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21 avril 2021 3 21 /04 /avril /2021 18:30
Quand Roland Weyl était candidat aux législatives à Morlaix avec Alphonse Penven en 1973
 
Roland Weyl, avocat communiste, ancien résistant, militant de la paix et anticolonialiste, disparu hier à 102 ans, était le suppléant d'Alphonse Penven dans la circonscription de Morlaix-Huelgoat (16,75%; 5381 voix). Une élection remportée au second tour par Pierre Lelong, sortant UDR, face à Marie Jacq (PS), avec 49,85%.
 
Il avait une maison à Terenez, à Plougasnou.
 
La même année, il avait animé une conférence-débat à la fac de Brest dans un amphithéâtre archi-comble à l'initiative de l'UEC, introduite par Michel Lespagnol qui m'a raconté cette anecdote aujourd'hui...
 
Disparition. Roland Weyl, une robe pour mille combats
Mercredi 21 Avril 2021 - L'Humanité

Le grand avocat communiste est décédé mardi matin, à Paris, à l’âge de 102 ans, après une vie foisonnante à défendre les causes justes.

 

Il venait d’avoir 102 années. Toujours actif et alerte jusqu’à ces huit derniers mois. Gagné par la fatigue et la lassitude, Roland Weyl nous a quittés mardi matin. À 100 ans, cela faisait 80 ans qu’il tenait la barre. L’avocat fait partie d’une lignée entière d’hommes et de femmes de loi, sur quatre générations, depuis le grand-père juge de paix jusqu’à ses enfants, avocats. Chez Roland Weyl, la profession se confond avec l’engagement. Il a exercé son métier, aussi assidûment que passionnément. Une vocation et un combat.

Né le 18 mars 1919 à Paris, il finit son droit en 1939, mais, en raison de sa judéité, il ne peut exercer qu’à la Libération. Il commence à militer au mouvement des auberges de jeunesse à Lyon, puis, en 1946, il adhère au PCF, qui lui apparaît alors comme « le seul outil d’action pour un changement de société ». Il rejoint, dès lors, tous azimuts, plusieurs organisations, dont les incontournables Secours populaire français et Mouvement de la paix. La même année, Roland Weyl cofonde l’Association internationale des juristes démocrates (AIJD), dont il est le premier vice-président. Très vite, sa fibre communiste et internationaliste se traduit par des actions en faveur des causes anticoloniales, pour la paix, le désarmement et les droits humains.

En 1951, il est au côté des militants qui avaient déchargé un train d’armes en partance pour le Vietnam. Dès 1957, rapporte l’universitaire Vanessa Codaccioni dans la note qu’elle lui consacre dans le Maitron, il est l’un des avocats de « l’affaire Speidel », du nom des inculpations qui touchent de jeunes communistes, fils de fusillés, ayant refusé de servir sous les ordres du général allemand Hans Speidel, nommé en avril 1957 à la tête de l’Otan. Il obtint un non-lieu. Il fut aussi un ardent défenseur de la cause indépendantiste algérienne. Il prit part, avec une trentaine d’autres avocates et avocats – dont Gisèle Halimi –, au pont aérien avec l’Algérie, organisé par le Secours populaire pour aller défendre les militants algériens opprimés. Il se trouvait à Alger, en juin 1957, au moment de l’arrestation d’Henri Alleg et de l’enlèvement de Maurice Audin. Il en laisse un témoignage poignant dans son livre Mon vécu d’Algérie. Plus récemment, du 15 au 19 février 2010, c’est lui que l’AIJD a choisi pour la représenter dans une mission d’information auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, en Tanzanie.

Infatigable dans sa quête de paix et de justice, ce passeur de savoirs a dirigé la Revue de droit contemporain de 1954 à 1991, il a été l’un des animateurs du Centre d’études de recherches marxistes et du comité de rédaction de la revue Nouvelle critique. Roland Weyl a publié de nombreux ouvrages de référence pour les étudiants et les juristes, la plupart coécrits avec son épouse, Monique Picard-Weyl, rencontrée au barreau en 1948. Après son décès en 2009, au terme de 60 années de vie et de combats communs, Roland Weyl nous confiait lui « survivre difficilement ».

Pourtant, il a continué à aller de l’avant. Fidèle à ses convictions et toujours prompt à défendre avec un talent rare, les exclus du droit au logement, les syndicalistes réprimés, les victimes de violences et d’injustice, la liberté d’expression ou la cause palestinienne. En 2017, il décrochait encore une victoire en faveur du maire de Stains (Seine-Saint-Denis), assigné en justice pour une banderole en soutien au militant palestinien Salah Hamouri. « Il est d’une grande inventivité pour faire triompher le droit contre la loi du plus fort », résumait alors Azzedine Taïbi, l’édile communiste de la ville.

Lorsque nous avions rencontré Roland Weyl à son cabinet parisien, rue du Temple, en juin 2017, pour une interview pour l’Humanité Dimanche, Roland Weyl était en pleine forme. Élégant, pétillant, une mémoire infaillible. Et intarissable d’anecdotes sur son incroyable parcours, et de commentaires éclairants sur l’actualité et l’état du monde. Son esprit de révolte intact. Point de résignation chez lui. « La corruption de la pensée publique, le désarmement citoyen, c’est le commun dénominateur de la destruction de l’essentiel des clés de l’avenir », analysait-il, ajoutant : «Notre boulot est de redonner espoir et de conquérir le pouvoir citoyen » ( l’Humanité Dimanche du 8 juin 2017).

Avec sa disparition, notre journal perd un soutien précieux et indéfectible. Roland Weyl le nourrissait de réflexions et d’analyses pertinentes : « Comment revitaliser la démocratie » ; « La gauche et le monde ont besoin d’idées novatrices » ; « Pourquoi défendre la Charte de l’Onu et le multilatéralisme » etc. De mille manières Roland Weyl s’est attaché à défendre l’Humanité. Lorsqu’elle fut interdite, ou censurée, pendant les guerres d’Algérie ou du Vietnam, en la vendant les dimanches au coin des rues. Tous les jours, Roland Weyl se rendait à son cabinet en métro. Il lisait l’Humanité et laissait son exemplaire sur un siège : « Ça fait partie de la bataille », nous confiait-il, l’œil malicieux.

Roland Weyl sera inhumé la semaine prochaine (1) au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, auprès de son épouse Monique. « Avocat communiste engagé pour la paix et la liberté », en guise d’épitaphe.  L’Humanité présente à ses enfants France, Danielle et Frédérick, ses condoléances les plus attristées.

 
 
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10 mars 2021 3 10 /03 /mars /2021 12:53
Résistant finistérien communiste de région parisienne - René Le Gall, fusillé le 7 mars 1942 à Clairvaux
Résistant finistérien communiste de région parisienne - René Le Gall, fusillé le 7 mars 1942 à Clairvaux

René Le Gall est  fusillé le 7 mars 42 à Clairvaux, le même jour que Pierre Semard.

Chaque 7 mars,  les communistes du 13e et l'UL CGT  avec la section d'entreprise du PCF et syndicats des cheminots le matin à 11h30 commémorait la mémoire de Pierre SEMARD et le soir à 17h00 liaient son assassinat à celui de René LE GALL (d'autant que les deux ont été candidats et élus de l'arrondissement) en fleurissant soit le monument soit la plaque au square.

Durant l'occupation, comme pour Pierre Semard, sa mémoire sera honorée chaque année par ses camarades durant toute l'occupation avec des débrayages (risquant pour cela la peine de mort) et manifestations  sur les chantiers en Région Parisienne.

Ce 27 mai, même si nous ne pourrons pas occuper le square qui porte son nom comme nous l'espérions pour la Journée Nationale de la Résistance, Il va être au centre de la Journée Nationale de la Résistance 2021 dans le 13e de Paris.

Guy Hervy

René Le Gall -

(sa notice dans le Maitron)

 

Né le 13 janvier 1899 à Edern (Finistère), fusillé comme otage le 7 mars 1942 à Clairvaux (Aube) ; ouvrier terrassier ; secrétaire de la Fédération CGTU du Bâtiment (1933-1935) ; conseiller municipal communiste de Paris (XIIIe arr.).

 

Fils d’Alain Le Gall, cultivateur, et d’Isabelle Toulhoat, ménagère, René Le Gall, venu de sa Bretagne natale pour travailler comme ouvrier terrassier dans les chantiers de Paris dès 1921, adhéra aussitôt au syndicat général des ouvriers terrassiers et y resta après l’adhésion à la CGTU. Son rôle fut particulièrement important en 1925 lorsqu’il se prononça contre le passage à l’autonomie préconisé par les éléments anarcho-syndicalistes particulièrement influents dans cette corporation.

Suivi par la majorité des adhérents parisiens, il devint délégué permanent appointé. Auguste Lemasson, qui fit sa connaissance cette même année, affirme que ses camarades de travail « appréciaient sa détermination car il payait toujours de sa personne, il avait une constitution et une santé robuste qu’il ne ménageait pas ».

Son courage physique, conforme à la tradition du syndicalisme du Bâtiment, lui valut d’être condamné à deux mois de prison avec sursis, en août 1925, pour coups et violence, et à nouveau à la même peine, en octobre 1926, pour entraves à la liberté du travail. Ce n’était que le début d’une longue série d’interpellations pour sa participation musclée à des conflits sociaux. Son arrestation en juillet 1929 provoqua une intense mobilisation : « Des milliers de travailleurs employés aux chantiers des grands boulevards quittèrent le travail et manifestèrent dans la rue pour exiger sa libération qui ne tarda pas » (témoignage de Lemasson).
Membre du Parti communiste depuis 1926, Le Gall continua à se consacrer essentiellement au syndicalisme. Secrétaire adjoint du syndicat national en 1926, trésorier en 1928, il en devint secrétaire général en 1929 et fut réélu à plusieurs reprises. Le Gall eut également des responsabilités confédérales, particulièrement comme membre de la commission exécutive de la CGTU de 1929 à 1935. Il représenta à ce titre la CGTU au conseil d’administration de l’Humanité.
Il affronta pour la première fois le suffrage universel lors des élections municipales de mai 1935 dans le quartier Croulebarbe (XIIIe arr.) où il habitait depuis 1923. Il fut élu au second tour avec 1 643 grâce au désistement du socialiste SFIO Henri Vergnolle. C’est sur sa proposition qu’un grand jardin dépendant de la Manufacture des Gobelins devint un square public qui, après la Libération, prit son nom. Il fut vice-président de la commission du métropolitain et vice-président du conseil général (1937-1938).
Présenté comme fondateur des Bretons émancipés, il était président d’Honneur de la section du XIIIe arrondissement.
Responsable à l’organisation de la Région communiste Paris-Ville en 1938, il fut chargé en octobre 1939 de mettre à l’abri la caisse de la Fédération CGT du Bâtiment. La police l’arrêta le 15 novembre 1939 alors qu’il dirigeait un centre clandestin d’impression du Parti communiste. Il fut déchu de son mandat municipal le 21 janvier 1940 et condamné, le 14 mai 1940, par le 3e tribunal militaire de Paris, à cinq ans de prison, 5 000 francs d’amende et cinq ans d’interdiction de ses droits civils et politiques pour infraction au décret interdisant le Parti communiste français. Emprisonné à Bourges (Cher) (15 novembre 1939-11 juillet 1941) puis à Clairvaux (Aube) (11 juillet 1941-7 mars 1942), il y a été fusillé comme otage le 7 mars 1942, suite aux attentats de Dijon des 28 décembre 1941 et 10 janvier 1942. Les témoignages des détenus attestent qu’il fit preuve jusqu’aux derniers instants du courage qui avait marqué sa vie militante. Son corps repose au cimetière du Père-Lachaise près du Mur des Fédérés aux côtés de ceux des autres élus communistes parisiens fusillés.
Il fut en effet un des six conseillers municipaux et conseillers généraux de la Seine à être fusillé avec Jules AuffretCorentin CariouLéon FrotMaurice GardetteJean Grandel.
René Le Gall laissait une veuve, Marie-Louise, cultivatrice puis ouvrière confiseuse, née le 12 juin 1900 à Edern (Finistère), épousée le 16 janvier 1923 à Edern. Leur seul enfant, né en 1926, n’avait pas survécu
.

Roseraie du square René Le Gall dans le 13 e arrondissement de Paris

Roseraie du square René Le Gall dans le 13 e arrondissement de Paris

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30 décembre 2020 3 30 /12 /décembre /2020 19:37
Décès de Paul Le Gall, ancien secrétaire départemental du PCF dans le Finistère pendant 23 ans, membre du comité central du PCF pendant 18 ans, ancien résistant FTP à Concarneau.
 
Nous sommes très attristés aujourd'hui d'apprendre avec un coup de téléphone de Christian Collimard le décès ce matin d'un grand militant et dirigeant historique du parti communiste finistérien et breton: Paul Le Gall, qui est parti ce matin à l'âge de 95 ans après plusieurs jours d'hospitalisation.
Adhérant au PCF à la Libération, Paul Le Gall a succédé a son ami et camarade Pierre Le Rose comme secrétaire départemental du PCF en 1956.
Il a été secrétaire de la fédération jusqu'en 1979 et membre du comité central du PCF de 1964 à 1982. Élu local pendant plusieurs années aussi à Concarneau.
Il fut résistant FTPF à Concarneau dès 1943, à 18 ans. Il participa aux combats de la libération de la poche de Lorient en septembre 1944.
Il quitta le parti au moment d'une grave crise interne dans le Finistère en 1987.
Mais il a tout dernièrement repris sa carte au PCF - il y a 3 ans, en décembre 2017 - 30 ans après son départ, symbole de l'attachement qui l'animait pour le communisme et son avenir, lui qui est décédé le jour même du centenaire du parti communiste, tout un symbole.
J'ai eu l'occasion de le rencontrer et de me familiariser avec sa malice, sa gentillesse et sa culture politique impressionnante a l'occasion de fêtes du parti à Fouesnant.
Adieu Paul.
Nous pensons fort à tous ceux que tu laisses en chemin, ton épouse Marie-Annick, ta fille, toute ta famille et tes proches.
Nous avons pour ton engagement très fort au service de nos idéaux communs une très grande reconnaissance. Salut à toi camarade!!! Soyons dignes de votre volontarisme et de votre dévouement.
 
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère 
30 décembre 2020
Décès de Paul Le Gall (né en 1925), ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et Sud-Finistère, ancien membre du Comité central du PCF, ancien résistant
Décès de Paul Le Gall (né en 1925), ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et Sud-Finistère, ancien membre du Comité central du PCF, ancien résistant
Décès de Paul Le Gall (né en 1925), ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et Sud-Finistère, ancien membre du Comité central du PCF, ancien résistant
Décès de Paul Le Gall (né en 1925), ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et Sud-Finistère, ancien membre du Comité central du PCF, ancien résistant
Décès de Paul Le Gall (né en 1925), ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et Sud-Finistère, ancien membre du Comité central du PCF, ancien résistant
Paul Le Gall entouré de résistances bigoudènes et de Rol-Tanguy, Alain Signor et Pierre Le Rose

Paul Le Gall entouré de résistances bigoudènes et de Rol-Tanguy, Alain Signor et Pierre Le Rose

Section PCF de Beuzec-Conq près de Concarneau où militait le père de Paul Le Gall (Archives Pierre Le Rose)

Section PCF de Beuzec-Conq près de Concarneau où militait le père de Paul Le Gall (Archives Pierre Le Rose)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

45/ Paul Le Gall (né en 1925)

Né le 19 août 1925 à Beuzec-Conq (Finistère) ; artisan maçon ; militant communiste, secrétaire de la fédération PCF du Finistère (1956-1971), membre du comité central du PCF (1964-1982) ; conseiller municipal de Concarneau (Finistère) (1953-1959 puis 1989-2001).

Paul Le Gall naquit à Beuzec-Conq, aujourd’hui intégré à Concarneau, dont le maire et conseiller général Paul Guéguin était communiste avant la guerre.
Son père Yves Le Gall, également appelé Jean, ouvrier du bâtiment, fut licencié dans les années 1920 pour faits de grève. Il s’installa ensuite à son compte. Militant communiste depuis 1922, lecteur de l’Humanité, il fut adjoint au maire de la commune de Beuzec-Conq (1935-1939). Il épousa Marie Le Gall, ménagère, sympathisante communiste. Le couple eut six enfants. À la Libération, les cinq garçons furent membres du PCF, la fille était sympathisante.

Paul Le Gall, après avoir fait ses études à l’école communale, fréquenta le cours complémentaire pendant deux années. À quatorze ans, au début de la guerre, il accompagna son père sur les chantiers.

À l’automne 1943, Paul Le Gall entra dans les FTP du secteur de Concarneau, effectuant des liaisons avec son père qui était également engagé dans la Résistance. Après avoir pris part à la libération de Concarneau au sein de la milice patriotique, devenue 7e compagnie FTPF, il adhéra aux jeunesses communistes. Il participa à partir de septembre 1944 aux combats sur le Front de Lorient au sein de la 2e compagnie du 2e bataillon de marche du Finistère au sein de laquelle s’était constitué un groupe de jeunesses communistes composé de soixante-dix adhérents dont il devint le secrétaire. Après la capitulation du 8 mai 1945, il resta sous les drapeaux à fin de surveiller les prisonniers allemands jusqu’en novembre 1945. Revenu à la vie civile, il reprit son travail de maçon cimentier avec son père.

En 1946, Paul Le Gall dirigeait le cercle de l’UJRF (Union de la jeunesse républicaine de France) de la ville. Adhérant au PCF en janvier 1947, il devint l’année suivante secrétaire à la propagande au sein de la section de Concarneau. Il suivit l’école élémentaire organisée par la section communiste en janvier 1948. Il fut élu secrétaire de la section du PCF de Concarneau au début des années 50, remplaçant Joseph Le Peux, employé de mairie, devenu correspondant du quotidien Ouest-Matin. Il était entouré de Joseph Gaonach, membre du comité de section et de Robert Le Pape*, membre du comité fédéral.

Il intégra le comité de la fédération du PCF du Finistère en 1952, devenant, dès 1954, membre de la commission de contrôle financier. Il était très actif au sein des associations proches du PCF comme les Anciens combattants FTP et France-URSS. Il militait aussi à l’Amicale laïque et au sein des Artisans du Finistère

En 1955, Paul Fabbri, membre du comité central, le présentait comme « un camarade capable, intelligent, faisant preuve d’un sens de synthèse très élevé et ne s’embarrassant pas de grands discours ».

Paul Le Gall qui habitait Concarneau, fut sollicité pour animer la fédération dont le siège se tenait à Brest. Lors de la XVIIIe conférence du comité fédéral du 13 mai 1956, il devint, à trente-et-un ans, le premier secrétaire fédéral du PCF du Finistère.

Paul Le Gall était un homme nouveau qui incarnait sans doute une volonté de changement politique sous l’impulsion de Marcel Servin qui suivait désormais la fédération du Finistère. Il était plus à même de pratiquer l’ouverture en direction de la SFIO puis du PSU notamment dans la lutte contre de Gaulle et contre la guerre d’Algérie. Il devint permanent avec le plombier Le Roux, secrétaire fédéral à l’organisation, puis responsable paysan (1961).

Il occupa cette responsabilité jusqu’à la partition de la fédération en deux entités géographiques en janvier 1970. Puis il garda ensuite la direction de la nouvelle fédération du Finistère Sud jusqu’en janvier 1982, remplacé alors par Pierre Rainero. Il siégea au bureau jusqu’à son non réélection au sein des instances fédérales le 25 mai 1986.

Après avoir participé à un voyage d’étude en Tchécoslovaquie en juillet 1957, Paul Le Gall suivit l’école centrale de formation de quatre mois au début de 1958. Élu comme membre suppléant au comité central au congrès de Paris de mai 1964, il devint titulaire lors du 19e congrès de Nanterre en février 1970. Il siégea dans les instances nationales jusqu’en 1982. Il fut un membre très actif, intervenant fréquemment dans les instances nationales, n’hésitant pas à soulever des questions stratégiques comme lors de la session du 29 juin 1965 où il se demanda « comment la gauche peut se passer d’un candidat communiste aux élections présidentielles. » A la veille des évènements de mai 1968, au CC du 18 et 19 avril 1968, il souligna le développement du mouvement revendicatif qui se construisait dans le Finistère et l’Ouest en général sur des bases unitaires inédites.

Au moment où le PCF et le PS étaient en train de finaliser l’écriture du programme commun, Paul Le Gall soulignait devant le CC le 22 mars 1972, les différences d’approches des deux partis sur les questions de l’Europe et de la supra-nationalité. Réélu au congrès de Saint-Ouen en décembre 1972, il suivit l’activité de la fédération de Mayenne où les forces du PCF étaient faibles. Pendant qu’il siégeait au comité central, il accompagna également les communistes des Côtes-du-Nord et Charente-Maritime. Avec les autres secrétaires fédéraux bretons Marcel Alory*, Armand Guillemot*, Serge Huber* et Louis Le Roux*, il impulsa d’abord le CRAC puis le comité régional du PCF qui se mit en place à l’issue de sa première réunion à Lorient le 19 février 1980. Il exprima des désaccords de fond avec la direction du PCF, en particulier de Georges Marchais, lors de la session de novembre 1981, prenant la parole en particulier sur l’intervention soviétique en Afghanistan.

Conseiller municipal de Concarneau (1953-1959), il siégea dans l’opposition au maire socialiste Charles Linement qui avait pris la municipalité au maire communiste de 1945, Robert Jan en 1947, grâce à une alliance de troisième force avec le MRP.

Personnalité calme, organisée, appréciée pour sa modération, Paul Le Gall a joué un rôle important à la tête de la fédération communiste du Finistère du milieu des années 1950 aux années 1970.

Il fut à plusieurs reprises le candidat titulaire du PCF aux élections législatives dans la 8e circonscription de Quimperlé-Concarneau. En novembre 1958, il fit équipe avec Pierre Salaun, ouvrier agricole, maire de Scaër. Il arriva en tête de la gauche au premier tour obtenant 22,96 % des suffrages exprimés. Il se maintint au second tour dans une triangulaire contre le député MRP sortant Louis Orvoën (réélu avec 51,5%) et obtint 30,9%. Lors des élections cantonales de juin 1961, Paul Le Gall affronta le conseiller général sortant Michel Naviner*, devenu communiste dissident (classé comme « extrême gauche » selon les sources préfectorales), obtenant 18,3% des voix au premier tour. Se maintenant au second tour, Paul Le Gall ne parvint pas à empêcher la réélection de Michel Naviner (41,6% au 1er tour), avec 55,7% des voix. Ce dernier avait recueilli une partie de l’électorat communiste mais aussi des voix du centre (MRP) et de droite car le candidat de la SFIO et maire de Concarneau, Charles Linement s’était aussi présenté.

Aux élections législatives de novembre 1962, Paul Le Gall représenta à nouveau le PCF à Quimperlé et obtint au 1er tour 25,1% des suffrages malgré la présence d’un candidat du rassemblement de la gauche, un radical et son suppléant SFIO. Il talonnait le député MRP Louis Orvoën (28,3 %) qui sortit vainqueur de la quadrangulaire du second tour avec 37,3 % devant le communiste (34,2 %), l’UNR (18,7%) et le tandem de la gauche non communiste (9,7 %). En mars 1967, au 1er tour, Paul le Gall affronta une nouvelle fois Louis Orvoën (Centre démocrate, 31,9 %), un UD Ve République (20,7 %) et un nouveau candidat SFIO-FGDS, l’agriculteur Pierre Boëdec*, maire et conseiller général de Bannalec (19,4 %). Mais cette fois, du fait des accords de désistement entre le PCF, le PSU et la FGDS, Paul Le Gall qui avait obtenu 27,9 % retrouva Louis Orvoën dans un duel au second tour. Le candidat de la gauche unie fut battu avec 44,7 % des suffrages exprimés à son adversaire, maire et personnalité influente du conseil général du Finistère. En juin 1968 dans la même circonscription de Quimperlé, il n’obtint que 12 079 voix, expression d’un recul significatif de l’influence communiste. Cependant, il était présent au second tour, la FGDS subissant également un affaissement en voix et en pourcentage.

La rupture dans cette circonscription s’opéra en mars 1973. Paul Le Gall fut distancé obtenant 9288 voix (18,41 % des suffrages exprimés). Louis Le Pensec, candidat du PS, effectua une percée de même nature que celle de Charles Josselin à Dinan obtenant 17 708 voix et 35,30 % des suffrages. En 1978, Paul Le Gall ne se représenta pas, laissant Michel Lann défendre les couleurs communistes à un moment où les rapports de forces avec le PS furent tranchés dans le Finistère.

À un moment où la fédération du Finistère Nord, dirigée par Louis Le Roux, membre du comité central, était secouée par une grave. L’année suivante, Paul Le Gall quitta le PCF.

Il y a deux ans, Paul Le Gall, qui était resté sympathisant, compagnon de route, participant à de nombreuses fêtes du Parti, à des souscriptions pour l'Humanité, les fêtes de l'Humanité, a souhaité reprendre sa carte au Parti communiste en décembre 2017, ce dont nous nous sommes heureux et fiers.

Source: article de Christian Bougeard et d'Alain Prigent dans Le Maitron

https://maitron.fr/spip.php?article136581, notice LE GALL Paul par Christian Bougeard, Alain Prigent, version mise en ligne le 6 juin 2011, dernière modification le 22 septembre 2011.

Paul Le Gall, à droite avec sa canne, en 2012, pour la fête de départ en retraite de Roberte Saint Jalme, secrétaire de la fédération du PCF Finistère qui l'a connu comme secrétaire départemental et travaillé avec lui, en 2012 à Châteaulin (photo Roberte Saint-Jalmes)

Paul Le Gall, à droite avec sa canne, en 2012, pour la fête de départ en retraite de Roberte Saint Jalme, secrétaire de la fédération du PCF Finistère qui l'a connu comme secrétaire départemental et travaillé avec lui, en 2012 à Châteaulin (photo Roberte Saint-Jalmes)

Paul Le Gall, à gauche au premier plan, avec Claude Bellec et Roberte Saint Jalme

Paul Le Gall, à gauche au premier plan, avec Claude Bellec et Roberte Saint Jalme

Lire aussi nos autres publications pour l'année du centenaire du Parti communiste dans la série "100 ans d'engagements communistes en Finistère":

Lire aussi:

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 44/ René Le Bars (1933-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 43/ Louis Le Roux (1929-1997)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 42/ Pierre Corre (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 40/ Joséphine Pencalet (1886-1972)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 39/ Sébastien Velly (1878-1924)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 38/ Edouard Mazé (1924-1950)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 37/ Guy Liziar (1937-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 36/ Henri Moreau (1908-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 35/ Alphonse Penven (1913-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 34/ Michel Mazéas (1928-2013)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 33/ Pierre Guéguin (1896-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 32/ Jean-Louis Primas (1911-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 31/ François Paugam (1910-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 28: Raymonde Vadaine, née Riquin

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 26/ Gabriel Paul (1918-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 19/ Jean-Désiré Larnicol (1909-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 18/ Jean Le Coz (1903-1990)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 17/ Alain Cariou (1915-1998)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 16/ Jean Nédelec (1920-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 15/ Alain Le Lay (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 14/ Pierre Berthelot (1924-1986)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

1920-2020: cent ans d'engagements communistes en Finistère: 11/ Jean Le Brun (1905-1983)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 10/ Denise Larzul, née Goyat (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 19:16
Vers 1980 collectif du Travailleur Bigouden, de g à d : Gaston Ballliot, Jean Kervision, Albert Hénot maire de Tréffiagat, Paul Lemarchal, Guillaume Bodéré, Jacques Nicolas, José Kervision, Jean Le Brun maire du Guilvinec, Raymond Cariou, Jean-Louis Guiziou, Jean-Désiré Larnicol, Bastien Volant, Claude Delunardo

Vers 1980 collectif du Travailleur Bigouden, de g à d : Gaston Ballliot, Jean Kervision, Albert Hénot maire de Tréffiagat, Paul Lemarchal, Guillaume Bodéré, Jacques Nicolas, José Kervision, Jean Le Brun maire du Guilvinec, Raymond Cariou, Jean-Louis Guiziou, Jean-Désiré Larnicol, Bastien Volant, Claude Delunardo

Notre camarade et ami Gaston Balliot, ancien animateur du "Travailleur bigouden", le journal de la section PCF du Pays Bigouden, une section très importante dans le Finistère (historiquement la deuxième après Brest avec tous les ports de pêche à forte implantation communiste depuis le Front Populaire) a mis en ligne 35 ans d'un journal de section de grande qualité et met à disposition de tous les communistes, sympathisants, chercheurs et amateurs d'histoire ces documents de grande valeur. Un grand merci à lui!

"Au cours de cette année 2020 j'ai patiemment numérisé les anciens numéros du journal Le Travailleur Bigouden. Travail très long mais qui m'a rappelé plein de souvenirs... On y voit que la lutte est difficile, toujours semblable, et avec des vagues d'espoir et de déception. Je donne l'ensemble de ces archives avec grand plaisir au Parti Communiste à  qui elles reviennent. L'ensemble se trouve sur le site Internet:
www.travailleurbigouden.wordpress.com

Ce site vous appartient.

Gaston Balliot"

 

Le Travailleur Bigouden a été pendant de nombreuses années l’organe d’information
des sections bigoudènes (canton de Pont L’Abbé) du Parti Communiste Français

Les tout-premiers n° étaient ronéotypés : n°1 d’octobre 1966 au n°12 de juillet-août 1968. Il faut reconnaitre que c’était très rudimentaire. Mais au fur et à mesure du succès des fêtes du TB, les finances ont permis de passer à la version imprimée (nouvelle série).
« Le Travailleur Bigouden » a tour à tour été mensuel, puis bimestriel, voire trimestriel, en fonction des ressources.
Tiré entre 10 000 et 20 000 exemplaires, suivant les périodes, il était distribué par la Poste dans pratiquement tous les foyers du canton et de Plonéour.
Son financement était assuré par la publicité locale, les fêtes d’été, et par les dons de lecteurs.
Jean- Désiré Larnicol  était le directeur de la publication, Jean Kervision lui a succédé.

Chaque numéro contient une liste des souscripteurs, ainsi que des « échos bigoudens » dont la rubrique sur « le vieux Lesconil » cher à Raymond Cariou..

Le sommaire de l’ensemble des numéros est téléchargeable ici en pdf avec liens, éventuellement imprimable

Le Travailleur bigouden continue à exister en version blog et site internet alimenté par la section PCF du Pays Bigouden.

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19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 06:39

Ce 17 septembre 2020 au matin, lors des cérémonies commémorant la libération de Brest la section du Pays de Brest du PCF a fleuri la plaque des 17 fusillés dont Albert Rannou au square Georges Mélou à Brest quartier St Marc. Le PCF pays de Morlaix lui avait rendu hommage avec un superbe discours de l'historien Dominique Derrien dans le cimetière de Guimiliau, pour la première fois, le 27 mai 2020, pour la journée nationale de la résistance. 

Un grand merci à la rédaction de Morlaix de Ouest-France et à Gaëlle Colin qui hier ont publié un long article sur notre camarade Albert Rannou, fusillé par les Allemands il y a 77 ans avec 18 autres camarades résistants communistes finisteriens des FTP, dont le journal publie aussi un extrait de la dernière lettre de condamné. Un grand merci aussi à notre ami Dominique Derrien, historien, prof à Tristan Corbière, qui avait organisé le très émouvant hommage a l'initiative du PCF à Albert Rannou au cimetière de Guimiliau en mai dernier pour la journée nationale de la résistance d'avoir su retracer la vie et les engagements héroïques dans les Brigades internationales et la Résistance de cet ouvrier Léonard autodidacte et idéaliste, communiste depuis 1936 et le Front populaire, qui fut un des principaux dirigeants de la résistance communiste armée du début de l'occupation avant d'être arrêté, torturé, emprisonné par Vichy. C'est vraiment une belle réhabilitation symbolique, le 17 septembre 2020, jour anniversaire de son exécution au Mont Valérien, d'avoir rendu hommage à ce résistant communiste breton de la première heure méconnu.

Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans: Albert Rannou (Gaëlle Colin, Ouest-France Finistère/Bretagne, 17 septembre 2020)

Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans

Son nom ne vous dit sûrement rien. Et pourtant, la vie d’Albert Rannou gagne à être connue. Ce résistant né à Guimiliau (Finistère) a documenté son emprisonnement avec douze lettres. Un historien enquête sur sa vie.

Ici, au cimetière de Guimiliau (Finistère), là où est enterré Albert Rannou, Dominique Derrien, professeur d’histoire au lycée Tristan-Corbière, tient en ses mains le portrait du résistant.

Ouest-France Gaëlle COLIN. Publié le 16/09/2020

 

« Son histoire est étonnante », martèle Ismaël Dupont. L’adjoint au maire de Morlaix a récupéré, il y a cinq ans, un véritable trésor. Une douzaine de lettres signées d’Albert Rannou, datant de 1943. Elles dormaient paisiblement dans l’armoire d’un ancien marbrier.

Une copie est adressée à Dominique Derrien. Le professeur d’histoire au lycée Tristan-Corbière a des liens particuliers avec l’auteur. « Ma mère, orpheline, a été élevée dans une maison voisine des parents d’Albert Rannou, à Kerhanhéroff, à Guimiliau », raconte-t-il.

Un puzzle incomplet

L’historien décide alors de reconstituer son puzzle. « Albert Rannou était dans les Brigades internationales de la guerre d’Espagne. » En fouillant à l’université de Nanterre, Dominique Derrien recolle les pièces.

Albert Rannou est né en 1914, dans une famille de maçons. On lui reconnaît un certain potentiel quand il s’engage dans la Marine nationale, mais le garçon revient en 1933 dans son village

léonard et devient maçon à son tour, à Brest. Jeune homme autodidacte et idéaliste, il adhère au parti communiste en 1936.

Le Guimilien est un élément très prometteur en Espagne. Dès le 1er août 1937, il est nommé lieutenant. Il quitte le pays en 1938, après avoir été blessé. De retour en France, il fait l’objet d’une surveillance particulière et est mobilisé.

Cela ne l’empêche pas de rentrer dans la Résistance assez tôt, dans le Brest occupé. Ses faits : sabotage des stations électriques de l’Arsenal et attaque à l’explosif des locaux de l’état-major de la Kriegsmarine, en septembre 1942.

Fin de partie le 2 octobre. Albert Rannou est arrêté, avec dix-huit autres Francs-tireurs et partisans (FTP). Direction Pontaniou pour l’enfer. « Ils sont torturés par les policiers français d’octobre 1942 à janvier 1943. Ils ne parlent pas », rappelle l’historien. Début 1943, alors qu’il est emprisonné à Jacques-Cartier, à Rennes, il écrit sa première lettre à ses parents. Il leur cache la torture. Les courriers passent avec la complicité des gardes. Considéré comme un cadre national du parti communiste, il est transféré à Fresnes (Val-de-Marne), le 28 juillet.

Un Résistant méconnu

La sentence tombe un mois plus tard : il est condamné à mort par le tribunal militaire allemand du Gross Paris. Le même sort attend ses dix-huit camarades. Sa dernière lettre date du 17 septembre 1943. Albert Rannou est conduit au mont Valérien, dominant Suresnes (Hauts-de-Seine). Il est fusillé à 16 h, dans la clairière. Sa dépouille, dispersée dans une fosse commune.

Ses restes sont exhumés qu’en 1947. Ironie du sort, lorsque son cercueil parvient à la gare de Guimiliau : seul le maire et ses parents sont là. « Les terres léonardes étaient très cléricales. Communiste, c’était mal vu », souligne l’historien.

Sur sa sépulture, aucun signe. « Une plaque a été rajoutée dans les années 2000. Il est rétrogradé sous-lieutenant. » Sa concession expire très prochainement, « il faudrait que la municipalité la préserve », insiste Dominique Derrien.

Le nom d’Albert Rannou est méconnu. Simplement gravé sur les monuments aux morts de Guimiliau et du mont Valérien, ainsi qu’au jardin des fusillés, à Brest. Pourtant, ses lettres « évoquent le quotidien d’un résistant prisonnier. Cela fait penser au journal d’Anne Franck… »

https://www.ouest-france.fr/bretagne/guimiliau-29400/finistere-un-resistant-meconnu-est-mort-il-y-a-77-ans-6976313


Lettre publiée partiellement par le Ouest-France le 17 septembre 2020 - Lettre d'Albert Rannou à ses parents quelques minutes avant son exécution au Mont Valérien: 

Fais à la Prison de Fresnes le 17 septembre 1943

Cher Papa et chère Maman

Il est 11 heures moins le quart, on vient de nous prévenir qu'on va être fusillés à 16 heures. Je vais donc donner ma vie à la France, pour ma patrie que j'ai toujours aimée et pour laquelle j'ai combattu. Je meurs content car mon sacrifice (j'en ai la certitude) n'aura pas été vain. J'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde.

(censuré)

Mes chers parents, vous savez que je vous ai toujours aimés et que vous me le rendez bien ainsi qu'Yfic. Ça me fait une peine immense de vous quitter à jamais. Je ne sais comment vous exprimer toute ma gratitude pour ce que vous avez fait pour moi. Vous m'avez choyé depuis mon enfance jusqu'à ma dernière heure. Si quelquefois je vous ai fait de la peine, vous m'avez pardonné. Je n'oublie pas non plus ma belle-sœur. Grand-mère et toute la famille auxquels vous voudrez bien envoyer mes amitiés dernières. Je pense à vous tous en ce moment qui est plus pénible pour vous que pour moi. Je viens de voir l’aumônier, j'ai refusé la communion. Donc aucun service religieux à mon intention. Mes amitiés aussi à tous les voisins et camarades, qu'ils sachent que j'ai fait mon devoir de Français et de communiste.

Papa, Maman, ma dernière pensée sera pour vous et pour mon frère. Je vous embrasse tous dans un même élan.

Soyez courageux.

Adieu tous.

Votre fils Albert.

Vive la France, Vive le parti communiste

Paix- Liberté- Justice

 

***

A remettre à Madame Berard. Fresnes le 17 Septembre 1943

Chers oncle et tante

Je pars… d'où l'on ne revient pas. Dans 4 heures, je vous aurai tous quittés. Embrassez tous mes parents pour moi, et votre fils Henri quand vous aurez le bonheur de le trouver.

Recevez les derniers baisers de votre neveu

Albert Rannou

Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans: Albert Rannou (Gaëlle Colin, Ouest-France Finistère/Bretagne, 17 septembre 2020)
Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans: Albert Rannou (Gaëlle Colin, Ouest-France Finistère/Bretagne, 17 septembre 2020)

Lire aussi sur le Chiffon Rouge:

Albert Rannou: Lettres de prison d'un résistant communiste brestois né à Guimiliau fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Et dans le Télégramme, le 3 mai 2017:
 

Jacques Guivarch a en sa possession un lourd héritage à remettre à la descendance d'Albert Rannou : ses dernières correspondances avant son exécution le 17 septembre 1943. © Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/finistere/pleyber-christ/resistance-les-derniers-ecrits-d-un-guimilien

Jacques Guivarch a en sa possession un lourd héritage à remettre à la descendance d'Albert Rannou : ses dernières correspondances avant son exécution le 17 septembre 1943. © Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/finistere/pleyber-christ/resistance-les-derniers-ecrits-d-un-guimilien

Jacques Guivarc'h nous avait confié les copies des lettres manuscrites d'Albert Rannou et Paul Monot, fusillés au Mont Valérien, à Alain David et à moi au mois de janvier dernier. Nous les avions publiées intégralement sur le "Chiffon Rouge" et raconté ce que nous savions du contexte de la résistance brestoise, de la vie de ces héros communistes bretons morts pour la France, la liberté, et leurs idéaux du Front Populaire. Un livre est en préparation, qui sera édité chez Skol Vreizh dans quelques mois, avec Dominique Derrien et moi-même à la baguette, sur ces résistants communistes brestois fusillés en septembre 1943. 

Ismaël Dupont. 

 Le Télégramme, Pleyber-Christ, 3 mai 2017 

C'est tout à fait par hasard que Jacques Guivarch a trouvé, dans le tiroir d'une armoire ayant appartenu à son père Jean, une douzaine de lettres, adressées par un jeune résistant guimilien, Albert Rannou, à sa famille jusqu'à son exécution à Fresnes pendant la Seconde Guerre mondiale. L'ancien marbrier morlaisien souhaite maintenant les remettre à la famille Rannou.

La correspondance confiée à un ami sûr

Albert Rannou, maçon et résistant communiste, avait été arrêté en mars 1943 et enfermé à la prison de Rennes avant de rejoindre, en août, Fresnes (Seine-et-Oise). Jusqu'à son exécution le 17 septembre 1943, il écrivait régulièrement à sa famille qui, sans doute par peur d'une fouille et pour les préserver, avait confié ces lettres à une connaissance sûre, Jean Guivarch, qui habitait rue de Brest, à Morlaix, en face de la gendarmerie (il allait lui-même être emprisonné un an). Ce dernier n'en avait jamais parlé à son fils Jacques, né cette même année 1943, qui les a découvertes bien plus tard.

Une dernière lettre avant son exécution en 1943

Jacques Guivarch a lu et relu cette correspondance et, à chaque fois, il en a été bouleversé. Le jeune résistant s'inquiétait moins pour lui que pour ses parents, il évoquait sa vie en détention toujours en positivant.

 « Il est possible d'être heureux même en prison », écrivait-il dans une de ses lettres. Il demandait aussi des nouvelles de la famille et des relations. Mais, en juillet 1943, son ton avait changé car il assistait alors à des tortures perpétrées par la police française. C'est la lettre écrite à ses parents, cinq heures avant son exécution, qui a surtout bouleversé Jacques Guivarch : « Je meurs content car mon sacrifice, j'en ai la certitude, n'aura pas été vain, j'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde ».

Retrouver la descendance pour lui remettre cet héritage

Ce n'est que quelques années après sa découverte que Jacques Guivarch a retrouvé la trace du frère d'Albert Rannou, âgé de plus de 80 ans, à Nantes. Il lui a remis les lettres originales en conservant des copies. Cette fois, Jacques Guivarch souhaite rencontrer la descendance d'Albert Rannou et lui transmettre ces écrits.

Un hommage aux résistants morts pour la France lundi

Lundi, sera célébré le 72e anniversaire de la victoire de la Guerre 39-45. Ce sera l'occasion de se souvenir de l'héroïsme des jeunes résistants comme Albert Rannou, entrés dans le maquis pour lutter contre l'envahisseur. Ils ont été nombreux à avoir été assassinés ou déportés dans l'anonymat.
 

Le Télégramme, 3 mai 2017

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23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 11:50

Beaucoup de gens ne le savent pas.

La première femme élue dans le Finistère (1925), la première femme maire (1945), la première femme députée (1948) dans le département étaient communistes.

Le Chiffon Rouge leur rend hommage.

A l'instar de ce qui s'est passé en Union Soviétique juste après la révolution d'Octobre, qui sonnait aussi comme la fin d'un ordre conservateur oppressif pour les femmes, le mouvement communiste au XXe siècle, même s'il était pas étranger aux préjugés du corps social en son temps, et de culture machiste et d'inégalité entre les hommes et les femmes, eut au moins le mérite d'affirmer le droit des femmes à prendre des responsabilités à égalité avec les hommes et de faire émerger, mais elles le doivent surtout à elles-mêmes, des femmes qui ont joué un grand rôle sur la scène politique et sociale, et dans l'histoire de notre région.  

Joséphine Pencalet

Joséphine Pencalet

100 ans de communisme en Finistère
 
La première femme élue dans le Finistère (et en Bretagne) fut présentée par le Parti communiste: Joséphine Pencalet, élue conseillère municipale en 1925 à Douarnenez
 
Née le 18 août 1886 à Douarnenez (Finistère), morte le 13 juillet 1972 à Douarnenez (Finistère) ; ouvrière sardinière ; conseillère municipale communiste de Douarnenez (1925), la première femme élue en Bretagne et une des toutes premières de France, à chaque ces candidates étant présentées par le Parti communiste alors que les femmes n'avaient pas encore le droit de vote, au nom de l'égalité des droits.
 
Notice du Maitron, par Fanny Bugnon:
Fille de René-Joseph Pencalet (marin, né en 1844) et de Marie-Jeanne Celton (née en 1844). Issue d’une famille nombreuse de marins douarnenistes avec laquelle elle s’est rapidement trouvé en conflit, Joséphine Pencalet quitta la Bretagne après avoir achevé sa scolarité dans un internat catholique de Quimperlé. Elle travailla alors comme lavandière en région parisienne, où elle épousa, le 18 janvier 1908 à la mairie d’Argenteuil, un employé des chemins de fer, Léon Frédéric Le Ray, originaire d’Ille-et-Vilaine et rencontré à Douarnenez alors qu’il effectuait son service militaire dans la Marine. De cette union désapprouvée par sa famille naissent deux enfants : Léon (né en 1910) et Anna (née en 1918). Son veuvage au sortir de la Première Guerre mondiale la conduisit à revenir avec ses enfants à Douarnenez où elle est embauchée comme ouvrière dans l’une des nombreuses conserveries de poisson de la ville.
Sa participation à la grève victorieuse des sardinières de novembre 1924-janvier 1925 qui paralysa les usines douarnenistes pendant 7 semaines et qui connut un écho national, lui valut d’être sollicitée par Daniel Le Flanchec*, maire sortant élu en 1924, pour figurer sur la liste du Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales du mois de mai 1925.
Les conditions de sa désignation sont floues : s’il n’est pas certain qu’elle ait été membre du PCF ni même du comité de grève, son veuvage aurait facilité sa candidature. La présence d’une candidate correspond aux consignes du Secrétariat féminin de Moscou de présenter des candidatures féminines aux élections, indépendamment de leur illégalité, et de la stratégie du PCF. Placée en 4e position, comme « ouvrière d’usine », elle recueillit 1283, arrivant en 24e position des suffrages. Elle fut ainsi proclamée élue au premier tour, le 3 mai, devenant ainsi la première femme élue en Bretagne. Installée le 17 mai comme l’une des premières conseillères municipales françaises, elle siégea pendant six mois au sein des commissions scolaire et d’hygiène. Parallèlement, elle exerça la fonction de secrétaire adjointe du bureau du Syndicat des Métaux de Douarnenez, affilié à la CGTU.
En vertu de l’inéligibilité des femmes et malgré l’argumentaire développé par Joséphine Pencalet devant la justice administrative à propos des ambiguïtés de la loi électorale de 1884 qui n’interdit pas explicitement les candidatures féminines et alors que les députés votèrent en faveur du suffrage municipal féminin en avril 1925, l’élection de Joséphine Pencalet fut annulée par arrêté préfectoral le 16 juin 1925, décision confirmée cinq mois plus tard par le Conseil d’État au motif qu’aucune disposition légale ne considérait les femmes éligibles. Signalons que la décision du Conseil d’Etat du 27 novembre 1925 concerna également l’annulation de l’élection de Charles Tillon* pour non-résidence à Douarnenez. Joséphine Pencalet disparut alors de la vie politique douarneniste jusqu’à sa mort, avant d’être redécouverte au tournant du XXIe siècle comme une figure de la mémoire ouvrière locale.
***
La municipalité de Douarnenez était devenue communiste en 1921, avec Sébastien Velly, premier maire communiste de France (il avait été élu conseiller municipal sous l'étiquette de la SFIO en 1919 mais son maire, Le Gouic, resté fidèle à la SFIO, avait été mis en minorité par les autres conseillers), puis à partir de 1924 Daniel Le Flanchec, qui restera maire de Douarnenez, suite à la grande grève des Penn Sardin qu'il soutient en 1924 jusqu'à la victoire sur le patronat des conserveries en janvier 1925. Douarnenez comptait à l'époque presque 5000 marins-pêcheurs et des milliers d'ouvrières travaillant en coiffes et sabots dans 21 conserveries.
 
Un article d'Audrey Loussouarn dans L'Humanité en 2013 raconte bien cet épisode héroïque des luttes sociales en Bretagne sous le titre « Ces sardinières qui ont su tenir tête à leurs patrons ».
« (…) Les «petites filles de douze ans» prennent aussi le chemin de l’usine. Aucune législation du travail.. Si la pêche était bonne, les femmes pouvaient travailler jusqu’à soixante-douze heures d’affilée! Pour se donner du courage, elles chantaient. «Saluez, riches heureux / Ces pauvres en haillons / Saluez, ce sont eux / Qui gagnent vos millions.» Certaines sont licenciées pour avoir fredonné ce chant révolutionnaire dans l’enceinte de leur usine. Conditions de travail déplorables, flambées des prix, salaires de misère, c’en est trop. Le 20 novembre 1924, les sardinières de la fabrique Carnaud vont décider de se mettre en grève. Elles demandent 1 franc de l’heure, alors que le tarif de rigueur est de 80 centimes. Les patrons refusent. Trois jours plus tard, un comité de grève est mis en place. Le lendemain, ce sont les 2000 sardinières qui arrêtent le travail et marchent dans les rues de Douarnenez. Une pancarte est dans toutes les mains: «Pemp real a vo» («Ce sera 1,25 franc»). Aux côtés des femmes, Daniel Le Flanchec. Ce «personnage éloquent, tonitruant», comme le décrit Michel Mazéas, et que les sardinières appellent leur «dieu», leur «roi», accompagne le mouvement. Un meeting se tient début décembre sous les Halles. Il réunit plus de 4000 travailleurs et des élus. Le 5 décembre 1924, l’Humanité titre: «Le sang ouvrier a coulé à Douarnenez». Le journaliste raconte comment une «charge sauvage commandée par le chef de brigade de Douarnenez piétina vieillards et enfants». Ordre venant du ministre de l’Intérieur. L’élu communiste, en voulant s’interposer devant l’attaque des gendarmes, sera suspendu de ses fonctions pour «entrave à la liberté du travail». La tension monte, les patrons ne veulent toujours pas négocier, des casseurs de grève s’immiscent dans le mouvement. Dans le même temps, des représentants syndicaux et politiques de la France entière se joignent aux grévistes. C’est dans la nuit du 31décembre au 1erjanvier que tout va basculer: des coups de feu retentissent. Des cris se font entendre: «Flanchec est mort!» Il est retrouvé blessé dans la rue. La colère explose. L’hôtel des casseurs de grève est saccagé. Un chèque y sera retrouvé, signé de la main d’un des patrons d’usine. Les conservateurs, qui ont tenté d’assassiner l’élu, avoueront plus tard qu’ils voulaient «seulement combattre le communisme». Finalement, le 8 janvier, après près de cinquante jours de bataille acharnée, les patrons céderont. Les sardinières obtiendront 1 franc horaire, avec heures supplémentaires et reconnaissance du droit syndical. Au cours de ce conflit qui a duré 48 jours à partir de la grève de la conserverie Carnaud, des dirigeants syndicaux sont accourus de toute part, et notamment parmi eux le dirigeant rennais de la CGTU, Charles Tillon, futur résistant et ministre communiste à la Libération.
Parmi les diverses répercussions attribuées au mouvement social, on peut retenir l'élection de Joséphine Pencalet (1886-1972) au conseil municipal auprès de Daniel Le Flanchec en 1925. La responsable syndicale fut l'une des dix premières femmes élues en France. Dépourvues de droit de vote, les femmes ne pouvaient pas encore être élues à cette époque, Joséphine Pencalet n'exerça donc jamais ses fonctions.
 
 
Congrès du PCF à Strasbourg en 1947 - Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère, le premier à gauche: à ces côtés, Gabriel Paul, député communiste de Brest à la Libération, Pierre Le Rose, résistant à Concarneau, responsable du Front National de Libération de la France dans le Finistère, secrétaire départemental du PCF de 1953 à 56, Marie Lambert, secrétaire départementale du PCF en 1947 et députée de 1948 à 1951, puis journaliste (Photo des archives Pierre Le Rose/ PCF Finistère)

Congrès du PCF à Strasbourg en 1947 - Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère, le premier à gauche: à ces côtés, Gabriel Paul, député communiste de Brest à la Libération, Pierre Le Rose, résistant à Concarneau, responsable du Front National de Libération de la France dans le Finistère, secrétaire départemental du PCF de 1953 à 56, Marie Lambert, secrétaire départementale du PCF en 1947 et députée de 1948 à 1951, puis journaliste (Photo des archives Pierre Le Rose/ PCF Finistère)

Joséphine Pencalet, Marie Mahé, Marie Lambert: les première femme élue, première femme maire, première députée dans le Finistère étaient présentées par le Parti communiste
Joséphine Pencalet, Marie Mahé, Marie Lambert: les première femme élue, première femme maire, première députée dans le Finistère étaient présentées par le Parti communiste

Marie Perrot-Lambert (1913 – 1981): la première femme députée du Finistère fut communiste

Née à Landerneau en 1913, entrée au Conseil Municipal de Landerneau en 1945, Marie Lambert, née Perrot, militante communiste et résistante, fut la première femme à représenter le Finistère à l'Assemblée Nationale de 1948 à 1951. Elle déposa plusieurs propositions de loi en faveur des ouvriers agricoles. Ensuite, il fallut attendre 1962 (la gaulliste Suzanne Ploux) et 1978 (la socialiste Marie Jacq) pour voir des députées finistériennes élues. Marie Lambert, journaliste à l'Humanité en 1954, fut aussi la première journaliste a employer le mot de « guerre » pour qualifier la révolte indépendantiste en Algérie et sa répression. Le 8 novembre 1954, l’Humanité publie sous le titre "Des tortures dignes de la Gestapo", un reportage de Marie Perrot : "Les arrestations se poursuivent en Algérie et de nombreuses personnes à des sévices innommables dans les locaux de la police [...] la bastonnade, le lavage d’estomac à l’aide d’un tuyau enfonce dans la bouche et le courant électrique". Ces scènes lui rappelaient les tortures qu’avaient subies son premier mari en 1943. Ayant interrompu ses études précocement après le brevet, Marie Lambert parvint tout de même à acquérir une grande culture et à devenir institutrice pendant la drôle de guerre. Résistant au Front National de Libération de la France et aux FTP, son mari Henri Lambert, le père de ses 3 enfants, est arrêté, torturé et déporté. Marie Lambert diffusait avec lui des tracts et journaux clandestins dans la région de Landerneau et servait d'agent de liaison à Daniel Trellu, le chef communiste des FTP dans le Finistère. Elle organisait aussi un groupe de femmes patriotes, ce qui lui valut d'obtenir la médaille de la Résistance à la libération.
Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Marie Lambert , en 3e position sur la liste communiste qui obtint 20,9 % des suffrages ne fut pas réélue, le PCF ne conservant que les sièges d’Alain Signor et de Gabriel Paul. On sait qu’elle devint journaliste à l’Humanité puis à France nouvelle et directrice de Femmes nouvelles, le journal de l’UFF, chargé de la culture, ce qui lui permit de connaître le principaux artistes communiste, notamment le couple Aragon-Triolet.. Elle participa en 1955 au premier voyage de journalistes à Hanoï pour l'Humanité. Son statut de journaliste lui permit également de découvrir le Yougoslavie et la Tunisie.
Marie Perrot, vécut avec Georges Gosnat à Saint-Ouen à partir de 1950. Elle l’épousa le 30 juillet 1970 (on trouve ailleurs le 30 décembre 1970) et habita avec lui à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat était député d’Ivry-sur-Seine et un des principaux responsables des finances du PCF.
Portrait de Marie Mahé, maire de Kernevel en 1945, Document du congrès départemental du PCF Finistère, 1947

Portrait de Marie Mahé, maire de Kernevel en 1945, Document du congrès départemental du PCF Finistère, 1947

Parmi les 5 premières femmes maires dans le Finistère (sur 19 en France) en 1945: une communiste: Marie Mahé (1911-2000), maire de Kernevel
 

1945, cinq maires finistériennes sont élues sur dix-neuf en France. Leur point commun : l’histoire les a quelque peu invisibilisées. Suzanne Ploux était la plus connue. Marie Digoy a été à la tête de Saint-Renan jusqu’en 1953, Jeanne Berthelé à Ouessant, jusqu’en 1951, Marie Mahé de l’ancienne commune Kernével et Marie-Thérèse de La Grandière d’Espiès, à Langolen.

 
Née le 15 novembre 1911 à Auray (Morbihan), morte le 18 janvier 2000 à Rosporden (Finistère), Marie Mahé, qui tenait un commerce et un café à 3km du bourg du Kernével, fut la première maire femme du Finistère, de 1945 à 1947.
Le Parti communiste du Finistère s'honore de compter Marie Mahé parmi les premières femmes élues maire depuis l'obtention dy droit de vote pour les femmes en France, acquis grâce à l'amendement d'un député communiste, résistant, Fernand Grenier.
Fernand Grenier dépose cet amendement le 24 mars 1944 à l'Assemblée consultative provisoire à Alger que le droit de vote des femmes est établi en France. L'article 17 précise « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes». Si l’ordonnance donnant le droit de vote aux femmes a été prise il y a 70 ans par le Général de Gaulle, cette avancée, on la doit à un Tourquennois communiste. Fernand Grenier rédigera l’amendement, un mois plus tôt, lors de l’assemblée constituante provisoire, installée à Alger : « Les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Un texte sans ambiguïté mais qui suscita le débat. Un amendement adopté par 51 voix sur 67 votants. En janvier 1943 pourtant, lorsque se constitue l’assemblée consultative provisoire, « les débats sur l’organisation des pouvoirs publics ne prévoyaient pas le vote des femmes », relate Fernand Grenier dans un article de L’Humanité (18/04/1991). En 1943, le Tourquennois, au nom du parti communiste rejoint à Londres le Général de Gaulle. « C’est ainsi que je fus amené à poser la question du vote des femmes pour la première fois quand le Général de Gaulle me proposa de faire partie d’une commission de réforme de l’État, écrit-il encore. Je pensais qu’il serait injuste de continuer à considérer les femmes comme incapables de se servir du bulletin de vote ».
 
Marie Mahé était résistante et sympathisante communiste , elle transportait les munitions du maquis pendant l'occupation. A la libération, la direction du PCF milite pour la reconnaissance politique des femmes: "Les femmes viennent de plus en plus à la vie politique. Il faut les organiser et laisser de côté les préjugés encore tenaces sur l'infériorité de la femme qui ne sont pas dignes de communistes" (livret de la 10e conférence fédérale du PCF Finistère en mai 1947)
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19 août 2020 3 19 /08 /août /2020 07:05
19 août 1944, Paris se soulève avec à la tête de l'insurrection le colonel communiste Rol-Tanguy, né à Morlaix (Maurice Ulrich, L'Humanité)
Appel du 18 août 1944

Appel du 18 août 1944

Rol Tanguy

Rol Tanguy

19 août 1944, Paris se soulève.
Il y a 75 ans, le colonel communiste Henri Rol Tanguy, chef des Forces françaises intérieures (FFI) d'Ile-de-France, lançait l’appel à l'insurrection.
 
Dans l'Humanité du mardi 19 août 2014, cet article de Maurice Ulrich :
 
Le colonel Rol-Tanguy, commandant des Forces françaises de l’intérieur d’Île-de-France, vient d’appeler à l’insurrection et à la mobilisation du plus grand nombre. Le soulèvement populaire va être décisif pour l’avenir de la France.
 
Il y a encore aujourd’hui un Paris de la Libération. On peut le lire parfois dans les traces des balles ou des éclats d’obus demeurés sur quelques édifices publics. Plus sûrement sur les plaques, çà et là, fleuries une fois par an au mois d’août. Discrètes le plus souvent, mais qui surprennent le regard du promeneur ou du touriste et qui, comme à son insu, l’embarquent un instant pour un voyage dans le temps. Au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue de Buci, tout près d’une de ces boutiques de fringues qui ont changé le quartier, celle-ci : « Ici a été tué Fred Palacio, Corps franc Victoire, pour la libération de Paris le 19 août 1944 à l’âge 21 ans. » Si l’on se dirige vers la Seine et le Pont-Neuf par la rue Dauphine, c’est René Revel, gardien de la paix du 15e arrondissement, qui est tombé « Tué par les Allemands », est-il écrit… Il y a ainsi des dizaines de noms dans Paris. On oserait dire des noms d’anonymes. Qui étaient-ils, ces libérateurs et ces libératrices de Paris que l’on voit sur les photos de ces journées, avec l’élégance populaire de ces hommes en chemise aux manches retroussées, de ces jeunes femmes en robe légère ou en short, comme celle-là, coiffée d’un calot des FF1, mitraillette en main… Il fait chaud en août et les combats ont devancé la mode féminine de soixante-dix ans. Ce sont elles et eux qui construisent les 600 barricades qui vont s’édifier dès le 22 août dans la capitale et les photos là encore en témoignent qui montrent des dizaines d’hommes et de femmes à l’œuvre. C’est bien, une fois l’insurrection lancée, le Paris populaire qui se soulève et qui va l’emporter au lourd prix de 1 500 morts, avec les Francs-tireurs et partisans (FTP), émanation du Front national créé par les communistes, avec tous ces résistants, gaullistes ou non, qui vont devenir les FFI, les Forces françaises de l’intérieur que l’action de Jean Moulin, trahi, torturé et assassiné à Lyon par Klaus Barbie en 1943, aura réussi à unir, surmontant les divergences, voire les oppositions d’idéologie, de tactique, au sein du Conseil national de la Résistance (CNR). Son programme donnera lieu aux grandes conquêtes politiques et sociales de l’après-guerre, du vote des femmes aux nationalisations en passant par la Sécurité sociale. Est-ce hors du temps de rappeler que c’est ce même programme que nombre des politiques qui vont ces jours-ci célébrer « Paris libéré » ont choisi d’oublier ou de dénaturer ?
Le Paris ouvrier, immigré, résistant
Paris s’est soulevé. C’est encore, comme le soulignait en 2004 André Carrel, membre du Comité parisien de libération et par la suite rédacteur en chef de l’Humanité ­Dimanche, « une ville très ­populaire. Des centaines de milliers d’ouvriers et d’employés y travaillaient, les ateliers et usines y étaient nombreux (…), l’influence des communistes y était considérable comme le rôle des syndicats clandestins et des milices patriotiques qu’ils développèrent dans les entreprises ». C’est dans ce Paris qu’avant même les journées d’août, la peur, comme le dira Maurice Kriegel-Valrimont, l’un des dirigeants du Comité d’action ­militaire du CNR, a commencé à changer de camp. Le 14 juillet, aussi étonnant que cela puisse paraître et sans doute parce que l’on en parle peu, une foule évaluée à 20 000 personnes manifeste à Belleville, protégée au grand jour par les FTP. Les ­Allemands n’interviennent pas. Le rapport des forces n’est pas en leur faveur mais ils n’ont en rien désarmé, au contraire. Un mois plus tard, dans la nuit du 16 au 17 août, à la cascade du bois de Boulogne, 35 jeunes résistants tombés dans un ignoble guet-apens sont fusillés. Belleville, l’Est parisien, c’est précisément le Paris ouvrier, le Paris immigré aussi, celui de ces jeunes Français résistants de la première heure, de ces réfugiés de ­l’Espagne républicaine vaincue par le fascisme, de ces jeunes juifs émigrés de l’Est qui ont mesuré très tôt l’enjeu d’une lutte sans merci contre la barbarie, ceux que l’on retrouvera sur l’Affiche rouge « hirsutes, menaçants »… Au fond, la libération de Paris a commencé bien avant les journées d’août. Peut-être trois ans avant, presque jour pour jour, quand Pierre Georges, qui deviendra le Colonel Fabien, qui a combattu dès seize ans dans les brigades internationales en Espagne et que l’on va retrouver quelques jours avant l’insurrection dans l’attaque du dépôt SNCF de Montrouge par une centaine de FTP, tire au métro Barbès-Rochechouart sur un officier de la Kriegsmarine. Deux jours avant, deux jeunes militants communistes ont été fusillés par les nazis. Le coup de feu de Fabien est prémédité, délibéré, politique. Les communistes, dans le même temps qu’ils créent les FTP, veulent ouvrir le passage à la lutte armée, sur le sol national même. Les embryons d’autres mouvements de résistance ne les suivront pas d’emblée, mais c’est pourtant ce choix qui va s’imposer comme une nécessité et à terme comme un atout majeur pour la souveraineté de la France. Les années qui suivent seront celles de la clandestinité, des coups de main audacieux et des échecs terribles, celles des arrestations, de la torture, des fusillés du mont Valérien, le temps des caves hideuses de la Gestapo et de la milice, de ce long cortège « d’ombres défigurées » dont parlera André Malraux dans son sidérant discours prononcé lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Avec la première ­défaite allemande, à Stalingrad, au début de 1943, l’espoir commence à renaître. La répression redouble, mais la résistance s’affermit. Le débarquement du 6 juin, l’avancée des troupes alliées en Normandie nourrissent la perspective de la victoire. Elle semble désormais certaine quand bien même on ignore ce qu’elle va encore coûter en vies humaines, civiles et militaires, en découvertes allant au-delà de ce que l’on sait déjà confusément, mais dont on ne peut imaginer l’ampleur et l’horreur ­banalisée, avec les camps de la mort. Pourtant, malgré la bataille de Normandie pratiquement gagnée et le recul des troupes allemandes, Paris ne fait pas partie des objectifs prioritaires des Alliés, sous le commandement suprême du général ­Eisenhower. « Aux yeux des responsables basés à Londres, expliquait en 2004 Maurice Kriegel-Valrimont, qui reçut avec Henri Rol-Tanguy et le général Leclerc la reddition du commandant allemand de la place de Paris, la résistance intérieure ne peut-être qu’un appui aux Alliés et leur être subordonnée. Nous débattons alors pour décider s’il faut attendre le jour J ou s’il faut engager une action immédiate. La résistance intérieure fait le choix des actions immédiates pour se préparer aux affrontements décisifs et pour que la France soit présente le jour de la victoire. Le CNR met sur pied en mai 1944 le Comité d’action militaire, le Comac. Il est chargé du commandement militaire de toutes les forces de la résistance. » Et de préciser : « Je me suis attelé à une lecture approfondie de tout Clauzewitz, le théoricien allemand de la lutte en territoire occupé par une armée étrangère. Je connaissais assez bien l’histoire des soulèvements populaires dans Paris, la pratique des barricades… » Deux jours après le débarquement, le comité parisien de la Libération présidé par le dirigeant de la CGT clandestine André Tollet lance cet appel : « Paris, capitale de tous les combats et de toutes les insurrections, Paris, capitale de la liberté, doit procéder à la mobilisation générale de toute sa population… En avant vers l’insurrection nationale, inséparable de la Libération ! En avant Paris ! Mort aux Allemands ! Vivent les Alliés, Vive la France ! » Début août la situation devient de plus en plus tendue dans la capitale et dans sa banlieue et d’abord en raison des difficultés d’approvisionnement, liées largement à la situation de guerre, en vivres, en électricité. Des grèves éclatent, revendicatives, mais devenant pré-insurrectionnelles. Les ­cheminots cessent le travail le 10, mais les arrêts de travail se multiplient dans nombre de secteurs, dans la métallurgie on se met à fabriquer des crève-pneus, des grenades, des drapeaux tricolores apparaissent aux fenêtres en banlieue, comme à Montrouge où est installé le poste de commandement d’Henri Rol-Tanguy. C’est lui qui a été nommé à la tête des FFI d’Île-de-France par le Comac. Il a combattu en Espagne, c’est un résistant de la première heure, communiste, qui a su lui aussi se former à la chose militaire, respecté par tous ceux qui l’entourent, dont les militaires de carrière qui ont rejoint les FFI et son état-major. Les événements se précipitent. Le 13, les Allemands décident de désarmer la police parisienne. Ils ont perdu confiance. En retour, deux jours après, la police se met en grève, retrouvant l’honneur perdu dans les heures sombres avec la rafle du Vél’d’Hiv. Le 17 août, cinq cents détenus, pour la plupart communistes, parviennent à s’évader de la Santé. Au sein de l’état-major de la Résistance, CPL, CNR et Comac, les gaullistes Alexandre Parodi, qui représente le gouvernement provisoire, et Jacques Chaban-Delmas sont d’abord opposés à l’insurrection. Mais Chaban, qui a fait un voyage éclair à Londres, trouve un tel climat à Paris quand il y revient, le 16, qu’il envoie ce message au commandant en chef de tous les FFI, le général Koenig : « Toutes les conditions préparatoires à insurrection sont réalisées… En conséquence, si la situation militaire permet nécessaire, vous interveniez auprès des Alliés pour demander occupation rapide Paris. » Alexandre Parodi s’est lui aussi rallié à l’insurrection qui lui paraît désormais inéluctable.
Les nazis veulent « combattre sans pitié toute résistance armée »
Mais, malgré cette fièvre, Paris ne va pas tomber comme un fruit mûr. Les nazis ont montré partout de quoi ils étaient capables. En France, à Oradour, à Tulle, en Russie, en Pologne. Hitler a donné à von Choltitz, qui a déjà détruit la ville de Sébastopol après l’avoir assiégée, de transformer Paris en « un tas de décombres », de se battre jusqu’au dernier homme « et s’il est besoin de se faire ensevelir dessous ». Ce dernier ordonne à son tour à ses troupes de « combattre sans pitié toute résistance armée ». La disproportion des forces en présence est énorme. Von Choltitz dispose de 20 000 hommes, 80 chars, 60 canons. Face à cela, on estime généralement que les FFI, s’ils sont alors peut-être 30 000 au début du soulèvement, ne pouvaient opposer à ces troupes que 29 mines, 4 mitrailleuses, 562 fusils, 825 revolvers ou pistolets, 192 grenades. Leurs appels à des parachutages n’ont pas été entendus. La récupération des armes sur l’ennemi lui-même va être un des enjeux de la bataille, comme va l’être la fabrication d’explosifs, de cocktails Molotov jusque dans les laboratoires du Collège de France autour de Frédéric Joliot-Curie. On mesure à quel point le soulèvement populaire va alors être déterminant. Déjà une partie de la banlieue est insurgée. À Vitry, les premières barricades apparaissent le 18 août. Les Allemands quittent la ville et, dès le matin du 19, les FTP prennent la mairie… Ils ont déjà pris Montreuil la veille. Pour Paris la bataille décisive va commencer. Elle va aussi décider de la victoire et de l’avenir de la France. Dans l’après-midi du 18, les appels à la mobilisation du peuple de Paris lancés par Rol-Tanguy sont placardés sur les murs. « Le succès, dit-il, est fonction du nombre. Un recrutement massif doit être entrepris immédiatement. » Une nouvelle fois, le peuple de Paris va entrer dans l’histoire.
 
70e anniversaire de la Libération de Paris
Maurice Ulrich - Mardi 19 août 2014 - L'HUMANITÉ
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29 mai 2020 5 29 /05 /mai /2020 04:36
Tredudon en Berrien dans les Monts d'Arrée: un émouvant rassemblement organisé par les PCF Carhaix-Huelgoat et de Morlaix dans le premier village résistant de France (27 mai 2020, Journée Nationale de la Résistance)
La fille de Pierre Plassart et la nièce de Jean-Marie Plassart nous montre la photo de Jean-Marie Plassart, résistant communiste de Tredudon, arrêté par la police française, emprisonné à Quimper, mort en déportation à 23 ans à Mathausen (Photo Daniel Laporte)

La fille de Pierre Plassart et la nièce de Jean-Marie Plassart nous montre la photo de Jean-Marie Plassart, résistant communiste de Tredudon, arrêté par la police française, emprisonné à Quimper, mort en déportation à 23 ans à Mathausen (Photo Daniel Laporte)

La fille de Pierre Plassart et la nièce de Jean-Marie Plassart nous montre la photo de Jean-Marie Plassart, résistant communiste de Tredudon, arrêté par la police française, emprisonné à Quimper, mort en déportation à 23 ans à Mathausen (Photo Daniel Laporte, 27 mai 2020, journée nationale de la résistance)

La fille de Pierre Plassart et la nièce de Jean-Marie Plassart nous montre la photo de Jean-Marie Plassart, résistant communiste de Tredudon, arrêté par la police française, emprisonné à Quimper, mort en déportation à 23 ans à Mathausen (Photo Daniel Laporte, 27 mai 2020, journée nationale de la résistance)

Tredudon en Berrien dans les Monts d'Arrée: un émouvant rassemblement organisé par les PCF Carhaix-Huelgoat et de Morlaix dans le premier village résistant de France (27 mai 2020, Journée Nationale de la Résistance)
Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

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Photo Patrick Gambache - 27 mai 2020 Trédudon les Moines en Berrien Journée Nationale de la résistance

Photo Patrick Gambache - 27 mai 2020 Trédudon les Moines en Berrien Journée Nationale de la résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

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Tredudon en Berrien dans les Monts d'Arrée: un émouvant rassemblement organisé par les PCF Carhaix-Huelgoat et de Morlaix dans le premier village résistant de France (27 mai 2020, Journée Nationale de la Résistance)
Tredudon en Berrien dans les Monts d'Arrée: un émouvant rassemblement organisé par les PCF Carhaix-Huelgoat et de Morlaix dans le premier village résistant de France (27 mai 2020, Journée Nationale de la Résistance)
Photo Patrick Gambache - 27 mai 2020 Trédudon les Moines en Berrien Journée Nationale de la résistance

Photo Patrick Gambache - 27 mai 2020 Trédudon les Moines en Berrien Journée Nationale de la résistance

Lucienne Nayet, présidente du Musée National de la résistance de Chamougny-sur-Marne,  avec la fille de Pierre Plassart, résistant de Trédudon-les-Moines et ancien adjoint au maire communiste de Berrien

Lucienne Nayet, présidente du Musée National de la résistance de Chamougny-sur-Marne, avec la fille de Pierre Plassart, résistant de Trédudon-les-Moines et ancien adjoint au maire communiste de Berrien

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Daniel Laporte - Tredudon les Moines - 27 mai 2020 - Journée nationale de la Résistance

Photo Patrick Gambache - 27 mai 2020 Trédudon les Moines en Berrien Journée Nationale de la résistance

Photo Patrick Gambache - 27 mai 2020 Trédudon les Moines en Berrien Journée Nationale de la résistance

A Berrien, hommage des sections PCF de Carhaix-Huelgoat et de Morlaix au premier village résistant de France de Tredudon-les-Moines en compagnie de la famille de Pierre et Jean-Marie Plassart (la fille de Pierre Plassart - et nièce de Jean-Marie Plassart - et ses petites-filles).

Un rassemblement chaleureux pour la Journée Nationale de la Résistance ce 27 mai 2020 avec une mémoire encore très vive et vivante de la résistance populaire et communiste des Monts d'Arrée, la présence de Jean Guyomarc'h dont le père et les oncles ont tous été résistants.

Photos de Patrick Gambache - Ismaël Dupont

Pierre Plassart est né en 1912 et mort à Berrien en novembre 1983.Militant communiste de Berrien. Sous l'occupation allemande, il est propagandiste de la résistance, il diffuse les tracts et journaux clandestins du PCF, du Front National de Libération de la France. Il avait chez lui, à Trédudon-les-Moines, un important dépôt d'armes et de munitions des FTP. Il sera conseiller municipal de Berrien à la libération.

Berrien a payé un très lourd tribut à la libération de la France et sa résistance, très forte, animée principalement par des communistes, sera lourdement réprimée: 22 résistants fusillés, 16 déportés, 11 résistants tués au combat dans ce village rouge des Monts d'Arrée.

Parmi eux, à Berrien Jean-Marie Plassart, communiste depuis 1936, résistant, sera arrêté par la police française et mourra dans un camp de concentration de Mathausen . Jean Créoff, cultivateur communiste de Berrien, FTP, sera aussi déporté en camp de concentration en Allemagne, Joseph Créoff aussi, communiste depuis 1936, qui meurt en camp de concentration. Pierre Grall, autre résistant communiste de Berrien, né le 7 mai 1921 et qui adhère au PCF pendant l'occupation, prenant part à des actions armées, sabotages, attaques, etc, sera déporté en Allemagne après son arrestation le 5 juin 1944. Il meurt au camp de Dora en avril 45. Son frère Marcel Grall, agriculteur, puis terrassier, qui adhère au PCF clandestin le 3 juillet 41 après avoir assisté à l'arrestation du communiste Jean Coant avec Jean Créoff, chef des FTP de la région du Faou, puis commandant FTP des Côtes-d'Armor, arrêté le 17 septembre 1943, sera fusillé à Rennes avec 28 de ses camarades le 8 juin 1944. (Source: Eugène Kerbaul, 1918-1945: 1640 militants du Finistère)

Article du Ouest-France, 27 mai 2014:

Trédudon, premier village résistant de France

Il y a à Berrien, en plein cœur du centre-Bretagne, au pied des crêtes des Monts d'Arrée, un hameau qui a joué un rôle déterminant dans l'organisation de la Résistance sous l'Occupation : c'est Trédudon-le-Moine. Dès les premiers jours de l'occupation allemande, tout le hameau, situé à 6 km de Berrien, sur la route de La Feuillée, entre en résistance.

Ce village, qui comptait à l'époque près de deux cents âmes a maintenu de juin 1940 à août 1944 une parcelle de France libre. Le 16 juin 40, dès le départ des troupes anglaises du camp de Saint-Thégonnec, une organisation clandestine du Parti communiste français, dirigée localement par Pierre Plassart, y stocke des armes britanniques parachutées. Avec non seulement le soutien, mais aussi la complicité de toute la population. Trédudon-le-Moine sera à la fois un dépôt d'armes, un refuge pour les résistants traqués, un lieu de réunion pour les dirigeants nationaux et régionaux des FTP.

Le 17 mai 1943, un avion britannique est abattu par la défense allemande au-dessus des Monts d'Arrée et tombe en flammes au nord de Plonévez-du-Faou. Les pilotes trouvent refuge à Trédudon.

Hélène Plassard, qui avait 20 ans à l'époque, se souvient : « Il y en a eu du passage ! Les jeunes maquisards arrivaient de Lorient, de Brest... De partout. Il y en avait du monde ici. »

22 résistants fusillés

Après des opérations de sabotage menées notamment contre les lignes ferroviaires, des missions de récupération d'armes, ou encore des attaques des troupes ennemies, les résistants, qui fuyaient à travers la montagne, venaient se cacher dans les greniers et écuries du village : « Ils arrivaient alors vers 5 h du matin. »

Dans la journée, ils étaient occupés aux travaux des champs. Trédudon nourrissait toute cette population de passage. « Nous faisions le tour des fermes pour ramener du beurre, des patates et du lard. Jamais personne n'a refusé de donner. » Le village était devenu un point d'appui pour ceux qui coordonnaient les différentes actions, donc appelés à faire de fréquents déplacements, souvent périlleux.

Le village paiera un lourd tribut lors des représailles de l'occupant. Vingt-deux résistants seront fusillés, onze tués au combat, seize déportés. Dix d'entre eux mourront en déportation. À la Libération, Trédudon-le-Moine se verra décerner le titre de Premier village résistant de France. Une stèle sera érigée à la sortie du hameau et inaugurée en 1947 par Marcel Prenant, chef d'État-major des FTPF.

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27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 17:42
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943
Cimetière de Guimiliau, 27 mai 2020: hommage à Albert Rannou, engagé volontaire des Brigades Internationales, résistant communiste finistérien exécuté par les Allemands au Mont Valérien le 17 septembre 1943

Pour cette Journée nationale de la Résistance, ce 27 mai 2020 entre 14h30 et 15h30, un moment d'une grande intensité avec Dominique Derrien dans le cimetière de Guimiliau auprès de sa magnifique église et de son enclos paroissial et son calvaire exceptionnel de la Renaissance, pour évoquer la vie de lutte et d'engagements généreux d'Albert Rannou, ouvrier maçon du Léon né le 5 mars 1914, militant cégétiste et communiste, engagé volontaire dans les Brigades Internationales (il croisera Rol-Tanguy et sera blessé deux fois pendant la guerre d'Espagne qu'il terminera avec le grade de lieutenant), héros de la résistance communiste brestoise arrêté en octobre 1942 après plusieurs sabotages et attentats, et fusillé avec 18 autres résistants communistes brestois au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 (son corps ne reviendra au cimetière de Guimiliau que 3 ans plus tard).

Un héros de la Résistance dont nous avons retrouvé les lettres écrites de prison, bouleversantes, grâce à Jacques Guivarc'h, l'ancien marbrier de la barrière à St Martin des Champs et sur lequel enquête assidûment Dominique Derrien, professeur d'histoire et chercheur.

De la prison Jacques Cartier de Rennes, Albert Rannou, dont nous avons eu en possession une quinzaine de lettres manuscrites confiées par Jacques Guivarc'h, le marbrier de Saint Martin des Champs, ancien militant communiste comme son père, Jean, résistant, Albert Rannou écrit à ses parents :

« Nous attendons toujours le jugement. Certains disent qu'il aura lieu à Paris et d'autres parlent qu'il aura lieu dans peu de temps à Rennes. Enfin, rien ne presse pour ce qu'on a à en tirer, de l'instruction. J'ai demandé à l'inspecteur allemand quelle serait ma peine. Il m'a dit que je pouvais espérer mais que la loi est dure. On cause aussi de nous envoyer dans un camp de travaux en Allemagne. Mais je prends ça pour un calmant qu'on donne à un malade sur le point de calancher.
Quand j'ai fait mon boulot, je savais à chaque fois à quoi je m'exposais, et maintenant j'attends stoïque qu'on décide de mon sort. Les premiers camarades arrêtés ont été cravaché sur tout le corps, leurs fesses étaient rendu comme du pâté de foie par la police française au service de l'ennemi (c'est joli ça). Par ça ils ont dû avouer. Ce qui m'a fait arrêter, ainsi que beaucoup d'autres.
(...) Nous sommes ici 45 de Brest avec les 5 femmes, donc certains ont déjà été jugés par les Français, mais qui doivent encore l'être par un tribunal Allemand. La moitié d'entre nous risquons le grand paquet. Le pire, c'est qu'il y a beaucoup de mariés et de pères de famille. Pour moi, si ça m'arrive j'aurai seulement le grand désespoir de vous quitter ainsi que mon frère et sa femme. Mais rien ne m'inquiète à votre sujet, votre santé est bonne et rien ne vous manque par ailleurs. Donc s'il faut se résigner un jour ça sera avec calme et fierté que je marcherai. J'ai fait mon devoir de Français et de communiste. Je suis allé en Espagne parce que là-bas se jouait le sort de la France et que l'Espagne Républicaine vaincue, c'était la guerre pour notre Pays. A présent le capitalisme est en train de creuser sa propre tombe, malheureusement qu'avant de disparaître il peut encore faire beaucoup de mal. Je viens d'apprendre que 3 jeunes classes vont partir pour l'Allemagne sur ordre de Pétain-Laval. Une fois là-bas, ils seront déguisés en mannequins du 3ème Reich et envoyez sur le Front pour combattre leurs camarades Russes contre leur propre liberté. La bête agonise mais elle a du mal à crever. J'aurais bien voulu pouvoir assister à sa fin. Si je n'y suis pas, vous pourrez dire que votre fils a maintes fois risqué sa vie pour le triomphe de son idéal et pour la victoire de notre juste cause. La défense de la République française que nous voulons voir prospérer dans une union des Républiques mondiale. Peut-être que les Alliés arriveront à temps mais ils n'ont pas l'air de se presser, quoi qu'il advienne ils ne perdent pas pour attendre, car les peuples anglo-américains ont aussi compris que leur salut est aux côtés de leurs camarades bocheviques, qu'il faut qu'ils luttent, pour écraser à jamais le fascisme fauteur de guerre et de misère.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage » (Karl Marx*) ».

Albert Rannou qui écrit le jour de son exécution de la Prison de Fresnes le 17 septembre 1943

Cher Papa et chère Maman
Il est 11 heures moins le quart, on vient de nous prévenir qu'on va être fusillés à 16 heures. Je vais donc donner ma vie à la France, pour ma patrie que j'ai toujours aimée et pour laquelle j'ai combattu. Je meurs content car mon sacrifice (j'en ai la certitude) n'aura pas été vain. J'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde.
(censuré)

Mes chers parents, vous savez que je vous ai toujours aimés et que vous me le rendez bien ainsi qu'Yfic. Ça me fait une peine immense de vous quitter à jamais. Je ne sais comment vous exprimer toute ma gratitude pour ce que vous avez fait pour moi. Vous m'avez choyé depuis mon enfance jusqu'à ma dernière heure. Si quelquefois je vous ai fait de la peine, vous m'avez pardonné. Je n'oublie pas non plus ma belle-sœur. Grand-mère et toute la famille auxquels vous voudrez bien envoyer mes amitiés dernières. Je pense à vous tous en ce moment qui est plus pénible pour vous que pour moi. Je viens de voir l’aumônier, j'ai refusé la communion. Donc aucun service religieux à mon intention. Mes amitiés aussi à tous les voisins et camarades, qu'ils sachent que j'ai fait mon devoir de Français et de communiste.
Papa, Maman, ma dernière pensée sera pour vous et pour mon frère. Je vous embrasse tous dans un même élan.
Soyez courageux.
Adieu tous.
Votre fils Albert.
Vive la France, Vive le parti communiste
Paix- Liberté- Justice »

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27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 16:20
27 mai 2020 - la commission féminisme du PCF Finistère rend hommage à la résistante communiste brestoise Simone Moreau en rebaptisant symboliquement une rue
27 mai 2020 - la commission féminisme du PCF Finistère rend hommage à la résistante communiste brestoise Simone Moreau en rebaptisant symboliquement une rue
27 mai 2020 - la commission féminisme du PCF Finistère rend hommage à la résistante communiste brestoise Simone Moreau en rebaptisant symboliquement une rue
27 mai 2020 - la commission féminisme du PCF Finistère rend hommage à la résistante communiste brestoise Simone Moreau en rebaptisant symboliquement une rue

Ce 27 mai 2020, la commission féministe 29 rend hommage à Simone MOREAU en rebaptisant la rue de Brest où Simone et Henri Moreau ont habité et abrité des caches d’armes et du matériel d’imprimerie pour la presse clandestine.

http://pcf29.org/1920-2020-100-ans-dengagements-communiste…/

Simone Moreau (1908-1962)

Simone Moreau, née Pineau le 24 novembre 1908 à Bourgueil (Indre-et-Loire), adhère au PCF clandestin dans les conditions les plus dangereuses, sous l'occupation allemande, le 9 janvier 1941. Mais elle avait déjà aidé et participé aux activités illégales de son mari dès 1940: Henri Moreau. Le local de la fédération du PCF Finistère est installé dans une petite rue, entre la rue Jean Jaurès et le cimetière Saint Martin, qui porte le nom de ce grand résistant communiste brestois.

Fils d’Alexandre Moreau, charcutier puis facteur des PTT, revenu très malade de la 1ère guerre mondiale, et d’Adrienne Leroux, sans profession puis couturière, Henri Moreau fut adopté par la Nation en 1925. Il s’engagea jeune dans la « Musique des Équipages de la Flotte ». D’après Eugène Kerbaul, il était l’un des deux militaires de carrière en activité qui furent membre du Parti communiste à Brest à la fin des années 30, l’autre étant Georges Cadiou. Simone Pineau et lui se marièrent à 22 ans, le 9 septembre 1931, à Chouzé-sur-Loire (Indre-et-Loire)  le couple avait un enfant. Henri Moreau aida la Jeunesse communiste de Brest à constituer une chorale et une société de musique, « La Lyre Populaire Brestoise », à la fin des années 40 mais elle eut peu l’occasion de se manifester.À la fin de 1940 il fut démobilisé en zone non-occupée, et devenu retraité de la marine nationale, il revint à Brest. Il y reprit aussitôt le contact avec le PCF clandestin depuis son interdiction par le gouvernement Daladier.

Le domicile d'Henri et Simone Moreau de la rue Portail devint un dépôt de matériel léger d’imprimerie : stencils pour ronéo (petite machine à imprimer de bureau), papier, encre, etc. En mai 1942, à la suite de la mise sur pied des FTPF dans le département, leur appartement servit aussi de dépôt d’armes et d’explosifs. Il participera personnellement à de nombreux sabotages.

Simone Moreau devient responsable à la propagande du comité brestois de l'Union des Femmes Patriotes (organisation clandestine créée par le PCF, qui en fait à Brest, en fin 1941 et en 1942, ne regroupe que des femmes communistes). Elle transporte du matériel de propagande à travers toute la Bretagne. Elle participe à l'organisation et au déroulement de la manifestation des femmes pour un meilleur ravitaillement, en avril 1942, avec Jeanne Goasguen-Cariou notamment, et à celles des femmes communistes de l'U.F.P conte le STO (Service de Travail Obligatoire) créé par Pétain pour fournir de la main-d’œuvre aux usines de guerre allemandes. Simone Moreau travaillait aussi avec Henri à l'impression des journaux et tracts clandestins dans leur petite maison de la rue André Portail à Brest. Arrêtée le 4 octobre 1942, elle fit preuve d'un grand courage. Relâchée en août 1943, faute de preuves et d'aveux, elle resta sous une étroite surveillance policière. Elle fait alors des démarches pour essayer de sauve son mari de la peine capitale, en vain. 

Henri Moreau, qui s'occupait du matériel de propagande et d'impression de la propagande résistante des communistes brestois et du Front National de Libération de la France à Brest, puis de cacher les armes, munitions et explosifs, dans le domicile qu'il partageait avec Simone et leur fille, puis qui était devenu responsable pour le Finistère de la propagande du PCF, avait été arrêté le 4 octobre 1942, peu de temps après cette nomination, par des policiers brestois. Il sera interrogé avec brutalité et jugé... deux fois! Et deux fois condamné. Une fois par la section spéciale (française) de Rennes, en décembre 1942, puis par un tribunal allemand - auquel les juges vichystes l'ont livré - à Fresnes, le 28 août 1943. Il avait été emmené de prison en prison, de celle du Château à Brest à celles de Vitré, Fontrevrault - où il est responsable d'un groupe clandestin de détenus - Jacques Cartier à Rennes, Fresnes, près de Paris. Henri Moreau est fusillé le 17 septembre 1943 en même temps que 18 autres communistes brestois (Albert Rannou, Albert Albalain, Andé Berger, Eugène Lafleur, Joseph Ropars, Paul Monot, Louis-Marie Le Guen, Louis Departout, Etienne Rolland, Albert Rolland, Jean-Marie Teurroc, Lucien Argouarch, Charles Vuillemin, Yves Giloux, Louis Le Bail, Jean-Louis Primas) au Mont Valérien près de Paris.

Simone Moreau, après la Libération, continue de militer au PCF. Elle meurt à Brest en 1962.    

27 mai 2020 - la commission féminisme du PCF Finistère rend hommage à la résistante communiste brestoise Simone Moreau en rebaptisant symboliquement une rue
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