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22 juillet 2018 7 22 /07 /juillet /2018 05:32

Lucia Cristina Estrada Mota est une photographe française qui a résidé douze ans en Cisjordanie, de 2004 à 2016.

Cet article a été publié sur le site « Middel East Eye »

Il ya est indiqué « Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye ».

 

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Alors que la détention du Franco-Palestinien Salah Hamouri vient d’être prolongée et que son épouse française et leur enfant n’ont toujours pas le droit de fouler le territoire, de nombreuses autres familles mixtes sont déchirées par le harcèlement administratif d’Israël. Témoignage

Mon arrivée en Palestine en décembre 2004, en pleine Intifada, est due à ma curiosité naturelle, presque maladive, qui n’a eu de cesse de me pousser à m’y rendre. M’y rendre pour voir, rencontrer, ressentir et, dans le meilleur et plus optimiste des cas, comprendre.

Une fois sur place, la vie coule tranquillement, comme ce paradoxe de se retrouver dans des zones dites « de conflits » et ne pas le ressentir, non pas par une quelconque insouciance mais bel et bien par cet état général que l’on y trouve et qui devient nôtre, dans lequel chaque Palestinien vit chaque jour comme une continuité, une suite à laquelle il s’adapte sans se plaindre même si tout le pousserait à le faire.

Très vite, je m’y installe en faisant face à l’administration israélienne. La danse des visas commence pour moi. À l’époque, j’étais seule, célibataire et donc toutes leurs intimidations n’avaient d’impact que sur ma personne et ma famille restée en France. Ma situation change en 2008, dès lors que je me marie puis deviens maman de deux garçons.

Un autre visage de l’occupation

Dans tout pays régi par des lois, le regroupement familial prend des formes diverses, mais il est tout de même rare de constater ce que l’on peut voir et vivre de la part d’Israël, un pays pour qui tout semble permis, qui transgresse toutes les lois sans en subir les conséquences.

Israël m’empêche tout simplement de vivre là où je le souhaiterais, là où mes enfants sont nés, là où mon mari veut vivre

En effet, lorsque l’on se marie à un Palestinien ou une Palestinienne, le bon sens voudrait que le regroupement familial soit accordé (ou non) par le pays de l’époux/se, dans mon cas, l’État de Palestine. C’est exactement là que le mot d’occupation dévoile l’un de ses visages, non pas le plus noir, mais certainement celui qui peut devenir le cauchemar de toute une vie, la mienne et pas seulement.

Mon regroupement familial est en effet régi par l’administration d’occupation. Ce n’est donc pas le ministère palestinien des Affaires sociales situé à Ramallah qui gère mon dossier car ce dernier n’est qu’un intermédiaire, en d’autres termes un simple levier administratif qui transmet mon dossier à l’occupant.

Je suis donc soumise au bon vouloir des autorités israéliennes, dont les décisions fluctuent au gré de la politique intérieure du pays et d’une feuille de route internationale qui tend à démontrer tant bien que mal « la menace » sous laquelle se trouverait Israël et qui viendrait justifier et normaliser tous ses crimes, entre les emprisonnements d’enfants et d’adolescents, les destructions de maison, l’accaparement de plus en plus de terres palestiniennes, le refus du droit international, etc.

Danse diplomatico-pathétique

Je suis Française et je m’en remets donc à l’époque aux autorités françaises locales : le consulat de Jérusalem. Mon cas a été connu très tôt. Je donnais, à l’époque, des cours de français à l’Institut français de Jérusalem ainsi qu’au centre culturel français de Ramallah. J’ai pu m’entretenir de mon cas auprès des différents consuls ou ministres venus en visite officielle.

Chacune de ces rencontres m’emplissait d’un espoir fou, j’oubliais presque toutes ces années à vivre enfermée dans une ville que j’ai choisie, Ramallah, mais qui, dans le même temps, me privait de tout mouvement car au premier checkpoint israélien, un retour en France manu militari pouvait être ma destinée… Or je voulais choisir moi-même ce moment, le moment de partir.

C’est là que le mot d’occupation dévoile l’un de ses visages, non pas le plus noir, mais certainement celui qui peut devenir le cauchemar de toute une vie, la mienne et pas seulement

Plusieurs officiels m’ont promis de transmettre mon dossier aux autorités israéliennes en charge. Je me souviendrai toujours de cette phrase d’une ancienne ministre : « Je vois le Premier ministre israélien Netanyahou cet après-midi et je ne manquerai pas d’appuyer votre dossier », ou encore de cette parole presque assassine tellement rien n’a jamais abouti : « Une missive a été envoyée du quai d’Orsay aux Israéliens »… et rien !

Cette danse diplomatico-pathétique m’a très vite fait comprendre que je ne pourrais jamais compter sur la capacité de nos autorités à résoudre mon cas. Non pas qu’elles ne le veuillent pas, mais simplement que face à Israël, rares sont ceux qui peuvent/veulent agir.

Dans mon cas, les répercussions sont douloureuses. Je suis maman de deux garçons nés d’un père palestinien. En janvier 2016, après un séjour sans visa de plus de dix ans, je suis obligée de quitter la Palestine avec mes enfants. Israël m’empêche tout simplement de vivre là où je le souhaiterais, là où mes enfants sont nés, là où mon mari veut vivre.

Cette danse diplomatico-pathétique m’a très vite fait comprendre que je ne pourrais jamais compter sur la capacité de nos autorités à résoudre mon cas. Non pas qu’elles ne le veuillent pas, mais simplement que face à Israël, rares sont ceux qui peuvent/veulent

Cette politique d’accorder des visas ou pas, de régulariser ou non les époux/ses, rend votre vie tout simplement impossible. Chaque soir, vous vous couchez en vous demandant si vous ne serez pas réveillée dans la nuit par des soldats venus pour vous chercher et vous mettre dans un avion car, pour Israël, vous êtes « illégale ». Alors que quoi ? Je ne veux pas vivre en Israël, mais bel et bien en Palestine !

Comment imposer à vos enfants cet environnement géré par la psychose qui s’installe en vous un peu plus chaque jour et, à l’inverse, comment imposer à vos enfants de quitter leurs pays ? D’abandonner leur environnement familial, leur école, leurs premiers copains ?

Cet aspect de la politique d’Israël n’a pour but que de vous forcer à quitter le territoire et, ainsi, asseoir un peu plus chaque jour son expansion.

Un cas parmi tant d’autres

Le portrait que je viens de dresser n’est qu’un seul cas parmi tant d’autres. Je ne suis malheureusement pas la seule. Nous sommes plusieurs femmes françaises contraintes à affronter cette politique administrative d’occupation. Selon que vous soyez marié/e à un Palestinien/ne de Cisjordanie, de Jérusalem ou encore de Gaza, votre traitement administratif, votre légalité et donc votre vie de famille est totalement sous l’emprise de cette grosse machine qu’est Israël et son occupation.

Pour mes compatriotes, les cas diffèrent mais tous mènent au même constat : l’impossibilité de mener une vie familiale « normale ».

Comment imposer à vos enfants cet environnement géré par la psychose qui s’installe en vous un peu plus chaque jour et, à l’inverse, comment imposer à vos enfants de quitter leurs pays ? D’abandonner leur environnement familial, leur école, leurs premiers copains ?

Ainsi, deux d’entre nous ont donné naissance à leurs enfants à Jérusalem et se sont vu refuser un acte de naissance par les autorités israéliennes ! Comment faire reconnaître son enfant sans cet acte indissociable de toute naissance ? Comment comprendre, s’adapter et réagir à cet état de fait ?

Restons à Jérusalem, l’une des épouses françaises en question est en situation irrégulière avec ses deux enfants depuis 2015, suite au rejet de sa demande de regroupement familial et au refus des autorités israéliennes d’enregistrer la naissance des enfants. Motif avancé : « Vous habitez du mauvais côté du mur », c’est-à-dire du côté palestinien du mur de séparation construit par Israël. Sans acte de naissance et donc de numéro d’identité local, ses enfants n’ont pas accès à la sécurité sociale ni à toute autre prestation/protection sociale.

Il y a un cas aussi intéressant, celui d’une femme, doctorante d’une université française financée par l’État français mais mariée à un Palestinien de Cisjordanie. Les autorités israéliennes lui ont refusé un visa de travail et ne lui ont accordé qu’un visa « Judée et Samarie », ce qui la prive de facto de toute possibilité de se rendre à Jérusalem et de quitter la Cisjordanie.

Comment assurer un travail doctoral à dimension internationale quand tous nos déplacements doivent se faire par un pays voisin, la Jordanie, triplant le coût et la durée de chaque trajet ? Comment accepter d’être séparée de son enfant à chaque passage de frontière parce qu’il est palestinien ?

Les cas diffèrent mais tous mènent au même constat : l’impossibilité de mener une vie familiale « normale »

Ou encore, ce cas d’une compatriote mariée à un franco-palestinien victime de l’acharnement d’Israël, qui après avoir passé sept ans en prison avec un dossier qualifié de « vide » par Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, est de nouveau en prison depuis près d’un an sans chef d’inculpation.

Sa femme travaillait alors au Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) du Consulat général de France à Jérusalem et elle s’est vu refuser l’entrée sur le territoire d’Israël alors qu’elle possédait un visa en règle. Elle était enceinte de six mois, ce qui n’a absolument pas empêché les agents de sécurité de l’aéroport de Tel Aviv de la mettre en cellule pendant trois jours. Depuis 2016, elle ne peut plus rentrer chez elle avec son fils à Jérusalem.

Nous avons aussi le cas d’une Française vivant à Hébron et mère de deux enfants qui est dans l’attente d’un regroupement familial et qui doit quitter le territoire à chaque fin de visa, tous les trois mois, voire plus souvent encore.

Nous pourrions aussi parler de notre compatriote professeure de français dans une université palestinienne qui s’est vu interdire de séjour parce qu’elle travaillait. En effet, lors de son renouvellement de visa, on lui a demandé de démissionner de son emploi si elle voulait rester dans le pays auprès de son mari et de son enfant. Enceinte, elle a dû faire le choix : rester et accoucher en étant illégale dans les territoires palestiniens ou bien quitter le territoire avec l’incertitude de pouvoir revenir.

Comment accepter ces situations dans le silence, l’indifférence ? Ou encore attendre que le rythme diplomatique, qui est bien plus lent que nos vies, nous apporte de vraies solutions durables. Nous voyons les équipes changer, nos dossiers passer de mains en mains, sans que nos cas soient totalement entendus et compris. Comment ne pas vouloir nous battre et revendiquer nos droits les plus fondamentaux ?

Ces combats ont un coût également économique, car nous devons tous être représentés par des avocats afin de pouvoir peut-être un jour accéder à l’un de nos droits les plus basiques, celui de vivre avec nos époux et nos enfants dans le pays de notre choix. Nos enfants ont le droit fondamental de vivre avec leurs deux parents en Palestine.

Tel est le quotidien de sept femmes françaises mariées à des Palestiniens et leurs onze enfants. Ces exemples peuvent être copiés/collés à toutes les personnes étrangères mariées à des Palestiniens. Une goutte d’eau, certes, dans l’océan de souffrances des Palestiniens. Mais autant de vies abîmées, parfois totalement brisées, dépendantes des autorités d’occupation dans les moindres détails de leur quotidien.

 

 

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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 05:40

Au dernier jour du sommet de l’Alliance atlantique jeudi, le président états-unien a tancé ses partenaires pour mieux les rallier à sa « stratégie de sécurité nationale » de confrontation avec Moscou et Pékin.

Donald Trump ne s’y trompe pas. Conscient des crises sans précédent que traverse l’Union européenne (UE), le président états-unien a continué hier, au dernier jour du 26e sommet de l’Otan, à Bruxelles, à exacerber les contradictions du Vieux Continent afin de mieux servir ses intérêts économiques et stratégiques. Ainsi a-t-il renouvelé ses charges contre Berlin et le projet de doublement du gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie à l’Allemagne en passant par la mer Baltique : « L’Allemagne vient de commencer à payer à la Russie, le pays dont elle veut se protéger, des milliards de dollars pour ses besoins en énergie provenant d’un nouveau gazoduc en provenance de Russie. C’est inacceptable ! » a-t-il tonné sur Twitter en début de matinée. La raison est simple : Washington, qui possède également une infrastructure de terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), celle de Sabine Pass, dans le golfe du Mexique, souhaiterait voir s’ouvrir davantage le marché européen malgré des prix supérieurs à ceux pratiqués par la Russie, également avantagée par sa proximité géographique.

TRUMP A APPELÉ L’EUROPE À SORTIR DU « TÊTE-À-TÊTE NOSTALGIQUE » AVEC WASHINGTON

Qu’importe que les contributions directes de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, proportionnellement à la taille de leur économie, soient nettement plus élevées que celle des États-Unis, le président Trump a de nouveau demandé aux pays membres de doubler leurs dépenses consacrées à la défense. Il a ainsi exhorté ses alliés à faire passer à terme leur budget militaire à 4 % de leur PIB. Des déclarations qui contredisent la déclaration conjointe du sommet qui stipule que les membres « partageront équitablement la responsabilité de (la) défense mutuelle. De réels progrès ont été accomplis à l’échelle de l’Otan depuis notre dernier sommet, à Varsovie, tous les alliés ayant augmenté leurs dépenses de défense, leurs investissements capacitaires et le nombre de forces en opérations ». Hier, une réunion extraordinaire entre les 29 membres consacrée aux dépenses a été convoquée en urgence.

Aucune augmentation ne semblant en mesure de satisfaire Donald Trump, le problème est donc ailleurs. L’ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin estime ainsi que le président américain, « dans le fond, préfère les autocrates, les régimes autoritaires, c’est pour cela qu’il prend ses distances vis-à-vis de l’Europe en donnant le sentiment qu’elle profite des États-Unis ». Il a par ailleurs appelé l’Europe à sortir du « tête-à-tête nostalgique » avec Washington en pratiquant une politique de regard vers l’Est avec la Russie et en créant un « comité de pilotage des routes de la soie avec la Chine ». Autant de projets qui demanderaient l’élaboration de nouveaux outils multilatéraux et cadres de discussion. C’est exactement le sens de la demande de création avec Pékin, Moscou, Londres, Berlin et Téhéran, signataires de l’accord sur le nucléaire iranien, d’un mécanisme de garantie du texte dont les États-Unis se sont retirés en mai.

À l’opposé de cette vision, la journée d’hier fut marquée par une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord avec la Géorgie et l’Ukraine et une rencontre avec les nations partenaires de l’opération « Soutien résolu » de l’Otan en Afghanistan. L’occasion de faire monter les tensions avec la Russie. Dans la déclaration commune, l’Alliance a en effet condamné « fermement l’annexion illégale de la Crimée par la Russie, que nous ne reconnaissons et ne reconnaîtrons pas ». En considérant que Moscou « met à mal l’ordre international », l’Alliance colle à la « stratégie de sécurité nationale » de la Maison-Blanche qui cible expressément Moscou et Pékin, qualifiées de « puissances révisionnistes » en référence à leur volonté de bousculer les règles de l’ordre mondial de l’après-guerre édictées par les États-Unis. Dans ce document, Washington estime que le monde est entré dans « une nouvelle ère de compétition entre les nations ». Cette stratégie jusqu’au-boutiste est le reflet de la crise du capitalisme américain et du recul de son hégémonie. Le président français, Emmanuel Macron, qui peine à concrétiser son idée d’Europe de la défense, faute de réelle stratégie d’indépendance, a estimé que l’Otan sortait « beaucoup plus forte » de ce sommet, soulignant que les États-Unis demeuraient « un très grand partenaire ».

Les anti-trump défilent à londres

« Il est gros et fragile, comme son ego. » Symbole des protestations qui émaillent la visite du président états-unien au Royaume-Uni, un énorme « Trump baby » gonflable, grimaçant et vêtu d’une couche-culotte devait flotter ce vendredi dans le ciel de Londres. Commentaire de l’intéressé, interrogé sur les manifestations contestant ses politiques : « Les Britanniques m’aiment beaucoup. »

 

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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 05:37

ENSEMBLE POUR LA PALESTINE

PLATEFORME DES ONG FRANCAISES POUR LA PALESTINE

11 juillet 2018

 

C’est une première dans le monde. Une proposition de loi présentée par la sénatrice Frances Black interdisant les activités en lien avec des colonies implantées sur un territoire occupé a été adoptée par le sénat irlandais (le Seanad) le 11 juillet 2018. Elle doit maintenant être examinée par la chambre basse du Parlement.

 

En quoi cette proposition de loi consiste ?

La proposition de loi irlandaise a pour but d’interdire certaines activités économiques en relation avec des colonies illégales dans des territoires reconnus par la communauté internationale comme étant occupés. Constituerait donc une infraction pénale :

  • La vente et l’importation de produits issus des colonies ;
  • L’implication dans la fourniture de services dans les colonies ;
  • L’extraction de ressources d’un territoire occupé sans le consentement des autorités compétentes ;
  • La tentative, l’assistance et la complicité dans la commission de ces actes sont répréhensibles de la même manière.

Qui est concerné ?

Les personnes résidentes en Irlande, entreprises de droit irlandais ou toute structure dont le centre de contrôle est basé en Irlande sont concernées.

Sur quelles bases juridiques repose-t-elle ?

En droit pénal international, le transfert par un État de sa population civile sur un territoire qu’il occupe militairement est un crime de guerre (1). Cela constitue également une grave violation du droit international humanitaire (2). La loi irlandaise considère aussi la colonisation comme un crime. Les activités économiques mentionnées dans le projet de loi participent au maintien d’une situation illégale (la colonisation et l’exploitation d’un territoire occupé), d’où la nécessité de leur interdiction.

Quelles peines prévoit-elle ?

Des peines allant de l’amende (d’un maximum de 5000€) à l’emprisonnement (d’une durée maximum de 5 ans).

A quels territoires occupés la loi s’appliquerait-elle ?

En pratique, la loi pourrait s’appliquer au Territoire palestinien occupé (TPO), territoire reconnu occupé dans de multiples résolutions de l’ONU, dans l’avis du 9 juillet 2004 de la Cour internationale de justice, par l’Union européenne et la France. L’importation et la vente des produits des colonies israéliennes serait donc interdite (et non celles des produits issus d’Israël).

Pourquoi est-ce important ? Le cas palestinien.

Les colonies israéliennes sur le Territoire palestinien occupé sont un exemple moderne et clair d’une violation de l’interdiction de transfert de populations civiles sur un territoire occupé.
Israël occupe la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, depuis 1967 et y a transféré, depuis, plus de 600 000 de ses citoyens. Un tel transfert a été facilité par la confiscation large de terres palestiniennes, des terres particulièrement fertiles. Cette colonisation a drastiquement réduit les terres disponibles pour l’agriculture, le logement, l’accès à l’eau et à l’électricité pour la population palestinienne. Elle a mené au déplacement forcé de Palestiniens et à de nombreuses violations des droits de l’Homme sur le terrain. La manière dont les colonies ont été construites a mené à la fragmentation du TPO en enclaves difficilement joignables entre elles à cause des différents obstacles à la circulation (checkpoints, routes déviées, Mur…). Plus de la moitié de Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, est réservée aux colonies de peuplement et à l’exploitation du territoire occupé pour le bénéfice d’Israël.

En ayant des liens économiques et en permettant à des entreprises françaises ou des résidents français d’avoir de tels liens avec les colonies israéliennes, la France est complice du crime de guerre imputé à l’Etat d’Israël.

Les mesures contenues dans la proposition de loi sont-elles compatibles avec le droit européen ?

Selon le Traité sur le Fonctionnement de l’UE, les règles en matière de commerce sont généralement uniformes parmi tous les pays membres. Cependant, des exceptions existent, lorsqu’elles peuvent être justifiées sur la base de « moralité ou sécurité publiques » de « politiques publiques », et de la « protection de la santé et de la vie humaine » (3). La compatibilité de la proposition de loi avec le droit européen a été confirmée par deux études juridiques (4).

De telles mesures n’entrent pas non plus en contradiction avec les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Et en France ?

En France, le débat sur les relations entre l’Etat français, les entreprises françaises et les colonies israéliennes existe depuis de nombreuses années. Depuis 2014, plusieurs associations (dont la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et la Fédération internationale des droits de l’Homme) et syndicats demandent l’arrêt des relations économiques avec les colonies israéliennes à travers la campagne Made in illegality, dans une volonté de respect du droit international. En 2017, Amnesty International lance également sa campagne « 100% illégal – Arrêtons l’importation de produits issus des colonies israéliennes ».

De nombreux élus ont interpellé le gouvernement français sur ces questions. Pour le moment, la France a demandé opérateurs économiques, dans un avis publié le 24 novembre 2016, de se mettre en conformité avec le droit européen en apposant sur les produits des colonies israéliennes des étiquettes indiquant leur origine réelle et non l’origine « Made in Israel ». Pour le moment, néanmoins, cette réglementation n’est quasiment pas respectée, faute de contrôles par les douanes françaises.

Retrouvez la vidéo (en anglais) du débat et du vote au Seanad (11 juillet 2018) publiée sur cette page.

  1. Statut de Rome
  2. IVe Convention de Genève
  3. Article 36 du traité sur le Fonctionnement de l’UE et Règlement du Conseil européen n°260/2009 du 26 février 2009 sur les règles communes d’importation, JO L 84, 31 mars 2009.
  4. L’une du Professeur et avocat spécialiste du droit international James Crawford de l’Université de Cambridge, l’autre de l’avocat irlandais Michael Lynn.

 

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19 juillet 2018 4 19 /07 /juillet /2018 05:28

 

Depuis janvier 2016, 311 militants sociaux et des droits de l’homme ont été assassinés. Le gouvernement annonce des mesures bien faibles.

Alexander Castellano était vice-président de l’Association paysanne pour la protection de l’environnement dans la ville de Cartagena del Chaira, au sud de la Colombie. Luis Francisco Vargas était bénéficiaire de l’Unité de restitution des terres, un programme gouvernemental en direction des victimes du conflit armé. À Tumaco, Margarita Estupiñan était reconnue pour son engagement social. Quant à Ana Maria Cortés, elle a été la cheffe de campagne du candidat de gauche lors de la récente élection présidentielle à Caceres.

Tous ont été assassinés ces derniers jours, allongeant encore la sinistre liste des exécutions ciblées. Tous les trois jours, un militant des droits sociaux ou humains est tué, dénonce la Défense du peuple. Selon cet organisme public, 311 personnes ont été abattues en raison de leur militantisme depuis le 1er janvier 2016 et ce, en dépit des accords de paix signés en novembre de cette même année entre l’ancienne guérilla des Farc et le gouvernement du président Juan Manuel Santos. La majorité de ces homicides ont eu lieu dans des zones dominées par les cultures illicites et l’exploitation minière illégale.

Le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour l’ONU en Colombie, Alberto Brunori, qualifie la situation de « très grave ». Ces dernières années, les Colombiens sont passés « de la peur du conflit à la peur des assassinats sélectifs de leaders sociaux et de défenseurs des droits de l’homme », a-t-il déclaré au quotidien El Tiempo. « Le sicaire n’agit pas seul, quelqu’un le paye, quelqu’un lui donne un ordre et exerce une activité criminelle. (...) Il faut s’attaquer aux structures qui se trouvent derrière ces assassinats », a-t-il ajouté. C’est l’une des principales revendications des ex-combattants des Farc, qui sont eux aussi une cible de prédilection des groupes paramilitaires. Le chef de l’État s’est entretenu en début de semaine avec son successeur Ivan Duque sur les mesures à prendre. Mais face à l’ampleur des tueries, et surtout les rouages qu’elles impliquent – à savoir les complicités politiques mais aussi économiques qui lient sociétés et multinationales à des groupes armés –, les annonces de Juan Manuel risquent de faire un flop. On voit mal comment un numéro spécial au ministère de l’Intérieur pour dénoncer d’éventuelles menaces ou encore des promesses de récompenses pour quiconque offrirait des informations sur les auteurs de ces crimes endigueraient un fléau politique qui ronge la fragile concorde nationale.

 

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19 juillet 2018 4 19 /07 /juillet /2018 05:27

Dans son dernier rapport biennal publié lundi, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture donne à voir une situation qui empire.

Certains sont trop petits ou indésirables, d’autres pourrissent trop vite. Et le résultat est sans appel : un poisson pêché sur trois n’arrive jamais dans nos assiettes. Le tiers perdant finit généralement à la poubelle ou bien retourne dans l’eau, sans vie. C’est l’un des enseignements majeurs à tirer de « La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture », le préoccupant rapport biennal de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) publié lundi. Où l’on apprend aussi que, paradoxalement, la production halieutique n’a jamais été aussi élevée. En 2016, elle atteignait 171 millions de tonnes, soit 150 millions de plus qu’en 1950. Une « valeur record », pour reprendre les mots de la FAO, qui s’explique par le développement croissant de l’aquaculture. Les poissons d’élevage dépassent pour la première fois ceux issus de la pêche, et cette tendance n’est pas près de s’inverser. Les auteurs du rapport notent que les captures de pêche sont « relativement stables depuis la fin des années 1980 ». Preuve que les réserves halieutiques s’épuisent pour Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom, dont l’objectif premier est de sensibiliser à la protection des écosystèmes marins : « Chaque année, on invente des manières et des technologies plus efficaces pour aller chercher le poisson, c’est assez dramatique. »

Au-delà de cette avalanche de chiffres, deux gros problèmes ressortent du rapport. D’un côté, le gaspillage, principalement en raison d’un manque de connaissances ou de moyens dans certaines parties du globe. Une fois le poisson pêché, encore faut-il pouvoir le conserver et le garder frais. Pour enrayer ce fléau, la FAO travaille aux côtés des pays en développement. Par exemple, l’utilisation de casiers surélevés pour faire sécher les poissons a permis de réduire les pertes après capture de 50 % en deux ans dans des pays comme le Burundi, la Tanzanie et la République démocratique du Congo, tous riverains et très dépendants du lac Tanganyika.

LE CHANGEMENT CLIMATIQUE VA RENDRE LA SITUATION ENCORE PLUS INJUSTE

L’autre danger, plus difficile à contrer, est celui de la surexploitation de certaines espèces. Et le constat est affligeant. « On observe une tendance à la baisse de la proportion de stocks de poissons exploités à un niveau biologiquement durable », avancent les auteurs du rapport. Une formulation alambiquée pour dire que la pêche est, globalement, de moins en moins responsable. À l’inverse, le nombre d’espèces surexploitées a triplé au cours des 40 dernières années, pour atteindre 33 % des stocks surpêchés en 2015. Une conjoncture préoccupante pour Frédéric Le Manach : « Le rapport de la FAO est centré sur la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies (l’objectif 14 concerne la vie aquatique et prévoit notamment de mettre fin à la surpêche d’ici à 2020 – NDLR). Mais les tendances décrites dans ce rapport montrent qu’on n’y arrivera pas. Au contraire, cela empire. » Et pour ne rien arranger, le changement climatique va rendre la situation encore plus injuste, selon le directeur scientifique de Bloom : « Les pays qui dépendent le plus de la pêche, dans la ceinture intertropicale notamment, vont voir leur stock de poissons remonter vers les pôles, où les eaux sont moins chaudes. Et ce sont les pays qui sont le plus responsables du changement climatique qui vont en profiter. »

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18 juillet 2018 3 18 /07 /juillet /2018 05:45

 

Un rapport de plusieurs ONG dénonce les exportations d'armes vers le régime d’Abdel Fattah al-Sissi. En sept ans, les livraisons ont été multipliées par 33 alors que la répression envers l'opposition s'est intensifiée.

C’est la ligne Alliot-Marie qui l’a emporté. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il semble qu’en matière d’exportations d’armes, la France ait adopté la ligne de conduite de l’ancienne baronne de l’UMP et ex-ministre des affaires étrangères qui, au plus fort des manifestations en Tunisie contre la dictature de Ben Ali en décembre 2010 et janvier 2011, avait proposé « le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité » pour aider le régime à mater les contestataires. Comment parvenir à une autre conclusion, à la lecture du rapport publié lundi 2 juillet 2018 par la FIDH sur les exportations d’armes et de technologies de surveillance françaises en Égypte ?

Ce document, intitulé de manière volontairement provocante « Égypte : une répression made in France », représente le fruit du travail de plusieurs ONG (la Fédération internationale des droits de l’homme, l’Observatoire des armements et le Cairo Institute for Human Rights Studies) qui se sont coltiné l’obscurité et le flou des différents rapports que le gouvernement est tenu de livrer au Parlement et à l’ONU, ainsi que les annonces de divers contrats militaires par les entreprises elles-mêmes. S’il ne fallait en retenir que quelques chiffres, ce serait ceux-ci : en 2010, la France a livré pour 39 millions d’euros d’armes à l’Égypte, en 2014 pour 838 millions d’euros et en 2016, dernière année connue, pour 1,3 milliard d’euros. Soit une multiplication par 33 en l’espace de sept années. Et c’est sans compter sur les commandes à venir puisqu’en 2015, Paris a conclu un contrat de 5,3 milliards d’euros prévoyant la livraison de 24 Rafale, une frégate furtive et différents assortiments de missiles.

Campagne de la FIDH sur le thème : « En Égypte, exportons nos valeurs, pas nos armes ! » © International Federation for Human Rights

Mais ce qui attire davantage l’œil des ONG, ce sont moins ces gros engins de guerre que toute la batterie de petits matériels militaires et sécuritaires qui ne servent pas tant à se défendre contre des ennemis étrangers qu’à encadrer et réprimer les Égyptiens eux-mêmes : armes légères et de petits calibres, munitions, machines-outils pour confectionner des balles, véhicules blindés légers, drones d’observation et technologies sécuritaires informatiques (interception de masse, collecte de données individuelles, contrôle des foules). Les fournisseurs de ces différents matériels répondent aux noms grand public de Renault, Manurhin, Thales, Safran ou, plus discrets, de Nexa, Amesys, Suneris…

Fait saillant de cette augmentation des livraisons d’armes et de technologies de Paris au Caire, la période 2010-2016 où elle se produit voit la chute de la dictature de Moubarak, son remplacement par le président démocratiquement élu, issu des rangs des Frères musulmans, Mohamed Morsi, puis le coup d’État militaire de 2013 d’Abdel Fattah al-Sissi, et enfin la répression tous azimuts qui s’ensuit et qui fait aujourd’hui de l’Égypte l’un des régimes les plus autoritaires du monde.

Autrement dit, au moment où l’Égypte passait d’une dictature à une dictature encore plus sévère, avec un bref passage par la case libertés, la France lui a fourgué trente-trois fois plus d’armements en tous genres.

Selon Tony Fortin, de l’Observatoire des armements, « la France a saisi l’opportunité d’un léger retrait américain sous l’administration Obama au moment du coup d’État de 2013 pour augmenter son commerce avec l’Égypte, mais aussi avec l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, le Moyen-Orient représente 50 % des ventes d’armes françaises. Paris engrange les profits d’une situation de répression ». Cela découle aussi des nouvelles filières de fournitures d’armes via les Émirats arabes unis, où se sont établis ces dernières années plus de 80 entreprises étrangères dans le domaine de l’armement, dont des françaises, qui permettent une relation plus proche et plus soutenue avec les différents acheteurs moyen-orientaux.

Selon Bahey Eldin Hassan, du Cairo Institute for Human Rights Studies, « ces achats d’armes à la France se font sous le couvert de la lutte antiterroriste, mais ce n’est qu’une façade. Il s’agit en fait de lutter contre l’opposition politique. Dans le Sinaï par exemple, l’armée égyptienne annonce avoir tué des milliers de terroristes, mais n’en apporte aucune preuve puisque aucune instance indépendante ne peut le vérifier. Par ailleurs, il ne s’agit qu’en partie de commerce, il s’agit aussi d’acheter des appuis politiques. Alors que les relations de l’Égypte avec les pays occidentaux étaient au plus mal entre 2011 et 2013, Sissi les a restaurées par le biais des achats de matériels militaires : la France, le Royaume-Uni ou les États-Unis le soutiennent désormais fermement. S’agissant de ces derniers, Donald Trump a beau assurer Sissi de son amitié, le Congrès américain est plus regardant et il a plusieurs fois bloqué des ventes d’armes prévues. Sissi a été très malin en choisissant de s’équiper en France, où le contrôle parlementaire est bien moindre ».

« La France se compromet auprès d’une dictature militaire »

Cette question de la transparence est en train de prendre de l’ampleur s’agissant de la définition de la politique étrangère française. Un député LREM, Sébastien Nadot, essaie de faire la lumière sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite qui auraient pu servir dans la guerre au Yémen : il a déjà rassemblé plusieurs dizaines de signataires pour la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet, mais sa proposition est pour l’instant bloquée. Mais plutôt que de se concentrer sur les différents pays acheteurs et la manière dont ils utilisent les matériels français les uns après les autres, la FIDH plaide pour une véritable réforme des ventes d’armes qui passerait par la création d’une commission parlementaire permanente, qui aurait droit de regard sur les exportations de ces équipements et qui en organiserait la transparence, comme cela existe dans d’autres pays : États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Italie…

Un véhicule blindé Sherpa fabriqué par Renault fonce dans des manifestants, avant d'être contraint de reculer et de basculer du haut d'un pont en 2013. © Spi0n

« Nous constatons la faillite du système français d’exportation des armes », assène Antoine Madelin, responsable du plaidoyer à la FIDH. « La France a signé des conventions par lesquelles elle s’engage à ne pas vendre de matériel militaire pouvant servir à des pays pour réprimer la population et les voix dissidentes, et pourtant, elle le fait. » En illustration de ses propos, il cite des exemples contenus dans le rapport. En particulier celui des véhicules blindés Sherpa fabriqués par Renault, qui ont servi à plusieurs reprises dans la répression de manifestants en Égypte depuis 2013, sachant que plusieurs ONG avaient déjà documenté l’usage de camions blindés dans la mort de protestataires de rue. Le 14 août 2013, lorsque 500 à 1 000 manifestants ont été tués sur la place Rabia-El-Adaouïa du Caire par les forces de l’ordre, des camions Sherpa ont été aperçus à plusieurs endroits. Et pourtant, leur exportation à destination de l’Égypte a continué au moins jusqu’en 2015.

Autre exemple : les douanes françaises avaient suspendu en 2013 l’exportation d’une machine-outil de Manurhin servant à fabriquer des cartouches, craignant que ce matériel ne soit utilisé dans la confection de balles en caoutchouc et de bombes lacrymogènes. Pourtant, le Secrétariat général de la défense et la sécurité nationale (SGDSN), sous l’autorité du premier ministre, est passé outre les douanes et, depuis, plusieurs dizaines de machines ont été acheminées en Égypte.

Dernier exemple enfin : l’exportation de nombreuses technologies à « double usage », civil comme militaire. Ces dernières années, la France a vendu à l’Égypte des systèmes informatiques de contrôle des foules, des logiciels d’interception des communications et des données personnelles, des serveurs de centralisation des données individuelles, comme celles contenues sur les cartes d’identité biométriques, dont l’Égypte est en train de se doter. Sachant que le régime de Sissi est engagé dans une répression farouche de tout le tissu associatif, militant, politique et même journalistique qui pourrait le contester, il ne fait guère de doute que ce matériel civil trouvera une application sécuritaire pour ce que certains décrivent comme une « architecture orwellienne ».

« La France se compromet auprès d’une dictature militaire qui ressemble à celles qui existaient en Amérique du Sud dans la seconde moitié du XXe siècle, dénonce Bahey Eldin Hassan. Il n’est pas encore trop tard pour qu’Emmanuel Macron change de politique et devienne le président qui aura fait primer les idéaux français. » À moins qu’il ne préfère que l’on se souvienne de lui comme d’un Michèle Alliot-Marie 2.0, le président qui arme les oppresseurs et les tortionnaires ?

 

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17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 05:28

Dans la nuit de samedi à dimanche, les bombardements israéliens ont tué 2 adolescents et fait au moins 25 blessés dans la bande de Gaza. Un lourd climat de tension règne aussi en Cisjordanie, entre ratissages et affrontements.

Partie de l’hôpital central al-Shifa de Gaza, une longue procession funéraire accompagnait hier les dépouilles des deux adolescents tués la veille dans les bombardements. Amir Al Nimra, 15 ans, et Louay Kahil, 16 ans : encore deux jeunes vies fauchées par les missiles largués depuis les F-16 israéliens. Au moins 25 autres Palestiniens ont été blessés dans la destruction d’un immeuble de cinq étages aux abords d’un parc très fréquenté. L’armée israélienne prétend avoir pris pour cible, avec cet édifice, un « camp d’entraînement ». Elle a « infligé au Hamas le coup le plus dur depuis l’opération “Bordure protectrice” et nous allons augmenter la force de nos attaques si nécessaire », s’est réjoui le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en référence à l’agression dévastatrice contre la bande de Gaza qui avait tué 2 016 Palestiniens, dont 541 enfants, en 2014. Pour justifier ce nouveau raid contre l’enclave palestinienne assiégée, devenue une prison à ciel ouvert, Tel-Aviv accuse le Hamas d’avoir tiré 200 roquettes et obus de mortier vers Israël. Pour la plupart interceptés par le système antimissiles Dôme de fer, ces projectiles ont fait quatre blessés côté israélien, à Sdérot.

Le Hamas s’était dit prêt à mettre fin au conflit avec le Fatah

Du Caire, où le mouvement islamiste participe depuis vendredi à des pourparlers censés relancer les efforts de « réconciliation » avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), l’un des porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a annoncé, samedi soir, la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, rendu possible par une médiation égyptienne. Annonce démentie, hier, par Benyamin Netanyahou. « J’ai entendu dire qu’ils disent que nous étions d’accord pour un cessez-le-feu qui permettrait la poursuite du terrorisme incendiaire. Ce n’est pas vrai. Nous ne sommes pas disposés à accepter des attaques contre nous et nous réagirons en conséquence », a-t-il insisté, en accusant les Palestiniens de lancer vers Israël des ballons et des cerfs-volants incendiaires.

Cette nouvelle séquence guerrière ne doit rien au hasard : les autorités israéliennes sont déterminées à entraver par tous les moyens le moindre pas vers l’unité palestinienne. Or, vendredi, au Caire, la délégation du Hamas s’était dite prête à mettre fin au conflit avec le Fatah, à condition que l’Autorité palestinienne lève les sanctions prises il y a un an, comme l’arrêt du versement des salaires de milliers de fonctionnaires. Quant à l’Autorité palestinienne, elle voit dans son retour à Gaza, conditionné à une réconciliation avec le Hamas, un indispensable point d’appui pour résister à l’inquiétant plan Trump enterrant toute réelle perspective de création d’un État palestinien viable. Benyamin Netanyahou, cerné par les scandales de corruption, prépare-t-il un nouvel été meurtrier ? En fait, l’escalade se poursuit depuis des mois, avec, à Gaza, les massacres de participants aux grandes marches pour la levée du blocus et le droit au retour des réfugiés (141 Palestiniens tués et plus de 4 000 blessés depuis le 30 mars). Vendredi, encore, un adolescentde 15 ans, Othman Rami Halles, a été tué par balles et 25 autres manifestants ont été blessés dans les mêmes circonstances.

La tension règne aussi en Cisjordanie, où les forces israéliennes répriment violemment les manifestations contre la destruction programmée du village bédouin de Khan al Ahmar, à l’est de Jérusalem, finalement suspendue jusqu’au 15 août par la Cour suprême à la suite de protestations internationales. Les territoires occupés sont le théâtre d’affrontements quotidiens. Aux jets de pierres des jeunes Palestiniens, les forces d’occupation répondent par une féroce répression. Ces derniers jours, à Jérusalem, à Naplouse, à Ramallah, à Tulkarem, les arrestations se multiplient, elles ciblent, souvent, des mineurs. Depuis le début de l’année, d’après l’agence de presse palestinienne Wafa, plus de 3 500 Palestiniens ont été arrêtés par l’armée israélienne. Parmi eux, plus de 650 enfants. Pour le gouvernement israélien, il s’agit de tuer dans l’œuf la révolte de la jeune génération palestinienne et d’inscrire dans la réalité les volontés américaines de faire disparaître la lutte des Palestiniens pour leurs droits au profit d’une vague solution humanitaire. Traduction : occupation et répression doivent s’intensifier.

 

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14 juillet 2018 6 14 /07 /juillet /2018 05:26

À la veille du sommet de l’Otan, le président des États-Unis, tout à sa stratégie unilatérale, fait chanter ses partenaires. Il menace de leur retirer ledit « bouclier militaire » états-unien au cas où ils ne décupleraient pas leurs dépenses d’équipement en engins de guerre.

Le sommet de l’Otan qui s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles s’annonce comme celui de toutes les surenchères. Donald Trump y arrive avec la ferme intention d’imposer à ses alliés une très forte hausse de leurs dépenses militaires. Après avoir décidé lui-même des augmentations historiques des budgets 2018 et 2019 du Pentagone, le président des États-Unis renforce la pression pour que les membres de l’Alliance atlantique intensifient leur effort d’équipement en engins de guerre. Il leur demande de le porter à au moins 2 % de leur PIB d’ici à 2024, comme le recommande un engagement pris au pays de Galles en 2014, lors d’un précédent sommet de l’Otan. Tout à sa méthode abrupte – celle de la diplomatie du deal –, il a envoyé une lettre comminatoire aux chefs d’État dont les pays seraient les plus en retard dans le respect de cet objectif. Parmi eux, le premier ministre canadien et, surtout, la chancelière allemande.

Donald Trump s’adresse à son opinion publique

Les termes du chantage sont nets : ou bien vous enflez vos budgets militaires ou bien les États-Unis « qui supportent l’essentiel de la charge » des dépenses de l’Alliance vous retireront ledit « bouclier militaire » états-unien. Pour appuyer le message, adressé aussi d’évidence à son opinion publique, Trump s’offusque d’un fonctionnement de l’organisation qui aurait permis à d’autres, dit-il en citant explicitement l’Allemagne, d’investir, parce qu’exemptés d’une trop grande charge militaire, pour se renforcer sur le terrain économique, donc exercer une concurrence « déloyale » à l’égard de l’Oncle Sam.

Dans nombre de capitales européennes, on craint que cette posture de la Maison-Blanche ne conduise à un nouveau clash entre alliés. Comme lors du récent G7 au Canada. Angela Merkel se défend que son gouvernement vient de décider une augmentation substantielle de son budget militaire à partir de 2019 et qu’il veut y consacrer 1,5 % de son PIB en 2024 (contre 1,2 % aujourd’hui), soit une très forte hausse « en termes absolus ». L’argument pourrait être rejeté brutalement par un Donald Trump qui mélange volontairement les genres en plaçant dans le même marchandage le forcing engagé pour accroître les contributions des États membres de l’Otan et l’offensive déployée tous azimuts sur le terrain commercial. Dans le deal recherché, la « sécurité » pourrait ainsi servir de monnaie d’échange à un abandon des menaces de taxes à 25 % sur les importations d’automobiles du Vieux Continent et singulièrement des grosses berlines allemandes. Ou inversement.

Paris constitue le meilleur appui de Washington

Sur le dossier de l’Otan, Paris constitue le meilleur appui de Donald Trump. La loi de programmation militaire française, adoptée au début de l’année, prévoit une forte hausse des dépenses pour atteindre les 2 % du PIB d’ici à 2024. Cette posture de vassal, si affichée déjà par le président de la République lors de sa visite d’État à Washington en avril, semble encore avoir été promue au rang de stratégie par Emmanuel Macron dans l’espoir d’amadouer « l’imprévisible » président états-unien. Paris voudrait ainsi plaider auprès de son bouillonnant collègue la complémentarité avec l’Otan de l’initiative européenne de défense à laquelle il vient de rallier huit membres de l’UE, dont Berlin et Londres. Un char franco-allemand, un nouvel avion de combat et le déploiement rapide de troupes européennes sur tout théâtre d’opérations sur la planète sont programmés.

Pas sûr que ces démonstrations de bonne volonté de l’Élysée suffisent à Donald Trump. Même s’il se garde de répéter ses propos de campagne sur le caractère obsolète de l’Otan, le lien transatlantique ne semble plus guère revêtir une priorité stratégique. Poursuivant un redéploiement des forces armées de l’hyperpuissance déjà engagé sous Barack Obama, il entend faire basculer le centre de gravité des capacités d’intervention du Pentagone vers l’Extrême-Orient pour contrer la montée en puissance de la Chine, traitée comme le plus « dangereux concurrent » et un « obstacle majeur » au rétablissement de la « grandeur de l’Amérique ». Quitte à envisager de sacrifier les bases américaines en Allemagne, héritage de la guerre froide, comme le suggérerait une étude du Pentagone qui vient de « fuiter » dans le Washington Post (1), ou même à réduire quelque peu la voilure militaire états-unienne sur le Moyen-Orient en cherchant à conclure un deal sur la Syrie avec un Vladimir Poutine, qui a tout misé, lui aussi, sur les capacités de marchandage que lui ouvre la puissance militaire. Donald Trump doit rencontrer le président russe à Helsinki le 16 juillet, au sortir du sommet.

On sait que le locataire de la Maison-Blanche est déterminé à imposer un nouvel ordre mondial débarrassé de nombreux règlements multilatéraux et mieux soumis à Washington. La pression sur les alliés en découle totalement. Elle ne se réduit pas seulement à la volonté de les embarquer dans le cofinancement de la course aux armements, elle est aussi destinée à accélérer avec ces mêmes alliés la mutation de l’Alliance – pensée durant la guerre froide comme un instrument de dissuasion et de défense – en un accessoire d’intervention à vocation pleinement offensive. Quel niveau d’alignement va exiger Trump de ses « partenaires » ? Rien ne perce sur les intentions du personnage versatile à la veille du sommet.

(1) The Washington Post du 28 juin 2018.

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Jens stoltenberg donne raison à donald trump

Seulement sept pays européens de l’Otan consacreront 2 % de leur PIB à leurs dépenses militaires en 2018. En citant ce chiffre, le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, a devancé délibérément hier les souhaits du président des États-Unis, qui multiplie les critiques acerbes contre les « mauvais payeurs » européens. « Le partage du fardeau n’est pas équitable », a-t-il estimé lors de la présentation du sommet à la presse. « Je ne serais pas surpris que les dépenses de défense donnent lieu à une discussion vigoureuse entre les alliés », a-t-il ajouté, en se faisant faussement perspicace.

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13 juillet 2018 5 13 /07 /juillet /2018 05:40

Une cour d’appel a décidé de maintenir en prison l’ex-président brésilien malgré la demande de remise en liberté émise quelques heures plus tôt.

Les événements de ces derniers jours confirment l’état de déliquescence de la démocratie brésilienne et de son système judiciaire. Dimanche soir, Joao Pedro Gebran Neto, président du TRF4, la cour d’appel de Porto Alegre, a décidé du maintien en détention de l’ex-président Lula da Silva. Désavouant ainsi le juge Rogerio Favreto, qui avait ordonné, quelques heures plus tôt, sa remise en liberté « selon le régime d’urgence » suite à une demande d’habeas corpus présentée, vendredi, par des députés du Parti des travailleurs (PT). Immédiatement, des milliers de personnes se sont rassemblées devant le bâtiment de la police fédérale à Curitiba, dans le sud du Brésil, où Lula est détenu, en réclamant sa libération. « Nous sommes parvenus à une situation (…) de véritable chaos institutionnel », a soutenu Gleisi Hoffmann, présidente du PT. Selon elle, « les garanties constitutionnelles et de l’État de droit ont été rompues ».

À la manœuvre, le juge partisan Sergio Moro, à l’origine de l’incarcération de Lula mais qui a connu deux sérieux revers ces dernières semaines, avec la libération le 26 juin de José Dirceu, ancien ministre et chef de cabinet du président Lula, et l’acquittement de Gleisi Hoffmann. Afin de mettre en cause l’impartialité du juge Favreto, les médias brésiliens, qui ont appuyé le coup d’État institutionnel du président Michel Temer en 2016, ont rappelé dimanche que le magistrat avait été membre du PT de 1991 à 2010. « Les partis de droite sont restés silencieux parce que leurs porte-parole, dont le principal média du pays, O Globo, ont mis en branle leur usine à mensonges et leur propagande vénéneuse », a réagi José Reinaldo Carvalho, responsable des relations internationales du Parti communiste du Brésil (PCdoB), qui estime désormais la démocratie profondément « mutilée ».

Depuis le 7 avril, Lula da Silva est détenu pour des faits de corruption passive et de blanchiment d’argent non avérés. Sur le papier, la Constitution interdit pourtant l’incarcération d’une personne qui n’a pas épuisé l’ensemble de ses recours juridiques. Cet imbroglio judiciaire intervient alors qu’un tribunal électoral doit décider en août si l’ancien syndicaliste peut, malgré son incarcération, être candidat à l’élection présidentielle d’octobre. Malgré son incarcération, Lula fait pourtant la course en tête dans les sondages : 29 à 30 % des voix au premier tour, soit près du double du score du député d’extrême droite Jair Bolsonaro, crédité de 16 %, selon Datafolha.

 

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12 juillet 2018 4 12 /07 /juillet /2018 05:42
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