Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 avril 2019 2 16 /04 /avril /2019 06:00

Brexit : respecter la voix des peuples en Europe, il y a urgence (PCF)

Après la réunion dramatique du conseil des chefs d'État et de gouvernement de l'UE cette nuit à Bruxelles, toutes les incertitudes demeurent sur le sort du peuple britannique, le sort de l'Irlande, le sort des Européens vivant en Grande-Bretagne et des Britanniques vivant en Europe.
Les Britanniques vont-ils participer aux élections européennes ou non ? Y aura-t-il un Brexit sans accord le 31 octobre ou non ? Avec quel gouvernement à Londres ? Les discussions avec Jeremy Corbyn, seul point qui semblerait pouvoir débloquer la situation à l'heure actuelle, vont-elles aboutir ?

Theresa May et de la droite britannique portent une responsabilité historique. Celle de jouer avec le sort des peuples britanniques et des peuples européens ! Menaces sur les standards sociaux et environnementaux ainsi que sur les règles de sécurité alimentaires que provoquerait une sortie sans accord, menaces sur les accords de paix en Irlande du Nord, menaces sur l'évolution politique en Grande-Bretagne alors que les éléments les plus droitiers et réactionnaires donnent de la voix et cherchent des alliances européennes...
Emmanuel Macron, en apparaissant comme le chef de file de ceux qui veulent faire payer aux Britanniques leur choix de quitter l'UE, quitte à provoquer une sortie sans accord, met en danger les secteurs économiques et les emplois en France qui dépendent des relations avec la Grande-Bretagne, dans l'industrie et la pêche par exemple.

Le PCF réaffirme son soutien à la bataille menée par la gauche britannique, Jeremy Corbyn et les syndicats pour éviter que le Brexit entraîne de nouvelles régressions sociales remettant en cause le pouvoir d'achat, les emplois, le niveau de vie, les droits des travailleurs, les règles environnementales et la sécurité alimentaire.

Le PCF réaffirme la nécessité à l'application pleine et entière des Accords de paix en Irlande du Nord et son soutien au Sinn Féin dans la bataille qu'il mène pour cela.
Il est urgent de tirer la conclusion de ces mois difficiles. Si l'on veut éviter de nouvelles crises, il est urgent de dessiner un autre projet européen, sur la base de choix démocratiquement décidés par les peuples, celle d'une Union des peuples et des nations souverains et associés ! La question n'est donc pas celle de la "sortie" de l'UE, mais de la lutte pied à pied pour la lutte pour un projet européen prenant appui sur les choix démocratiquement exprimés par chaque peuple.

Brexit: respecter la voix des peuples en Europe, il y a urgence (PCF)
Partager cet article
Repost0
16 avril 2019 2 16 /04 /avril /2019 06:00
Pierre Laurent auprès des militants kurdes grévistes de la faim à Strasbourg: le silence devant les grèves de la faim est inquiétant (Kurdistan au féminin, 13 avril 2019)
STRASBOURG – Soulignant qu’ils soutenaient les revendications des militants kurdes en grève de la faim à Strasbourg contre l’isolement d’Abdullah Öcalan, le sénateur français Pierre Laurent a déclaré qu’il interviendrait auprès des autorités de l’État français pour donner vie à ces revendications.
 
Le sénateur Pierre Laurent, ancien secrétaire général du Parti communiste français (PCF), a rendu visite aux militants qui sont en grève de la faim depuis 117 jours. Laurent, qui est également vice-président de la commission des affaires étrangères du Sénat français, était accompagné d’autres responsables du parti, dont Hullia Turan de la Fédération du PCF du Bas-Rhin.
 
Le sénateur français et sa délégation ont rencontré les grévistes de la faim avec Agit Polat, représentant des relations extérieures du Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F). Pierre Laurent a rencontré Yüksel Koç, coprésident du Congrès de la société kurde démocratique en Europe (KCDK-E). Koç, a déclaré qu’ils avaient une seule demande à faire à la délégation du PCF et a demandé qu’elle fasse pression sur la Turquie et faire accepter leurs demandes avant qu’il y ait des mort durant les grèves de la faim. Koç a rappelé que leur demande était le droit des prisonniers à ne pas être mis en isolement et que ce droit faisait partie des lois du Conseil de l’Europe (CE) et de la Turquie elle-même. Koç a déclaré que dans le passé, CE avait appelé la Turquie à entamer des négociations de paix avec le PKK et que si l’isolement du dirigeant du peuple kurde, Abdullah Öcalan, se poursuit, il ne peut pas jouer un rôle dans le processus de paix.
 
Nous soutenons pleinement votre demande
 
Pierre Laurent a promis qu’ils transmettraient le message des militants aux autorités françaises. « Nous soutenons pleinement les revendications des grévistes de la faim en faveur de la suppression de l’isolement d’Öcalan et du lancement d’un nouveau processus de paix », a déclaré Laurent.
 
Yüksel Koç a déclaré qu’aujourd’hui, ce sont les heures qui étaient importantes, pas les jours, et qu’ils avaient confiance en leur soutien. « Nous sommes conscients de l’urgence de la situation », a déclaré Laurent qui s’est ensuite entretenu brièvement avec le gréviste de la faim Mustafa Sarikaya.
 
L’isolement doit être levé pour un nouveau processus
 
Laurent a parlé à notre journal après la visite. « En tant que parti communiste français, nous soutenons pleinement la demande de nos amis kurdes qui sont en grève de la faim », a déclaré Laurent. « La demande des grévistes de la faim est plus qu’une dimension politique, Cela a aussi une dimension humaine. Pour qu’il y ait un nouveau processus de paix en Turquie, l’isolement politique imposé à Abdullah Öcalan, doit prendre fin. Tant que cette politique ne prendra pas fin, un nouveau processus ne peut être débuté avec Abdullah Öcalan, représentant du peuple kurde. »
 
Pourquoi l’Europe est-elle silencieuse ?
 
« Le silence devant les actions de grève de la faim a été un choc » a ajouté Laurent. « L’un de nos objectifs est de briser ce silence. Nous tenterons de briser ce silence tant dans la sphère politique que dans les médias.
 
Le silence des institutions européennes devant les actions est particulièrement alarmant. La pression appliquée en particulier aux Kurdes en Turquie a atteint des niveaux extrêmes. À part les Kurdes, l’oppression contre tous les groupes dissidents est sous les yeux. Par conséquent, les institutions européennes qui voient cette pression en Turquie et la passent sous le silence, créer de sérieuses préoccupations de notre point de vue.
 

Nous ne comprenons pas le silence des institutions européennes. Alors que les pratiques oppressives, totalitaires, anti-démocratiques ont atteint le summum en Turquie, surtout lors des dernières élections qui ont eu lieu en Turquie, l’intimidation, fraudes et les abus anti-démocratiques et qu’Erdogan faisait cela clairement, le fait que l’Europe restent silencieux face à cela font naître des questions chez nous. Pourquoi l’Europe reste-t-elle silencieuse ? Erdogan fait aussi du chantage à l’Europe. L’Europe a des arguments pour dire « stop » au chantage d’Erdogan. L’Europe a beaucoup d’atouts. Par conséquent, ce silence n’est pas clair. Le silence doit être brisé immédiatement.

 Les sonnettes d’alarme retentissent

Soulignant que l’état de santé des activistes avait atteint une dimension critique, Laurent a déclaré : « Les grèves de la faim ont atteint un stade critique. Nous agirons en tant que parti communiste conformément à l’urgence. La situation des activistes est alarmante, les sonnettes d’alarme retentissent et je l’ai vue de mes propres yeux ». Laurent a ajouté : « La chose la plus importante que je ferai après cette étape est, avant tout, je demanderai à mon État d’agir de toute urgence. »

 
Honte pour notre pays et l’humanité
 
« Le silence des représentants de l’État, des journaux nationaux et des journalistes face à cette situation n’est pas compréhensible. Cette situation peut être comprise en termes de la presse en Turquie. Mais que nos organes de médias ne communiquent pas les actions, ne les mettent pas à l’ordre du jour, une honte pour nous. Le fait que quelqu’un qui est en grève de la faim pour la paix et les droits de l »Homme meurt sur notre sol serait une honte pour nous, pour notre pays et pour l’humanité. »
 
Je ferai tout ce que je peux
 
« Afin d’éviter cette tache noire pour l’humanité et notre pays, nous voulons aborder les actions avec responsabilité et sérieux et dire que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir », a ajouté Laurent. « Permettez-moi de dire encore une fois que, et en tant que sénateur et parti communiste français et en tant que que vice-président de la commission des affaires étrangères du Sénat français, je ferai tout ce que je peux. Les revendications des grévistes de la faim sont absolument légitimes, nous les défendons et disons encore une fois que nous sommes derrière ces revendications. »
 
Partager cet article
Repost0
11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 06:37
La réélection de Netanyahou signe l'abandon du processus de paix et de la création de l'État palestinien
 
Benjamin Netanyahou semble sortir vainqueur des élections législatives israéliennes et ce n'est pas une bonne nouvelle pour les Israéliens ni sans inquiétude pour les Palestiniens et pour la paix dans la région. En
effet, toute la campagne de B. Netanyahou s'est faite sur « la peur de l'autre » en affirmant que voter pour lui c'est entériner l'abandon du processus de paix et la création de l'État palestinien. Celui qui va ainsi pouvoir échapper éhontément à des poursuites judiciaires pour corruption promet l'annexion pure et simple de toutes les colonies en Cisjordanie occupée et l'accaparement de la zone C.
Avec Netanyahou et ses alliés, au lieu d'un « État de tous ses citoyens » prôné par les listes Hadash et Ta'al, c'est un État d'apartheid qu'il entend institutionnaliser avec le vote de la loi État-nation et ainsi que cela est déjà le cas en Cisjordanie occupée.
 
Le PCF ne se résigne pas et continuera à exiger du gouvernement français et de l'Union européenne que des sanctions soient prononcées à l'égard d'un gouvernement qui s'éloigne chaque jour un peu plus de l'esprit
démocratique qu'il promettait d'instaurer à la création de l'État d'Israël.
 
L'Accord d'association entre l'UE et Israël doit être suspendu et un embargo sur les armes mis en œuvre. La France ne peut continuer à être complice des crimes commis par le gouvernement israélien en condamnant
verbalement sans jamais prendre la moindre mesure concrète sanctionnant la violation répétée du droit international.
 
Le PCF exprime son soutien et solidarité aux femmes et hommes de progrès, en Palestine et en Israël, qui luttent avec courage pour un autre idéal, pour que chaque peuple puisse enfin vivre en paix et à pleine égalité de reconnaissance de ses droits.
 
 
Parti communiste français,
 
Paris, le 10 avril 2019.
La réélection de Netanyahou signe l'abandon du processus de paix et de la création de l'État palestinien (PCF)
Partager cet article
Repost0
9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 19:28
Ayman Odeh le leader communiste arabe israélien pourrait bousculer la donne à l'issue des législatives israéliennes (Le nouvel observateur)

Arabe, communiste et pacifiste, le député Ayman Odeh pourrait jouer le rôle de faiseur de roi lors du scrutin législatif israélien du 9 avril. Et contribuer à faire tomber le Premier ministre au pouvoir depuis dix ans.

Le leader communiste israélien arabe*, prônant l'égalité des droits entre arabes palestiniens de nationalité israélienne et juifs, ou autres israéliens, pourrait jouer les trouble-fêtes aux élections législatives israéliennes et empêcher Netanyahou d'accéder à un nouveau mandat de premier ministre avec le soutien de l'extrême-droite radicale: " Ses admirateurs le comparent à Martin Luther King ou à Mandela. Ses opposants ultranationalistes le traitent de terroriste. Ayman Odeh, le leader des partis arabes israéliens, se voit plutôt comme la simple cheville ouvrière du combat pour l’égalité entre Juifs et Arabes. Les analystes politiques considèrent, eux, que ce député arabe pourrait – incroyable paradoxe – devenir le faiseur de roi de la politique israélienne, lors des élections législatives du 9 avril. En apportant aux deux adversaires centristes du Premier ministre, Benny Gantz et Yaïr Lapid, les voix manquantes à leur coalition gouvernementale, il pourrait ainsi devenir le « tombeur de Benyamin Netanyahou » qui gouverne le pays depuis dix ans."

(Cécile Lussato, Le Nouvel Observateur)

*Pour les élections législatives de 2015, l'avocat et homme politique palestinien citoyen isréalien Ayman Odeh était désigné tête de la Liste unifiée, rassemblant, en plus du Hadash communiste, divers partis arabes israéliens. Sa liste créa la surprise en arrivant en troisième position avec 10.54% et 13 sièges, soit deux de plus que les sièges cumulés des partis la composant pris isolément.

Partager cet article
Repost0
9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 19:25
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
- par Ismaël Dupont

 

Andréa Lauro, qui n'a pas croisé son beau sourire à Morlaix, au Ti Coz, au Tempo, à la Cantine des Sardines, à la Terrasse d'été des Vins du Mur, ou plus sûrement encore au RESAM dont il est salarié depuis 2017 ou à La Salamandre qu'il fréquente assidûment depuis trois ans et dont il est le trésorier de l'association ?

Andréa et Ilaria, sa compagne, qui travaille à temps partiel dans un magasin de décoration.

Pour ma part, j'ai eu envie de connaître davantage le parcours Andréa il y a déjà deux ou trois ans quand j'ai fait sa connaissance à la Cantine des sardines, charmé par sa gentillesse et sa culture historique et cinématographique très riche, par le style de vie de l'Italie qu'il porte en héritage et que nous affectionnons particulièrement, et par quelques mots qu'il m'avait confiés autour d'un verre à la boom de la Cantine des sardines avec Marc-André dit Marco comme DJ sur son engagement communiste à Rifondazione comunista en Lombardie.

Je me disais qu'il serait passionnant d'en apprendre plus sur son parcours, les circonstances de son engagement, sur sa vision de la vie politique et de l'histoire italiennes, sur sa perception de la France et de Morlaix.

Puis, on laisse passer le temps, on s'affaire à autre chose, mais heureusement, je le revois dernièrement pour discuter films italiens engagés lors de la projection des « Camarades » de Municelli le jeudi 28 mars à La Salamandre et j'ai eu l'idée de lui demander de finaliser ma proposition d'interview dimanche 31 mars. Finalement, nous avons passé quatre heures passionnantes à échanger à l'Aurore et au Ti Coz: une fin d'après-midi dominicale paresseuse transformée en exploration spatio-temporelle et politico-culturelle passionnante. 

Avant d'arriver à Morlaix, Andréa vivait au milieu des citronniers, des orangeries, des oliviers, dans une maison avec vue sur le lac de Garde entre la plaine de Pô et les Dolomites.

Un lieu de villégiature historique pour la noblesse européenne. L'ascension des montagnes aux alentours offrait une vue magnifique sur les Alpes, et dans le lointain les Apennins. Andréa est un passionné de montagnes, de randonnées, de via ferrata. Il vous raconte avec passion la géologie de ces montagnes couvertes de roche sédimentaire, coquilles d'un océan oublié. Il témoigne qu'au fil de ses années à excursionner dans la montagne au nord de l'Italie, il a pu constater de ses propres yeux la fonte des glaciers, le recul de la neige, phénomènes manifestant la rapidité et l'ampleur du dérèglement climatique.

Il est né dans une vallée industrielle « assez moche » qui avait les défauts de la montagne, l'enclavement, l'éloignement, la difficulté de parcourir les distances, sans avoir ses avantages.

Dans les années 80 un des leaders mondiaux de la production de couverts se trouvait encore dans la petite ville industrielle très polluée où il a grandi, avec plusieurs aciéries, un pourcentage de cancers très élevés. Plus tard, dans le cadre de ses activités militantes communistes, il tentera avec ses camarades de recenser ces cancers dus à la pollution, de convaincre les ouvriers et les habitants de la responsabilité des industriels, mais ce qui est reconnu aujourd'hui, quinze ans après, était difficile à établir et faire valoir à l'époque, la dominante démocrate-chrétienne de la population ouvrière étant à ce moment-là rétive à toute forme de campagne politique pouvant remettre en cause l'emploi.

Andréa et ses camarades de Rifondazione comunista passaient pour des rêveurs et des gauchistes. Les mêmes qui ne les croyaient pas quand ils pointaient la responsabilité des capitalistes et industrielles sur les dégâts pour l'environnement et la santé accusent aujourd'hui les "politiques" en général de n'avoir rien fait et d'être tous pourris, votent pour le mouvement populiste Cinq Étoiles comme certains vont aux Gilets Jaunes en mettant tous les politiques dans le même panier alors qu'ils ne votaient pas ou ne se battaient pas avant, ou pire, votaient pour la droite et les libéraux.

Cette région de Lombardie, au nord de Milan, est plutôt traditionnellement de droite.

Il n'est pas rare, m'apprend Andréa, que dans certaines petites communes la Ligue du Nord obtienne jusqu'à 80 % des voix. Hors les villes, souvent plus progressistes, les régions de Venise et de Milan étaient des fiefs de la démocratie-chrétienne. Les électeurs ont voté majoritairement contre la légalisation du divorce et de l'avortement dans ces régions lors des référendums. La région de Turin était plus équilibrée politiquement, mais moins progressiste néanmoins que ces régions rouges qu'était la Toscane (avec pour capitale Florence), l'Ombrie (Assise) et l'Emilie-Romagne (Bologne). A Rome et dans sa région, l'extrême-droite côtoyait et fait face toujours à une gauche encore présente. Dans les Pouilles (Lecce, Bari), les électeurs pouvaient élire comme gouverneur régional un communiste, homosexuel déclaré, comme Nichi Vendola (président de la région de Pouilles de 2005 à 2015, membre de Rifondazione comunista puis de Gauche, Ecologie et liberté ) pour lequel Andréa a eu l'occasion de voter à des élections nationales. A Naples et dans sa région, le centre-gauche était assez fort, tandis qu'en Sicile, un mouvement contestataire d'origine paysanne et à dimension sociale coexistait avec l'influence conservatrice de la mafia. La mafia est partout en Italie, dit Andréa, elle produit ses profits illégaux au sud et les blanchit au nord en les investissant. 

Pour Andréa, il ne fait aucun doute qu'en 1945, après une longue période fasciste de 20 ans en Italie, et en vertu du poids de la résistance communiste, les communistes auraient pu arriver au pouvoir en Italie, dans une configuration de rassemblement du type Front Populaire.

Cela, dans un contexte de guerre froide en germe, les Américains n'en voulaient absolument pas et ils se sont pour cela appuyés sur le pouvoir de la mafia, les anciens de l'administration fasciste, l’Église réactionnaire et largement compromise dans sa majorité avec le pouvoir fasciste, pour faire échec à cette expérience progressiste démocratique.

Andréa rappelle aussi que le film du cinéaste de gauche proche du Parti Communiste Italien Francesco Rosi « Il caso Mattéi », L'Affaire Mattéi (palme d'or au festival de Cannes en 1972) montre combien l'influence des intérêts américains a continué à peser sur la vie politique italienne, avec l'assassinat en 1956 de ce leader démocrate-chrétien qui pourrait avoir été assassiné pour avoir voulu assurer l'indépendance énergétique de l'Italie, sans passer par les « sept sœurs », les grandes compagnies pétrolières occidentales, mais en nouant alliance directement avec des pays arabes. Là encore, la mafia s'est peut-être retrouvée étroitement mêlée aux intérêts économiques et stratégiques américains.

Andréa a une vision très critique de l'influence politique de l’Église en Italie. Les prêtres, dans leur majorité, appelaient clairement à ne pas voter communiste, même à des concitoyens croyants et tentés par ce vote : « dans l'isoloir, Dieu vous voit, Staline non ! ». Pendant la période fasciste, « pour un prêtre résistant, il y en avait neuf qui soutenaient le régime fasciste ou étaient proches de lui», nous dit Andréa. « L'église, c'est un peu comme le patronat pour moi. Quand il y a eut des moments historiques fatidiques, l’Église a choisi son camp de manière très claire du côté des fascistes contre les forces de progrès social. Hitler a été plébiscité dans la Bavière très catholique ».

Dans la ville de naissance d'Andréa, le paternalisme règne. Le patron de l'usine principale a créé l'école maternelle municipale gérée par les religieuses. Les conditions à l'usine sont dures, les contremaîtres règnent en maîtres, les gens respirent le coton. Dans la famille maternelle d'Andréa, on travaille dans ces usines textile. Le grand-père d'Andréa gérait lui un élevage intégré de poulets et vivait dans une grande maison collective avec plusieurs familles d'ouvriers agricoles.

Andréa est né en 1975. Son père est géomètre, et deviendra pour finir gérant de l'entreprise de bâtiment pour laquelle il a travaillé pendant 40 ans. Il construit des routes, des places, travaille pour les aciéries. Sa mère a fait ses études avec les Bonnes sœurs à Milan et travaille comme infirmière dans cette ville de Villanueva à l'entrée de la vallée industrielle de Vallee Sabbia.

Le chef-lieu du département est Brescia où a eu lieu le massacre de Piazza Loggia : en 1974, une bombe placée par l'extrême-droite causant la mort de 8 personnes et faisant 102 blessés, parmi les manifestants de gauche défilant à l'appel des syndicats et du comité anti-fasciste.

Sinistre écho au massacre de la Piazza Fontana à Milan en 1969, avant le massacre de la gare de Bologne en 1980.

Trois grands attentats terroristes extrêmement meurtriers organisés par l'extrême-droite, avec sous doute une complicité de l’État, qui illustrent pour Andréa Lauro « la stratégie de la tension » utilisée par le pouvoir pendant les années de plomb où dans le sillage de mai 68, et d'un mouvement communiste et révolutionnaire qui devenait de plus en plus fort en Italie, il fallait à tout pris empêcher cette gauche qui pouvait ouvrir un chemin de communisme européen démocratique original dans un temps de paix d'arriver au pouvoir, fusse en s'appuyant sur l'extrême-droite fasciste, des attentats faussement attribués à l'extrême-gauche, une partialité de la police contre les militants de gauche et en faveur des militants d'extrême-droite.

La violence des Brigades Rouges, qui s'est dirigée contre des représentants de l’État, de l'appareil répressif et du patronat, a été une réponse, mauvaise sans doute, à ce climat de violence d'extrême-droite plus ou moins couvert ou organisé par l’État.

Le commissaire Luigi Calabresi tué par la formation d'extrême-gauche Lotta Continua en 1972 était par exemple impliqué dans la défenestration d'un anarchiste au commissariat de Milan et dans l'incarcération et le tabassage de révolutionnaires de gauche suite à l'enquête pour Piazza Fontana. Les organisateurs de ces attentats d'extrême-droite n'ont jamais été inquiétés, certains se sont présentés en politique avec la droite berlusconienne, un des responsables du massacre de Pizza Loggia vit tranquillement au Japon, havre traditionnel pour des militants d'extrême-droite.

Cette "stratégie de la tension" organisée par de hauts responsables politiques qui n'ont jamais été clairement mis en cause a réussi à faire gagner la droite. Aujourd'hui, en Italie, le niveau d'inculture historique et de lessivage-rinçage des cerveaux est tel nous dit Andréa que dans une école de journalismes on peut attribuer le massacre de la Piazza Fontana aux Brigades Rouges, ou aux islamistes (!!!) plutôt qu'à l'extrême-droite, voire à l’État, qui l'a planifié. La Démocratie-Chrétienne à cette époque regardait d'un œil favorable les régimes autoritaires de droite réactionnaire d'Amérique du Sud, comme la CDU, en Allemagne, rappelle Andréa. Un socialiste de droite comme Craxi, partisan de la co-gestion avec la droite, l'espèce de « Manuel Valls italien de l'époque » selon Andréa, jamais avare d'un coup bas contre la gauche révolutionnaire et réellement progressiste, va dégoûter quelqu'un comme Monicelli du Parti Socialiste et l'amener à se rapprocher des communistes.

Andréa a obtenu un bac technique agricole, fait des études d'agronomie à Milan, dirigeant alors plutôt son intérêt vers une agriculture biologique qui n'était pas très reconnue à l'époque. Puis il va étudier la gestion forestière à Padoue, une ville progressiste, celle de Galilée et de la première grande université européenne, qu'il a beaucoup aimée.

Ne voulant pas faire de service militaire par principe moral et politique, il accomplit un service civique de 10 mois dans sa commune avec des personnes âgées, des jeunes. A 23 ans, en 1998, il travaille comme ouvrier agricole, puis renforce sa spécialisation en agriculture biologique, et commence à travailler dans une association de promotion de l'agriculture biologique à la fin du gouvernement de gauche, qui commence à la promouvoir, avant que Berlusconi et son ministre romain de l'agriculture Alemanno ne mettent fin à l'encouragement à l'essor de l'agriculture biologique. Andréa travaille alors avec une communauté de communes de montagne pour la diffusion des pratiques d'agriculture biologique et leur certification. En 2007, il travaille avec un groupe d'action locale (GAL) pour les fonds européens Leader pour le développement rural, comme chargé de mission, en réalité auto-entrepreneur précaire, collaborateur indépendant et dépendant. "Tu as toute la responsabilité sur toi". Dans ce cadre, Andréa pense le développement rural par plusieurs prismes: tourisme, tourisme insolite, associations, coopératives.

Quand je lui demande comment et suivant quelles étapes se sont forgées ses convictions et ses engagements politiques, Andréa Lauro répond:

 

"Je ne viens pas d'une famille militante, encartée. Mes parents votaient de manière éclectique, parfois au centre-droit, parfois à gauche. Ils ont néanmoins participé à des campagnes pour le droit à l'avortement et au divorce. A la maison, on voyait des amis divers, de droite et de gauche. Néanmoins, mes parents fréquentaient des homosexuelles déclarées, ce qui était déjà une preuve d'ouverture d'esprit. Ma mère s'est engagée dans un groupe féministe. A l'époque, c'était novateur car c'était un groupe de discussion, de réflexion et d'action non-mixte. Chacun dans sa maison alternativement, les hommes préparaient le goûter puis partaient.  Les enfants allaient dans leurs chambres. Ce groupe féministe était lié à "l'Université des femmes à Vérone". Ma famille était donc sensible à la cause féministe, aux droits fondamentaux.

Mon père était assez anti-clérical. Ma mère avait des blocages religieux mais elle avait des amies lesbiennes, elle avait pris des distances avec l’Église même si elle allait encore à la messe régulièrement. Elle était toujours croyante. Presque tout le monde était baptisé dans notre région, ce n'était pas comme dans ces zones quasi anarchistes de Toscane où il existe un fond culturel anti-clérical.

Pour ma part, après ma communion, à 8 ans, j'ai décidé d'arrêter avec l’Église. J'avais une idée négative de la religion. Je n'aimais pas cette façon de structurer la société et la pensée de l'être humain. Assez jeune déjà, je me sentais rationaliste. Un rationaliste baigné dans l'art qui croyait à la liberté de l'esprit, à la méthode scientifique. Galilée avait pour moi inauguré une façon de se poser les questions vraiment révolutionnaire. L’Église elle n'a eu de cesse de soumettre l'art, et plus encore la science, à la censure. Elle a posé des limites fortes au développement de la science. Pour moi, la rationalité était tout le contraire de quelque chose de rigide, c'était ce qui libérait la créativité, la liberté de l'esprit. C'est en pensant une société rationnelle qu'on peut par exemple prétende s'affranchir des aliénations liées au travail, dues à son exploitation capitaliste. Pour moi, et je l'ai senti assez tôt, le capitalisme est une société irrationnelle.

Dans ma ville de 5000 habitants, il n'y avait qu'une seule fille qui refusait de prendre des cours de religion à l'école primaire. Bientôt je fus le second. J'ai arrêté d'aller à l'église, arrêté le catéchisme après ma première communion. Nous n'étions donc que deux au collège à ne pas suivre de cours de religion. Ma mère avait des amies bonnes sœurs mais elle appartenait à un ordre très progressiste, l'extrême-gauche de l'église, pourrait-on dire, la dernière étape avant la théologie de la libération, et elles ont encouragé ma mère à me laisser exprimer ma volonté. Elles avaient elles aussi des critiques vis-à-vis de la démarche "Caritas": ramener d'Afrique des personnes en détresse pour affaiblir les syndicats en Europe. Aider les gens de manière paternaliste, pour les amener là où nous voulons qu'ils aillent.  Les sœurs m'ont laissé faire mon choix à 8 ans...

Au collège, j'adorais toutes les matières: les sciences, l'histoire de l'art, la littérature. Néanmoins, la littérature n'est pas aujourd'hui la forme d'art que j'affectionne le plus. La forme d'art qui me fascine, depuis mon plus jeune âge, c'est le cinéma. Je n'avais que 6 ou 7 ans quand j'ai eu un choc esthétique devant "2001, l'Odyssée de l'espace"  de Stanley Kubrick.

Intellectuellement, j'ai toujours pensé qu'art et science devait aller ensemble et se nourrir l'un par l'autre.

En géographie, au collège, on devait choisir un État dont on devait mémoriser la carte. J'aurais pu choisir la Belgique, j'ai choisi l'Union Soviétique. Adolescent, je ne croyais pas du tout à la vision manichéenne présentant l'URSS comme le mal absolu et les USA comme l'empire du bien. Pour moi, un système qui produisait une haute culture et une démocratisation de l'art comme l'URSS ne pouvait pas être fondamentalement mauvais.

Dans le cinéma, j'aimais ces cinéastes qui refusaient de donner des dimensions bourgeoises convenues et rassurantes aux formes esthétiques. J'aimais Elio Petri, un cinéaste proche de Visconti et des communistes: "La classe ouvrière va au paradis" (1971), "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon" (1970). J'adorais l'acteur Gian Maria Volontè (L'affaire Mattéi) , très engagé à gauche, qui avait occupé la biennale de Venise avec des ouvriers. 

Un autre facteur pouvait m'orienter adolescent vers la gauche et le communisme. J'étais dès le collège très intéressé par la question du dérèglement écologique et climatique. J'avais l'intuition que fondamentalement, nous les hommes, on était trop nombreux. Et que les religions ne faisaient qu'amplifier cette surpopulation mondiale empêchant les hommes de vivre bien et durablement sur terre. Je n'étais pas contre le progrès, la science, la technique, mais pour moi il fallait développer lucidement et intelligemment notre technologie: or, l'intérêt économique conduisait à engager un développement des technologies contre l'intérêt humain à moyen et long terme.

En 1989, j'avais 14 ans, ça a été la chute du mur de Berlin. Le PCI faisait son mea culpa, se reniait lui-même. C'était une erreur pour moi. Je ne comprenais pas. Qu'avait-il à se reprocher?

Il n'avait jamais été aligné complètement sur les positions soviétiques, il était critique. S'était battu pour la dignité des travailleurs en Italie, des conquêtes sociales et démocratiques. Et comme il fallait bien avouer Staline était bien le plus grand massacreur de communistes, nous n'avions pas à considérer que le stalinisme enterrait l'idée communiste elle-même. J'éprouvais à l'époque une vraie séduction pour la culture de l'Union Soviétique, le développement époustouflant du cinéma en URSS, la musique classique d'avant-garde soviétique.

Pour moi, c'était les cinéastes soviétiques qui avaient permis au cinéma de devenir un art à part entière. Mikaïl Kalatatozov (Quand passent les cigognes, 1957), Sergueï Eisenstein (Le Cuirassé Potemkine), Andréï Tarkovski, étaient mes dieux dans le domaine du cinéma.

Le côté qui m'intéressait dans les systèmes socialistes, le communisme, c'était surtout le développement de la culture, la liberté d'étudier, de pratiquer les arts, les sports: j'ai connu des cubains et une ukrainienne qui ont vécu en Yougoslavie, et dans le bloc communiste, et qui m'ont confirmé cela.

Pour moi, le mur de Berlin, c'était certes une chose horrible, mais c'était une réponse à la stratégie d'agression et d'encerclement de l'OTAN et du pacte de Varsovie. Il y avait il est vrai des éléments contraires à la liberté dans le système communiste soviétique et les états communistes d'Europe de l'est, mais dans le cadre d'une militarisation contrainte par la situation et en même temps je n'avais aucun doute sur le fait que les forces réactionnaires et bourgeoises en Occident avaient tout fait pour que ne se développe pas une expérience communiste par la voie démocratique et de la paix. La "stratégie de la tension" des années 70-80 en Italie illustrait ça.

Ils avaient voulu restaurer l'influence de la droite par le désordre et la violence, d'abord propagés par l'appareil D’État, la droite et l'extrême-droite, la violence des Brigades Rouges n'ayant été qu'une réponse à cela, et ayant fait beaucoup moins de victimes que les attentats de l'extrême-droite et des cabinets obscurs. Jeune adulte, j'ai eu de la reconnaissance pour Mitterrand d'avoir reconnu ça et d'avoir accueilli des militants d'extrême-gauche italiens liés à ces cycles de violence comme Toni Negri, qui allait devenir professeur en Sorbonne.  J'ai milité avec des gens qui ont connu des contemporains de la lutte armée, avec des gens qui ont disparu dans la clandestinité ces années-là.

Il restera pour moi des éléments positifs à retenir des années de début de pouvoir de Mitterrand: l'asile politique pour les militants de gauche, la tentative de retirer ses subventions publiques à l'école privée et de ne reconnaître qu'une seule école, la fin de la conception de l'homosexualité comme maladie, la suppression de la peine de mort.

Pour ce qui est de l'école privée, j'ai eu de grands débats en Italie avec des copains de gauche. Moi, je suis contre tout financement public et toute participation à l'école privée. Dans le cadre de mon association, on voyait qu'une école privée s'engageait pour le développement des méthodologies alternatives Montessori et le soutien à l'agriculture biologique. Mais pour moi, ça n'a jamais été une raison suffisante pour encourager des enfants à aller dans cette école privée. C'est dans le public que devraient avoir lieu ces expérimentations. Pour moi, l'école privée reste une démarche fondamentalement de droite. C'est pour les écoles publiques que les parents doivent lutter, y compris à l'intérieur, pour les améliorer. Je me souviens d'une soirée animée par une discussion passionnée et violente sur le sujet - en Italie, les débats les plus envenimés sont entre personnes qui partagent pour l'essentiel les mêmes options politiques - et pour la première fois, en interrogeant une copine qui ne disait rien sur ce sujet, je me suis rendu compte que j'avais enfin réussi à créer une majorité. Auparavant, je me disais comme Nani Moretti dans son Journal Intime : "malgré tout, je suis toujours dans la minorité".

1989. J'ai quatorze ans. Je suis maladroit avec les filles, pas du tout dragueur. Je ne sais pas comment me comporter. Je n'aime pas les fringues, la mode. Je ne me sens pas de gauche parce qu'à l'époque être de gauche, dans les images propagées, c'est fume des cigarettes, s'habiller à la mode, être cool, porter des jeans déchirés. Je déteste les gens qui s'habillent à la mode et vivent pour elle. Je déteste cette manière de se vivre révolutionnaire ou révolté qui me paraît pathétique.

Arrivent au pouvoir Berlusconi et la Ligue du Nord. Je participe aux grèves de la gauche étudiante mais je ne me sens pas à l'aise avec eux. Je ne fume pas, ni cigarette, ni haschich, je ne me sens pas dans leur vision de la contre-culture, la gauche se renie, il n'y a plus de vrai parti communiste. C'est une période de confusion absolue. Mais à 19 ans, je vote avec la gauche radicale contre l'introduction du scrutin uninominal dans un système encore dominé par le scrutin de liste et la proportionnelle, seul système vraiment démocratique qui fait passer la représentativité avant la gouvernabilité.

En 1994, donc, Berlusconi gagne. J'ai 19 ans. Dans l'isoloir, je suis dans la confusion la plus totale. Je me considère plutôt avec des valeurs de droite, comparativement au reste de la jeunesse, et je vote au scrutin uninominal pour un candidat de droite, à la proportionnelle pour Rifondazione Comunista.

La cousine de ma mère, féministe elle aussi, me demande: comment peux-tu aimer Kubrick et être de droite?

Petit à petit, je vais commencer à construire une pensée organique de gauche autour de principes: la laïcité, l'athéisme, le rôle négatif de la religion.

Je commence à lire la presse spécialisée sur l'international.

Je découvre l'écrivaine et essayiste indienne de la gauche altermondialiste Arundathi Roy et l'auteur israélienne de gauche sensible à la cause palestinienne Amira Haas, je lis Slavoj Žižek, philosophe communiste et néo-marxiste

Un philosophe d'abord assez isolé dans cette décennie de tiédeur et d'aggiornamento intellectuel libéral continue à nuancer la critique du communisme au nom de la liberté et à dénoncer la violence des riches, à parler de l'actualité de la lutte des classes conte le politiquement correct des idéologies de la fin de l'histoire. Je suis fasciné par son article "Le communisme de Davos".

Et ces phrases de Bertholt Brecht que cite Žižek me marquent beaucoup:

" Aussi écoute : nous savons
Que tu es notre ennemi. C'est pourquoi nous allons
Te coller au mur. Mais, en considération
De tes mérites et de tes bonnes qualités,
A un bon mur, et te fusiller avec
De bonnes balles tirées par de bons fusils
Et t'enterrer avec
Une bonne pelle dans de la bonne terre."
 

Moi aussi, je veux refuser la logique des "belles âmes", les illusions de la conciliation bourgeoise. Je suis fasciné par la révolution française, pas par les girondins, par le jacobinisme, les sans-culottes. Pour moi, la proclamation des droits de l'homme relève d'une démarche révolutionnaire.

Je participe en 2001 aux grandes manifestations altermondialistes et anti-libérales à Gênes à l'occasion du G8. Je vois comme les capitalistes, les États-Unis, et les états qui les servent en valets réussissent à tout manipuler. Nous étions dans l'idée internationaliste de solidarité des travailleurs et des peuples contre la globalisation financière, la mise en concurrence pour le profit du capital. Nous voulions des luttes communes, des systèmes de construction sociale et démocratique communs. Nous voyions la propagande à la télé, dans les médias, nous savions que le ministre de l'intérieur était d'origine fasciste. Nous savions que cela pouvait dégénérer. Nous ne sommes pas sortis avec des symboles politiques. Nous avons vu des gens déguisés en black blocs sortir des fourgons de la police. Puis tout à dégénéré: un mort, six cent blessés, de nombreux manifestants battus et humiliés par la police. Une vraie situation de guerre. Ils ont chargé le cortège. Presque tous les dégâts ont été faits par la police et ses faux black blocks mais le système de désinformation a joué à plein. Seule la télévision publique a montré quelques images de policiers frappant des manifestants.

Cet épisode de la répression phénoménale de la manifestation altermondialiste de Gênes en 2001 me révèle la violence intrinsèque et toujours en embuscade du pouvoir capitaliste, la force de ses outils d'aliénation et de manipulation, et la faiblesse de la population face à ça: une école primaire pas très bien faite fabrique des esprits dociles et endormis.

J'ai aussi participé à la même époque aux manifestations pour la paix, contre la guerre en Irak, à laquelle participait notre gouvernement aligné sur les Américains: 3 millions de personnes ont défilé le même jour. Nous avons eu aussi des méga-manifestations contre les lois de destructuration du droit du travail. Mario Monicelli faisait des interviews comme journaliste militant dans la manif de Rome à plus de 80 ans: je n'en revenais pas de voir une de mes idoles, grand cinéaste devenu communiste, dans la manif à côté de moi. A Gênes aussi, il avait contribué à rassembler des témoignages sur les violences policières.

A cette époque, sous mon influence aussi, mon père vote comme moi "Rifondazione comunista" alors que c'est le gérant d'une entreprise de bâtiment employant 40 personnes tandis que ses employés maçons votent pour l'extrême-droite, La Ligue du Nord.   

Pourquoi suis-je devenu communiste tout en étant écologiste?

J'ai voté pour des coalitions avec les écologistes, j'ai voté même pour des candidats écologistes, mais j'ai toujours critiqué le choix de créer un mouvement écologiste indépendant.

Avec un modèle économique capitaliste, pour moi, on peut seulement faire semblant de faire de l'écologie, du développement durable. Avec un modèle socialiste ou communiste, on a le choix au moins: on peut faire un modèle productiviste non écologique, mais on a aussi des moyens sérieux d'organiser un mode de développement durable et écologique.

Dans le cadre de mes activités professionnelles à la coopérative de développement rural, je rencontre d'anciens résistants qui témoignent, surtout de la composante socialiste de la résistance, plus importante en Lombardie que la composante communiste (Brigade Garibaldi). J'organise un potager bio en même temps qu'un guide sur les sentiers des résistants de la montagne.

Je fais une rencontre très forte avec une vieille femme qui fut résistante, son fils est théologue de la libération en Amérique du Sud, elle partage sa vie ente l'Amérique du Sud et l'Italie. Elle était dans la Brigade socialisante Fiamme Verdi  mais elle me dit:

"Tu sais, on aurait dû ne pas rendre les armes et faire la révolution comme le voulaient les gens de la Brigade Garibaldi. La nomenclatura fasciste est restée en place. L'exemple de la résistance, maintenant, c'est Chavez au Venezuela. Certes, c'est un militaire mais si on n'a pas les armes en Amérique du Sud, on produit des Allende".

Cette femme, Elsa, comme Elsa Morante, mère d'un prêtre, ex-résistante socialiste, me dit:

"Merci Allende! Il a montré les limites de la révolution démocratique. Nos gouvernants serrent la main du bourreau Pinochet".

Je m'intéresse beaucoup aux répressions des pouvoirs militaires d'extrêmes-droite proches des Américains en Amérique Latine, découvre avec passion les films du jeune cinéaste chilien Pablo Larrain (Santiago 73, post mortem , Neruda, No, El Club). 

Je participe avec ma compagne à une campagne laïque nationale pour se faire débaptiser. Nous décidons de militer à "l'Union des athées et des agnostiques rationalistes".

Dans ma ville natale, il y a quatre débaptisés: moi, ma sœur et deux amis à moi. Ma compagne est excommuniée et moi j'ai eu la communication du prêtre sur le fait que l'église enregistrait ma volonté de me soustraire au baptême. L'église n'était pas encore habituée à cette démarche.

J'adhère en 2003 à Rifondazione comunista, dans une petite section d'une quinzaine de camarades. J'en ai été membre cotisant pendant 6 ans, et j'ai même pris la responsabilité de secrétaire de section. J'ai adoré au parti communiste le partage d'expérience et d'intelligence, l'égalité et la fraternité entre les ouvriers, souvent bien formés par l'école primaire et leurs lectures militantes, et les intellectuels. Nous avions beaucoup de campagnes axées sur la santé, l'écologie, les dégâts des prédations industrielles.

J'adore participer aux fêtes communistes, nombreuses, même si le Parti Démocrate garde la main sur les "fêtes de l'Unité", anciennement les fêtes du PCI.

J'arrête de cotiser en 2009 suite à un congrès où je me retrouve minoritaire sur le positionnement de ceux qui veulent que Rifondazione comunista  rassemble plus largement dans une sorte de "Front de Gauche". Je n'adhère pas néanmoins au nouveau mouvement issu de la scission "Gauche, écologie, liberté". Je ne suis pas pour la division de la gauche radicale. Je continue à voter alternativement pour l'un et l'autre de ces partis, à faire signer des pétitions, à participer aux fêtes et aux campagnes. Avec ma compagne et mes amis, nous essayons de monter une salle de cinéma d'art et d'essai dans notre région du lac de Garde mais c'est difficile en Italie. on se contente d'un cinéma club où nous projetons des films en DVD. C'est déjà pas mal.

Mon cercle de cinéma, allez savoir pourquoi, s'appelle le "Siberia"...

Au début des années 2010, on commence à vouloir acheter une maison avec ma compagne, mais dans notre région, les prix sont astronomiques, sans rapport avec nos revenus. L'idée nous vient de partir vivre en France, que je connais peu (un court séjour à Paris, un autre en Provence) mais dont j'adore les révolutions, à commencer par la Grande Révolution de 1789-1793, la culture, et le principe de laïcité, la France était le seul pays non communiste pour moi avec la Turquie a avoir une vraie laïcité.

On cible la Provence et la Bretagne pour regarder des maisons ou habitations à acheter. Mais la Provence nous paraît trop chère, trop à droite, avec des habitations trop isolées. On cherche une belle ville culturellement et socialement active, proche de la mer, sociologiquement de gauche, et pas trop chère. 

Et ça tombe sur Morlaix. Quand tu as rentré tous les paramètres. J'adore cette ville, son patrimoine naturel et architectural, sa vitalité culturelle et associative. Avec la famille, nous avons visité pendant deux semaines la Bretagne en 2012. En mai 2013, nos parents nous aident dans nos projets d'achat.

On revient à Morlaix deux semaines, on visite une vingtaine de maisons pour finir par jeter notre dévolu sur un appartement près du port, rue Villeneuve, ironie du destin pour un natif de Villanuova sul Clisi près de Brescia.

On s'installe ici à l'automne 2013. On avait déjà conscience des pour et des contre, on avait énormément d'amis très proches, notre maison et notre terrasse ne désemplissait pas, on avait toujours du monde à manger chez nous, beaucoup de ces amis étaient liés à nos engagements politiques, en Italie, et nous adorions la beauté de l'Italie, de la montagne, de ses villes, sa culture.

Mais on aime aussi Morlaix, une ville à l'identité forte et avec une vie sociale et culturelle riche, malgré le déclin et la crise économique. 

Je ne parlais pas français en 2013, assez mal l'anglais aussi. Je me suis inscrit avec ma compagne au GRETA, à une première année de stage en langue. J'ai découvert le monde associatif avec l'ULAMIR, où je travaille d'abord comme bénévole, le RESAM, l'ADESS, et l'ADDES (accompagnement handicapés). J'ai fait une VAE entre 2014 et 2015 pour obtenir un BTS développement animation des territoires ruraux, j'ai passé mon BAFA, puis après des stages à Morlaix-Co, à l'ULAMIR, à l'Office du tourisme, je deviens salarié du RESAM en mars 2017. Je me suis retrouvé dans cette vitalité du territoire morlaisien, dans ces liens. 

C'est à l'occasion de la nuit Miyazaki organisée par la Salamandre et le festival de livres jeunesse La Baie des Livres que je rencontre ma première amie morlaisienne Emma et me familiarise avec ce cinéma d'art et d'essai, la salamandre, pour lequel je vais ensuite m'investir comme bénévole. Avec Véronique, la directrice de la Salamandre, ça a été un coup de foudre humain. J'adore cette fille, sa franchise.

Aujourd'hui, je veux continuer à m'investir dans ce nouveau pays et territoire d'adoption, pour les valeurs qui me sont chères, la culture, la solidarité, l'entraide, la découverte de l'autre, l'écologie".

On a aussi, accessoirement, proposé à Andréa d'écrire quelques chroniques cinématographiques et culturelles pour le Chiffon Rouge, dans la continuité de la rubrique "COMMUNIST'ART" et des billets d'Hector Calchas, ce qu'il a accepté volontiers. 

Propos recueillis par Ismaël Dupont, 31 mars 2019 -

Article rédigé le 7-8 avril 2019.                  

 

Lire aussi:

COMMUNIST'ART: Mario Monicelli, cinéaste italien, auteur de Les camarades (1963)

Portrait - Andréa : un italien à Morlaix
Partager cet article
Repost0
9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 13:46
Dans le cadre de la campagne contre la tenue de l'Eurovision 2019 en Israël, les groupes locaux AFPS de Brest et Pays de Morlaix appellent à un rassemblement vendredi 12 avril à 17h30 devant les locaux de France 3 iroise à Brest (rue Fréderic Le Guyader, derrière le Quartz, plus bas que la place de la Liberté).
Cet appel est soutenu par le PCF.
 
Voir tract en PJ. Détails de la campagne ici:
 
Merci de relayer largement cet appel autour de vous et de venir le plus nombreux possible faire savoir à France Télévision qu'elle n'a pas à cautionner cet événement utilisé par Israël pour blanchir sa politique coloniale et d'apartheid...
 
Pour Morlaix un covoiturage est possible avec départ à 16H 30 parking René Cassin...
 
Dans le cadre de la campagne contre la tenue de l'Eurovision 2019 en Israël, les groupes locaux AFPS de Brest et Pays de Morlaix appellent à un rassemblement vendredi 12 avril à 17h30

La victoire de la chanteuse israélienne Netta a eu une conséquence que les votants n’avaient pas mesurée : l’Eurovision 2019 devrait se produire en Israël du 14 au 18 mai. Or si l’Eurovision est une fête, comment oublier les massacres à Gaza, les destructions de villages, la colonisation et les déplacements de populations, et maintenant la loi sur « l’État nation du peuple juif » qui, en particulier, institutionnalise l’apartheid en Israël ?

C’est pourquoi, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, conjointement avec BDS France et d’autres partenaires, lancent une campagne française pour que l’Eurovision 2019 ne se passe pas en Israël.

Si ce n’est pas le cas, France Télévisions et le candidat français doivent se retirer du concours.

Le samedi 26 janvier 2019, Bilal Hassani a été désigné comme représentant de la France à l’Eurovision 2019.


Agir avec la campagne française « Eurovision 2019 : Pas au pays de l’apartheid ! »

>> Participez à l’un des rassemblements organisé par l’AFPS

>> Interpellez Bilal Hassani sur Facebook

>> Interpellez Bilal Hassani sur Twitter

Partager cet article
Repost0
9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 10:26
PCF et Die Linke unis et associés pour les élections européennes: Fabien Roussel (PCF) et de Bernd Riexinger (Die Linke)

PCF et Die Linke unis et associés pour les élections européennes: Fabien Roussel (PCF) et de Bernd Riexinger (Die Linke)

Pour l‘Europe des gens, contre l’Europe de l’argent, Für ein solidarisches Europa der Millionen, gegen eine Europäische Union der Millionäre!

Déclaration commune de Fabien Roussel (PCF) et de Bernd Riexinger (Die Linke) sur les élections européennes

Les élections européennes du 26 mai prochain opposeront deux modèles : l’intégration libérale à marche forcée, imposant des politiques d'austérité ou la construction d’une Europe des peuples, basée sur la justice sociale et la paix, à laquelle nous aspirons. 

Pendant que le président français préconise de se soumettre toujours plus à la finance comme à l’OTAN, l’Allemagne, elle, entend maintenir sa toute puissance commerciale, au détriment des pays européens partenaires. Telle est cette Union néolibérale militariste et austéritaire que portent Angela Merkel et Emmanuel Macron, sur le dos de laquelle prospèrent les partis nationalistes et mouvements populistes de droite.

En tant que secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et co-président du parti allemand DIE LINKE, en tant que membres du Parti de la gauche européenne, de la GUE-NGL et parties prenantes du forum européen des forces progressistes, écologistes et de gauche, nous nous battons pour une autre Europe, sociale, pacifique et écologique. Pour l‘Europe des gens, contre l’Europe de l’argent, Für ein solidarisches Europa der Millionen, gegen eine Europäische Union der Millionäre! 

Le 8 mai célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. C’est un jour qui rappelle à tous la fragilité de la paix, particulièrement à l’Allemagne et à la France. Pourtant, le traité signé en janvier par les deux pays à Aix-la-Chapelle marque une dangereuse rupture. Assorti d’avenants additionnels tenus secrets, l’accord promeut en effet la militarisation et la politique d’armement, dans l’affirmation d’une logique marchande au détriment des droits de l’Homme. Le constat est sans appel : où livre-t-on des armes si ce n’est dans les zones de tension et de conflits ? 

C’est une logique de guerre qui s’exprime avec un tel traité, concrétisée par des projets communs de chars et d’avions de combat. Elle prend source aussi avec l’objectif fixé aux Etats membres de l’OTAN de consacrer 2% de leur PIB annuel aux dépenses d’armement. Pour la France, déterminée à atteindre ce seuil dès l’année 2023, cela représente 50 milliards d’euros, contre 36 actuellement, et 60 milliards pour l’Allemagne, elle aussi accrochée à cet objectif, synonyme d’une hausse de 17 milliards. Les dépenses supplémentaires ainsi prévues se feront sur le dos des peuples, de leurs besoins. 

Il est urgent de développer une autre approche de la paix en Europe.  Au lieu de se livrer à la course aux armements, mieux vaut créer un espace de coopération et de sécurité collective européen.

La récession économique menace l’Europe et rien n’a fondamentalement changé depuis la crise de 2008. Et cette course à l’armement entrainera des réductions de crédits budgétaires qui frapperont d’abord les domaines sociaux et culturels. 

Il est plus pertinent à nos yeux d’investir dans l’emploi, la transition écologique, l’industrie, la formation, les services publics, de relever les standards sociaux et de renforcer la prévention des crises dans le champ civil.

Car il est temps de rompre avec cette prétendue nécessité des politiques d’austérité et de régression sociale gravées dans le marbre des traités européens et du pacte budgétaire. Nous nous battons au contraire pour l’augmentation des salaires dans tous les Etats membres. Nous exigeons la mise en œuvre d’un programme d’urgence contre le chômage des jeunes et la mise en place de pensions de retraites garantissant la protection contre la pauvreté.  D’autres coopérations entre les peuples européens sont nécessaires, par exemple pour faire appliquer les conclusions de l’Accord de Paris afin de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés maximum. 

Les multinationales ne doivent plus échapper aux règles communes. C’est pourquoi nous voulons mettre fin aux paradis fiscaux et mettre en œuvre une taxation efficace, inévitable, des bénéfices.

Notre Europe ne servira pas les marchés, les banques ou les lobbyistes. Elle sera aux côtés de ceux qui, aujourd’hui, prennent leur destin en main et réclament un changement de cap. Que ce soient les gilets jaunes en France, les locataires en Allemagne ou les jeunes qui manifestent pour le climat, tous ont de bonnes raisons pour donner vie à une autre Europe. A une Europe des peuples, qui donne la priorité absolue aux besoins du plus grand nombre.

Il y a urgence ! En France, en Allemagne et dans toute l’Europe, les forces d’extrême-droite renforcent leur influence. Les peuples français et allemands ont la tragique expérience des conséquences politiques de la crise des années 1930. 

Le 26 mai se décidera l’avenir de l’UE. Ce n’est qu’avec les forces de progrès, les syndicats, les nombreux hommes et femmes qui s’engagent dans les mobilisations sociales actuelle que nous pourrons exercer le rapport de force nécessaire afin de construire une Europe solidaire, démocratique, respectueuse des peuples. Nous nous engageons pour le renforcement du groupe de la GUE au Parlement européen.

Paris, 8 avril 2019

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Bernd Riexinger, co-président de DIE LINKE

Partager cet article
Repost0
9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 08:00


 

Génocide des Tutsis au Rwanda
Se souvenir et exiger la vérité !


Le dimanche 07 avril 1994, il y a 25 ans, le génocide des Tutsis au Rwanda était déclenché. En trois mois, plus de 800.000 êtres humains sont assassinés lors du génocide le plus récent de l’histoire humaine. Le MRAP a participé, dès le printemps 1994, aux manifestations qui se tenaient à Paris à ce sujet.
Les victimes appartenaient majoritairement au groupe des Tutsi, environ 15 % de la population du Rwanda, dont la politique coloniale avait fait une prétendue « race ». Des milliers de Hutus opposés au régime génocidaire ont également été assassinés.
La France avait soutenu les autorités du régime planificateur du génocide, par un calcul cynique qui visait au maintien de la zone d’influence française en Afrique. Elle avait une présence militaire massive, elle était intervenue en 1990 pour sauver le régime du président Habyarimana et ses conseillers étaient restés présents auprès des forces armées rwandaises. Le génocide n’a pas été déclenché en un jour. Il était planifié depuis au moins deux ans.
Au niveau de l’État français, un négationnisme a longtemps entouré ce génocide, réfutant toute responsabilité et présentant l’assassinat du président Habyarimana comme la seule cause du génocide. Cet attentat aurait été commis par le FPR, mouvement fondé par des Tutsi, et les Hutus se seraient « vengés ». Or on sait maintenant que ce génocide avait été prémédité et planifié par les courants les plus extrémistes du « Hutu Power ». 
Un « gouvernement intérimaire rwandais », formé dans les jours suivants dans les locaux de l’ambassade de France à Kigali, envoyait en mai des représentants à Paris pour négocier des achats d’armes.
La responsabilité de certains décideurs politiques français est écrasante. Le MRAP déplore que des historiens et des spécialistes français reconnus ait été écartés de la « commission d’enquête sur les archives françaises », annoncée fin mars 2019, et qui devra enquêter sur le rôle de la France au Rwanda.
Le MRAP se félicite que des militaires français, s’estimant instrumentalisés à l’époque, commencent à s’exprimer à ce sujet, comme le général Jean Varret, qui affirme avoir averti en vain les autorités françaises des projets dont il avait été informé.
Aujourd’hui, alors qu’un nationalisme hutu dirigé contre des Tutsis crée des tensions au Burundi, voisin du Rwanda, il est temps que le monde entier connaisse la vérité et tire les leçons du crime commis il y a un quart de siècle.

 

Paris le 7 avril 2019
25 ans après - Génocide des Tutsis au Rwanda Se souvenir et exiger la vérité ! (MRAP, 7 avril 2019)
Partager cet article
Repost0
7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 17:20
Patrick Le Hyaric en conférence-débat sur l'enjeu des élections européennes à Roscoff le samedi 2 mars avec deux des quatre candidats bretons du PCF aux élections Euopéennes: Cindérella Bernard et Glenn Le Saoût

Patrick Le Hyaric en conférence-débat sur l'enjeu des élections européennes à Roscoff le samedi 2 mars avec deux des quatre candidats bretons du PCF aux élections Euopéennes: Cindérella Bernard et Glenn Le Saoût

Note de travail

Sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit), quelles conséquences ?

Le Parlement britannique a rejeté plusieurs fois l’accord de retrait négocié avec l’Union européenne.

ACCORD DE RETRAIT, AMBITIONS BRITANNIQUES, DERNIERS DEVELOPPEMENTS, REACTIONS

  • L’accord de retrait

C’est l’accord négocié entre Theresa May, la Premier ministre britannique et Michel Barnier pour l’Union européenne. Ce texte de 585 pages agréé le 14 novembre 2018 règle les termes du divorce, financiers d’un côté (le Royaume-Uni s’est engagé sur une suite de dépenses communes à long termes avec l’Union européenne, comment en sortir), et juridiques (quels droits pour les citoyens européens résidants au Royaume-Uni et pour les Britanniques dans l’Union européenne). C’est dans ce texte que se trouvent aussi les garanties juridiques cruciales pour que l’Irlande ne voit pas une frontière physique la diviser de nouveau. C’est cette garantie juridique obtenue grâce à la solidarité complète des autres États européens avec l’Irlande, qui fait tiquer au Royaume-Uni. En vérité, on peut penser que garder une partie de l’Irlande au sein de l’Union européenne reviendrait à garder le Royaume-Uni.

Quel règlement financier ?

-la facture du divorce s’élève à 44 milliards d’euros, c’est le chiffrage de projets européens sur lesquels le Royaume-Uni s’est engagé comme des programmes de recherches communs. La Cour des comptes britannique estime que la somme peut attendre les 60 milliards auquel il faudra ajouter 14 milliards d’engagements sous la forme de prêts à rembourser.

-le Royaume-Uni contribuera aux budget 2019 et 2020 comme s’il était un membre à part entière.

-si la plupart des engagements financiers seront réglés d’ici 2025, certains pourraient courir jusqu’à 2064, notamment le paiement des retraites des fonctionnaires européens britanniques.

Les droits des citoyens

-les droits à la sécurité sociale des 3 millions d’Européens au Royaume-Uni et 1 million de Britanniques dans l’Union européenne sont maintenus.

-les citoyens européens dans le Royaume-Uni pourront demander la résidence, garder leur droit au regroupement familial et aides familiales britanniques.

-l’accord n’est pas soumis à la supervision directe de la Cour européenne de justice mais les tribunaux britanniques devront indéfiniment « prendre en compte » la jurisprudence de la Cour européenne de justice dans les questions relatives aux droits des citoyens européens. C’est une façon de donner aux Britanniques l’indépendance juridique complète qu’ils demandaient, notamment celle de la Cour européenne de justice, tout en maintenant les droits des citoyens en garantissant une cohérence juridique.

La période et la méthode de transition

-la période de transition ira jusqu’à 2020. Durant cette période le Royaume-Uni n’aura plus son mot à dire sur les politiques européennes mais devra appliquer le droit européen, ce qui maintiendra la liberté de circulation le temps de se mettre d’accord sur la future relation.

-si la période de transition est étendue au-delà de 2020 (on parle de deux années supplémentaires dans le cas où on n’arriverait pas à se mettre d’accord sur la future relation), le Royaume-Uni devra contribuer à hauteur de 10 à 15 milliards d’euros annuels au budget européen.

L’Irlande : le filet de sécurité ou « Backstop »

-c’est un protocole spécial prévu pour l’Irlande du Nord avec le « filet de sécurité » qui garantit la libre circulation des personnes et des biens en Irlande (pas de frontière physique) le temps qu’un nouvel accord le remplace. Ceci lie l’Irlande du Nord à l’union douanière et au marché unique européen, mais il n’est pas précisé pour combien de temps.

-ce « backstop » doit être accompagné d’une union douanière Union européenne-Royaume-Uni allégée qui doit éviter les contrôles, droits de douanes entre les deux ensembles.

-pour les unionistes d’Irlande du Nord du DUP, le partenaire de coalition de Theresa May, le problème cela revient à s’éloigner du Royaume-Uni alors que l’essence même de leur mouvement est le maintien dans le Royaume-Uni. Ce qui était censé être une question mineure devient finalement un des points d’achoppement de l’accord de retrait du fait de l’importance du DUP pour la coalition de Theresa May.

Les engagements britanniques

-pour s’assurer que les Britanniques ne vont pas chercher à contrebalancer les effets économiques du Brexit par une fuite en avant dans le dumping fiscal et social, le Royaume-Uni s’engage à suivre les règles de concurrence et maintenir l’environnement juridique en termes de droits du travail, fiscalité et environnement.

Rien n’est par contre réglé sur la question de l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques riches en poisson après 2020. C’est pourtant une question vitale pour les pêcheurs normands et bretons, comme j’ai pu le constater lors d’un déplacement à Roscoff.

La « gouvernance » de l’accord

-la « gouvernance » de l’accord est le système juridique qui garantit son application. Tout accord intra-européen est placé sous l’autorité de la Cour européenne de justice, mais comment faire avec un Royaume-Uni qui refuse cette supervision ? Le résultat est le système de gouvernance le plus complexe jamais négocié, il est calqué sur l’accord d’association avec l’Ukraine, mélangeant un système de résolution des différends entre États lorsque leurs positions diffèrent sur un point juridique et des dispositions qui assurent à la Cour européenne le dernier mot en ce qui concerne les aspects liés au droit européen.

La déclaration sur les futures relations

-le texte est accompagné d’une déclaration politique de bons sentiments réciproques sur des relations commerciales « aussi proches que possible », mais qui n’engage en rien. Les Britanniques voulaient un texte beaucoup plus explicite, notamment le gouvernement May pour faire passer l’accord de divorce auprès de son Parlement. Or la déclaration n’est pas suffisamment claire sur la limitation du « backstop » dans le temps, et au lieu de parler « d’équivalence » des normes industrielles, financières et sanitaires, ce qui faciliterait un accès des Britanniques au marché européen, on s’en tient à de vagues engagements. Pour résumer : les négociateurs européens n’ont rien lâché à leurs homologues britanniques qui voulaient peser sur les négociations de la future relation avec ce texte.

Un des points de sortie du blocage actuel pourrait être de modifier ce texte en donnant aux Britanniques quelques assurances.

  • Ce que voulait le gouvernement britannique

 

Voici ce qui était défini dans le plan de Chequers (lieu de villégiature du Premier ministre britannique) du 12 juillet 2018 :

-des règles communes Union européenne-Royaume-Uni pour tous les biens et marchandises MAIS « avec des arrangements différents pour les services », « lorsqu’il est dans notre intérêt d’avoir une flexibilité règlementaire » (donc la possibilité de faire du dumping).

-une coopération dans la politique de concurrence MAIS une politique de concurrence britannique autonome.

-une harmonisation continue des normes entre Union européenne et Royaume-Uni, l’absence d’une frontière physique en Irlande et un commerce fluide via un « territoire d’union douanière combinée » MAIS une politique commerciale britannique indépendante. C’est très dangereux car si les Britanniques acceptent dans le cadre de futures accords commerciaux des produits que nous refusons comme du bœuf aux hormones américain, ces produits pourraient se servir du Royaume-Uni comme porte dérobée pour rentrer sur le territoire européen. Il était même proposé que ce soit les Britanniques qui collectent les droits de douanes pour l’Union européenne à l’entrée de produits destinés au continent.

-un « cadre de mobilité » pour les citoyens européens donc la possibilité de circuler, MAIS le contrôle de la circulation des personnes laissé aux Britanniques.

-la reconnaissance de la primauté de la Cour européenne de justice sur les affaires liées au droit européen MAIS elle n’aurait pu trancher les futures disputes entre Union européenne et Royaume-Uni.

Dès le départ, les propositions des conservateurs britanniques étaient irréalistes et contradictoires avec les éléments d’apaisement destinés aux Européens. On s’inscrit donc dans une négociation tentant d’obtenir le plus possible des partenaires européens, c’est à dire garder un statut quo sur le marché unique si important pour le patronat britannique tout en réaffirmant la souveraineté britannique sur le commerce, la circulation des personnes et la supervision de la Cour européenne de justice.

 

  • La stratégie de Mme May

Après trois rejets de son accord de retrait par son Parlement (le dernier ce vendredi), puis avoir caressé l’espoir de le faire passer lors d’une quatrième tentative, Theresa May s’apprête enfin à parler avec l’opposition, alors que la date prévue du Brexit, le 29 mars, est déjà dépassé. Pourquoi cette approche ?

Le calcul de Theresa May a toujours été de mettre son Parlement au pied du mur. Dans l’opposition à l’accord de retrait négocié par son gouvernement, deux visions s’opposent : les « soft-brexiters » (ceux qui veulent un Brexit doux) menés par les travaillistes du Labour et Jeremy Corbin, qui veulent pousser May vers un accord comme celui avec la Norvège pour rester dans le marché unique, et les « hard-brexiters » (partisans Brexit dur) qui ne veulent pas d’accord et encore moins d’un Brexit doux. Mais si Theresa May perd la main, les « soft-brexiters » pourraient imposer leur vision, et peut-être même pousser pour un second référendum, ce qui pouvait les pousser « hard-brexiters » à se rallier finalement à l’accord de retrait comme un moindre mal.

Dans cette tragique histoire Theresa May n’a compté que sur l’arithmétique au sein de son propre parti, les conservateurs, pourtant responsables du Brexit. C’est pourquoi elle a la semaine dernière encore fait monter la pression sur les « hard-brexiters » en retardant le Brexit. Après un premier délai du 29 mars au 12 avril, un second délai était annoncé toujours avec le risque d’un « soft-Brexit » qui pourrait prendre le dessus, toujours pour mettre la pression sur son propre camp.

Le vote de ce vendredi marque l’échec de sa stratégie et oblige May à se détourner d’une partie des conservateurs pour faire en quelques jours ce qu’elle s’est refusée à faire pendant deux ans : parler avec l’opposition. Cette situation est affligeante et démontre le niveau d’irresponsabilité atteint par les conservateurs dans cette histoire. Elle démontre aussi la profonde division qui traverse la société britannique sur le Brexit. La plus raisonnable des choses à faire aurait été de consulter les Britanniques pour définir quel type de sortie ils veulent, et à défaut de faire ce nécessaire dialogue avec son opposition.

Devant ce chaos les Européens sont prêts à faire des concessions sur la future déclaration. Leurs seules conditions sont que les Britanniques organisent des élections européennes chez eux si nous dépassons le 22 mai pour le délai et qu’ils s’engagent à ne pas influencer sur les décisions européennes tant que durera cette transition.

LES CONSEQUENCES DU BREXIT POUR LES BRITANNIQUES

 

  • En cas de non accord

Elles sont évaluées dans 28 documents de prospectives du gouvernement britannique :

-fin des financements des programmes européens, à compenser par le trésor britannique

-circulation des voitures britanniques bloquées à la frontière sans documents d’homologation européens

-dans les entreprises, les différends juridiques transfrontaliers sur les affaires font l’objet de plans pour en limiter les impacts, mais les différends familiaux (divorce, garde d’enfants) s’annoncent extrêmement compliqués

-l’homologation des produits britanniques à destination de l’Union européenne par des fonctionnaires britanniques ne sera plus reconnu par l’Union européens, les produits britanniques pour le marché européen devront respecter les règles des pays européens

-dans l’autre sens, certains biens avec des prérequis très techniques comme les voitures ne pourront plus rentrer sur le marché britannique

-les producteurs de voitures au Royaume-Uni mais destinées au marché européen comme la MiniCooper ou les grandes usines Toyota pourraient faire le choix d’avoir des unités de production ne suivant que les normes de l’Union européenne. C’est laborieux, la chaine de valeur serait perturbée, et on perdrait en flexibilité

-la participation des entreprises britanniques aux marchés publics européens sera remise en cause

-les chaines de télévision installées à Londres et qui diffusent en Europe (BBC, Discovery, Disney Chanel) ne pourront plus le faire, d’où les rumeurs d’une délocalisation de BBC international à Bruxelles

-tous les arbitrages de concurrences dans le Royaume-Uni (antitrust, distorsion, monopole, cartels etc.) seront entièrement gérés par des Cours de justice britanniques, on ne sait pas du tout dans quel sens cette nouvelle jurisprudence ira, d’où les incertitudes

-tout transfert de données personnelles européennes vers le Royaume-Uni devra certifier que les données seront traitées selon le cadre européen ce qui amènera lourdeurs et frais juridiques

-les règles de limitations d’émissions de pollution dans l’industrie continueront à être celles de l’Union européenne à la demande de l’industrie britannique. De même pour les règles environnementales qi devront être garanties par des entités locales (mais reconnues par l’Union européenne).

-pour chaque navire britannique rentrant dans un port européen, de nouvelles demandes d’information (10 dernières destinations, liste de l’équipage et passagers) et procédures seront à prévoir

-énorme demande de renouvellement de passeports britanniques car les règles de Schengen imposent un passeport pas plus vieux que 9 ans et avec encore 6 mois de validité

-exclusion du GPS européen Galileo et du programme spécial d’observation de la terre Copernicus (mais côté européen cela met Galileo en retard dans son développement)

  • Quelques éléments chiffrés(pour les Britanniques) :

Dans les 28 documents de prospectives du gouvernement britannique, on peut trouver les chiffres suivant (https://www.gov.uk/government/collections/how-to-prepare-if-the-uk-leaves-the-eu-with-no-deal#money-and-tax) :

-Un PIB diminuant  de 6% d’ici 2030 comparé à un scénario normal

-5 400 euros en moins par foyer dans un scénario d’accord de libre-échange type Canada

-7,2 milliards de droits de douanes perçus aux frontières européennes sur les produits britanniques

-augmentation du taux de chômage de 1,5% en deux ans (prévision du FMI) soit 950 000 emplois en moins d’ici 2020. PriceWaterhouseCoopers table lui sur +3% de chômage

-manque à gagner pour le Trésor britannique du fait de la perte d’activité de 20 à 40 milliards d’euros annuels d’ici 2020 selon les estimations.

  • Les conséquences pour l’État britannique

Le Royaume-Uni se voit obliger de construire une nouvelle administration reprenant en charge tout ce qui avait été délégué à l’Union européenne, de la PAC à Euratom en passant par le rôle des agences européennes (plus d’une cinquantaine).

Dans le droit : Le « Great Repeal Bill » est le projet de loi qui doit abroger l’European Communities Act de 1972 et qui prendra effet au moment effectif de la sortie du Royaume-Uni. C’est lui qui va incorporer le droit européen dans le droit britannique et clarifier la position britannique sur la Cour Européenne de Justice et ses arrêts passés. Tous les textes européens seront intégrés dans le droit britannique via ce Great Repeal Bill (ou loi de grand remplacement) qui va littéralement copier les 19 000 pour les intégrer.

Les arrêts passés de la Cour européenne de justice continueront à s’appliquer et auront la même portée que les arrêts de la Cour suprême britannique.

Enfin pour aligner les textes européens avec la structure de droit britannique (par exemple s’il y a référence à une agence, un régulateur européen qui n’a plus de pouvoir sur le Royaume-Uni), un millier « d’instruments statutaires » sont prévus pour modifier ces textes dans une forme qui les fait passer dans le corpus britannique (donc pas de modification sur le fond). La petite histoire veut que ces instruments statutaires passeront par des pouvoirs établis par Henry VIII au XVième siècle limitant les pouvoirs de suivi parlementaire.

Deux avantages : on garde une continuité législative qui rassure (les lois en vigueur ne changeront pas du jour au lendemain), et on dispose d’une structure législative compatible avec l’Union européenne facilitant les négociations du futur accord commercial.

Mais deux arguments du Brexit disparaissent : le « plus de démocratie » (on passe par des instruments législatifs d’Henry VIII pour être dans les temps), et le « reprendre le contrôle » prôné par les conservateurs (il est plus que limité étant donné que le passif européen est intégré et que les futurs textes européens seront désormais écrits sans eux, tout en s’imposant via le marché unique quel que soit la forme d’union douanière).

Conséquences sur des politiques clefs :

Avec la sortie de l’Union européenne c’est aussi la sortie du Traité Euratom (traité instituant la communauté européenne de l’énergie atomique datant de 1957). Or toutes les questions de surveillance nucléaire, coopérations et fourniture de combustible nucléaire, venant de l’Union européenne ou d’ailleurs, passent par Euratom ou des accords entre l’Union européenne et des pays tiers. De plus le traité est garanti par la Cour européenne de justice. Pour les Britanniques, il y a donc des questions vitales sur la fourniture de combustible à leurs centrales (qui passent par Euratom) ou la gestion des déchets nucléaires sur le sol britannique pour le compte d’Euratom (les Britanniques ont le plus gros stock du monde de plutonium civil).

L’agriculture britannique est dépendante des subsides de l’Union européenne pour 50 à 60% de ses revenus, il n’est pas sûr que l’OMC permette légalement que ces subsides puissent être réintroduits par les Britanniques.

Concernant la qualité : toutes les lois de protection de l’environnement (environ 800) sont européennes, avec le « Great Reppeal Bill » on peut les copier mais comment les faire respecter sans Cour européenne de justice pour les garantir légalement, et sans agences pour faire les inspections (ou surveiller la façon dont sont faites les inspections). Cela vaut également pour toutes les questions de sécurité sanitaire. Il y a donc danger pour les Britanniques sur la qualité de leur alimentation mais aussi risque de dumping.

-Concernant les services financiers, on a mis en avant la notion « d’équivalence » (on estime que les standards nationaux respectent les standards européens). Mais on est bien loin du « passeport pour les services » voulu par les Britanniques. Ce dernier permettait à toute entreprise établie au Royaume-Uni de proposer ses services financiers dans l’Union européenne. Avec l’équivalence, on est sur une autorisation par type de service (donc moins large) accordée par l’Autorité européenne de surveillance des marchés qui peut être retirée à tout moment (ce qui crée une instabilité juridique dont les marchés ont horreur). Les Britanniques seront alors dépendants du bon vouloir des régulateurs européens pour le rayonnement de leur place financière, la City.

-Le Royaume-Uni a beau ne pas être membre de Schengen, en termes d’immigration les règles de Dublin permettaient de renvoyer chaque année un millier de demandeurs d’asile vers les autres pays de l’Union européenne (ces règles prévoient de pouvoir les renvoyer vers leur premier pays d’entrée sur le continent). Avec la fin de ces règles, l’immigration vers le Royaume-Uni pourrait finalement devenir beaucoup plus tentante puisque que le Royaume-Uni deviendrait le seul pays de l’Europe dont l’on ne peut vous pas renvoyer (vers un autre pays de l’Union européenne).

-Enfin, dans l’optique d’un nouvel accord de commerce Union européenne-Royaume-Uni, se trouvera forcément une clause de règlement des différends. Quel est alors l’intérêt de vouloir se sortir de la juridiction de la Cour européenne de justice pour tomber sous celle d’un tribunal d’arbitrage privé ?

Gibraltar, Ecosse Irlande

Les Espagnols ont d’abord bloqué l’accord de retrait, ces derniers voulant que tout accord avec le Royaume-Uni « ne s’appliquera (pas) à Gibraltar sans le consentement du Royaume d’Espagne et du Royaume-Uni ». Ils ont ainsi obtenu dans l’accord de retrait qu’un passage sur le futur accord mentionne qu’il est flexible territorialement et donc que ce futur accord ne s’appliquera pas automatiquement à Gibraltar.

Les Espagnols ont également modifié leur position vis à vis de l’Ecosse. Auparavant l’Espagne était contre toute adhésion de l’Ecosse à l’Union européenne (de peur que ça n’inspire la Catalogne), ce que les autorités britanniques ne manquaient pas de rappeler aux indépendantistes écossais. Désormais la diplomatie espagnole se montre plus ouverte.

L’Ecosse a voté à 62% pour rester dans l’Union européenne. Deux jours après la lettre de Theresa May activant l’article 50, le Parlement écossais vote une motion (69 contre 59) pour un nouveau référendum (le précédent fut perdu le 18 septembre 2014 par 55,4%). Pour les autorités britanniques tant que le Brexit n’est pas négocié c’est impossible.

Irlande. L’accord dit « du vendredi Saint » de 1998 institutionnalise les relations entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, il met fin à une lutte fratricide entre partisan de l’union avec le Royaume-Uni (unionistes) et ceux d’un rattachement avec l’Irlande comme le Sinn Fein. Cet accord introduit une large autonomie vis à vis du Royaume-Uni. Les Irlandais refusent que le Brexit déstabilise cet équilibre et qu’il réintroduise une frontière physique entre l’Irlande du Nord et l’Irlande.

Les conséquences pour l’Union européenne:

-le manque de financement pour le budget de l’Union européenne s’élèvera à 10 milliards d’euros annuels. Pour la Politique agricole commune (PAC), on estime le déficit de financement entre 1,2 et 3,1 milliards d’euros.

-des effets de transferts de quotas d’importations agricoles joueront. Par exemple les viandes sud-américaines qui rentraient dans le marché britannique le faisaient via des quotas européens. Le Royaume-Uni sorti, les quotas resteront en place, donc ces viandes pourront au lieu d’aller au Royaume-Uni aller en France ou ailleurs dans l’Union européenne. Ce surplus de viandes déséquilibrera un peu plus l’élevage déjà bien en difficulté et menacé par d’autres accords de commerce en négociations.

-les perturbations sectorielles sur des industries de réseaux comme les télécoms, l’énergie, le transport aérien et toutes les chaines de production industrielles.

– Le 13 mars, le gouvernement britannique a publié les droits douaniers qu’il appliquerait aux produits européens en cas de sortie de l’Union européenne sans accord. Dans ce scénario, et pendant un an à partir du 29 mars à 23h, les entreprises britanniques ne paieraient pas de droits sur 87 % des importations européennes. Seuls 13 % de ces importations se verraient appliquer des droits de douanes ou contingents (limitations) tarifaires. Ce serait le cas, entre autres, de certains produits agroalimentaires et de la pêche, des véhicules, des bananes et du sucre de canne brut. Cette initiative vise à minimiser l’impact d’un ‘no deal‘ sur les consommateurs et producteurs britanniques.

-le partage de l’effort climatique pour la réduction des émissions qui devra être recalculé, ajusté avec le Brexit.

-Pays-Bas, Belgique, Irlande seront les plus touchés (perte de croissance de 1 à 1,8 points d’ici 2021 selon le cabinet Euler Hermes), l’Allemagne perdrait 8,4 milliards d’exports dont 2,4 dans l’automobile. La France sera le 5ème pays le plus touché.

Les risques pour la France :

(synthèse des calculs de différents cabinets d’études)

-50 000 emplois sont menacés dans l’hypothèse d’une réduction de 25% des exports vers le Royaume-Uni (en Allemagne c’est 102 000)

-pour les entreprises françaises, il y a un risque de perte de 3,2 milliards d’euros d’exports vers le Royaume-Uni soit 0,5% de nos exportations. Cela concerne le secteur de la chimie pour 600 millions d’euros, de la machine-outil pour 500 millions, de agriculture pour 400 millions, mais très ciblé essentiellement sur les viandes. L’agriculture bretonne est très exposée.

-pour les ports français, il y aura de nouveaux besoins d’infrastructures douanières, et il y aura un transfert des routes Irlande-Royaume-Uni-continent vers des routes directes Irlande-continent passant par la France.

-l’accès des pêcheurs français aux eaux britanniques sera perturbé si ce n’est interdit, alors que pour certaines espèces, l’essentiel est fait dans les eaux britanniques.

Pour conclure

 

L’Union européenne a fait front, à tel point que ce qui semblait être un point mineur, l’Irlande, est devenu le point de fixation avec le « backstop ». Les droits des citoyens européens ont été défendus comme l’intégrité du marché intérieur.

Pour la première fois de l’histoire de leur relation avec le continent, les Britanniques n’ont pas pu diviser pour mieux régner.

Quelle que soit l’issue, « hard Brexit » ou « soft Brexit », les négociations sur la future relation devront s’assurer que le Royaume-Uni ne pourra tenter la carte du dumping règlementaire ou fiscal.

 

Le Brexit se voulait l’affirmation du renouveau de la puissance britannique libérée d’un soi-disant frein européen, la réalité est que l’économie du Royaume-Uni est déjà une des plus dynamiques du continent (2% en 2015, 1,9% en 2016) avec un taux de chômage proche de 4,8%. Mais c’est justement la très forte inégalité de la répartition de cette richesse créée et la précarité croissante des classes populaires qui ont fait le vote du Brexit.

A cela s’ajoute une nostalgie de la puissance victorienne, un retour au « Great Britain » puissance globale, avec un Royaume-Uni à l’avant-garde des négociations commerciales. Mais :

1) avec les indépendances relancées directement en Ecosse et la question irlandaise rouverte avec la présence d’une frontière sur l’île le Great Britain, la Grande-Bretagne, peut devenir Little England, petite Angleterre, avec des risques de tensions.

2) Difficile pour le Royaume-Uni de s’affirmer sur la scène commerciale, alors que tous ses partenaires ont annoncé publiquement qu’ils préfèrent négocier avec l’Union européenne que le Royaume-Uni (les négociations seront d’autant plus difficile que le Royaume-Uni n‘a plus de diplomatie commerciale). Le Japon précise qu’il n’offrira pas des termes aussi avantageux que le JEFTA, l’accord signé avec l’Union européenne, seuls les anciens « dominions » Australie, Nouvelle-Zélande, Canada se sont montrés ouverts. Même l’Amérique du Nord semble vouloir la jouer dure (leur dernier mouvement étant de vouloir sortir les Britanniques des négociations sur un pacte mondial des marchés publics en discussion à l’OMC).

Enfin les consommateurs britanniques qui étaient protégés par une Union européenne défendant le principe de précaution et des législations environnementales et sanitaires les plus protectrices au monde ne le seront plus. Seuls face aux Américains, pas sûr que les Britanniques puissent continuer d’interdire viandes aux hormones et OGM.

Sur le fond lorsque l’on compare les objectifs clamés (reprise du contrôle des lois, refus de la Cour européenne de justice) et les réalités (intégration des lois européennes et de la jurisprudence de la Cour européenne de justice, perte d’influence sur les futurs textes et standards européens qui s’imposeront par l’importance du marché unique), on assiste à la perte de la substance du pouvoir pour le mirage de la souveraineté (pour paraphraser un éditorial du Financial Times). De puissance faisant les règles européennes, le Royaume devient exécutant des futures règles.

Enfin on ne peut sortir le Brexit du débat de fond sur le futur de l’Union européenne, et noter une tragique ironie : ce qu’ont toujours demandé les conservateurs au Royaume-Uni, c’est à dire une Union européenne du business, de la concurrence au maximum et des protections réduites au minimum, la Commission européenne le fait. Au moment où le dogme ultra-libéral a triomphé sur le continent, le Royaume-Uni se retire d’un projet politique qu’il a lourdement influencé.

Partager cet article
Repost0
7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 08:44
Rwanda: un million de morts et une tache sur le drapeau français ( 6 avril 2019- Fabrice Arfi, Médiapart)
Rwanda: un million de morts et une tache sur le drapeau français
Par

Il y a vingt-cinq ans débutait à 6200 kilomètres de Paris, dans un confetti de l’Afrique équatoriale appelé Rwanda, le dernier génocide du XXe siècle. Il y a vingt-cinq ans, la France s’est compromise avec un régime génocidaire. Voici pourquoi.

 

Il y a vingt-cinq ans débutait à 6 200 kilomètres de Paris, dans un confetti de l’Afrique équatoriale appelé Rwanda, le dernier génocide du XXe siècle.

En latin, il existe une catégorie juridique pour qualifier un événement tellement horrible qu’il vaut mieux ne pas le nommer. Cela s’appelle le nefandum. Dans la nuit rwandaise, le nefandum peut tenir en deux chiffres : un million et cent.

Un million de morts en cent jours.

Entre avril et juillet 1994, un million de personnes, hommes, femmes et enfants, issus, pour l’immense majorité, de la minorité tutsie, ont été assassinées dans une fureur meurtrière collective qui a amené, outre les forces gouvernementales et les milices impliquées, des habitants à massacrer leurs propres voisins, parfois leurs propres familles.

Il y a vingt-cinq ans débutait à 6 200 kilomètres de Paris, dans un confetti de l’Afrique équatoriale appelé Rwanda, le dernier génocide du XXe siècle.

Depuis un quart de siècle, la France est engluée dans des accusations de compromissions multiples – d’ordre politique, diplomatique et militaire – avec le régime génocidaire.

Depuis un quart de siècle, des documents compromettants émergent et des façades se lézardent. Des militaires parlent. Des journalistes révèlent. Des chercheurs trouvent.

Mais depuis un quart de siècle, la France officielle est, elle, incapable de regarder cette histoire dans le miroir tendu à notre propre jugement.

Toute la tragédie rwandaise ne se résume pas, loin de là, au seul rôle de la France dans la région des Grands Lacs, mais rien des événements qui ont plongé une nation entière dans les ténèbres ne peut être compris en détournant le regard de celui-ci. Faute de quoi, l’histoire du génocide des Tutsis du Rwanda risque de faire une victime de plus : la vérité.

Le président de la République, Emmanuel Macron, vient d’envoyer un signal qui inquiète de nombreux observateurs en déclinant l’invitation de son homologue rwandais, Paul Kagame, de venir participer à Kigali aux commémorations du 25e anniversaire du génocide.

La raison invoquée pour justifier cette absence – une incompatibilité d’agenda – n’est pas vraiment de nature à rassurer. Car il faut bien nommer les choses : avancer un souci de calendrier pour sécher la commémoration d’un génocide a quelque chose de navrant, en plus d’entretenir la culture étatique du déni français face à ce passé qui ne passe pas.

Aucun membre du gouvernement ne sera non plus présent. La France a choisi pour la représenter d’envoyer un député de La République en marche, Hervé Berville, un orphelin tutsi adopté par une famille française après le génocide. L’Élysée veut y voir un symbole fort.

Mais dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, plus de 300 personnalités françaises perçoivent au contraire dans l’absence du président à Kigali une erreur, pour ne pas dire une faute. « Monsieur le Président, la France a rendez-vous avec l’Histoire », affirment les signataires, parmi lesquels se trouvent les époux Klarsfeld, l’ancien ministre Bernard Kouchner, le Prix Nobel de littérature Maria Vargas Llosa, ainsi que plusieurs historiens, journalistes et politiques français de renom, spécialistes ou non de la question rwandaise.

« Car le fait est établi : une politique de collaboration a été menée avant, pendant et après le génocide par une poignée de responsables placés au plus haut niveau de l’appareil d’État à la fin du second septennat de François Mitterrand », écrivent les signataires.

Ils ont raison.

Voici pourquoi.

 I. AVANT

Le Rwanda est un tout petit pays de l’Afrique de l’Est, bordé par l’Ouganda (au nord), le Burundi (au sud), le Congo (à l’ouest) et la Tanzanie (à l’est). Il est de coutume de dire que deux ethnies composent l’essentiel de la population rwandaise : les Hutus (ultramajoritaires) d’un côté et les Tutsis de l’autre. Les premiers seraient plutôt cultivateurs et les seconds éleveurs. Il s’agit en réalité, d’après de nombreux spécialistes, d’une codification ethnico-sociale très largement héritée de l’époque coloniale, d’abord allemande puis belge.

Le Rwanda est devenu indépendant en 1962. À intervalles réguliers, l’histoire du pays a été ensanglantée par des vagues de massacres perpétrés contre la minorité tutsie : en 1959 (la « Toussaint rouge »), en 1963, en 1973.

1973 est aussi l’année d’un coup d’État qui a porté un autocrate hutu à la tête du pays, Juvénal Habyarimana. L’homme est souvent présenté comme un esthète du double discours, entre besoin de satisfaction des extrémistes, qui composent une partie non négligeable de son entourage direct, et nécessité d’apaisement vis-à-vis de la communauté internationale, pour faire bonne figure.

 

Les massacres poussent de nombreux Tutsis à l’exode, essentiellement en Ouganda. On les appellera « les Tutsis de l’extérieur », dont un parti politique, le Front patriotique rwandais (FPR), créé en 1987, deviendra le porte-étendard – ainsi qu’une force militaire.

La France apporte, elle, un soutien sans faille au régime Habyarimana à la faveur d’un biais géopolitique qui sera largement responsable de l’aveuglement français quand le pire surviendra. Le FPR, soutenu par l’Ouganda, est alors vu par la France comme le bras armé des Anglo-saxons et surtout des Américains, qui viseraient par son intermédiaire à rogner l’influence française dans les Grands Lacs.

Un soutien inébranlable aux Forces armées rwandaises (FAR) du régime Habyarimana serait par conséquent la garantie d’un statu quo qui permettrait le maintien de la chasse gardée française dans la région. Dès lors, « la menace FPR » offre au régime hutu et à la France un ennemi commun : les Tutsis. À l’Élysée, il est même de bon ton de parler des Tutsis du FPR comme des « Khmers noirs », une expression qu’affectionne tout particulièrement, y compris dans des notes écrites, le chef d’état-major particulier de François Mitterrand, le général Christian Quesnot.

Cette vision des choses, très largement partagée au sein de l’armée et à l’Élysée, sera particulièrement accentuée après l’effondrement de l’Union soviétique et l’hégémonie américaine qui en découle mécaniquement.

Les résultats s’en font vite ressentir sur le front des opérations militaires. En 1990, une offensive du FPR au Rwanda est matée par le régime Habyarimana grâce au soutien de la France ; c’est l’opération Noroît. Les troupes françaises restent sur place et continuent de former les FAR.

Or, dans un télégramme diplomatique du 15 octobre 1990, l’ambassadeur de France à Kigali, Georges Martres, évoque, quatre ans avant qu’il ne survienne, la crainte d’un génocide : « Les Tutsis sont convaincus, écrit-il, que si la victoire du pouvoir actuel était totale, le départ des troupes françaises et belges aurait pour résultat d’aggraver la répression et les persécutions et conduirait à l’élimination totale des Tutsis. »

Un mois plus tard, en novembre 1990, un haut responsable militaire français en poste au Rwanda, le général Jean Varret, recueille de la bouche d’un proche du président Habyarimana, Pierre-Célestin Rwagafilita, alors chef d’état-major de la gendarmerie, une sinistre confidence : « On est en tête à tête, entre militaires, on va parler clairement… Je vous demande des armes, car je vais participer avec l'armée à la liquidation du problème. Le problème, il est très simple: les Tutsis ne sont pas très nombreux, on va les liquider ».

Averti à chaque fois par ce qu’on appellerait aujourd’hui des lanceurs d’alerte, Paris ne fait rien et continue de soutenir aveuglément le régime en place.

Et de fait, des massacres de Tutsis ont de nouveau lieu ; en 1990, 1991 et 1992. Ce n’est pas encore le génocide, mais son prélude.

En 1993, la collaboration française avec le régime rwandais connaît son paroxysme quand un militaire, le colonel Didier Tauzin, va prendre de fait le contrôle de l’armée rwandaise pour empêcher une nouvelle percée du FPR, qui avait lancé une offensive pour mettre fin aux massacres de Tutsis commis dans les préfectures de Gisenyi et Kibuye. C’est l’opération Chimère. Le nom de code est bien choisi ; une chimère est une idée sans rapport avec la réalité.

Car la réalité, à ce moment-là, a le goût d’une tragédie programmée et qui s’accélère. Le 24 janvier 1993, au journal télévisé de France 2, Jean Carbonare, le fondateur de l’association Survie et membre d’une délégation de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) qui revient d’une mission au Rwanda, donne l’alerte devant des millions de téléspectateurs. « On a parlé d’affrontements ethniques, mais nous avons pu vérifier qu’il s’agit d’une politique organisée, il y a une mécanique qui se met en route. On parle de purification ethnique, de génocide, de crimes contre l’humanité […] Notre pays, qui supporte financièrement et militairement ce système, a une responsabilité », affirme Jean Carbonare, avant de reprendre, la voix étranglée de sanglots face à Bruno Masure qui l’interroge : « Nous devons faire quelque chose pour que cette situation change parce qu’on peut la changer. »

 

Quelques années plus tard, confronté à cette séquence sur le plateau de l’émission Arrêt sur images, le secrétaire général de l’Élysée au moment des faits, Hubert Védrine, dira : « Ce pseudo-avertissement sur le génocide, c’est une présentation comme ça, pour ameuter le chaland. » La morgue avec laquelle une telle phrase peut être lâchée, quatre ans après l’anéantissement d’un million de personnes, en dit long, rétrospectivement, sur l’état d’esprit qui habitait alors le sommet de l’État français, la présidence de la République au premier chef.

Tous les signaux ont été ignorés. Tous.

Et quand, sur un terrain purement diplomatique et géopolitique, la Délégation des affaires stratégiques (DAS) du ministère de la défense réclame, dans une note « confidentiel défense » du 10 avril 1993, un changement radical dans la politique française au Rwanda, c’est le même silence assourdissant qui accueille la demande.

« Le régime en place [au Rwanda] n’est pas plus représentatif que le FPR », peut-on lire dans ce document, qui précise que « notre maintien peut être interprété comme une garantie offerte aux dictateurs ». Rétrospectivement, l’auteur de la note, Pierre Conesa, confiera au Monde : « Rien ne justifiait qu’on tienne le régime Habyarimana à bout de bras. » C’est pourtant ce qui fut fait.

L’apathie de la France face à la tragédie annoncée fut aussi celle de la communauté internationale dans son ensemble et, plus particulièrement, de l’Organisation des Nations unies (ONU). Un épisode résume à lui seul cette situation, quand, le 11 janvier 1994, l’un des représentants de l’ONU au Rwanda, le général canadien Roméo Dallaire, envoie un télégramme alarmiste dans lequel il évoque l’existence d’un plan d’extermination des Tutsis. Précision macabre : le rapport du militaire, qui repose sur les confidences d’un extrémiste Hutu repenti, parle d’une capacité meurtrière permettant de tuer mille Tutsis toutes les vingt minutes.

Conséquence ? Aucune. Il ne se passera rien, strictement rien, comme le montre de manière implacable le film Retour à Kigali, du documentariste Jean-Christophe Klotz, qui sera diffusé le 25 avril prochain sur France 3.

 II. PENDANT

Depuis longtemps, le génocide des Tutsis du Rwanda existait dans les têtes avant d’être perpétré dans les faits – des journaux comme Kangura ou la funeste radio des Mille Collines ont déversé pendant des années une propagande criminelle appelant à l’extermination des Tutsis, réduits à l’état d’« insectes » à éliminer. Le génocide était également financé et armé, en machettes notamment, de longue date. Mais il a bien fallu une étincelle pour le déclencher. Le moment qui fera qu’il y aura un avant et un après.

Celui-ci a pris la forme d’un missile qui, le 6 avril 1994, a déchiré le ciel de Kigali et abattu, aux alentours de 20 h 25, le petit avion qui transportait à son bord le président Juvénal Habyarimana et son homologue du Burundi. Le chef de l’État rwandais revenait de Tanzanie où il venait de conclure, la mort dans l’âme, un accord politique avec les rebelles du FPR contre l’avis de la frange la plus radicale du Hutu Power, mouvement extrémiste ultranationaliste.

Dans les minutes qui ont suivi l’attentat, les massacres de masse contre les Tutsis, annoncés depuis si longtemps, ont débuté.

Qui a tiré ? Cette question hante depuis vingt-cinq ans la discussion publique autour de l’attentat du 6 avril. Deux thèses s’affrontent : l’une évoque la responsabilité du FPR tandis que l’autre avance celle des extrémistes hutus.

Dans le doute, l’Élysée privilégie aveuglément la première, parce que c’est elle qui est le plus en phase avec sa politique passée et présente. Le chef d’état-major particulier de Mitterrand va même jusqu’à défendre l’idée, dans une note datée du 29 avril 1994, que le FPR a provoqué le massacre de sa propre ethnie dans l’espoir de prendre le pouvoir à la faveur d’une guerre civile dont il sortirait vainqueur, fût-ce au prix du sang des siens. « C’était exactement ce que voulait le FPR, car le président Habyarimana constituait le seul véritable obstacle à sa prise de pouvoir », écrit ainsi le général Quesnot.

Sur place, dans les heures et jours qui suivent l’attentat, les forces armées françaises déploient plus d’énergie à retrouver les boîtes noires de l’avion abattu plutôt que les terroristes qui ont tiré. Pourquoi ?

Politiquement, l’attentat ne change rien. La France maintient son soutien total au régime. C’est si vrai que le gouvernement intérimaire – en réalité, le gouvernement génocidaire – va se former, le 8 avril, dans les locaux mêmes de l’ambassade de France à Kigali. Et le 27 avril, l’Élysée et Matignon accueillent à Paris une délégation du gouvernement génocidaire, parmi laquelle se trouve un certain Jean Bosco Barayagwiza, membre du parti extrémiste CDR et futur condamné à 35 ans de prison pour sa participation au génocide des Tutsis.

Seulement voilà, ainsi que Mediapart et Radio France l’ont déjà rapporté, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) écrit, dès le 22 septembre 1994, dans une note « confidentiel défense » que la piste d’un attentat commis contre le président Habyarimana par la frange hutue la plus radicale du régime est l’ « hypothèse la plus plausible ». Le colonel Théoneste Bagosora, ancien directeur du cabinet du ministre de la défense et proche de la veuve Habyarimana, est pointé du doigt par les services secrets français comme étant l’un des commanditaires de l’attaque – il a été condamné à 35 ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda pour avoir été l’architecte du génocide et purge sa peine au Mali.

Cette note, comme de nombreuses autres de la DGSE, qui a été d’une clairvoyance totale dans la tragédie rwandaise, est méprisée par l’Élysée. Comme si tout ce qui ne cadre pas avec la ligne politique de la présidence n’existait pas.

Depuis, l’hypothèse d’un attentat commis par les Hutus extrémistes a été renforcée, non seulement par plusieurs notes de services étrangers (belges ou américains), mais aussi par une longue instruction judiciaire française qui a fait litière de l’accusation portée contre le FPR. L’enquête a établi, expertises à l’appui, que la « zone de tir la plus probable » d’où sont partis les missiles se situait sur le « site de Kanombe », soit le quartier général de la garde présidentielle.

Le 10 juin 1994, pendant que Tutsis et Hutus modérés se faisaient méthodiquement assassiner à l’autre bout du monde, le président François Mitterrand donnait un discours saisissant, mais saisissant de cynisme avec le recul, à Oradour-sur-Glane, cinquante ans après le massacre commis par les nazis dans ce petit village de la Haute-Vienne. « Et lorsque nous essayons à travers le monde et d'abord en Europe, de construire une nouvelle amitié, entre des peuples qui se sont déchirés, ce n’est pas simplement pour faire la part du rêve, c'est aussi et surtout, parce que nous ne voulons pas que cela recommence et qu’il appartient aux générations prochaines de bâtir un monde où les Oradour ne seront plus possibles », affirmait, solennel, le chef de l’État français.

 

Le Rwanda, au même moment, c’est en réalité quinze Oradour quotidiens, et ce, pendant trois mois et dix jours. Les deux tiers des victimes ont trouvé la mort dans les cinq premières semaines.

Dès les premiers jours du génocide, Bernard Kouchner se rend sur place et essaye d’alerter l’Élysée de l’urgence d’une intervention. « François Mitterrand m’a répondu: Kouchner, vous exagérez, allons, je vous connais, vous exagérez” », rapportera l’ancien ministre à La Croix des années plus tard.

Tandis que Médecin sans frontières lance, le 17 juin, un appel pour une intervention au Rwanda — « On n’arrête pas un génocide avec des médecins » –, l’ONU donne mandat, enfin, à une opération militaire pilotée par la France, baptisée Turquoise, « pour mettre fin aux massacres partout où cela sera possible, éventuellement en utilisant la force ».

Officiellement opération « humanitaire », qui, indéniablement, a permis de sauver des vies, Turquoise alimente par ailleurs depuis vingt-cinq ans une vive polémique au sein de l’armée sur son rôle caché : protéger la fuite du régime hutu en déroute, donc des génocidaires, et le réarmer dans la perspective éventuelle de reprendre le pouvoir face au FPR, mené militairement par Paul Kagame, l’actuel président rwandais, qui ne cesse de gagner des positions.

Cette thèse est soutenue par plusieurs militaires ayant participé à la force Turquoise, dont le lieutenant-colonel Guillaume Ancel, qui a raconté son expérience dans un livre important, Rwanda, la fin du silence (Les Belles Lettres, 2018). Dans cet ouvrage, le militaire raconte notamment avoir personnellement assisté à des livraisons d’armes de la France au profit des génocidaires. Livraisons que finira par reconnaître, en 2014, devant l’Assemblée nationale, Hubert Védrine, tout en affirmant que c’était « sans rapport avec le génocide ».

La justice française enquête aujourd’hui sur d’autres livraisons d’armes, pilotée par le génocidaire Théoneste Bagosora (le responsable de l’attentat du 6 avril, selon la DGSE), financée par une banque française, la BNP.

Pour beaucoup de spécialistes, historiens ou journalistes, Turquoise, c’est l’image d’une France aux deux visages au Rwanda. À l’Élysée, le principal promoteur de cette stratégie du double discours est le général Quesnot, qui écrivait, dès le 6 mai 1994, dans une note adressée au président de la République : « À défaut de l'emploi d’une stratégie directe dans la région qui peut apparaître politiquement difficile à mettre en œuvre, nous disposons des moyens et des relais d'une stratégie indirecte qui pourraient rétablir un certain équilibre ». La note est « signalée » par Hubert Védrine et « vue » par François Mitterrand.

Il est aujourd’hui certain que l’armée française a laissé s’enfuir, sans les arrêter, des génocidaires connus comme génocidaires, ainsi que l’a encore prouvé récemment un reportage de la chaîne France 24.

Interrogés, les responsables français de l’époque, Hubert Védrine à l’Élysée ou l’amiral Jacques Lanxade, alors chef d’état major des armées, apportent toujours la même réponse : le mandat de l’ONU ne prévoyait pas spécifiquement l’arrestation des génocidaires. C’est vrai, pas en ces termes. Mais il réclamait sans équivoque la fin des massacres et comment penser raisonnablement que cela ne puisse pas passer par l’appréhension de ceux qui les commettent, les orchestrent ou les incitent ?

S’il ne devait y avoir qu’un exemple de l’ambiguïté de Turquoise, il tient en un mot : Bisesero. Les collines de Bisesero, à l’ouest du Rwanda, ont été le théâtre d’un spectaculaire fiasco de l’armée française, dont des officiers ont découvert le 27 juin 1994 des survivants tutsis de massacres réclamant une intervention d’urgence pour mettre fin aux atrocités en cours.

Quand elles sont découvertes, les victimes sont dans un état de décharnement et de mutilation extrêmes. Les militaires français qui les trouvent leur promettent de revenir au plus vite, mais leur hiérarchie refuse, comme plusieurs officiers en témoigneront devant des juges français. Une vidéo révélée par Mediapart le prouve également.

Il faudra trois jours au Commandement des opérations spéciales (COS) de Turquoise pour intervenir enfin, acculé. En somme : l'armée française n'avait qu’une chose à faire – sauver des vies, comme le lui imposait le mandat de l'ONU – mais a refusé en connaissance de cause.

Entre-temps, un millier de Tutsis ont été éliminés.

Cette inaction coupable est-elle la preuve de la participation active de l'armée au génocide ? Juridiquement, la question est épineuse. Plusieurs responsables de Turquoise ont été placés par la justice dans ce dossier sous le statut de témoins assistés pour « complicité de génocide » et « complicité de crimes contre l’humanité » – c’est-à-dire qu’ils ne sont pas extérieurs au crime reproché, mais pas suffisamment impliqués non plus pour être mis en examen.

Tout laisse à penser que l’instruction va se clore par un non-lieu, même si de nombreuses parties civiles, survivants ou associations (Ibuka, Survie, la Licra), dénoncent une instruction qui n’a pas procédé à toutes les auditions nécessaires à la manifestation de la vérité.

Mais regarder le rôle de la France au Rwanda sous le seul angle judiciaire ne peut être exclusif, si l’on considère que l’absence de faute pénale formellement établie ne signifie pas pour autant l’absence de faute politique, militaire et morale.

III. APRÈS

Paris, le 23 novembre 1996. François Mitterrand est mort, Jacques Chirac est à l’Élysée et Hubert Védrine publie dans Le Point une tribune dont le titre parle de lui-même : « Hutus et Tutsis : à chacun son pays ».

Ainsi, deux ans après un génocide qui a provoqué la disparition d’un million d’êtres humains, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République persiste et signe dans une vision purement ethniciste d’un pays, dont il reconnaît volontiers ne pas être un spécialiste. Cette même vision qui a permis de faire le lit pendant des décennies d’une haine qui a abouti au crime des crimes, comme si la mixité n’existait pas au Rwanda, comme si le métissage entre Hutus et Tutsis n’était pas une réalité, comme si chacun était l’otage d’une origine.

Cette tribune n’est rien en soi, mais elle dit tout du déni qui va paralyser l’attitude des plus hautes autorités françaises face au drame rwandais : la France n’a rien à voir là-dedans.

Depuis vingt-cinq ans, l’ère du verrou semble régner. Souvent interviewé à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du génocide, Hubert Védrine continue d’accuser le FPR d’être en quelque sorte à l’origine du génocide. « Il n’y aurait jamais eu de génocide, il n’y aurait jamais eu la grande guerre civile ni le génocide si Kagame n’avait pas été déterminé à reprendre le pouvoir à n’importe quel prix […] Les attaques de Kagame sont le fait déclencheur », assurait-il il y a encore quelques semaines à un journaliste, Michael Sztanke, auteur d’un documentaire pour France 24, Rwanda, chronique d’un génocide annoncé.

 

Comme Védrine, Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères du gouvernement Balladur au moment du génocide (aujourd’hui au Conseil constitutionnel), pense que parler de la responsabilité de la France dans les événements de 1994 relèverait de « l’une des plus belles opérations de falsification historique ». C’est ce qu’il a confié au journaliste de La Croix Laurent Larcher, auteur de Rwanda, ils parlent (Seuil), un livre saisissant, qui restitue la parole brute et la vérité nue de nombreux acteurs de cette période. « Le fond de ma pensée, poursuit Juppé, c’est qu’en réalité Kagame, avec le soutien de l’Ouganda, et puis certains autres soutiens, était décidé à prendre le pouvoir quoi qu’il arrive. » Tout est dans le « quoi qu’il arrive ». Comprendre : même s’il fallait en passer par un génocide.

L’actuel patron du Parti socialiste, Olivier Faure, ne dépareille pas. Refusant de signer la lettre ouverte à Macron évoquée au début de cet article, il a écrit le 15 mars dernier à l’un des promoteurs de cette initiative, Benjamin Abtan, pour lui expliquer qu’il ne peut accoler son nom à un tel texte parce que celui-ci « exclut la complicité d’acteurs depuis lors au pouvoir et qui précisément instrumentalisent le génocide pour consolider leur dictature ».

Le fait que Paul Kagame règne aujourd’hui au Rwanda au prix de dérives autoritaires – nul ne le conteste ici – ne devrait pas permettre pour autant une analyse anachronique de ce qu’il s’est passé il y a vingt-cinq ans. Non, les victimes ne sont pas les coupables.

Comme l’écrit Laurent Larcher à la fin de son ouvrage au sujet de tous les responsables politiques et militaires français qui ont failli face à la tragédie rwandaise : « Ils savaient mieux que les Rwandais ce qui convenait. Ils ont échoué, mais ne l’admettent pas […] Ces hommes sont intervenus comme des apprentis sorciers. […] C’est ça le scandale de la décision politique : l’incapacité à se remettre en question, l’incapacité à accueillir des paroles qui contredisent le tableau général. »

Nicolas Sarkozy fut le seul président de la République à faire des concessions à la vérité en reconnaissant, en 2010, que la France avait commis de « graves erreurs d'appréciation, une forme d'aveuglement » sur la question du génocide au Rwanda, tout en refusant toute demande de pardon.

L’enjeu est donc grand aujourd’hui, qui pèse sur les épaules du président Macron. Tout en créant la polémique en refusant de se rendre à Kigali pour les commémorations du génocide, il a promis d’ouvrir l’intégralité des archives françaises, dont beaucoup sont encore cadenassées, afin qu’une commission ad hoc, présidée par l’historien Vincent Duclert, mais de laquelle ont été écartés deux spécialistes de renom (Hélène Dumas et Stéphane Audoin-Rouzeau), puisse y accéder.

L’avenir dira si c’est vrai.

La seule chose certaine en la matière a été écrite il y a déjà bien longtemps, en 1815, par Benjamin Constant : « On ne conjure point les dangers en les dérobant aux regards. Ils s’augmentent au contraire de la nuit dont on les entoure. »

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011