Suppressions d'emplois à la pelle en Bretagne,
Halte à la saignée dans l'agro-alimentaire Finistérien !
Doux, GAD, Marine Harvest, Tilly-Sabco… Des milliers d'emplois ont été supprimés ces derniers mois : 1000 chez Doux, 900 chez Gad avec la fermeture la semaine dernière de l'abattoir à Lampaul-Guimiliau. 400 emplois sont menacés - CDI et intérimaires - chez Marine-Harvest, groupe norvégien qui a réalisé un bénéfice de plus de 120 millions d'euros en 2012. Malgré ce résultat, la direction veut délocaliser les activités en Pologne pour augmenter les profits redistribués aux actionnaires.
L'entreprise Tilly-Sabco menace, elle aussi, de réduire son personnel.
Aux côtés de la Bretagne, aucune région n’est épargnée par le dépeçage de l’emploi. Au nom des seuls signaux du marché, les entreprises se livrent au cœur de la crise à la plus farouche concurrence, du coût du travail et des cours agricoles les plus bas ! Seuls les actionnaires s’engraissent alors que des milliers de salariés sont jetés à la rue et leurs familles laissées sans avenir.
Le patronat est le principal responsable de cette « hécatombe d'emplois » pour reprendre les termes d'une syndicaliste. Les réponses gouvernementales issues de la rencontre interministérielle ne sont pas à la hauteur des mobilisations et des exigences quant au maintien de l’emploi et de l’outil de travail. Alors que les licenciements chez Doux remontent maintenant à plusieurs mois, seuls 50 salariés sur 1000 ont obtenu un reclassement.
Selon les syndicats, 8000 emplois sont menacés au total en comptant les emplois indirects.
Aussi, la seule solution pour ne pas mourir à petit feu c'est la mobilisation unitaire des salarié-es de tous les sites concernés.
C'est pourquoi, le Front de gauche, soutient les mobilisations en cours, et celles à venir, des salarié-es de l'agroalimentaire pour la défense de leur emploi.
Avec eux, il faut exiger un moratoire sur les plans de licenciements, une large concertation de tous les acteurs, la mobilisation de fonds notamment au travers de la banque publique d’investissement.
Il n’y a pas de fatalité aux politiques d’austérité et de chômage de masse.
GAD: l'immense gâchis humain
La CECAB a donc obtenu la fermeture des sites de production de Lampaul Guimiliau et de Saint Nazaire, du centre administratif de Saint-Martin, seul l'abattoir de Josselin étant maintenu pour quelque temps encore, avec un avenir très incertain. C'est une catastrophe sociale pour notre région, surtout qu'au même moment Jean Gaby à Lampaul s'apprête à supprimer 80 emplois.
Le site de Lampaul était performant et il n'y avait pas de raisons objectives, sauf à admettre le bien-fondé du dumping social et des règles très faussées de la concurrence européenne pour en justifier la fermeture.
Le Front de Gauche s'associe à l'écœurement et à la colère des salarié-es.
Nous espérons que ceux-ci vont pouvoir rebondir mais beaucoup sans doute voient-ils leur vie sur le point de basculer, avec souvent des perspectives de chômage de longue durée et de précarité, de surendettement, de déplacement forcé, de difficultés personnelles et familiales. Avec eux, c'est toute la région qui va trinquer. Reste la fierté d’avoir lutté jusqu’au bout et de maintenir les mobilisations d’aujourd’hui pour que les sites de production soient repris ou, à défaut, arracher des indemnités qui ne soient pas des miettes. Aujourd’hui encore, ils ont besoin de toute notre solidarité pour rester debout !
Les pistes existent pour surmonter la crise de l'agro-alimentaire breton, manque le courage politique !
La droite et le PS font part de leur tristesse et de leur solidarité face aux suppressions d’emplois chez GAD, alors qu'ils sont d’accord pour ne pas changer les règles du jeu ultra-libéral en Europe. Qu’attendent-ils pour parler de planification écologique ou d'intervention volontariste de l'Etat afin de soustraire la filière agro-alimentaire aux forces destructrices et irresponsables du marché ?
Le courage politique, c'est de ne pas se résigner à ce que les capitalistes et les lois du profit l’emportent à chaque fois mais d'intervenir dans l'économie au service du social et de l'humain. Pourquoi ne pas soutenir la perspective d’une appropriation en SCOP des abattoirs nécessaires aux activités économiques de la région et à la cohérence de la production alimentaire sur le territoire national ?
Pourquoi ne pas proposer un consortium public de l'industrie agro-alimentaire avec des débouchés propres (cantines scolaires, personnes qui ont actuellement des difficultés à accéder à l'alimentation, et encore plus à de la viande de qualité) ?
Pourquoi ne pas proposer la création d'un GIP (groupement d'intérêt public) permettant une relocalisation des circuits de l'agroalimentaire, bio ou de proximité ... car il existe de moins en moins de solutions d'abattage de proximité du fait de la fermeture des petites unités et de la concentration sur un ou deux abattoirs par départements ?
Autant de pistes dont le Front de Gauche est prêt à débattre.
Mais fondamentalement, le pacte d’avenir pour la Bretagne doit rompre avec les logiques de la concurrence libre et non faussée. Les 15 millions d’euros annoncés par le premier ministre seront insuffisants pour engager la bataille de la ré-industrialisation agroalimentaire.
Une véritable ambition gouvernementale de gauche serait de défendre des politiques publiques agricoles et alimentaires qui, en France comme en Europe, garantissent notre souveraineté alimentaire, s’engagent en faveur d’une alimentation de qualité, saine et accessible à tous, assises sur des filières de productions relocalisées.
Cela veut dire aussi que l’avenir de l’agroalimentaire passe par une juste rémunération des travailleurs, salariés et paysans et que tous ensemble nous disions : « Stop aux licenciements et maintien de l'intégralité des droits sociaux pour toutes et tous ! »
L'union sacrée pour la Bretagne ou le bal des hypocrites ?
Depuis des semaines, la presse régionale regorge des cris d'alarme patriotiques des groupements patronaux, du MEDEF local, des groupements d'éleveurs productivistes, de la FDSEA, de la grande distribution, des hommes politiques ultra-libéraux et des figures du chauvinisme breton, contre l'éco-taxe et les contraintes administratives imposées par le gouvernement et l'Etat qu’ils jugent responsables de la crise de l'agro-alimentaire et des suppressions d'emplois en Bretagne. Ce beau monde du capitalisme breton qui plutôt que les intérêts des travailleurs (ouvriers et paysans), a toujours défendu le droit de polluer et d’imposer les prix les plus bas aux producteurs comme celui de réduire le coût du travail au nom de la compétitivité. Ceux-là même qui ignorant la souffrance des salarié-es de la filière ne pensent qu’à augmenter les marges de la grande distribution, à supprimer les barrières pour éliminer petites productions et commerces de proximité. Eux qui ne pensent qu’à renforcer le libre-échange et la mise en concurrence européenne, en appelleraient presque à l'insurrection des Bretons, à la désobéissance civile pour punir le gouvernement parisien et les technocrates roses qui nous empêchent de vivre, de produire et de commercer en Bretagne !"Vivre et travailler au pays", le vieux slogan progressiste des années 70, est en train d'être recyclé par la droite et les intérêts financiers locaux, en une vaste opération d'enfumage visant à brouiller les pistes sur les responsabilités de la crise de l'agro-alimentaire et de l'emploi en Bretagne. Le Télégramme dans ses pages nationales, régionales et économie se fait tout particulièrement l'écho de ce poujadisme pro-patronal et pro-agriculture productiviste, sous couvert souvent de s'émouvoir du sort des salariés concernés par les suppressions d'emplois de l'agro et de leurs familles. On est en pleine confusion, en pleine instrumentalisation de la colère et de l'amertume parfaitement légitime des salariés. Cette sainte alliance entre le salarié, le paysan, le capitaine d'industrie, le commerçant, le spéculateur, aux divergences d'intérêts transcendées par un commun amour pour la Bretagne, nous rappellerait presque l'idéologie économique de Vichy, prétendant gommer les contradictions de classe et d'intérêts au nom de l'amour de la patrie et du travail bien fait.
Ce sont ces mêmes médias, ces mêmes intérêts capitalistes, qui disent qu'il y a trop de charges, trop de cotisations patronales, un coût trop élevé du travail, et qui plaident plus ou moins ouvertement pour l'alignement de nos règles sociales sur la concurrence européenne et mondiale. Alors même que, pour expliquer les difficultés de l'agriculture bretonne, on ne met que rarement en évidence l'influence des traités européens ultra-libéraux, de la spéculation mondiale sur les produits agricoles, des marges usuraires de la grande distribution qui se paye sur la bête : en l'occurence le paysan et le consommateur. Le pompon est atteint à cette heure où Leclerc, Intermarché, Super U, lancent une grève de solidarité avec le monde du travail en fermant leurs portes pendant une heure, une heure de solidarité où probablement le personnel surexploité de ces magasins sera solidaire par force en perdant une heure de rémunération ! "Vive la crise", doivent se dire à eux-mêmes les magnats de ces enseignes, si elle permet de se racheter une vertu à bon compte en versant quelques larmes de crocodile sur le sort des pauv' salariés bretons…
Ne pas jeter sur la voie publique