle de Karlsruhe. Et celle-ci n’a donné qu’un accord provisoire sur ce traité, se réservant de se prononcer plus tard sur sa conformité avec les principes constitutionnels allemands.

Le malaise de la société civile devant ces grands accords commerciaux, dont les seuls bénéficiaires évidents sont les multinationales, gagne les partis politiques. Dès septembre, le ministre allemand de l’économie, le socialiste Sigmar Gabriel, s’est déclaré opposé au Tafta, entraînant à sa suite les socialistes français. Aujourd’hui, celui-ci reconnaît que même le CETA pose problème et que les opinions publiques n’ont peut-être pas été suffisamment prises en compte. Des renversements s’esquissent aussi au parlement européen : des élus socialistes, notamment allemands, qui s’étaient prononcés en faveur du traité de libre-échange avec le Canada, paraissent tentés de reconsidérer leur position. 

La commission et le conseil européen peuvent toujours décider de passer en force contre les opinions publiques, de s’asseoir sur les oppositions et les refus de la société civile, comme ils l’ont fait lors des référendums irlandais, français et néerlandais. Le désamour à l’égard de l’Europe n’en sera que plus grand. En refusant tout débat, tout compromis, ils courent le risque d’accélérer encore la décomposition de l’Union. Sans retour possible.

 

 

Libre-échange: la tentation autoritaire ( Martine Orange, Médiapart - 29 octobre 2016)
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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 11:46
Vote à l'ONU pour la fin du blocus sur Cuba (Cuba Coopération France)

André Chassaigne a publié un communiqué se concluant en ces termes : « Il est temps de mettre un terme à des sanctions économiques anachroniques, cruelles et inefficaces, qui sont unanimement condamnées par la communauté internationale. Elles ont coûté au total 125 milliards de dollars à l’économie de l’île et elles infligent des souffrances inutiles au peuple cubain. »

191 pays pour la fin du blocus contre Cuba, 2 abstentions et 0 voix contre !

Pour la première fois les Etats-Unis et Israël n’ont pas osé voter contre. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut maintenant que les Etats-Unis appliquent cette résolution qui emporte, une nouvelle fois une approbation mondiale !

En cette fin de semaine, le Ministre des Relations Extérieures de Cuba, Bruno Rodriguez, interviendra en séance plénière de l’Assemblée Générale des Nations Unies, afin de présenter au vote de cette dernière, la résolution réclamant la levée du blocus.

Ces derniers jours, les voix se sont élevées, plus nombreuses et plus pressantes, une véritable clameur dans le monde entier. À Cuba, dans toute l’Ile, de très nombreuses manifestations ont eu lieu. Les institutions religieuses elles aussi ont pris position. En France, un rassemblement s’est tenu hier soir à Paris à l’appel de la Coordination créée par plusieurs associations, dont la nôtre. À l’occasion du 70e anniversaire de la création de la Maison de l’Amérique Latine à Paris, le Président de la République, François Hollande a, une nouvelle fois, condamné « cet embargo, qui fait tant souffrir le peuple cubain, sans avoir aucun intérêt aujourd’hui.» Une fois encore a-t-il dit « nous devons tous souhaiter qu’à l’occasion de ce 70e anniversaire, cette punition à l’égard du peuple cubain puisse enfin être levée » Le Président du Groupe d’amitié de notre Assemblée Nationale, André Chassaigne a publié un communiqué se concluant en ces termes : « Il est temps de mettre un terme à des sanctions économiques anachroniques, cruelles et inefficaces, qui sont unanimement condamnées par la communauté internationale. Elles ont coûté au total 125 milliards de dollars à l’économie de l’île et elles infligent des souffrances inutiles au peuple cubain. »

Dès le 1er Novembre les touristes pourront revenir à Baracoa, signale l’historien de la ville Alejandro Harmann, qui rappelle qu’en 1654 la ville a été brûlée par les corsaires… français ! Les secteurs forestiers de cette partie de la province de Guantanamo ont été particulièrement affectés. Après le passage de Matthew, on découvre un paysage lunaire. La forêt prendra 15 à 20 ans à récupérer. Pour l’ensemble des travaux de récupération et de construction, la solidarité est plus que jamais à l’ordre du jour !

Cette semaine, deux évènements à La Havane retiennent l’attention.

Tout d’abord l’Inauguration du bureau de l’AFD, Agence Française de Développement, en présence de Mathias Felk, secrétaire d’État chargé du Commerce Extérieur de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger et Rodrigo Malmierca, Ministre cubain du Commerce Extérieur et des Investissements étrangers. L’alliance entre l’Ile et l’AFD permettra de mettre en œuvre d’importants projets conjoints dans des secteurs stratégiques pour la nation cubaine, comme les infrastructures, les transports et les énergies renouvelables. Un projet pour le développement de l’élevage à Camagüey sera présenté avant la fin de l’année.

Le 2e événement qui nous réjouit également c’est l’attribution de la Médaille de l’Amitié, par le Conseil d’État de la République de Cuba, à Jean-Pierre Bel, envoyé personnel du Président de la République pour l’Amérique Latine et les Caraïbes. La cérémonie s’est déroulée à La Havane, au siège du Ministère des Relations Extérieures et la remise de la médaillée a été effectuée par Marcelino Médina, Ministre par intérim. Ce geste exceptionnel d’amitié a eu lieu en présence notamment de Ricardo Cabrisas, Vice-président cubain du Conseil des Ministres, d’Eusébio Leal, historien de la capitale et de notre Ambassadeur Jean-Marie Bruno. Cette distinction honore notre association, Jean-Pierre étant membre de notre Présidence d’Honneur, il soutient activement, depuis des années les actions que nous engageons.

La lettre de Cuba Coopération France

http://cubacoop.org/spip.php?page=newsletter&id_newsletter=186

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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 07:01
Can Dündar appelle l’Europe à se mobiliser contre «la plus grande prison de journalistes du monde»
JEAN-JACQUES RÉGIBIER
JEUDI, 27 OCTOBRE, 2016
HUMANITE
Depuis le Parlement européen où il avait été nominé pour le prix Sakharov, l’ancien rédacteur en chef de Cumhuriyet, réfugié en Allemagne, dénonce la situation catastrophique de la presse en Turquie. Il appelle à l’aide tous les journalistes d’Europe et les députés européens.

« Je vous le demande : laissez une petite place dans vos journaux pour ce combat pour la liberté de la presse en Turquie, c’est important pour l’avenir de l’Europe ! » En lançant son appel depuis le Parlement européen de Strasbourg, Can Dündar a voulu faire d’une pierre deux coups.

D’abord c’est là qu’il peut plus facilement toucher un grand nombre de journalistes venus des quatre coins du continent pour suivre la session parlementaire. Mais c’est aussi là que sont réunis les députés de toute l’Europe, chargés en principe de défendre les libertés fondamentales. La situation des journalistes en Turquie était d’ailleurs au menu des débats du Parlement européen mercredi soir, et massivement, tous les députés européens se sont prononcés contre la répression féroce qu’exerce le régime d’ Erdogan à l’encontre des journalistes et de la presse. Une résolution pour les défendre a été votée en ce sens jeudi midi. Quel en sera l’effet ?

En tous cas, il y a urgence.

La journaliste française Julie Majerczak a dressé le tableau, désormais connu et vérifié, de la situation catastrophique de la presse sous le joug du gouvernement Erdogan, notamment depuis le coup d’état manqué du mois de juillet : 125 médias fermés - journaux et maisons d’édition -, suspectés d’appartenir au mouvement Gülen. 130 journalistes actuellement en prison, « plus qu’en Chine et en Iran », explique la journaliste, ce qui fait de la Turquie « la plus grand prison de journalistes du monde », remarque Can Dündar. Sans oublier, conséquence des fermetures de médias, que 2500 journalistes ont déjà perdu leur emploi en 3 mois, que 660 cartes de presse ont été supprimées, que 49 journalistes se sont vus retirer leur passeport, et que des sites Internet sont bloqués sans aucune décision judiciaire. «  Il n’y a pratiquement plus de médias indépendants en Turquie », estime Can Dündar qui explique, à propos des journalistes emprisonnés : « ce sont beaucoup plus que des chiffres. Pour nous, ce sont nos amis qui sont en prison, ce sont des personnes qui souffrent, ils sont détenus dans des conditions inhumaines. Beaucoup se sont battus pour moi lorsque j’étais moi-même emprisonné. »
 
Can Dündar, ancien rédacteur en chef de Cumhuriyet, avait en effet été arrêté après la publication en mai 2015, d’une vidéo montrant des camions appartenant aux services de renseignement turcs qui transportaient des armes vers les zones contrôlées par les rebelles en Syrie. Son arrestation, ainsi que celle d’Erdem Gül, le chef du bureau d’Ankara de Cumhuriyet, avaient eu lieu en novembre 2015. Ils étaient accusés d’avoir divulgué des secrets d’état, mais aussi d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste. Ils ont été relâchés en février dernier après avoir passé 92 jours en prison. Can Dündar, après avoir échappé à une  devant le tribunal d’Istanbul où venait de se dérouler son procès,  de 5 ans et 10 mois, mais laissé en liberté en attendant l’appel. Il en a profité pour partir en exil en Allemagne. « Faire confiance aux juges, c’était placer ma tête sur le billot, » dit-t-il.

Chasse aux sorcières

Can Dündar décrit cette « chasse aux sorcières » engagée par Erdogan contre les journalistes : « chacun attend son tour pour être emprisonné, » explique-t-il. Des détentions totalement arbitraires, fondées sur aucun motif, et aux conséquences graves pour l’ensemble de la société, le régime pouvant désormais utiliser les médias qui n’ont pas encore fermer, comme arme pour diffuser sa propagande. « Les médias sont maintenant verrouillés par le régime. Un mur de peur s’est abattu sur le pays, » dit-il.
 
L’appel lancé aujourd’hui par le journaliste turc devenu le symbole de la résistance contre la répression des médias dans son pays, est d’autant plus pressant que jusqu’à maintenant, l’Europe s’est très peu faite entendre pour condamner fermement Ankara. Ce que confirme Can Dündar, « l’Europe ferme les yeux sur ce qui se passe en Turquie, » ajoutant que « c’est décevant pour tous ceux qui soutiennent les idéaux européens, de voir comment l’Europe a si facilement renoncé à défendre ses valeurs. »
Parmi les raisons qui font que l’Europe est peu loquace sur la répression contre les médias, Can Dündar évoque bien sûr l’accord passé par l’U-E avec Ankara pour que la Turquie se charge, contre finances, de retenir les réfugiés venus de Syrie ou d’Irak, sur son territoire . Un accord qu’il qualifie de « marché de dupes » fondé sur « un tissu de mensonges. »
Il reste cependant convaincu que les négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, doivent se poursuivre.  « Il ne faut pas isoler la Turquie », soutient-il, expliquant que la situation serait encore pire si le pays était coupé du restant de l’Europe. La Turquie, rappelons-le, est membre du Conseil de l’Europe.
 
Nominé pour le prix Sakharov 2016, Can Dündar n’a finalement pas été choisi. Le prix a finalement été attribué à deux jeunes femmes Yezidies soumises à l’esclavage sexuel par L’Etat islamique et devenue depuis les porte-étendards de la lutte contre la répression aveugle qui s’abat sur leur communauté. Dans cette spirale des horreurs qui frappe aux portes de l’Europe, le Parlement européen aura finalement préféré désigner l’Etat islamique comme le fléau principal, plutôt que le régime turc. Même si, dans le reportage qui lui a valu d’être jeté dans les geôles d’Erdogan, Can Dündar avait réussi à montrer que l’un n’était finalement pas si étranger à l’autre.
 
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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 06:57

" Un débat a eu lieu à notre demande au Parlement européen sur la situation des journalistes en Turquie.

A cette occasion j’ai demandé à la Vice-présidente de la Commission des sanctions contre la Turquie.

Voici mon intervention lors de ce débat :

« Madame la Présidente,
Madame la Vice-présidente de la Commission européenne,

Au delà de condamnations verbales, nos institutions européennes doivent être fermées et énergiques à l’égard du pouvoir turc dont le prix Nobel Orhan Pamuk dit qu’il institue un « régime de terreur ».

Contre cela il faut des actes forts et clairs pour obtenir la libération de tous les journalistes, celle des magistrats, des syndicalistes et le rétablissement des élus dans leurs droits et fonctions.

Cessons donc cette hypocrisie qui consiste à faire de la Turquie, en échange de milliards d’euros et de silences complices, un espace de rétention de réfugiés.

Je demande que les services de l’action extérieure de l’Union européenne diligentent des missions d’informations et de soutien aux journalistes, aux magistrats, et aux syndicalistes.

Enfin, il faut stopper immédiatement tout processus de rehaussement de nos relations commerciales et envisager des sanctions économiques et commerciales tant que la liberté ne sera pas rétablie.

Je vous remercie. »

Patrick Le Hyaric

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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 06:41
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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 11:55
photo Ouest-France: Gultan Kisanak

photo Ouest-France: Gultan Kisanak

Turquie. La maire de la ville kurde de Diyarbakir arrêtée

 

La police turque a arrêté mardi la maire de la ville majoritairement kurde de Diyarbakir, dans le sud-est. Gultan Kisanak et son adjoint Firat Anli ont été placés en garde à vue sur des soupçons de liens avec une organisation terroriste. Diyarbakir est jumelée avec Rennes.

Ces arrestations s'inscrivent dans une vaste campagne de répression menée à l'encontre des responsables politiques soupçonnés d'être liés au Parti des travailleurs du Kurdistan qui a repris les armes cet été contre le pouvoir central après des années de trêve.

Les bureaux et le logement de Gultan Kisanak ont été perquisitionnés, selon des sources sécuritaires qui n'ont pas pu donner de précisions sur le résultat de ces recherches.

Ville jumelée avec Rennes

La ville de Diyarbakir est jumelée avec Rennes. Samedi dernier, la mairie de Diyarbakir accueillait un projet culturel monté par l'association Amitiés kurdes de Bretagne, à destination des enfants d'un camp de réfugiés yézidis.

Ankara a désigné en septembre plusieurs nouveaux exécutifs dans une trentaine de municipalités kurdes après avoir révoqué leurs exécutifs.

 

 

Turquie: la police torture sous couvert d'Etat d'urgence (L'Humanité, 26 octobre 2016)

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 11:00
Elles sont la voix des esclaves yezidis de Daesh: Nadia Mourad Bassi Taha et Lamia Aji Bachar viennent de recevoir le prix Sakharov (Ouest-France, 28 octobre)

Lire aussi sur le Chiffon Rouge, ces témoignages de la monstruosité des pratiques de Daesh en Syrie et en Irak dont les populations civiles dans ces pays sont les principales victimes: 

 

Père Patrick Dubois: "Daech commet un génocide contre le peuple yézidi"

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 04:59
Turquie: la police torture sous couvert d'Etat d'urgence (L'Humanité, 26 octobre 2016)
Turquie: la police torture sous couvert d’Etat d’urgence
MERCREDI, 26 OCTOBRE, 2016
 

Plusieurs personnes arrêtées suite au «  putsch manqué » de juillet dernier en Turquie ont été "torturées ou maltraitées". L'ONG Human Rights Watch (HRW) a rassemblé plusieurs témoignages et preuves de policiers brutalisant et humiliant des détenus.

Privation de sommeil, passages à tabac et menaces de viol figurent parmi les mauvais traitements documentés par HRW, qui affirme avoir mené des entretiens avec plus de 40 personnes, dont des avocats, des spécialistes de la médecine légale et d'anciens détenus. 
Un homme, Eyüp Birinci, a par exemple affirmé au procureur de la République d'Antalya (sud) que des policiers l'avaient "frappé sur la plante des pieds, sur le ventre" et menacé de le "castrer", selon HRW qui reproduit son témoignage.  « Le chef de la police qui m'a arrêté … a commencé à me donner des gifles sur le visage et les yeux », a affirmé une autre personne gardée à vue. «Ils m'ont frappé sur la plante des pieds, sur le ventre, puis ils m'ont serré les testicules, proférant des menaces, par exemple qu'ils allaient me castrer… Ils m'ont fait allonger face contre terre et m'ont tordu les bras derrière le dos… Puis ils m'ont retourné sur le dos, m'ont mouillé les pieds et ont commencé à les frapper. Puis ils m'ont frappé les deux bras à coups de bâton. Ils m'ont mouillé le cou et m'ont frappé à cet endroit…. Ils m'ont même mis le bâton dans la bouche et l'ont fait tourner…. Ils m'ont fait mettre debout et m'ont donné des coups de poing. Ils m'ont donné des coups de poing au ventre pendant plusieurs minutes, me disant à chaque fois de me tenir droit. »

L'ONG fait état d'un "climat généralisé de peur" depuis la tentative de coup d'Etat militaire qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet. Déclaré pour trois mois après le putsch manqué, l'état d'urgence a été prolongé de 90 jours supplémentaires le 19 octobre dernier. L'état d'urgence permet notamment d'allonger la durée légale de la garde à vue à 30 jours. Pour Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à HRW, "en supprimant les garanties contre la torture, le gouvernement turc a en fait donné carte blanche aux organismes chargés de l'application des lois pour torturer et maltraiter des détenus de manière discrétionnaire". 
L'ONG Amnesty International avait affirmé dès juillet avoir réuni des "preuves crédibles" attestant de tortures, et même de viols, de personnes détenues en Turquie après la tentative de coup d'Etat.  Aucun commentaire officiel sur le rapport de HRW n'a pu être obtenu dans l'immédiat, mais un responsable turc avait qualifié d'"absurdes" les affirmations d'Amnesty et catégoriquement nié toute torture.  Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur la tentative de putsch, a indiqué samedi le ministre de la Justice Bekir Bozdag.

  • Témoignage d’un détenu à Istanbul

« En m'affirmant que je verrais un avocat, ils m'ont soumis à un interrogatoire chaque jour pendant trois jours [rue Vatan]. M'ôtant mes vêtements et les déchirant, ils m'ont menacé en serrant mes organes génitaux et en me frappant de manière dégoûtante. L'un d'eux m'a dit, j'ai amené ta mère ici et si tu ne parles pas, je la violerai devant toi. Ils m'ont couvert la tête d'un sac, m'ont lié les mains derrière le dos et se sont moqués de moi, me frappant la tête contre le sol et contre le mur, m'obligeant à me pencher en avant et criant : « N'y a-t-il pas un type fort pour violer celui-ci! » Ils ont laissé des traces de coups sur tout mon corps… Ils m'ont insulté et roué de coups de pied, essayant de me faire dire que je connaissais des gens que je n'ai jamais vus de ma vie et d'avouer un crime que je n'ai pas commis, et ils ont dit que sans cela, ils me feraient subir encore beaucoup plus de sévices et trouveraient sept ou huit personnes pour témoigner contre moi devant un tribunal afin que je ne puisse jamais sortir de prison, et que si je n'acceptais pas de leur donner des noms ils me ruineraient la vie. Chaque jour où je recevais un rapport médical mentionnant que j'avais été battu, ils me battaient de nouveau. Ils me disaient : tu peux obtenir tous les rapports que tu veux, nous avons carte blanche. »

  • Témoignage d’une avocate d’Ankara à propos de son client

« Plusieurs policiers se tenaient derrière lui. Il était assis sur une chaise devant une table. Pour le faire parler, ils l'ont fouetté avec des lanières en plastique qui sont habituellement utilisées en guise de menottes, et lui ont donné des coups de poing à la tête et sur le haut du corps. Il ne pouvait rien faire pour se protéger puisqu'il avait les mains liées…
À un moment, je me suis détournée pour ne plus voir. Je ne sais pas combien de fois ils l'ont frappé. Je ne pouvais plus regarder. Je savais que je ne pouvais rien faire pour y mettre fin. À la fin, il a fait une déclaration….
J'étais le seul avocat à ce moment-là. Il y avait de la violence partout et les policiers n'étaient pas contents de me voir, disant : - Pourquoi ces gens ont-ils besoin d'un avocat?- »

 

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27 octobre 2016 4 27 /10 /octobre /2016 13:10
Appel d'élu(e)s locaux européens opposé(e)s )à la signature du CETA
Appel d’élu(e)s locaux européens opposé(e)s à la signature du CETA

jeudi 27 octobre 2016

Une lettre ouverte a été rédigée au niveau européen au nom de maires opposés au TAFTA et au CETA (maires de Barcelone, Vienne entre autres) pour demander à leurs gouvernement de s’opposer à la tenue du Sommet euro-Canadien.

l’Aitec (association de solidarité internationale) invite les maires à signer cette lettre ouverte en tant que représentant français d’une collectivité engagée contre cet accord de libre-échange.

Chers Ministres du Commerce de l’Union européenne, 

Nous, Maires et élus de collectivités territoriales qui déclarées hors TAFTA et CETA exprimons notre solidarité avec le gouvernement de Wallonie et nous lui demandons de maintenir son opposition à la signature du CETA. Dans toute l’Europe, près de 2100 collectivités, qu’il s’agisse de régions, de départements, de villes ou de villages se sont déclarées hors TAFTA et CETA. La Belgique est le seul pays qui offre à ses parlements régionaux le droit constitutionnel d’opposer un veto aux traités internationaux de libre-échange avant leur signature officielle. Nous ne jouissons pas des mêmes prérogatives que le Parlement wallon, néanmoins si tel était le cas, il est clair que nous nous opposerions également à la signature du CETA. 

De nombreux maires, élus locaux, experts, et plus largement des millions de citoyens ont exprimé leurs inquiétudes envers le CETA ; traité qui met en péril nos principes démocratiques, les services publics, l’agriculture et l’alimentation ainsi que les politiques de développement local. 

La proposition de Système judiciaire sur l’investissement (Investment Court System en anglais) a été utilisée sous sa forme initiale (RDIE, Règlement des différends Investisseur-État) à de nombreuses reprises par des multinationales pour s’opposer aux décisions démocratiques prises par des États ou des collectivités territoriales. Notre démocratie n’a nul besoin de ce système d’arbitrage qui met en péril l’action publique.

Nous soutenons le maintien de normes élevées tant dans le domaine de l’environnement, que de l’alimentation ou du droit du travail. Nous sommes convaincus que tout traité de commerce et d’investissement doit maintenir ces normes, fruits de notre histoire et de nos combats démocratiques. 

Le CETA aura également un impact déterminant sur les services publics locaux. Il sera plus difficile pour les collectivités de mener des politiques de re-municipalisation et de régulation de services clés, tels que la distribution de l’eau, les transports publics ou encore la fourniture d’énergie.

La libéralisation du marché agricole et l’interdiction de tout "contenu local" dans les politiques de marchés publics mettront en danger le développement et l’emploi local. Les collectivités seront en difficulté pour mener à bien leurs objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et de protection de l’environnement. 

Le CETA doit préserver les capacités des collectivités à agir dans l’intérêt des communautés locales, notamment par leur politique d’achat public. Alors que les multinationales ont mis sous pression nos démocraties depuis plusieurs décennies, l’Union européenne devrait désormais avoir pour objectif de promouvoir la reconstruction de nos économies locales pour préserver l’emploi et l’environnement par ses politiques de commerce et d’investissement. 

Pour toutes ces raisons, nous demandons l’annulation du Sommet euro-Canadien prévu le 27 octobre à Bruxelles, au cours duquel le Président du Conseil européen et les chefs de gouvernements sont attendus pour signer le CETA. 
Le CETA ne peut être entériné entériné alors que des millions de citoyens, des milliers d’élus membres de parlements nationaux, du Parlement européen, de collectivités territoriales et des centaines d’organisations de la société civile ont exprimé une telle opposition à ce texte. 
Nous en appelons aux gouvernements des États membres ainsi qu’à la Commission européenne et leur demandons de faire cesser les pressions sur les parlements belges qui se sont opposés au traité, et de respecter les procédures démocratiques.
Nous demandons l’ouverture d’un large débat public sur les accords transatlantiques commerciaux, CETA et TAFTA au niveau européen et au niveau national. Et nous demandons instamment à nos gouvernements et à la Commission européenne de travailler sur des accords commerciaux respectueux des droits sociaux et environnementaux, des principes démocratiques, et du bien commun. Le commerce est souhaitable, mais le CETA ne concerne pas le commerce. Il s’agit de renoncer à la démocratie, et de réécrire nos règles et nos normes pour les faire correspondre à l’agenda des sociétés multinationales.
 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 20:23
Paul Magnette, le ministre-président de la région Wallonne, a résisté au chantage de la commission.

Paul Magnette, le ministre-président de la région Wallonne, a résisté au chantage de la commission.

Le Ceta ne passera pas… Pas cette semaine en tout cas !
THOMAS LEMAHIEU
MARDI, 25 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITÉ

C’est une victoire importante pour les opposants à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Avec l’opposition inflexible jusqu’ici des dirigeants de la Wallonie, en Belgique, il est devenu impossible de maintenir le grand raout prévu pour sa signature jeudi prochain.

Cette fois, c’est plus que probable : il va bien falloir tout décommander pour la cérémonie officielle. Jeudi prochain, les chefs d’État de toute l’Union européenne et du Canada devaient se retrouver à Bruxelles pour célébrer la signature du Ceta, l’accord de libre-échange entre les deux puissances. Mais au terme d’une semaine rocambolesque, entre pressions, chantages et ultimatums, les représentants de la région wallonne et des francophones de Belgique ont réussi à imposer un report sine die avant l’adoption éventuelle de ce traité international. Hier en début d’après-midi, à l’issue d’une rencontre avec les dirigeants des institutions régionales et communautaires du royaume, le premier ministre belge, Louis Michel, francophone libéral et fervent partisan du libre-échange, a dû l’admettre à contrecœur : « Nous ne sommes pas en état de signer le Ceta. On nous a demandé de donner une réponse claire aujourd’hui. La réponse claire à ce stade, c’est non. » Ses alliés flamands, les nationalistes de la NVA, hégémoniques au gouvernement belge, n’ont pas pris de gants pour exprimer leur désarroi. « C’est une honte, estime Geert Bourgeois, le ministre-président flamand. Nous sommes la risée du monde entier. » En revanche, pour les opposants au Ceta et au « partenariat commercial » avec les États-Unis (Tafta) – toujours en négociation dans une opacité quasi complète – qui manifestent et pétitionnent des deux côtés de l’Atlantique, c’est une victoire nette et sans bavures.

L’épisode actuel laissera des traces

Tout n’est pas joué, cependant : le Ceta n’est pas mort et enterré. Après avoir tenté par tous les moyens d’extorquer, dans la dernière ligne droite, l’approbation de la Wallonie et de la Communauté française de Belgique – indispensable en vertu de l’architecture institutionnelle de l’État belge – à l’accord soumis à signature, la Commission européenne a fini par changer son fusil d’épaule. Hier matin, la porte-parole de Jean-Claude Juncker avait officiellement accordé le délai supplémentaire réclamé par les représentants des institutions belges. « En ce moment, il nous faut de la patience », estime ainsi Margaritis Schinas, assurant contre l’évidence : « La Commission n’a pas l’habitude de travailler avec des ultimatums ou des délais. »

Après l’échec au sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, jeudi et vendredi, des négociations directes entre les dirigeants wallons, les Canadiens et la Commission européenne ont eu lieu, mais elles n’ont pas abouti. L’épisode assez inédit illustre la profondeur de la crise, car le fait que la Commission dispose d’un monopole exclusif de représentation constitue l’un des grands problèmes de ces négociations secrètes, ou à tout le moins discrètes, en vue de la signature d’accords commerciaux internationaux. Ces échanges pourraient se poursuivre, maintenant que le calendrier est desserré. Plus exigeants sur les normes sociales et environnementales, intransigeants sur la défense des services publics et de l’agriculture, opposés au mécanisme de « règlements des conflits » qui permet aux multinationales d’attaquer les États devant des cours d’arbitrage semi-privées, les dirigeants wallons ont veillé à ne pas fermer complètement la porte au Ceta. « Il est évident que, dans les circonstances actuelles, on ne peut pas donner un oui aujourd’hui », a simplement avancé Paul Magnette, le ministre-président socialiste wallon. André Antoine, son allié social-chrétien à la région wallonne, insiste : « Nous voulions la transparence, nous voulons que la démocratie soit respectée. Nous sommes devant une marmelade de textes : j’ai 300 pages de traité, 1 300 pages d’annexes. J’ai deux déclarations, même peut-être trois interprétatives, j’ai un instrument interprétatif. Il va falloir remettre de l’ordre dans tout ça. »

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada bouge encore, mais l’épisode actuel laissera des traces. Dimanche matin, Paul Magnette confiait son étonnement sur les réseaux sociaux : « Dommage que les pressions de l’Union européenne sur ceux qui bloquent la lutte contre la fraude fiscale ne soient pas aussi intenses. » Et l’avant-veille, à la fin du Conseil européen, Jean-Claude Juncker se tirait joyeusement une balle dans le pied : « Je reste bouche bée, interloqué, surpris par le fait que lorsque nous concluons un accord commercial avec le Vietnam, qui est mondialement connu pour appliquer tous les principes démocratiques, personne ne lève la voix. Alors que, quand nous concluons un accord avec le Canada, qui est une dictature accomplie comme nous le savons, tout le monde s’excite pour dire que nous ne respectons pas les droits de l’homme et les droits économiques et sociaux. » Au-delà des mobilisations citoyennes et politiques qui seront probablement regonflées par cette première manche remportée, on peut décidément compter sur la radicalité néolibérale de ses meilleurs défenseurs pour peut-être achever le Ceta et le Tafta dans un futur proche…

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