À Rennes, Ian Brossat veut « retrouver l’esprit de conquête »
Publié le 26 février 2022 - Le Télégramme
À Rennes, c’est le directeur de campagne de Fabien Roussel qui portera la voix du parti communiste lors d’un meeting ce 26 février.
Le directeur de campagne du communiste Fabien Roussel, Ian Brossat, explique vouloir convaincre au-delà de son camp à l’approche de son premier meeting à Rennes.
Le Parti Communiste Français propose sa première candidature à une élection présidentielle depuis 2007, que pensez-vous apporter de nouveau à cette campagne ?
L’objectif n’est pas de représenter le parti ou d’agiter un drapeau rouge. Il est de porter des propositions qui ne sont pas portées par d’autres. Les points principaux doivent rester le pouvoir d’achat ou les factures. Si Fabien Roussel s’est fait remarquer, c’est parce qu’il parle de ces sujets très concrets. Il incarne une gauche populaire, sociale, qui propose des solutions plutôt que de faire la leçon aux Français sur comment ils doivent manger se déplacer ou parler. Retrouver cette gauche qui vise à améliorer la vie quotidienne des gens et qui était sortie des radars, ça fait du bien.
À qui parlez-vous dans cette campagne ? L’étiquette du Parti Communiste n’est-elle pas clivante au sein de la société française pour espérer rassembler plus largement ?
Nous assumons nous adresser à de larges couches de la population. Il y a beaucoup de gens qui ne se reconnaissent pas dans le clivage gauche/droite, des gens qui ont pu voter à gauche et qui se sont réfugiés dans l’abstention ou dans un vote pour l’extrême droite. Je ne considère pas qu’ils sont perdus pour la cause. S’ils ont quitté la gauche, c’est parce qu’ils ont pu se sentir trahis, notamment quand elle était au pouvoir. Nous nous adressons à eux. Nous leur disons que nous pouvons faire de leur colère quelque chose de beaucoup plus utile que ce que leur apporte le vote pour le Rassemblement National ou l’abstention.
Vous avez choisi de nommer votre campagne « la France des jours heureux », vous avez l’impression qu’il faut aussi réessayer de parler au cœur des Français en leur proposant un projet d’avenir ?
Les gens n’ont pas besoin de savoir que la vie est dure : ils le savent. La question est de savoir si on peut faire autrement. Vivre mieux est possible. À condition de mobiliser les très nombreuses richesses produites par les Français - qui sont accaparées par une petite minorité - pour les mettre au service de l’humain et de la planète. Les jours heureux sont une référence au programme du Conseil National de la Résistance. Au sortir de la guerre, nous avons été capables de mettre en place la sécurité sociale alors que le pays était ruiné. Aujourd’hui, on produit beaucoup plus de richesses et certains nous disent qu’on doit toujours se serrer la ceinture. Nous, nous disons qu’il faut retrouver cet esprit de conquête qui présidait à l’époque la destinée du pays.
À gauche, Fabien Roussel tourne autour de 4-5 % dans les sondages et Jean-Luc Mélenchon autour de 12 %, vous n’avez pas peur que votre envie d’assurer un retour du Parti Communiste et de ses idées puisse se faire aux dépens d’un second tour ?
Ma grande satisfaction est de voir c’est que ces deux candidats sont en dynamiques et qu’elles ne se font pas l’une au détriment de l’autre. Nous ne nous adressons pas au même électorat. Fabien Roussel réussit à élargir le socle de la gauche, et c’est le principal. La gauche représente aujourd’hui trop peu de français, seulement 1 électeur sur 4. L’objectif, ce n’est pas d’être au second tour, c’est de gagner au second tour, et donc il faut que la gauche s’appuie sur un socle suffisamment large. Avec la candidature de Fabien Roussel, je pense que nous faisons œuvre utile.
Vous allez venir en Bretagne, une région avec un fort secteur agroalimentaire, des agriculteurs en souffrance car n’arrivant pas à vivre de leur travail, que propose le Parti Communiste pour leur venir en aide ?
Ce sont des sujets auxquels nous sommes très attachés, notamment la rémunération des agriculteurs et la revalorisation des retraites. D’ailleurs la seule avancée qu’il y a eue pendant ce quinquennat sur la question de la revalorisation des retraites agricoles c’est grâce à une proposition de loi d’André Chassaigne (député PCF). Nous sommes favorables à la mise en place de prix rémunérateurs pour que les agriculteurs puissent vivre de leur production.
Vous désignez en ce moment des chefs de file sur beaucoup de circonscriptions françaises, mais êtes-vous quand même ouvert à des alliances pour ces élections ?
Nous souhaitons le rassemblement le plus large aux élections législatives, Fabien Roussel a été le premier à le dire. Ce mode de scrutin favorise ses alliances, donc ce travail de rassemblement doit être mené.
Le journal Mediapart a dévoilé aujourd’hui un nouvel article sur le possible emploi fictif de Fabien Roussel quand il était attaché parlementaire, quelle est votre réaction ?
Je l’ai lu, il n’y a rien de neuf par rapport au premier article publié. Fabien Roussel ne l’a jamais caché, il a été attaché parlementaire de Jean-Jacques Candelier, et il a travaillé pour lui au service des habitants de sa circonscription. Il a d’ailleurs publié un certain nombre de documents sur son site internet. Nous le réaffirmons : ces accusations sont infondées.
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, comment réagissez-vous ? Et comment faire campagne dans cette situation ?
Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’attitude de Vladimir Poutine. Elle est extrêmement dangereuse. Il nous paraît indispensable de mettre tout en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu. Mais cela ne doit pas empêcher la campagne d’avoir lieu. Beaucoup de sujets qui sont posés par la crise en Ukraine renvoient à des enjeux de la vie quotidienne qui étaient déjà posés. La question de la souveraineté énergétique, mais également alimentaire au regard des grandes quantités de blé produites par la Russie et l’Ukraine. Ces questions ont vocation à être débattues dans le cadre de la campagne présidentielle.
Comment jugez-vous la gestion de crise par le président français ?
Il faut se garder de toutes instrumentalisations politiciennes malvenues dans un tel contexte. Nous sommes des partisans de la paix, la France, en toute indépendance, doit avoir une parole forte en faveur d’un cessez-le-feu et d’un retrait des troupes russes. Il n’y a aucune ambiguïté chez nous sur la dénonciation très claire et ferme de l’agression de Vladimir Poutine vis-à-vis du peuple Ukrainien. Pour le reste, cela doit nous faire réfléchir à la course aux armements à laquelle notre planète se livre. La France doit porter une parole forte pour sortir de cette course. C’est cette parole que Fabien Roussel portera pendant cette campagne.