Compte rendu de l'Assemblée Générale du Front de Gauche du Pays de Morlaix
Lundi 14 janvier 2013
26 présents
1. Débat sur la situation politique
Pierre LS Actuellement, on est en plein enfumage gouvernemental et médiatique. On nous occupe avec des choses qui ne sont pas fondamentales. On parle de Depardieu, du mariage gay, quand il y a 150 000 SDF dans la rue et toujours plus de chômeurs. Le droit du travail se réduit d'année en année de plus en plus à peau de chagrin...
Alain M Depuis des années, les gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, n'ont pas amélioré le sort des ouvriers. On est dans un putain de pays où ceux qui gagnent du pognon n'en gagneront jamais assez... Les syndicats n'ont pas fait leur boulot chez nous. En Allemagne, il y a eu des grèves efficaces, des discussions avec les patrons qui ont pu donner des résultats.
Nicole L La signature de l'accord compétitivité-emploi avec le Medef par la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, témoigne du partage traditionnel entre des syndicats réformistes qui accompagnent les évolutions du droit du travail voulues par le patronat et des syndicats de lutte de classe qui s'opposent. La CFDT d'habitude est quand même portée par la base. Du coup, son attitude est révélatrice certainement de l'état d'esprit d'une partie de l'opinion: ses adhérents n'ont pas fait pression pour qu'ils ne signent pas l'accord. Cela nous interroge sur le rapport de force dans le pays: le mécontentement se généralise mais s'accompagne de résignation. Il ne faut pas taper sur les syndicats dans le contexte actuel: ils sentent sans doute qu'ils sont incapables de faire descendre dans la rue autant qu'au moment de la réforme des retraites. Après, il faut dire les choses telles qu'elles sont: plutôt que de mettre droite et gauche dans le même paquet, il faut dire haut et fort que ce n'est pas la gauche qui est au gouvernement mais seulement le PS et Europe Ecologie les Verts. La gauche, elle est aussi ailleurs. Les syndicats ne peuvent pas tout: ils n'ont pas accès à toutes les informations dans les CA. Ils ont des difficultés à mobiliser les salariés qu'a convaincu en partie une intense propagande idéologique menée depuis des années sur le thème: « la France a un modèle social privilégié, il faut s'en contenter et accepter de le réformer pour l'adapter à la mondialisation» , puis «c'est la crise, on est tous dans le même bateau, il faut faire des sacrifices ».
Alain R Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a un problème de rapport de force dans ce pays. La classe ouvrière a été battue dans ce pays depuis 30 ans. Pas complètement battue, mais partiellement vaincue: on n'est tout de même pas dans une situation à l'anglaise où la classe ouvrière a été complètement laminée. Il faudra du temps pour remonter cela. Dans la situation où on est, ce n'est plus une question simplement de mobilisation sociale, mais de perspectives politiques. Pour l'instant, les luttes sociales sont surtout défensives: quand les gens sont en danger, ils luttent. Mais pour l'instant, cette perspective politique, on est pas assez forts pour l'installer. Mais c'est aussi parce qu'on est qu'au début de la phase de construction du Front de Gauche et de reconstruction d'une alternative. La situation que nous vivons est dangereuse mais aussi pleine de richesses, de virtualités. Dans les années 90, on rentrait la tête dans les épaules: ce n'est plus le cas aujourd'hui. Par rapport à l'intervention au Mali, c'est tout de même étonnant qu'il n'y ait pas plus d'opposition sur cette question. C'est évidemment une intervention néo-coloniale: il s'agit de protéger les intérêts d'Areva sur l'uranimum nigérien et malien. La France, ça fait 50 ans qu'elle soutient des gouvernements non-démocratiques issus de coups d'État militaires au Mali et ailleurs en Afrique: par quel miracle se préoccuperait-elle aujourd'hui essentiellement de démocratie?
Mikaël S En 2012, le Front de Gauche a milité pour une vraie revalorisation du salaire: on va encore vers un recul. La politique de ce gouvernement va diamétralement en opposition avec les orientations de notre programme « L'Humain d'abord ». Il ne faudrait pas qu'à terme on se retrouve dans la situation de la Pologne des années 70... Après, je ne sais pas si le plus important, c'est qu'on intervienne à propos de la guerre au Mali. Ce que les gens attendent, c'est d'abord de l'argent dans le porte-monnaie.
Babeth G Pour moi, l'intervention militaire au Mali, ce n'est pas rien, cela mérite qu'on en parle, qu'on se prononce dessus. Pensons aux populations maliennes, aux mères des soldats et au coût que va avoir cette guerre en pleine période de crise...
Pierre LS On est train de mettre les doigts dans un engrenage, on ne sait pas où ça va s'arrêter. Pensons à l'Afghanistan, à la Libye, à l'Irak... Je n'ai pas l'impression que le gouvernement à un plan de route clair par rapport à cette intervention militaire et mesure les risques.
Alain D Dans le contexte actuel, avec un gouvernement socialiste, le problème qui se pose est idéologique. Il faut se battre dans beaucoup de domaines actuellement. Il y a un mécontentement très fort vis à vis du gouvernement, du PS mais il y peut y avoir dans les mêmes têtes un mécontentement très fort, un refus très net, et en même temps un attentisme: on attend les prochaines élections. Ce qu'il faut faire comprendre aux gens, c'est que c'est maintenant qu'ils doivent se mobiliser. La question centrale est: est-ce qu'on se bat dans le contexte de ce que le capitalisme est prêt à lâcher ou est-ce qu'on se bat pour que prévale une autre logique? Pour sortir de la crise, il faut combattre l'austérité. Il est nécessaire d'aller dans le sens d'un rapport de force qui est idéologique. Faire changer le diagnostic des gens sur les responsabilités de la crise actuelle et les possibilités d'en sortir en échangeant au quotidien avec les personnes que l'on rencontre. Sinon, la prochaine fois, on va nous resservir l'idée qu'on ne peut pas faire autrement, que c'est pénible mais qu'on est bien obligé de composer avec les contraintes économiques... A côté de quelques avancées sociales non négligeables, il faut se poser la question: est-ce que la politique qui est conduite actuellement est une politique de gauche? Non, c'est une politique au service du capital: je crois qu'il faut le dire comme ça, sans prendre trop de gant. Est-ce qu'on va les laisser jusqu'à la fin du mandat arriver à des situations irréversibles? Ajouter de nouveaux pans à la démolition du code du travail. Non, c'est maintenant qu'il faut se mobiliser et en particulier qu'il faut faire pression sur les parlementaires de gauche pour qu'ils ne votent pas la loi transcrivant l'accord sous pression entre quelques syndicats et le patronat pour plus de flexibilité des salariés.
Yves A Dans cet accord, le Medef n'a rien lâché, contrairement aux fables qu'on nous raconte. Elle est tellement fière d'elle, Parisot, qu'elle envisage de modifier les statuts du medef car le gouvernement va au-delà de ses espérances. On est dans la continuité de la politique du gouvernement précédent. Un exemple: il est question que PSA bénéficie d'aides de l'Etat pour racheter la filière OPEL de Général Motors alors que le groupe vient d'annoncer des milliers de suppressions de postes en France. Le groupe a démenti, mais il avait fait de même quand les syndicats avaient annoncé les suppressions de poste, avant de les confirmer. Et tout cela alors qu'on dit qu'il n'y a pas d'argent dans les caisses et que l'on réclame que les entreprises qui licencient ou délocalisent remboursent les aides d'Etat. La continuité avec Sarkozy s'observe aussi sur la méthode de « négociation » posée par le gouvernement pour arriver à l'accord compétitivité emploi: les « partenaires sociaux » doivent s'entendre à tout prix, faute de quoi le gouvernement « devra prendre ses responsabilités »...
Patrick LN Ce qu'on a proposé pendant la campagne au niveau du Front de Gauche est en contradiction totale avec ce que le gouvernement propose. C'est du social-libéralisme, la continuité de Sarkozy. On est toujours en plein dans la lutte des classes et le gouvernement a choisi son camp: il est clairement complice du patronat et de la finance.
Michèle A Il est difficile de construire l'alternative politique, c'est ce qui est préoccupant, agaçant. Il y a un tel matraquage sur cette politique unique. On arrive pas à rendre crédit à l'idée qu'il y a une autre politique possible. On est tout le temps classé de farfelu, de gens qui n'ont pas les pieds sur terre.
François R Comment le Front de Gauche peut apporter une alternative politique dans ce pays? Il y a un enjeu essentiel dans la construction du Front de Gauche. Le réveil des luttes, ça été décembre 1995. La situation est encore pire aujourd'hui. La précarité menace tout le monde, les salariés hésitent à faire grève, à se mobiliser. On parle maintenant d' « employabilité » des gens: nous sommes en pleine régression culturelle vers le servage. On a atteint des sommets dans la régression sociale. Mais aux gens, on leur dit: il y a l'Espagne, le Portugal, la Grèce, c'est bien pire... Alors ne soyez pas trop mécontents de votre sort. Il y a encore un ingrédient de la situation qui complique tout: les gens en avaient ras le bol du gouvernement de droite et ont élu un gouvernement de gauche. Le beug... Comment faire pour rattraper ça? Aujourd'hui, les luttes des gens sont surtout défensives, quand l'emploi, les salaires sont directement menacés. Il n'y a plus de luttes pour la conquêtes de nouveaux droits sociaux. Le Front de Gauche a une responsabilité, celle de rappeler aux gens quelques idées fondamentales:
a)Non la crise n'est pas fatale. Elle est systématique, grave, mais de la responsabilité du système capitaliste. Des solutions existent, celles qui rompent avec la logique capitaliste.
b)Le rapport de force n'est pas favorable. Mais il n'est pas impossible de prendre des mesures qui l'améliorent un peu ainsi que la condition des salariés: par exemple, une loi pour interdire les licenciements boursiers...
c)Un élément politique fondamental. Le Front de Gauche doit se situer dans l'opposition à la politique du gouvernement socialiste. C'est maintenant qu'il faut le dire. Ne tombons pas dans le panneau de devoir nous justifier front contre front...
d) Les questions sociales ne sont pas les seules à cristalliser le mécontentement. Pensons à Notre Dame des Landes. Les jeunes sont capables de se mobiliser grandement contre Notre Dame des Landes. Il serait bon aussi que le Front de Gauche soit en mesure d'organiser des manifestations contre cette intervention pourrie au Mali. Hollande n'a même pas consulté sa propre majorité parlementaire. Un petit détail...
A la fin de ce débat de politique générale, nous avons décidé de rédiger dans la semaine deux communiqués du Front de Gauche Morlaix à envoyer à la presse: le premier pour condamner l'intervention militaire au Mali, dans ses modalités et ses motivations, le second pour dénoncer l'accord flexibilité-emploi qui constitue un nouvelle étape dans l'entreprise de démolition d'un droit du travail protecteur conquis par les luttes sociales.
2. Débat sur le logement et le transport en préparation des municipales
Hervé P qui avait déjà beaucoup travaillé sur la question (surtout celle du transport) a réalisé une introduction pendant un peu plus de vingt minutes:
A. Le logement. C'est chez nous dans le Finistère que le logement pavillonnaire est le plus développé. Or, cela induit énormément de consommation d'espace pour les pavillons et leurs accès routiers, une artificialisation préjudiciable et rapide des terres agricoles. Il faut poser aussi la question du coût énergétique du logement individuel. Le logement collectif consomme moins d'énergie. Le pavillon individuel coûte plus cher que le logement collectif.
Aussi bien d'un point de vue social qu'écologique, il faut privilégier le collectif, mais aussi rénover l'existant, isoler l'existant dans les bourgs et engager les efforts des communes et de la communauté d'agglomération vers du collectif écolo inter-générationnel. On ne construit de l'individuel que là où il y a de la place, dans les zones non investies ou réhabilitées des bourgs.
B. Les transports. Le moteur à diesel ou à essence, c'est une impasse totale. La voiture individuelle aussi. Le moteur électrique aussi: ce n'est pas du renouvelable, une transition du parc automobile vers l'électrique exigerait le fonctionnement de davantage de centrales nucléaires.
Les solutions développées dans le cadre institutionnel jusqu'à présent -auto partagée, co-voiturage – ne sont suffisantes. Il faut développer les transports publics de proximité. La situation est très grave dans le Finistère: les lignes de transport en dehors des agglos (chez nous Morlaix-Saint Martin) ne sont quasiment que réservées aux scolaires, ou alors il y a des services à la demande pas souples du tout où il faut appeler la veille pour avoir une solution de transport collectif. Il faudrait mettre en place dans l'agglomération une douzaine de lignes de transports péri-urbaines, car la communauté d'agglomération a trois fois plus d'habitants (66000) que l'agglomération-Morlaix-Saint Martin-quartiers nord de Plourin. Il faudrait des petits cars de 20 à 30 places pour ces liaisons inter-urbaines, fonctionnant 6 jours sur 7. Les transports en commun devraient être gérés en régie publique directe, et rester payants, pour garantir la qualité du service, la multiplicité des liaisons et la fréquence des bus, et faire en sorte que ceux qui ne se déplacent pas ne paient pas pour les autres.
Ismaël D Je crois qu'Hervé a raison d'insister sur la nécessité de développer des liaisons de bus péri-urbaines avec une vraie fréquence des trajets et un réseau diversifié. C'est un enjeu fondamental pour réduire les émissions de CO2, pour facilité la mobilité des personnes, particulièrement des jeunes et des personnes âgées, pour limiter la présence de voitures dans les centre-villes et réduire les coûts associés à l'usage systématique de la voiture. Actuellement, on est loin du compte. Seule l'agglomération Morlaix/ Saint-Martin est vraiment pourvue d'un réseau du bus conséquent. Je crois beaucoup à la souplesse des minis bus ou de taxis subventionnés par la collectivité qui permettraient de relier les bourgs et petites villes de la circonscription entre elles et à Morlaix. Prenons l'exemple sur ce qui se passe dans les pays du Maghreb ou du Proche-Orient comme la Turquie, avec une possession moins généralisée des voitures individuelles et un pouvoir d'achat moindre certes. Des taxis collectifs et mini-bus permettent de circuler très efficacement de villes en villes et de villes en villages à moindre coût. Cela demande bien sûr en France que la collectivité y consacre des moyens. Sur le logement, je crois qu'il faut prendre en compte plusieurs choses, les besoins de la société- et là, l'enjeu écologique de la lutte contre l'étalement urbain pour éviter les déplacements en voiture et le grignotage des terres agricoles peut être déterminant, mais il faut aussi l'associer à une prise en compte de l'intérêt des communes urbaines et rurales qui cherchent à avoir un dynamisme au niveau de leur population pour survivre et maintenir la qualité des services publics - , les besoins individuels et les attentes des gens, le ressenti des citoyens par rapport à leurs besoins. Il y a une réalité que nous ne devons pas occulter, c'est que dans la communauté d'agglo de Morlaix, la ville-centre perd des habitants tandis que des communes situés dans un rayon de 5 ou 15 kilomètres et qui offrent des solutions d'achat de maisons individuelles avec jardin à des prix raisonnables en gagnent. Pour Morlaix, cette perte de population est préjudiciable car les classes moyennes qui vont vers les communes environnantes, c'est des rentrées d'impôt en moins, la nécessité d'augmenter les impôts pour un nombre de plus en plus restreint de foyers imposables afin de faire face aux dépenses incompressibles liées aux équipements et aux services d'une ville-centre, ce qui crée un cercle vicieux amenant les gens à s'installer dans les communes périphériques. C'est ainsi que la ville s'endette et s'appauvrit. Il y a une offre de logement à Morlaix, mais qui ne correspond pas toujours aux attentes des gens, d'où la tentation de s'y adapter en offrant de nouvelles solutions pour des lotissements, l'installation de maisons individuelles neuves afin de conjurer cette dépopulation. Au niveau du logement social, toutes les communes ne sont pas non plus aussi bien pourvues: on passe de 22% de logement social à Morlaix à 5 ou 10% dans certaines communes environnantes qui ont 80% logements en propriété individuelle, avec des conséquences importantes sur le pouvoir d'achat. Il y a donc une multiplicité de points de vue sur la question à prendre en compte et le critère social, l'attente des gens, ne peuvent être occultés par une prise en compte légitime de l'enjeu environnemental.
Yves A Avant de parler de réduction du transport individuel et pour qu'il soit envisageable de se passer de la voiture individuelle, il faut développer un réel service public du transport. Cela veut dire: pas de transporteurs privés chargés de missions de services publics. Un exemple de mauvais établissement des priorités: on a quasiment interdit aux franciliens l'accès en voiture à Paris sans installer les équipements compensatoires. Il faut faire attention à ne pas heurter les gens en les culpabilisant sur leurs pratiques de conduites automobiles mais commencer par être positifs et parler d'abord nécessité de développer le transport public.
Elisabeth R L'exposé d'Hervé P est très intéressant et nous montre vers où il faut tendre mais bien sûr il nous faudra du temps pour que ça évolue: il faut échelonner les changements de pratiques et mettre à disposition progressivement les moyens de les rendre effectifs.
Christian C Il faut commencer par mettre en place des liaisons par train et par bus correspondant aux besoins des gens, notamment professionnels, mais prendre en compte aussi le fait que les gens apprécient le confort et la liberté du transport individuel. Même si de plus en plus les gens font du covoiturage.
Patrick LN Il faut du transport collectif offrant des solutions souples et aider aussi à la généralisation des déplacements individuels sans voiture, à pied ou à vélo, par exemple par un ascenseur au niveau du viaduc à Morlaix.
Jean D C'est vrai qu'il faut chercher à lutter contre l'étalement urbain, le mitage: il y a par exemple des maisons partout actuellement le long de la route entre Morlaix et Plouigneau. Des lotissements écologiques et inter-générationnels adaptés proches des bourgs avec de la végétation seraient préférables. En tant qu'ancien cheminot, je m'inquiète que le Front de Gauche ne soit pas assez proposant sur l'aménagement du pôle gare à Morlaix, sur la multiplication des liaisons en train de proximité, par exemple entre Morlaix et Plouigneau, Roscoff et Saint Martin des Champs (train-tram), avec des trains qui s'arrêtent quasiment à la demande. Il y a 60 personnes tous les jours qui prennent leur voiture depuis le Léon et à partir de bourgs situés près de la voie Roscoff-Morlaix pour travailler dans la galerie commerciale du Géant ou à proximité. Cela crédibilise une solution par le train. Le projet ferroviaire rail-route de Saint Martin des Champs interroge également: on doit se tenir au courant et être à l'initiative sur ces questions là.
Annie M L'exposé d'Hervé P était très bien pour avoir une base de réflexion mais on n'arrêtera pas du jour au lendemain le pavillonnaire qui correspond aux attentes des gens. Il faut respecter les choix de vie des gens. Pour le transport, l'intérêt, c'est d'échelonner les transformations possibles en ayant des objectifs écologiques et sociaux mais aussi en recensant les besoins des populations. Il faut que les gens désapprennent à utiliser systématiquement leur voiture: cela prendra du temps.
Alain D Ce que Hervé vient de dire nous oblige à lever le nez du guidon. Ceci dit, il faut remettre les choses en perspective: le transport est un besoin et une liberté, le logement un besoin. Il faut partir de la réalité du territoire. Le périmètre de vie est différent du périmètre administratif. Le périmètre de vie dépasse la communauté d'agglo. Il y a une énorme disparités en terme de revenus entre les gens qui habitent sur la communauté d'agglo. Le revenu médian va de 14000 à 23000€ par ménage et par an. Il y a deux façons de vivre complètement différentes: certaines communes ont 40% de foyers imposables, d'autres 60%. A Morlaix, il y a une vacance au niveau des logements de l'ordre de 12%. En terme de logement, les réponses à apporter ne sont pas forcément les mêmes partout même s'il y a des invariants qui peuvent être les mêmes. Il faut aussi prendre en compte le contexte dans lequel cela va se faire. J'ai été frappé dans le cadre du dernier Débat d'Orientation Budgétaire au Conseil Municipal de Morlaix du fait que ni le groupe PS, ni le groupe Idées, ne s'est élevé contre la politique de l'État vis à vis des collectivités locales. Pourtant, cette année, il y a 1,8% d'augmentation des prix alors que les dotations de l'État sont gelées. L'an prochain et l'année suivante, ce sont 750 millions d'euros qui vont être retirés aux collectivités locales. Le combat des élus peut peut-être encore faire changer les choses. Il faut que nous ayons à la fois une vision de ce que l'on veut mettre en place comme logique et une vision claire de la réalité.
Alain R S'agissant des transports, il est nécessaire de trouver des points de regroupement efficaces: cela va de la question du stationnement à celle de la liaison entre modes de transports différents. Or, qu'est-ce qu'on constate? Dans le projet de nouvel aménagement de la gare de Morlaix, c'est un parking privé payant qui s'installe. Dans ce cadre, beaucoup préfèreront aller à Brest ou à Rennes en voiture plutôt que de payer et le train et le parking. Il faut aussi quand on parle de réduire les transports polluants et l'usage de la voiture individuelle poser la question des services publics de proximité. Dans certaines communes, il faut faire 8 ou 9 km pour trouver une poste désormais. Il faudrait un plan de circulation au niveau des services publics de proximité. Sur la question du logement, il faut bien prêter attention au fait que l'on ne fait pas toujours délibérément le choix du pavillonnaire. A Plounéour Menez, on trouve de jeunes couples qui ont d'abord vécu à Morlaix, attirés par les possibilités qu'offre la ville et des loyers modérés. Au moment de s'installer, ils choisissent le bourg parce qu'ils en viennent ou pour avoir plus grand avec leurs enfants. Il n'y a rien à louer à Plounéour. Il n'y a pas non plus d'anciennes maisons avec un peu de cachet à vendre, tout est accaparé par des touristes, des résidences secondaires, des gens qui viennent d'ailleurs. Du coup, on fait construire. Avec 13€ du mètre carré le terrain, cela reste abordable. Vous voyez le parcours tel qu'il est: le pavillon en lotissement, c'est parfois la seule possibilité de se loger. Il faut raisonner avec les trois catégories de logement: logement social, logement privé locatif, propriété privée. Il y a une expérience intéressante qui est pratiquée désormais de plus en plus dans les bourgs: c'est la reprise par les communes ou communautés de commune de vieilles maisons pour en faire du logement social en les rénovant et les isolant. Mais il faut avoir conscience que rénover de l'ancien, cela coûte plus cher que de construire du neuf. Le problème que pose le locatif privé, en général, ce sont les appétits des investisseurs privés. De plus, il y a beaucoup de résidences pavillonnaires dégradées qui sont des logements sociaux de fait. De mon point de vue, il faut aussi développer le logement privé accessible au plus grand nombre: il faut des aides à l'achat de maison. Pas n'importe quelle maison, pas n'importe où. Il faut trouver particulièrement un système d'aides pour les jeunes, pour qu'ils deviennent propriétaires.
Mikaël S Le transport en commun, c'est une bonne chose mais je ne crois pas trop à un arrêt de l'automobile pour demain. Je crois davantage à des avancées technologiques qui pourraient faire face aux problèmes rencontrés. Il faut continuer dans la demande de consultation auprès de la population. Continuer à avancer sur ces choses, mais en prenant en compte l'avis de la population.
François R Il y a une erreur que le Front de Gauche ne peut pas se permettre de faire, c'est d'entamer une culpabilisation des citoyens sur l'usage de la voiture. Les questions de transport et de logement posent des questions essentielles: quels types de modalités voulons-nous pour prendre pour prendre les décisions? Comment pouvons-nous consulter les gens? Il faut réfléchir aux modalités de la consultation. Il ne suffit pas d'avoir des idées, de bonnes idées: il faut éviter un travers qu'ont souvent les Verts, celui de l'hyper-culpabilisation. Il faut être compris des gens. On peut articuler les deux préoccupations. Donner un point de vue sur le type d'articulation des transports que nous voulons et se demander quel type d'aide on veut pour le réaménagement de l'habitat ancien. A Morlaix, notamment, il y a pléthore d'appartements ou de maisons anciennes qui pourraient être occupés par des jeunes.
Hervé P Je suis allé au sabre sachant très bien à qui je m'adressais. Je propose une politique, des mesures concrètes. Jean-François Huon m'a fait part qu'il avait déjà proposé au sein de la commission transports de Morlaix-Com la remise en service des liaisons ferroviaires de proximité entre les gares de Taulé, Plouigneau, Pleyber-Christ et celle de Morlaix. J'ai un dossier complet sur les politiques de transport possibles et souhaitables au niveau de Morlaix-Communauté: cela serait bien de constituer un groupe de travail pour voir comment on peut élaborer et faire valoir des propositions précises.
A la fin de la réunion, nous avons décidé d'attendre le résultat de la coordination départementale du mercredi 16 janvier pour voir si les Assises départementales du Front de Gauche pouvaient avoir lieu à Morlaix ou plutôt à Pont de Buis le 30 mars.
Yves A a annoncé l'imminence de journées de solidarité avec les palestiniens, animées notamment par l'AFPS, mais pas que, à l'occasion de la venue du Trio Joubran (samedi 16 février), du spectacle à partir des poèmes de Mahmud Darwich au théâtre (jeudi 14 février), et d'un ciné-débat à la Salamandre (vendredi 15 février) animé par le président de l'AFPS et parrain de Salah Hamouri, Jean-Claude Lefort. Le débat se fera à partir d'un film sur les prisonniers palestioniens.
Mikaël S s'est proposé de réserver une salle pour faire une réunion publique du Front de Gauche à Pleyber-Christ. Nous avons décidé d'y tenir notre prochaine Assemblée Générale du Front de Gauche sur le thème de la Solidarité le mercredi 20 février 2013 à Pleyber-Christ (18h, salle du Rouallou).
Nous avons fixé le prochain bureau du collectif Front de Gauche, ouvert à tous, le jeudi 31 janvier 2013 à 18h, 2, petite rue de Callac à Morlaix.
Compte rendu réalisé le 16 janvier par Ismaël D.