Hier, samedi 28 février à Quimper, au bar Le Gavarnie, s'est tenue la conférence de presse des candidats du Front de Gauche aux Départementales dans le Finistère.
22 candidats étaient présents (et 10 cantons sur les 13 où sont présentées des listes Front de Gauche en tant que telles):
- 4 candidats du canton de Morlaix : Michèle Abramovicz, Ismaël Dupont, Sylvie Lécuillier, Julien Kerguillec
- 2 candidats du canton de Plouigneau : Roger Héré et Martine Carn, Solène André étant excusée
- 2 candidats du canton de Carhaix-Huelgoat : Noëlle Péoc 'h et Marie-Pierre Coant
- 3 candidats du canton de Daoulas / Pont de Buis : Philippe Poupon, Patricia Laroche, André Le Gac
- 1 candidat du canton de Landerneau : Johan Laurent
- 3 candidats du canton de Fouesnant- Ergué Gabéric : Michèle Lollier, Yann Le Riche, Marie-Andrée Bernard
- 1 candidat du canton de Concarneau : Jacques Rannou
- 3 candidats du canton de Pont L'abbé : Véronique Blanchet, Pierre Lemée, Christine Corfmat (Alain Vigouroux était excusé)
- 2 candidats du canton de Plonéour Lanvern : Roland Jaouen et Marie-Anne Gourlaouen (Martine Le Nozerh était excusée)
- 1 candidate du canton de Douarnenez/ Cap Sizun : Marcelle Celton
François Ouvrard pour Plougastel Daoulas-Pont de Buis et Patrick Quelaudren pour Pont Labbé, animateurs de campagne, accompagnaient aussi nos candidats.
Des journalistes du Télégramme et du Ouest-France étaient présents.
Nous avons commencé par la voix d'Ismaël Dupont à dire que ces élections départementales avaient un réel enjeu qui justifiait d'aller voter le 22 et le 29 mars.
Et ceci à double titre. D'abord, il faut noter l'extrême gravité de la situation sociale et politique dans le pays. Plus de 5 millions de chômeurs déclarés, 1 million de pauvres en plus depuis 2012 (8 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté), le pouvoir d'achat du grand nombre qui stagne ou régresse tandis que les 10 % les plus riches continuent à s'enrichir. Un pouvoir socialiste qui en faisant tout le contraire de ce pourquoi il avait été élu en 2012 plonge les citoyens dans la désespérance et la colère. Avec un fort risque d'abstention massive qui pourrait profiter à une extrême-droite qui a le vent en poupe. En même temps, l'Espagne et surtout la Grèce nous montrent que des peuples peuvent se révolter contre des politiques de plus en plus oligarchiques et soumises à la finance, qui produisent partout en Europe la régression sociale. Nos listes Front de Gauche sont aussi là pour permettre aux finistériens de dire que ça suffit cette politique d'austérité mortifère, cette soumission aux diktats ultra-libéraux de la Commission Européenne et des milieux d'affaires.
Si les Finistériens et les Français n'opposent pas leur vote aux politiques de droite promues par le PS au niveau national, l'UMP ou le FN, alors elles vont continuer à s'appliquer de manière toujours plus brutale et à abîmer toujours plus notre lien social, nos libertés et nos droits.
Cette élection est importante aussi parce que le Conseil Général, devenu conseil départemental, est une collectivité en prise avec la vie quotidienne des citoyens, qui gère en Finistère un budget de 1 milliard d'euros, servant pour l'accompagnement des personnes âgées, la petite enfance, l'insertion, les collèges, la culture, les routes, les ports, les transports. Certes sur ces 1 milliards d'euros, une fois réglées les dépenses de fonctionnement et de personnel incompressibles, il ne reste peut-être que 9 à 10 % du budget laissé à la libre appréciation de la majorité.
Mais ces choix ont tout de même de l'influence sur la vitalité de nos territoires, la vie des Finistériens.
Le problème, c'est que d'ici 2017 , le Conseil Général du Finistère va perdre 118 millions d'euros du fait de la politique d'austérité de l'Etat. Or, la population n'a pas diminué, il n'y a pas moins de personnes âgées, d'enfants, de collèges, de ports, de routes, de rivières dans le Finistère.
Bref, les besoins sociaux sont loin de se réduire – ils vont plutôt en augmentant avec le vieillissement de la population et la crise – et on retire ses marges de manœuvre budgétaires au Conseil Général.
La conséquence, c'est que le CG29 va avoir davantage recours à l'emprunt et que les impôts locaux vont très certainement augmenter. Or, nul dans la majorité socialiste du Conseil Général ne s'est élevé contre cette politique d'austérité qui impacte fortement le département, comme les communes et communautés de commune. Pire, ils l'approuvent : il n'y a quasiment aucun frondeur parmi les responsables socialistes du Finistère.
Un exemple : c'est Richard Ferrand, député de Châteaulin, qui est le rapporteur de la loi Macron qui nous fait revenir au XIXe siècle en généralisant le travail du dimanche, en facilitant le travail de nuit, en réduisant les possibilités d'action juridique des syndicats. A ce titre, les candidats du Front de Gauche ont annoncé que le Front de Gauche appelle à l'initiative des candidats et militants du Centre Finistère, Noëlle Péoc'h notamment, ses candidats aux départementales, ses militants et les citoyens à un rassemblement devant la permanence de Richard Ferrand (derrière la mairie de Châteaulin) le mardi 3 mars à 18h.
La loi Macron est l'exemple d'un pouvoir socialiste de plus en plus coupé du peuple et de ses intérêts qui, de manière tout à fait délibérée, se met au service du grand patronat et de la finance, en n'hésitant pas à détruire des conquêtes sociales et républicaines fondamentales.
La raison d'être de l'austérité est celle-ci. Le gouvernement PS, comme la droite avant lui, veut aller toujours plus loin dans les cadeaux faits au patronat et au monde de la finance. Ce sont les classes moyennes et populaires qui paient la facture, comme les collectivités.
Ces 118 millions d'euros retirés au département du Finistère sont une partie d'un vaste plan de réduction des moyens des collectivités de 23 milliards d'euros d'ici 2017, à rapporter aux 40 milliards d'euros accordés au patronat, et singulièrement aux grandes entreprises dans le cadre du CICE. Un exemple, pendant que la Poste gagne 1 milliard en exonérations de charges dans le cadre du CICE, elle supprime 10 000 emplois supplémentaires ! (exemple donné par Philippe Poupon)
Roger Héré a mis en avant le fait que, sans compter même le CICE, les entreprises avaient bénéficié à la faveur des dispositifs d'exonérations fiscales et sociales précédents de 1 milliard d'euros de baisses de contributions en 2013 : exactement l'équivalent du budget total du Finistère. De l'argent, il y en a, la France est deux fois plus riche aujourd'hui qu'au début des années 1980, avec un PIB de 2000 milliards d'euros, seulement ces richesses sont de plus en plus accaparées par le monde de la finance et une minorité de privilégiés au détriment du grand nombre et du monde du travail.
André Le Gac a développé sur ce que nous proposions en positif pour le département du Finistère :
- Créer une grande commission pour la jeunesse, la gratuité des transports scolaires (comme dans 20 % des départements actuellement)
- Créer aussi une grande commission de l'eau : allant de la gestion des rivières, de l'eau potable, à celle de la mer et des ports, visant à la fois la préservation de l'environnement, la qualité de la ressource, le développement des activités économiques.
- Mettre l'accent sur la défense et le développement de la langue et de la culture bretonne. Aujourd'hui, on a abandonné le dispositif inter-générationnel Passeurs de Mémoire faute de moyens suffisants. Ce n'est pas 2€ par habitant finistérien, mais 3 € par habitant qu'il faut consacrer à la défense et à la promotion de la langue bretonne, qui est un patrimoine et une richesse culturelle irremplaçable.
Ismaël Dupont a aussi insisté sur le fait que l'accompagnement de qualité des personnes âgées, dans tous les aspects de l'existence (prévention, culture, loisirs, santé, conseils, accès aux droits...), dans un département qui compte plus de 40 % de plus de 60 ans et où la population est appelée à vieillir encore, est une priorité absolue du Front de Gauche.
Aujourd'hui, trop d'anciens vieillissent dans des conditions indignes, alors qu'ils ont contribué toute leur vie à servir la société par leur travail et leurs engagements. C'est comme s'ils devenaient des indésirables une fois diminués, en situation de perte d'autonomie. Construire une société de tous les âges est un enjeu de civilisation. Il faut des logements pour anciens dans les centre-bourgs et les centre-villes à proximité des commerces et des services, des lotissements inter-générationnels. De l'aveu même de Pierre Maille, il faudrait construire pour répondre aux besoins 2000 places en maison de retraite : or, c'est dernières années, alors que la population vieillissante augmente, c'est 80 places par an que l'on créé. Quand aux services de l'aide à domicile et de l'accompagnement des personnes âgées en perte d'autonomie, ils sont clairement défaillants. Des associations qui font ce qu'elles peuvent mais qui peinent à remplacer les carences et l'inexistence d'un vrai service public dans ce domaine, que nous appelons de nos vœux. Les bénévoles de l'ADMR, malgré leur dévouement, sont souvent confrontés aux limites de leurs difficultés de gestion. Les personnels de l'aide à domicile travaillent avec des salaires faibles, souvent en situation de précarité, avec des déplacements insuffisamment dédommagés, des amplitudes horaires trop fortes. Ce serait le rôle d'un service public de l'autonomie de structurer la filière, de prendre en compte les besoins de formation et de qualification, de garantir des conditions de travail correctes pour les personnels et de prise en charge de qualité pour les usagers. Le département ne peut pas tout tout seul mais il peut montrer la voix, impulser des politiques, interpeller l'Etat, ce qu'il fait en aucune manière. Réduire les heures d'APA financées pour des personnes âgées dépendantes ou malades en prétextant de la rigueur nécessaire, ça, la majorité de Pierre Maille a su faire !
Véronique Blanchet a résumé en disant que ce qu'on voulait en définitive, c'est une de gauche dans le département et dans le pays, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui : mettre les besoins humains avant les impératifs et les conformismes libéraux.
André Le Gac a mis en avant la nécessité de sortir d'une politique strictement gestionnaire, déterminée par la bureaucratie et la technocratie au Conseil Général. D'impliquer les citoyens, de relancer le débat politique. Pour cela, il faut aussi limiter le cumul des mandats et obtenir un véritable pluralisme politique au Conseil Départemental.
Justement, à ce propos, Ismaël Dupont a rappelé que sur le groupe dit de gauche au Conseil Général, il n'y avait que des élus PS et Christian Troadec.
Donc pas de réelle diversité, de réel pluralisme, de réel débat démocratique contradictoire sur les options.
C'est la loi du copinage et de la discipline de parti qui prévaut.
Ce n'est pas étonnant ensuite que nul ne conteste la politique d'austérité. En réalité, si sa représentativité se traduisait dans les institutions par un changement de mode de scrutin, et le scrutin de liste à la proportionnelle, comme nous le désirons, le Front de Gauche devrait avoir, si l'on tient compte des précédents scrutins, entre 6 et 8 élus au Conseil Général sur les 54 élus départementaux.
Or, avec le nouveau mode de scrutin, le PS va encore réduire la diversité politique au niveau du territoire national et des nouveaux conseils départementaux, car en fixant à 12,5 % des inscrits ou à la deuxième place, si cette condition n'est pas remplie, le seuil pour être qualifié pour le second tour, et en fusionnant les cantons pour réduire les chances de voir certains cantons progressistes maintenir leur spécificité, le PS ne vise qu'à réduire le nombre d'élus autres que ceux du PS et de l'UMP, pour se partager le « butin électoral » entre les deux partis qui prônent globalement en alternance la même politique : privatisations, libéralisations, baisses de dépenses publiques et sociales, moins de services publics, moins de droits sociaux.
Cette réforme du mode de scrutin départemental est scandaleuse comme est scandaleux le fait d'amener les électeurs à voter pour des élus départementaux sans qu'ils sachent, parce que ça se décide actuellement à l'Assemblée et dans les officines du PS, ce que vont devenir les départements et leurs missions. Autant voter dans le brouillard!
Pour notre part, nous avons dit aux journalistes combien au Front de Gauche nous étions attachés au maintien de la Compétence Générale pour les départements qui permet de co-financer notamment un certain nombre de projets avec les communes et les communautés de commune dans le domaine de la jeunesse, du sport, de la culture, des infrastructures, du soutien aux associations.
Ôter cette clause de compétence générale, c'est fragiliser la culture, les possibilités d'action des communes, les associations.
De manière plus générale, nous avons rappelé que le département nous semblait être une collectivité très importante à conserver pour avoir des élus en contact avec les citoyens, et surtout pour compenser des déséquilibres territoriaux grandissants entre des métropoles, des petites et moyennes villes en voie d'affaiblissement, et des campagnes en voie de désertification, dans le Centre-Finistère notamment, dès qu'elles ne peuvent bénéficier du phénomène péri-urbain. Le département nous semble être une garantie de solidarité et de partage redistributif entre les territoires, tout à l'opposé d'une réforme territoriale d'inspiration néo-libérale qui promeut la concurrence et l'éloignement des instances de décision par rapport aux citoyens.
Nous avons aussi dit combien étaient importants pour nous les enjeux de l'eau, de la mer, et de l'énergie.
L'enjeu de l'eau : aujourd'hui, on sait que le département qui a la compétence de la gestion de l'eau ne fait rien, à travers ses services, pour favoriser les retours ou le fonctionnement des régies publiques de l'eau. Le choix qui est fait est plutôt de favoriser les multinationales de l'eau et les DSP. Il faut changer tout cela et répéter avec force que l'eau est un bien commun à préserver et rendre accessible à tous, sur lequel on ne doit pas faire du profit.
L'enjeu de la mer : il faut développer l'inter-modalité des transports au niveau des ports pour favoriser le transport de marchandise par cabotage, il faut développer les Energies marines renouvelables et les bio-technologies de la mer, soutenir une pêche artisanale respectueuse de la ressource et des fonds marins, être circonspect dans le développement de nouveaux ports de plaisance en mettant au premier plan l'examen des besoins réels et les exigences démocratiques et non les chimères du développement économique par l'essor du tourisme de luxe.
L'enjeu de l'énergie : il faut développer les énergies renouvelables, par exemple en remettant en service nos moulins (Yann Le Riche), le Front de Gauche dans beaucoup de territoires finistériens, à travers l'expression de ses collectifs citoyens, s'oppose au projet de Centrale à Gaz de Landivisiau, un projet capitaliste à travers lequel les citoyens vont subventionner un consortium financier, Direct Energie, dont l'actionnaire principal est Stephane Courbit, à hauteur de 40 millions d'euros par an en 20 ans, sans compter les dépenses initiales pour les infrastructures : ligne THT, gazoduc, etc... Le vrai but de Direct Energie est d'acheter de l'électricité nucléaire pour la vendre plus cher. Les deux projets en Moselle et dans l'Oise que l'opérateur portait en matière de centrale à gaz ont échoué parce que démonstration a été faite de leur absence de viabilité économique et écologique. Il est paradoxal de se lancer dans un projet de construction de centrale à gaz qui produira sans doute à perte ou plus que de besoin alors que la France va organiser la conférence sur le climat pour réduire les émissions de CO2 afin de combattre le réchauffement climatique.
Enfin, en fin de conférence de presse, Marcelle Celton a rappelé l'importance de la bataille pour le maintien des services de l'hôpital de Douarnenez, en chirurgie notamment. Bataille citoyenne très large et rassembleuse contre une politique de l'Etat qui casse les services publics de proximité et la santé publique au nom d'objectifs purement comptables de rentabilité.