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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 05:52
Génocide au Rwanda: les trop petits gestes d’Emmanuel Macron (par Ellen Salvi, Médiapart, 4 avril 2019)
Génocide au Rwanda: les trop petits gestes d’Emmanuel Macron
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Le président de la République ne se rendra pas à Kigali pour le 25e anniversaire du génocide. Mais il a promis d’ouvrir à un comité d’historiens trié sur le volet « l’ensemble des fonds d’archives ». Qu’en sera-t-il vraiment ?

Emmanuel Macron se sait observé. À la veille du 25e anniversaire du génocide contre les Tutsis au Rwanda, où 800 000 à 1 million de personnes furent tuées en l’espace de trois mois en 1994, le président de la République a fait le 5 avril une série d’annonces censées répondre à la promesse de nouvelles relations franco-rwandaises. « Nous avons décidé de travailler ensemble de manière pragmatique sur les sujets d’intérêt entre nos deux pays », avait-il déclaré fin mai 2018, lors de la venue à Paris de son homologue rwandais Paul Kagame.

Avant d’ajouter, toujours aussi « pragmatique » : « Il ne s’agit en aucun cas de sous-estimer les difficultés du passé et la complexité de la relation bilatérale, mais […] d’assumer cette complexité, de savoir la surmonter et de penser à l’avenir de nos jeunes générations. » Pour « assumer cette complexité » jusqu’au bout, le chef de l’État aurait pu s’emparer de l’invitation hautement symbolique que lui a adressée Kagame, en se rendant à Kigali où se tiendront dimanche les commémorations des 25 ans. Mais il y a finalement renoncé, choisissant d’envoyer à sa place le député La République en marche (LREM) des Côtes-d’Armor, Hervé Berville.

Des raisons d’agenda ont d’abord été invoquées. « Il y a un contexte national [la crise des « gilets jaunes » – ndlr] qui fait que le président a limité ses déplacements internationaux ces derniers temps », explique une source diplomatique, assurant que si l’Élysée avait « beaucoup réfléchi au signal » à adresser, il n’avait jamais été question que Macron se rende au Rwanda à ce moment précis. C’est donc au Palais qu’il a reçu, vendredi matin, des membres de l’association Ibuka (« Souviens-toi »), auxquels il a annoncé qu’un membre du gouvernement participerait à la cérémonie qui se tiendra dimanche au parc de Choisy, à Paris.

L’éventualité que la France soit représentée le même jour à Kigali par un responsable de haut niveau a-t-elle été envisagée ? « Un signal ministériel, ça nous semblait en dessous de ce qui était attendu, répond la même source. Il y a déjà eu des ministres qui se sont rendus à Kigali. L’idée n’était pas de faire quelque chose qui répétait les expériences précédentes. » Pour Paris, le choix d’Hervé Berville, orphelin rescapé du génocide et arrivé à l’âge de 4 ans en France, où il a été adopté par une famille bretonne, est donc un « signal nouveau en termes de profil, de génération, et de signification du message ». Mais pour beaucoup, il est loin d’être suffisant.

C’est d’ailleurs ce que soulignent près de 300 personnalités dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, initiée par le mouvement antiraciste européen Egam (European Grassroots Antiracist Movement). « Monsieur le président, le 7 avril prochain, votre place est à Kigali. Au sein des plus hauts représentants de la communauté internationale. Auprès des rescapés », écrivent les signataires du texte (parmi lesquels figurent des soutiens du chef de l’État, comme Daniel Cohn-Bendit ou encore une poignée de députés LREM et MoDem), rappelant que « la France [sous le quinquennat de François Hollande – ndlr] avait annulé sa participation aux 20es commémorations du génocide » et que sa présence, pour le 25e anniversaire, serait l’occasion de « réparer cette indignité ».

« Depuis votre élection, vous avez envoyé des signaux laissant espérer une rupture avec le déni et l’omerta qui ont caractérisé la position de la France depuis le génocide, poursuivent-ils. Après vingt-cinq ans, il est désormais temps d’effectuer des pas décisifs pour la vérité et la justice. » Le président de l’Egam, Benjamin Abtan, rappelle qu’Emmanuel Macron avait été le seul candidat, pendant la campagne présidentielle, à parler du Rwanda dans un tweet posté le 7 avril 2017, en hommage aux victimes du génocide et à leurs proches. Le 10 juin de la même année, il y avait de nouveau fait référence dans un discours prononcé à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). C’est encore lui qui avait pris contact avec Paul Kagame dès son arrivée à l’Élysée, avant de le recevoir un an plus tard à Paris, où le président rwandais ne s’était plus déplacé depuis 2015.

« Il y avait pas mal d’espoirs qu’Emmanuel Macron fasse des choses, qu’il aille plus loin que Nicolas Sarkozy », affirme Abtan. Nicolas Sarkozy qui avait été le premier président français à se rendre à Kigali depuis 1994 et à y reconnaître, en février 2010, de « graves erreurs d’appréciation et une forme d’aveuglement » de la part de la France, sans pour autant présenter d’excuses. Mais ces espoirs ont été douchés par la décision du chef de l’État de rester à Paris le 7 avril. « C’est une grosse occasion manquée », regrette le président de l’Egam, estimant que la représentation choisie par la France « n’est pas au niveau » – d’autant que des parlementaires, Hervé Berville compris, auraient très bien pu faire partie de la délégation.

Au-delà des contraintes d’agenda invoquées pour justifier l’absence d’Emmanuel Macron à Kigali, les autorités françaises ont surtout estimé que la situation n’était pas encore mûre pour un tel déplacement, notamment en raison de procédures judiciaires toujours en cours. L’idée d’un discours a, elle aussi, été écartée, certains jugeant qu’une prise de parole du président de la République serait forcément décevante, dans la mesure où il n’irait pas plus loin, dans l’expression, que Nicolas Sarkozy

 

D’autres sources invoquent également la proximité du pouvoir actuel avec deux personnages clefs de cette période de cohabitation, qui ont toujours vertement récusé les accusations de complicité de génocide : l’ancien secrétaire général de l’Élysée Hubert Védrine et l’ex-ministre des affaires étrangères Alain Juppé. « La France accusée de complicité de génocide, c’est révoltant ! » s’exclamait encore le premier, fin mars, dans Le Figaro. En octobre dernier, le second n’avait pas non plus caché sa colère de voir l’ancienne ministre des affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, être élue secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avec le soutien de Macron.

Aucun spécialiste du génocide des Tutsis dans le comité

Dans les arcanes du pouvoir, pour expliquer qu’Emmanuel Macron n’aille pas plus loin que Nicolas Sarkozy en terme de reconnaissance, plusieurs personnes pointent enfin le poids des armées, avec lesquelles le président de la République entretient déjà des relations fort complexes depuis le limogeage brutal, en juillet 2017, de leur ancien chef d’état-major, Pierre de Villiers. Or les armées sont, on le sait, directement concernées par le sujet. Au début des années 1990, jusqu’à mille soldats français avaient été déployés au Rwanda.

L’opération « Turquoise », menée à l’époque par l’armée française et présentée comme une opération humanitaire, avait permis, par la création d’une « zone sûre » à l’ouest du pays, de protéger de nombreux tueurs en fuite devant l’avancée du Front patriotique rwandais (FPR). Dans un récent entretien accordé à Mediapart et à la cellule investigation de Radio France, le général Jean Varret dénonçait encore les « fautes » de la France commises sous la pression d’un « lobby militaire ».

Malgré les nombreux travaux d’historiens et de journalistes, corroborés par les témoignages d’anciens militaires, documentant l’implication des autorités et de l’armée françaises dans le génocide, le gouvernement continue de s’en tenir à la conclusion du rapport de la mission d’information parlementaire, datant de 1998 : « Si la France n’a pas apprécié à sa juste valeur la dérive politique du régime rwandais, elle a été le pays le plus actif pour prévenir la tragédie de 1994. » Ce rapport de Paul Quilès a finalement « absous la France et ses soldats de toute responsabilité », explique Laurent Larcher dans son enquête Rwanda, ils parlent (Éditions du Seuil, 2019). Et vingt ans après sa rédaction, il permet encore à la France d’éviter d’affronter son histoire.

C’est encore à ce rapport que Florence Parly a choisi de se référer, le jour où elle a été interrogée par Larcher sur les révélations de l’ancien officier artilleur engagé dans l’opération « Turquoise », Guillaume Ancel (Rwanda, la fin du silence, éd. Les Belles Lettres, 2018). « Je constate qu’en France, seule une thèse a le droit d’être exposée dans les médias, avait confié la ministre des armées, en mai 2018. Après, cet officier peut continuer d’expliquer des choses qui, il me semble, ne sont pas corroborées par les informations issues des documents déclassifiés et analysés par la commission parlementaire. Je ne peux que le regretter parce que de très nombreux militaires voient tous les jours leur honneur bafoué. Et surtout, je ne souscris pas du tout à cette idée selon laquelle la France serait à l’origine du génocide : c’est contraire à la vérité. »

C’est peu ou prou ce que l’amiral Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major des armées (de 1991 à 1995) sous François Mitterrand, a lancé à Guillaume Ancel, le 20 mars, à l’occasion d’un débat à huis clos organisé à Sciences-Po Paris et réservé à ses seuls étudiants. « Ce qui m’est un peu plus désagréable, c’est que la publication de votre livre est venue relancer et alimenter des attaques tout à fait inacceptables et injustes sur l’action de la France et sur les officiers français qui ont exécuté strictement les ordres qu’ils ont reçus », lui a-t-il dit, comme le rapporte Le Monde, avant de lancer à l’assistance, sûr de son fait : « Quand on ouvrira les archives, vous verrez qu’il n’y a rien ! »

L’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, l’un des plus grands spécialistes du sujet, a récemment expliqué dans La Croix que ce sont aussi ses propos sur les soldats français qui lui ont valu d’être aujourd’hui écarté du comité d’historiens et de chercheurs chargé de travailler sur les archives concernant le rôle de la France au Rwanda, dont Emmanuel Macron a dévoilé les contours lors de sa rencontre avec l’association Ibuka. « On m’a fait comprendre que mes propos, notamment sur l’armée française, interdisaient que je fasse partie de cette commission. Cela aurait mis tous les feux au rouge et aurait empêché le travail de la commission », a affirmé Audoin-Rouzeau, citant notamment un article publié en 2010 dans la revue Esprit.

Le chercheur de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) y écrivait que « certaines accusations [du rapport Mucyo – ndlr] sur le comportement des soldats français ne pouvaient pas être balayées d’un revers de main » : « Cela concernait une forme d’abstention aux barrières dans la zone Turquoise et également, des effets d’aubaine sexuelle sur des rescapées protégées par des Français mais également violées par certains d’entre eux. » Toujours selon lui, Hélène Dumas, autre spécialiste du sujet, aurait également été écartée dudit comité. Contactés par Mediapart, ni l’un ni l’autre n’ont répondu à nos sollicitations.

« Cette commission fait l’objet de beaucoup de spéculations, nuance une source diplomatique. Personne n’en est a priori exclu, mais personne n’en est non plus membre de façon automatique. La dernière chose qu’on souhaiterait faire, c’est quelque chose qui ressemble à l’écriture d’une histoire officielle. » Dans les faits, comme on l’a appris vendredi, aucun spécialiste du génocide des Tutsis ne figure dans la liste des chercheurs retenus. « Un choix méthodologique totalement assumé », argue l’Élysée. « Cette commission va devoir investiguer de manière précise sur les processus de décisions. Comment elles ont été prises, sur quelles bases, avec quelles informations, comment elles ont été influencées, quelles informations ont été prises en compte ou n’ont pas été prises en compte, si c’est le cas.... »

Pour établir un « diagnostic le plus objectif possible » et éviter que ressurgissent « les clivages anciens » et les « a priori » des uns et des autres, poursuit un conseiller de la présidence, le comité réunira des « personnes qui connaissent le processus des décisions publiques, des personnes qui connaissent le maniement des archives publiques, et des personnes qui ont une expérience de travail sur des contextes hors norme, qui ont travaillé sur les actes des génocides ». Mais aucune qui ne maîtrise parfaitement ce sujet précis, donc.

« Il faut désormais un discours de la vérité »

L’idée d’un déplacement du président de la République à Kigali ayant été abandonnée pour les raisons invoquées plus haut, la mise en place de ce comité est présentée l’une des annonces phares du chef de l’État dans le cadre des 25 ans. Cette proposition avait d’ailleurs été formulée par ses soins dès mai 2018. « Un groupe de chercheurs sera constitué dans les mois à venir » pour « faire progresser notre connaissance sur l’un des pires drames de la fin du XXe siècle », avait-il indiqué lors d’une conférence de presse commune avec Paul Kagame.

Et d’ajouter : « L’enjeu fondamental, c’est celui de la place du génocide des Tutsis dans notre mémoire collective. Ce travail de mémoire, c’est un impératif et un devoir. Il est temps de mener un travail apaisé, documenté, et d’y consacrer les moyens nécessaires. » Comme nous l’écrivions quelques jours plus tôt, la présidence de ce comité a été proposée à l’historien Vincent Duclert, directeur du Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron (CESPRA), chercheur titulaire à l’EHESS et professeur associé à Sciences-Po.

Inspecteur général de l’éducation nationale, Duclert est aussi l’auteur du « Rapport de la Mission d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse », remis en février 2018. Dans la lettre de mission qui lui a été adressée et que Mediapart a pu consulter, le président de la République écrit souhaiter que « ce 25e anniversaire marque une véritable rupture dans la manière dont la France appréhende et enseigne le génocide des Tutsis ». Ainsi veut-il permettre au comité de « consulter l’ensemble des fonds d’archives français disponibles » sur la période 1990-1994, afin de rédiger un rapport « dans un délai de deux ans », avec une note intermédiaire prévue au bout d’un an.

Pour mener à bien leurs travaux, les membres de ce comité bénéficieront « à titre exceptionnel, personnel et confidentiel », d’une « habilitation générale d’accès et de consultation » de l’ensemble des fonds d’archives français sur la période en question : archives de la présidence, du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, du ministère des armées, et de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda. Ils pourront ainsi prendre connaissance de tous les documents, y compris ceux qui sont encore classifiés.

« C’est quelque chose d’assez inédit », se réjouit une source diplomatique, estimant que « toutes les conditions seront réunies » pour que l’engagement du président de la République soit tenu. Cette démarche comporte toutefois un écueil : comme l’avait expliqué Mediapart en 2015, lorsque François Hollande avait promis l’ouverture des archives de l’Élysée relatives au Rwanda entre 1990 et 1995, la plupart des documents sont déjà connus depuis plusieurs années. Ceux qui ne le sont pas, et qui ont sans doute le plus d’intérêt, se trouvent dans les archives présidentielles de François Mitterrand et dans le fonds Rwanda 1990-1998, conservé au service historique de la défense au Château de Vincennes (Val-de-Marne) et dans les tiroirs de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), dont une partie seulement sera accessible.

Protégées, comme le fonds Rwanda 1990-1998, pour un délai légal de 60 ans, les archives présidentielles de François Mitterrand ne peuvent être consultables qu’après accord de la mandataire Dominique Bertinotti, membre du conseil d’administration de l’institut éponyme dont le président n’est autre… qu’Hubert Védrine. « Cette impossibilité d’accéder à des archives publiques récentes, qui relève des normes d’un État démocratique et qui est aussi une protection accordée au citoyen, nourrit sur cette faillite collective face à un génocide le soupçon d’une entreprise de verrouillage de la vérité qu’attendent beaucoup de Français », souligne Vincent Duclert, dans Le Monde.

À l’Élysée, on se veut toutefois confiant sur l’issue du processus. « Ces fonds-là feront l’objet d’une demande de la commission auprès de la mandataire, explique un conseiller présidentiel. Jusqu’à présent, tout laisse penser que la réponse sera positive. » D’autant que beaucoup de choses ont été concédées pour ne pas froisser la Mitterrandie. À ce titre, le fameux « choix méthodologique » pour lequel le Palais a opté en écartant les spécialistes du sujet, est loin d’être anodin : « Il va permettre l’accès exhaustif à l’ensemble du tableau », glisse le même conseiller.

Pour Benjamin Abtan, « le sujet n’est de toute façon pas celui des archives ». « Se concentrer sur cette question est une diversion, estime le président de l’Egam. La connaissance de l’histoire, on l’a déjà. On sait qu’une politique de collaboration a été menée avant, pendant et après le génocide par des responsables placés au plus haut niveau de l’appareil d’État. » Rappelant qu’Hubert Védrine avait lui-même reconnu en 2014, lors de son audition par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, l’existence de livraisons d’armes à l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsis, Abtan estime que seule « une reconnaissance au plus haut niveau de l’État des faits qui sont établis » est aujourd’hui nécessaire.

Un « discours de vérité » qui devrait inévitablement entraîner, selon lui, une réponse judiciaire : « Il y a beaucoup de génocidaires qui vivent en toute impunité en France. », dit-il. Vendredi, le président de la République a annoncé « le renforcement des moyens du pôle du Tribunal de Grande Instance chargé du traitement des procédures relatives au génocide des Tutsi au Rwanda » et « l’augmentation des effectifs de police judiciaire, afin que les génocidaires présumés faisant l’objet de poursuites puissent être jugés dans un délai raisonnable », précise un communiqué de presse de l’Élysée.

 

Mais pour le président de l’Egam, les gestes d’Emmanuel Macron réalisés à l’occasion des 25 ans du génocide, tout comme l’absence de gestes d’ailleurs, ne changeront in fine rien aux alliances récemment nouées entre Paris et Kigali – où la France n’a plus d’ambassadeur depuis 2015. « C’est un scandale d’État, mais ça n’est toujours pas un sujet au centre des intérêts… » souffle-t-il.

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2 avril 2019 2 02 /04 /avril /2019 12:57

Publié par Venezuela infos  (1 avril 2019)

 

Publié par Le Temps des Cerises, Venezuela – Chronique d’une déstabilisation, de Maurice Lemoine, sort dans les bonnes librairies le jeudi 4 avril 2019. Ex-rédacteur en chef du Monde diplomatique, l’auteur sillonne l’Amérique Latine depuis plus de quarante ans. Parmi ses ouvrages récents, citons “Chávez Presidente !”« Sur les eaux noires du fleuve », “Cinq cubains à Miami” ou “Les enfants cachés du général Pinochet”. L’occasion de dialoguer avec l’auteur à propos d’une certaine idée du journalisme

« VENEZUELA, CHRONIQUE D’UNE DÉSTABILISATION ». INTERVIEW DE MAURICE LEMOINE PAR THIERRY DERONNE

Publié par Le Temps des Cerises, Venezuela – Chronique d’une déstabilisation, de Maurice Lemoine, sort dans les bonnes librairies le jeudi 4 avril 2019. Ex-rédacteur en chef du Monde diplomatique, l’auteur sillonne l’Amérique Latine depuis plus de quarante ans. Parmi ses ouvrages récents, citons “Chávez Presidente !”« Sur les eaux noires du fleuve », “Cinq cubains à Miami” ou “Les enfants cachés du général Pinochet”. L’occasion de dialoguer avec l’auteur à propos d’une certaine idée du journalisme.

 

Thierry Deronne – Pourquoi avoir donné à ton nouveau livre la forme d’une « chronique » ?

Maurice Lemoine – Si j’en crois le dictionnaire, une chronique est un récit dans lequel les faits sont enregistrés dans l’ordre chronologique. Cela peut paraître basique, simpliste, limité, loin des brillants exercices théoriques et rhétoriques des analystes « top niveau ». En tant que journaliste de base, je revendique cette approche. Pour prétendre analyser une situation, encore faut-il connaître les faits. Leur enchaînement. Leurs causes et leurs effets. Leurs conséquences, voulues ou non. Ce qui permet, preuves à l’appui, de mettre en évidence, l’incohérence et la malhonnêteté très significatives, à une poignée de mois d’écart, de certaines prises de position.

Quelques exemples… En 2017, en convoquant une Assemblée nationale constituante, le président Nicolás Maduro provoque les hurlements de l’opposition : en 2014, l’un des dirigeants de cette dernière, Leopoldo López, réclamait une telle Assemblée à grands cris. En 2017, pendant toute la période de violence insurrectionnelle, les principaux dirigeants de la Table d’unité démocratique (MUD) s’égosillent : « Election présidentielle anticipée ! » Le pouvoir l’organise : plus aucun d’entre eux n’en veut ! Mais qui se souvient de leurs déclarations et de leurs revendications antérieures ? Personne (sauf peut-être l’ex-président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, qui a servi de médiateur dans une tentative de dialogue et qui, lors de la rupture de ce dernier sur ordre de l’ « Empire », a exprimé sa réprobation). La mémoire de l’appareil médiatique, elle, ne dépasse pas les trois derniers mois. D’où l’importance de reprendre modestement l’histoire telle qu’elle se déroule, pas à pas.

 

TD – Que raconte donc cette chronique et en quoi se veut-elle originale, différente ?

ML – Dans la grande tradition du Monde diplomatique, que j’ai « fréquenté », du statut de pigiste à celui de rédacteur en chef, pendant trois décennies, il s’agit d’un travail de « contre-information ». Quiconque subit quotidiennement le rouleau compresseur « Dassault-Lagardère-Bergé-Pigasse-Niel-Drahi-Rothschild-Pinault-Arnaud » (et je ne parle pas des médias étrangers), ainsi que les ex-radios et télévisions de « service public » devenues « chaînes d’Etat », en comprend parfaitement la nécessité. Donc je travaille comme devrait travailler n’importe quel professionnel de la profession : suivi permanent de l’info, rencontres, interviews et reportages de terrain précèdent l’analyse. Le concret avant le « blabla ». Pas de quoi en faire un plat, c’est ce qu’on devrait apprendre aux jeunes dans les écoles de journalisme. Cela me permet d’échapper à l’ « Histoire officielle », que je résumerais ainsi : plongé dans une crise économique, politique et institutionnelle sans précédent, le Venezuela, pourtant détenteur des plus grosses réserves pétrolières de la planète, s’effondre, gangrené par la corruption, au point de ne plus pouvoir apporter ni nourriture, ni médicaments, ni produits de première nécessité à sa population. Alors que l’opposition a été complètement muselée, la « société civile », « affamée », lorsqu’elle se révolte et manifeste « spontanément », est réprimée à feu et à sang. Ce qui a permis à Maduro, contrôlant désormais toutes les institutions de l’Etat, de se faire réélire, dans des conditions fortement contestées, le 20 mai dernier. Pour la « communauté internationale » – c’est-à-dire les Etats-Unis, l’Union européenne et certains pays d’Amérique latine –, le Venezuela s’enfonce petit à petit dans la dictature. 

Cette « Histoire », induite par une propagande tentaculaire, il y a une autre façon de la raconter.

 

TD – Quelle est donc la thèse que tu développes dans ton livre ?

ML – A la mort de Chávez, et afin de neutraliser définitivement la « révolution bolivarienne », les secteurs radicaux de l’opposition, en lien avec la Maison-Blanche, le Pentagone et le Département d’Etat, ont entrepris d’empêcher à n’importe quel prix son successeur Maduro, bien qu’élu démocratiquement, de consolider son pouvoir. Se référant de façon subliminale aux « révolutions de couleur », jouissant d’un fort appui international, ils ont lancé de violentes offensives de guérilla urbaine en 2014 et 2017 (45 et 125 morts), dont une partie importante des victimes, contrairement à ce qui a été dit et écrit, n’appartenaient pas aux manifestants.

Certes, l’importante diminution des prix du pétrole, la principale ressource du pays, a raréfié la rentrée des devises, rendant plus difficiles les importations de biens de consommation. Certes, la gestion du gouvernement ne brille pas toujours par son efficacité. Mais, les ratés réels de son administration n’expliquent pas tout. Des pénuries organisées et de l’accaparement des aliments, médicaments et biens de première nécessité, aux conséquences désastreuses du marché noir, en passant par une inflation irrationnelle sciemment provoquée, auxquels s’ajoutent depuis 2015 les sanctions américaines, c’est bien, depuis l’arrivée de Maduro au pouvoir, une déstabilisation économique qui sème le chaos. En réalité, le pays subit une guerre totale et multiforme qui a atteint son climax le 4 août 2018 avec la tentative d’assassinat de Maduro par un attentat aux drones explosifs et l’auto-proclamation le 23 janvier 2019 d’un président fantoche, Juan Guaido.

 

TD – Cette interprétation des événements est loin de faire l’unanimité. En quoi t’estimes-tu plus crédible, plus neutre ou plus objectif que ceux auxquels tu opposes cette version des faits ?

ML – Terminons-en avec un mythe. L’objectivité, ça n’existe pas. Déjà, au IVe siècle avant Jésus-Christ, dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, l’Athénien Thucydide constatait : « Ceux qui ont assisté aux événements ne les rapportent pas de la même manière et parlent selon les intérêts de leur parti ou selon leurs souvenirs variables. » Beaucoup considèrent le journaliste comme un acteur isolé, omnipotent, capable de faire surgir par l’analyse et l’enquête des vérités non connues au départ. En fait, il n’est qu’un acteur parmi d’autres, dans un système d’ensemble. Il fait partie de la comédie. Il sélectionne ses sources sur la base de ses critères conscients ou inconscients, de leur accessibilité, de leur légitimité, mais aussi en fonction de ce qu’attendent son rédacteur en chef et le directeur de la publication. Qui ne tiennent pas forcément à être montrés du doigt pour un traitement non « pensée conforme » de la situation du Venezuela. Et je ne parle pas de la corporation des éditorialistes qui, se prenant pour les instituteurs du genre humain, se contentent de donner leur avis sans jamais assister à rien (ils ont trop peur des insectes, des bestioles et des microbes exotiques, ces malheureux !).

S’y ajoutent les contraintes d’un secteur économiquement en difficulté : les bons articles sont d’abord ceux qui ne coûtent pas trop cher, en période de budget publicitaire un peu serré. Sans compter les obligations du rythme de « l’info en continu » ; pour une minute trente, il faut axer sur un personnage : Chávez, hier avant-hier ; Maduro, hier ; Guaido aujourd’hui. Le contexte ? Alignons-nous sur les confrères, quitte à créer une « vérité alternative », avec, si nécessaire, oublis, truquages et manipulations à l’appui.

Plutôt que d’objectivité, parlons d’honnêteté – ce qui, indépendamment des différences d’analyse, serait déjà un grand progrès. Mieux vaut un journaliste de droite honnête – il y en a – qu’un pseudo progressiste qui, en catimini, afflige les faibles et soutient les puissants – il y en a hélas aussi, et beaucoup.

 

TD – Justement, l’honnêteté n’implique-t-elle pas de rester neutre ?

ML – En certaines circonstances, la neutralité porte un autre nom : « lâcheté ». On n’est pas neutre entre les Juifs et les nazis ; entre la République espagnole et le général Franco ; entre Salvador Allende et Augusto Pinochet ; entre la révolution sandiniste et la « contra » ! Qu’on me pardonne d’insister. La grave crise que traverse le Venezuela comporte une dimension systématiquement passée sous silence : comme en son temps le Chili de Salvador Allende, il fait face à une sournoise (de moins en moins, d’ailleurs) mais féroce (et de plus en plus) déstabilisation. Il possède trop de pétrole et trop de richesses minérales pour laisser Washington indifférent… Dans de telles conditions, notre rôle n’est pas de diffuser du gnan-gnan pour Bisounours bien-pensants.

TD – Et pourtant, certains secteurs de la gauche dite « radicale » ou de l’extrême gauche françaises campent sur une critique virulente du « régime » de Maduro.

ML – C’est terrible. Affligeant. Pour reprendre l’argumentation d’un certain Thierry Deronne – tu connais  ? –, que j’ai vue passer récemment,« le sens commun sédimenté par l’hégémonie des médias a détaché le mot “Venezuela” du réel d’origine pour en faire un marqueur de respectabilité. Pour beaucoup de personnalités politiques, revues, journaux, centres de recherche, etc., la question n’est plus “comment enquêter là-bas, comprendre, apprendre”, mais “comment soigner, ici, mon image antitotalitaire dans l’opinion” ». La réflexion me paraît tellement juste que je ne vois pas l’intérêt de me « prendre la tête » pour la paraphraser.

Aux ravages opérés dans l’opinion publique par l’entre soi médiatico-mondain s’ajoute désormais le rôle néfaste dans la mouvance progressiste d’un certain nombre d’ « intellectuels » et d’universitaires dits « de gauche », post-trotskistes,  anars  et écolos de la « bobosphère » (que je n’assimile pas aux indispensables défenseurs de l’environnement), lesquels ne se définissent que par la négation. « Contre tout ce qui est pour », « pour tout ce qui est contre ». Soucieux d’assurer le bon développement de leur carrière en ne s’écartant pas trop de la pensée « acceptable » dans leurs universités, think-tanks et autres ONG (je parle là des universitaires, chercheurs, enseignants-chercheurs, maîtres de conférence, politistes et politologues, docteurs et doctorants), ils font preuve d’une extrême suffisance, d’un conformisme stupéfiant.

Comment ne pas sentir ses cheveux se hérisser lorsqu’on voit telle revue, censément de « critique communiste » (mais sans rapport avec le parti du même nom) reprendre sans une once de recul la version manipulatrice des « anti-néolibéraux (vénézuéliens) haut de gamme » Edgardo Lander, Nicmer Evans ou Marea socialista sur le saccage par Maduro de l’ « Arc minier de l’Orénoque » – au mépris de l’Histoire longue de la région et de faits que n’importe quel observateur de bonne foi peut observer (à condition bien entendu de ne pas craindre la transpiration) ?

Comment ne pas lâcher un soupire accablé lorsque les mêmes, reprenant le discours qui, il y a cent cinquante ans, qualifiait les communards de « racaille », diffusent le discours de la droite vénézuélienne sur la « dérive autoritaire » du « régime » et traitent de « paramilitaires » les« colectivos » ? L’une des expressions de l’organisation populaire, certes parfois radicale (est-ce un péché dans un tel contexte ?), mais qui ne comporte pas plus d’éléments violents, dangereux, incontrôlables que, disons… les « gilets jaunes » dans leurs rangs. Pourquoi faire abstraction de cette réalité ? Des conseils communaux ? Des communes ? Des organisations sociales de base ? Du peuple qui se mobilise et résiste aux côtés du pouvoir – sans lui ménager ses critiques, mais sans jouer ni les « commissaires politiques » ni les donneurs de leçons.

 

Bien entendu, fréquenter les« barrios » et le « campo »oblige à relativiser plutôt que de se référer en permanence à un absolu fantasmé. D’où le refus de se frotter au clair obscur de la vraie vie. Il est tellement plus confortable de critiquer depuis une perspective théorique tout en – pour les « révolutionnaires professionnels » – organisant des colloques, écrivant des textes, voire des livres pleins d’empathie sur Salvador Allende ou (le pacifique ?) Che Guevara !

Au-delà des simagrées et des contorsions, entonner le refrain de plus en plus à la mode « ni Maduro ni Guaido » – l’équivalent gauchouillard du« en même temps » macronien – c’est rejoindre le camp des charognards conservateurs et réactionnaires qui espèrent une défaite succulente des « bolivariens ». Quand bien même, pour sauver les apparences, au moment où de sombres nuages s’amoncellent, est lancé un traditionnel « Non à une intervention de l’impérialisme américain » ! La belle affaire… Tout le discours qui a précédé a préparé le terrain en cassant, au sein de la gauche, les solidarités. Et alors, pourtant, que les masques sont tombés : sans même se fendre d’un communiqué condamnant avec la plus extrême vigueur son « auto-proclamation », son appel aux sanctions étatsuniennes qui asphyxient le pays et martyrisent les secteurs populaires, et même à une intervention « militaro-humanitaire », les Nicmer Evans, Edgardo Lander, Gonzalo Gómez (Aporrea et Marea socialista) et autres Hector Navarro – les ténors du pseudo « chavisme critique » ! – se sont déjà précipités pour dialoguer avec Guaido.

 

TD – On te rétorquera néanmoins que la critique est nécessaire face aux multiples problèmes non réglés…

ML – Qui a prétendu le contraire ? Nul hasard si, dans ce livre, tout un chapitre est consacré – et sans prendre de pincettes ! – à la corruption. Si le rôle nuisible de la « bolibourgeoisie » et de la bureaucratie est régulièrement évoqué. Si certaines erreurs de Chávez (et non uniquement de Maduro !) sont pointées du doigt. Si… De là à jeter le bébé avec l’eau du bain, il y a un pas que, effectivement, je ne franchis pas. Lorsqu’un gamin avec une verrue noire sur le nez est férocement agressé par une sombre brute, la priorité est de défendre le gamin, pas de répéter en boucle, en restant tranquillement à l’écart, « beurk, il a une verrue sur le nez ! ».

 

TD – Tout de même, alors que de la droite à une certaine extrême gauche, une quasi unanimité dénonce le gouvernement vénézuélien, n’es-tu jamais saisi par le doute ? N’as-tu pas peur de te tromper ?

ML – Je doute en permanence. Je ne cesse de m’interroger. Le journaliste ne sait pas tout. Il rend compte des éléments dont il dispose, à un moment donné, pour expliquer une situation donnée. Ce n’est pas toujours facile. Au milieu des interactions, des circonstances, des émotions, des événements, tout se révèle sujet à interprétations. Sachant que, comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon, « recopier et répéter est moins dangereux que de dire quelque chose en étant seul à le faire ».

Toutefois, un épisode de ma vie professionnelle m’a marqué profondément. En 1982, après m’être fait remarquer par un livre-reportage – Sucre amer – sur les effroyables conditions, un véritable esclavage, dans lesquelles travaillaient les Haïtiens des plantations de canne à sucre dominicaines, je suis parti au Salvador avec dans la poche un contrat des Editions du Seuil pour couvrir le conflit armé qui déchirait ce pays. J’y suis resté trois mois, dont trois grandes semaines physiquement éprouvantes au sein de la guérilla du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN). A mon retour à Paris, et lorsque j’ai rendu mon manuscrit, le Seuil a refusé de le publier, estimant qu’il était trop favorable aux thèses de l’opposition armée – considérée alors par beaucoup comme « polpotienne » et composée de « Khmers rouges » extrêmement dangereux. Le livre – Los Compañeros – a finalement été publié par une maison d’édition beaucoup plus modeste (Encre), ce qui n’a bien sûr pas favorisé sa diffusion.

Le conflit s’est terminé en 1992. Lorsque la Commission de la vérité de l’ONU a rendu son rapport, celui-ci a confirmé tout ce que j’avais écrit sur l’écrasante responsabilité de l’oligarchie, de l’armée (formée et encadrée par les Etats-Unis) et des escadrons de la mort dans les violations des droits humains. Bien que très minoritaire et contesté dans mon analyse, je ne m’étais pas trompé. Depuis ce jour, et fort de cette expérience, je ne cède ni à la pression générale, ni aux critiques, ni aux insultes, ni même à la perte de certains amis si, après avoir travaillé le plus sérieusement possible, j’estime, en conscience, que j’ai raison. Je peux certes me tromper. Mais, fussent-ils en groupes, en ligues et en processions, les autres aussi !

 

TD – Le média d’investigation Mediapart, salutaire quand il combat la corruption et la répression en « macronie », a par contre repris la ligne d’Edwy Plenel sur le Venezuela quand il dirigeait la rédaction du Monde, et fait beaucoup d’efforts pour convaincre le lectorat progressiste que ce pays est une dictature, avec pour preuve les dénonciations d’Amnesty International et de Human Rights Watch. Qu’en penses-tu ?

ML – Il y a quelques années, s’en prendre à Reporters sans Frontières et à son « caudillo » d’extrême droite Robert Ménard était très mal vu. A quelques-uns – je pense au Diplo, à Acrimed, à Maxime Vivas (du Grand Soir)i – (1), nous l’avons fait et avons dû subir des critiques acérées. Depuis, la vérité a éclaté sur Ménard – mais personne ne nous a présenté des excuses ! Comparaison n’étant pas raison, je ne comparerai évidemment pas l’idéologie des dirigeants d’Amnesty International à celle de Ménard. Toutefois, il existe une dérive de ces organisations de défense des droits humains. Au risque de choquer – une fois de plus ! –, je consacre un chapitre à ce sujet. Derrière ces bureaucraties respectées (et, sur de nombreux points, à juste titre), se cache un fonctionnement très problématique. Qui les informe ? Des ONG locales. Au Venezuela, Proveaet le Foro Penal qui, avant d’être des organisations de défense des droits de l’homme, sont très clairement des organisations d’opposition. Financées par… (je laisse aux lecteurs le soin de découvrir les dessous de ces majuscules humanitaires à forts relents idéologiques qui méritent questionnements).

 

TD – Dans les années 70 nul n’aurait pensé dire « ni Allende, ni Nixon » comme on dit aujourd’hui « ni Maduro, ni Trump ». Après avoir occulté vingt ans de démocratie participative, les grands médias transforment aujourd’hui les effets en… causes de la guerre économique. N’est-il pas temps que les progressistes songent à démocratiser radicalement la propriété des médias, à fonder de nouvelles écoles de journalisme hors marché, à créer un puissant réseau de médias associatifs et, surtout, un nouveau type, socialement organisateur, de technologies qui nous libèrent des réseaux sociaux inventés par les Etats-Unis ?

ML – Tout à fait Thierry (comme disait Jean-Michel Larqué) ! La réponse est déjà dans ta question.

 

En 2018, avec Franco Rivera et Thierry Deronne dans un quartier populaire de Caracas (Magallanes de Catia). Photo de Jesus Reyes.

Notes

(1) i Action, Critique, Médias : https://www.acrimed.org/ ; Maxime Vivas, La face cachée de Reporters sans frontièresAden, Bruxelles, 2007.

Le site Mémoire des Luttes publie en exclusivité les « bonnes feuilles » de « Venezuela. Chronique d’une déstabilisation » : « Nicolás » constitue le huitième chapitre de l’ouvrage.

 

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31 mars 2019 7 31 /03 /mars /2019 10:36
COMMUNIST'ART: Mario Monicelli, cinéaste italien, auteur de Les camarades (1963)
COMMUNIST'ART: Mario Monicelli, cinéaste italien, auteur de Les camarades (1963)

« L'espoir, disait-il, est un piège inventé par les patrons. Il faut avoir le courage de se rebeller... et aller chercher notre salut, ce qui en Italie n'a jamais été le cas ».

(Mario Monicelli)

Jeudi 28 mars, le cinéma d'art et d'essai morlaisien La Salamandre organisait en solidarité avec le cinéma d'art et d'essai de Quimper Le Dupleix (ancien Chapeau Rouge), mis en danger par le rachat de son bâtiment par Cinéville, en situation de monopole, une projection du film "Les camarades" (I Compagni) de Mario Monicelli, né à Rome en 1915 et mort, en sautant de sa chambre d'hôpital à San Giovanni à Rome, à 95 ans, en 2010, alors qu'il était atteint d'un cancer incurable. 

Ce film daté de 1963 avec comme acteurs Bernard Blier, Renato Salvatori, Annie Girardot, et surtout Marcello Mastroiani est un chef d’œuvre du cinéma politique et social, s'intéresse à la naissance du syndicalisme ouvrier en Italie et montre bien les difficultés et contradictions des luttes du mouvement ouvrier: le rapport aux intellectuels révolutionnaires des ouvriers, la difficulté de la grève, de construire et garder l'unité dans la lutte, la duplicité du patronat.

Le scénario de ce film:

"A la fin du XIXème siècle, dans une fabrique textile de Turin, les ouvriers, soumis à un rythme de travail infernal, voient se multiplier les accidents. Trois d’entre eux entrent en conflit avec le contremaître à la suite d’un nouveau drame. Il est alors décidé, en guise de protestation, que tous partiront une heure plus tôt ce soir-là. Mais cette action n’est pas du goût des patrons, qui profitent de l’inexpérience de ces hommes simples pour les berner. Les sanctions tombent. Le professeur Sinigaglia, un militant marxiste, fraîchement débarqué de Gênes, pousse les ouvriers à s’organiser. La grève s'organise pour le passage de la journée de 14h à la journée de 13h, l'augmentation du temps de pause le midi et des grèves".

Mario Monicelli est devenu réalisateur après avoir été étudiant d'histoire et de philosophie Milan et à Pise.

Il devient assistant réalisateur avant-guerre, puis cinéaste après guerre.

Il réalise de très grandes comédies de cinéma réaliste gai comme "Un héros de notre temps" ou "Le Pigeon" (Il Soliti Ignoti), son chef-d’œuvre. 

Mario Monicelli est et est resté jusqu'au bout communiste et révolutionnaire.

Il appartient à cette glorieuse tradition de l'avant-garde des cinéastes italiens devenus militants ou sympathisants communistes (comme d'ailleurs de grands écrivains comme Moravia -1907-1990/ Le mépris, L'ennui/ ancien député européen communiste - ou Pavese*) après souvent une éducation catholique, bourgeoise ou aristocratique, dans le sillage d'un retour critique sur l'expérience fasciste portée et soutenue par la bourgeoisie et les capitalistes italiens, et du prestige du communisme après-guerre, comme:

- Vittorio de Sica (1901-1974)- Le voleur de bicyclette; Miracle à Milan

- Lucino Visconti (1906 - Milan - 1976- Rome) - La Terre Tremble; Rocco et ses frères, Le Guépard, Mort à venise)

- Roberto Rossellini  (1906-1977) - Rome, ville ouverte ; Allemagne Année zéro

- Ettore Scola (1931-2016) - Une journée particulière; La nuit de Varennes; Affreux, sales et méchants; Nous nous sommes tant aimés

- Fédérico Fellini (1920-1993) - La Dolce Vita, La Strada, Juliette des esprits, Casanova, Le Satyricon

- Pier Paolo Pasolini (1922 -1975) - Salo où les 120 journées de Sodome; Le Décaméron-  qui adhère au PCI en 1947 et en est exclu en 1953, tout en se proclamant ensuite toujours communiste.

- Bernardo Bertolucci (1941-2018) - Prima della Rivoluzione, La Stratégie de l'Araignée, Le conformiste avec Jean-Louis Trintignant, Le Dernier Tango à Paris avec Marlon Brando et Maria Schneider, Le Dernier empereur; Little Buddha

Ce cinéma italien d'avant-garde, néo-réaliste, social ou lyrique, a malheureusement été balayé par les années Berlusconi, comme d'ailleurs une grande partie de la culture communiste et progressiste en Italie, laissant place à un pays gouverné par le business mafieux, la droite ultra-libérale et maintenant les néo-fascistes de Salvini et de la Ligue du Nord. 

Il y a bien sûr selon nous un lien certain entre l'avènement des mass médias et le triomphe de la télé poubelle au service des puissances d'argent, l'essor du libéralisme le plus clinquant et le plus corrompu, la crise du PCI, le Parti Communiste Italien, le plus puissant et novateur d'Europe, et un certain déclin du cinéma d'auteur en Italie. Mais l'Italie est un pays de trop vieille et riche culture pour ne pas voir renaître bientôt les germes d'une nouvelle Renaissance culturelle et politique.

Ismaël Dupont

* Pavese, traducteur de Dickens, Melville, Faulkner, Defoe, Joyce, adhère au Parti Communiste Italien après-guerre. En 1949, il écrit le très beau et désespéré "Le bel été" (ma mère adorait, moi aussi). Il se suicide à Turin en 1950, à 42 ans.

Triste destin que celui de nombreux grands écrivains italiens: Primo-Levi, suicidé probablement, lui aussi, à Turin en tombant de son escalier en 1987. Malaparte, mort d'un cancer du poumon avec sa conversion tardive au catholicisme et sa carte du Parti Communiste chèrement obtenue, accordée par Togliatti après plusieurs années de demandes depuis 1945: le génial auteur de "Kaputt", souvenirs du Front Russe comme correspondant de guerre avec les armées nazies, et de "la Peau", vision apocalyptique et grotesque de l'Italie de la Libération, s'était il est vrai bien compromis avec le régime fasciste qu'il avait rejeté publiquement au départ. Et le grand Buzatti, l'auteur du "Désert des Tartares" et du recueil de nouvelles "le K", mort dans les angoisses d'un cancer à Milan. Et Pasolini, communiste lui aussi, victime d'un assassinat en 1975, sur la plage d'Ostie, près de Rome

Lire aussi:

Qui a tué le parti communiste italien? une enquête historique remarquable de Guido Liguori

COMMUNIST'ART: Frida Kahlo - par Hector Calchas

COMMUNIST'ART: Louis Aragon par Hector Calchas

COMMUNIST’ART - Erik Satie

COMMUNIST'Art: Fernand Léger

COMMUNIST'ART - Jacques Prévert, par Hector Calchas

« L'espoir, disait-il, est un piège inventé par les patrons. Il faut avoir le courage de se rebeller... et aller chercher notre salut, ce qui en Italie n'a jamais été le cas ».  (Mario Monicelli)

« L'espoir, disait-il, est un piège inventé par les patrons. Il faut avoir le courage de se rebeller... et aller chercher notre salut, ce qui en Italie n'a jamais été le cas ». (Mario Monicelli)

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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 07:05
Syrie-Israël. Quand Donald Trump sert la guerre sur un plateau - L'Humanité, Pierre Barbancey, 28 mars
Syrie-Israël. Quand Donald Trump sert la guerre sur un plateau
Jeudi, 28 Mars, 2019

En reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan syrien, le président américain parachève son but : faire d’Israël un État régional fort gérant des Palestiniens sans identité nationale. Analyse.

Benyamin Netanyahou a du mal à cacher sa joie. À deux semaines des élections législatives qu’il n’est pas certain d’emporter, le premier ministre israélien vient de recevoir un beau cadeau de la part du président américain. Donald Trump a profité de la présence à Washington du chef du gouvernement israélien pour signer un décret actant la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté d’Israël sur la partie du plateau du Golan syrien occupée depuis 1967 et annexée depuis 1981. Ce n’est pas une surprise à proprement parler.

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le déménagement de l’ambassade américaine avaient déjà marqué une rupture avec les précédentes administrations. Le récent rapport du département d’État sur la situation des droits humains dans le monde pour 2018 et publié début mars ne faisait pas mention de territoires occupés par Israël – qu’il s’agisse de la Cisjordanie, de la bande de Gaza ou du plateau du Golan – mais de « territoires contrôlés par les Israéliens ». Une différence qui n’est pas que sémantique mais bien profondément politique. De plus, Trump estime que la poursuite de la colonisation n’est pas un obstacle au processus de paix. Il est vrai que l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, est un fervent supporter (y compris financier) des colonies d’implantation dans les territoires palestiniens. Les États-Unis ont également cessé leur aide à l’organisation de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et entendent faire changer le statut de ces réfugiés en refusant d’y inclure les générations qui ont suivi celle de 1948, pour faire chuter leur nombre de 5 millions à environ 40 000. Quel droit au retour dans ces conditions? De plus, Washington a fait fermer la représentation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) aux États-Unis. Last but not least, afin de mieux imposer cette politique et protéger définitivement Israël, une campagne – relayée ardemment par tous les pays européens – a été lancée, visant à taxer d’antisémite toute critique d’Israël. C’est notamment le cas du mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Mardi, lors d’une réunion mensuelle consacrée au conflit israélo-palestinien, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont laissé transparaître leur exaspération face au choix des États-Unis de briser le consensus international. En particulier, les cinq pays européens membres du Conseil (Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique et Pologne) ont rappelé dans une déclaration solennelle qu’ils ne reconnaissaient « pas la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés par Israël depuis juin 1967, incluant le plateau du Golan » . Ils soulignaient que « l’annexion d’un territoire par la force est interdite par le droit international. Toute déclaration sur un changement unilatéral de frontière va à l’encontre des règles sur l’ordre international et la charte des Nations unies ».

Une fois n’est pas coutume, lors de la discussion, l’ambassadeur français François Delattre avait dénoncé de manière virulente l’attitude de Washington. Les fondements d’une paix durable au Proche-Orient sur lesquels s’est entendue la communauté internationale « ne sont pas des options ou un menu dans lequel il serait possible de piocher à sa guise, faisait-il valoir. La reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan est contraire au droit international, en particulier l’obligation pour les États de ne pas reconnaître une situation illégale ». Pour le diplomate, « le silence du Conseil sur ce sujet est de plus en plus assourdissant, de plus en plus incompréhensible, et pour la France de plus en plus inacceptable ».

Il serait donc incompréhensible que la France, qui préside ce Conseil de sécurité jusqu’à dimanche, n’inscrive pas la demande de la Syrie d’une réunion d’urgence de ce Conseil et laisse l’Allemagne, qui lui succède, s’en charger. Elle marquerait là sa volonté claire de s’opposer aux tentatives américaines qui visent à morceler définitivement le territoire syrien et, surtout, à laisser à Israël le contrôle des immenses ressources en eau du plateau du Golan, qui alimentent le Jourdain et le lac Tibériade.

Il est vrai que Paris est pris dans ses propres contradictions. Outre sa participation à la criminalisation du BDS et l’affirmation selon laquelle l’antisionisme serait une nouvelle forme d’antisémitisme, la France ne sait plus comment se positionner concernant la Syrie et, dans une moindre mesure l’Iran. Ainsi peut-on penser que l’affirmation de l’ambassadeur américain à l’ONU, Jonathan Cohen, pour qui «  permettre aux régimes syrien et iranien de contrôler le plateau du Golan reviendrait à fermer les yeux sur les atrocités commises par le régime d’Assad et sur la présence déstabilisante de l’Iran dans la région », n’a pas manqué de faire mouche. De toute manière, il n’y a pas de certitude que la réunion ait lieu. Il suffirait pour cela qu’un des quinze pays membres du Conseil demande un vote de procédure, et que lors de ce vote neuf pays s’opposent à sa tenue.

Si Hassan Nasrallah, chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, qui soutient le régime syrien, a appelé à la « résistance » face au « dédain pour le monde arabe et islamique », les chancelleries de ce monde arabe sont pour le moins gênées aux entournures. Depuis plusieurs années maintenant elles avaient choisi d’intégrer sans retenue la stratégie américaine. Celle-ci passe par un rapprochement avec Israël et s’appuie sur la désignation d’un ennemi commun, l’Iran. Lasses, elles ont beau condamner la décision américaine, les voici gros-jean comme devant, leurs condamnations sont sans poids, bien incapables maintenant de faire bouger les lignes. Côté iranien, en revanche, le président Hassan Rohani a fait remarquer: « À un certain moment de l’histoire, du temps du colonialisme, certaines puissances coloniales ont fait de telles choses et attribué des parties d’un pays à un autre (...), mais cela est sans précédent à notre siècle. Personne n’aurait cru qu’un homme viendrait en Amérique et remettrait, de façon unilatérale et contre toutes les lois et règles internationales, une terre appartenant à un pays à un agresseur. »

Cet acte de piraterie du droit international par les États-Unis devrait amener une initiative politique forte de la part de la direction palestinienne. Celle-ci en semble incapable, engluée dans des affrontements entre le Hamas et le Fatah, dans une guerre de succession pour remplacer Mahmoud Abbas et sous pression internationale. Il n’est pas certain que le refus de tout lien avec l’administration Trump, pour symbolique qu’il soit, ouvre une quelconque opportunité. Toutes les récentes décisions américains, dont la reconnaissance de la mainmise israélienne sur le plateau du Golan, montrent surtout que l’initiative de paix israélo-palestinienne de Jared Kushner, conseiller et gendre de Donald Trump, présentée comme le « plan du siècle », longtemps annoncée mais jamais dévoilée, n’est qu’un écran de fumée, une escroquerie digne de bateleurs de foire. Le plan est pourtant maintenant clair : morceler les territoires palestiniens, mettre en place une gestion de populations sans identité nationale, tout entières dépendantes d’un État plus fort que jamais : Israël.

Pierre Barbancey
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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 06:26
Parlement européen: nouvelles victoires pour la culture (Marie-Pierre Vieu, 28 mars 2019)
 
Parlement européen :
nouvelles victoires pour la culture !
 
Jeudi 28 mars, ont été adoptés au Parlement européen deux programmes importants faisant suffisamment exception à la litanie libérale pour être notés et considérés comme une double victoire.
 
La première victoire, c’est la demande de doublement de la dotation d’Europe créative, - une revendication portée par le PCF - qui pourrait voir son budget passer de 1,46 milliard à 2,806 milliards d’euros. Les aides aux secteurs de la culture et de la création pour tirer parti des atouts de l’ère numérique et de la mondialisation et pour leur permettre un accès à de nouveaux publics pourraient ainsi être renforcées. Et ce serait une excellente nouvelle pour les 2.500 artistes et professionnels de la culture, 2.000 cinémas, 800 films et 4.500 traductions de livres qui pourraient être impactés.
 
La deuxième victoire, c’est la demande de triplement du budget alloué au programme ERASMUS (30 milliards d’euros) et de suppression du mécanisme de garantie de prêts qui enferment les étudiants dans une logique de remboursement délétère. Bien entendu, il reste à batailler aux niveaux de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe pour que ces avancées soient vraiment prises en compte dans les programmes finaux.
 
La culture et l’accès à la connaissance ne peuvent être considérés comme de simples suppléments d’âme de la construction européenne mais doivent être au cœur du projet européen. La coopération culturelle et la défense farouche de la diversité européenne sont des horizons tangibles qui, une fois n’est pas coutume, nous laissent entrevoir les bases d’une Europe à taille humaine et écologique. Continuons le combat !
Parlement européen: nouvelles victoires pour la culture (Marie-Pierre Vieu, 28 mars 2019)
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27 mars 2019 3 27 /03 /mars /2019 15:31
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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 06:39
Die Linke en congrès pour une Europe solidaire, contre l’Union européenne des millionnaires

Die Linke est un parti qui compte en Allemagne et en Europe et son congrès du 22 au 24 février 2019 à Bonn en vue des élections européennes a fait l’objet d’une importante couverture médiatique et a été très suivi par les délégations étrangères invitées, pour la France le PCF. Le congrès avait pour tâche d’adopter le programme électoral de Die Linke et de choisir la liste de ses candidat.e.s pour le Parlement européen.

En novembre et décembre 2018, trois conférences régionales avaient précédé le congrès pour discuter les grandes lignes du projet de programme intitulé : « Pour une Europe solidaire pour les millions de gens, contre l’Union européenne des millionnaires ». Au sein de Die Linke, la question de la construction européenne a toujours fait l’objet de vifs débats internes entre les différents courants qui existent dans le parti. Aujourd’hui, personne ne plaide pour une sortie de l’Union européenne, les débats portent principalement sur les possibilités ou non de réformer le fonctionnement de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne. Mais même s’il existe des divergences dans le parti, on a pu noter que les débats ont été plus sereins et moins polémiques qu’il y a cinq ans où s’affrontaient partisans et adversaires de l’euro. Cette année, les débats ont porté sur la meilleure manière de combattre les traités existants et sur l’action nécessaire pour promouvoir une autre Europe, plus solidaire, plus pacifique, plus démocratique.

La question de la transition écologique a également été très présente dans les débats qui ont souligné l’urgence de mettre fin aux énergies carbonées et d’accélérer au niveau européen les mutations nécessaires. Un autre sujet important a été la question des réfugiés et des migrants dont on sait comment elle est exploitée par les populistes d’extrême droite du parti AfD qui a progressé depuis quelques années en en faisant son fond de commerce. Die Linke se prononce sans ambigüité en faveur d’une Europe ouverte qui organise l’accueil des réfugiés et qui combat non pas les migrants mais les causes profondes des migrations.

“Transformer l’UE actuelle et modifier les traités pour renverser les priorités”

La tonalité générale du programme électoral adopté par le congrès est de transformer l’UE actuelle et de modifier les traités pour renverser les priorités et mettre au premier plan la satisfaction des besoins de la majorité des gens et non pas la liberté du marché. Le programme met l’accent sur le pouvoir d’achat et sur l’emploi en proposant des mesures fortes comme un smic européen et des programmes publics européens contre le chômage, en particulier des jeunes, également des programmes européens de construction de logements sociaux. Die Linke propose une fiscalité juste et harmonisée entre les pays de l’UE permettant notamment de combattre le dumping fiscal et de taxer les grandes entreprises là où elles exercent leur activité. Elle développe en détail la politique nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver notre avenir. Elle se prononce pour une action résolue contre la militarisation de l’UE, pour le désarmement et le refus de l’OTAN, pour l’arrêt des exportations militaires.

congresDieLinke2019.jpgDie Linke a la volonté de mener une campagne positive qui dessine des perspectives de lutte et de construction d’une nouvelle Union européenne. La liste des candidats rassemble les diverses sensibilités qui se sont exprimées ; le congrès a su dépasser les clivages pour faire de Die Linke à la fois une force de combat et de proposition et les deux têtes de liste, Martin Schirdewan, 43 ans, de Berlin, et Özlem Demirel, 34 ans de Rhénanie Westphalie, marquent une volonté de rajeunissement et de renouvellement qui illustre les ambitions de Die Linke pour l’UE du futur.

Die Linke et le PCF travaillant ensemble au sein du Parti de la gauche européenne, il n’est pas surprenant de retrouver de nombreux éléments communs dans les propositions que les deux partis soumettent aux électeurs. Cette étroite convergence « pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent » est le gage d’une coopération pérenne qui s’approfondira encore dans les années à venir.

Alain Rouy
Commission des Relations internationales

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24 mars 2019 7 24 /03 /mars /2019 19:54
Patrick Le Hyaric: l'Europe ne peut pas abandonner ses 90 millions de pauvres en abandonnant le programme d'aide alimentaire aux plus démunis!
Lors d’une conversation en juin dernier avec le président du Secours populaire français, Julien Lauprêtre, nous avions convenu d’organiser au Parlement européen une initiative avec d’autres associations humanitaires ou caritatives de l’ensemble des pays de l’Union européenne. Cette initiative a eu lieu mercredi dernier dans la salle de notre groupe parlementaire de la Gauche unitaire européenne (GUE/NGL). D’autres députés d’autres groupes politiques, essentiellement des partis français, se sont joints à nous et ont évidemment pu exposer leurs propositions et leurs actions. Plusieurs pays européens étaient représentés. Tous les responsables d’associations ont pu exposer la nature de leurs actions dans leurs différents pays à partir des traditions liées à l’aide alimentaire et à l’aide aux personnes en situation de détresse ou aux personnes en situation de pauvreté. Les bénévoles du Secours populaire français étaient en nombre dans la salle et ils ont pu faire part de leurs expériences au fur et à mesure de la journée.
 
90 millions de pauvres dans l’Union européenne constituent une tache noire très loin des promesses de construction d’une Europe « de la prospérité » qui ont été faites au fil des ans. Quelle farce quand des chômeurs mais aussi des travailleurs se trouvent de plus en plus nombreux en situation de pauvreté. Les statistiques officielles disent qu’ils existent 7,5 % de la population européenne en situation de privation matérielle aiguë. 23,5 % de la population dans l’Union européenne est menacée de pauvreté. 40 millions d’Européens se trouvent en situation de carence alimentaire.
 
Heureusement qu’il existe la générosité et le militantisme des bénévoles des associations caritatives et humanitaire telles que le Secours populaire, les Restos du cœur ou la banque alimentaire.
 
Il existait depuis l’année 1987 un programme européen d’aide alimentaire aux plus démunis (PEAD). Nous nous sommes trouvés dans une situation difficile au cours de l’année 2008 lorsque les gouvernements allemands et suédois ont prétexté d’un détournement des fonds de la politique agricole commune pour faire supprimer ce programme. Malheureusement un arrêt de la Cour de justice européenne a donné raison à cette plainte au cours de l’année 2011. Il a fallu beaucoup s’indigner, se battre, combattre, pour que dans l’enceinte du Parlement européen nous obtenions que la Commission européenne propose une alternative à ce programme malgré la contrainte de l’arrêt de la Cour de justice européenne. Finalement à force de batailles nous avons réussi à obtenir la création d’un fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) remplaçant le précédent programme pour venir en aide à celles et ceux qui se trouvent en situation de pauvreté dans l’Union européenne. À l’époque, il a fallu se battre dans la commission emploi et affaires sociales mais aussi jusque dans la séance plénière du Parlement européen pour que l’intégralité du fonds soit maintenue. Aujourd’hui, comme je l’ai vu au cours de cette réunion, tout le monde revendique le sauvetage de ce fonds d’aide aux plus démunis. En vérité j’ai dû déposer des amendements jusque dans la séance plénière pour obtenir les mêmes financements, les mêmes garanties offertes aux associations.
 
Nous rentrons désormais dans une nouvelle phase. Nous avons réussi ces derniers mois à défendre et à préserver l’idée du fonds mais il est inclus dans le Fonds social européen (FSE) et peut être mélangé très facilement à d’autres fonds comme les fonds de développement territoriaux, les fonds de cohésion sociale, pour être raboté au fil du temps. Aujourd’hui pour le prochain cadre budgétaire qui va s’étaler de 2021 à 2027, ce programme est plutôt maintenu et élargi à des actions en faveur des enfants. Mais la Commission européenne veut toujours réduire les crédits qui sont alloué. Elle veut le faire parce que les priorités sont désormais devenues la protection des frontières pour lesquelles on va dépenser 15 milliards de plus avec le projet de défense européenne. La vigilance s’impose donc. C’était dans l’ensemble le sens de cette réunion du Parlement européen.
 
Les associations présentes ont adopté un texte très intéressant. C’est un texte de combat. Il faut le faire connaître, comme il faut faire connaître notre action dans l’enceinte du Parlement européen. Ceci prouve l’utilité de disposer de parlementaires communistes qui défendent réellement les gens. Évidemment ce combat devra se poursuivent tout au long de la prochaine législature qui commencera après les élections européennes au 1er juillet prochain.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ci-dessous le texte adopté lors de la réunion de mercredi dernier.

APPEL COMMUN DES ASSOCIATIONS EUROPEENNES
« POUR RENFORCER L’AIDE ALIMENTAIRE EUROPEENNE »


Bruxelles, le 20 mars 2019

Réunies aujourd’hui, nous, associations mettant en œuvre l’aide alimentaire en Europe
- Constatons que près d’1 Européen sur 4 connait la pauvreté et 34 millions d’entre eux vivent une situation de pauvreté matérielle sévère ;
- Alertons sur l’urgence et la gravité de ces situations de pauvreté et sur l’accroissement de la précarité qui touchent des millions d’enfants, de familles, de personnes âgées, de jeunes, d’étudiants, partout en Europe ;
- Rappelons que l’action de nos associations permet d’apporter un soutien alimentaire à des millions d’Européens, dont plus de 16 millions grâce au Fonds Européen d’Aide aux plus Démunis (FEAD) ;
C’est pourquoi, nos associations affirment aujourd’hui le caractère irremplaçable de l’aide alimentaire qui permet, dans l’Union européenne :
- D’apporter une aide vitale pour des millions de personnes connaissant une situation de pauvreté ou de précarité dans le cadre d’un accueil inconditionnel ;
- De développer, au-delà de la mise à disposition de denrées alimentaires, d’autres mesures d’accompagnement nécessaires pour les personnes en situation de pauvreté et de précarité (aide à la recherche d’emploi, accès à la culture et aux loisirs, accès aux droits, accès aux soins, accès aux vacances, accès à la pratique sportive, éducation nutritionnelle) ;
- De favoriser la santé des Européens en apportant une aide alimentaire variée de qualité ;
- De favoriser l’engagement des volontaires et bénévoles comme témoignage concret d’une solidarité européenne incontournable ;
- De soutenir les personnes habitant dans les territoires isolés qui cumulent les difficultés;
- De contribuer à lutter contre le gaspillage alimentaire par la récupération des denrées invendues, lorsqu’elles sont de qualité ;
Pourtant, aujourd’hui, il est prévu que le budget européen de l’aide alimentaire diminue à partir de 2021.
Nos associations :
- Alertent sur la situation de faim que pourraient connaitre des millions d’Européens sans des moyens financiers renforcés pour l’aide alimentaire ;
- Demandent à l’Union européenne de faire de l’aide alimentaire une priorité budgétaire spécifique pour la période 2021-2027 ;
- Appellent l’ensemble des Etats-membres de l’UE à renforcer les moyens dédiés à l’aide alimentaire.
 
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23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 15:53

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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 17:43
Bilan des votes des groupes parlementaires au Parlement Européen: les députés communistes au service des services publics, des libertés, de l'écologie, de la paix, de la solidarité et de la résistance à l'austérité et aux politiques capitalistes et libérales

La politique, ce sont des argumentaires et des votes dans les assemblées qui ont un impact direct sur la vie des gens, après et par delà les élections.

De temps en temps, à l'heure des bilans, il est bon d'en revenir aux faits et aux responsabilités assumées par les uns et les autres.

Glenn Le Saoût, candidat finistérien du PCF sur la liste de Ian Brossat aux élections européennes, nous propose ici une synthèse des prises de position des différents groupes français au Parlement Européen, sachant qu'avant 2017 le PCF était présent avec le Front de Gauche et qu'aujourd'hui nos trois députés européens sont Patrick Le Hyaric (PCF-Front de Gauche), Marie-Christine Vergiat (Front de Gauche), et Marie-Pierre Vieu (PCF-Front de Gauche). 

Loin d'être isolé sur ces élections du 26 mai 2019, le PCF a soutenu un appel commun et fait partie d'un groupe de 22 organisations de gauche européennes parmi lesquelles le PTB belge, Die Linke (Allemagne), ...

Européennes: 22 partis et organisations politiques lancent un appel pour une Europe des travailleurs et des peuples au côté du PCF et de la liste Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent conduite par Ian Brossat

 

Quelques votes importants sur le mandat des parlementaires européens: 

Écologie:

Revenir sur l'interdiction des OGM:

Votent pour: LR, UDI MODEM, PS         Contre: PCF, EELV, FN

Accords de libre échange Canada et Etats-Unis: 08/07/2015

Pour: LR                                                  Contre PCF, EELV, FN, PS

Résolution TISA (accord sur les services, favorable aux multinationales. Attaque sur les PME et l'agriculture paysanne) 03/02/2016

Pour: LR, UDI MODEM, PS                      Contre: PCF, EELV, FN

Libertés et paix:

Fichier PNR (utilisation des données personnelles des passagers - fichage généralisé) 14/04/2016 

Pour: LR, UDI MODEM,  PS                      Contre: PCF, EELV, FN

Paquet législatif "frontières intelligentes": Modification du code frontières Schengen sur les entrées et sorties (25/10/2017). Mise en place d'un système d'enregistrement et de stockage des données biométriques et des informations sur l'entrée et la sortie des ressortissants de pays tiers afin de créer des alertes aux états membres pour les expulser plus facilement 

Pour: LR, UDI MODEM, PS                      Contre: PCF, EELV

Création d'un système européen d'information et d'autorisation concernant les voyages (ETIAS) - nouvelles conditions d'entrée dans l'espace Schengen pour les ressortissants de pays tiers qui n'ont pas besoin de visas. Cela s'appliquera également aux réfugiés, aux apatrides, et aux personnes ayant de la famille au sein de l'UE.

Pour: LR, UDI MODEM, FN, 80% du PS          Contre: PCF, EELV, 20% du PS

Mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune (23/10/2016). Juncker préconise dans le cadre de la politique atlantiste et de l'OTAN de consacrer 2% du PIB à la défense, une plus grande intégration à l'OTAN et un alignement sur les Etats-Unis 

Pour: LR, UDI MODEM, PS                            Contre: PCF, EELV, FN 

Programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (03/07/2018). Militarisation accrue de l'UE et développement de l'investissement en recherche militaire.

Pour: LR, UDI MODEM, PS                            Contre: PCF, EELV, FN 

 

Services publics, rapport à l'austérité et aux privatisations:

4ème paquet feroviaire (groupe GUE NGL, celui du PCF, motions de rejet su l'ensemble des 6 textes), 14/12/2016

Pour le rejet: PCF, EELV, FN                     Contre: LR, PS

Motion de rejet espace ferroviaire unique européen

Pour: PCF, EELV, FN                                 Contre: LR, PS

Politique de cohésion de l'union pour l'après 2020 (amendement PCF-Front de Gauche: opposition aux conditionnalités des aides à la mise en place de politiques d'austérités)

Pour: PCF, EELV, PS                                 Contre: UDI MODEM    Abstention: FN

Vote des budgets annuels (grandes lignes des orientations politiques européennes mises en place par la Commission et le Conseil des chefs d'Etat européens: par exemple, renforcement du budget de la défense, cures d'austérité)

2016   

Pour: LR, UDI MODEM, PS, EELV             Contre: PCF, FN

2017

Pour: LR, UDI MODEM, PS                      Contre: PCF, EELV, FN 

2018:

Pour: LR, UDI MODEM                            Contre, PCF, FN         Abstention: PS, EELV

Rapports annuels de l'Union bancaire (on touche ici au cœur de la politique monétaire de l'UE, soit une BCE au service de la lutte contre l'inflation et du sauvetage et des profits des banques, alors qu'elle devrait être au service des peuples et de l'emploi)

Rapport 2015 (voté en mars 2016): 

Pour: LR, UDI MODEM, PS, EELV                     Contre: PCF

Rapport 2016 (voté en 2017);

Pour: LR, UDI MODEM, PS, EELV                      Contre: PCF

Rapport 2017 (voté en mars 2018): 

Pour: LR, UDI MODEM, PS, EELV                      Contre: PCF

 

Bilan critique:

- Le PS s'est allié beaucoup plus souvent avec LR et la droite européenne qu'avec les forces de gauche et a soutenu la politique néo-libérale de l'UE, mais aussi avec la droite bien souvent une politique migratoire restrictive et inhumaine, et l'escalade dans l'alignement sur les exigences de l'OTAN et des Etats-Unis et le renforcement militaire. 

- Sur la précarisation accélérée des pays et le vote des orientations qui favorisent le soutien aux milieux financiers, l'austérité et les privatisations, au détriment du social et des services publics, les députés PCF et Front de Gauche ont été bien seuls régulièrement parmi les députés français à s'être opposés à la politique libérale et capitaliste menant aux réactions nationalistes et xénophobes et à la mise en concurrence des peuples.

Aux élections européennes du 26 mai 2019, votez pour vos intérêts. Votez pour la liste "Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent" soutenue par le PCF et République et Socialisme et conduite par Ian Brossat.

Glenn Le Saoût, candidat finistérien aux Européennes sur la liste du PCF.  

 

 

Bilan des votes des groupes parlementaires au Parlement Européen: les députés communistes au service des services publics, des libertés, de l'écologie, de la paix, de la solidarité et de la résistance à l'austérité et aux politiques capitalistes et libérales

Les élus français au sein du groupe de la Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique (GUE-NGL) : Lors des dernières élections européennes en 2014, nous avons élu 3 député-es sur les listes Front de Gauche : Patrick Le Hyaric, Marie-Christine Vergiat et Jean-Luc Mélenchon. La composante française du groupe a été renforcée par Younous Omarjee, de l’Alliance des Outre-Mers. Ces deux derniers élus décident de se séparer du Front de Gauche pour travailler dans le cadre de la France Insoumise. En juillet 2017, suite à l’élection de Jean-Luc Mélenchon au niveau national, Marie-Pierre Vieu devient députée européenne.

Au niveau européen, le groupe ressort renforcé de ces dernières élections avec 52 députés de 14 pays différents et 19 délégations. Il accueille ainsi de nouvelles forces politiques à l’image de Podemos (Espagne), de l’Altra Europa con Tsipras (Italie), Bildu (Pays-Basque) ou du parti des animaux (Allemagne et Pays-Bas) et est présidé par Gabi Zimmer (Die Linke). Marqué par son caractère confédéral (c’est à dire respectant et protégeant les diversités d’identités de ses membres), le groupe GUE-NGL est le seul groupe du Parlement à lutter constamment, et depuis le début, contre les plans d’austérités, les politiques macroéconomique et ultra-libérales de l’UE, et à prôner l’idée d’une autre Europe respectueuse des peuples.

 

Bilan des élu-e-s Front de Gauche et PCF au Parlement Européen

Patrick Le Hyaric

Vice-président du groupe de la Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique, Patrick Le Hyaric porte régulièrement en séance et dans les commissions parlementaires le combat contre l’austérité et ses outils européens (Semestre européen, MES).

Il a permis d’obtenir la remise en place du fonds européen d’aide aux plus démunis, travaillé et obtenu la pérennisation de la Garantie jeunesse.

Il a fait voter en début de mandat un rapport demandant une adoption rapide de la Convention de l’Organisation Internationale du Travail sur le travail forcé qui avait fait grincer des dents chez les libéraux pour son plaidoyer en faveur des droits du travail. Depuis, le Conseil l’a adopté et 12 pays européens dont la France ont ratifié ce texte.

Sur le dossier du détachement des travailleurs, il a défendu une égalité complète de droits entre détachés et locaux. Il a fait avancer par ses amendements et interventions l’inclusion des responsabilités légales aux pratiques des sous-traitants et a proposé la création d’un corps européen d’inspecteurs du travail pour que ces droits soient respectés. La Commission vient d’ailleurs de faire une proposition d’agence européenne du travail qui reprend en partie cette idée.

Il a largement aidé aux mobilisations contre le grand marché transatlantique (TAFTA), contre le traité sur les services (TISA), tout en menant la bataille pour changer des contenus du traité avec le Canada. 

En lien avec des associations et syndicats africains, il révèle et agit contre le projet de libre-échange entre l’UE et 16 pays d’Afrique de l’Ouest.

Il défend régulièrement le monde agricole en interpellant la Commission par le biais de nombreuses questions écrites dénonçant l’ouverture totale des marchés agricoles, leurs conséquences sur les petits paysans et y opposant un système de prix rémunérateurs pour leurs productions.

En tant que membre de la commission d’enquête sur les Panama Papers, c’est tout un travail de sensibilisation sur le rôle des lanceurs d’alerte qui a été mené, aboutissant à la demande du Parlement de créer un statut spécial les protégeant. Il a fait voter par le Parlement européen (le 11 novembre 2017) le projet d’une conférence internationale sur la lutte contre l’évasion fiscale.

En parallèle de ses activités en commissions parlementaires, il a mené de nombreux combats, comme son initiative « rendez l’argent aux grecs » lancée le 12 octobre 2017 en réponse aux profits réalisées par la BCE sur la dette grecque, ou les multiples rencontres organisées avec des syndicalistes aux Parlement européen pour y porter leurs combats : contre le projet de libéralisation du marché de l’énergie, contre la privatisation des barrages, en soutien aux travailleurs de Caterpillar, avec les salariés de Holiday Inn et en faisant le lien avec toutes les salariées d’hôtels en Europe.

Le 17 décembre 2014, il a porté et défendu  une résolution du Parlement européen adoptée à une large majorité pour la reconnaissance de la Palestine, et désormais c’est l’octroi de préférences commerciales aux produits provenant des colonies qui le font intervenir auprès de la Commission pour faire respecter le droit international.

 

Marie-Christine Vergiat

Militante des droits de l’Homme depuis plus de 30 ans, durant ce second mandat, Marie-Christine Vergiat a été membre des commissions "libertés civiles", "affaires étrangères", de la sous-commission des droits de l’Homme et de la commission spéciale sur le terrorisme.

Son action s’est notamment focalisée sur les enjeux migratoires et la défense des droits de l'Homme en Europe et dans le monde en liens réguliers avec les ONG européennes et internationales.  Elle refuse l’instrumentalisation de ces questions à des fins politiques et le deux poids, deux mesures trop souvent à l’œuvre au sein du Parlement européens. Elle se bat  pour le respect des droits des peuples trop souvent spoliés par les intérêts étrangers qu’ils soient économiques, politiques ou diplomatiques. Dans les nombreuses résolutions qu’elle a portées, elle a insisté et fait adopter des amendements portant en particulier sur la liberté de croire ou ne pas croire, sur les défenseurs des droits de l’Homme et de l’environnement, des journalistes et des minorités ainsi que  sur la responsabilité des entreprises européennes dans les atteintes aux droits de l’Homme des pays tiers, notamment en termes d’accaparement des terres, d’exploitation des travailleurs ou de financement des conflits.

Elle a notamment été l’auteur d'un rapport du Parlement européen sur « Les droits de l'Homme et la migration dans les pays tiers » adopté en octobre 2016 par 339 voix contre 333 et 25 abstentions. Ce texte analyse les évolutions globales des migrations pour mieux contextualiser les enjeux et lutter contre les fantasmes qui alimentent les peurs avant de proposer des approches acceptables partout dans le monde respectant les droits des migrants quels que soient leur statut. Elle a fait inscrire dans plusieurs résolutions du Parlement européen La nécessité pour les Etats membres de l’UE de ratifier la convention pour les travailleurs migrants et leurs familles.

Elle a poursuivi son engagement pour la protection des données personnelles dans le contexte du contrôle renforcé des frontières et de la lutte contre le terrorisme, pour la défense de l'Etat de droit et des libertés fondamentales notamment en Hongrie où les dérives autoritaires semblent servir de modèle à un nombre croissant d'États en Europe.

Pour ce qui concerne les violations des droits de l'Homme dans le monde, elle s'est mobilisée contre la répression Turquie en tant que vice-présidente du groupe d'amitiés avec le peuple kurde, auprès de nos camarades du HDP, mais aussi dans la Corne de l'Afrique et en Afrique du Nord sans oublier son soutien continu à la transition démocratique en Tunisie et aux mouvements sociaux au Maroc, pays où elle se rend régulièrement apporter son soutien aux forces progressistes.

 Elle a poursuivi ses actions en faveur de l’économie sociale et solidaire comme coprésidente de l'intergroupe consacré à ces questions et a co-organisé deux Forums de l’économie sociale et solidaire de la GUE/NGL rassemblant des acteurs de toute l’Europe pour promouvoir ces autres formes d'économie.

 Elle s'est aussi engagée dans le Progressive caucus et pour le Forum européen de Marseille considérant que le rassemblement des Gauches alternatives est le seul moyen de lutter efficacement en Europe contre la montée des nationalismes, des populismes et des extrêmes droites.

 

Marie-Pierre Vieu

Députée européenne de la région Occitanie depuis juillet 2017, en remplacement de Jean-Luc Mélenchon, membre de la direction du PCF en charge des relations extérieures, Marie-Pierre Vieu est une élue de terrain qui fait le lien entre les luttes locales et les enjeux européens. Héritant de son prédécesseur la commission budget, elle siége également à la commission des transports et du tourisme. Elle est membre de la plateforme de dialogue Union Européenne – Catalogne afin de promouvoir la démocratie en Espagne mise à mal ces derniers mois. Elle donne à ses nouvelles fonctions un marquage résolument anti-austéritaire, social et de défense des services publics. Elle s’investit sur les terrains de l'emploi et de la ré-industrialisation en travaillant le lien avec le mouvement syndical et social.

 

Issue d'une circonscription rurale, elle suit également les questions de la PAC au cœur des évolutions européennes ainsi que de la viticulture et de la pêche. Elle multiplie les initiatives au plus proche du terrain consacrant deux jours dans un département de la circonscription grand sud-ouest chaque mois, en plus des divers visites ou débats.

 

Marie-Pierre Vieu intervient sur les dossiers d’Alstom en interpellant la Commission sur la fusion avec Siemens, et en se déplaçant à diverses initiatives locales.

Elle a fait plusieurs interventions contre les plans sociaux et aide à l’élaboration d’alternatives industrielles notamment via les questions d’économie sociale et solidaire (ESS).  Suite à sa visite au port de Sète, elle intervient au Parlement européen sur le devenir de Saipol en concurrence avec une entreprise argentine. Très investie, sur les questions des services publics, elle défend lors de ses déplacements et par son travail en commission parlementaire un service public national du rail et se réunit régulièrement avec les syndicats des transports. Elle travaille actuellement sur les questions des travailleurs détachés sur les routes et organise le 24 mars 2018 une grande initiative à Montpellier sur les questions du rail, de la route et des transports aériens.

Elle soutient la lutte contre la concession des barrages hydrauliques et a interpelé le Ministre Nicolas Hulot en la matière. Elle est présente dans différentes initiatives contre le démantèlement des services scolaires, carcéraux et de libéralisation de la poste.

 

A partir de ces premières expériences, Marie-Pierre Vieu a décidé de prendre plusieurs initiatives futures comme une nouvelle conférence sur les transports dans le nord de la France au deuxième semestre 2018 permettant d’amplifier les mobilisations et résister au dumping social en lien avec nos partenaires européens. Elle entend proposer un audit des directives de libéralisation dans les secteurs du rail, de l'électricité et de la Poste dans 4-5 pays européens.  Elle a commandé un rapport sur la sécurité alimentaire, pour établir un diagnostic des besoins agricoles et dégager des pistes de propositions sur la réorientation de la PAC en lien avec la transition écologique. Marie-Pierre Vieu entend aussi être volontariste sur les questions de nouvelles ressources pour l'UE, pour la mise en place d'une taxe sur les transactions financières et un impôt écologiste juste.

 

Bilan des votes des groupes parlementaires au Parlement Européen: les députés communistes au service des services publics, des libertés, de l'écologie, de la paix, de la solidarité et de la résistance à l'austérité et aux politiques capitalistes et libérales
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