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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 06:12
photo de l'esplanade du temple et de la Mosquée Al-Aqsa à Jérusalem est (avril 2015)

photo de l'esplanade du temple et de la Mosquée Al-Aqsa à Jérusalem est (avril 2015)

Israël bataille contre une liste d'entreprises impliquées dans la colonisation
 PAR 

Malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël, l'Onu s’apprête à publier une liste des entreprises internationales qui contribuent, directement ou non, à la colonisation des territoires palestiniens. Cinq groupes français sont concernés.

 

Le diplomate jordanien Zeid Ra’ad Zeid al-Hussein, haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, a adressé il y a une dizaine de jours une lettre à près de 150 entreprises internationales pour leur annoncer qu’elles allaient figurer dans la liste noire des groupes présents dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et Jérusalem-Est. La constitution de cette base de données a été décidée en mars 2016 par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu. Il s'agit de recenser les sociétés impliquées dans la construction et le développement des colonies israéliennes.

Illégale au regard du droit international, condamnée par de multiples résolutions des Nations unies, cette entreprise de colonisation, en opposition ouverte au droit des Palestiniens à l’autodétermination, est considérée par l’Onu et de nombreux pays comme un obstacle majeur au règlement du conflit israélo-palestinien. En dressant cette liste, l’Onu indique qu’elle ne se contente plus de dénoncer des violations impunies et de dire le droit. Elle entend placer les États et les entreprises face à leurs responsabilités : être ou ne pas être complice de la colonisation illégale de la Palestine.

Cette « liste noire », qui a été communiquée fin septembre au ministère israélien des affaires étrangères, contiendrait pour le moment une trentaine de sociétés américaines (parmi lesquelles Coca-Cola, Caterpillar, TripAdvisor, Airbnb), un fort contingent de sociétés israéliennes (dont les bus Egged, les banques Hapoalim et Leumi, le fabricant de systèmes de sécurité Elbit, la compagnie nationale des eaux Mekorot, le géant des téléphones Bezeq, le laboratoire pharmaceutique Teva). Elle devrait contenir aussi des sociétés allemandes, sud-coréennes, norvégiennes.

Elle risque également de comporter un certain nombre d’entreprises françaises. À commencer par cinq grands groupes financiers (les banques BNP-Paribas, Société générale, Crédit agricole, BPCE et la compagnie d’assurances Axa). Ceux-ci figuraient déjà dans un rapport sur « Les liaisons dangereuses des banques françaises avec la colonisation israélienne » publié en mars dernier par huit organisations, dont la CGT, la Ligue des droits de l’homme et le Comité catholique contre la faim et pour le développement.

Fondé sur l’analyse du cabinet néerlandais Profundo, spécialiste du secteur financier, ce rapport que Mediapart avait analysé (lire ici l’article paru le 29 mars) et dont nous avions publié le texte intégral (à lire ici: (pdf, 2.6 MB)), établissait les liens multiples entre les groupes français et les nombreuses firmes israéliennes qui ont activement participé à l’intensification de la colonisation depuis les accords d’Oslo, en 1993. En un quart de siècle, cette stratégie a porté le nombre de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est de 268 000 à près de 650 000, détruisant toute possibilité de créer un État palestinien viable.

Désignés par le rapport, les cinq groupes français ne peuvent nier ni leur présence active, abondamment documentée, ni le fait que cette participation à la colonisation était en contradiction évidente avec les engagements qu’ils indiquaient avoir pris en matière de droits humains. Ils ne pouvaient pas plus ignorer que cette collaboration avec les firmes israéliennes constitue une violation répétée du droit international. Selon la IVe Convention de Genève de 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, « le transfert de civils dans le territoire occupé par la puissance occupante est interdit ». Ce que rappelait aussi la résolution 2334 adoptée le 23 décembre 2016 par le Conseil de sécurité de l’Onu, avec – fait exceptionnel – l’aval des États-Unis qui n’avaient pas opposé leur veto.

« La colonisation des territoires palestiniens occupés depuis 1967, rappelait ce texte après nombre d’autres, n’a aucune validité légale, constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la mise en œuvre de la solution à deux États et d’une paix complète, juste et durable. » La même résolution demandait, en outre, « à tous les États de faire une distinction dans leurs échanges, en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ».

Pourtant, depuis la publication de ce rapport il y a six mois, aucun des groupes français visés n’a amorcé le moindre mouvement de désengagement. Ce qui amené, le 9 août dernier, la ministre palestinienne de l’économie, Abeer Odeh, à écrire aux patrons des cinq groupes (Frédéric Oudéa pour la Société générale, François Pérol pour la BPCE, Philippe Brassac pour le Crédit agricole, Jean-Laurent Bonnafé pour BNP-Paribas et Thomas Buberl pour Axa) pour leur rappeler que les entreprises « ont le devoir de respecter les droits de l’homme » (lire les lettres ici et ici : (pdf, 826.5 kB) (pdf, 834.2 kB)).

Invitant chacun des groupes français à revoir leurs liens économiques et financiers, Abeer Odeh, qui est passée par la Banque mondiale avant de devenir ministre, rappelle qu’en vertu de leurs propres engagements publics en matière d’éthique des affaires, ces groupes sont tenus au respect des droits de l’homme. Elle estime que les liens actuels avec les banques israéliennes et les autres institutions opérant dans les territoires occupés palestiniens sont incompatibles avec leur vision du monde, mais aussi avec la loi. Elle demande à chacun des cinq patrons de « mettre un terme aux opérations et à la coopération » avec les entreprises partenaires israéliennes.

 

Cette offensive de la ministre de l’économie avait été précédée par l’envoi, le 1er août, d’une lettre du secrétaire général de l’OLP et principal négociateur palestinien Saeb Erekat à Jean-Yves Le Drian (lire le document, en anglais, ici : (pdf, 766.5 kB)). Après l’avoir félicité pour sa nomination au Quai d’Orsay, Saeb Erekat rappelle au nouveau ministre des affaires étrangères les liens multiples qui existent aujourd’hui entre cinq groupes français et au moins 28 entreprises impliquées « dans la poursuite et l’expansion des colonies israéliennes illégales ou dans l’exploitation des ressources naturelles palestiniennes ».

L’offensive israélo-américaine

Rappelant au ministre que la France a voté la résolution 2334 du Conseil de sécurité, qu’elle est l’une des « hautes parties contractantes de la IVe Convention de Genève qui interdit le transfert d'une partie de la population civile d’une puissance occupante dans le territoire qu’elle occupe », qu’elle est engagée par les directives européennes de 2013 qui prohibent les relations financières avec les territoires occupés, le négociateur palestinien relève que « la France ne reconnaît pas la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés depuis 1967 ». Il demande à Jean-Yves Le Drian de mettre en œuvre une politique destinée à « décourager » les entreprises françaises de nouer des liens avec le régime israélien de colonisation.

À ce jour, le Quai d’Orsay n’a toujours pas répondu à cette lettre.

C’est d’autant plus surprenant, sinon discourtois, que ce courrier était accompagné d’une « note verbale », un document diplomatique qui, selon les usages, implique normalement une réponse. Cette désinvolture du gouvernement français semble confirmer que sous Emmanuel Macron comme sous François Hollande, Paris n’entend pas s’associer à ce qui pourrait apparaître comme une offensive visant à sanctionner Israël. Les dirigeants français devront cependant clairement choisir leur camp lorsqu’il s’agira de décider, dans le cadre des Nations unies, si la liste doit être rendue publique ou non.

En principe, la « liste noire » des entreprises complices de la colonisation devrait être arrêtée et publiée en décembre. Mais depuis des mois, le gouvernement israélien et surtout l’administration Trump ont lancé une offensive diplomatique d’envergure pour torpiller cette initiative. En 2016, déjà lorsque le Conseil des droits de l’homme avait décidé l’établissement de cette liste, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait accusé cette instance d’être devenue « un cirque anti-israélien ».

Le porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, avait même affirmé dans un tweet que le Conseil avait « un besoin urgent de se faire soigner mentalement ». Composé de 47 États, renouvelables par tiers chaque année, et actuellement présidé par le diplomate salvadorien Joaquin Alexander Maza Martelli, le Conseil des droits de l’homme est, avec l’Unesco, l’une des bêtes noires d’Israël au sein du système des Nations unies. La stratégie israélienne est simple : présenter cette liste comme un premier pas vers le boycott de toutes les entreprises israéliennes, qu’elles collaborent ou non à l’entreprise de colonisation. Boycott qui relève, selon Netanyahou et ses alliés, de l’antisémitisme.

En Israël, un comité interministériel spécial comprenant les ministres des affaires étrangères, des affaires stratégiques, de la justice et de l’économie a même été mis en place pour tenter d’empêcher la publication de la liste. Avec l’élection de Donald Trump, qui se présente en premier défenseur d’Israël, l’offensive a reçu un renfort de taille. La liste noire est « la dernière d’une longue série d’actions honteuses » du Conseil des droits de l’homme, déclarait en juin dernier Nikki Haley, ambassadrice des États-Unis à l’Onu.

Forte de ce soutien, la vice-ministre israélienne des affaires étrangères, Tzipi Hotovely, pour qui « toute la terre, de la Méditerranée au Jourdain appartient à Israël », accusait l’Onu, il y a un mois, de « jouer avec le feu », et menaçait : « Plus les Nations unies agiront contre Israël, plus leur budget y perdra. Ces activités les frapperont comme un boomerang. Israël et les États-Unis travaillent ensemble à un plan qui mettra un terme au préjugé anti-israélien de l’Onu. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies est la plus hypocrite des arènes, c’est là que la révolution doit commencer. »

Mais de l’aveu même de ses promoteurs, cette offensive israélo-américaine rencontre de sérieux obstacles. En août, Heather Nauert, porte-parole du département d’État, admettait que l’initiative des deux pays pour priver de ressources financières les experts chargés de dresser la liste avait échoué. Selon des sources israéliennes officielles mais anonymes, citées fin septembre par le quotidien Haaretz, le bureau des affaires stratégiques du ministère israélien de l’économie a appris qu’un certain nombre d’entreprises étrangères ont déjà répondu au haut-commissaire aux droits de l’homme en annonçant qu’elles ne renouvelleront pas les contrats signés avec des firmes israéliennes et n’en concluront pas de nouveaux.

Le gouvernement israélien a déjà pris contact avec certaines d’entre elles en faisant valoir que la liste, même si elle est publiée, ne comporte aucune obligation. Il a aussi mis en garde plusieurs gouvernements étrangers contre toute utilisation de la « liste noire » : cela s’apparenterait à un boycott d’Israël. Les mois qui viennent diront si, en cumulant menaces et chantage à l’accusation d’antisémitisme, les États-Unis et Israël finiront par empêcher la publication officielle de la liste par l’Onu. Et quelle position publique la France adoptera dans cette affaire, alors qu'Emmanuel Macron a affirmé,en juillet, que l'antisionisme est « la forme réinventée de l’antisémitisme ».

Reste une question : comment s’explique le retrait des entreprises qui ont déjà informé l’Onu de leur décision ? Brutale prise de conscience des violations du droit ? Peu probable. Pragmatisme et prudence stratégique ? Plus vraisemblable. Aucun PDG n’a envie de voir son entreprise figurer dans une liste noire. Surtout si la présence sur cette liste peut mettre en péril des opérations ou des projets dans un pays riche et puissant du monde arabo-musulman, hostile à Israël.

 

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6 octobre 2017 5 06 /10 /octobre /2017 14:39

Prix Nobel de la paix 2017 : une formidable récompense pour les militants de la paix et du désarmement nucléaire (Pierre Laurent)

L'attribution du prix Nobel de la paix à Ican – Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires – est une récompense considérable pour toutes celles et tous ceux qui luttent pour un monde de paix où la solidarité entre les peuples et les nations est centrale.

Je me réjouis fortement du choix du jury car cela encourage par là même toutes les organisations partenaires de cette campagne, parmi lesquelles le PCF, pour leur engagement pour une sécurité humaine mondiale.

Face à la montée des tensions ces derniers mois en Asie et aux propos belliqueux du président des États-Unis qui ont faire renaître le risque d’un conflit nucléaire, la remise du prix Nobel de la paix à Ican traduit l'aspiration des peuples à un monde de paix, de solidarité, de liberté, un monde délivré de ces armes de destruction massive.

A présent, il est grand temps que la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, ratifie le Traité international d’interdiction des armes nucléaires qui a été adopté le 7 juillet dernier à l’initiative de l’ONU par 122 pays. La France doit également s'engager avec les 115 pays déclarés « zones exemptes d’armes nucléaires » dans un processus mondial de destruction des armes nucléaires.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

Prix Nobel de la paix 2017 : une formidable récompense pour les militants de la paix et du désarmement nucléaire (Pierre Laurent)
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6 octobre 2017 5 06 /10 /octobre /2017 05:34
Alberto Garzon (photo L'Humanité)

Alberto Garzon (photo L'Humanité)

Felipe VI, le roi d'Espagne, qui soutient la politique répressive de Rajoy

Felipe VI, le roi d'Espagne, qui soutient la politique répressive de Rajoy

Malgré les violences policières gouvernementales et le fait qu'il soit organisé localement dans un état d'urgence sans reconnaissance officielle, le référendum en Catalogne a mobilisé 42,5 des inscrits qui ont voté à 90% pour l'indépendance. Bien sûr, on peut penser que les opposants les plus résolus à l'indépendance et à ce référendum ne se sont pas déplacés. La question soumise était: "voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat indépendant sous la forme d'une République?". 

 

Dans un discours télévisé le roi Felipe VI, chef de l’Etat espagnol, a accusé le gouvernement catalan (Generalitat) de prétendre proclamer illégalement l’indépendance de la Catalogne . «  D’une manière réitérée, constante et délibérée, certaines autorités de Catalogne ne respectent pas la Constitution et son statut d’autonomie, qui est la loi qui reconnait, protège et réunit ses institutions historiques et son autogouvernement ». Le Roi a parlé de « déloyauté inadmissible » … « Avec leur conduite irresponsable, ils peuvent même mettre la stabilité économique et sociale de toute l’Espagne en danger ». « Les autorités se sont situées totalement en marge du droit » et ainsi « elles ont prétendu briser l’unité de l’Espagne et la souveraineté nationale, qui est le droit de tous les espagnols à décider démocratiquement de leur vie en commun » … « face à cette situation, il est de la responsabilité des pouvoirs légitimes de l’Etat, d’assurer l’ordre constitutionnel et le fonctionnement normal des institutions, la permanence de l’état de droit et de l’autogouvernement de la Catalogne, basé sur la Constitution et son statut d’autonomie ».

Ce discours peut précipiter le pays dans une grave crise politique, dans la mesure où on semble se préparer du côté des autorités de l’Etat espagnol à une suspension de l’autonomie catalane ; et où de leur côté la Generalitat et le Parlement catalan ne semblent plus envisager d’autre solution que d’engager dans les prochains jours le processus d’indépendance. 

Du côté de la gauche espagnole, nous retiendrons la réaction du dirigeant communiste Alberto Garzon (Izquierda Unida), républicain, qui ne défend pas l'indépendance de la Catalogne en tant que telle mais une Espagne fédérale avec une large autonomie régionale et le droit à l'auto-détermination des citoyens des régions espagnoles, et qui condamne vivement le retour aux méthodes et à l'état d'esprit franquistes de la droite espagnole, contrairement au Parti Socialiste Espagnol (PSOE) qui est l'allié de Rajoy au Parlement. 

Alberto Garzon (Izquierda Unida), dans une déclaration, parle d’ « un discours lamentable, hostile…il n’a pas été à la hauteur du moment politique… au lieu de tendre des ponts, le chef de l’Etat a dressé un mur qui nourrit la tension et le conflit en Espagne comme en Catalogne… Nous traversons une grave crise d’Etat et, en Catalogne, il y a un problème politique qui a perduré depuis de longues années. Des millions de personnes se sont mobilisées en Catalogne pour demander un vote concernant leur avenir. 80% de la société catalane adhère à cette demande, même pour voter NON à l’indépendance comme le feraient les gens de la Gauche Unie (Izquierda Unida).

« Ce sont des faits que l’on ne peut ignorer. Mais aujourd’hui le citoyen Felipe de Bourbon n’a fait aucune mention à cela. Il s’est limité à reproduire le discours du président corrompu du Gouvernement, Mariano Rajoy, dont la position est absolument insoutenable. Aucun problème politique ne peut se résoudre en frappant des milliers de personnes sans défense. Aucun problème politique ne peut être réglé seulement avec des juges ou des policiers. Seuls le dialogue et l’entente sont le chemin. Cependant, le chef de l’Etat n’a pas prononcé une seule fois le mot de dialogue. Il n’a pas parlé non plus des plus de 800 blessés le 1er octobre. Il a pris la pire de toutes les décisions en ce moment : ignorer l’existence d’un problème politique en faisant croire qu’il s’agit d’un simple problème d’ordre public. Il s’est replié derrière une Constitution qui ne représente plus toute la société ; il s’est mis en première ligne du bloc réactionnaire ». Le discours d’aujourd’hui encourage la confrontation et éloigne d’une solution démocratique et pacifique que nous continuerons à défendre de toutes nos forces. Le citoyen Felipe de Bourbon prépare le terrain à une intervention très dure du gouvernement le plus corrompu de toute l’Union européenne, contre la Catalogne. Quand vont-ils comprendre que cela ne règlera rien du tout. La monarchie est une institution anachronique. Et si elle ne fait pas partie de la solution elle fait partie du problème. Nous tous qui voulons une solution responsable et négociée ne sommes pas représentés par les mots et l’attitude de l’actuel chef de l’Etat. Et aujourd’hui, avec plus d’arguments que jamais nous disons  Vive la République ».

(article réalisé grâce à la traduction de José Cordon et à sa note pour le PCF sur la situation en Catalogne)

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:36
En France, face aux violences contre les électeurs du référendum catalan, l'Elysée et la droite soutiennent Rajoy, la gauche est plus divisée (2 octobre, Médiapart)
En France, l'Elysée et la droite soutiennent Rajoy, la gauche est plus divisée
 PAR 

La droite comme le gouvernement ont redit lundi leur soutien au président du gouvernement espagnol dans son bras de fer contre les indépendantistes catalans, en dépit des violences policières observées dimanche. À gauche, le vieux fond jacobin pèse lui aussi.

Silence radio ou presque au plus haut sommet de l’État. Le fil Twitter de l’Élysée n’a rien publié depuis le 29 septembre, celui d’Emmanuel Macron, quant à lui, a condamné « l’acte barbare » commis dimanche à Marseille, ou retweeté la solidarité exprimée par la ministre des sports, Laura Flessel, aux victimes de l’effondrement d’une barrière au stade d’Amiens samedi. Mais le référendum en Catalogne – le “oui” l'a très largement emporté à 90 % avec une participation de 42,38 % – et, surtout, les violences policières qui se sont ensuivies ne semblent absolument pas concerner la présidence française. « Je n’ai aucun conseil à donner à Mariano Rajoy », le chef de l’État espagnol, a simplement dit Macron vendredi soir. Le président français s’est entretenu lundi avec le président du gouvernement espagnol, l’assurant de son « attachement à l'unité constitutionnelle de l'Espagne ». Le 7 septembre dernier pourtant, à Athènes, Emmanuel Macron estimait tenir « un discours de vérité, un discours sans ambages : en Europe aujourd’hui, la souveraineté, la démocratie et la confiance sont en danger » et n’hésitait pas : « Nous devons avoir l'autre courage de retrouver la voie de la démocratie. »

Le Quai d’Orsay a réagi en début d’après-midi lundi : « Nous avons pleinement confiance dans la capacité de la démocratie espagnole à conduire un dialogue politique apaisé, dans le cadre de la légalité constitutionnelle », a déclaré son porte-parole. Une position qui ne varie guère de celle exprimée le 21 septembre dernier, quand le porte-parole avait indiqué qu’« à l'heure où l'esprit d'unité et de solidarité doit plus que jamais nous guider dans la relance du projet européen, les autorités françaises rappellent leur attachement à une Espagne forte et unie ». Les fils Twitter des conseillers à l’Élysée ou à Matignon sont restés tout aussi silencieux dimanche. Au gouvernement, seul Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a été interrogé dimanche au Grand Jury de RTL. « Je crois à titre personnel à l’Europe des nations, pas des régions », a déclaré le ministre, seul membre du gouvernement à avoir réagi dimanche.

Les députés LREM ne sont guère plus bavards. Le président de l’Assemblée, François de Rugy, a estimé qu’il « ne faut pas chercher qui a tort ou qui a raison, il faut trouver une solution. Il faut négocier ». Sa collègue Albane Gaillot, députée de la 11ecirconscription du Val-de-Marne, a tweeté que « rien ne peut justifier l'utilisation d'une telle violence » quand son collègue de la 4e circonscription du Morbihan Paul Molac a juste relevé les « files d'attente en Catalogne pour pouvoir voter. Le peuple catalan se prononce de manière pacifique et démocratique ».

Chez Les Républicains, les voix sont rares à se faire entendre. Dominique Bussereau, ancien ministre des transports, est rigoureusement contre l’indépendance, une idée« stupide et indécente ». Philippe Bas, président de la commission des lois au Sénat, est lui aussi « profondément hostile au référendum », synonyme de « fin des grandes nations européennes », de « mort de l’Europe puissance » et de « déclin »

François Bayrou, président du Modem, est le plus modéré à droite. Sur Europe 1, il a estimé qu’il fallait « trouver une démarche pour que la reconnaissance d’identité ne mène pas à la division et l’affrontement »

À gauche, les lignes de partage sont mouvantes. Le PS dénonce les violences policières et appelle à une solution négociée sans soutenir l’indépendantisme catalan. Le Parti de gauche et La France insoumise restent sur une ligne jacobine : s’ils estiment que les violences sont inacceptables, ils rappellent leur attachement à l’État-nation, et sont donc, en creux, contre l’indépendance catalane. Seuls les Verts, le PCF et le NPA se prononcent franchement pour le droit à l’autodétermination. « Les images venues de Catalogne sont sans ambiguïté : ce dimanche 1er octobre est un jour noir pour la démocratie dans l’État espagnol », déclare le NPA dans un communiqué. Avant d’ajouter : « Le NPA condamne fermement la répression policière et le silence complice des autorités françaises, réaffirme son soutien aux droits démocratiques du peuple de Catalogne, et participera aux initiatives allant en ce sens. »

Les Jeunes Écologistes, dans un communiqué, jugent « intolérable que dans un pays se voulant démocratique, le souhait des citoyen-nes d’exprimer leur opinion par la voix des urnes, seule voie légitime, ne soit pas respecté ». « La Catalogne est, depuis plusieurs décennies, le lieu de questionnement sur son éventuelle indépendance portée par divers mouvements politiques. Les Jeunes Écologistes regrettent que le débat de fond sur l’autonomie de la région soit confisqué par le gouvernement espagnol », ajoutent les Jeunes Écologistes. 

Le PCF, par la voix de Pierre Laurent, son secrétaire général, appelle à une « solution politique démocratique » mais soutient pleinement « les efforts et initiatives de la gauche espagnole et catalane, qui, dans sa diversité, vient de publier un “Manifeste pour la liberté, la fraternité et la coexistence” appelant à sortir de cette crise dans le respect du droit des peuples à s’exprimer librement »

Le Parti socialiste parle pour sa part de « scènes de violence inacceptables » dimanche, et a appelé à « leur arrêt immédiat ». En forme de « ni-ni », le secrétaire national à la mondialisation, Maurice Braud, estime que « le nationalisme du gouvernement catalan ne peut continuer d’avancer à marche forcée vers son autodétermination et le gouvernement central madrilène du Parti populaire au pouvoir ne peut persister durablement sur une ligne d’intransigeance totale ». Le PS appelle finalement à une« solution négociée »

La France insoumise est sur une ligne de crête. Jean-Luc Mélenchon a toujours affirmé qu’il voyait les mouvements indépendantistes comme des menaces pour l’État-nation. En septembre 2016, lors d’un entretien à Mediapart, il avait de nouveau déclaré à propos de l’Irlande ou de l’Écosse qu’il fallait faire « attention à la boîte de Pandore qu’on ouvre ! ». Et l’alors candidat à la présidentielle ajoutait : « Car ensuite viendront tout aussi légitimement la Catalogne, la Flandre belge… En Europe, certaines nations sont des constructions récentes. Les royaumes sont par nature hétéroclites. Et les eurolâtres sont très friands de la mise en cause des États-nations. Après la destruction des acquis sociaux, la pente vers la destruction de la souveraineté nationale des peuples est déjà bien prise. Est-on prêt à voir bouleverser toutes les frontières en Europe ? » 

Bis repetita dimanche. Dans un billet de blog, Jean-Luc Mélenchon explique que la« question » des frontières « implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs ». Et le député de Marseille de rappeler le précédent yougoslave : « L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. »

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:19
Catalogne: les franquistes toujours là (José Fort, L'Humanité - 1er octobre 2017)
Catalogne, les franquistes toujours là
JOSÉ FORT
DIMANCHE, 1 OCTOBRE, 2017
L'HUMANITE
La police espagnole intervient violemment en ce moment à Barcelone et dans toute la Catalogne. L’Union européenne si prompte à donner des leçons de «  démocratie » particulièrement dans le Sud des Amériques observe un total silence.
Chacun y va de son commentaire «  pro » ou «  contre » souvent en se cantonnant dans le superficiel. Or, il est impossible de comprendre les événements en Catalogne si on ne fait pas un retour en arrière dans l’Histoire contemporaine de l’Espagne. Avec en toile de fond la dite «  guerre civile » qui fut, faut-il le rappeler, un soulèvement militaire soutenu par Hitler et Mussolini contre un gouvernement légalement élu, abandonné par les «  démocraties » de France et d’ailleurs. Ce gouvernement républicain présentait une tare indélébile : il s’attaquait aux intérêts des classes privilégiés et s’intéressait aux particularités régionales.
 
Une «  guerre civile », un Etat dictatorial pendant quarante ans puis une «  transition » dite «  démocratique » menée par les rejetons du franquisme avec les gauches, essentiellement le parti socialiste et le parti communiste qui misaient sur la fin de la clandestinité et le retour à une vie «  normale ». Rien d’indigne à un tel dénouement lorsqu’on a vécu si longtemps sous un régime fasciste avec comme seule perspective la prison ou le peloton d’exécution. Sauf que.
 
Sauf que des années après, deux constatations s’imposent : 
1/ Le rapport des forces à l’époque était tel qu’il était impossible que cette transition accouche d’une véritable démocratie, encore moins d’une République. 
2/  Les aspirations longtemps réprimées à la culture et à l’identité nationale avec l’irruption de nations dites «  périphériques » comme la Catalogne, le Pays basque ou encore la Galice étaient passées à la trappe. 
 
La répression n’a jamais pu contenir les cultures et les identités nationales. L’universitaire  Vincenç Navarro illustre bien cette réalité en racontant sa propre histoire : « J’avais dix ans et dans une rue de Barcelone je demande en catalan ma route à un policier.  Celui me crie dessus en ces termes : « Ne parles pas comme un chien, parle comme un chrétien. »
Il existe en Catalogne un nationalisme d’exclusion dont la bourgeoisie a fait ses choux gras. C’est ainsi que l’ancien président de la généralitat catalane, Jordi Pujol osait déclarer à propos de ces milliers de travailleurs immigrés « de l’intérieur » venus enrichir le patronat local : «  les immigrés murciens et andalous  ont des capacités intellectuelles inférieures aux catalans. »
J’ai retrouvé les notes de la dernière interview  que m’avait accordée une légendaire figure antifranquiste peu de temps avant sa mort, le dirigeant du PSUC, l’antenne catalane du parti communiste d’Espagne, Grégorio Lopez Raimundo. Il me disait : «  Les luttes sociales et la récupération de notre identité catalane sont indissociables. Nous ne somme pas indépendantistes, nous sommes favorables à l’autodétermination et à la construction d’un Etats pluri national respectant les identités et les particularités de chacun dans le cadre d’une coopération entre toutes les régions d’une Espagne démocratique et de progrès. Bref, un Etat fédéral. »
 
Dans le même temps, nous assistons
à un retour en force de l’extrême droite.  Mon copain Jean Ortiz rapporte que « des partisans d’une Espagne réactionnaire, excluante, repliée sur elle-même, marquent des points, notamment dans le reste de l’Espagne où le gouvernement fait régner un climat anti-catalan hystérique. L’extrême-droite instrumentalise les courants identitaires : on entend reparler de « l’anti-Espagne », de « l’unité menacée », de « l’Espagne Une », d’ « ennemis de la patrie », de « sédition », de « séparatistes »... Les fondations anti-communistes, particulièrement celles liées à l’ancien président Aznar (très active au Venezuela), jouent les pyromanes, cherchent l’affrontement. » Le jeune leader d’Izquierda Unida, Alberto Garzón, s’est exclamé : « ils ne tolèrent pas la démocratie ». Telle est la vérité.
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:12
Catalogne: l'Etat de droit doit être respecté, Rajoy est la honte de l'Europe (Pierre Laurent, PCF)

Catalogne : l’Etat de droit doit être respecté, Rajoy est la honte de l’Europe ( Pierre Laurent)

 

Les nouvelles qui m’arrivent de minute en minute de Catalogne sont extrêmement préoccupantes. Le déploiement policier et l’usage de dispositifs anti-émeutes contre les citoyens de Catalogne sont indignes d’une démocratie. Le gouvernement conservateur de l’Etat espagnol ferme toute possibilité de solution démocratique et pacifique. Il ne fait qu’approfondir la crise structurelle de l’Etat espagnol et des institutions issues de la « Transition démocratique ». Rajoy est la honte de l’Europe. De nombreux secteurs de la gauche espagnole et catalane exigent sa démission. Je me fais le relai de cette exigence. 

Une grave crise démocratique se déroule aux portes de la France. J’appelle publiquement Emmanuel Macron et les ministres concernés, Jean-Yves Le Drian et Nathalie Loiseau, à cesser leur soutien à Rajoy sur cette question et à condamner la politique de répression menée par le gouvernement espagnol. 

Il est plus que jamais nécessaire de restaurer l’Etat de droit en Catalogne. La seule solution pour sortir de la crise avant que la situation ne dégénère plus gravement encore est de permettre la libre expression des citoyens catalans et des peuples d’Espagne, et de mettre en place les conditions d’une solution politique démocratique. Les libertés publiques fondamentales, aujourd’hui bafouées par Rajoy, doivent être respectées. Je soutiens les efforts et initiatives de la gauche espagnole et catalane, qui, dans sa diversité, vient de publier un « Manifeste pour la liberté, la fraternité et la coexistence » appelant à sortir de cette crise dans le respect du droit des peuples à s’exprimer librement. 

 

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 14:42

Communiqué de la Coordination Fédérale d'Izquierda Unida.
23/09/2017 - Source : Izquierda Unida

Au vu de l'appel au référendum du 1er Octobre pour l'indépendance de la Catalogne et face à la réaction répressive et autoritaire du Gouvernement espagnol, voici la position adoptée avec une large majorité par la Coordination Fédérale d'Izquierda Unida, le 23 septembre dernier (78% avec 50 voix "pour") :

1. Il existe en Catalogne un conflit politique de caractère historique qui nécessite une solution politique que l'on ne peut trouver qu'à travers la négociation et le dialogue. Parmi les mécanismes démocratiques disponibles, l'organisation d'un référendum qui permette à la société catalane de décider sur son futur devrait être envisagée, car 80% de la société catalane a manifesté sa volonté d'exercer son droit à décider et cela ne peut pas être ignoré.

2. Le Gouvernement d'Espagne n'aborde pas ce problème politique avec une attitude démocratique. Il utilise au contraire la répression et l'autoritarisme. L'attaque contre les droits fondamentaux perpétrée par le Gouvernement d'Espagne est très grave, elle affecte l'ensemble des citoyens de l'Etat et pas seulement une partie de la population catalane. L'attitude du Gouvernement d'Espagne est anti-démocratique, irresponsable et réactionnaire.

3. L'appel au référendum du 1er octobre par le Govern de la Généralitat de Catalogne ne résout pas le problème car il ne réunit pas les garanties politiques suffisantes et ne s'adresse pas à toute une partie de la société catalane. La feuille de route du Govern qui révèle également un manque de contenus en matière de revendications sociales et de régénération démocratique, liée à l'action répressive de l'Etat, empêcheront que ce processus jouisse des garanties nécessaires. Dans ce cadre, nous ne pouvons accepter que le résultat de ce processus ait des effets sur le statut de la Catalogne.

4. L'action répressive du Gouvernement a été soutenue par le bloc réactionnaire formé par le PP (Parti Populaire) et le CS (Ciudadanos). Pourtant, elle n'a pas le soutien du Congrès. Face à ce bloc réactionnaire, nous saluons la célébration de l'assemblée des parlementaires démocratiques de tout l'Etat, qui exige une solution politique et dénonce la répression du Gouvernement en tant que recul gravissime des libertés.

5. Nous affirmons que la meilleure solution au conflit est un processus constituant qui aboutisse à une République Fédérale. Cet horizon constituant est nécessaire car notre pays est plurinational et que la Constitution de 1978 est périmée, conséquence de l'offensive néolibérale de ces dernières années. Nous avons besoin d'un nouveau modèle de vie en commun qui garantisse les droits humains, ce qui est impossible dans le cadre actuel. Le cadre que nous défendons est celui de la République Fédérale, qui est liée nécessairement à la reconnaissance du droit à l'autodétermination des peuples, et à la conquête et la consolidation des droits sociaux pour les classes populaires.

6. Nous comprenons que, vu les circonstances, le 1er Octobre est actuellement une mobilisation qui peut servir à l'exigence du droit à décider et à la protestation face aux actions irresponsables du Gouvernement. Il y aura probablement diverses manifestations d'ampleur dans toute la Catalogne, et sans doute dans d'autres parties de l'Etat, contre la répression du Gouvernement et du bloc réactionnaire : Nous appelons nos militant-e-s à y participer en défense des droits et des libertés.

7. Nous continuerons à travailler avec EUiA (Gauche Unie et Alternative, en Catalogne) sur les solutions à ce conflit politique. A Izquierda Unida, nous considérons que l'appel à un référendum effectif, qui puisse faciliter la participation massive de la société catalane, avec une expression possible des différentes options, et qui implique un débat sérieux et profond sur le modèle d'Etat, est la meilleure solution pour l'exercice du droit à décider. En tant que force fédéraliste, nous reconnaissons le droit à l'autodétermination des peuples, et donc aussi celui du peuple catalan. Nous revendiquons la célébration d'un référendum et nous nous engageons à travailler pour qu'il ait lieu.

Référendum en Catalogne: communiqué d'Izquierda Unida avant les répressions du 1er octobre
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25 septembre 2017 1 25 /09 /septembre /2017 14:58
Fièvre néolibérale et peste brune en Allemagne des résultats alarmants (PCF)

Fièvre néolibérale et peste brune en Allemagne : des résultats alarmants (PCF - Parti Communiste Français)

Les résultats des élections législatives en #Allemagne sont très alarmants.
D'abord le choc avec l'effroyable résultat du parti raciste et ultralibéral
 AfD. Pour la première fois depuis la fin du nazisme, et malgré un travail de mémoire en Allemagne inégalé en Europe, la campagne a été dominée par un débat nauséabond sur la question des réfugiés et l'extrême droite fait une percée électorale à 12,6 %, lui permettant d'entrer au Bundestag avec 94 députés. L’Europe est réellement entrée dans une ère pleine de dangers pour la paix et les droits humains.
Ensuite parce que la caractéristique principale de cette élection est - malgré un reflux de la CDU d'Angela Merkel (33%) - une poussée à droite, très à droite même, avec un retour des néolibéraux du FDP (10,4 %). Le SPD (20%) hésitant pendant la campagne sur son orientation à gauche, enregistre le plus faible résultat de son histoire. Il annonce cependant ne pas souhaiter participer à une nouvelle « grande coalition ». Les verts (8,9%) vont-ils permettre à la droite de gouverner dans un scénario à la jamaïcaine ? Ce ne serait pas servir l'écologie et l'hospitalité qu'ils prônent envers les réfugiés !
La future coalition gouvernementale sera forcément dominée par la droite austéritaire convaincue des « bienfaits » de l'orthodoxie économique et budgétaire en Europe. Emmanuel Macron ne s'y est pas trompé et a immédiatement confirmé sa convergence avec ces choix d'accumulation pour la finance et de sous-développement social et écologique pour les peuples.
Le PCF salue le résultat de ses alliés de DIE LINKE qui stabilisent leur influence nationale et seront comme ils l'affirment, la première force d'opposition sociale dans le Bundestag. 

Pierre Laurent profitera de la réunion du Parti de la Gauche Européenne à Berlin vendredi 29 et samedi 30 septembre pour faire le point avec les alliés des communistes français.

Parti communiste français,
Paris, le 25 septembre 2017.

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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 06:17
Catalogne: rien ne justifie un tel usage de la force (PCF)
Catalogne : rien ne justifie un tel usage de la force
MERCREDI, 20 SEPTEMBRE, 2017
L'HUMANITE

Communiqué du PCF.

Les informations qui remontent depuis plusieurs semaines sur les agissements de l’État espagnol en Catalogne sont très alarmantes.

Après les menaces contre les élus, les journalistes, les imprimeurs, les saisies de matériel et la présence pesante de la Guardia civil dans la vie quotidienne des catalans, les arrestations et perquisitions de ce matin à la Generalitat sont une étape franchie dans la violence.

Quelle que soit notre opinion sur l'indépendance ou sur la consultation organisée le 1er octobre, rien ne justifie un tel usage de la force. Cela ne règle en rien la question de l'autodétermination des Catalans ni du modèle institutionnel à développer en Espagne. Cela pourrait même conduire à des ruptures dangereuses pour la paix et la sécurité des populations.

Le PCF appelle le gouvernement Rajoy à la raison. Des négociations doivent débuter en vue d'un nouveau processus garantissant aux Catalans – comme aux autres nationalités historiques - un débat sérieux et pluraliste, ainsi que les conditions d'une réelle expression démocratique. Un travail de fond doit s'engager pour une révision constitutionnelle permettant le dépassement des blocages actuels. Nous soutenons, avec nos alliés espagnols, l'idée d'une République fédérale dans un État plurinational.

Catalogne: rien ne justifie un tel usage de la force (PCF)
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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 05:54
Au lendemain du "coup d'Etat", Barcelone reste mobilisée ( Irène Casado et la rédaction de Médiapart, 20 septembre 2017)
Au lendemain du «coup d'Etat», Barcelone reste mobilisée
 PAR  ET 

La police espagnole a déclenché mercredi une vaste opération destinée à empêcher la tenue du référendum sur l’indépendance de la Catalogne, prévu par les autorités locales le 1er octobre mais interdit par la justice constitutionnelle espagnole. Quatorze responsables catalans ont été arrêtés.

Avec Irène Casado, envoyée spéciale à Barcelone.- « Liberté ! Démocratie ! », « Nous allons voter » ou « La rue est toujours à nous ! ». La mobilisation se poursuit ce jeudi à Barcelone, après la vaste opération policière de la veille destinée à empêcher la tenue du référendum sur l’indépendance de la Catalogne. Des membres de l’Assemblée nationale catalane ont appelé à une « mobilisation permanente » pour défendre le droit à l’autodétermination. Des milliers de personnes se sont rassemblées devant le Tribunal supérieur de justice de Catalogne, réclamant la libération des onze personnes arrêtées, et toujours en garde à vue jeudi soir, à cause de leur rôle dans l’organisation du référendum prévu le 1er octobre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nombreux Catalans étaient déjà descendus dans la rue.

La « collision de trains », selon l’expression consacrée de la presse espagnole, s’est produite ce mercredi. Elle menaçait depuis l’adoption, le 6 septembre, par le Parlament, le Parlement catalan, de la loi organisant un référendum pour l’indépendance de la Catalogne, le 1er octobre, que Madrid est déterminé à empêcher. Mardi 12 septembre, la Cour constitutionnelle espagnole, saisie par le gouvernement de Mariano Rajoy, avait jugé la loi contraire à la Constitution de 1978. Et ce mercredi, la garde civile a mis le feu aux poudres en arrêtant quatorze hauts responsables de l'exécutif de la région de Catalogne, qui rassemble des conservateurs, des sociaux-démocrates et des figures de la société civile, et en procédant à 22 perquisitions, notamment dans les ministères régionaux de l'économie, de l'intérieur et des affaires étrangères, ainsi qu'aux sièges du Trésor et du Centre des télécommunications et des technologies de l'information. Près de 10 millions de bulletins de vote ont également été saisis.

« L'État espagnol a de facto suspendu l'autonomie en Catalogne et créé l'état d'urgence », a réagi le président de l'exécutif régional, Carles Puigdemont, à l'issue d'une réunion spécialement convoquée au palais de la Généralité, entouré de membres de son gouvernement. Auparavant, le chef de l'exécutif avait appelé les Catalans à défendre la démocratie face à un « régime répressif et intimidant » en participant en masse au référendum du 1er octobre. « Nous avons tous l'obligation de respecter la loi », avait auparavant déclaré à Madrid le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, lors d'une séance parlementaire houleuse lors de laquelle un groupe d'élus catalans a quitté l'hémicycle pour protester. Dans la soirée, le chef du gouvernement espagnol a de nouveau invité les dirigeants catalans à renoncer au scrutin : « N'allez pas plus loin. Revenez à la loi et à la démocratie. Ce référendum est une chimère », a-t-il dit lors d'une allocution télévisée.

La réaction des Barcelonais ne s’est pas fait attendre : par milliers, ils se sont rassemblés pour manifester contre le comportement « antidémocratique » et « totalitaire » du pouvoir central, selon les mots de Carles Puigdemont, après l'arrestation de Josep María Jové, adjoint d'Oriol Junqueras, vice-président et conseiller à l'économie et aux finances de la Généralité de Catalogne. « Face au tournant autoritaire de l'État, Barcelone soutient les institutions catalanes et défend l'autonomie catalane. Si Rajoy persiste dans cette stratégie répressive, il trouvera des voix diverses et pro-catalanes plus unies que jamais pour défendre les droits et la liberté. Nous accueillons et célébrons les manifestations à Barcelone, en Catalogne et dans toute l'Espagne. Continuons à manifester, toujours pacifiquement », a réagi la maire de la ville, Ada Colau, dans une série de tweets rédigés en catalan, en espagnol et en anglais. Elle a ensuite remercié les manifestants dans quarante villes espagnoles : « Si le PP [parti populaire de Rajoy – ndlr] restreint les droits et libertés de quelques uns, il restreint la démocratie de tous. »

Comme beaucoup d’autres figures de la gauche, le leader de Podemos, Pablo Iglesias, avait regretté que la consultation du 1er octobre manque de garanties juridiques suffisantes – par exemple pour la protection juridique des fonctionnaires qui devront l’organiser, précisément ceux qui ont été arrêtés ce mercredi : Iglesias évoque aujourd'hui « des prisonniers politiques ». Le mouvement anti-austérité défend le droit des Catalans « à décider » – c’est-à-dire la tenue d’un référendum –, mais aussi l’idée d’un référendum validé par Madrid, sur le modèle du référendum écossais, validé par le Royaume-Uni à l’époque. Le mouvement a appelé à une mobilisation pour les libertés démocratiques, à 19 h 30, Puerta del Sol…

Depuis son entrée en fonctions fin 2011, Mariano Rajoy, le chef de la droite espagnole, est l’un des premiers responsables du pourrissement de la situation entre Madrid et Barcelone. Il n’a jamais cherché à rouvrir la voie des négociations, préférant se draper dans une position de garant de l’unité espagnole, pour consolider son statut d’homme fort à Madrid (lire notre analyse). Il bénéficie du soutien, contre la tenue du référendum, des libéraux de Ciudadanos, et dans une moindre mesure des socialistes du PSOE, qui continuent d'appeler à des négociations pour une sortie politique de la crise (à l'inverse de la bataille strictement judiciaire engagée par Rajoy). 

 

De son côté, à Barcelone, l’exécutif régional a continué, inflexible, à dérouler sa feuille de route. Il s'estime légitime, après les régionales de septembre 2015, qui ont donné une majorité au sein du Parlament, aux formations indépendantistes (en nombre de sièges, mais pas en nombre de voix). Le 28 août dernier, le gouvernement de Puigdemont a présenté une loi « sur la période de transition » : une mini-Constitution de 89 articles, qui entrerait en vigueur à partir du 2 octobre, si le « oui » l’emportait la veille, le temps de faire élire une véritable Constituante pour fonder la République catalane. Avant de faire adopter, le 6 septembre, la loi proprement dite sur le référendum, interdite le 12. Madrid avait alors déposé quatre recours devant le Tribunal constitutionnel, l’institution chargée de faire respecter la Constitution espagnole.

Dimanche 17, la garde civile avait saisi près de Barcelone 1,3 million de tracts, dépliants et affiches en vue du référendum dans une entreprise de distribution de publicités d'une commune de la province de Barcelone, « empaquetés sur des palettes, prêts à être distribués », selon un communiqué du ministère. Parmi ces documents se trouvaient quelque 700 000 tracts en faveur du oui au référendum et environ 370 000 dépliants avec le logo du gouvernement catalan promouvant la participation au référendum. Environ 138 000 affiches de la Candidature d’unité populaire, autre force politique de gauche de premier plan, avaient également été saisies. Selon le ministère de l'intérieur, la saisie de matériel faisant la promotion du oui en même temps que des documents officiels du gouvernement catalan a démontré « l'unité d'action » entre le gouvernement régional et la campagne du oui.

La veille, samedi 16, la garde civile avait perquisitionné, à la demande d'un juge de Tarragone, les locaux du quotidien de la ville de Valls, El Vallenc. Les gardes civiles recherchaient du matériel imprimé en rapport avec le vote prévu le 1er octobre, notamment des bulletins de vote. L'opération a duré cinq heures et les policiers sont apparemment rentrés bredouilles, emportant cependant des documents de l'entreprise. 

 

Cette opération a provoqué beaucoup de réactions indignées dans les milieux indépendantistes. Le vice-président de la Généralité, Oriol Junqueras, a évoqué une attaque contre la liberté d'expression. Immédiatement après l'arrivée de la garde civile, une manifestation s’était tenue durant l'opération, devant les locaux d'El Vallenc.

Interrogé le 29 août par Mediapart, Raül Romeva, « ministre des affaires étrangères » de Catalogne, s'était dit convaincu que le scrutin du 1er octobre aurait bien lieu. Cet ancien eurodéputé, né en 1971, issu du parti écologiste ICV, a fait de l’indépendance de la Catalogne sa priorité. « Si quelqu’un pense qu’il n’y aura pas de référendum, il faut qu’il nous dise comment il compte s’y prendre pour empêcher sa tenue », avait-il martelé. « Nous demandons que tout le monde puisse s’exprimer et que l’on respecte la liberté des gens. De ce point de vue, il faut se demander pourquoi nous en sommes arrivés là. C’est cette question que je voudrais que certains acteurs se posent. Il y a beaucoup de réactions négatives contre le fait de voter, mais je vois peu d’interrogations sur la raison pour laquelle des gens comme nous en sont arrivés à un point où ils veulent décider de leur avenir. C’est pourtant là que se situe l’enjeu. »

En 2014, lors d'une précédente consultation, le « oui » l’avait emporté largement, mais les opposants à l’indépendance avaient boycotté ce scrutin. À l'époque, Rajoy – déjà en poste à Madrid – avait opté pour une stratégie différente : il avait ignoré les résultats du scrutin, mais n'était pas intervenu en amont, pendant la campagne. Cette fois, il s'est trouvé contraint de durcir un peu plus le ton, dès l'approche de la consultation. La stratégie du tout-judiciaire du parti conservateur espagnol, le PP, est extrêmement hasardeuse, et pourrait s'avérer lourde de conséquences pour la suite – c'est-à-dire après le 1er octobre, qu'il y ait, ou non, un référendum. Tout simplement parce qu'elle risque de doper encore un peu plus le camp des indépendantistes, qui ne cesse de croître depuis 2010.

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Mondialement connu, le club de football du FC Barcelone (dont le capitaine puis entraîneur historique Pep Guardiola est un fervent indépendantiste) a affiché son soutien au référendum dans un communiqué : « Après les faits survenus ces derniers jours, et en particulier aujourd'hui, en lien avec la situation politique de la Catalogne, le FC Barcelone, fidèle à son engagement historique en faveur de la défense du pays, de la démocratie, de la liberté d'expression et du droit à décider, condamne toute action susceptible d'empêcher le plein exercice de ces droits. » 

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