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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 07:31
Ashraf Fayad, poète insoumis, a reçu le prix international du poète résistant au Festival du livre de Mouans-Sartoux en 2019. L'Humanité

Ashraf Fayad, poète insoumis, a reçu le prix international du poète résistant au Festival du livre de Mouans-Sartoux en 2019. L'Humanité

Ashraf Fayad, un poète brisé
Mardi 28 Décembre 2021 - L'Humanité

Cela fait maintenant sept ans que le poète palestinien Ashraf Fayad croupit dans une geôle saoudienne.

Accusé d’apostasie (reniement de la foi), il avait été arrêté le 1 er janvier 2014 puis, en mai, condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet. Après avoir fait appel de cette peine, il est jugé à nouveau en novembre 2015 et est condamné à mort. À la suite d'une campagne internationale qui réunira plus de trois cent mille signatures, sa peine est commuée en huit ans de prison et 800 coups de fouet. Il lui est notamment reproché d’avoir publié un recueil de poèmes en 2007, Instructions internes, qui contiendrait des poèmes athées.

Né en 1980 à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, Ashraf Fayad avait dû s’exiler dans le Golfe où il devint très vite une figure du monde artistique. Peu après sa condamnation, des dizaines de poètes du monde entier s’étaient mobilisés. En 2019, il a reçu le prix international du poète résistant au Festival du livre de Mouans-Sartoux.

Le poète et dramaturge marocain, Abdellatif Laâbi, qui n’a de cesse de le défendre depuis toutes ces années, vient de diffuser un poème sur les réseaux sociaux, intitulé J’ai un ami en prison. On y lit notamment : « Dans l’étau de laideur où il étouffe/comment peut-il continuer/à caresser de la beauté/ne serait-ce que l’idée ?/Sa solitude est plus tyrannique/que celle de l’incommensurable désert/qui l’entoure/J’ai un ami en prison/et je pense à lui aujourd’hui/comme les autres jours. »

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29 décembre 2021 3 29 /12 /décembre /2021 07:56
Exposition Nono à Plounéour-Menez, ancienne Poste, du 15 au 29 janvier 2022 - Aquarelles de voyage, dessins d'humour, dessin de presse
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20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 07:23
« Vers 6 heures… », 2007. Gérard Schlosser

« Vers 6 heures… », 2007. Gérard Schlosser

Exposition à l'espace Niemeyer : quelle histoire que cent ans d’art !
Samedi 18 Décembre 2021
 
 

Place du Colonel-Fabien à Paris, l’exposition « Libres comme l’art » regroupe cent cinquante œuvres qui nous parlent des rapports de plus d’un siècle entre le PCF et l’avant-garde artistique et culturelle.

 

C’est de circonstance. Aux cimaises de l’espace Niemeyer, place du Colonel-Fabien à Paris, un tableau de facture très réaliste représente un habit vide de président de la République, debout devant une bibliothèque, avec les médailles et breloques afférentes à la fonction. Peint en 1969, alors que les dix ans du général de Gaulle ont suffi, il porte le titre du texte de Sade intitulé « Français, encore un effort si vous voulez devenir républicains », dans lequel il fustige la religion et l’état « moral » des hommes, qui n’est qu’un état de « paix et de tranquillité », quand leurs état immoral, selon ses termes, « est un état de mouvement perpétuel qui les rapproche de l’insurrection nécessaire dans laquelle il faut que le républicain tienne toujours le gouvernement dont il est membre ». On se dit que ce tableau ne pourrait trouver meilleure place. Il appartient d’ailleurs à la fédération de Paris du PCF.

Il fait partie des cent cinquante œuvres exposées ici, avec un peu de retard en raison de la crise sanitaire, à l’occasion de la création du PCF en 1920 et rassemblées sous le titre « Libres comme l’art », soit cent ans d’histoire entre les artistes et le PCF. Tout au long de ce siècle, écrit dans sa préface au catalogue Pierre Laurent, président du Conseil national du PCF et artisan de l’exposition, avec les commissaires Yolande Rasle et Renaud Faroux, « révolutions artistiques et engagement communiste n’ont cessé de s’entrecroiser et de se féconder, et cela dès la première décennie de l’existence du jeune PCF avec les surréalistes ». L’art devait donc, dit-il, tenir une place centrale dans cet anniversaire, avec la possibilité de s’appuyer sur le fonds d’œuvres de la collection du parti lui-même, de la fédération de Paris et de quelques autres, mais aussi sur des prêts de particuliers ou d’institutions.

Des œuvres « totémiques »

Pour autant, ces rapports ne furent pas sans complexité et l’exposition en témoigne amplement. Réalisme socialiste, figuration, abstraction… L’engagement de nombre d’artistes ne prend pas les mêmes chemins selon l’époque ou les mouvements. Les textes de Yolande Rasle et Renaud Faroux sont précieux pour s’y retrouver dans la diversité des artistes, des courants et des œuvres.

Icon QuoteÀ la une des « Lettres françaises », dirigées par Aragon, un portrait de Djamila Boupacha, militante du FLN algérien arrêtée et torturée, et dont le procès était devenu celui des méthodes d’une partie de l’armée française.

Certaines sont, si l’on peut dire, totémiques. Ainsi l’une des « Joconde à moustache » de Marcel Duchamp, offerte à Georges Marchais par Aragon avec ce commentaire, « ce tableau représente toute une partie de ma vie », habituellement en dépôt au Centre Pompidou auquel le PCF l’a prêtée. C’est le cas aussi de la tapisserie de Fernand Léger avec le poème « Liberté », d’Éluard, décrochée de son mur dans l’un des étages de l’immeuble. De Picasso sont exposés ici une plaque de cuivre gravée, représentant Marcel Cachin, directeur de « l’Humanité » de 1918 à sa mort en 1958, deux dessins représentant Ethel et Julius Rosenberg accusés d’espionnage et exécutés aux États-Unis en 1953, malgré une large campagne d’opinion dans le monde et particulièrement en France. On voit aussi, à la une des « Lettres françaises », dirigées par Aragon, un portrait de Djamila Boupacha, militante du FLN algérien arrêtée et torturée, et dont le procès était devenu celui des méthodes d’une partie de l’armée française.

Picasso, bien sûr, dont l’adhésion au PCF en 1944 avait été un événement. Sa figure, aujourd’hui, domine la période. L’affaire du portrait de Staline à sa mort en 1953, qu’il avait réalisé à la demande d’Aragon pour « les Lettres françaises », est évoquée dans le catalogue. Elle avait donné lieu à une campagne de critiques organisée par une part de la direction du PCF, visant en réalité Aragon et, à travers lui, Maurice Thorez lui-même alors à Moscou. Dans cette même période toutefois, d’autres peintres sont aussi très en vue dans un registre différent.

Fougeron, l’expression de la souffrance du peuple

L’une des peintures les plus impressionnantes de l’exposition, par sa taille et sa force, est « la Mort de Danielle Casanova » par Boris Taslitzky. Déporté lui-même à Buchenwald, il avait pu en rapporter des dessins exceptionnels par leur maîtrise et leur valeur de témoignage. Il s’est appuyé sur eux pour faire de la mort de la résistante communiste, en 1943, à Auschwitz, une œuvre poignante. Avec « les Parisiennes au marché », André Fougeron, comme avec ses multiples portraits de mineurs, veut évoquer le quotidien des ouvriers, du peuple. On parle trop facilement, à leur propos, de réalisme socialiste. On peut y voir aussi une forme d’expressionnisme puisant dans l’histoire de la peinture. Étals de poissonneries dans la peinture flamande. Visions de l’enfer.

Icon QuoteOn peut voir dans l’exposition des tableaux de Kijno, Roberto Matta, Jean Messagier, André Marfaing.

Dans les années qui suivront, l’abstraction n’est pas, quels que soient les débats à son propos, une voie occultée. « Les Lettres françaises » vont soutenir clairement nombre d’artistes. On peut voir dans l’exposition des tableaux de Kijno, Roberto Matta, Jean Messagier, André Marfaing dont les deux tableaux en noir et blanc ici présentés n’ont rien à envier à qui que ce soit. D’autres se situent à la croisée des chemins. « La Prison grise », d’André Masson, est une toile remarquable par sa sobriété et son écriture graphique donnant le sentiment que, où que l’on se tourne, on ne trouve que barreaux et portes fermées, couloirs qui ne mènent nulle part. Le peintre l’a réalisée alors qu’il rendait régulièrement visite à son fils, emprisonné pour son activité militante contre la guerre d’Algérie.

« C’est un scandale »

Plus près de nous, des œuvres surprennent. De Julio Le Parc, qui a pour l’essentiel créé des œuvres dites cinétiques, alliant lumière et mouvement, on découvre « Nul ne sera soumis à la torture », de 1972, d’un réalisme violent, serrant la gorge. Avec le mouvement dit de la figuration narrative, dans les années soixante-dix, on pénètre dans le fouillis d’images de l’artiste Erró avec « America », un amalgame de dollars, de bombardiers, de figurines grimaçantes connues ou non, de crânes humains alignés. C’est dans cette partie que l’on rencontre Peter Klasen avec une « Vénus mécanique », Valerio Adami, Gilles Aillaud, Pierre Buraglio au bord de l’épure ou citant « la Peste », de Poussin, Leonardo Cremonini, Antonio Recalcati, Eduardo Arroyo, Henri Cueco, Gérard Schlosser, jouant avec l’hyperréalisme et la peinture de Fernand Léger dans un même tableau de 2007, « Vers 6 heures… »

Et puis Mark Brusse dont on avait vu une rétrospective il y a quelques années à Dunkerque, Roger Somville, Bernard Rancillac avec « Femme d’Alger », un visage derrière une grille et des broussailles… Et aussi Hervé Di Rosa, Ernest Pignon-Ernest avec ses affiches de Pasolini, des photos également, et des feuilles des dessinateurs de « Charlie Hebdo », Charb, Wolinski, qui ne rataient jamais une Fête de l’Huma, et puis… « C’est un scandale ». Une œuvre de 2020, du grapheur Jerk 45. De circonstance. Quelle histoire.

Catalogue de l’exposition, éditions de l’Atelier, 256 pages, 36,90 euros.

 

Lire aussi Une magnifique exposition "libres comme l'art" au siège du PCF Place du Colonel Fabien: 100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF

 
Exposition à l'espace Niemeyer : quelle histoire que cent ans d’art ! - Maurice Ulrich, L'Humanité, 18 décembre 2021
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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 06:34
Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021 - Photo Patrick Gambache

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021 - Photo Patrick Gambache

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021 - Photo Patrick Gambache

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021 - Photo Patrick Gambache

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021 - Photo Enzo de Gregorio

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021 - Photo Enzo de Gregorio

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin -14 décembre 2021

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin

Mardi de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin

Passionnante conférence du journaliste, écrivain et historien Georges Cadiou sur Marcel Cachin, fondateur breton du parti communiste français - local du PCF Morlaix, mardi de l'éducation populaire du 14 décembre 2021. Une traversée d'une quarantaine d'années de communisme international et en France: rapport avec la révolution bolchevique et la Russie des Soviets, à la politique de guerre de 14-18, Congrès de Tours, politique anti-coloniale, Front populaire et guerre d'Espagne, accords de Munich de 1938 et capitulation devant Hitler (75 députés votent contre cet accord de la honte qui livre la Tchécoslovaquie à Hitler et lui garantit la non agression de la France et de la Grande-Bretagne, dont 73 députés députés communistes, l'ensemble du groupe), procès de Moscou, occupation et Résistance, gouvernement d'union nationale de la Libération, et le parcours d'un militant et d'un dirigeant exceptionnel du monde ouvrier, du socialisme guesdiste puis du communiste, directeur de l'Humanité pendant 40 ans de 1920 à 1958, député et sénateur profondément érudit, cosmopolite, affable et apprécié, passionné par la Bretagne, sa langue et sa culture, lui, l'homme de Paimpol, brillant orateur qui fut l'icône du mouvement communiste pendant le Front Populaire, les films de Jean Renoir l'attestent: Marcel Cachin, un breton émancipé (1869-1958)!

On ne peut que vous conseillez l'excellente biographie de Georges Cadiou sur Marcel Cachin. Très intéressante et agréable à lire, elle se lit comme un roman, et c'est aussi une belle traversée du siècle.

Date à noter dans vos agendas d'ores et déjà: le mardi 8 février, l'écrivain, journaliste et romancier Valère Staraselski viendra nous parler de Jean de La Fontaine, écrivain français universel et atemporel, au local du PCF Morlaix.

Passionnante conférence des Mardis de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin, 14 décembre 2021 au local du PCF pays de Morlaix
Passionnante conférence des Mardis de l'éducation populaire de Georges Cadiou sur Marcel Cachin, 14 décembre 2021 au local du PCF pays de Morlaix
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12 décembre 2021 7 12 /12 /décembre /2021 19:26

Dans le cadre du centenaire du Parti communiste français, l'exposition « Libres comme l'art » dévoile des « trésors » offerts par de nombreux artistes. Une autre façon de lire l'histoire du XXe siècle et l'histoire de l'art en 150 œuvres. Toutes ont en commun le rêve de liberté.

Il est possible de visiter cette exposition extraordinaire au siège du PCF à Paris place du colonel Fabien à Paris du mercredi au samedi de 14h à 18h jusqu'au 31 janvier (Entrée Libre).

Une exposition du centenaire du PCF, "Libres comme l'art" que nous avons eu la chance de visiter le 11 décembre avec l'apport précieux des commissaires et concepteurs de l'exposition dans le chef d’œuvre de Oscar Niemeyer, l'architecte communiste brésilien, à Colonel Fabien, Renaud Faroux, bien connu dans le Finistère de nombreux camarades et sympathisants du PCF pour ses conférences d'histoire de l'art, mêlant art, culture, idées, social et politique, et Yolande Rasle, avec la scénographie de Éric Morin.

Un magnifique travail collectif, accompagné et facilité pendant plusieurs années par Pierre Laurent, Julien Zoughebi et Myriam Massou, pour mettre en valeur 100 ans d'histoire et de rapports féconds du parti communiste français et des artistes, très souvent à l'avant-garde des modernités et révolutions artistiques et culturelles, en prise avec leur temps.

Difficile d'échapper à l'émotion et aux tremblements face à ces œuvres qui nous parlent tellement d'aujourd'hui, des convulsions du monde, des souffrances et du désir de justice!

Un certain nombre de ces œuvres appartiennent au PCF, à la fédération de Paris, d'autres ont été prêtés par des musées, des collectionneurs privés, des ayant droits, ou les artistes eux-mêmes.

Ismaël Dupont

Renaud Faroux, Yolande Rasle, et les membres du conseil national du PCF devant La mort de Danielle Casanova de Boris Taslitzky (1949-1950): "Il y aura des fleurs quand vous reviendrez". Exposition Libres comme l'art a Colonel Fabien.

Renaud Faroux, Yolande Rasle, et les membres du conseil national du PCF devant La mort de Danielle Casanova de Boris Taslitzky (1949-1950): "Il y aura des fleurs quand vous reviendrez". Exposition Libres comme l'art a Colonel Fabien.

Une magnifique exposition "libres comme l'art" au siège du PCF Place du Colonel Fabien: 100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF
Une magnifique exposition "libres comme l'art" au siège du PCF Place du Colonel Fabien: 100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF
Caricatures de Tignous et de Charb à l'entrée de l'exposition, réalisées à la fête de l'Humanité

Caricatures de Tignous et de Charb à l'entrée de l'exposition, réalisées à la fête de l'Humanité

Femme d'Alger",  le "Che", "Fidel". Ces trois  tableaux de Bernard Rancillac sont exposés depuis ce lundi à Espace Niemeyer - Siège du Parti communiste Français, dans le cadre de l'exposition "Libres comme l'art".  Bernard Rancillac devait être parmi nous lors du vernissage de l'exposition. Il est décédé juste avant.

Femme d'Alger", le "Che", "Fidel". Ces trois tableaux de Bernard Rancillac sont exposés depuis ce lundi à Espace Niemeyer - Siège du Parti communiste Français, dans le cadre de l'exposition "Libres comme l'art". Bernard Rancillac devait être parmi nous lors du vernissage de l'exposition. Il est décédé juste avant.

Portraits des Rosenberg condamnés à mort aux Etats-Unis par Picasso

Portraits des Rosenberg condamnés à mort aux Etats-Unis par Picasso

Henri Martin - par Boris TASLITZKY, revenu des camps de concentration, peintre communiste

Henri Martin - par Boris TASLITZKY, revenu des camps de concentration, peintre communiste

Les parisiennes au marché, André Faugeron, 1948 - Détail (Tableau au musée de Saint-Etienne)

Les parisiennes au marché, André Faugeron, 1948 - Détail (Tableau au musée de Saint-Etienne)

Tête de femme au bordel par Jean Fautrier

Tête de femme au bordel par Jean Fautrier

Tableau du peintre islandais Erro

Tableau du peintre islandais Erro

America 1977, Tableau du peintre islandais Erro

America 1977, Tableau du peintre islandais Erro

Femme d'Alger de Bernard Rancillac (années 90, oeuvre témoignant de la souffrance des femmes pendant la guerre civile des années de plomb en Algérie), décédé il y a quelques jours, juste avant l'inauguration de l'exposition

Femme d'Alger de Bernard Rancillac (années 90, oeuvre témoignant de la souffrance des femmes pendant la guerre civile des années de plomb en Algérie), décédé il y a quelques jours, juste avant l'inauguration de l'exposition

Tableau de Edouardo Arroyo dénonçant la dictature au Portugal dans les années 60 - Un des deux tableaux du diptyque "La colombe est étranglée"

Tableau de Edouardo Arroyo dénonçant la dictature au Portugal dans les années 60 - Un des deux tableaux du diptyque "La colombe est étranglée"

Fernand Léger, 2007 - Eduardo Arroyo

Fernand Léger, 2007 - Eduardo Arroyo

Tableau de Gérard Schlosser en hommage à Fernand Léger - Vers six heures

Tableau de Gérard Schlosser en hommage à Fernand Léger - Vers six heures

Tableau de Fernand Léger - Les constructeurs - qui appartenait à Aragon

Tableau de Fernand Léger - Les constructeurs - qui appartenait à Aragon

Tapisserie d'Aubusson du PCF à partir d'un livre accordéon d'hommage à Paul Eluard réalisé par Fernand Léger quelques mois après la mort de son ami, l'immense poète communiste - Cette tapisserie est exposée aux étages de Colonel Fabien en temps normal

Tapisserie d'Aubusson du PCF à partir d'un livre accordéon d'hommage à Paul Eluard réalisé par Fernand Léger quelques mois après la mort de son ami, l'immense poète communiste - Cette tapisserie est exposée aux étages de Colonel Fabien en temps normal

Henri Cueco - L'escalade 1973-1974/ Exposition Libres comme l'art, 11 décembre 2021

Henri Cueco - L'escalade 1973-1974/ Exposition Libres comme l'art, 11 décembre 2021

César

César

Mark Brusse, Alep et ses corbeaux, libérée? - 2017. Exposition libres comme l'art a Colonel Fabien pour les 100 ans du PCF.

Mark Brusse, Alep et ses corbeaux, libérée? - 2017. Exposition libres comme l'art a Colonel Fabien pour les 100 ans du PCF.

Michel Parret - Français, encore un effort si vous voulez devenir républicains, 1969 - Collection PCF Fédé de Paris

Michel Parret - Français, encore un effort si vous voulez devenir républicains, 1969 - Collection PCF Fédé de Paris

Christian Zeinert, La bombe génocide n°2

Christian Zeinert, La bombe génocide n°2

Une oeuvre magistrale de Christian Zeinert

Une oeuvre magistrale de Christian Zeinert

Villeglé

Villeglé

L'expo comprend deux oeuvres de Jacques Villeglé, un artiste déjà exposé deux fois au musée de Morlaix

L'expo comprend deux oeuvres de Jacques Villeglé, un artiste déjà exposé deux fois au musée de Morlaix

C'est un scandale, 2020 - Jerk 45 - acrylique sur toile réalisée pendant le montage de l'exposition et pour celle-ci

C'est un scandale, 2020 - Jerk 45 - acrylique sur toile réalisée pendant le montage de l'exposition et pour celle-ci

Une magnifique exposition "libres comme l'art" au siège du PCF Place du Colonel Fabien: 100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF

En cent ans d'existence, le Parti communiste français a toujours entretenu des liens étroits avec les avant-gardes artistiques et culturelles. Mais si certains peintres sont bien connus comme « compagnons de route » du parti, tels Pablo Picasso ou Marcel Duchamp, d'autres, comme Giacometti, Fernand Léger, Henri Matisse, André Masson, etc., ont aussi cultivé des relations avec celui-ci, à divers degrés, qu'ils aient été militants, sympathisants ou observateurs critiques. En témoigne les formidables collections d’œuvres offertes au parti et déposées depuis dans divers musées.
À l'occasion du centenaire du Parti communiste français, et pour annoncer l'exposition qui se tiendra au printemps 2021, ce livre d'art raconte cette histoire à la fois politique, sociale et artistique à travers la reproduction de 150 œuvres et les éclairages de Yolande Rasle et Renaud Faroux, le conférencier historien d'art avec lequel travaille depuis plusieurs années le PCF Finistère dans le cadre de sa démarche d'éducation populaire autour de l'art, autour notamment des expositions d'art moderne et contemporain de Landerneau et de Pont-Aven.  
L'ensemble de l'ouvrage permet de redécouvrir des artistes majeurs que le marché minore ou dont l'histoire obère la part d'engagement sans laquelle leur œuvre perd une part de son sens.
Avec plus de 150 œuvres ainsi rassemblées, ce livre présente un parcours totalement inédit et incarne un message toujours actuel : « D'un siècle à l'autre, l'art nous change et change le monde. »

Libres comme l’art - Yolande Rasle - Renaud Faroux

Éditions de l’Atelier, 256 pages, 23X27 cm. 36,50€

Préface de Pierre Laurent.

Dans le Finistère, possibilité de commander ce magnifique livre catalogue de l'exposition auprès de la fédération du PCF et de Ismaël Dupont (dupont.ismael@yahoo.fr) ou à commander dans vos librairies.

 

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12 décembre 2021 7 12 /12 /décembre /2021 17:59
Où en est l'Afrique du Sud - Jeudi rouge à Quimperlé avec Jacqueline Derens, ancienne militante anti apartheid, amie de Dulcie September

Le second des "Jeudis Rouges" de la saison 2021/2022 aura lieu

le 16 décembre de 18h30 à 20h30

salle Isole Espace Benoîte Groult au Coat Kaer Quimperlé

 

Nous y aborderons la situation actuelle en Afrique du Sud

avec Jacqueline Derens

ancienne militante anti apartheid,

amie de Dulcie September représentante de l'ANC en France assassinée le 29 mars 1988

Pendant de longues années l'Afrique du Sud s'est trouvée au cœur des préoccupations des militants progressistes . La libéralisation de Nelson Mandela – icône emblématique de la l'opposition internationale à l'apartheid et la fin du régime discriminatoire -largement soutenu par les puissances occidentales- ont constitué une des grandes victoires de la fin du 20éme siècle. Mais aujourd'hui où en somme nous?Où en est le pays ? Où en sont celles te ceux qui ont été aux premiers rangs de la lutte ?

Alors que les élections locales, marquant un nouveau recul de l'ANC viennent de se dérouler, Jacqueline Derens nous aidera à y voir clair.
Elle nous parlera aussi de son dernier ouvrage « Femmes d'Afrique du Sud-Une affaire de résistance ». Ed Non lieu 2019.

Nous espérons vivement vous retrouver à cette occasion, dans le respect du protocole sanitaire en vigueur !

Le réseau « Partage des Savoirs » animé par des militants du PCF

 

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 06:24
L'écrivaine syrienne Samar Yazbek invitée à Morlaix le jeudi 9 décembre à 19h à la librairie Les Déferlantes
🌊 La rencontre avec Samar Yazbek c'est la semaine prochaine : JEUDI 9 DÉCEMBRE à 19h/ Pensez à réserver, merciii! 😉
 

« 19 femmes est le fruit d’une série d’entretiens que j’ai menés avec des Syriennes dans leurs pays d’asile, ainsi qu’à l’intérieur du territoire syrien. À chacune j’ai demandé de me raconter ‘‘leur’’ révolution et ‘‘leur’’ guerre. Toutes m’ont
décrit le terrible calvaire qu’elles ont vécu.
Je suis hantée par le devoir de constituer une mémoire des événements qui contrerait le récit qui s’emploie à justifier les crimes commis, une mémoire qui, s’appuyant sur des faits incontestables, apporterait la preuve de la justesse de notre cause. Ce livre est ma façon de résister. »
  SAMAR YAZBEK

Avec ce document unique, capital, sur le rôle des femmes dans la révolution, Samar Yazbek rend leur voix aux Syriennes, la voix de la résistance, la voix de l’espoir.

Traduit de l’arabe (Syrie) par Emma Aubin-Boltanski et Nibras Chehayed

 

L’héroïsme de femmes syriennes dans la guerre
Jeudi, 7 Novembre, 2019

19 femmes Samar Yazbek, traduit de l’arabe (Syrie) par Emma Aubin-Boltanski et Nibras Chehayed Stock, 425 pages, 22,50 euros
Grâce à des témoignages étayés, la romancière Samar Yazbek, délaissant un temps la fiction, fait entendre la voix de ses compatriotes, celles dont on parle peu, qui ont tant à dire sur ce qu’elles ont vécu.

 

Opposante à Bachar Al Assad, la romancière, poète et journaliste Samar Yazbek (née en 1970 à Jableh, en Syrie), plus d’une fois menacée de mort par sa propre communauté, les Alaouites – à la tête de l’appareil sécuritaire et militaire syrien –, publie un document poignant. Elle y donne la parole à ses compatriotes en première ligne durant la révolution de 2011. Leur calvaire, leur résistance acharnée, leur rôle au plus fort de la lutte constituent la chair de ce livre qu’on dirait écrit avec leur sang. Samar Yazbek s’efface derrière ces voix plurielles. N’est-elle pas la 20e femme de son livre ? Contrainte à l’exil en 2011 avec sa fille, elle retourne clandestinement en Syrie en 2012 et 2013, observant sur place la militarisation et la radicalisation à l’œuvre au nord du pays. En retrait de sa vocation de romancière, la voici greffière de la vie des autres, hors récit officiel, consignant par écrit « des faits incontestables ». La plupart de ces femmes sont aujourd’hui en exil en France, en Allemagne, en Hollande, au Canada, en Turquie, au Liban… Issues de la classe moyenne, elles font ou ont fait des études. Samar Yazbek s’est promis de recueillir bientôt les témoignages de Syriennes issues de classes pauvres et réfugiées dans des camps, et ceux de femmes kurdes, ainsi que d’opposantes au soulèvement de 2011. Œuvre de vérité en cours qui dessinera, à la longue, une terre en lambeaux éprouvée du dedans.

Elles exigeaient la fin d’une culture patriarcale étouffante

Ces 19 femmes, dès le début de la révolution de mars 2011, se sont dressées contre le régime dictatorial de Bachar Al Assad. Elles exigeaient la démocratie, des changements dans leurs conditions de vie, des droits élargis, ainsi que la fin d’une culture patriarcale étouffante. La plus jeune a 20 ans quand éclate la révolution, la plus âgée, 77. Sara, Mariam, Doucha, Souad, Amal, ­Hazami, Faten… sont alaouites, sunnites, chiites, druzes, chrétiennes… Peu sont alors politisées, hormis deux, dont l’une a été membre du « Parti de l’action communiste » interdit. Elles viennent de toutes les régions du pays. On les entend dans leur quotidien d’effroi. Toutes sont devenues activistes dans l’urgence. Elles ont essuyé les tirs de mortier, les bombes au chlore, le gaz sarin, armes chimiques aux dégâts extrêmes (« le sol jonché d’intestins », « On ne faisait que ramasser des cadavres déchiquetés »). Certaines ont dû recoudre des corps en charpie pour les rendre présentables. Elles se sont improvisées infirmières d’urgence. Beaucoup ont perdu un père, une mère, des frères. Elles ont organisé des centres d’éducation dans les sous-sols. Les hommes, y compris ceux de l’Armée syrienne libre, voyaient souvent d’un mauvais œil leurs initiatives. Elles ont été progressivement empêchées d’agir, d’abord par le régime, les conseils locaux, les brigades et enfin les djihadistes. On les humilie, on les jalouse. Qu’à cela ne tienne. « Invraisemblablement courageuses », elles alphabétisent, animent des ateliers clandestins pour former leurs sœurs à « l’autonomie économique », créent des bureaux d’aide psychologique. Elles filment et documentent les événements au péril de leur vie. Elles ont pour la plupart été torturées, ou prises en otage. Le corps capté par les hommes de tout poil, elles sont contraintes de se voiler de la tête aux pieds lorsque Daech gagne du terrain. « Tout ce qui touchait à notre présence et à notre apparence les rendait dingues », dit l’une d’elles.

L’ouvrage éclaire aussi sur les rivalités entre groupes rebelles, du sécularisme démocratique de l’Armée syrienne libre au « djihadisme gradué d’al-Nosra et de Daech » en passant par « le salafisme nationaliste » de Jaych al-Islam. Il analyse la flamme du confessionnalisme allumée par le régime, les collusions entre Assad et les brigades salafistes, le rôle délétère de l’argent saoudien… Zaina Erhaim dit : « Nous revendiquions plus de liberté et de dignité et nous n’avons obtenu qu’asservissement et humiliation. »

Muriel Steinmetz
L'écrivaine syrienne Samar Yazbek invitée à Morlaix le jeudi 9 décembre à 19h à la librairie Les Déferlantes
L'écrivaine syrienne Samar Yazbek invitée à Morlaix le jeudi 9 décembre à 19h à la librairie Les Déferlantes

Samar Yazbek entr'ouvre les "Portes de la terre du néant" en Syrie

Article de 2016 dans Le Chiffon Rouge:

Le monde est obsédé par l'Etat islamique, mais les avions d'Assad continuent à larguer des bombes sur les civils, dans les provinces d'Idlib, de Damas, d'Homs, d'Alep".

"Nous sommes dans une guerre entre le Beau et le Laid. Il faut lutter contre l'effondrement moral".

Samar Yazbek

Un livre beau, terrible et déchirant à lire d'urgence sur la guerre en Syrie, que l'on sent en lisant ce témoignage s'enfoncer dans l'absurdité, la confusion et le chaos le plus total.

Samar Yazbek a été trois fois clandestinement dans le Nord de la Syrie partiellement tenu par la rébellion depuis le début de la guerre: elle a suivi des combattants rebelles, vu et vécu les carnages causés par les bombardements des hélicoptères et avions de Bachar-al-Assad, ramassé des corps de victimes dans les décombres, écouté les témoignages des survivants des crimes de guerre des voyous sans foi ni loi qui terrorisent le peuple pour le compte du régime de Bachar-al-Assad. Elle a vu la volonté d'anéantissement des zones rebelles, certains villages ou petites villes pouvant recevoir cinq fois en une après-midi des salves de barils explosifs semant la mort de manière terrifiante. Elle raconte la dérive communautaire et sectaire d'un conflit opposant au départ une dictature à la majorité du peuple syrien entrée en rébellion pour sa dignité et ses droits bafoués, une évolution démocratique. Elle nous parle avec beaucoup d'humanité et un sens du détail qui résume des choses fortes et difficilement dicibles du courage et de la capacité de résilience d'une population civile qui survit et vit malgré tout dans les pires conditions, peut continuer à plaisanter, à pratiquer ses rituels quotidiens, à s'aimer, à manifester de la fraternité et de la solidarité collective, tout en étant confrontée aux agressions constantes des forces militaires et de sécurité criminelles de Bachar-al-Assad et des islamistes de Daech, souvent étrangers et méprisant pour la population autochtone, ou d'autres groupes, qui pratiquent les enlèvements, les exécutions, et tentent d'imposer une dictature sur les mœurs et les comportements à partir d'une conception de la morale et du religieux qui n'était pas du tout celle des Syriens, dont la vie sociale ressortait d'une vieille civilisation urbaine multiculturelle, non d'une politique religieuse sectaire, formaliste et essentiellement oppressive de l'individualité.

Ce livre est précieux pour comprendre l'insurrection du printemps 2011, mesurer la sauvagerie de sa répression par le régime pendant des mois, le cynisme et la cruauté du pouvoir, les raisons du déclenchement de la guerre civile, ses instrumentalisations, son évolution de moins en moins lisible, avec la multiplication des factions rebelles, en concurrence les uns avec les autres, parfois vénale, le morcellement du territoire, la progression de l'Etat islamique, mieux équipé, ayant plus de moyens, et bénéficiant de l'apport des djihadistes étrangers.

***

Voici de larges extraits d'une chronique du journaliste et écrivain Jean Hatzfeld, qui a lui-même magistralement raconté la barbarie humaine et la guerre au Rwanda et en Yougoslavie, dans "Le Monde des Livres" du 15 avril 2016.

Les Portes du néant (Bawabât ard al-adâm), de Samar Yazbek, traduit de l’arabe (Syrie) par Rania Samara, préface de Christophe Boltanski, Stock, « La cosmopolite », 306 p., 21 €.

Les Portes du néant, à la frontière turque, s’ouvrent une première fois sur la route qui mène à la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Samar Yazbek les franchit en août 2012, en se faufilant dans un trou creusé sous des barbelés. Une voiture l’attend, qui traverse la nuit sur un fond sonore de bombardements, avec à l’intérieur Maysara et Mohammed, deux frères d’armes rebelles : ses anges gardiens.

A Saraqeb, le véhicule stoppe devant une vaste demeure envahie de familles, qui sera désormais le sweet home de Samar Yazbek où, de retour de ses chaotiques expéditions, elle retrouve une douceur complice auprès de gens un peu en vrac, notamment deux gamines, Rouha et Aala, dont elle écrit, une nuit de frappes aériennes : « Une nouvelle famille se joignit à nous dans l’abri. Aala, qui insistait toujours pour raconter une histoire chaque soir (…), me les montra du doigt : “Leur mère est de notre côté, mais le père soutient Bachar. (…) Mais ça fait rien. Elles doivent se cacher ici avec nous pour ne pas mourir.” Ma petite Schéhérazade avait les plus beaux yeux noirs que j’ai jamais vus. (…) Elle observait attentivement le monde autour d’elle mais paraissait toujours plus fragile chaque fois que nous descendions dans l’abri. Elle s'occupait de sa petite sœur Tala qui souffrait d('un déséquilibre hormonal causé par la peur et l'angoisse (...) Peu de temps avant que les frappes ne s'interrompent, elle saisit le morceau d'obus que tenait Tala en lui disant d'un temps calme: "ça, ce n'est pas pour les enfants". Elle avait à peine sept ans."

Pas de néant à l'horizon, mais une guerre, soudaine, contre Bachar-al-Assad que les rebelles mènent à la kalachnikov tandis que l'armée attaque du ciel en hélicoptère. Samar Yazbek la rejoint pour vivre l'après-Bachar: aider les femmes à monter des ateliers, distribuer des journaux, discuter à longueur de nuits, écrire.

Samar Yazbek est née dans une grande famille alaouite, à Lattaquié, dans la Syrie d'Hafez Al-Assad, le chef alaouite. Elle a vécu une enfance insouciante sur les bords de l'Euphrate. Caractère trempé, elle quitte les siens à 16 ans pour Damas, pour se vouer à la littérature.

Aussi, naturellement, chaque vendredi du printemps 2011, elle a marché dans la foule pacifiste, qui après celle de Tunis, du Caire, a célébré les révolutions arabes. Elle a publié des articles sur le vent de la liberté, dénoncé les violences de la répression. Les policiers l'ont tabassée en prison. Sous la menace des moukhabarat (services de renseignements), elle s'est réfugiée à Paris.

L'espoir d'une Syrie libre l'attire donc dans les bras de la guerre un an plus tard.

Elle écrit un hymne à la dignité des Syriens, note les graffitis des murs: "O Temps que tu es traître!"

Elle accompagne les combattants en expédition. Puis la guerre sombre dans un chaos radical qui imprègne son écriture.

Février 2013, deuxième porte: cette fois, Samar franchit la frontière à travers un village bédouin. Elle décrit magnifiquement les zones frontalières. Elle repart dans les villages. Les barils de poudre jetés d'hélicoptère remplacent les obus, les cadavres sentent fort sous les décombres. Les gamines Aala et Rouha sont parties. L'auteur observe les nouveaux visages:

"Une fille de seize ans était assise à l'entrée, coiffée d'un hijab. Elle était amputée des deux jambes, l'une coupée à la cuisse, l'autre au genou. Son regard était serein cependant. Elle m'a dit qu'elle apprenait à dessiner à ses frères et à ses sœurs, mais qu'elle manquait de matériel. (...) Après nous avoir regardés descendre vers le caveau où vivaient les siens, la tête penchée, elle continua à tracer des lignes dans la terre humide."

Le temps presse terriblement, Samar Yazbek choisit un style qu'elle veut efficace, parfois rude. Elle rapporte ainsi les mots d'un déserteur de l'armée:

"On entre dans un appartement et on casse tout sous les ordres de l'officier qui vocifère et jure. Il décrète qu'on doit violer une fille. La famille s'est réfugiée dans la chambre à côté. Il nous passe en revue le doigt pointé avant de s'arrêter sur mon ami Mohammed. Il lui donne une tape dans le dos... Mohammed tombe à genoux, baise les godasses du type: "Pitié, commandant! Ya sidi! Je ne peux pas. S'il vous plaît" (...) L'officier lui saisit les couilles en criant: "Tu veux que je t'apprenne comment faire?" Alors mon ami s'est redressé et rué sur lui, et c'était un costaud, je vous le jure (...) L'officier a tiré sur Mohammed, il l'a tué. Vous voulez savoir où il a visé?".

Samar Yazbek s'impose sur scène: "Je poussai un hurlement en croyant avoir touché une main douce et délicate sous les débris. Mon cri me trahit.(...) Un garçon de vingt ans à peine qui portait au front un bandeau noir sur lequel était écrit "Il n'y a de Dieu qu'Allah!" s'exclama: "Eloignez cette femme! Sa place n'est pas avec les hommes. Dieu nous pardonne!" Je lui aurais obéi si je n'avais pas su qu'il n'était pas syrien. Je le défiai du regard. C'était l'un des combattants étrangers de Daech. Je ne reculai plus d'un pouce comme il s'avançait vers moi. Au même instant, la voiture de mes amis s'arrêta devant nous (...)". (...)

Été 2013, revenue à Paris, on imagine Samar Yazbek à sa table, écrivant ses mois de guerre, le désespoir d'un pays perdu, le déracinement. Mais elle repart là-bas, à "la frontière où m'attendaient Abdallah et son frère Ali, qui venait de perdre un œil à cause d'une balle. (...) Chaque fois que je les quittais, j'avais le sentiment que je ne les reverrais plus, puis je revenais, et là, c'était comme si j'allais passer le reste de ma vie avec eux".

(...) Dans la Syrie en guerre, les journalistes ne voyagent plus comme au Liban ou en Bosnie. Leur tête, mise à prix, repose sur un cou fragile. Ils arpentent la frontière, parfois s'aventurent en de rapides incursions. Les réseaux sociaux pervertissent l'information qu'ils ne ramènent plus.

En Syrie, les villes sont écrasées, les champs dévastés; la guerre détraque les esprits. Elle dérobe la révolution. (...)

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27 novembre 2021 6 27 /11 /novembre /2021 06:35
Georges Cadiou invité de la fête de l'Humanité Bretagne pour présenter son livre sur Marcel Cachin, un breton émancipé
A la fête de l'Humanité Bretagne de Lanester, le dimanche 28 novembre à 15h, Georges Cadiou présentera son livre sur un des fondateurs du Parti communiste français, le premier directeur de l'Humanité devenue communiste, et ceci pendant plusieurs décennies, le breton et costarmoricain Marcel Cachin, passionnément attaché à la Bretagne, sa langue et sa culture.
 
La causerie avec l'écrivain et journaliste Georges Cadiou et son livre sur Marcel Cachin aux éditions Yoran Embanner (automne 2021) sera animée par Ismaël Dupont.
 
Georges Cadiou a été journaliste de presse écrite, reporter à Radio Breizh-Izel, élu à Quimper. Il est l'auteur de plusieurs livres et documentaires de télévision sur l'histoire du mouvement breton et le sport. Il a notamment publié chez Yoran Embanner La gauche et la revendication bretonne (2015) et l'excellent L'Hermine et la croix gammée, le mouvement breton et la collaboration en 2006 aux éditions Apogée.
 
Georges Cadiou devrait être être également l'invité du PCF Pays de Morlaix pour une conférence-débat des Mardis de l'éducation populaire le mardi 14 décembre à 18h pour nous parler de Marcel Cachin et de la vie, de la pensée et de l'action, du militant breton fondateur du Parti communiste, directeur de l'Humanité pendant plusieurs décennies. 
 
 
***
 
 
 
Ci-joint, un article que écrit pour le Chiffon Rouge sur Marcel Cachin: http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/.../marcel-cachin...
Marcel Cachin est né à Paimpol le 20 septembre 1869. Ses parents étaient de condition modeste. Son père, originaire du Gers, était venu en Bretagne après son service militaire et était devenu gendarme. Sa mère, née Le Gallou, était d'une famille paysanne. Après avoir fréquenté l'école primaire de Paimpol, Marcel Cachin est entré comme élève boursier grâce à ses dons remarquables au lycée de Saint Brieuc, comme interne. Durant les vacances, il revenait à Paimpol qui l'enchantait par sa beauté pittoresque et son ambiance.
« Les citoyens de l'ardente petite ville étaient fiers de leur réputation d'hommes d'avant-garde dans un département où dominaient encore les hobereaux et les réactionnaires les plus arriérés. Dans les cafés et les auberges enfumés du port se rencontraient les marins et les capitaines dont les voyages autour du monde avaient élargi l'esprit. Avec les ouvriers constructeurs de navires, les marins orientaient la politique locale vers la République encore jeune et discutée ».
Marcel choisit des études classiques. Il devient un amoureux des lettres grecques et latines. Pendant son adolescence, il perd sa foi religieuse. Un professeur de philosophie, Baptiste Jacob, exerce une forte influence sur lui et aide Marcel Cachin à accéder gratuitement au lycée de Rennes. Reçu au concours des bourses de licence et ayant opté pour la philosophie, Marcel Cachin est ensuite envoyé à la Faculté des Lettres de Bordeaux.
C'est à Bordeaux, autour de sa vingtième année, que Marcel Cachin adhère au socialisme, au Parti Ouvrier Français de Jules Guesde. Pour son congrès de Marseille en 1892, la direction du Parti a établi un questionnaire qui permet au Congrès d'élaborer un programme agraire en phase avec les besoins des paysans. Marcel Cachin, pendant ses vacances à Paimpol, remplit scrupuleusement son questionnaire en s'informant auprès des cultivateurs, des fermiers et des métayers bretons.
A Bordeaux, Marcel Cachin donne des cours particuliers à des jeunes de famille bourgeoise, collabore à « La question sociale », recrute des adhérents et des cadres pour le parti de Jules Guesde et de Paul Lafargue. En 1898, il se présente comme candidat aux législatives à Libourne, sans aucun espoir de succès. Le POF se divise profondément sur la participation des socialistes au gouvernement bourgeois et républicain à partir de juin 1899 avec l'entrée de Millerand au ministère Waldeck-Rousseau. Cachin prend alors de parti de la ligne d'opposition au réformisme de Guesde contre celle de Jaurès. En 1900, il est élu conseiller municipal de Bordeaux, puis adjoint au maire aux transports et à la voirie et en 1903, il devient secrétaire de sa fédération.
En décembre 1903 toujours, il porte la contradiction à Jaurès qui défend au Capitole de Toulouse la politique du bloc des gauches et de la participation ministérielle. Aux élections municipales de mai 1904, le POF obtient plus de voix à Bordeaux que les radicaux et les socialistes de gouvernement mais ces derniers refusent l'alliance de second tour et la droite l'emporte.
En août 1904, Cachin est délégué au Congrès de la IIe Internationale socialiste à Amsterdam en tant que représentant du Parti Socialiste de France, produit de la fusion en 1901-1902 des blanquistes et des marxistes guesdistes. C'est là que, grâce à Paul Lafargue, il fait la connaissance d'une institutrice de français américaine, déléguée du Parti socialiste américain, qui deviendra sa femme. Le Congrès d'Amsterdam condamne la participation aux gouvernements bourgeois et l'évolutionnisme réformiste de Bernstein. Il plaide en même temps pour l'unité du mouvement socialiste et Jaurès accepte l'unité, qu'il désirait depuis longtemps, sous la direction d'une ligne politique marxiste de lutte des classes et révolutionnaire.
En 1906, quittant Bordeaux, Cachin devient, sous l'impulsion de Guesde, délégué à la Propagande du Parti Socialiste. En 1910, il est élu député d'Alès. Mais le gouvernement et la chambre des députés l'invalident, privant les mineurs et paysans du Gard de leur défenseur. En 1908 et 1912, il parcourt l'Algérie. Dans des meetings où se confondent travailleurs de toute origine, Marcel Cachin s'élève contre les entreprises d'asservissement colonial, proclame la solidarité du prolétariat français avec les peuples arabes d'Afrique du Nord.
L'Humanité, créée par Jaurès en 1904, qui ne se vend qu'à 50 000 exemplaires en 1911, devient la propriété du Parti Socialiste à ce moment là, qui le prend en charge tout en maintenant Jaurès à la direction du journal. Après la mort de Paul Lafargue en novembre 1911, Marcel Cachin le remplace comme rédacteur régulier.
En 1912, Cachin est élu conseiller municipal et conseiller général du XVIIIe arrondissement de Paris. « Pendant les deux années qu'il siège à l'Hôtel de ville, il se préoccupe surtout des travailleurs du métro, des omnibus et des transports de surface. Les travailleurs des omnibus étaient groupés dans deux syndicats rivaux. Les ouvriers des ateliers de la rue Championnet lui demandèrent de prendre la direction de leur syndicat : après avoir consulté Guesde et Jaurès, Marcel Cachin accepta. Il réconcilia les ouvriers des ateliers de réparation et les roulants, fit l'union des deux syndicats et obtint divers avantages. Pendant la grève générale des employés de tramways en 1916, il conduisit une délégation de femmes au ministère de l'Intérieur pour exiger des augmentations de salaire : le gouvernement dut céder. Marcel Cachin resta à la tête du syndicat des transports de surface de 1913 jusqu'à 1919. A l'Hôtel de Ville, il menait une lutte incessante contre les puissantes compagnies capitalistes qui avaient mis en coupe réglée Paris et le département de la Seine » (Marcel Cachin vous parle, introduction à ses articles et discours par Jean Fréville. Editions sociales, 1959).
En 1907, Marcel Cachin représente encore le Parti Socialiste au Congrès de l'Internationale à Stuttgart qui veut mobiliser contre la guerre mondiale en préparation: il y rencontre Clara Zetkin, Bebel, Karl Liebknietcht.
En mars 1914, Marcel Cachin est élu député avec 99 autres socialistes, pour ce qui est le plus grand succès électoral des socialistes en France jamais enregistré. Succès en trompe l’œil. Quand éclata le drame de Sarajevo, le Parti Socialiste, à part sans doute Jaurès, n'en prévoit pas les conséquences. Il tint à Paris, le 14 juillet, un congrès qui se prononça pour la grève générale en cas de guerre (motion Vaillant-Jaurès, que Guesde considéra comme utopique). Quinze jours après, Albert Thomas et Sembat qui avaient préconisé la grève générale entraient avec Guesde dans le ministère d'Union Sacrée, après l'assassinat de Jaurès le 31 juillet et la déclaration de guerre.
Marcel Cachin se laisse emporter par le courant général d'union sacrée, intervient même, à la demande de Guesde, pour convaincre en mars 1915 les camarades socialistes italiens de plaider l'entrée en guerre de leur pays.
Après le renversement du tsarisme en Russie en mars 1917, Marcel Cachin convainc le Conseil National du Parti Socialiste d'envoyer des délégués à une conférence internationale, qui doit se réunir à Stockholm et fixer les modalités d'une paix sans annexions ni contributions. Mais le gouvernement refuse de leur attrribuer des passeports.
A partir de la Révolution d'Octobre 1917, Cachin défend la révolution bolchevik dans ses articles et ses interventions à la Chambre. En octobre 1918, il est désigné pour remplacer à la direction de l'Humanité
Renaudel, partisan de la lutte contre les bolcheviks : signe d'un changement de majorité et de tendance au Parti Socialiste. Marcel Cachin dénonce l'intervention militaire française en Russie contre la jeune Révolution qui a fait la paix avec l'Allemagne.
Quand les conflits sociaux s'étendent en France au cours des années 1919 et 1920, reprimés par la troupe, Cachin interpelle le gouvernement, attaque Clémenceau, soumet au vote une motion de flétrissure contre la majorité bourgeoise et réactionnaire de la Chambre.
Aux élections de novembre 1919, les socialistes, qui gagnent 300 000 voix, représentent le quart des électeurs du pays. Cachin est réélu dans le 18e arrondissement de Paris.
Le Congrès de Strasbourg du parti Socialiste (février 1920), tout en se prononçant pour la sortie de la IIe Internationale, écarte l'adhésion à la IIIe Internationale, constituée le 4 mars 1919 à Moscou. Mais il charge Marcel Cachin et Frossard, secrétaire général du Parti Socialiste depuis 1918, d'aller recueillir des informations précises sur le nouveau régime. Cachin rencontre Lénine plusieurs fois, très critique vis-à-vis du Parti Socialiste français. A son retour, au Cirque de Paris, il rend compte de sa mission : « Nous revenons émerveillés de notre voyage ».
D'août à décembre 1920, avant le Congrès de Tours ( 25-30 décembre 1920), Cachin défend l'adhésion à la IIIe Internationale. Au Congrès de Tours, Cachin, Clara Zetkin, s'opposent à Blum, Renaudel, Paul Faure. 3028 mandats contre 1022 votent l'adhésion à la IIIe Internationale.
L'Humanité va ainsi rester entre les mains des révolutionnaires issus du Parti Socialiste qui vont créer le Parti Communiste. Et elle sera dirigée par Marcel Cachin, qui sera pendant 38 ans membre du Bureau Directeur du Parti Communiste.
Le PCF milite pour la fraternisation des ouvriers allemands et français, contre l'occupation de la Rhur, ce qui lui vaut une arrestation en 1923 et un emprisonnement à la Santé avec Pierre Sémard, Gabriel Péri et onze autres camarades.
En 1924, avec le PCF, Cachin dénonce la guerre colonialiste du Rif contre Abd-el-Krim menée par l'étonnant tandem Pétain-Franco qui bombardent les villages montagneux du nord marcocain. A cette occasion, il est à nouveau condamné à deux ans de prison, avec Maurice Thorez, 25 ans à l'époque, secrétaire du comité d'action contre la guerre au Maroc. Ces deux ans sont commués en appel en un an de prisan, que Cachin accomplit à la Santé en 1927. Cela n'empêche pas d'être élu député en 1928 avec un score supérieur à celui qu'il avait réalisé en 1924.
A partir de 1930, Maurice Thorez devient secrétaire général du Parti Communiste. Cachin défend avec lui la ligne du Front Unique, du Front Populaire contre les forces de la bourgeoisie et le fascisme montant. A cette époque, les communistes étaient « unitaires pour deux » (Maurice Thorez), L'Humanité, avec une diffusion de 430 000 exemplaires, était le journal politique le plus lu en France.
En 1935, Cachin est élu Sénateur.
L'Humanité est supprimée par le gouvernement Daladier en 1939 suite au pacte de non agression germano-soviétique. En janvier 1940, Cachin est déchu de son mandat de sénateur, il se retire en Bretagne, sans sa petite maison de Lancerf, où la Gestapo l'arrête en septembre 1941. Il est enfermé plusieurs semaines à Saint-Brieuc puis à Rennes mais les Allemands finissent par le relâcher, craignant que sa mort ne suscitât des réactions fortes dans l'opinion et chez les communistes qui mobilisent pour libérer Marcel Cachin. Gabriel Péri, chef de la rubrique de politique étrangère à l'Humanité, est fusillé en décembre 1941.
Quand L'Humanité reparaît de manière officielle à la Libération, 11 collaborateurs et rédacteurs clandestins de L'Humanité ont été exécutés.
A la libération, Marcel Cachin est membre de l'Assemblée Consultative, puis des deux Assemblées Constituantes de 1945 et 1946, avant d'être réélu à l'Assemblée Nationale en novembre 1946. Réélu en 1951 et 1956, il restera député de Paris jusqu'à sa mort. Dans les années 50, il continue à la Chambre et avec l'Humanité de soutenir avec vigueur le combat anti-colonialiste au Viet-Nam, en Tunisie, au Maroc, en Côte-d'Ivoire, au Cameroun, en Algérie. Il se souvient avoir personnellement rencontré et apprécié Hô-Chi-Minh, étudiant à Paris.
Le 17 novembre 1956, sa femme Marguerite meurt. Lui-même s'éteint à Choisy-le-Roi le 12 février 1958.
A la suite d'obsèques populaires impressionnantes, Cachin a été enterré auprès des Communards du père Lachaise.
 
Georges Cadiou invité de la fête de l'Humanité Bretagne pour présenter son livre sur Marcel Cachin, un breton émancipé
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24 novembre 2021 3 24 /11 /novembre /2021 07:41
Madeleine, la merveilleuse BD sur Madeleine Riffaud, résistante, militante communiste, prix Goscinny du meilleur scénariste à Angoulême
Je n'en reviens pas... Voilà que Jean-David et moi avons été primés par le Prix Goscinny, au festival d'Angoulême, qui récompense le meilleur scénariste de l'année.
Qui aurait cru que je vivrais ça maintenant... Même si j'en ai un peu marre qu'on dise mon âge à tout bout de champ
Et je suis contente car ça va emmerder encore un peu plus les fachos qui s'amusent à écrire des slogans pro nazis sur mon exposition (et tous leurs copains sans cerveaux) aux Butte-Chaumont !
D'autant que le prix jeune scénariste revient à DES VIVANTS de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin... qui parle du réseau du Musée de l'Homme et de Germaine Tillion, pour qui j'ai évidement le plus grand respect !
Merci au Jury !
Et une pensée à Lucie et Raymond Aubrac, qui m'ont poussée à témoigner à une époque où je croyais que je n'en avais plus rien à foutre. Cette BD, c'est la continuité du travail qu'ils m'ont demandé d'accomplir et qui me tient en vie.
NOUS NE SOMMES PAS DES MARTYRS, NOUS SOMMES DES COMBATTANTS. NOUS NE SOMMES PAS DE VICTIMES, NOUS SOMMES DES RÉSISTANTS !
RAINER est toujours là.
 
Voir aussi:
Madeleine, la merveilleuse BD sur Madeleine Riffaud, résistante, militante communiste, prix Goscinny du meilleur scénariste à Angoulême

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Il y a quelques semaines est sorti le premier tome d'une série de bande dessinée sur la vie extraordinaire de Madeleine Riffaud, résistante, communiste, journaliste, militante anticolonialiste, sur un scénario de Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud, et avec des dessins somptueux de Dominique Bertail. 

Ce premier volet de "Madeleine, Résistante", "La Rose dégoupillée", avec des dessins à dominante de couleur bleue, noire, et blanche, des cases de BD qui peuvent atteindre la planche et la page sur du très grand format qui donnent à rêver le paysage et le temps passé, est consacré à l'enfance et à l'adolescence de Madeleine.

Née en 1924, elle grandit avec un père instituteur dans un village de la Somme marqué par la première guerre mondiale, jouant surtout avec les garçons dont elle aime partager les aventures.

Sous le Front Populaire, elle découvre les joies des vacances dans le futur village martyr d'Oradour-sur-Glane. Pendant l'exode, son grand-père adoré la recueille, elle est envoyée chez une amie pacifiste de ses parents, trop complaisante avec les Allemands, à Amiens. A la mort de son grand-père, Madeleine contracte la tuberculose, et c'est dans son sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet non loin de Chalon-sur-Saône, qu'elle découvre la proximité de la mort et de la souffrance, l'amour, et qu'elle rencontre des résistants. Elle s'éprend d'un ami de ses parents, d'origine normande, résistant, et gagne Paris avec lui où elle passe son examen de sage-femme pour se donner une couverture et ne va pas tarder elle-même, à l'automne 42, à rentrer dans un réseau de résistance, sous le nom d'homme de Rainer, référence au poète allemand Rainer Maria Rilke, dont la BD rappelle qu'il "est décédé d'une leucémie après s'être piqué avec une épine de rose", la fleur préférée de Madeleine.   

L'épilogue de cette BD pleine de souffle et de poésie raconte de manière drôle et émouvante la rencontre du scénariste Jean-David Morvan et de Madeleine Riffaud, et comment la résistante et militante communiste, journaliste et essayiste, presque centenaire, a subjugué l'auteur de BD par son humour, sa vivacité et son intelligence, alliés à la force de caractère.  

Début 1944, elle entre en même temps au Parti communiste et dans la lutte armée. Elle apprend le massacre d’Oradour-sur-Glane, village de sa jeunesse. « Je pensais à cela quand je pédalais dans Paris, aux brûlés vifs que je connaissais. Éluard parlait des “armes de la douleur”. C’était exactement cela.

Madeleine Riffaud sera responsable des étudiants résistants FTP du quartier latin en 1944. Le 23 juillet 1944, elle abat en plein jour de deux balles dans la tête un officier de l'armée d'occupation sur le pont de Solferino. Prenant la fuite à vélo, elle est rattrapée et renversée par la voiture du chef de la milice de Versailles, puis envoyée au siège de la Gestapo rue des Saussaies où elle est torturée par des allemands et des français collaborateurs, puis condamnée à mort. Elle saute du train qui l'envoie en déportation à partir de la prison de Fresnes et reprend le combat dans la compagnie Saint-Just, attaquant notamment un train rempli de troupes allemandes arrivant aux Buttes Chaumont (gare Ménilmontant). Madeleine a 20 ans lors de la Libération de Paris et reçoit le brevet de lieutenant FFI le 23 août 1944.

A la Libération, elle devient l'amie d'Eluard et de Picasso, qui fait un portrait d'elle pour illustrer son premier recueil de poésie. Elle devient grand reporter à L'Humanité et amie avec le révolutionnaire communiste vietnamien Ho Chi Minh.

Un article de l'Humanité en 2012, "Madeleine Riffaud, des toits de Paris aux rizières du Vietnam", raconte magnifiquement la suite des aventures de Madeleine:

"Car, à partir de 1964, Madeleine Riffaud devient Chi Tam, la 8e sœur. Elle est l’une des rares occidentales à être acceptée dans les maquis viêt-cong, et devient une combattante à part entière de la résistance vietnamienne. « Ce que j’ai vu au Sud-Vietnam » affiche la une de l’Humanité en novembre 1970, dont le reportage révèle au monde l’horreur de la répression. « Con Son, Tan Hiep, Thu Duc, Chi Hoa… Il nous faut retenir ces noms car, jadis, pour les résistants victimes des nazis, l’enfer a duré cinq ans. Or au Sud-Vietnam, le même enfer dure depuis quinze ans », écrit-elle en 1972, au cœur d’un papier qui dénonce les atrocités commises par l’administration américaine. « Voilà la démocratie de Nixon, conclut-elle. Voilà la paix que les vaincus, en s’en allant, voudraient accorder à des hommes, des femmes estropiés à vie par les tortures sans fin… » Et elle sait de quoi elle parle : « Le drame est d’être passée de la Résistance aux guerres coloniales. J’ai été correspondante de guerre pour dire mon horreur des conflits. » « On disait des Viêt-cong : ce sont des hommes sans visage. » Ces combattants de l’ombre retrouvent le sourire devant l’objectif de Madeleine Riffaud, qui s’attache à leur redonner une identité. Dans ces déluges de violences qu’elle décrit, la poésie n’est jamais loin, derrière une description des rizières vietnamiennes ou des images de typhons, autant de métaphores de la mort, omniprésente. La couverture de la guerre d’Algérie la ramène rue des Saussaies, où la police française torture les militants du FLN, là même où elle a connu l’enfer. Le 7 mars 1961, l’Humanité sort avec une page blanche, marquée en son centre de ce seul mot : « Censuré ». À l’origine de la saisie, un article de Madeleine Riffaud sur les tortures pratiquées à Paris, qui déclenche la fureur du préfet de police, Maurice Papon, qui porte plainte en diffamation et demande des dommages et intérêts. Elle réchappe de peu à un attentat de l’OAS et passe plusieurs mois à l’hôpital.

En 1973, Madeleine Riffaud emprunte une nouvelle identité et repousse toujours plus loin les limites de l’investigation. Elle devient Marthe, se fait embaucher dans un hôpital parisien comme aide-soignante. Elle récure les sols, prodigue les soins aux patients, veille la nuit des mourants anonymes. De cette expérience, elle en tire un récit lucide et tendre sur l’univers hospitalier, les Linges de la nuit, sur ce qui se joue sous les draps blancs, quand l’imminence de la mort rebat les cartes des rapports humains. Car comme le disait d’elle Jean Marcenac, « Madeleine Riffaud est un poète qui a pris résolument le parti de s’exprimer par le journal… Elle a toute seule créé ce qu’il faut bien nommer un genre et, finalement, elle a parfaitement réussi».

Ismaël Dupont, 5 octobre 2021

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24 novembre 2021 3 24 /11 /novembre /2021 07:38
Photo Renaud Faroux à Colonel Fabien

Photo Renaud Faroux à Colonel Fabien

L.H.O.O.Q. Readymade corrigé de Marcel Duchamp, version 1930 pour Louis Aragon puis offerte par le poète au PCF ( ici dans les mains du commissaire Faroux) réintègre les cimaises de l’espace Niemeyer pour l’exposition Libres comme l’art du 1 décembre au 31 janvier 2022.

Renaud Faroux, commissaire de l'exposition Libres comme l'art à Colonel Fabien, et conférencier habituel du PCF 29 sur les expositions d'art contemporain et moderne de Landerneau et Pont-Aven. Renaud Faroux sera invité en début d'année 2022 pour présenter l'exposition "Libres comme l'art"

Voir aussi:

Landerneau: Avec l'historien et critique d'art Renaud Faroux et l'espace des Capucins, les militants communistes se familiarisent avec plaisir avec les artistes de la Figuration Libre, cette peinture underground contestatrice des années 80

Conférence de Renaud Faroux sur l'oeuvre de Picasso pour les adhérents du PCF - 1er novembre 2017, Landerneau

Les conférences d'éducation populaire du PCF 29 - l'historien et critique d'art Renaud Faroux présente Tal Coat le 6 avril à Moëlan sur Mer en accompagnement de la visite guidée de l'exposition Tal Coat à Pont-Aven

Vidéo de la conférence de Renaud Faroux sur les origines de l'abstraction à Landerneau (Mitchell et Riopelle) 2/02/2019

PCF 29: Conférence de Renaud Faroux sur les origines de l'abstraction et visite guidée de l'expo Jean-Michel Riopelle et Joan Mitchell au FHEL des Capucins à Landerneau: du pur bonheur!

PCF 29, samedi 2 février: visite de l'exposition Mitchell et Riopelle à FHEL de Landerneau et conférence de Renaud Faroux

Colonel Fabien - le retour au PCF de L.H.O.O.Q. de Marcel Duchamp pour l'exposition Libre comme l'art, du 1er décembre au 31 janvier

En cent ans d'existence, le Parti communiste français a toujours entretenu des liens étroits avec les avant-gardes artistiques et culturelles. Mais si certains peintres sont bien connus comme « compagnons de route » du parti, tels Pablo Picasso ou Marcel Duchamp, d'autres, comme Giacometti, Fernand Léger, Henri Matisse, André Masson, etc., ont aussi cultivé des relations avec celui-ci, à divers degrés, qu'ils aient été militants, sympathisants ou observateurs critiques. En témoigne les formidables collections d’œuvres offertes au parti et déposées depuis dans divers musées.
À l'occasion du centenaire du Parti communiste français, et pour annoncer l'exposition qui se tiendra au printemps 2021, ce livre d'art raconte cette histoire à la fois politique, sociale et artistique à travers la reproduction de 150 œuvres et les éclairages de Yolande Rasle et Renaud Faroux, le conférencier historien d'art avec lequel travaille depuis plusieurs années le PCF Finistère dans le cadre de sa démarche d'éducation populaire autour de l'art, autour notamment des expositions d'art moderne et contemporain de Landerneau et de Pont-Aven.  
L'ensemble de l'ouvrage permet de redécouvrir des artistes majeurs que le marché minore ou dont l'histoire obère la part d'engagement sans laquelle leur œuvre perd une part de son sens.
Avec plus de 150 œuvres ainsi rassemblées, ce livre présente un parcours totalement inédit et incarne un message toujours actuel : « D'un siècle à l'autre, l'art nous change et change le monde. »

Libres comme l’art

Éditions de l’Atelier, 256 pages, 23X27 cm. Préface de Pierre Laurent.

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