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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 10:01
L'artiste kurde Zehra Dogan emprisonnée par Erdogan exposée à Traou Nevez à Plouézoc'h du 5 au 21 janvier 2017 - c'est parti pour plusieurs jours de rencontres, de débats, de films et concerts autour des kurdes et de leurs combats
L'artiste kurde Zehra Dogan emprisonnée par Erdogan exposée à Traou Nevez à Plouézoc'h du 5 au 21 janvier 2017 - c'est parti pour plusieurs jours de rencontres, de débats, de films et concerts autour des kurdes et de leurs combats

Une bonne trentaine d’œuvres originales de Zehra Doğan seront exposées en janvier au Pays de Morlaix, en Bretagne, accompagnées durant trois semaines de tables rondes d’information, de débats, et de musique.

Une bonne occasion pour toute la Bretagne de saluer la résistance d’une artiste et journaliste kurde, qui lutte, même en prison, pour défendre une culture, une histoire, et l’idée qu’une autonomie kurde apporterait à la Turquie un avenir commun possible, en faisant dialoguer la mosaïque de peuples présente sur son territoire, hors du rouleau compresseur de la “turcité” de l’Etat-nation.

Femme de 28 ans, elle a été condamnée pour avoir, avec son art, porté au grand jour les exactions de l’armée de l’Etat turc dans les villes de l’Est, ces dernières années. Une journaliste et artiste qui décrit la réalité de la guerre, “les yeux grands ouverts” a été jetée en prison pour 2 ans et 9 mois.

Ce sont des réalités des dernières années, tout autant que des racines de ce présent en Turquie et au Moyen-Orient, que traiteront des tables rondes, programmées durant ces trois semaines d’exposition. Mais ce sera tout autant du combat d’une femme, pour les femmes, qu’il s’agira.

Si ce contexte ne prête pas à la fête, l’avenir pour lequel Zehra résiste, la défense d’une culture et d’un vivre ensemble, eux, appelleront à musiques et lectures également.

Ces trois semaines sont organisées par La Minoterie / À Pleine Voix et Kedistan avec le concours des Éditions Fage, des Amitiés Kurdes de Bretagne (AKB), d’Initiative pour un Confédéralisme Démocratique,  du Festival du Cinéma de Douarnenez, du groupe Yıldız et de l’association Mama’z Cooking, et le soutien de L’association Traon Nevez et Le village de Plouézoc’h.

Du 5 au 21 janvier 2018
aux portes de Morlaix…

Traon Nevez
au Dourduff en Mer – 29252 Plouezoc’h

En voici une programmation succincte :
(Programme complet en version A4 plié à imprimer ou présentation verticale pour lecture en ligne et mailing)

Ouverture de l’exposition : tous les jours à 14h

Vendredi 5 janvier 2018

• 18h | Inauguration
Avec Laurent Baudry de l’Association La Minoterie / A Pleine Voix, Naz Oke et Daniel Fleury de Kedistan, et en partenariat avec Albert Thomas président de l’Association Traon Nevez, d’Yves Moisan, maire de Plouezoc’h, de Tony Rublon président des Amitiés Kurdes de Bretagne, de Valérie Caillaud, présidente du Festival du Cinéma de Douarnenez, et Laurence Loutre-Barbier, éditrice des Éditions Fage.
Repas avec l’Association Mama’z Cooking de Paimpol. Chants populaires kurdes, arméniens, turcs avec le groupe Yıldız.

Samedi 6 janvier

Turquie : “Démocratie” autoritaire ou dictature ? La situation des prisonnierEs, des Kurdes et du Rojava
• Carte blanche à Kedistan et à l’AKB
• Assiette kurde
• Projection et échanges : “Open the Border” de Mikael Baudu et Gant Sevenet

Dimanche 7 janvier

La culture au cœur de l’engagement
• Entre édition et engagement Table ronde les Éditions Fage et les Éditions Isabelle Sauvage.
• Écrire, chanter la culture kurde : Quelles identités ? Table ronde avec Anne Cousin, historienne, avec Maha Hassan, écrivaine kurde et Estelle Beaugrand chanteuse du groupe Yıldız.
• Repas partagé, soupe…

Samedi 13 janvier

Rojava entre utopie sociale et réalité
Rencontres animées par Élodie, d’Initiatives pour un Confédéralisme Démocratique.
• Témoignages sur le Kurdistan : Maha Hassan, écrivaine, et Gulistan Sido en direct d’Afrin au Rojava (par visioconférence),
• Le Rojava, histoire et réalité politique
• Soupe et auberge espagnole
• Féminisme au Kurdistan et jinéologie : Projection du “La guerre des filles”, film de Mylène Sauloy

Samedi 20  janvier

• Soirée cinéma, Animée par Yann Stéphant, directeur du Festival de Cinéma de Douarnenez
“Gulistan, Terre de Rose” film de Zaynê Akyol
“Marche arrière – Tornistan”, film d’animation de Ayşe Kartal
• Repas, auberge espagnole

Dimanche 21 janvier

• Ventes aux enchères d’œuvres d’artistes au profit des familles des prisonnierEs kurdes de Turquie
• Clôture festive de l’exposition et des rencontres…

Nous publierons le programme détaillé dans les meilleurs délais.

Durant ce même mois de janvier, une exposition d’autres oeuvres originales se tiendra également du 12 au 30 janvier sur Angers (Maine-et-Loire), à la Tour Saint Aubin, en attendant les mois de mars et avril, à Paris, dans le lieu culturel “La maison des métallos”, la présentation d’une soixantaine d’oeuvres, films, lectures et tables rondes, là aussi.

Kedistan vous avait promis d’y travailler, c’est en cours… et n’oubliez pas le livre paru aux Editions Fage, disponible dès maintenant ici sur le site, et dès janvier en librairie.

Consultez aussi : 

Vous pouvez organiser, vous aussi, un atelier d’envoi de cartes postales, ou une exposition, en soutien. Des reproductions sont disponibles… Voir ICI

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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 07:19
Aharon Appelfeld

Aharon Appelfeld

Littérature.


 Déporté enfant, rescapé de la Shoah, ami de Philip Roth qui l’a mis en scène dans Opération Shylock, l’écrivain israélien, auteur d’une quarantaine de romans, avait 85 ans.

L'écrivain israélien Aharon Appefeld s'est éteint dans la nuit de mercredi à jeudi à l'âge de 85 ans. Rescapé de la Shoah, il a été l'un des auteurs les plus importants de ce que l'on nomme en son pays la "seconde vague" littéraire. Son oeuvre campe en abondance d'inoubliables figures de juifs ou de demi-juifs d'Europe centrale, intellectuels, petit-bourgeois, commerçants, assimilés à la civilisation occidentale puisque élevés dans la culture germanique. Pris dans les rets du génocide, internés dans des camps, ces êtres sont amputés de tout patrimoine. Les survivants, tragiquement orphelins d'une mémoire collective, errent seuls et démunis, en proie à des souvenirs perdus. Si certains de ses livres sont à fort teneur autobiographique et peuvent à ce titre être significatifs du génocide, Aharon Appefeld n'entendait pas être considéré comme un "écrivain de l'Holocauste" 

"Vous ne pouvez pas être un écrivain de la mort, disait-il, l'écriture suppose que vous soyez vivants". Son sujet permanent, c'est le destin de son peuple. Au fil de la singularité propre à l'être juif, il part toujours du particulier pour aller au général.

Des destins marqués par le génocide et le déracinement 

Il a publié une quarantaine de romans, des nouvelles et son autobiographie, Histoire d'une vie, couronnée en 2004 par le prix Médicis étranger. Dans certaines de ses œuvres, ses héros, déracinés par force, doivent changer de langue - tout comme lui- et passer du yiddish à l'hébreu. Le personnage marginal de Et la fureur ne s'est pas encore tue  (l'Olivier, 2009), né comme lui avant la Seconde Guerre mondiale dans une famille juive des Balkans, a, comme lui, connu la montée de l'épouvante nazie. Et comme lui a échappé de peu à la mort. Né en 1932 à Czernowitz, ville roumaine aujourd'hui en Ukraine, Aharon Appefeld n'a que 8 ans quand il est déporté avec son père dans un camp de concentration de Transnitrie. A l'automne 1942, il parvient à s'échapper et survit durant plus de deux ans dans les forêts ukrainiennes avec d'autres évadés. Il dit avoir été "adopté par un gang de criminels". 

Ecrire dans sa "langue maternelle adoptive"

Recueilli par l'Armée rouge, il y est enrôlé comme "garçon de cuisine" . Il quitte l'Union soviétique en 1945 et émigre en Palestine mandataire l'année suivante. "Personne ne voulait des orphelins en Europe. Le seul endroit où l'on pouvait aller était la Palestine" . En 1957, il retrouve son père, qu'il croyait mort comme sa mère, assassinée par les nazis en 1940. Il entame des études, littéraires et d'agriculture, effectue son service militaire et commence à écrire. Son premier recueil de nouvelles, Fumée, paraît en 1962. Il écrit en hébreu, "sa langue maternelle adoptive" . Il a longtemps enseigné la littérature à l'université Ben Gourion. Homme de gauche résolu, ancré de tout temps dans le Parti travailliste, Aharon Appelfeld met en lumière l'impasse du sionisme, tel le héros de son roman Le garçon qui voulait dormir (l'Olivier, 2011), un Israélien, qui, par la force des choses, ne se reconnaît plus dans la nouvelle identité collective en vigueur. L'écrivain, au fil des ans, a vu s'élargir les failles dans la société de son pays. 

Il a reçu maints prix littéraires prestigieux. Il apparaît dans le roman Opération Shylock, de son ami américain Philip Roth, qui le compare à Kafka et Bruno Schluz. Le dernier roman de Aharon Appelfeld, De longues nuits d'été, est paru en 201 à l'Ecole des loisirs.

Muriel Steinmetz  

 

Aharon Appelfeld, l’auteur d’Histoire d’une vie, est mort (Muriel Steinmetz, L'Humanité - 5 janvier 2018)
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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 06:20
Moyen-Orient: de la Palestine à l'Iran, la cohérente stratégie de Trump (Pierre Barbancey, L'Humanité, 6 janvier 2018)
Moyen-Orient. De la Palestine à l’Iran, la cohérente stratégie de Trump
SAMEDI, 6 JANVIER, 2018
HUMANITE

Les conservateurs américains soutiennent les manifestations en Iran tout en préparant une remise en cause de l’accord sur le nucléaire. Parallèlement le président américain menace les Palestiniens.

Après cinq jours d'importantes protestations du 28 décembre au 1er janvier, l’Iran a retrouvé généralement le calme au prix d'un déploiement important des forces de sécurité. Aucune protestation n'a eu lieu ces trois derniers jours à Téhéran. En province, de petites manifestations se sont produites à nouveau jeudi soir selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux sans que l'on puisse vérifier leur authenticité. Durant ces protestations contre la vie chère et le pouvoir, qui ont touché plusieurs villes de province et dans une moindre mesure Téhéran, 21 personnes en majorité des manifestants ont été tuées et des centaines arrêtées. Des biens publics ont été endommagés ou incendiés.
En réponse, d'importantes manifestations ont été organisées mercredi et jeudi dans une quarantaine de villes de provinces en Iran pour soutenir le pouvoir et se poursuivaient vendredi, jour de la grande prière pour les Musulmans. A chaque fois, les manifestants ont scandé « Nous sommes tous ensemble, derrière le guide » suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, ou les traditionnels « Mort à l’Amérique", « Mort à Israël » et « Mort à monafegh (hypocrite en persan) », ce dernier terme désignant dans la phraséologie des autorités les Moudjahidine du peuple (farouchement opposés au pouvoir, ils ont même combattu côté irakien durant la guerre Iran-Irak et entretiennent d’excellents liens avec les Etats-Unis).
L’examen de l’attitude américaine depuis les début des troubles ne manque pas d’intérêt. Les Etats-Unis voudraient profiter de la situation pour déstabiliser le pouvoir iranien voire - si les conditions s’y prêtent - le renverser. L’ambassadrice américaine à l’Onu, Nikki Haley, a demandé, elle, des réunions d’urgence d’organismes de l’Onu, structure qu’elle exècre pourtant. Une « ingérence » dénoncée par l’Iran mais également par la Russie qui a demandé des consultations à huis clos du Conseil de sécurité. « Les Etats-Unis continuent à interférer ouvertement et de manière cachée dans les affaires intérieures des autres pays, ils le font sans aucune honte », a lancé le vice-ministre russe Sergueï Riabkov. « C'est de ce point de vue là que nous jugeons l'initiative américaine de réunir le Conseil de sécurité de l'ONU sur une situation purement nationale en Iran », a-t-il ajouté, accusant Washington d’« attaquer directement la souveraineté d'autres Etats sous prétexte d'être préoccupé par la démocratie et les droits de l’Homme".
L’administration états-unienne sait très bien ce qu’elle fait. Les Tweet de Trump reflètent une manière de penser les choses qui ne visent pas que l’Iran mais s’inscrivent totalement dans la nouvelle stratégie en cours au Moyen-Orient. Les grands axes en sont: rapprochement entre Israël et un certain nombre de pays arabes particulièrement l’Arabie saoudite pour affronter l’ennemi commun qu’est l’Iran; dénonciation de l’accord sur le nucléaire iranien, offre de garanties à Israël en reconnaissant Jérusalem comme sa capitale, enfin tordre le bras des Palestiniens qui s’acharnent à faire de la résistance.
« Nous payons les Palestiniens DES CENTAINES DE MILLIONS DE DOLLARS par an sans reconnaissance ou respect » de leur part, a ainsi tweeté Donald Trump. « Puisque les Palestiniens ne sont plus disposés à parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser des paiements massifs à l’avenir? ». Il avait, il y a quelques jours, utilisés le même argumentaire contre le Pakistan, pas assez docile. Sans parler de l’Otan, de l’Onu, de l’Unesco… On est là dans l’ordre mafieux: « Je t’aide mais désormais tu m’es redevable ». Les Palestiniens, par la voix de Mahmoud Abbas, ont vite répondu que « Jérusalem n’est pas à vendre ». D’autres ont rappelé que l’aide américaine (qui est néanmoins en deçà de celle fournie par l’Union européenne) permet une certaine stabilité de la société palestinienne au bénéfice d’Israël…
Concernant l’Iran, les Tweet de Trump sont sans équivoques et les conservateurs américains se sont engouffrés dans la brèche, oubliant qu’il y a quelques semaines encore ils applaudissaient aux mesures visant à empêcher à tout Iranien l’accès sur le sol des Etats-Unis! Au Congrès, où la majorité républicaine a dénoncé l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, les faucons anti-iraniens ont été les premiers, dès le premier jour, à saluer les manifestations par des communiqués et des tweets, s'inscrivant dans la même ligne que Trump. « Ces manifestations montrent au monde que le régime iranien préfère exporter et financer le terrorisme au-delà de ses frontières - surtout avec ses alliés terroristes en Syrie, à Gaza, en Irak, au Liban et au Yémen - que répondre aux besoins élémentaires de ses propres citoyens », a clamé le sénateur ultra-conservateur du Texas Ted Cruz.
Les faucons du Congrès pourraient profiter des événements actuels pour tenter de durcir la loi que la majorité prépare (des négociations sont en cours entre le président républicain de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, le sénateur démocrate Ben Cardin et la Maison Blanche) pour changer de facto, unilatéralement, l'accord de 2015. L'objectif de cette future loi (qui pourrait être adoptée avant la prochaine échéance de certification de l’accord par le président américain, mi-janvier) est de rendre permanentes des restrictions imposées par l'accord sur le programme nucléaire iranien et qui doivent être progressivement levées à partir de 2025. Les Etats-Unis menaceraient alors de sanctionner à nouveau Téhéran en fonction de critères exclusivement américains, notamment sur le développement de missiles intercontinentaux. Bref, on plaint le peuple iranien mais on le menace de nouvelles sanctions qui génèrent plus de difficultés et de corruption par le biais d’une économie parallèle.
Grand reporter
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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 19:54
Tableau de Zehra Dogan, artiste et journaliste kurde de Turquie emprisonnée (exposition à Traon Nevez, Plouézoc'h, du 5 au 21 janvier 2017

Tableau de Zehra Dogan, artiste et journaliste kurde de Turquie emprisonnée (exposition à Traon Nevez, Plouézoc'h, du 5 au 21 janvier 2017

France-Turquie. Macron 0 - Erdogan 1
VENDREDI, 5 JANVIER, 2018
L'HUMANITE

Le président français avait cru pouvoir redorer son blason international en recevant l’homme fort d’Ankara que peut bien peu dans le monde souhaitent rencontrer. Il en a été pour ses frais. Le président turc n’a pratiquement rien laché.

Ce vendredi matin, l’édition papier de » l’Humanité » titrait sur « la diplomatie de Macron à l’épreuve d’Erdogan » pour présenter la rencontre officielle entre les deux hommes. Epreuve il y a eu. Terrible pour le président de la république française qui a peut-être cru qu’il pouvait apprendre à un singe à faire des grimaces. Fidèle à lui-même, Recep Tayyip Erdogan, avec son allure dégingandée de sultan en vadrouille, a compris que son homologue français avait besoin de lui sur pratiquement tous les dossiers. Alors, il n’a fait aucune concession, prenant même son hôte à son propre jeu lorsque celui-ci a évoqué des dossiers et des noms de journalistes et d’intellectuels incarcérés. « En Turquie aussi la justice est indépendante », a répondu le président turc en réprimant un sourire. « Je soumettrai ces dossiers au ministre de la justice qui me dira ce qu’il en est pour chaque cas ». Après cela, Emmanuel Macron pouvait bien appeler Erdogan à « respecter l'Etat de droit », l’homme fort de Turquie n’en avait cure. La preuve par sa façon de répondre, cinglante, à un journaliste français qui l’interrogeait sur les facilités données par la Turquie aux djihadistes voire à l’envoi d’armes en Syrie: « Vous parlez comme un adepte de Fethullah Gülen », du nom de la confrérie qui l’avait aidé à accéder au pouvoir et devenue, depuis, son pire ennemie au même titre que tous ceux qui ne partagent pas ses visions politiques.
Emmanuel Macron aura pourtant tout tenté pour se gagner les bonnes grâces de Recep Tayyip Erdogan. Au point d’en être gênant tant le président français semblait précéder les désirs de son invité. Concernant la « lutte contre le terrorisme », par exemple, « notre coopération est exemplaire », a insisté Emmanuel Macron. « Les accords passés fonctionnent très bien ». Et de citer immédiatement comme « organisation terroriste », non pas Daech (l’Etat islamique) mais… le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et « en particulier ses formes de financement ». A la veille de la commémoration de l’assassinat il y a cinq ans de trois militantes kurdes à Paris, l’implication avérée des services de renseignements turcs, le MIT, et les révélations faites le matin même par le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) du nom de l’organisateur de cet assassinat, Macron a perdu tout sens de l’honneur de la France. Comme il semble oublier que les populations Yézidis au Sinjar (Irak), promis à un génocide par Daech, n’ont du leur salut qu’à l’intervention des guérilleros du PKK et des unités de défense (YPG, kurdes de Syrie).
En fait, le dialogue s’est apparenté à un dialogue de sourds. Qu’il s’agisse de l’Union européenne - où Macron a du admettre que « les évolutions récentes et les choix ne permettent aucune avancée du processus engagé », alors que Erdogan lâchait que la Turquie était « fatiguée » d'attendre une éventuelle adhésion à l'Union européenne, ajoutant: « On ne peut pas en permanence implorer une entrée dans l’UE ». Ce qui a le mérite de la clarté.
Macron, voyant que la France demeurait la seule porte d’entrée pour la Turquie dans le monde occidental (les relations d’Ankara sont exécrables avec la plupart des chancelleries, de Washington à Berlin en passant par Londres), pensait que son jeu allait payer, notamment pour prendre une place à la table des grands dans le dossier syrien en insistant sur l’importance des rencontres d’Astana « qui ont permis l’installation de zones de désescalades », soucieux de s’inscrire « dans le processus de Sotchi », mais argumentant sur la décision souveraine des Syriens dans le respect de toutes ses composantes. Mais, là encore, il s’est fait bousculer par Erdogan qui a redit qu’il était hors de question pour la Turquie de laisser un groupe terroriste gagner la Méditerranée. Dans son langage cela signifie empêcher les YPG d’avancer plus à l’ouest pour opérer une jonction entre les trois cantons du Roja, les YPG étant pour lui une émanation du PKK terroriste!
Finalement, le seul point sur lequel a pu s’appuyer Emmanuel Macron est la signature entre Paris et Ankara d’un contrat qui porte sur l'étude de définition du système de défense aérienne et antimissile longue portée Loramids (Long-Range Air and Missile Defense System, ndlr) entre les sociétés turques Aselsan et Roketsan et franco-italienne Eurosam et le gouvernement turc. Bilan assez maigre. La diplomatie de Macron a été vraiment mise à rude épreuve par Erdogan.
Grand reporter
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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 07:01
Turquie: Erdogan renoue avec un symbole de la dictature

Dans les années 1980, l'obligation faite aux prisonniers politiques de la junte militaire turque de porter un uniforme avait entraîné des vagues de grève de la faim, symbolisant la dérive de la dictature de Kenan Evren. Le 24 décembre 2017, veille de Noël, Recep Taypi Erdogan a lui aussi fait publier un décret prévoyant d'imposer des uniformes spécifiques à certains prisonniers: marron pour ceux accusés d'avoir participé à la tentative de putsch de juillet 2016, gris pour ceux qui le sont de lien avec le terrorisme. Selon Reporters sans Frontières (RSF), "plus de 58 000 détenus" dont des "dizaine de journalistes" sont également concernés par cette mesure qui devrait entrer en application d'ici un mois. Tous les prisonniers devront porter l'uniforme lors de leurs apparitions publiques, "au mépris de la présomption d'innocence" s'indigne encore RSF qui demande l'abrogation d'un décret participant "à la dérive de la justice turque vers un instrument de vengeance politique".  

L'Humanité Dimanche, 4-10 janvier 2017

Erdogan à Paris : Une provocation et un outrage (PCF)

L'annonce de la visite du président turc Erdogan à Paris, le 5 janvier 2018, tonne comme une provocation. Elle se déroulera la veille d'une manifestation commémorant l'assassinat de trois militantes kurdes il y a cinq ans. La justice française avait pourtant mis en évidence l'implication des services secrets turcs dans ce crime.

La rencontre entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan constitue un nouvel outrage à l'égard des familles des victimes et des Kurdes qui subissent une impitoyable guerre meurtrière. Les parlementaires et les maires du HDP ont vu leur immunité levée, ont été destitués et croupissent désormais en prison après avoir été condamnés dans des procès iniques.

La Turquie d’Erdogan est dans une situation de chaos, dans une fuite répressive permanente.
L'opposition est réduite au silence tandis que des purges gigantesques peuplent les prisons. La politique est devenue un champ de vengeance dans lequel des milices islamo-fascistes jouissent de l'impunité pour tuer et lyncher ceux qui protestent encore.

Comment dans ces circonstances affirmer que la Turquie demeure "un partenaire essentiel" ? Le devoir de la France est d'être aux côtés des défenseurs des droits humains en Turquie.

Le PCF condamne la visite du dictateur R.T. Erdogan et exprime sa solidarité totale avec tous les démocrates de Turquie. Il appelle à faire de la manifestation du 6 janvier 2018 à Paris un succès pour que Vérité et Justice soient rendues à Leïla, Sakine et Rojbin.

Parti communiste français,

Le 2 janvier 2018.

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 11:39

La situation marocaine est remarquablement expliquée par Rosa Moussaoui. 

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4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 10:59
Salah Hamouri transféré dans une autre prison à titre punitif après l'interview qu'il a accordé à l'Humanité fin novembre

 Mesure punitive suite à l’interview dans l'Humanité !

Dimanche 31 décembre au matin, l’administration pénitentiaire a informé Salah Hamouri de son transfert immédiat de la prison du Néguev (Qeziot) vers celle de Meggido située au sud-est d’Haïfa. Après avoir passé une nuit dans la prison de Ramleh, il est arrivé le 1er janvier à la prison de Meggido.

Une de ses avocate a pu le rencontrer ce mardi 2 janvier. Il va bien et garde le moral malgré ce transfert pénible ainsi que des conditions de détention encore plus spartiates à Meggido que dans le Néguev. L’administration pénitentiaire lui a indiqué avoir pris cette décision en guise de mesure punitive suite à l’interview donnée par Salah Hamouri à l'Humanité via l’intermédiaire de ses avocats.

Assez de cet acharnement et de cet arbitraire sans fin que rien ne justifie, sauf des raisons qui sont uniquement politiques. La justice est foulée aux pieds. La France doit décupler ses efforts concrets pour que notre concitoyen soit rapidement libéré ! Les paroles ne suffisent pas, c'est évident.

Cela fait 133 jours que Salah Hamouri subit dans sa vie une nouvelle fois l’arbitraire, et est l'objet d'un nouvel acharnement.

133 jours qu’il est incarcéré et à travers lui, c'est l’honneur de la diplomatie française est également touché !

Lisez et partagez l'interview de Salah  http://bit.ly/2CsfR6H

Le collectif liberté pour Salah Hamouri

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3 janvier 2018 3 03 /01 /janvier /2018 19:52
Pendant près d’un an, l’artiste subira tortures, humiliations et menaces dans la plus totale promiscuité. Julien Jaulin/Hanslucas

Pendant près d’un an, l’artiste subira tortures, humiliations et menaces dans la plus totale promiscuité. Julien Jaulin/Hanslucas

Témoignage. Autoportrait d’un prisonnier d’Assad
STÉPHANE AUBOUARD
MERCREDI, 3 JANVIER, 2018
L'HUMANITÉ

Le peintre syrien Najah Albukaï, réfugié politique en France depuis dix-huit mois, tente de faire connaître une œuvre majeure et bouleversante sur son expérience carcérale.

"Je suis né deux mois avant le coup d'Etat de Hafez el Assad en 1970. Année après année le pire s'est invité, dans nos quartiers, dans nos maisons. Et quand le pire s'invite, le pire s'installe". 

Au milieu des piliers de béton de l'université Diderot transformé le temps d'un week-end en galerie, les mots du peintre et dessinateur syrien Najah Albukaï résonnent de tout leur poids. C'est la première fois, depuis son arrivée en France il y a 18 mois, que l'artiste expose à Paris, en catimini, une oeuvre aussi majeure que nécessaire, vestiges enfouis de sa propre expérience dans le milieu carcéral syrien. Autour de lui, dans un espace qui rappelle l'enceinte d'une prison, une quarantaine d'encres, de gouaches et d'aquarelles peintes sur de simples feuilles cartonnées recouvrant les murs. Extraite à coup de kalam (crayon utilisé en calligraphie) et de pinceau, la souffrance humaine s'étale devant nos yeux comme autant de clichés photographiques en noir et blanc pris de l'intérieur.

Là, sous le regard éteint des cadavres, une centaine d'hommes décharnés attendent pour aller aux toilettes. Ici, un mégot fumant aux lèvres, un militaire pose ses pieds sur le dos d'un homme nu et agenouillé ployant sous le poids des bottes. Plus loin, un grand tableau rectangulaire raconte la promiscuité des corps tête-bêche, par centaine enchevêtrés, rappelant La Porte de l'enfer de Rodin, mais reflétant simplement la nuit sans sommeil de prisonniers allongés sur le lit de ciment. Là encore, un homme attaché par les mains et les pieds est encastré dans une chaise. "On nommait cette torture la chaise allemande" , se souvient Najah en "hommage" au nazi Aloïs Brunner, responsable du camp de Drancy près de Paris et responsable de l'assassinat de quelque 130 000 juifs d'Europe. "Un jour, un prisonnier m'a appris que lorsque le parti Baas était arrivé au pouvoir en 1966 en Syrie, Brunner avait été embauché par le régime pour enseigner son savoir-faire en matière de maintien de l'ordre", évoque celui qui fut aussi professeur d'arts plastiques à Damas. La puissance du trait traverse aussi l'histoire de l'art. Formé aux Beaux-Arts de Damas puis à Paris, Najah Albukaï en est imbibé. Sur certaines gouaches qui évoquent les camps de concentration nazis, les visages aveugles rappellent l'univers de Munch. Des fusains aux corps suspendus font écho à des études de crucifixion du 16e siècle italien. Otto Dix et ses masques à gaz s'invitent également. Des saillies dignes de caricatures de périodique se mêlent aussi à ce musée de l'horreur humaine. Mais le tout n'imite jamais et s'impose dans une unité personnelle par la force même du peintre dont les souvenirs brûlants refont surface.

"J'ai été incarcéré une première fois en 2011 pendant le printemps arabe. J'avais soutenu une manifestation d'étudiants. Mais l'expérience de la prison, je l'avais vécue une première fois enfant. Mon père, qui était ouvrier dans une raffinerie de pétrole, était communiste mais discret sur ses engagements auprès de nous. Un jour, il ne revint pas à la maison pendant une semaine. Quand il fut de retour, il avait le visage souriant mais tuméfié et ses pieds étaient gonflés. Ce n'est que bien plus tard que je compris ce qui s'était passé". En mai 2011, Najah est relâché, mais en juillet 2012, le couperet tombe à nouveau. "Je revenais de l'université en bus. Il y avait un check-point. Un soldat a pris nos passeports, il avait une liste de noms inscrits sur une feuille, le mien en faisait partie". 

L'artiste, qui avait osé moqué l'Etat syrien via ses dessins sur internet passe cette fois-ci un mois dans les geôles du régime.  "J'étais accusé de troubles à l'ordre public et affaiblissement du sentiment national!" se souvient-il. Après que sa femme a pu trouver les 1000 dollars nécessaires pour que le juge le libère, il passe les deux années suivantes en quasi-clandestinité, mais continue, sous pseudonyme, de publier ses textes et dessins sur un compte Facebook.  

"En 2014, j'ai été dénoncé. J'ai voulu partir. Un passeur m'a demandé 4000 dollars pour sortir du pays. J'ai été arrêté". Commence alors une plongée de onze mois au cœur de la folie ordinaire...." 

Procès expédié et bâclé : « Un juge me posait des questions et il notait l'inverse de mes réponses. Vous filmez des manifs, Monsieur ? Vous philosophez beaucoup, Monsieur ? » Puis l'incarcération dans la prison principale d'Aadra de Damas. « Imaginez que tous ces lieux de torture- les centres 227, 48 ou 215 – dont la simple évocation fait trembler tout Syrien, sont situés à 100 mètres de la faculté de lettres, à 60 mètres du ministère de l'Education, à 500 mètres de l'opéra ! » Pendant près d'un an, Najah subira tortures, humiliations, et menaces dans la plus totale promiscuité. « Nous étions 3000 personnes dans des espaces ne pouvant en contenir que 300. A moitié nus pour ne pas s'échapper. Mal nourris, objets de toutes sortes de maladies. Nous nous occupions tous les matins de porter les cadavres et souvent nous nous demandions quand notre tour arriverait ». Seul l'amour indéfectible de sa famille et de son épouse en particulier a permis aujourd'hui à Jajah Albukaï de nous offrir ce témoignage essentiel à la mémoire des hommes. « Ma femme a dû réunir 20 000 dollars – 100 fois son salaire- pour réussir à convaincre juges et geôliers de me sortir de là. Et obtenir l'exil. ». En octobre 2015, le peintre et sa famille ont obtenu pour 10 ans le statut de réfugié politique en France. Aujourd'hui cet artiste au talent immense tente de faire connaître son œuvre. Ce serait l'honneur de la France de l'y aider.

Stéphane Aubouard

          

 

Témoignage. Autoportrait d'un prisonnier d'Assad (Stephane Aubouard, L'Humanité - mercredi 3 janvier 2017)
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3 janvier 2018 3 03 /01 /janvier /2018 06:58

Articles parus sur le site "Middle East Eye.", signé par  Daniel Vanhove auteur d’ouvrages sur la Palestine (Retour de Palestine ; Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes ; La Démocratie mensonge). Il contribue à diverses publications, dont Mondialisation.

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C’est encore et toujours cette abjecte façon de retourner les faits, de travestir la réalité et de transformer la victime en coupable

La semaine dernière, la jeune résistante palestinienne Ahed Tamimi était arrêtée par la soldatesque israélienne en pleine nuit (plus commode !) pour avoir giflé un soldat israélien, puis a été emmenée, menottée, dans une jeep de l’armée.

Il y a deux ans, lors d’un JT de France 2, l’ancien présentateur David Pujadas introduisait en ces termes un reportage sur l’adolescente, alors âgée de 15 ans : « L’image est une arme au moins aussi efficace que les fusils. Celle-ci a fait le tour du monde. Regardez, des boucles blondes, un visage d’ange [...] Héroïne ou enfant manipulée ? La fabrique d’une histoire... ».

L’introduction de ce reportage (rediffusé sur  le blog de France 2 la semaine dernière) explique avec éloquence que « les Palestiniens l’ont bien compris, plus que les pierres, les images sont devenues une arme redoutable ».

Le téléspectateur n’a déjà plus le choix. Il est prié de comprendre que derrière ces « boucles blondes, visage d’ange », [...] se cacherait peut-être (sans doute) toute la félonie de la résistance palestinienne à l’occupation, qui se sert d’enfants pour mener sa lutte de libération...

Le téléspectateur n’a déjà plus le choix. Il est prié de comprendre que derrière ces « boucles blondes, visage d’ange », il va découvrir un montage, une image travaillée, truquée, composée... que derrière ce visage lumineux qui apparaît à l’écran, se cacherait peut-être (sans doute) toute la félonie de la résistance palestinienne à l’occupation, qui se sert d’enfants pour mener sa lutte de libération...

Tout au long du reportage, les commentaires sont d’une honteuse partialité et ne relatent en aucun cas les faits pour ce qu’ils sont. En revanche, ils insinuent à demi-mots, ils manipulent les téléspectateurs pour leur faire accroire que les enfants palestiniens sont utilisés par leurs parents comme des armes vivantes envoyées au contact direct de l’armée israélienne. 

Cela venant s’ajouter aux nombreuses allégations déjà entendues en d’autres temps que les Palestiniens se servent de leurs enfants comme boucliers vivants, alors que tous les témoins qui se sont rendus sur place ont pu voir à diverses reprises – et de nombreuses vidéosexistent sur Internet – que la plupart du temps, ce sont les « courageux » soldats israéliens qui prennent des enfants comme boucliers humains, quand ils ne sont pas des dizaines à s’y mettre, harnachés comme des Robocops, pour arrêter l’un ou l’autre qui n’a que son courage pour toute arme ! 

Plus loin dans le reportage, il est question d’une vidéo de 2015 tournée par l’oncle d’Ahed qui, d’après les sous-entendus du journaliste, en a fait son business. Sans jamais pointer le fait que ce « valeureux » soldat s’en est pris à un enfant – jeune frère d’Ahed – qui a le bras cassé et qu’il étrangle sans ménagement sous prétexte « qu’il est soupçonné d’avoir jeté des pierres », le journaliste Franck Genauzeau poursuit son commentaire : « l’adolescente apparaît et tente de le libérer et en vient aux mains avec le soldat... lui-même roué de coups par le reste de la famille [le pauvre !] et devra finalement renoncer [à emmener l’enfant] ».

Il poursuit en disant « à aucun moment l’oncle n’a lâché sa caméra... », mais ne soulignera pas que de rage, le courageux soldat lâche une grenade lacrymogène au beau milieu du groupe de jeunes et d’adultes venus secourir l’enfant.

Et le journaliste d’insister : « Ces images seront mises à disposition gracieusement dans le monde entier... stratégie assumée par le père de l’adolescente, accusé par certains Israéliens de provoquer à dessein ces scènes de tensions ».

La manière dont sont proposés les éléments (images et commentaires) pousse à faire passer les occupés pour la menace et les occupants pour les menacés

Pourquoi souligner cela ? Ces images devraient-elles être payantes ? Internet ne sert-il pas aussi à diffuser des informations le plus largement possible et à tous ceux qu’elles peuvent intéresser dès lors que les chaînes officielles ne sont plus fiables et qu’elles sont au service du pouvoir ?!

Et comme si cela ne suffisait pas, le journaliste, dont on a bien compris la partialité, enfonce le clou en s’adressant au père : « Ahed est devenue l’une de vos armes, en fait ». 

Ce que le père réfute, en concédant, sourire en coin, qu’elle serait alors une « arme de communication... c’est une enfant qui accomplit son devoir et ses responsabilités... ». 

« C’est une icône » lancera le journaliste, qui n’en démord pas et ne saisit pas à quel point les Palestiniens ont le sens de l’humour et de la dérision : « Oui, une icône, lâche le père, pour convaincre les autres pays, grâce à elle ». Peu de chance que ces mots soient compris par celui qui a définitivement choisi son camp !

Et la sentence tombe : « Alors, adolescente manipulée ou caractère bien trempé... ? » Mais, après un tel reportage, le téléspectateur a-t-il encore le choix ? La manière dont sont proposés les éléments (images et commentaires) pousse à faire passer les occupés pour la menace et les occupants pour les menacés. C’est encore et toujours cette abjecte façon de retourner les faits, de travestir la réalité et de transformer la victime en coupable et, inversement, de présenter une armée dont on connaît toutes les dérives pour de pauvres victimes. 

À aucun moment de ce reportage, il ne sera question d’une armée d’occupation déployée depuis des décennies dans tout le pays, dans tous les villages, et qui ne lésine pas sur les moyens pour détruire les habitations, brimer, blesser, tuer les Palestiniens de tous âges, y compris des enfants sans autre défense que des cailloux ! Ni des handicapés, comme on a pu le voir encore la semaine dernière à Gaza.

Le téléspectateur est laissé face à une enfant présentée comme une diablesse déguisée en ange aussi redoutable et dangereuse que la cinquième armée du monde !

 

Si, comme moi, vous êtes outrés par ce reportage, vous pouvez suivre ma démarche et écrire au médiateur de France 2 pour lui exprimer votre désapprobation. Par ailleurs, j’ai adressé aussi un Tweet directement à David Pujadas, que je vous relaie ci-après :

@DavidPujadas : odieuse votre séquence de la semaine dernière à propos de la petite Ahed Tamimi face aux soldats de la colonie israélienne... cela s’appelle de la « désinformation » doublée de propagande sioniste. Mais, rien de neuf de la part d’un « has been »...

La Palestine a besoin de nous... sachons rester mobilisés à chaque moment et n’hésitons pas à faire entendre notre voix. Ne baissons pas les bras comme certains le voudraient tant et espèrent que nous nous lasserons.

Lors de mes déplacements sur place, les Palestiniens m’ont demandé une chose que je m’efforce de faire, à chaque occasion : « Comme nous ne pouvons pas sortir de notre prison et venir vous dire nous-mêmes ce qu’il en est, vous qui pouvez voyager, soyez notre voix ! »

Je ne l’oublierai jamais.

 

Daniel Vanhove est auteur d’ouvrages sur la Palestine (Retour de Palestine ; Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes ; La Démocratie mensonge) et contribue à diverses publications, dont Mondialisation.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : Ahed Tamimi a comparu devant le tribunal militaire israélien d’Ofra le 20 décembre 2017. Elle est à ce jour toujours incarcérée pour avoir giflé un soldat israélien (Twitter\@HsSadaka).

 

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31 décembre 2017 7 31 /12 /décembre /2017 07:00
Portugal, au pays de la gauche qui marche
 PAR 

Depuis octobre 2015, les socialistes tiennent les rênes de l’exécutif portugais. Avec l’appui d’une coalition originale au Parlement : la gauche radicale du Bloco et le parti communiste. Un attelage qui pourrait être riche d’enseignements ailleurs en Europe. Premier volet de notre série de reportages.

 

Lisbonne (Portugal), envoyée spéciale.-  Ce jour-là, Mario Centeno, fraîchement élu à la présidence de l’Eurogroupe, est auditionné en session parlementaire. Le ministre des finances portugais à la tête de l’institution de la monnaie unique : une bonne nouvelle pour ce petit pays qui se relève doucement d’une longue cure d’austérité ? « Pas vraiment, tranche sèchement Catarina Martins, la « coordinatrice » du Bloco de Esquerda, le parti de gauche radicale portugais, qui soutient pourtant au parlement le gouvernement socialiste dont Mario Centeno est issu. Le changement en Europe ne viendra pas de l’Eurogroupe. Et Centeno est un libéral, il prônait entre autres la facilitation des licenciements. »

Nous sommes début décembre à Lisbonne et la députée Catarina Martins vient d’interpeller le ministre des finances à l'assemblée. « Oublions un instant que le Bloco ne croit pas en l’Eurogroupe. Oublions que l’Eurogroupe est un forum informel qui n’existe dans aucun traité européen et où l’Allemagne a toujours le dernier mot. Oublions que l’Eurogroupe a exclu le ministre grec des finances de ses réunions. Oublions que l’Eurogroupe a insulté le Portugal et imposé l’austérité dans plusieurs pays du Sud. Même si nous oublions tout cela, il y a un problème : vous avez dit en septembre que l’union monétaire était une zone de divergences… Si tout le monde est conscient de cela, au sein du Parti socialiste comme à Bruxelles, quelle est votre stratégie à la tête de l’Eurogroupe ? » lui a-t-elle lancé. Toute l’habileté du Bloco tient dans cette capacité à critiquer le gouvernement socialiste et à assurer le rôle d'un « parti minoritaire »… tout en le poussant, avec l’aide du Parti communiste portugais (PCP), à mettre en œuvre des mesures sociales.

Depuis octobre 2015, c’est cet attelage original qui préside aux destinées du Portugal. Les législatives n’ayant pas débouché sur une majorité claire, le Parti socialiste (PS), arrivé deuxième, a alors pris la main pour former l’exécutif. Il a obtenu le vote du Bloco et du PCP pour l’investiture, en échange de quoi son gouvernement, minoritaire, s’est engagé sur un certain nombre de mesures sociales afin de compenser les effets dévastateurs qu’ont produits la crise économique et la cure d’austérité imposée entre 2011 et 2015 par la droite au pouvoir et la Troïka (Commission européenne, FMI et Banque centrale européenne). « Ce n’est pas que nous soutenons ce gouvernement, nous ne gouvernons pas, corrige Miguel Tiago, élu du Parti communiste. Nous nous contentons de ne pas le faire tomber. »

 

La nuance est de taille pour ces deux partis qui risquent de se brûler les ailes à voter d’une même voix aux côtés des élus socialistes. Comment convaincre ensuite leurs électeurs qu’ils sont toujours opposés à l’Union européenne dans sa forme actuelle, à la monnaie unique, à l’OTAN… et qu’ils sont accessoirement très différents l’un de l’autre, même s’ils se partagent la gauche de la gauche de l’échiquier politique ? Pour l’instant, le résultat des dernières élections municipales, en octobre dernier, n’est guère probant.

 

Le Bloco, qui n’est pas très bien implanté localement, a certes légèrement progressé dans certaines villes, comme à Lisbonne, où le PS gouverne désormais là aussi suivant un accord avec le Bloco. « Nous sommes aujourd’hui le troisième parti du Portugal », se targue Catarina Martins. Mais le Parti communiste recule ; il a perdu quelques-uns de ses bastions, comme la commune d’Almada qui, de l’autre côté du Tage, fait face à Lisbonne. Et ce malgré un « pacte de non-agression » conclu avec le PS local, qui y avait envoyé comme candidate une actrice sans lien avec le terrain. Elle a réussi à dépasser le PCP de quelque 400 voix…

Celui qui semble le mieux profiter de cette alliance, finalement, c’est le Parti socialiste. Le ministre adjoint aux finances, Ricardo Mourinho Félix, s’en réjouit : les positions du Bloco et du Parti communiste « ont de manière évidente influencé notre manière de gouverner ces deux dernières années. Je ne le vois pas comme quelque chose qui s’impose à nous et nous met dans une situation inconfortable », dit-il. (L’intégralité de l’entretien sera à lire dans un prochain article.) En fait, pour une partie du PS, ce soutien est un soulagement…

En témoigne également le député socialiste et vice-président du groupe à l'assemblée Joao Galamba : « La crise a accru nos divergences avec la droite portugaise. La possibilité d’une alliance avec le Bloco et le PC est apparue comme une chance pour la gauche, qu’il ne fallait pas rater. Ne perdons pas de temps et concentrons-nous sur les points où nous pouvions tomber d’accord : telle a été notre philosophie. Nous n’étions pas à la recherche d’idéal, de consensus, de convergence absolue : nous voulions des changements concrets dans la vie quotidienne des gens. »

De fait, la liste de mesures mises en œuvre est impressionnante au regard de ce qu’ont fait – ou plutôt n’ont pas fait – les autres gouvernements sociaux-démocrates en Europe ces dernières années : augmentation du salaire minimum de 5 % par an jusqu’à atteindre 600 euros brut en 2019, allègement de l’impôt sur les plus bas revenus, hausse des petites pensions de retraite, rétablissement de quatre jours fériés qui avaient été supprimés…

Le dernier budget – le 3e voté par cet attelage PS-Bloco-PCP –, adopté fin novembre, s’inscrit lui aussi dans cette lignée : l’impôt sur le revenu est abaissé pour les premières tranches de revenus (1,6 million de foyers touchés au total) ; une nouvelle taxe est introduite pour les grandes entreprises qui dégagent plus de 35 millions d’euros de profits annuels ; les pensions de retraite sont augmentées de manière variable en fonction de leur niveau (de 1 à 10 %), et les livres scolaires deviennent gratuits jusqu’à la sixième année d’éducation.

Le grand écart du PC portugais

Jusqu’à présent, tous les termes du contrat ont été respectés : les mesures sociales sont bien mises en œuvre par l’exécutif, et entre les trois partenaires de circonstance, on ne parle pas des sujets qui fâchent. « Nous nous sommes mis d’accord sur quatre principes, explique Catarina Martins. Le premier, c’est la hausse, chaque année, d’une partie des salaires et des retraites afin de compenser les coupes des années précédentes. Le deuxième, c’est l’impossibilité de nouvelles baisses de revenus, et donc de hausse des prélèvements obligatoires pour les salariés ainsi que des taxes sur les biens essentiels. Le troisième, c’est l’arrêt définitif des privatisations, qui dans le passé avaient été décidées par le Parti socialiste lui-même. Et le quatrième, c’est l’impossibilité de retirer davantage de droits aux travailleurs. » Car le droit du travail, comme en Grèce et comme en France aujourd’hui, a été sérieusement entamé au Portugal pendant les années de Troïka.

« Sur ce plan-là, on ne reviendra pas en arrière avec ce gouvernement, regrette Jorge Costa, autre député du Bloco. C’est la limite de cet accord, et, me semble-t-il, le résultat d’un accord tacite avec le patronat, en contrepartie de la hausse du salaire minimum. » « Les socialistes sont trop compromis avec le système capitaliste pour qu’on puisse évoluer là-dessus », renchérit le communiste Miguel Tiago, qui regrette par ailleurs un blocage tout aussi complet sur le budget alloué à la culture, un budget « misérable, inacceptable », ainsi que l’impossibilité de faire baisser le prix du gaz domestique, « trop élevé pour quantité de foyers au Portugal ».

Autre zone d’ombre de l’accord : le travail précaire, de plus en plus répandu au Portugal. Un décret à venir doit permettre de titulariser 30 000 contractuels de la fonction publique au cours du premier semestre 2018. Une victoire à rajouter au compteur du Bloco. Mais dans le privé, rien ne change. Si l’emploi est reparti à la hausse, ces derniers temps, c’est le plus souvent au détriment des protections sociales élémentaires. Le système d’auto-entreprenariat, où le travailleur doit cotiser lui-même pour ses couvertures santé et retraite, devient en effet de plus en plus la règle… et rien ne permet aujourd’hui d’enrayer cette tendance.

 

« Pour mieux protéger ces travailleurs dits indépendants, nous avons émis des propositions au sein d’un groupe de travail sur la précarité, explique le député du Bloco Jorge Costa. Notamment l’établissement d’un taux très réduit de cotisations sociales pour les bas revenus, le maintien de la protection sociale même si l’activité s’interrompt, et un accès à la caisse d’assurance chômage. » Le texte, présenté mi-décembre au parlement, est en bonne voie d’être adopté.

Restent des désaccords idéologiques de fond et tous les points qui sortent de l’accord avec le PS, sur lesquels les deux partis échouent à faire avancer les choses dans leur sens. Ainsi en est-il par exemple du coût de l’énergie portugaise, l’un des plus élevés du continent. Le Bloco a proposé que le secteur de l’énergie renouvelable – qui fait des profits ahurissants au Portugal – soit taxé au même niveau que le secteur conventionnel et que cette hausse permette au consommateur de payer un prix moins élevé. Échec total.

Face à ces divergences, Bloco comme PCP assurent maintenir une ligne idéologique claire. « Les socialistes et la droite s’entendent parfaitement sur la politique européenne. Ce qui fait que nous avons 80 % des députés engagés dans le statu quo européen, lâche Catarina Martins. Mais nous, notre engagement n’est pas aux côtés du PS. Il est aux côtés de nos électeurs. C’est pourquoi nous n’abandonnerons aucun de nos principes. »Parmi ces principes, il y a une franche hostilité à l’euro, « qui rend chaque jour les pauvres de plus en plus pauvres et l’Allemagne de plus en plus riche – sans que cela ne bénéficie toutefois aux travailleurs allemands », selon les mots de Catarina Martins, pour qui le vrai problème, en réalité, est la renégociation de la dette publique portugaise.

Le professeur d’économie Francisco Louça, membre fondateur du Bloco, ne voit quant à lui aucune contradiction entre cette opposition à l’euro et le fait de voter d’une même voix avec un gouvernement qui envoie son ministre des finances à la tête de l’Eurogroupe : « Ce que change, pour le Bloco, cette attitude de soutien au gouvernement, c’est son agenda. Cela l’inscrit dans la gestion politique d’un travail quotidien. Cela lui donne plus de poids, plus de profondeur. Mais on reste dans le cadre d’un contrat très clair : il s’agissait d’éviter le prolongement de la droite au pouvoir et d’ouvrir la porte aux mesures sociales. »

Le PCP, l’un des derniers partis communistes d’Europe avec le KKE grec à n’avoir pas rompu avec le marxisme-léninisme, fait de son côté le grand écart. Après avoir refusé pendant des années de dialoguer avec les autres partis (posture dans laquelle se trouve encore aujourd’hui le parti frère hellénique, qui agit dans un isolationnisme total, y compris sur le plan syndical), il affiche aujourd'hui un certain pragmatisme, sans rien abandonner de son corpus théorique.

« Le PS ne s’est pas engagé à exaucer tout ce que nous demandons en dehors de l’accord, et de notre côté, nous ne sommes pas obligés de voter ce qui sort de l’accord. Nous avons simplement trouvé un terrain commun sur une liste délimitée de sujets, justifie l’élu communiste Miguel Tiago. C’est pourquoi, par exemple, nous ne pouvons pas faire tomber le gouvernement parce qu’il refuse la nationalisation du système bancaire que nous voulons : cela sort de notre accord. Nous essayons pour le moment de tirer le meilleur de la situation dans laquelle nous nous trouvons, de construire avec les conditions que nous avons. Mais cela ne veut pas dire que nous abandonnons notre lutte. »

« Le PS a retrouvé son électorat traditionnel »

Et le député de rappeler les grèves que le parti a soutenues, les manifestations auxquelles les élus ont participé, la volonté de dissoudre l’euro, l’Union européenne et l’Otan. « Notre objectif n’est pas que le PS tourne le dos à l’Union européenne et se rapproche de nous. Notre objectif, c’est d’élargir notre base. » Le PS n'a d'ailleurs aucunement infléchi sa politique européenne et le gouvernement se targue même de remplir les critères de Bruxelles au-delà des objectifs fixés.

Toutefois, à écouter Miguel Tiago, le principal ennemi du PCP semble être à l’heure actuelle le Bloco… « parti bourgeois, au fonctionnement électoraliste, dont toutes les positions sur le plan international, comme la Corée du Nord, le Venezuela et l’Angola, ne font que suivre la tendance. Certes, nous avons des positions similaires sur le plan social. Mais tout nous sépare en réalité ».

Mais, au-delà de la rhétorique, difficile d’appréhender ces divergences, à l’exclusion de la politique étrangère où le Bloco est en effet beaucoup plus critique envers des régimes corrompus comme l'Angola que le Parti communiste qui, en raison de vieux liens historiques avec le MPLA au pouvoir, ne s'est jamais avancé à critiquer le régime de l'ancienne colonie portugaise. Les deux partis de gauche, d’ailleurs, ne discutent pas entre eux. Les négociations sur les mesures gouvernementales se font de manière parallèle, entre le PS et le PC, d’un côté, et le PS et le Bloco, de l’autre.

« Cette alliance au parlement est un défi, reconnaît de son côté le socialiste Joao Galamba. Il y a des tensions entre nous. Mais cela nous force à être créatifs. Et en général, nous arrivons à un compromis qui est meilleur que notre position de départ. De plus, les citoyens voient que les compromis sont possibles à l’intérieur du parlement : c’est bon pour la santé démocratique du pays… »

Outre les bénéfices sociaux indéniables de cette configuration exceptionnelle pour le parlement portugais, cet attelage inédit instille, de fait, une nouvelle manière de faire de la politique à Lisbonne : à la fois un certain pragmatisme chez des partis tenus par un solide socle idéologique, et une recherche du compromis que l’on observe généralement plutôt dans les pays du nord de l'Europe, habitués des coalitions politiques.

 

« Il n’y avait jamais eu dans le passé de négociation entre les partis de gauche au Portugal, reconnaît Jorge Costa. C’est la première fois de l’histoire du pays qu’un budget est voté par le Parti communiste et la gauche radicale… Cela n’est pas le résultat d’une négociation qui aurait formé un gouvernement rigide. C’est au contraire le résultat de discussions permanentes, graduelles, qui nous permettent de faire la preuve que nous ne sommes pas seulement des partis de confrontation. Les électeurs voient que nous sommes aussi capables de gouverner et de trouver des compromis. »

Une expérience inspirante pour le reste du continent ? Tous nos interlocuteurs le disent : difficile de reproduire ailleurs ce qui a marché dans un contexte exceptionnel, dans un pays particulier. Mais chacun en tire des leçons à sa manière. Pour le député Joao Galamba, il en sort une évidence pour le Parti socialiste : « En se démarquant très clairement de la droite, en s’ouvrant à la gauche radicale, le PS portugais a retrouvé son électorat traditionnel. Il faut montrer à l’électorat qu’il existe une alternative franche aux politiques de droite et que des compromis avec la gauche sont possibles. Si ce choix est proposé aux électeurs, les sociaux-démocrates européens pourront se relever. Mais s’ils restent quelque part dans l’entre-deux, sans valeur claire, ou avec une action sans rapport avec les valeurs affichées, ça ne peut pas marcher. »

Pour le député du Bloco Jorge Costa, il faut rester modeste : « Il ne faut pas surestimer le succès de la gauche au Portugal. Cela ne change rien au rapport de force au niveau européen. Il ne faut pas croire non plus que le Parti socialiste portugais a viré à gauche… Il n’y a pas eu de révolution culturelle au PS. Ce dernier a été obligé, pour des raisons de survie politique, de trouver un accord avec sa gauche. Ce n’était pas un acte volontaire pour ce parti, qui était entré en campagne en 2015 avec le programme le plus à droite de son histoire. Il l’a fait de manière contrainte et forcée. »

Quant à l’éventualité de répéter une telle alliance dans le futur, aucun de nos interlocuteurs ne s’y est engagé. Rien ne dit qu’ils voudront, ni qu’ils pourront, reproduire cet attelage dans la prochaine législature. Se glisser momentanément dans les interstices d’un pouvoir socialiste affaibli : voilà ce qu’auront réussi, pour l’heure, Bloco de Esquerda et Parti communiste portugais.

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