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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 06:33
Jérusalem, porte de Damas

Jérusalem, porte de Damas

Un coup de force et une alliance inédite entre USA, Israël et Arabie saoudite
 PAR 

La reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël est vécue comme une provocation en Europe et dans le monde arabe. Mais elle s’articule à un plan de paix que Washington tente d’imposer aux Palestiniens avec l’aide de l’Arabie saoudite et d’Israël.

L’annonce par Donald Trump de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël est une fusée à deux étages. Et il n'est pas exclu qu'elle explose en vol. Premier étage: «Il est temps de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël, a déclaré Donald Trump, mercredi. Nous reconnaissons l'évidence, la simple réalité. Jérusalem n'est pas seulement la ville des trois religions, elle est la capitale d'une des plus grandes démocraties au monde». Dans la foulée, le président américain a confirmé le déménagement rapide de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.

 

Cette reconnaissance affirmée par le président ne fait pas que rompre avec soixante-dix ans de politique américaine. Elle ne fait pas que provoquer un concert de protestions en Palestine d'abord, dans le monde arabe et chez les Européens ensuite, indignant le pape et bouleversant la donne à partir de laquelle tentait de se reconstruire péniblement un processus de paix à l'arrêt depuis des années. Dans la même déclaration, Donald Trump a nommé l'autre étage de la fusée: un accord de paix israélo-palestinien qu'il se dit«déterminé à obtenir», réaffirmant au passage la position américaine d'un solution «à deux Etats».

Cette annonce de Donald Trump sur Jérusalem est censée s'articuler avec ce « deuxième étage », celui de la construction sous égide américaine d'un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. C'est le fameux « Big deal », tant de fois évoqué par Trump qui rêve de réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. C'est aussi ce qu'a tenté de rappeler, mercredi lors d'une réunion de l'Otan à Bruxelles, Rex Tillerson, le secrétaire d'État américain. Pour répondre aux nombreuses critiques de ses partenaires européens, Tillerson a voulu assurer que la paix était toujours possible et que le « président est très déterminé » à obtenir un accord.

Mais comment envisager un accord après cette reconnaissance de Jérusalem qui est vécue comme une provocation par la plupart des acteurs impliqués de près ou de loin dans le conflit israélo-palestinien ?  Donald Trump, une fois de plus, n'en fait-il qu'à sa tête, détruisant au passage le travail de son administration et de ses émissaires ? Ou, au contraire, veut-il faire de Jérusalem le levier qui lui permettra d'imposer aux Palestiniens son « Big deal » ?

Depuis quelques mois, une configuration inédite se met en place au Moyen-Orient. Hier ennemis mortels, voilà que l’Arabie saoudite et Israël unissent aujourd’hui leur influence à celle des États-Unis pour convaincre – ou plutôt pour contraindre – les dirigeants palestiniens d’accepter un nouveau plan de paix. Quel est donc ce plan ?

Dans la soirée du 6 novembre, alors qu’il se trouvait au Caire où se poursuivaient les difficiles négociations de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, le président palestinien Mahmoud Abbas a été invité à se rendre à Riyad. Abbas s’est entretenu avec le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), dont l’ambition aventureuse et la poigne réformatrice – mais bien peu démocratique – sont en train de bouleverser les rapports de force dans la région.

Mahmoud Abbas n’a pas fait de compte-rendu public de ses conversations avec « MBS ». Mais en recoupant les confidences des cinq membres de sa délégation et les informations réunies ensuite par des diplomates, voici les grandes lignes du « plan de paix » avancé par le prince héritier et rejeté, après une discussion beaucoup plus longue que prévu, par Mahmoud Abbas. 

Que propose-t-il ? Un État palestinien composé de plusieurs fragments de la Cisjordanie, sans continuité territoriale, et une souveraineté limitée des Palestiniens sur leur propre territoire. La majorité des colonies actuelles de Cisjordanie restent en place, sous contrôle israélien. Jérusalem devient la capitale d’Israël mais pas celle de l’État palestinien éparpillé, qui pourrait être installée à Abou Dis, une agglomération de l’est de Jérusalem, mais isolée de la ville par le mur de séparation. Autre disposition du plan : aucun droit au retour, même symbolique, ne sera reconnu aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants.

Ce plan n’a plus rien à voir avec « l’Initiative de paix arabe » de mars 2002, présentée par l’Arabie saoudite, qui offrait une normalisation des relations entre Israël et ses voisins arabes en échange d’un retrait total d’Israël des territoires occupés en 1967. Il est même plus désavantageux pour les Palestiniens que toutes les propositions mises en discussion par Israël depuis deux décennies ! « Jamais les Américains n’étaient allés aussi loin, dans le déséquilibre en faveur d’Israël, dit un proche du président palestinien. Et l’extraordinaire est qu’ils avancent un tel plan avec l’aval et la collaboration active de l’Arabie saoudite. »

Ce projet d'accord a été préparé en secret depuis des mois par deux des plus proches conseillers de Donald Trump : son gendre Jared Kushner et son émissaire pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt. Les deux hommes sont personnellement impliqués dans la politique israélienne de colonisation et liés à la droite nationaliste israélienne. Un tel plan piétine les principales résolutions des Nations unies sur la question israélo-palestinienne. Il est clairement inacceptable pour Mahmoud Abbas.

Pour tenter d’assouplir la position de son interlocuteur, Mohammed ben Salmane a presque tout tenté, maniant la carotte et le bâton. D’abord en proposant de financer un soutien massif à l’économie de cette Palestine « indépendante ». Puis en menaçant de cesser toute aide financière à l’Autorité palestinienne, depuis longtemps sous perfusion internationale. Enfin, en laissant filtrer la rumeur selon laquelle Mohammed Dahlan, l’ennemi no 1 d’Abbas à qui il rêve de succéder, avait quitté son exil doré des Émirats arabes unis, où il vit depuis 2011, pour se rendre à Riyad en même temps que Mahmoud Abbas. Comme si le jeune prince saoudien voulait faire comprendre au vieux président palestinien que la relève est prête au cas où il se montrerait trop obstiné.

Devant le trouble d’une partie du monde arabe face à ces propositions qui paraissent dictées par Israël, Riyad a commencé à reculer en désordre, expliquant que le royaume que ce n’est pas son plan. C’est donc de Washington que sont venues les nouvelles pressions sur Abbas. Dans un premier temps, l’administration américaine annonce, le 18 novembre, qu’elle a décidé de ne pas renouveler l’autorisation, renouvelable tous les six mois, donnée à l’OLP dans les années 1980, d’avoir une représentation à Washington.

Officiellement, il s’agit de dissuader les Palestiniens de demander à la Cour pénale internationale (CPI) – que les États-Unis comme Israël ne reconnaissent pas – l’ouverture d’une enquête sur l’implication des responsables israéliens dans la colonisation, contraire au droit international. Au bout d’une semaine, après que les Palestiniens ont annoncé qu’ils suspendraient toutes leurs communications avec l’administration américaine, celle-ci fait volte-face et annonce que le bureau de l’OLP restera ouvert.

La deuxième tentative de pression diplomatique publique a eu lieu la semaine dernière, lorsque Donald Trump a annoncé qu’il envisageait, comme il l’avait promis pendant sa campagne électorale, de transférer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Ce transfert confirmé ce mercredi est maintenant présenté comme la conséquence logique de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Le destin de Jérusalem, qui constituait dans le plan de partage de 1947 un « corpus separatum » sous régime international spécial, à côté des États juif et arabe à venir, devait être débattu lors des négociations sur le statut permanent prévues par les accords d’Oslo et qui n’ont jamais eu lieu. La reconnaissance américaine de la ville comme capitale israélienne est une approbation de l’annexion unilatérale de la ville, proclamée officiellement en 1980, à l’initiative de Menahem Begin, « capitale réunifiée de l’État d’Israël ». En violation, toujours impunie, du droit international.

La peur de l’Iran, clé du rapprochement saoudo-israélien

Pourquoi cette soudaine alliance de fait entre l’Arabie saoudite et Israël pour un plan de paix américain? Pourquoi ces concessions sans précédent des États-Unis à Israël ? La clé est dans l’inédite convergence saoudo-israélo-américaine contre l’Iran. Pour le gouvernement israélien, l’Iran, on le sait, est un ennemi mortel, une « menace existentielle ». C’est ce que répétait le premier ministre israélien en invoquant le risque de production par Téhéran d’une bombe atomique.

La signature, en juillet 2015, entre Téhéran et les « 5 + 1 », de l’accord historique sur la démilitarisation du nucléaire iranien, n’a pas rassuré Netanyahou. Il n’a cessé de dénoncer la duplicité de l’Iran et la naïveté des autres signataires. Et cela, malgré le respect scrupuleux, jusqu’alors, par Téhéran des dispositions de contrôle imposées par l’accord. Il faut ajouter à cette panique nucléaire, réelle ou feinte, l’aide en argent et en armes fournie par Téhéran au Hamas, le soutien iranien direct au Hezbollah dont les nouveaux missiles pourraient, depuis le Sud-Liban, frapper Tel-Aviv, et surtout le rôle décisif joué en Syrie, aux côtés des Russes, par l’Iran et ses milices.

La décision iranienne d’aménager au moins deux bases militaires permanentes en Syrie, au sud de Damas, donc proches de la frontière nord d’Israël, est considérée par Tsahal comme une ligne rouge. L’une des deux au moins a déjà été frappée par les avions israéliens.

Netanyahou et ses conseillers ont cherché et trouvé un allié régional contre Téhéran : l'Arabie saoudite. Qu’importe s’il s’agit d’une monarchie absolue gouvernée par la charia, qui a financé l’expansion de l’islam intégriste depuis des décennies. Ou si c’est le pays qui a vu naître Oussama Ben Laden et 15 des 19 pirates de l’air kamikazes du 11 septembre 2001.

Il se trouve que cette aversion historique d’Israël pour l'Iran a rencontré, du côté saoudien, la prétention farouche de Mohammed ben Salmane de conserver au royaume wahhabite l’autorité régionale que Téhéran paraissait menacer. Avant même sa désignation comme prince héritier, en juin dernier, « MBS » avait montré sa volonté de contrer les ambitions régionales prêtées à l’Iran en prenant la tête, en mars 2015, comme ministre de la défense du royaume, d’une coalition arabe sunnite contre la rébellion houthiste du Yémen, inspirée par un mouvement religieux proche du chiisme, et accusée d’être soutenue par Téhéran.

C’est toujours avec pour objectif de faire barrage à l’influence iranienne que Riyad, suivi par une coalition d’alliés et d’obligés sunnites, a décidé en juin dernier de placer en quarantaine le Qatar, pourtant irréprochablement wahhabite, mais bien disposé à l’égard des Frères musulmans, et surtout accusé d’entretenir des relations trop proches avec son voisin iranien, partenaire de Doha dans l’exploitation d’un énorme gisement de gaz sous les eaux du golfe Arabo-Persique.

La volonté, de la part d’un prince wahhabite, de contenir l’influence du chiisme de la République islamique n’explique pourtant pas seule l’offensive diplomatique massive de Riyad contre Téhéran.

L’influence majeure de l’Iran en Irak, où la majorité chiite est au pouvoir depuis la chute du régime de Saddam Hussein, le rôle décisif des combattants iraniens et de leurs milices dans le rétablissement militaire de Bachar al-Assad, indiquent, aux yeux des Saoudiens, qu’une nouvelle donne stratégique régionale est en train de se mettre en place : un couloir chiite existe désormais, depuis Téhéran jusqu’au Liban, en passant par Bagdad et Damas, au cœur du monde sunnite. Et la signature par Téhéran de l’accord nucléaire international, qui semblait sceller le retour de l’Iran dans le concert des nations respectables, n’est pas jugée plus rassurante tant par les Saoudiens que par les Israéliens. Pour des raisons différentes.

À Riyad, on a surtout calculé que la levée des sanctions contre l’Iran allait permettre à la République islamique de récupérer près de 135 milliards d’euros d’avoirs bloqués à l’étranger. Un pactole qui pourrait, selon les dirigeants saoudiens, être affecté au soutien des milices chiites et au développement des capacités militaires de Bagdad. Ainsi s’explique largement l’ouverture diplomatique désormais publique de l’Arabie saoudite en direction d’Israël. Initiative symbolisée par l’interview, il y a trois semaines, du général Gadi Eizenkot, chef d’état-major de l’armée israélienne, au site d’information saoudien Elaph. Interview dans laquelle il a rappelé que les deux pays ne s’étaient« jamais combattus » et où il s’est déclaré prêt à partager des « informations » avec l’Arabie saoudite pour freiner l’influence iranienne dans la région.

De telles dispositions de part et d’autre ne pouvaient qu’enchanter la Maison Blanche. D’abord parce que les« administrations américaines, quelles qu’elles soient, n’ont jamais pu se débarrasser du traumatisme créé par l’interminable crise des otages retenus dans l’ambassade américaine de Téhéran de 1979 à 1981 », comme l’explique Philip Golub, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris. Voir les deux meilleurs alliés des États-Unis au Proche-Orient se rapprocher pour affronter à leur côté le « grand Satan » iranien est un changement de donne providentiel.

 

Jared Kushner a noué des relations amicales avec le jeune prince héritier saoudien, de quatre ans son cadet. Il entend faire progresser l’accord israélo-palestinien annoncé par son beau-père, et préparé par ses soins, sans nuire aux intérêts de ses interlocuteurs israéliens : pour cela, bénéficier de l’appui saoudien pour vaincre les résistances palestiniennes est une carte maîtresse. Mais le « risque Trump » demeure : l'initiative de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne peut détruire cette soudaine union Arabie saoudite-Israël et ressouder le monde arabe. Sauf à ce que le statut de Jérusalem ainsi bouleversé devienne un élément de négociations pour faire plier les Palestiniens. Réponse dans les prochaines semaines.

 

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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 06:20
Ville close de Jérusalem: maison du quartier arabe achetée dans une logique d'annexion par Ariel Sharon

Ville close de Jérusalem: maison du quartier arabe achetée dans une logique d'annexion par Ariel Sharon

Le président américain a humilié les Palestiniens en leur déniant tout droit sur la ville dont ils revendiquent la partie orientale occupée. Il remet en cause toute possibilité de paix et transforme un conflit politique en affrontement religieux.
Barbancey Pierre
Après la reconnaissance de Jérusalem capitale d’Israël, Trump et Netanyahu seuls face au monde entier
JEUDI, 7 DÉCEMBRE, 2017
HUMANITE

Le président américain a humilié les Palestiniens en leur déniant tout droit sur la ville dont ils revendiquent la partie orientale occupée. Il remet en cause toute possibilité de paix et transforme un conflit politique en affrontement religieux.

« Il est temps d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ». Donald Trump n’a pas tourné longtemps autour du pot lors de sa relative brève annonce, le 6 décembre. Aucune surprise puisque tout avait été fait depuis plusieurs jours pour habituer les esprits à cette décision qui suscite la controverse aux quatre coins du globe. Trump le savait, il l’a fait quand même. Il sait que le statut de Jérusalem n’est pas seulement délicat. Il est l’objet d’un statu quo depuis des décennies et tout évolution ne peut se faire qu’au travers des négociations impliquant et les Israéliens et les Palestiniens.

On remarquera également que Donald Trump qui, il y a quelques mois encore déclarait qu’il pouvait « aussi bien vivre avec la solution à deux Etats qu’à un seul Etat » s’est, de fait prononcé pour la création d’un Etat palestinien. C’est évidemment une tromperie. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël à ce moment précis ne doit rien au hasard. Elle intervient au moment où le chef des négociations américaines, son gendre, Jared Kushner, et son envoyé spécial au Proche-Orient, Jason Greenblatt, ont mis la dernière main à ce que la Maison-Blanche appelle « le plan ultime », censé régler une fois pour toute le conflit israélo-palestinien. Dans ce plan, Jérusalem est la capitale d’Israël, pas de l’Etat de Palestine, les colonies sont, pour l’essentielles maintenues et annexées à Israël, ce qui reste de la Cisjordanie sous contrôle palestinien ne possèdera aucune lien physique avec la Bande de Gaza. Alors, quand Trump affirme que « les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties » et qu’ils soutenaient une « solution à deux Etats », si les deux parties « se mettaient d’accord" sur cette question. On se doute bien que la pression sera mise sur les Palestiniens. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou - qui s’est évidemment félicité de la décision américaine (« Ceci est un jour historique. Jérusalem est la capitale du peuple juif depuis 3.000 ans, c'est la capitale d'Israël depuis presque 70 ans », a-t-il dit) - et qui a toujours refusé de discuter de Jérusalem dans le cadre de négociations, se sent maintenant légitimé dans son attitude.

Pour le président de l’Autorité palestinienne et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Mahmoud Abbas, l’annonce de Donald Trump « ne changera rien à la situation de la ville de Jérusalem, la capitale éternelle de l’Etat de Palestine ». Il a insisté, devant les caméras de la télévision palestinienne: « Par ces décisions déplorables, les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies ». Le président américain pouvait-il attendre une autre réaction. Pensait-il vraiment que les Palestiniens allaient le remercier?

Hormis Israël, personne ne se félicite de ce qui apparait comme une volonté délibérée de mettre les Palestiniens à genoux, d’humilier le monde arabe et plus encore le monde musulman. Car, ce faisant, le président américain transforme la lutte des peuples pour la reconnaissance de ses droits fondamentaux, notamment celui d’avoir un Etat, en une confrontation de caractère religieux, qui risque d’être des plus violentes. « Les Américains viennent d’annihiler le niveau politique du conflit, pour le remplacer par une guerre terrifiante entre le judaïsme et l’Islam. Tout ne sera plus évoqué qu’au travers ces deux termes », prévient l’ambassadeur de Palestine, Elias Sanbar, dans les colonnes de « l’Humanité ». Les Palestiniens sont appelés par leurs dirigeants à « Trois jours de colère ». Des manifestations ont déjà eu lieu à Gaza et à Istanbul, devant le consulat américain. Vendredi, jour de grande prière pour les musulmans il faut s’attendre à des incidents violents. Mais n’est-ce pas ce que recherchent les Etats-Unis et Israël? Car le plan machiavélique de Donald Trump ne s’arrête pas à Jérusalem. Ce n’est qu’une étape en vue d’un remodelage de l’ensemble du Moyen-Orient où de nouvelles alliances se noueraient entre d’une part de nombreux pays arabes, à commencer par l’Arabie saoudite et les pays du Golfe ainsi que l’Egypte et la Jordanie et Israël d’autre part. L’ennemi commun qui les rassemblerait: l’Iran.

Le calcul est dangereux pour la paix de la région et même celle du monde. En « confessionnalisant » le conflit israélo-palestinien, Trump et consorts vont renforcer les groupes islamistes dans le monde musulman et renforcer les orthodoxes juifs et l’extrême-droite (qui sont souvent les mêmes) en Israël où ils dominent déjà très largement le gouvernement. Quant aux dirigeants arabes, d’accord avec le « plan ultime » américain, ils pourraient très vite se trouver en porte-à-faux avec leurs propres peuples.

Donald Trump, tout à son mépris, a peut-être aussi sous-estimé ses alliés « naturels ». Que la Russie et la Chine soient opposées à sa décision, il n’en a sans doute pas cure, bien qu’il s’agisse là de deux membres permanents du Conseil de sécurité. Mais va-t-il prendre les dirigeants occidentaux pour des imbéciles qui tomberaient dans le panneau de sa dialectique simpliste voire de ses mensonges? Pas sûr. La réaction d’Emmanuel Macron - qui doit pourtant recevoir Netanyahu dimanche, à Paris - en témoigne. Depuis Alger, où il se trouvait en déplacement officiel, il a « regretté » la décision américaine « prise unilatéralement » et que « la France n’approuve pas, qui contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu ». Le président français peut en être d’autant plus contri qu’il l’avait déjà dit, sans succès, à son homologue américain. Il a néanmoins rappelé que Jérusalem est « une question de sécurité internationale qui concerne toute la communauté internationale ». Le statut de Jérusalem « devra être déterminé par les Israéliens et les Palestiniens dans le cadre de négociations sous l’égide des Nations unies ». Et il a insisté sur l’importance de la création de deux Etats, Israël et la Palestine, « vivant côte à côte, en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec comme capitale des deux Etats ». Comment privilégier dès lors le « dialogue » pour éviter les violences. Quelles initiatives?

C’est évidemment la question principale qui se pose puisque pratiquement tous les pays européens sont sur la même longueur d’onde. La situation, qui pourrait devenir explosive nécessite des décisions fortes et rapides pour contrecarrer ces funestes projets. A la demande de la Bolivie, l'Egypte, la France, l'Italie, le Sénégal, le Suède, le Royaume-Uni et l’Uruguay le Conseil de sécurité de l’Onu  se réunit ce vendredi. Le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une « négociation directe » entre Israéliens et Palestiniens, a insisté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres en rappelant avoir toujours été « contre toute mesure unilatérale ». Il a ajouté: « Il n'y a pas d'alternative à la solution de deux Etats » avec « Jérusalem comme capitale d'Israël et de la Palestine ».

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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 12:00
photo mission en Palestine - AFPS nord-Finistère (Morlaix et Brest) - avril 2015

photo mission en Palestine - AFPS nord-Finistère (Morlaix et Brest) - avril 2015

Jérusalem, un instrument du plan machiavélique de Trump
PIERRE BARBANCEY
MARDI, 5 DÉCEMBRE, 2017
L'HUMANITE

Proche-orient. Le président américain pourrait reconnaître la Ville sainte comme capitale d’Israël. Son but : mettre sur pied un nouvel environnement régional pour affronter l’Iran. À charge pour les Saoudiens de contraindre les Palestiniens à l’accepter.

En mai 2016, alors qu’il n’était encore que candidat à la présidence, Donald Trump annonçait lors de la conférence annuelle du Comité des affaires publiques américano-israéliennes (Aipac), organisation pro-israélienne, qu’en cas d’élection, il transférerait l’ambassade des États-Unis « dans la capitale éternelle du peuple juif, Jérusalem ». Ce qu’il pourrait faire maintenant. contrairement à ce qui est dit, cette décision en soi n’est pas nouvelle. En 1995, déjà, Bill Clinton avait signé une ordonnance déclarant : « Depuis 1950, Jérusalem est la capitale de l’État d’Israël. » Cette loi, pour être appliquée, nécessite le transfert de l’ambassade, qui se trouve, comme celles de pratiquement toutes les chancelleries du monde qui reconnaissent Israël, à Tel-Aviv. Tous les six mois, le président en place doit signer une clause dérogatoire. Depuis hier, Trump est censé signer ou transférer.

Le statut de la ville est l’un des plus contestés au monde

Cet acte, pour grave qu’il soit d’un point de vue symbolique, prend place en réalité dans une séquence géopolitique beaucoup plus large et ne touche pas seulement la symbolique de Jérusalem. Le statut de la ville est en effet l’un des plus contestés au monde. Israéliens et Palestiniens la désignent comme capitale (Israël occupant depuis 1967 et ayant annexé la partie orientale, l’Autorité palestinienne parlant plutôt de Jérusalem-Est). Elle est un lieu saint pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Tout changement de statut aura des répercussions dramatiques pour la région. « Rien ne justifie cette décision (…). Cela ne servira pas la paix et la stabilité, au contraire cela nourrira le fanatisme et la violence », a mis en garde le chef de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit dont on se demande quel est le pouvoir.

Devant un sujet aussi sensible, même un Donald Trump comprend qu’il faut agir avec intelligence et finesse car il s’agit d’un des éléments du nouveau plan américain pour la résolution de ce qu’on appelle le « conflit israélo-palestinien ». Non pas pour le résoudre en soi, mais pour ouvrir la voie au but ultime des États-Unis, mais aussi d’Israël et de nombres pays arabes, Arabie saoudite en tête : affronter l’Iran. Dimanche, son gendre et conseiller pour le Proche-Orient, Jared Kushner, expliquait lors d’un forum à Washington : « De nombreux pays au Moyen-Orient veulent la même chose : le progrès économique, la paix pour leurs peuples. Ils regardent les menaces régionales et je pense qu’ils voient qu’Israël, leur ennemi traditionnel, est en fait devenu un allié naturel pour eux à cause de l’Iran, à cause de l’“État islamique” (Daech) en Irak et au Levant. Beaucoup de gens veulent maintenant faire la jonction entre ces deux paramètres. » Les grandes lignes de ce plan américain n’ont pas été dévoilées mais ont fuité, comme il se doit. Un État serait octroyé aux Palestiniens sur une partie de la Cisjordanie et sur Gaza mais sans continuité territoriale entre les deux entités, une aide de 10 milliards de dollars serait allouée pour l’établissement de cet État. Quant aux discussions sur le statut de Jérusalem et du droit au retour des réfugiés, elles seraient renvoyées aux calendes grecques. Aux Américains le soin de discuter avec les Israéliens. D’où l’idée de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et une déclaration – encore – de Kushner pour rassurer leur partenaire : il compare la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens à « un problème immobilier » (Real Estate Issue).

De son côté, le tout-puissant prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS) – pour qui l’affrontement avec l’Iran prime sur le fait palestinien comme il l’a déjà laissé entendre –, a reçu le président palestinien, Mahmoud Abbas, pour lui présenter le plan de Trump. Le successeur d’Arafat aurait refusé. MBS aurait menacé Abbas de pressions pour le contraindre à démissionner et mettre un homme plus docile à sa place. Ce qui éclaire les manœuvres en cours depuis des mois, les pays du Golfe tentant d’imposer à la présidence de l’OLP comme de l’Autorité palestinienne, Mohammed Dahlan, proche des Émirats arabes unis, ancien homme fort du Fatah dans la bande de Gaza. Mahmoud Abbas a tenté, dimanche, de mobiliser la communauté internationale (qui n’a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël) pour peser sur la décision américaine. Sans grand effet pour l’heure.

Grand reporter
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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 10:05
Après 100 jours d'embastillement par Israël et son gouvernement de droite extrême: l'interview exclusif de Salah Hamouri pour l'Humanité (30 novembre 2017 - entretien avec Pierre Barbancey)

📢 L'interview de Salah Hamouri dans l'Humanité.

"Vous êtes les porte-voix de notre résistance en Europe et partout dans le monde. Soyez-en bien sûr, la prison ne sera jamais le lieu où l’occupant pourra enterrer nos rêves et notre espoir ! Chaque jour, nous sommes plus convaincus que la résistance est notre droit et notre devoir et qu’elle nous permettra d’arracher nos droits nationaux, d’obtenir notre liberté et notre indépendance."

 

Salah Hamouri. « Vous êtes notre espoir et les porte-voix de notre résistance »
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR PIERRE BARBANCEY
JEUDI, 30 NOVEMBRE, 2017
L'HUMANITÉ

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, est embastillé par Israël depuis 100 jours, en vertu d’un ordre de détention administrative.L’Humanité a pu lui faire parvenir des questions par l’intermédiaire de ses avocats.

Parvenez-vous à garder le moral ?

Salah Hamouri Cela fait longtemps qu’il ne m’a pas semblé aussi difficile de répondre à cette question. Me retrouver pour la quatrième fois incarcéré et cela après cinq ans et demi de liberté… cinq ans et demi pendant lesquels j’ai bâti ma vie d’adulte, et une famille dont je suis privé depuis janvier 2016 et encore plus aujourd’hui. J’ai entrepris un nouveau cursus universitaire et je suis devenu avocat trois jours avant mon arrestation. J’ai, malgré tout, un bon moral, il existe une grande solidarité entre les détenus. Je reçois de temps en temps, via mes avocats, des nouvelles du monde extérieur.

Ça a été particulièrement difficile pour moi de me trouver face à ces jeunes de 14-15 ans, emprisonnés comme moi, vêtus de l’uniforme marron glauque des prisons israéliennes, les pieds et les mains liés, conduits par les gardiens.

Lors d’un transfert à la prison de Ramleh, j’ai été très touché de voir que les prisonniers sont mis dans six cages qu’aucun être humain ne devrait jamais connaître. Dans une de ces cages, j’ai vite reconnu un prisonnier avec qui j’ai vécu cinq ans, il se nomme Walid Dakka. Il s’est approché de moi. Depuis notre dernière rencontre, ses cheveux ont blanchi, ses rides se sont multipliées, ses cernes traduisent une grande fatigue. Il a crié en me voyant  : « Le Français ! Qu’est-ce que tu fais là, pourquoi ils t’ont remis en prison ? » À ce moment, la carte de la Palestine s’est dessinée dans mon esprit, j’ai pensé à toutes les souffrances que subit mon peuple. Ces arrestations sont des moyens de pression que l’occupation utilise pour nous chasser de notre terre et également pour tenter de détruire nos vies personnelles et sociales. Toutes ces relations que nous bâtissons sont un moyen pour tenir debout face à l’occupant. Le but de cette occupation est clairement de vider la Palestine de ses habitants, et tout particulièrement à Jérusalem-Est.

Comment se passent vos conditions de détention ? Comment êtes-vous traité ?

Salah Hamouri Je suis dans la prison du Néguev, avec 2 400 autres prisonniers. Un grand nombre d’entre eux sont privés de liberté depuis plus de dix ans. Il y a plus de 300 détenus administratifs dans cette prison. Nous avons le droit de faire rentrer des vêtements et des livres 4 fois par an, ce qui n’est pas suffisant. Nous n’avons pas accès à la presse écrite arabe, nous n’avons qu’une chaîne télé d’information, les autres chaînes sont uniquement des divertissements en hébreu. L’administration de la prison met en place une politique « douce » de torture : la torture psychologique afin de briser les Palestiniens et les pousser à quitter la Palestine. Cette torture « douce » est beaucoup plus ravageuse que la torture physique. Nous avons certes assez de nourriture et le droit de sortir dans la cour quotidiennement, mais ce n’est pas de cela dont nous avons besoin. Nous avons besoin que cesse cette torture psychologique qui est utilisée pour tenter de nous briser et de nous convaincre que notre combat est vain. C’est pour cette raison qu’ils nous empêchent de recevoir assez de livres et d’avoir accès à l’information de la région. Le fait de n’avoir qu’une seule visite familiale de 45 minutes par mois est également un moyen de torture, d’autant plus que celle-ci s’effectue derrière une vitre. Nous n’avons pas le droit de prendre nos proches dans nos bras. Les familles de prisonniers souffrent aussi beaucoup de notre emprisonnement, d’abord, par notre absence, mais également parce que la prison est très éloignée dans le désert. Chaque visite est une véritable épreuve pour eux. Certains prisonniers sont même privés de visites.

Quels sont vos contacts avec le consulat de France ?

Salah Hamouri J’ai reçu la visite du consul et du vice-consul de Jérusalem quand j’étais détenu au centre d’interrogatoire Al Moskobieh, à Jérusalem. À chaque audience, un représentant du consulat a été présent et j’ai également reçu la visite du consul général de Tel-Aviv dans la prison du Néguev. Sa première demande de visite avait été refusée quelques jours avant. J’ai appris que les élus français qui souhaitaient me rencontrer ne l’ont pas pu. Lors de ma précédente incarcération, je recevais régulièrement des visites du consul ainsi que d’élus français. C’est scandaleux que la diplomatie française se fasse ainsi mépriser par l’occupant et ne tape pas du poing sur la table afin de permettre à l’un de ses citoyens emprisonnés de recevoir les visites d’élus, de recevoir son courrier et d’être bien évidemment libéré au plus vite.

Comment jugez-vous le silence des plus hautes autorités françaises ?

Salah Hamouri On a bien vu, lors de ma précédente incarcération, que le silence des autorités françaises ne peut être brisé que grâce à votre solidarité. Ce silence, qui pèse aujourd’hui, est sûrement dû au fait qu’une pression de la force occupante et de ses soutiens est mise sur l’État français qui amène notre président à ne pas parler de ma situation. Il faut que la France soit courageuse et qu’elle brise ce silence pour me défendre et se défendre elle-même contre toute subordination. Il est temps que la France soit de retour et soutienne les peuples sous occupation et sous la domination des forces impérialistes. La France doit me considérer comme n’importe quel autre citoyen français et faire respecter fermement mes droits d’autant plus que l’État israélien me prive de mes droits les plus élémentaires avec cette détention administrative. La France ne doit pas se soumettre aux pressions américaines, israéliennes, ni aux amis de Netanyahou. Elle doit prendre une position claire pour défendre les droits des Français partout dans le monde.

Est-ce que la campagne lancée en France est importante pour vous ?

Salah Hamouri Énormément ! Elle me touche mais elle touche également tous mes camarades. Nous vous envoyons nos sincères salutations et tous nos remerciements. Quand j’ai appris que, malgré la toute première décision du tribunal (libération conditionnelle), je n’allais pas être libéré mais placé en détention administrative, j’étais persuadé que le mouvement de solidarité avait déjà commencé en France. Je sais bien que ma libération en 2011 avait été obtenue grâce à la grande et belle mobilisation qui existait en France. Je suis emprisonné depuis 100 jours, je peux constater les effets de la campagne, et mes avocats me témoignent qu’elle a pris plus d’ampleur encore que la précédente ! Cette lutte que vous menez aujourd’hui en France est basée sur le long terme et il faudra ne rien lâcher, même si cela prend du temps, mais vos efforts finiront par payer. Cette résistance que vous menez en France, cette solidarité qui grandit chaque jour ont dépassé les frontières de la France et ont une résonance énorme. Votre solidarité est le seul moyen pour que notre souffrance soit connue dans le monde et qu’il y soit mis un terme.

Avez-vous un appel à lancer ?

Salah Hamouri Vous êtes un espoir pour des milliers de gens dans les Bastille israéliennes. Il est primordial de dénoncer ce que les autorités israéliennes font aux Palestiniens et, en particulier, aux enfants qui sont trop nombreux à connaître les prisons de l’occupant. Il s’agit là d’un véritable projet pour casser l’enfance palestinienne. Vous êtes les porte-voix de notre résistance en Europe et partout dans le monde. Soyez-en bien sûr, la prison ne sera jamais le lieu où l’occupant pourra enterrer nos rêves et notre espoir ! Chaque jour, nous sommes plus convaincus que la résistance est notre droit et notre devoir et qu’elle nous permettra d’arracher nos droits nationaux, d’obtenir notre liberté et notre indépendance. Chaque action que vous menez nous envoie des rayons de soleil qui réchauffent nos cellules sombres dans l’hiver froid du désert.

Grand reporter
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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 14:30
photo de Maha Hassan - Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

photo de Maha Hassan - Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

Maha Hassan : Shéhérazade à Morlaix

Saviez-vous qu'à Morlaix vivait une grande conteuse et romancière de langue arabe, Maha Hassan ?

Maha Hassan est née à la littérature porteuse des histoires de sa grand-mère paternelle analphabète.

Halima, sa grand-mère spirituelle, une kurde syrienne, originaire d'un village du nord de la Syrie mais vivant à Alep pendant la jeunesse de Maha.

Son père, ouvrier d'une fabrique de tissus à Alep, était lui aussi analphabète.

Il n'y avait pas un livre dans la maison de Maha pendant sa jeunesse.

C'est pourtant grâce aux engagements de son père et à ses camarades du Parti Communiste que la jeune Maha va acquérir très jeune le goût des lectures complexes en commençant à tenter de comprendre les brochures communistes clandestines que font circuler les amis de son père.

« Mon père ne nous a pas éduqués dans le nationalisme. Il ne voulait pas que l'on se reconnaisse d'abord comme kurdes. Nous étions tous syriens, avec une société à construire ensemble, la culture ou religion d'origine était secondaire. La question kurde n'était pas sa priorité ».

Les lectures de Maha vont renforcer ses convictions universalistes.

Maha a un tel appétit d'apprendre qu'à partir de 15-16 ans, après les traductions arabes de Tchékov et Pouchkine, elle découvre Hegel, Marx et Nietzsche.

« Je pleurais quand je n'arrivais pas à comprendre des passages de la dialectique de Hegel ».

Ainsi parlait Zarathoustra était, dit-elle, un livre qui parlait aux lettrés kurdes du fait de la valorisation d'une origine culturelle indo-européenne de l'espace persique auxquels ils pensaient se rattacher.

Mais le grand initiateur est surtout Sartre, pour qui elle éprouve un amour immodéré, jusqu'à lire L'être et le néant à dix-huit ans dans une traduction arabe.

Quand elle arrive à Paris en 2004, Maha ne pense qu'à Sartre, lui parle intérieurement en se promenant dans ses endroits préférés : « J'attendais qu'il me réponde par les rêves, comme mes personnages de roman qui se découvrent pendant la nuit, mais il n'en a rien été ».

Plus tard, elle sera déçue d'apprendre certains aspects du grand ego qu'avait Sartre et le dénouement de sa relation d'amitié avec Camus, un autre des familiers de la jeune Maha Hassan, dont elle lut avec passion une grande partie de l’œuvre dans sa jeunesse.

Mais c'est sans doute l'auteur de La plaisanterie , Milan Kundera qui eut le plus d'influence sur elle et la naissance de sa vocation d'écrivain, par sa prodigieuse liberté, sa faculté à prendre de la hauteur face à la peur et aux mesquineries produites par une dictature policière pour affirmer les droits de l'individu vivant et de l'esprit.

Comme un de ses personnages de roman, Maha Hassan eut l'impression de « respirer Kundera » en circulant dans le quartier de Montparnasse.

Le responsable de l'Institut du Monde Arabe ne crut pas sans doute lui faire un tel plaisir quand il lui dit qu'elle écrivait comme l'écrivain tchèque. C'était faux, sans doute. C'était pour l'encourager.

Pendant des mois, néanmoins, Maha s'exerça pour s'amuser à écrire un chapitre selon ses façons spontanées, un chapitre narré comme un pastiche de Kundera.

Le premier écrit publié de Maha Hassan (elle a dix-neuf ans) est une nouvelle à dimension érotique à peine voilée, « Le marié du doigt », traitant entre autre de manière déguisée de la masturbation des femmes, nouvelle qui paraît dans une grande revue intellectuelle de Beyrouth, Al Naqid, « Le Critique » où son nom apparaît au côté de celui de Samih Alqasim, un grand écrivain. le magazine publie aussi Mahmoud Darwich. Maha ouvre de grands yeux et n'en revient toujours pas ! Jusque dans son exil morlaisien, elle garde cette revue qui la fait rentrer en deux temps trois mouvements dans la cour des grands.

Pour elle qui avait confié à dix-neuf ans le manuscrit à un ami se déplaçant au Liban, c'est complètement inespéré. Évidemment, la nouvelle est interdite de publication par le régime syrien, ainsi que les autres du recueil.

Sans doute en raison de la folle audace d'une écriture qui explore les tabous de la sexualité et de la condition féminine. Pour d'autres raisons aussi, peut-être.

Pour justifier l'interdiction des Chants du néant (2009, qui paraîtront finalement au Liban), un roman qui pose pour la première fois la question existentielle propre aux kurdes, ce qu'a relevé la censure du régime des al-Assad, c'est le caractère subversif d'une note faisant référence à la tradition de la kabbale qualifiée de « soufisme » des Juifs.

Dans la Syrie des Al-Assad, le Juif est l'ennemi par excellence et tabou, le régime appuyant une partie de son entreprise de légitimation sur son statut de résistant à l’État d'Israël.

Autant dire que Maha Hassan sera relativement déboussolée au départ d'être invitée pour plusieurs mois à une résidence d'écrivaine dans l'immeuble d'Anne Frank à Amsterdam après qu'Human Rights Watch lui ait décerné le prix Hellman-Hammett en 2005 réservée aux écrivains persécutés, un prix attribué après les excès du maccartysme aux Etats-Unis.

Un immeuble plein de fantômes, d'éclats de rire et de frissons de peur, pour travailler, dans un voisinage invitant à se questionner plus que tout autre sur la question de l'identité et du piège nationaliste et xénophobe des identités exclusives, identifiées à des appartenances collectives héritées et enfermantes. Maha Hassan réfléchit d'ailleurs aujourd'hui à un livre qui aurait pour titre «le péché d'identité ».

Maha Hassan et Ismaël Dupont après l'entretien - 29 novembre 2017, place Allende - Morlaix

Maha Hassan et Ismaël Dupont après l'entretien - 29 novembre 2017, place Allende - Morlaix

Maha Hassan qualifie elle-même son écriture de « littérature bâtarde ». Ce n'est pas de la littérature kurde, parce qu'elle écrit en arabe. Ce n'est pas de la littérature arabe « pure » parce qu'elle porte une mémoire collective kurde avant même d'avoir appris à parler. Ce n'est pas de la littérature arabe non plus parce qu'elle a découvert la littérature et la philosophie européennes avant Naguib Mahfouz ou d'autres grands écrivains arabes, parce que ses références intellectuelles sont autant occidentales qu'orientales.

La jeune fille issue d'un quartier et d'une famille populaires d'Alep où l'on ne connaissait pas les livres s'est ouverte au monde libérateur de la littérature grâce à la générosité d'un libraire qui lui prêtait des livres traduits qu'elle n'avait pas les moyens de payer.

Après la parution de sa nouvelle dans une grande revue libanaise, elle écrit un livre moins scandaleux pour les autorités syriennes, mais qu'elle aime beaucoup aussi, L'infini, qui paraît en 1995 chez un éditeur de Lattaquié.

C'est pour ses derniers livres, publiés en arabe au Liban, chez les éditions El-Rayyes, dirigé par le responsable du magazine qui l'avait fait connaître à 19 ans, en 1993, pour sa nouvelle détonante, et qui attendait d'elle une confirmation de son talent, que Maha Hassan commence à être reconnue dans le petit monde littéraire des pays arabes.

Elle fait des salons en Tunisie, en Palestine, en Egypte, aux Emirats. Ceux qui paient ne sont pas toujours les pays où l'on trouve le plus de lecteurs, mais les rois du pétrole ou autres princes en quête de reconnaissance internationale.

Deux de ses romans ont été sélectionnés dans la liste finale du prix Booker Arabe.

Maha Hassan a néanmoins le sentiment que le fait d'être kurde rend pour elle la reconnaissance littéraire moins aisée dans le monde arabe.

Ses premiers livres sont considérés comme féministes, parlant de condition féminine, de sexualité, de conservatisme religieux, de politique. En 2000, ses livres sont interdits de parution en Syrie.

Dans les romans, écrits depuis son exil français et publiés au Liban reviennent le sujet des crimes d'honneur contre les femmes (« Les filles des prairies », Banât al-barârî – 2011).

Dans Cordon Ombilical (2010), on a le portrait de deux femmes partagés entre Orient et Occident, interrogeant les notions d'identité kurde, d'appartenance, de relation à l'autre.

Dans les Tambours de l'amour (2012), son avant-dernier roman publié, Maha Hassan construit le premier récit romanesque de la révolution syrienne prenant en comptant l'an un de la révolte démocratique du peuple syrien contre Bachar-al-Assad et son régime d'oppression, révolution qui comme plus tard la guerre syrienne malgré toute sa barbarie, va révéler à eux-mêmes et à la liberté des jeunes femmes et jeunes hommes qui vont se défaire de leurs peurs et des corsets sociaux pour affirmer leur désir d'engagement, de dignité, de vie.

Ce roman est sur le point d'être publié en Italie où il bénéficie déjà d'une très bonne critique.

Maha Hassan m'a dévoilé hier la trame narrative de son dernier roman, le premier qui sera écrit en français, grâce au concours de Anne Cousin et de l'association Tro-coat, qui a fait la rencontre de Maha et lui a proposé cette collaboration pour écrire en français à la suite d'un travail en atelier d'écriture et de leur présentation première lors d'un débat avec l'écrivain yéménite ami de Maha Ali Al Muqri à la librairie « A pleine voix » à Morlaix, tenue par Laurent Baudry.

C'est une fresque historique très ambitieuse et palpitante, avec des situations romanesques fascinantes, où une moderne Shéhérazade et sa fille traversent quarante ans d'histoire de la Syrie. Une première partie met en scène deux femmes en quête de bonheur et d'émancipation d'un quartier traditionaliste d'Alep que la loi des hommes domine, deux femmes qui vivent avec leur mari commun derrière le QG des moukhâbarât, les forces de sécurité du régime, cruelles et despotiques, qui y torturent à tour de bras. La deuxième partie nous plongera dans l'actualité de la guerre en Syrie, où vont s'affronter des jeunes qui se connaissaient dans le camp djihadiste et dans le camp des peshmergas, ce qui donne à Maha Hassan l'occasion d'explorer ce qu'il y a de nouveau dans la condition féminine kurde dans le fait de combattre, et de combattre les partisans d'une forme religieuse dévoyée, portant la haine des femmes, obscurantiste, totalitaire, ultra-violente.

Entendre et imaginer le déploiement de ce roman à travers quelques indications de cette magnifique et profonde conteuse qu'est Maha Hassan ne donne qu'une envie : que ses précédents romans soient vite publiés en français.

Pour y lire ses histoires d'amour, de libération féminine, de relation à la tradition, aux identités, à la tyrannie du régime syrien. Pour y découvrir ses personnages riches et attachants.

Quand elle était étudiante, Maha a fait le tour des partis révolutionnaires et contestataires, kurdes ou communistes.

Son père avait très peur qu'elle s'engage trop en politique même s'il ne s'est pas opposé à ce qu'elle fasse des études, comme pour sa sœur cadette, étudiante en droit elle-aussi, car les moukhâbarât n'hésitaient pas à violer et violenter les filles rebelles ou soupçonnées de l'être. Malgré la défense de son père, Maha était une fille têtue et a mené ses expériences en femme libre et courageuse, affrontant la pression du groupe et des hommes, malgré la peur, omniprésente dans le régime d'oppression de la Syrie d'Hafez-al-Assad puis de Bachar-al-Assad.

Son premier rendez-vous contraint avec les services de sécurité date de ses dix-huit ans, quand, pour financer ses études, elle s'apprête à postuler pour un poste d'institutrice remplaçante et que les renseignements font chantage sur elle dans un bureau de l'éducation nationale et lui demandent de donner des informations sur les amis de son père (les communistes sont pourchassés, emprisonnés, torturés par Hafez-al-Assad). Elle refuse et son certificat de nomination est déchirée sous ses yeux.

C'est à la suite d'un énième entretien forcé avec les moukhâbarât au moment de la révolte kurde au début des années 2000 et de sa répression par le régime qu'elle décide de quitter la Syrie, puis de gagner la France où elle obtient l'asile politique en 2004, d'abord logée pendant quelques mois à la maison des journalistes, avant de rencontrer Philippe, son amoureux breton, et d'arriver à Morlaix avec lui il y a deux ans.

Depuis son père et sa mère sont décédés en Syrie, sa mère des suites du bombardement de sa maison par la rébellion islamique à Alep. Ils ont été enterrés à la va-vite dans un jardin public, dans le quartier de Khaledia. La maison familiale n'existe plus.

Maha a demandé en vain un visa humanitaire pour sa mère et sa sœur au plus fort de la guerre. Beaucoup de ses voisins, de ses amis, sont morts aussi, la plupart victimes des assassinats et tortures du régime. Un de ses voisins a été torturé à mort parce que son frère s'était engagé dans l'armée rebelle.

Ses frères et sœurs sont en Suède, en Finlande, au Pays-Bas, en Allemagne dans un camp pour réfugiés, en Turquie.

Sa mère a été interrogée par les services de sécurité du régime après le départ de Maha : elle leur a dit, pour protéger tout le monde, car sa fille était morte.

Morte à une partie d'elle-même peut-être, mais si vivante dans son désir d'être heureuse, de créer, de construire une littérature d'émancipation éclairant le monde pour le transformer.

Maha connaît la douleur d'avoir été contrainte de quitter son monde, son pays et de le voir disparaître dans la plus fratricide et barbare des guerres. Néanmoins, elle n'en condamne pas pour autant une révolte démocratique qui, au départ, voulait seulement dénoncer la barbarie de la police de Bachar-al-Assad qui avait torturé affreusement des adolescents, exiger plus de justice, de démocratie, de liberté d'expression, moins de corruption et de clientélisme, plus d'égalité. Une révolte laïque où l'on trouvait des jeunes et moins jeunes de toutes les origines culturelles de la Syrie. Pour elle, la guerre a aussi réveillé les Syriens, la révolution a libéré beaucoup de femmes, allant jusqu'à parler de « baiser de la guerre ».

Elle a espéré, espéré, les six années précédentes, que le régime criminel allait enfin tomber, qu'il allait cesser d'assassiner le peuple syrien en toute impunité. En vain, aujourd'hui, elle constate que la guerre est un affrontement d'intérêts internationaux, que Daesh est devenu l'ennemi premier, que Bachar, le boucher de Damas, est revenu au centre du jeu, même pour les Américains et les Français.

Quant aux Kurdes, ils ont agi de manière pragmatique en cherchant à faire progresser leur volonté d'indépendance ou d'autonomie en se protégeant des agressions du régime comme des islamistes djihadistes. Néanmoins, dans sa famille, son frère, kurde, lui aussi, combattait la répression du régime avec ses amis arabes.

Aujourd'hui, Maha vit en exil d'elle-même, ni là-bas, ni tout à fait ici, malgré le plaisir qu'elle a à sentir la sollicitude, la franchise et la vie sereine des Bretons et à vivre à Morlaix avec son ami.

Chaque nuit, chaque sieste ou presque la ramène par ses rêves en Syrie.

Dans la journée, elle a des moments d'absence, où elle retrouve Alep et ses amis et parents.

La littérature est un des moyens qui lui reste pour éprouver son existence.

Littérature de l'exil, littérature de l'affirmation vitale et des naissances à soi, à l'amour et à l'autre, par-delà la tradition patriarcale, le despotisme, la guerre.

Péché d'identité... Tout dernièrement, Maha a découvert que sa grand-mère maternelle était arménienne, qu'elle avait été adoptée à cinq ans par sa famille kurde alors que ses parents allaient à l'abattoir ou avaient déjà été massacrés par les génocidaires turcs et leurs alliés.

Cette grand-mère d'origine chrétienne arménienne avait donné à son premier fils le nom de Mohamed, vivant toute sa vie dans la dissimulation et la culpabilité par rapport à ses origines.

Cette vie tragique est un roman dont le continent reste à explorer... Comme la littérature de Maha Hassan pour le lecteur français.

Entretien avec Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

Maha Hassan parlera de son parcours et de la tragédie syrienne samedi 2 décembre à 18h à la MJC avec Anne Cousin et un membre d'Amnesty International.

Romans publiés :
Titres traduits de l'arabe:

- Bonjour la guerre

- Les Tambours de l’Amour, éditions El-Rayyes, Beyrouth, Liban, 2012.
- Les filles de prairies (roman), éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2011.
- Cordon ombilical, éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2010. (sélectionné sur la liste du prix du roman arabe «Booker»).
- Chants du néant, éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2009.
- Le tableau de la couverture. Les murs de déception sont plus hauts, éditions Nashiron, Syrie, 2002.
- L’infini- récit de l’autre, éditions Al-Hiwar, Syrie, 1995.

Maha Hassan, citoyenne morlaisienne, se bat pour la liberté de pensée, de s’exprimer. Lors de cette rencontre, elle parlera de l’écriture retrouvée en France. Maha défend le droit des exilés, victimes des guerres. Primée par Human Right Watch, elle est attentive à la condition des femmes et se questionne sur le départ des jeunes vers la Syrie alors qu’ils vivent librement ici en France.

Maha Hassan, citoyenne morlaisienne, se bat pour la liberté de pensée, de s’exprimer. Lors de cette rencontre, elle parlera de l’écriture retrouvée en France. Maha défend le droit des exilés, victimes des guerres. Primée par Human Right Watch, elle est attentive à la condition des femmes et se questionne sur le départ des jeunes vers la Syrie alors qu’ils vivent librement ici en France.

Maha Hassan parlera de son parcours et de la tragédie syrienne samedi 2 décembre à 18h à la MJC avec Anne Cousin et un membre d'Amnesty International.
Rencontre avec Maha Hassan, écrivaine kurde d’Alep

S’EXILER POUR VIVRE, LE DESTIN D’UNE FEMME D’ALEP À MORLAIX

Le samedi 02 décembre 2017

18h

À 18h à la MJC de Morlaix – suivi d’un moment convivial autour d’un verre

Organisée par Amnesty International et Anne Cousin

Dans le cadre du Festival des Solidarités

MJC de Morlaix
7 place du Dossen

Morlaix 29600

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29 novembre 2017 3 29 /11 /novembre /2017 06:30
Venezuela. Le président Maduro menace de ne plus vendre de pétrole aux Etats-Unis en représailles contre une persécution financière (Ouest-France, 29 novembre 2017)

Le président vénézuélien Nicolás Maduro, qui fait face à une crise politique, accuse les États-Unis de mener "une persécution financière" contre son pays et les menace de ne plus leur vendre de pétrole.

Le président vénézuélien Nicolás Maduro s’est déclaré prêt mardi à cesser de vendre du pétrole aux États-Unis, en pleine tension avec ce pays auquel le Venezuela livre quelque 750 000 barils par jour.

« Le jour où ils ne veulent plus qu’on leur vende notre pétrole, on prend notre truc et […] on vend tout notre pétrole en Asie, pas de problème », a affirmé M. Maduro lors la prise de fonction du général Manuel Quevedo à la tête du groupe pétrolier public PDVSA.

Une dette estimée à 150 milliards de dollars

Caracas accuse Washington de mener une « persécution financière » contre le Venezuela, auquel le président américain Donald Trump a imposé des sanctions économiques fin août. Washington a notamment interdit à ses banques et à ses citoyens d’acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords avec le gouvernement vénézuélien au moment où le pays et PDVSA ont été déclarés en défaut partiel de paiement par des agences de notation.

M. Maduro est en pleine renégociation de la dette extérieure du pays, estimée à environ 150 milliards de dollars, dont 30 % seraient dus à PDVSA. « Monsieur le président Donald Trump : vous décidez, mon ami. Si vous voulez que nous continuions à vendre du pétrole, nous vendons. Si un jour vous vous laissez chauffer les oreilles par les fous extrémistes de droite, le Venezuela prend ses bateaux et envoie son pétrole dans le monde et on le vend de la même manière », a insisté le dirigeant vénézuélien sous les acclamations de centaines de salariés du groupe public présents lors de la cérémonie.

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22 novembre 2017 3 22 /11 /novembre /2017 07:42
Festival des Solidarités: un film bouleversant hier à Carantec sur l'horreur de la guerre en Syrie vécue par les civils, suivi d'un ciné débat avec Amnesty et Maha, écrivaine originaire d'Alep

J'étais hier soir au cinéma "L'étoile" à Carantec pour participer au ciné-débat organisé par Amnesty International sur Une famille syrienne, le film tourné au Liban sur une famille d'Alep cloîtrée dans son appartement dans un quartier cible des bombes et des snipers dans la guerre par le réalisateur belge Philippe Van Leeuw. C'est un film très fort, avec des interprétations d'acteurs bouleversantes, une tension du début à la fin dans le huis clos de l'appartement où cohabite un grand-père qui voit l'effondrement de la civilisation et de la Syrie qu'il a connu, sa belle-fille (le mari est en ville, et peut-être mort, apprendra t-on à la fin), les trois enfants, un cousin venu rejoindre sa petite copine parmi les filles, une voisine dont l'appartement a été éventrée et vidée avec son bébé, qui doit partir le soir au Liban, mais dont le jeune mari qui travaillait pour un journaliste français pour l'amener à faire des interviewer d'étudiants vient d'être touché par un Sniper devant l'immeuble, sans qu'on l'avertisse, une bonne d'origine indienne ou sri-lankaise, probablement, qui a vu le jeune homme se faire tirer dessus mais à qui sa patronne interdit de rien dire à Halimé, la jeune voisine.

L'horreur de la guerre est ressentie sans presque aucun cadavre, corps déchiqueté, juste à travers l'attente, l'angoisse, les détonations, les explosions, l'appartement fermé à double tour, les moments où l'on se réfugie dans la cuisine, et un viol insoutenable par des bandits que l'on devine dépendre des services de sécurité syriens ou être des chabiha. Mais c'est justement une des originalité et des forces de ce film sorti en septembre 2017 de ne pas situer politiquement les forces en présence, et même les sympathies de la famille vivant la guerre dans son huis-clos où l'on devine qu'elle ne pourra pas s'en protégeant, même en se barricadant comme elle le peut. 

La menace est partout, les civils ne peuvent que subir une guerre qui est devenue très chaotique, où la violence et la barbarie ne sont pas l'apanage de tel ou tel camp.    


Après le film, Maha Hassan, une syrienne kurde d'Alep, qui y a vécu 38 ans, écrivaine (elle travaille à son dixième roman en ce moment), qui vit à Morlaix et a quitté Alep en 2004 après la répression d'une première tentative de mouvement de libération kurde face à Bachar, la peur, est revenue avec une responsable d'Amnesty International et Elyane Guilho, la responsable du groupe local d'Amnesty, Elyane Guilho, sur le cynisme absolu et la cruauté sans limites du régime de Bachar-al-Assad, à qui l'on peut imputer une vingtaine d'attaques aux armes chimiques, au moins 20 000 personnes suppliciés par torture dans des prisons très bien connus où se concentre la quintessence de ce régime infernal, 70 000 disparitions, pour une guerre qui a fait fuir de leur maison la moitié des 22 millions de syriens et fait plus de 350 000 morts.

Une guerre que Bachar a mené contre son peuple en contribuant à créer l'hydre islamiste radicale qui a combattu l'armée syrienne libre et les révolutionnaires qui avaient un projet laïc et démocratique pour la Syrie. Bachar a rarement combattu Daesh directement, qui servait ses intérêts, en relégitimant son régime, il s'est contenté de combattre les forces les plus dangereuses pour sa légitimité interne et internationale et de massacrer les civils appartenant aux quartiers et communes conquises par l'opposition. Merci à Amnesty International d'avoir programmé ce film et cette discussion plus que nécessaire même si l'on se sent terriblement impuissants par rapport à la tragédie syrienne prolongée par l'affrontement des puissances internationales sur ce terrain fort enjeu stratégique pour l'avenir du Proche-Orient.

Maha Hassan a demandé que les réfugiés, syriens ou autres, soient reconnus comme porteurs d'une histoire, d'une capacité à apporter à la société d'accueil, et pas simplement, au mieux, comme objet d'aide et de sollicitude. Elle-même a beaucoup été marquée et inspirée par Milan Kundera, Todorov, Nancy Huston, qui sont aussi des exilés venus enrichir la culture française. 

Maha Hassan travaille en ce moment à son dizième roman

Maha Hassan travaille en ce moment à son dizième roman

Article du Télégramme sur la citoyenne morlaisienne et écrivaine Maha Hassan, 25 juillet 2017: 

Anaëlle De Araujo

Née dans la ville, désormais meurtrie, d'Alep, en Syrie, la romancière kurde, Maha Hassan, a choisi Morlaix comme nouveau point d'ancrage. Elle travaille actuellement sur un roman écrit directement en français, avec l'aide de l'association Trocoat. Portrait d'une femme aux multiples identités et éprise de liberté. 

Je suis enfin chez moi ici, à Morlaix. Je veux vivre le dernier chapitre de ma vie dans cette ville. Et après, j'aimerais que ma maison devienne une maison pour les écrivains », confie Maha Hassan dont le parcours est aussi romanesque que ses livres. Après des années de clandestinité littéraire et de nombreux articles et ouvrages, censurés par le régime syrien, cette auteure aleppine de 50 ans a fui la Syrie, en 2004, au moment de la révolte kurde.

« Mon passeport français a été une renaissance


» « Les écrivains ne bénéficient d'aucune considération en Syrie, d'autant plus quand on est une femme, kurde de surcroît. Il est impossible d'organiser des soirées littéraires et beaucoup de livres sont censurés et publiés à l'étranger », déplore-t-elle. Réfugiée politique, elle choisit d'aller à Paris, où elle est accueillie à la Maison des journalistes. Elle remporte le prix Helmann/Hammett, décerné par l'ONG Human Rights Watch, en 2005. En 2014, Maha Hassan obtient la double nationalité franco-syrienne. « Obtenir le passeport français a été une renaissance pour moi. Je me sens plus forte maintenant », explique la Morlaisienne d'adoption avec émotion.

« Les Bretons ressemblent aux Kurdes »


Elle s'est installée à Morlaix, il y a deux ans, avec son compagnon. « Je me sens bien dans cette ville. Les Bretons ressemblent beaucoup aux Kurdes. Ils sont spontanés et honnêtes. Je me sens à l'aise avec les gens d'ici. Certaines rues de Morlaix me rappellent également Alep ». Cette expérience personnelle transparaît dans son roman « Cordon ombilical », qui a été sélectionné pour la finale du Arab Booker Prize. Maha Hassan y raconte l'histoire d'amour entre une femme kurde et un Breton qui n'a que faire de son identité française, alors que c'est un sujet important pour la Kurde et la condition de sa liberté.

« Chaque femme est une conteuse »


La quête de la liberté est le fil directeur du parcours de Maha Hassan. « En Syrie, je ne pouvais pas parler des sujets tabous comme la politique et le sexe. Maintenant, les thèmes principaux de mes romans sont la liberté, l'identité et les femmes ». Refusant le qualificatif de féministe, Maha Hassan accorde pourtant une place importante au talent créateur des femmes dans ses romans : « La plupart de mes personnages principaux sont des femmes. Je considère que chaque femme est une conteuse, qu'elles ont toutes un génie d'écriture particulier. Mon objectif est donc de libérer la parole et l'écriture des femmes, en leur montrant que c'est possible de devenir écrivain ».

Un roman en français en cours d'écriture


La romancière syrienne travaille actuellement sur son dixième livre, qui est le premier qu'elle écrit en français. Depuis deux mois, elle est assistée par les membres de l'association Trocoat, du quartier de Troudousten-Coatserho, qui relisent son manuscrit et corrigent les tournures de phrases, en discutant avec l'auteure pour ne pas « trahir ce qu'elle veut dire ». Selon Maha Hassan, l'écriture est une activité libératrice : « La littérature, c'est la liberté, c'est la connaissance de soi et des autres, c'est un monde très riche. L'écriture m'a sauvée. J'ai tout le temps des histoires dans la tête. Je suis comme un passage pour les personnages, je suis là pour leur donner vie ».
 

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21 novembre 2017 2 21 /11 /novembre /2017 07:25
L’ancien chef de l’Etat (2010-2014) a remporté 36,64% des voix lors du premier tour des élections présidentielles . Il affrontera le candidat indépendant (mais apparenté au Parti socialiste et soutenu par le Parti Communiste du Chili) Alejandro Guillier (22,68%)
- article et traduction Nicolas Maury
 
 
Alejandro Guillier (22,68%)
Alejandro Guillier (22,68%)
 
Le candidat de droite Sebastian Piñera est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle chilienne, dimanche 19 novembre, avec 36,64% des suffrages. L’homme d’affaires milliardaire de 67 ans a devancé son rival de centre-gauche, le sénateur socialiste Alejandro Guillier (64 ans), qui a réuni 22,68% des votes. 

La participation n'a pas dépassée les 50%, cela malgré une hausse de cette dernière : 46,09% (+4,1%). 

Alejandro Guillier pour succéder à Michelle Bachelet 

Le second tour, le 17 décembre, pour déterminer qui succédera à Michelle Bachelet le 18 mars 2018, s’annonce beaucoup plus incertain que prévu. M. Piñera a recueilli beaucoup moins de voix que le prédisaient les derniers sondages, qui le créditaient de 42 % des suffrages. 

Alejandro Guillier veut poursuivre les réformes entreprises par la présidente socialiste Michelle Bachelet en faveur de la santé, de l’éducation et des retraites notamment. Il espère attirer les électeurs de la journaliste Beatriz Sanchez, dont le bon score inattendu (20,28%) la propulse en troisième position, à la tête du Frente Amplio, coalition allant de la gauche radicale aux centristes libéraux, qui a surgi en janvier dans la foulée des mouvements de protestation des étudiants et des retraités.

Les descendants de Pinochets lourdement battus 

Si le « pinochétisme » reste une réalité au Chili, avec nombre de partisans au sein des catégories sociales supérieures, les candidats issues des formations politiques héritières du dictateur ont été lourdement sanctionnée au profit du candidat de droite libérale. 

Le conservateur José Antonio Kast (UDI) remporte 7,92% des voix. L'autre candidate conservatrice, Carolina Goic (DC) , remporte 5,88% des suffrages. 

D'autres candidats de gauche remportent des scores intéressants : Marco Enríquez-Ominami (5,71%), Eduardo Artés (0,51%) et Alejandro Navarro (0,36%). 

Des élections législatives (parlement et sénat) se déroulaient en parallèle.  "Camila Vallejo et Karol Cariola, députées communistes chiliennes réélues. Le groupe PCC comptera trois députés supplémentaires.
Le Front large (FA) aura 20 députés répartis dans plusieurs des 14 organisations rassemblées sous son sigle." (José Fort)
"Camila Vallejo et Karol Cariola, députées communistes chiliennes réélues. Le groupe PCC comptera trois députés supplémentaires. Le Front large (FA) aura 20 députés répartis dans plusieurs des 14 organisations rassemblées sous son sigle." José Fort

"Camila Vallejo et Karol Cariola, députées communistes chiliennes réélues. Le groupe PCC comptera trois députés supplémentaires. Le Front large (FA) aura 20 députés répartis dans plusieurs des 14 organisations rassemblées sous son sigle." José Fort

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19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 09:26
Migrants/ coopération UE-Libye: "La France a le devoir de réparer l'outrage fait aux migrant-e-s et à la conscience humaine" (PCF)

Migrants / coopération UE-Libye « La France a devoir de réparer l'outrage fait aux migrant-e-s et à la conscience humaine »

 

C'est à un véritable réquisitoire que s'est livré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l''homme, Zeid Ra'ad Al Hussein à l'encontre de l'UE et des conditions de détention des migrants en Libye. "La communauté internationale ne peut continuer à fermer les yeux sur les horreurs inimaginables endurées par les migrants en Libye et prétendre que la situation ne peut être réglée qu'en améliorant les conditions de détention. La politique de l'UE consistant à aider les gardes côtes libyens à intercepter et renvoyer les migrants est inhumaine".

Dans ce communiqué publié mardi 14 novembre le Haut commissaire souligne que "la souffrance des migrants est un outrage à la conscience de l'humanité".

Se trouvent donc une fois encore confirmées les exactions menées contre les migrant-e-s depuis des années en Libye et dénoncées par de nombreux témoignages diplomatiques, d’observateurs et d'ONG. Cette réalité largement reconnue n'a pas empêché l'UE et plusieurs Etats en bordure de la Méditerranée, dont la France, d'adopter en juillet un accord avec des autorités libyennes.

 

Les observateurs de l'ONU présents en Libye du 1er au 6 novembre ont constaté une dégradation rapide de la situation. Des milliers – 20 000 recensés – de femmes, d'hommes et d'enfants émaciés et traumatisés par les violences subies, empilés les uns sur les autres, enfermés dans des hangars, subissant les violences des gardiens munis de bâtons électriques… Les femmes sont violées par les trafiquants mais aussi par les gardiens des centres officiels de détention.

 

Cet appel de l'ONU intervient au moment où le groupe de contact des 13 pays européens concernés, dont la France, et africains, dont la Libye, a décidé "d'améliorer les conditions de vie des migrants." Cet engagement pris à plusieurs reprises n'a jamais été respecté.

 

L'Union européenne par sa politique migratoire d'externalisation confie ainsi à la Libye en plein chaos, après l'intervention militaire française, la responsabilité de bloquer à tout prix les migrant-e-s voulant fuir violence et pauvreté pour se retrouver en Libye dans un véritable enfer financé par l'UE et les Etats voisins.

 

C'est une  véritable honte pour tous ces pays et pour l'UE. Il faut mettre rapidement un terme à cette tragédie.

La solution est connue: c'est d'organiser l'ouverture de voies légales et sécurisées permettant aux migrant-e-s de rejoindre l'Europe pour faire valoir leurs droits à la protection et d'espérer se construire une vie meilleure .

 

Ces révélations parviennent au moment ou le gouvernement français annonce une série de nouvelles mesures répressives, sous forme de lois, pour réduire encore plus l'accueil de migrants en France, malgré le faible nombre déjà parvenus, et de multiplier les expulsions…

Le gouvernement doit d'abord s'expliquer sur la situation en Libye étant données les responsabilités qui sont les siennes dans ce drame, et dire quelles mesures il compte prendre pour y mettre un terme.

 

Pour sa part, le Parti communiste français poursuivra son combat, avec ses dirigeants, ses élus, ses militants pour faire respecter les droits des migrants et pour que la France et l'UE remplissent leurs devoirs d'accueil, de solidarité, d'hospitalité et de protection à leur égard.

 

le PCF, 17 novembre 2017 

Migrants/ coopération UE-Libye: "La France a le devoir de réparer l'outrage fait aux migrant-e-s et à la conscience humaine" (PCF)
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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 07:11
Des élus français interdits d’entrée en Israël
LUNDI, 13 NOVEMBRE, 2017
HUMANITE.FR

Une délégation de plus d’une centaine d’élus français doit se rendre, ce week-end, en Palestine avec la volonté de rencontrer Marwan Barghouti et Salah Hamouri. Les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles interdiraient à plusieurs d’entre eux, du PCF, de la FI et d’EELV d’entrer sur leur territoire.

Benjamin Netanyahu, l’homme fort d’Israël et Premier ministre, ne veut pas que Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français et sénateur de Paris, Patrick Le Hyaric, député européen et directeur de l’Humanité, ainsi que plusieurs députés de la république française, puissent transiter par Israël pour se rendre en Palestine.

Quelques heures seulement après l’annonce faire par Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, du départ prévu le week-end prochain, d’une délégation composée de plusieurs centaines d’élus - parlementaires, sénateurs, conseillers régionaux, départementaux ou municipaux, principalement du PCF, de la FI ou de EELV - qui ont pour objectif principal la rencontre avec les populations palestiniennes et israéliennes, mais également la volonté de rencontrer Marwan Barghouti, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri et d’«alerter sur la situation des près de 6000 prisonniers politiques palestiniens», le régime israélien a réagi sans nuance. « Nous n'autoriserons pas l'accès au territoire à ceux qui appellent activement à s'en prendre à Israël, en particulier quand ils demandent à rencontrer et à conforter un fieffé meurtrier comme Barghouthi, incitant ainsi à soutenir le terrorisme », a indiqué le ministre israélien de la Sécurité publique Gilad Erdan dans un communiqué de ses services et du ministère de l’Intérieur. Les autorités israéliennes recommandent donc par avance aux élus français « de ne pas prendre l'avion du tout ». Selon le site du Figaro, « la liste dressée par le gouvernement israélien sous l'ordre des ministres Gilan Erdan et Arye Déry, telle que communiquée au Figaro, comprend le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, la députée (LFI) Clémentine Autain, les députés européens Pascal Durand (Verts/Alliance libre européenne) et Patrick Le Hyaric (PCF), ainsi que les maires (PCF) de Stains Azzedine Taibi, de Limay Éric Roulot et de Gennevilliers Patrice Leclerc ».

Marwan Barghouti, l’un des leaders palestiniens les plus populaires, est emprisonné depuis plus de quinze ans par Israël. Salah Hamouri, est en détention administrative en Israël depuis le 23 août, sans que les éléments du dossiers ne lui soit communiqué. Ce régime de détention permet à Israël de priver de liberté des personnes pendant plusieurs mois renouvelables indéfiniment sans leur en notifier les raisons. Le Quai d'Orsay s'est dit fin octobre « préoccupé » par sa situation, s'étonnant de ne pas avoir connaissance des charges retenues, et a « espéré » sa libération.

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