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Le FRONT de GAUCHE du Finistère et ses candidats aux élections législatives, appellent à manifester pour les Langues et Cultures de France samedi 31 mars, à 14h place de la Résistance à Quimper.
Nous serons également représentés au colloque sur les langues régionales qui se tiendra samedi matin à 10h, salle St François toujours à Quimper.
Ce samedi, les langues de France se mobiliseront aux 4 coins du pays et bien au-delà : à Quimper, Ajaccio, Toulouse, Perpignan, Bayonne, Strasbourg, Poitiers, Amiens, Annecy, aux Antilles, en Guyanne et à la Réunion ...
Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus pour exprimer un désir que nous partageons : une loi qui donne aux Langues de France un cadre légal permettant la mise en place d'une vraie politique publique en leur faveur.
Pour promouvoir en France et dans le monde, la diversité culturelle dont les langues sont un des fondements , le Front de Gauche s'engage notamment à mettre en oeuvre un programme de promotion, de défense et d'apprentissage des langues en danger dont le Breton. A cet effet, il souhaite que l'Etat propose une véritable offre généralisée d'enseignement, avec les moyens nécessaires, en coordination avec les collectivités locales.
Cela doit passer par la création d'un Haut Conseil aux Langues et cultures de France, incluant la représentation des langues issues de l'immigration.
Le Front de Gauche s'engage à réviser la Constitution et adapter la Charte européenne des langues, afin d'en permettre la signature.
pour le FRONT de GAUCHE du Finistère
Jean-Marie DEGE, Eric LE BOUR, Alain REBOURS, Yannick HERVE, Porte-parole
Un préavis de grève national a été déposé demain, jeudi 15 mars, par les principales fédérations de postiers (Sud-PTT, CGT, CFDT, FO) pour dénoncer un mal-être au travail grandissant causé par des restructurations successives et qui ont certainement été partiellement ou totalement responsables ces derniers mois du suicide d'une postière au centre de tri des chèques à Montparnasse, du suicide d'un cadre à Rennes, et la semaine dernière, d'un autre cadre à Trégunc.
Une marche des employés de la Poste est prévue à Quimper et à Brest demain pour dénoncer ces politiques de management par le stress au service de la rentabilité maximale qui détruisent les relations humaines et parfois les personnes elles-mêmes.
Le collectif citoyen du Front de Gauche de la circonscription de Morlaix exprime sa solidarité pleine et entière avec les salariés de la Poste qui se battent pour que l'on reconnaisse la dignité de leur mission de service public et nous disons réaffirmons avec force notre colère face à l'évolution de la gestion des personnels de la Poste sur le modèle de l'entreprise privée néo-libérale, après que l'entreprise ait été transformée en Société Anonyme malgré la mobilisation de la population.
Tous les 18 mois environ, il y a une restructuration au service guichet et au service courrier de la Poste. Lors de la dernière, dans le pays de Morlaix, les bureaux de poste au mois de janvier 2012 ont perdu malgré la semaine de grève des agents 42 heures d'ouverture des guichets au public et 3 emplois. A Plouigneau, où un Comité de défense de la Poste très actif a pu faire reculer de 10 ans la réduction des horaires d'ouverture, 2h30 d'ouvertures de guichet par semaine ont été perdus ce mois-ci.
Si la direction départementale et nationale poursuit sur sa lancée de la réduction des charges de personnel par le recours à leur externalisation auprès des collectivités, il se pourrait que Plougonven et Plouezoch héritent dans quelques mois d'agences postales en lieu et place des bureaux de poste qui sont déjà fermés les après-midi et les lundis. Il reviendra ainsi à la collectivité de financer les infrastructures et une partie des salaires des agents, qui pourront tout bonnement être des agents municipaux désormais. A la distribution du courrier, on n'est pas mieux loti: jeunes payés au SMIC qui débordent gratuitement de leurs 35h prévues pour faire chaque jour des tournées sur-dimensionnées, regroupements obligeant à des trajets supplémentaires entre le domicile et le travail et ayant pour finalité de réduire des postes, manque de sécurité professionnelle dans un environnement où on ne peut plus être sûr de rien dans les prochains mois...
Au guichet, la réduction des effectifs et les objectifs de productivité et de rentabilité extrêmes portés par des petits-chefs aux compétences accrues qui n'ont pas toujours beaucoup d'état d'âme produisent un changement de métier complet sans moyens, sans formation pour l'accompagner.
Toute l'éthique professionnelle que des agents attachés au service public avaient est balayée et refoulée pour faire toujours plus d'argent: le citoyen est devenu un usager, puis un client, il n'est plus maintenant qu'un porte-feuille à dégarnir. On lui vent des assurances, des colissimos qui coûtent 18€ pour un prix de revient du carton de 1€, des produits de téléphonie mobiles, alors qu'il était venu déposer un chèque, acheter des timbres, déposer des lettres.
Les salariés sont fliqués pour qu'ils s'acquittent avec zèle de ces tâches commerciales en respectant le script qu'on a prévu pour eux, en rentrant dans un moule avec des phrases toutes faites à servir aux clients. Ces salariés sont notés individuellement chaque année par leur supérieur hiérarchique en fonction de leur attitude plus ou moins vendeuse et du respect d'objectifs chiffrés: de leur note dépend le complément indemnitaire que l'on peut perdre ou la promotion ou la mutation que l'on peut nous refuser.
La Poste, ancien service public devenu une société anonyme à capitaux majoritairement étatiques, est devenue une grosse boîte comme une autre où l'on applique des principes de management néo-libéral quasi totalitaires qui sont d'autant plus douloureusement vécus que beaucoup de salariés ont connu une autre culture de la fonction publique. Tout cela se fait dans un monde de bisounours de façade: les cadres appellent leurs subordonnés des "collaborateurs", on parle de projets collectifs, gestion douce des ressources humaines, toute opposition employés-cadres est abolie virtuellement, on envoie de gentils assistants sociaux, psychologues, membres du Comité Hygiène et Sécurité pour désamorcer tout stress ou mal être au travail en personnalisant les choses ou en médicalisant ainsi le problème d'une organisation sociale basée sur une exploitation de plus en plus intensive.
C'est sur le dos de ses usagers, les citoyens, et de ses employés à qui l'on dit couramment maintenant "Si vous n'êtes pas d'accord, vous n'avez qu'à partir... Vous devez bien avoir un projet de reconversion professionnelle?"- que se gagnent les millions d'euros reversés chaque année par la Poste à l'Etat actionnaire: les salariés n'en voient pas la couleur sur leur fiche de paye. Même les cadres, comme à France Telecom il y a quelques années, sont maintenant exposés à la perte de sens complète de leur métier quand après des restructurations qui suppriment leurs services productifs, on leur donne des lettres de mission pour des "emplois fonctionnels" qui ne consistent en rien de sérieux et qui reviennent à les jeter comme des kleenex.
Cette situation ne peut plus durer!
Il y a une révolte constructive possible contre cette deshumanisation des conditions de travail, c'est le vote Front de Gauche pour une gauche qui met le salarié et le citoyen au coeur de l'organisation et de la rémunération du travail!
Françoise Pencalet-Kerivel, candidate du Front de Gauche aux législatives à Douarnenez, a rencontré une délégation du syndicat, monté il y a un an, des vendeurs-colporteurs de presse du Télégramme dont le statut d'indépendants pour lesquels l'employeur ne verse pas de cotisations a des repercussions dramatiques sur le niveau des retraites. Elle livre là un compte-rendu des infos qu'elle a pu collecté sur la situation de cette profession peu connue qui cherche à être mieux reconnue par la direction du Télégramme et les effets pervers d'un statut peu confortable. Aujourd'hui, il y a encore des VCP de plus de 75 ans qui sont obligés de continuer à exercer le métier faute de pouvoir jouir d'une retraite méritée de niveau suffisant pour vivre... Le Front de Gauche soutient ces travailleurs au statut précaire dans leur combat pour une retraite et des rémunérations dignes et mieux garanties.
Les vendeurs-colporteurs de presse sont des travailleurs indépendants sous le régime d’un micro-bic affiliés au régime général de la CPAM, contrairement aux porteurs de presse qui sont des salariés d’un éditeur. C’est un statut hybride imposé par l’éditeur depuis 1991.
En France, toutes presses confondues, ils sont entre 15 et 20 000 VCP, 700 du Télégramme travaillent sur 3 départements bretons (Finistère, Côtes d’Armor et Morbihan), à ces VCP titulaires s’ajoutent autant de remplaçants.
Ils sont rémunérés selon des contrats commerciaux : taux de commission de journaux distribués proportionnel aux kilomètres parcourus. Le taux de commission varie en fonction de la tournée effectuée en ville ou à la campagne. Par exemple dans une tournée de campagne (environs 70 km), le VCP livre environ 3.57 journaux au kilomètre entre 3h et 7h du matin et perçoit 22.20% du prix du journal. Dans une tournée en ville (25km), il livre 10 journaux au kilomètre et perçoit 14.90% du prix du journal. Depuis 2009, il est indemnisé à hauteur de 12 cts du kilomètre cependant aucun véhicule ne coûte moins de 23 cts du kilomètre.
La tournée représente en moyenne 250 clients. Si le client ne paie pas par prélèvement, le VCP passe le voir pour encaisser la somme due. Si un client, pour une raison ou une autre, ne paie pas, le VCP doit rembourser sur son argent propre les impayés.
Si le VCP est en arrêt de travail, il perçoit entre 4 et 6€ d'indemnités journalières, il doit trouver un remplaçant qu’il rémunère lui-même sur son revenu intégral (moyenne36.80 € pour 250 journaux / jours).
Ce travail a souvent été perçu comme un complément de revenus et certains VCP cumulent 2 emplois par nécessité, parfois il s’agit d’étudiant, pour certaines personnes c’est leur unique emploi. Ces travailleurs œuvrant seuls la nuit et le matin sont isolés mais depuis mai 2011, ils ont mis sur pied un syndicat pour se réunir et tenter d’améliorer un statut très défavorable au point de vue de leur protection sociale.
En effet, le contrat proposé depuis 1991 n’autorise pas le VCP à obtenir l’intégralité des 4 trimestres annuels pour l’acquisition de droit à la retraite comme il le croyait. Si bien que, aujourd’hui, certains VCP de plus de 80 ans, continuent de travailler dans le Nord Finistère !
Face à la crise de la presse, en 2008, le président Sarkozy a convoqué les états généraux de la presse. Aucune des revendications des VCP n’a abouti par contre le Télégramme leur a imposé une modification de leur contrat en 2009 permettant à l’éditeur d’obtenir une exonération de 28.10 % des charges patronales (charges que les travailleurs indépendants payaient eux-mêmes).
Aujourd’hui, le nouveau syndicat des VCP revendique une reconnaissance de leur travail qui passe par un contrat de travail digne leur permettant d’acquérir une protection sociale à la hauteur de celle des travailleurs salariés. Dans le nord Finistère, les VCP demandent à ce que l'éditeur accepte de les laisser valider par une sur-cotisation les trimestres entamés et en partie cotisés (ex : 2,9 trimestres cotisés + 0,10trimes sur-cotisés avec l'accord de l'éditeur = 3 trimestres validés) la différence est très importante pour la retraite!
Françoise Pencalet-Kerivel
J'étais le vendredi 2 mars à la réunion publique organisée à la maison des capucins de Landivisiau par le collectif Gaspare et l'association "Landivisiau doit dire non à la centrale". Nous avons pris position collectivement au Front de Gauche Morlaix pour un moratoire, une consultation et un débat public avant d'envisager l'installation ou non de la centrale tout en précisant que les arguments de la région visant à faire croire qu'il n'y avait pas d'alternative nous apparaissaient très discutables et que a priori le recours à une énergie fossile pour produire de l'électricité nous paraissait une solution qui n'allait pas de soi.
C'était donc mon rôle de candidat aux législatives de prendre connaissance des arguments des opposants à une centrale qui va s'implanter à 25km de Morlaix et tout au plus près de communes de la 4ème circonscription. Il y avait 300 à 400 personnes environ, dont une centaine au moins qui ne purent pas accéder à l'intérieur de la salle, archi-comble.
Les gens de Landivisiau et des alentours qui étaient là (cela ne veut pas dire qu'ils représentent la majorité de la population: il faut être prudent) étaient remontés, révoltés, décidés à ne pas se laisser faire: ils ressentaient cette décision de l'Etat, de la région et des élus de Landivisiau comme une agression et une offense, un déni de démocratie et comme quelque chose qui affecterait durablement leur avenir si elle devait se confirmer.
Malgré cette ambiance électrique, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, j'ai assisté à une réunion de très bonne tenue, basée sur une information certes engagée et unilatérale, mais qui m'a paru étayée par des arguments solides et présentée par des gens sérieux.
Yvon Pouliquen, porte-parole de "Landivisiau doit dire non à la centrale", a commencé par parler d'"un projet d'un autre temps, qui nous rend dépendant de la Russie, du Qatar, de l'Algérie". Il n'"a pas du tout apprécié la façon dont la collectivité a géré cette question" et il a revendiqué: "Oui, nous sommes des "anti-tout" quand il s'agit de la santé des citoyens, de la sécurité des gens, des enfants de nos écoles et de nos familles". Il a rappelé que entre 150 et 200 millions d'euros au bas mot seraient à la charge du contribuable du fait de la construction de cette centrale: avec tous les raccordements nécessaires, on peut estimer même qu'on ira bien au-delà.
Un représentant du collectif Gaspare a rappelé que son association travaillait depuis un an et demi avec des centaines de personnes, spécialistes ou citoyens se formant sur le tas et ayant envie d'être moins démunis sur les questions techniques, pour préparer un dossier de 240 pages afin de montrer les inconvénients de cette centrale et les alternatives possibles et pour demander un débat public avant prise de décision. Leur opposition ne concernait qu'un des 3 piliers du triskel du Pacte électrique breton - celui du contenu de la sécurisation énergétique. Sur les deux autres piliers: réaliser des économies de consommation d'énergie (même si les objectifs sont insuffisants selon eux) et produire 3600 MW en énergies renouvelables à l'horizon 2020 de manière à être autonome à 30% pour la production d'énergie consommée par la Bretagne, ces militants de Gaspare sont en accord avec la planification énergétique de la région. Le pacte électrique Bretons a été refusé sur cette base par les seuls élus UDB et Europe Ecologie les Verts, là où les communistes et les écologistes de Bretagne Ecologie qui étaient sur la liste de Le Drian au 1er tour des régionales ont voté pour le texte. Malgré le soutien de beaucoup d'élus du Finistère, la Région et l'Etat n'ont pas examiné sérieusement les arguments des opposants à la centrale selon eux et sont restés sourds à cette demande de débat public contradictoire. Selon cet intervenant, Jean-Yves Le Drian a signé le pacte energie Bretagne qui prévoyait l'installation de cette centrale combiné gaz dans le Finistère le 14 décembre 2010 sans avoir pris l'avis préalablement de ses conseillers régionaux ni du Conseil économique et social de Bretagne. Ceux-ci ont été réunis 3 semaines après et ont approuvé le projet, mais ce léger différé par rapport à la prise de décision indiquerait, selon le porte-parole de Gaspare, la haute conception de la démocratie que se fait notre président de Région. La centrale est appelée à fonctionner 20 ans, et on pourra choisir de la faire fonctionner 20 ans supplémentaires. Cela nous engage pour l'avenir: avec quelles conséquences sur le coût de l'électricité sachant que le prix du gaz ne va cesser d'augmenter? Avec quelles conséquences sur l'environnement? Ce gaz que nous n'avons pas, on va le brûler pour faire chauffer de l'eau avec un rendement de 54%, sant compter les pertes sur le réseau qui le ramène à 45%. Dans le chauffage direct au gaz, le rendement est de 95%.
Jean Corbert, ingénieur EDF dans la production thermique pendant toute sa carrière, nous a ensuite expliqué avec un très bon talent de pédagogue et beaucoup d'humour comment fonctionnait une centrale combiné gaz, histoire d'expliquer un peu, pour ceux qui partent d'aussi loin que le maire de Landivisiau dans la compréhension de la production d'énergie (et c'est mon cas...!), quelle était la différence avec une cuisinière à gaz...
La combustion du gaz est certes moins polluante que celle du charbon ou du fioul: dans cette possible future centrale, le gaz servira à chauffer de l'eau pour faire tourner une turbine qui fera fonctionner un alternateur, puis un transfomateur d'un côté, afin de produire 300 MW à la sortie, et dans une autre partie de la centrale, les vapeurs récupérées et la fumée du gaz chaud serviront, si j'ai bien compris, à faire fonctionner un autre alternateur produisant 150 MW d'électricité. Une tour de refroidissement de 50 mètres permettra de refroidir la vapeur d'eau et les résidus de gaz de combustion à 100 degrés environ: mais la faible hauteur de la tour (celle de Cordomais est haute de 250 mètres) fera que, les jours de brouillard, les gaz de combustion et les particules chimiques cancérigènes s'épandront tout autour non loin de la centrale sur Landivisiau et sur les villages aux alentours, plutôt que de se disperser sur plusieurs kilomètres.
L'intervenant a ensuite cherché à critiquer les arguments politiques en faveur de cette centrale à gaz.
Le risque de black-out pour la Bretagne souvent invoqué ne s'appuie sur aucun précédent historique. Le territoire national, et plus largement européen, est parsemé de réseaux électriques comme une araignée: tout communique avec tout. En réalité, les lignes électriques ne connaissent pas de frontières: toutes les régions et tous les pays sont inter-connectés. Il y a 7 grandes régions électriques en France, celle de l'ouest regroupe 19 départements, et le centre de contrôle qui pilote la distribution est basé à La Chapelle sur Erdre en Loire-Atlantique: c'est à ce niveau là que cela peut-être un sens de parler d'une nécessaire autonomie. En cas d'approvisionnement insuffisant d'électricité dans un contexte de rupture de production quelque part ou de pic de consommation, il y a toujours possibilité de couper partiellement et très temporairement la distribution à un endroit précis pour éviter le black-out général. Cela se pratique couramment.
L'argument des emplois que va créer la centrale à gaz est lui aussi à relativiser même s'il est vrai que la communauté de commune aura des rentrées fiscales avec la centrale à gaz. Les défenseurs du projet parlent d'entre 400 à 800 emplois: mais il faut préciser au minimum qu'il ne s'agira pas d'emplois majoritairement dévolus aux gens du coin. La centrale va nécessiter 3 ans de travaux: il y aura peut-être entre 150 et 200 personnes sur le chantier et peut-être uniquement 50 personnes qui seront recrutés sur le plan local pour faire le terrassement, le beton, dérouler les cables, faire des soudures, travaillant en intérim pour des entreprises sous-traitantes des géants du BTP.
Pour le reste, il s'agit d'emplois qualifiés hautement spécialisés pour lesquels nous n'aurons pas les salariés formés sur place et qui seront pourvus par des personnels formés des grandes entreprises spécialisées qui travailleront sur le site. Alors, certes, on peut dire que tous ces salariés, même s'ils ne s'implantent pas durablement à Landivisiau, consommeront un moment sur place, ce qui fera tourner le commerce. En même temps, il est à prévoir que de moins en moins de gens voudront s'installer ou acheter des maisons individuelles à Landivisiau du fait des pollutions et des nuisances sonores possibles de la centrale (ventilateurs): dès lors, c'est tout le secteur de l'immobilier qui pourrait s'effondrer, la valeur des biens se déprécier, et les entreprises de bâtiment, l'artisanat et les commerces locaux être mis en difficulté.
D'ailleurs, comme un périmètre important devrait être classé Seveso (secteur à haut risque) autour de Landivisiau ou à quelques kilomètres, là où on stockera le gaz (pour pallier aux ruptures d'approvisionnement ou aux brusques flambées des prix de cette énergie fossile soumise à tous les spéculations et incidents diplomatiques), les conséquences sur l'immobilier, l'aménagement des terrains, des maisons individuelles, des villes, se feront sentir au-delà de Landivisiau. De plus, les tranchées à réaliser pour enfouir la ligne à très haute tension qui distribuera l'électricité condamneront sur une trentaine de kilomètres au moins une bande de 100 mètres de terre cultivable si j'ai bien compris: comme les lignes à très haute tension émettent des ondes magnétiques dangeureuses, cette bande de terre sera définitivement perdue. Cela représente des centaines d'hectares...
L'argument de la qualité technique du projet de centrale de Direct-Energie à Landivisiau, invoqué par Eric Besson, ne tient pas davantage. Direct-Energie est une société financière qui s'est montée pour récupérer le marché de la libéralisation et de la privatisation de la production et de la distribution d'énergie, dans le silage de la loi Nome, avec notamment Robert Louis Dreyfus comme actionnaire. Cette société a déjà racheté des centrales hydrauliques mais n'a jamais construit de centrale à gaz. Les deux projets de centrale qu'elle devait réaliser ont été suspendus par des tribunaux administratifs en Moselle et dans l'Oise, suite à la mobilisation de la population et des élus locaux (dans l'Oise, plusieurs élus communistes ont été en tête de la mobilisation contre la centrale à gaz Direct-Energie, construite à quelques centaines de mètres d'un terrain ou EDF avait acquis de la réserve foncière près de la rivière, dans la circonscription d'Eric Woerth, un ennemi implacable des lobbies de la finance comme chacun sait), et surtout à cause des défauts intrinsèques des dossiers (mauvais chiffrage des travaux, éléments non pris en compte, vices de procédure...?). Il y a donc encore de l'espoir.
Un autre intervenant du collectif Gaspare, Christian Roberts, a rappelé que cette centrale qui devrait fonctionner 8000 heures par an (beaucoup plus par conséquent que les centrales plus polluantes en soi mais 10 fois moins mises en activité de Dirinon et de Brennilis qui ne se mettaient en marche que lors des pics de consommation hivernaux) pour être profitable à la société qui la gère polluera certes mois qu'une centrale à gaz classique ou qu'une centrale à charbon mais qu'elle n'en dégagera pas moins 3000 tonnes par jour de C02 par jour dans l'atmosphère, et que sa pollution quand elle fonctionnera sera équivalente à celle des 700.000 voitures qui circulent chaque jour dans l'agglomération de Marseille... Il s'agit selon lui d'une centrale commerciale faite pour faire de l'argent sur notre dos.
Un autre représentant du collectif Gaspare, très remonté contre "les politiques" a rappelé que le député de Landivisiau, Jo Le Guen, avait témoigné le plus grand mépris à la délégation d'opposants à la centrale qu'il avait reçu brièvement dans son bureau en se coupant les ongles pendant qu'ils parlaient et en ne se donnant pas la peine de répondre à leurs arguments. Quant à Marylise Lebranchu, son accueil a été paraît-il à la limite de l'impolitesse et elle a rappelé simplement les principes de base du pacte électrique breton en refusant le débat public préalable à la prise de décision. Le maire communiste de Brennilis a accepté de recevoir Gaspare et a écouté ses militants avec considération mais a refusé ensuite d'organiser un débat contradictoire dans la commune, comme les élus de Briec et de Landivisiau. Le député PS Urvoas a botté en touche lui aussi quand les opposants à la centrale lui ont demandé d'appuyer la tenue d'un débat public contradictoire en remettant la décision d'installation de la centrale. Le secrétaire départemental du PS Marc Coatanéa s'est félicité publiquement en bon tacticien que la droite ait choisi le site de Landivisiau et Direct Energie en invoquant que le site de Brennilis se situait dans le Parc d'Armorique: cela lui permet de refiler la patate chaude de la contestation populaire contre un projet de centrale voulu par les socialistes régionaux à un député et à un maire de droite. " Le PS avait intérêt à faire porter le chapeau à la droite". Gaspare demande un véritable débat contradictoire entre les porteurs du projet, les élus, les associations: qu'on débatte avant pour que la population puisse se faire un avis et qu'on décide après...
Dans les Côtes d'Armor, le projet de centrale à gaz de Ploufragran porté par l'Etat a été rejeté par les élus (de gauche principalement) sous la pression de leurs électeurs à la suite d'un débat contradictoire non public. Borloo a ensuite abandonné le bébé de la centrale à gaz bretonne, et c'est ensuite Le Drian, sans l'inscrire au projet de sa liste lors de la campagne des régionales de 2010, qui l'a repris à son compte.
Maintenant, ce qui nous attend, ce sont des mois de constitution d'un projet définitif (l'Etat s'est prononcé sur un avant-projet) suivi d'une enquête publique de 12 à 18 mois qui verra une consultation de la population.
En même temps, remarque un intervenant écologiste d'"Eaux et rivières de Bretagne" dans la salle, il ne faut pas attendre l'enquête publique pour se mobiliser car alors, les citoyens auront des difficultés à faire ressortir les failles d'un dossier comptant des milliers de pages. "C'est maintenant qu'il faut faire chauffer la colle".
Un universitaire italien intervient alors pour dire que même s'il n'est pas un intégriste de l'environnement et pourrait à la rigueur accepter un projet industriel polluant "s'il donnait vraiment à bouffer aux gens", perçoit justement qu'il n'y a aucun bénéfice économique et social réel à attendre de cette centrale. Par aillers, il rappelle qu'en Italie il existe des centaines de centrales à gaz et que cela n'empêche pas des coupures massives de courant.
Un membre du collectif Gaspare, sympathisant du Front de Gauche, est lui intervenu pour dire que c'était la question de la concertation des élus et de la population et la question de la démocratie qui étaient posées dans cette affaire. Le projet de centrale est arrivé en juillet 2010, après les élections au Conseil Régional: la population ne l'a donc pas approuvé en votant pour la majorité régionale actuelle. Le travail pour trouver des alternatives et pour voir les défauts du projet de centrale à gaz montre que l'expertise citoyenne peut se situer au même niveau que celle des élus et que les élus auraient intérêt à ne pas décider seuls dans leur coin en prenant pour argent comptant que que dit le maire, l'Etat, la majorité municipale, ou le powerpoint commercial des communiquants de l'entreprise...
Le lendemain, samedi 3 mars, j'étais aussi à Landivisiau à 10h pour manifester avec Noelle Peoc'h candidate Front de Gauche à Carhaix qui s'était prononcé contre la centrale de Brennilis (de même que Bertrand Seys, candidat Front de Gauche à Brest Rural, militait contre la centrale de Guipavas et que André Bernard avait demandé un moratoire sur le projet de centrale de Briec) avec au moins une dizaine de militants et sympathisants finistériens du Front de Gauche connus de moi.
Le choix de participer à la manifestation, je l'ai fait en tant que citoyen car je suis désormais personnellement convaincu que la centrale à gaz est une mauvaise solution.
En tant que candidat du Front de Gauche aux législatives dans la circonscription de Morlaix, je pense aussi que la mobilisation pour la suspension de la décision de construction de la centrale à gaz est un préalable pour pouvoir imposer à un Etat et un Conseil Régional qui ont tout fait pour écarter la population de la prise de décision un réel débat public et une véritable consultation de la population, position sur laquelle nous nous sommes entendus collectivement et qui correspond aux grandes orientations du programme partagé du Front de Gauche - l'humain d'abord! - pour les présidentielles et les législatives de 2012 qui fait du remplacement des énergies fossiles et du développement des énergies renouvelables une priorité, qui prévoit un grand débat public et une consultation de la population sur les enjeux énergétiques (le problème d'une sortie ou non du nucléaire mais pas seulement), et qui veut en finir avec les institutions de la Vème République basées sur la délégation (et la confiscation) du pouvoir.
Après, je sais que tout le monde au PCF et au Front de Gauche ne partage pas mon opposition à la centrale à gaz, certains, et cela peut s'entendre, étant sensibles aux arguments de la majorité régionale mettant en avant un esprit de responsabilité et de pragmatisme pour aller vers plus d'autonomie énergétique et sécuriser l'approvisionnement en électricité du Finistère et de la Bretagne en général.
Néanmoins, après cette manifestation colorée et résolue de deux heures qui a réuni 1000 personnes de toute sensibilité (citoyens de Landi. et de la région constituant le gros du cortège, écologistes, militants d'association, UDB, NPA, anarchistes, Front de Gauche...) qui ont fait le trajet jusqu'au site de la centrale prévu au nord du centre-ville de l'autre côté de la voie express, j'ai été un peu chagriné de voir dans les pages départementales du Ouest France Eric Le Bour, notre secrétaire fédéral du PCF 29, exposer une prise de position pour la centrale à gaz (tout en réaffirmant sa préférence pour la maîtrise publique) en reprenant les arguments de la majorité régionale de Le Drian sans que cette prise de position - qui se respecte sur le fond car je crois que tous chez nous ont le souci de l'intérêt général - ait fait l'objet d'un réel débat entre nous et d'un choix collectif. Ceci est d'autant plus regrettable que la plupart des candidats du Front de Gauche aux législatives dans le Finistère paraissent opposés à cette centrale à gaz, ou du moins favorable à un débat public et à une consultation de la population qui n'a pas eu lieu, tout comme le parti de Gauche, la Fase, la Gauche Unitaire, les autres composantes du Front de Gauche sur le plan départemental.
Ismaël Dupont.
Voici le communiqué adressé à la presse aujourd'hui qui enregistre les positions faisant l'objet d'un consensus au sein du collectif citoyen du Front de Gauche à l'issue du débat d'hier soir à Morlaix.
Communiqué Front de Gauche Morlaix: pour un moratoire sur le projet de centrale à gaz.
Le Front de Gauche propose la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange. Nous devons tenir compte de l’impact des activités humaines et économiques sur l’écosystéme afin de préserver l’intérêt général de l’humanité. Ainsi , pour ce qui concerne les choix énergétiques en Bretagne et dans le Finistère, le Front de Gauche réclame un débat démocratique associant la population à la réflexion sur les besoins énergétiques et les solutions alternatives à la centrale à gaz préconisée par le pacte électrique breton .
Le risque de rupture de distribution de l'électricité en période hivernale n'est-il pas surestimé pour dire qu'il n'y a pas d'alternative et imposer plus rapidement la construction de cette centrale à gaz finistérienne, intégrant un projet de construction de 40 centrales à gaz porté par l'Etat au niveau national sur lequel des lobbies ont pu avoir une influence? On s'alarme soudainement du fait que la Bretagne ne produise actuellement que 10% de l'électricité qu'elle consomme, mais les circuits de production et de distribution de l'électricité sont organisés au niveau national par grands secteurs qui n'épousent pas les frontières régionales.
De plus, la volonté de tendre vers plus d'autonomie énergétique n'impose pas le recours privilégié à une centrale à gaz. Ce choix coûteux pour la collectivité qui nous engage sur le long terme est de nature à retarder et réduire les investissements nécessaires dans des énergies renouvelables (éolien terrestre et offshore, utilisation des courants marins, pompage de l'eau par Step, filière bois, photovoltaïque...) mais aussi les encouragements à la maîtrise de la consommation d'énergie et à la modernisation des réseaux de distribution pour réduire les pertes en ligne. Le gaz naturel nous vient de l'étranger et constitue une énergie fossile non renouvelable et en voie de raréfaction, ce qui l'expose à des logiques spéculatives augmentant son coût: en quoi faire appel à lui renforce t-il vraiment notre indépendance énergétique?
Le coût d'installation et la capacité de production de 450 MW de cette centrale à gaz gérée par le consortium privé Siemens-Direct-Energie que l'on veut installer à Landivisiau sont excessifs pour n'en faire qu'une centrale d'appoint destinée à fonctionner lors des pics de consommation d'électricité: en réalité, la demande de profitabilité pour l'actionnaire sera telle qu'on l'utilisera bien au-delà des besoins hivernaux et que l'on produira ainsi des tonnes de CO2 contribuant au dérèglement climatique. Or, la priorité du Front de Gauche est de remplacer le plus rapidement possible les énergies carbonées. Dès lors, accepter cette centrale extrêmement polluante et coûteuse, n'est-ce pas compromettre une nécessaire orientation résolument tournée vers les énergies renouvelables et freiner les choix politiques favorisant les économies d’énergies? Nous regrettons le recours systématique à la délégation de pouvoir qui conduit les élus à décider d'affecter des sites à cette centrale sans consultation des populations concernées et nous demandons un moratoire afin de rendre possible une véritable information de la population et un débat dépassionné sur la globalité des choix énergétiques aboutissant, pourquoi pas, à un référendum sur cette centrale à gaz.
Jeudi 1er mars, Eric Besson doit annoncer depuis Strasbourg quel site et quel projet ont été retenus pour mettre en place une centrale électrique à gaz dans le Finistère afin- dit-on du côté des partisans de la centrale- de sécuriser la distribution d'électricité en Bretagne lors des pics de consommation et de renforcer l'autonomie énergétique de la région.
Ce projet de centrale a gaz a été planifié dès décembre 2010 dans le cadre du Pacte électrique breton signé par l'Etat, le Conseil Régional de Bretagne, RTE (Réseau Transport Electricité de France), l'ADEME (l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), l'ANAH (Agence Nationale d'Amélioration de l'Habitat). Ce Pacte électrique breton repose sur trois piliers:
-La maîtrise de l'énergie: renforcer les dispositifs de rénovation thermique des logements privés et publics avec pour objectif de diviser par 2 à l'horizon 2015, puis par 3 à l'horizon 2020 la croissance de la consommation bretonne d'électricité. Concrètement, cette augmentation annuelle de 2,6% de la consommation devra être ramenée à 1% en 2015, objectif somme toute très modeste même en prenant en compte l'augmentation de la population, surtout si on ne mise pas sur une relocalisation industrielle significative.
-Le développement à travers une planification et un fonds de développement régional des énergies renouvelables: éloien terrestre et offshore, énergies marines, photovoltaïque, biomasse.
- La sécurisation de l'approvisionnement électrique et une production plus importante d'énergie en Bretagne à travers deux moyens principalement: l'installation d'une centrale à gaz d'appoint de 450 MW et la création d'une liaison électrique souterraine entre Lorient et Saint Brieuc.
Actuellement, la Bretagne ne produit que 8 à 10% de l'électricité qu'elle consomme grâce à des éoliennes terrestes, les turbines à combustion de Brennilis et Dirinon et l'usine marémotrice de la Rance. L'essentiel de sa consommation est assurée grâce aux centrales nucléaires de Flamanville dans le Cotentin, de Chinon en Indre et Loire, et la centrale (charbon, fioul) de Cordemais, en Loire-Atlantique.
Cependant, à consommation constante, le risque de black-out et de coupure d'électricité au moment des pics de consommation de l'hiver reste faible aux dires mêmes du réprésentant de RTE Ouest, Didier Bény interroger dans le journal départemental En liens (N°2, février 2012). Il n'existerait qu'en cas d'une avarie majeure dans la centrale de Cordemais dans une situation de grand froid où la consommation journalière peut aller jusqu'à augmenter de 30%. Un seul précédent existe, lors de la coupure de production à Cordemais en janvier 2007, et le rétablissement s'était opéré dans la journée.
Dès lors, comment comprendre l'empressement qu'il y a à nous imposer rapidement, après approbation des conseils d'élus concernés mais sans information ni consultation véritable de la population, l'installation d'une centrale à gaz dans le Finistère, centrale qui entrerait en service vers 2016-2017 à Guipavas, Briec, Landerneau ou Brennilis?
La mise en avant par les promoteurs du projet de notre situation actuelle de dépendance énergétique est plus que discutable car d'autres régions comme l'île de France sont dépendantes d'approvisionnements extérieurs et le schéma de production d'électricité en France n'épouse pas les frontières régionales mais se répartit en sept grands secteurs de distribution de l'électricité. Nous n'aurions que 60 ans de réserves exploitables à coût soutenable pour le gaz naturel, contre 45 ans pour le pétrole et 130 pour le charbon, et 30 ans de réserves récupérables en dessous de 80 dollars le kilo pour l'uranium (source: André Chassaigne, Pour une terre commune).
Le gaz naturel utilisé par cette future centrale électrique viendra pour l'essentiel de Russie et est une source d'énergie fossile qui, quoique disposant de plus de réserves que le pétrole, risque tout de même de voire son coût augmenter dans les prochaines années du fait de la croissance des besoins, de la raréfaction des stocks, et peut-être aussi de tensions internationales et de mécanismes spéculatifs. Dès lors, notre approvisionnement énergétique n'est pas assuré.
Le coût estimé de cette centrale à gaz, qu'elle soit montée et gérée par EDF à Brennilis, par Direct-Energie sur Landivisiau ou par l'italien Enel sur Briec, se situerait entre 200 et 300 millions d'euros, auquel il faudrait ajouter 250 millions d'euros environ nécessaires pour construire la ligne THT qui la relierait aux centres de consommation et le coût des infrastructures pour l'approvisionnement en gaz.
Est-ce vraiment raisonnable économiquement? Ne faut-il pas penser plutôt que la création de cette centrale à gaz finistérienne, qui s'inscrirait dans un plan de création de 40 centrales électriques sur le plan national, vise plutôt à servir des lobbies puissants qui se positionnent sur le marché de la privatisation de la production électrique?
Ces sommes très importantes investies par le contribuable, surtout si ce n'est pas EDF qui décroche le marché à Brennilis, ne vont-elles servir à enrichir des actionnaires privés des sociétés pouvant gérer cette centrale à gaz, et si l'investissement pour elles est également de taille, ne peut-on pas penser que ce sera une bonne raison pour faire fonctionner la centrale, non pas simplement l'hiver lors des pics de consommation générant des risques de rupture d'approvisionnement, mais chaque fois que ce sera rentable?
Cet investissement financier conséquent de la collectivité serait bien mieux employé à mon avis à développer les énergies renouvelables (maîtrise des courants marins par hydroliennes, éoliennes, plan pour développer les équipements photovoltaïques, filière bois, développement de la production d'énergie par STEP au lac de Guerledan ou à St Herbot: pompage d'eau en période de bas coût d'énergie et relâchage en période de pics de consommation), à effectuer des travaux sur les lignes pour les entretenir et les moderniser afin de réduire les déperditions d'électricité et à fournir des encouragements pour réduire la consommation énergétique dans les habitations (par l'isolation thermique, les alternatives au chauffage électrique).
Cette centrale à gaz, si on en croit les estimations des opposants, le collectif Gaspare, l'association Vivre dans les Monts d'Arrée, pourrait produire « jusqu'à 3900 tones de CO2 par jour, soit l'équivalent de 550.000 voitures roulant à 40km par jour, sans compter les poussières rejetés dans l'atmosphère ».
Le dérèglement climatique par la production excessive de gaz à effet de serre est je crois une réalité que peu contestent (même si il y a également une possibilité qu'une partie des variations climatiques observées soient dûs à des évolutions naturelles du climat) et ses conséquences probables sur l'avenir des hommes de cette planète, en particulier ceux du Sud, apparaissent catastrophiques: sécheresse, montée des eaux, catastrophes naturelles, mauvaises récoltes, exode rural...
Dès lors, miser sur la production d'énergie carbonée ne me paraît pas le choix le plus raisonnable. Bien sûr, on peut toujours dire qu'il est inconséquent de vouloir le beurre et l'argent du beurre, de refuser que soit produite l'énergie que l'on consomme près de chez soi, ou encore qu'il faut du développement économique, une relocalisation d'activités industrielles, un TGV à très grande vitesse reliant l'ouest de la Bretagne, des Scanners et des Radios qui fonctionnent dans les hôpitaux, et que les éoliennes et les économies d'énergie privées ne suffiront pas pour subvenir aux nouveaux besoins. La Bretagne n'a pas c'est vrai vocation à se transformer en réserve d'indiens attractive pour les touristes: elle doit être en mesure de subvenir aux besoins énergétiques de son économie et de sa vie sociale.
J'entends ces arguments mais le souci global de la survie de la terre et des hommes qui y séjournent doit primer sur la course à la croissance et il faut aussi encourager les gens à avoir une vie plus sobre en termes de consommation d'énergie: non pas les mettre au pied du mur en les culpabilisant et en pénalisant ceux qui peuvent le moins se permettre d'investir dans des modes de production et de consommation d'énergie écologiques, mais en les accompagnant par de l'investissement public solidaire et en les sensibilisant. Les professionnels et les entreprises doivent aussi être encouragés à consommer moins d'énergie, et plus intelligemment.
Il y a d'ailleurs dans la généralisation de techniques de réduction de la consommation énergétique et de production d'énergies alternatives un vrai gisement d'emploi et de développement économique local que d'autres pays comme l'Allemagne ou les pays du nord de l'Europe explorent plus que nous.
Il est vrai qu'actuellement les techniques de production d'énergie renouvelables ne sont pas assez avancées pour se substituer immédiatement aux centrales thermiques ou aux centrales nucléaires, ce qui fait que si l'on veut sortir du nucléaire à moyen terme, ce qui est mon cas, on aura encore besoin d'énergies fossiles pour effectuer la transition. Mais nous n'avons pas encore choisi collectivement et politiquement au niveau national de sortir du nucléaire, et comme la production d'énergie à partir d'énergies fossiles a des effets négatifs avérés sur l'environnement et la santé elle aussi, je ne vois pas pourquoi on lâcherait la proie d'une limitation immédiate nécessaire de la production d'énergie carbonée pour l'ombre d'une sortie future possible du nucléaire.
Ces choix énergétiques posent des problèmes très complexes, qui trouvent rarement des solutions sans effets pervers, et il est difficile pour les citoyens comme pour les élus et les candidats de démêler les éléments objectifs et partiaux dans les études et analyses qui sont mises à leur disposition, d'autant que la compétence du quidam est limitée pour les interpréter. C'est pourquoi je n'irai pas jeter la pierre sur ceux qui pensent en conscience que l'intérêt général requiert la mise en place de cette centrale à gaz ou la continuation du modèle nucléaire français.
Néanmoins, comme mes camarades du Front de Gauche candidats titulaires aux législatives, André Bernard, Noëlle Peoc'h, et Bertrand Seys, je me prononce en tant que citoyen et à titre personnel pour une suspension de ce projet de centrale à gaz qui a jusqu'ici été défini et conduit en dehors de toute prise en compte du point de vue des citoyens concernés.
Or, parmi les priorités du projet du Front de Gauche, il y a la volonté de rompre avec la culture de la délégation de pouvoir et de restaurer la souveraineté populaire dans ses droits, particulièrement au niveau des projets locaux qui ont des incidences immédiates sur la vie des gens. Nous sommes également favorables à un secteur de l'énergie maîtrisé par la collectivité, et non principalement géré à des fins de rentabilité par des sociétés privées. Nous considérons enfin que le remplacement rapide des énergies carbonées est une nécessité et un devoir et qu'il faut donc dès à présent investir l'essentiel de l'effort public sur les économies d'énergie et la diversification des sources d'énergie, et principalement dans le domaine des énergies renouvelables.
Pour toutes ces raisons, cette décision d'installer une centrale à gaz dans le Finistère et de choisir le lieu précipitemment sans consultation des citoyens ne me paraît ne pas se concilier aisément avec le projet que porte le Front de Gauche.
Ismaël Dupont.
DECLARATION DE NOELLE PEOCH
SUR LES CHOIX ENERGETIQUES
Candidate du Front de Gauche, je propose la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange.
Nous devons tenir compte de l’impact des activités humaines et économiques sur l’écosystéme afin de préserver l’intérêt général de l’humanité.
Pour parvenir à cet objectif, un débat public est une nécessité absolue.
Ainsi , pour ce qui concerne les choix énergétiques en Bretagne et dans le Finistère, le Front de Gauche réclame un débat démocratique associant la population à la réflexion sur les besoins énergétiques et les solutions alternatives à la centrale à gaz préconisée par le pacte électrique breton .
Est-il pertinent qu’un approvisionnement en gaz soit la solution ?
Cette énergie fossile non renouvelable proviendrait de pays étrangers avec tous les risques de rupture d’alimentation que cela comporte.
Par ailleurs, il apparaît que le principe même de la préservation de l’environnement serait une nouvelle fois bafoué dans le seul but de privilégier les intérêrs particuliers d’actionnaires dont l’objectif premier est de faire du profit .
La transition écologique est indispensable .
Comme l’a démontré Guy Jourden, membre du CESER (conseil économique social et environnemental de la région Bretagne), lors de notre réunion publique du 17 février à Huelgoat, en présence d’une cinquantaine de personnes, la Bretagne possède un potentiel important pour développer les énergies renouvelables : éolien offshore, éolien flottant, hydroliennes, filière bois, STEP du lac de Guerlédan (stockage d’énergie par pompage turbinage ) , STEP de St Herbot…
Accepter cette centrale extrêmement polluante et coûteuse , c’est compromettre une nécessaire orientation résolument tournée vers les énergies renouvelables et freiner les choix politiques favorisant les économies d’énergies .
Sur ce sujet important qui les concerne directement, je souhaite que l’ensemble des citoyens de notre territoire soient consultés et, pourquoi pas, puissent s’exprimer par un référendum.
Noëlle Péoc’h
Le 21/02/2012
Sur le blog: http://www.finistere6-lhumaindabord.fr/
Diagnostic sur la situation des abattoirs bretons.
En tant que végétarien sensible au bien-être animal sans être militant de cette cause, je ne suis pas personnellement un chaud partisan de l'élevage et de l'abattage intensifs du fait de la souffrance animale qu'ils impliquent, des conditions de vie dénaturées et terribles que l'on réserve souvent à ces bêtes (particulièrement les poulets et les porcs) considérées comme de simples euros sur patte ou des machines à produire en un minimum de temps de la viande commercialisable. Par ailleurs, la consommation de viande dans les pays occidentaux et riches est très certainement excessive, participant à la mise en difficulté des agricultures vivrières du sud (à cause de l'accaparement des terres pour produire des céréales, oléagineux et protéagineux qui servent d'aliment pour des élevages industriels hors sol), à la faim dans le monde, à la production de gaz à effet de serre (du fait des transports des aliments et des bêtes abatues, mais aussi des pets de vache...). Cette consommation excessive a pour contrepartie une consommation de viande de qualité dégradée et des ennuis de santé.
Toutefois, se sentir concerné par le sort des bêtes, de notre éco-système et de notre santé, n'empêche pas d'être solidaire des hommes qui triment et craignent de perdre leur gagne-pain.
La Bretagne abat et découpe près des deux tiers des cochons français (14 millions de porcs abattus en 2011). A la mi-janvier, le Syndicat National du Commerce du Porc, représentant des entreprises, a annoncé 100 millions d'euros de perte dans le secteur des abattoirs de porcs, arguant ainsi d'une menace sérieuse pesant sur une partie des 20.000 emplois de la filière porcine. Nationalement, beaucoup de petits abattoirs, et particulièrement les abattoirs publics (tel celui du Faou dans le Finistère), sont menacés de fermeture
Qu'est-ce qui explique ces mauvais résultats selon les abatteurs bretons (Coperl, Bigard, Gad, Jean Floc'h, Kermené-Leclerc), les chambres d'agricultures et la presse régionale qui se fait volontiers le relai docile de la communication des gros intérêts de l'agriculture productiviste (comme d'ailleurs le Conseil Régional la plupart du temps)?
D'abord, la concurrence faussée avec les abattoirs allemands qui emploient des ouvriers polonais ou romains payés avec les salaires et les cotisations sociales dérisoires de leur pays d'origine et la concurrence avec l'Espagne où le coût du travail et les normes sociales sont beaucoup moins élevés, ces deux pays qui tendent à augmenter considérablement leur production.
On met en avant le fait que « la moitié de la matière première du jambon cuit (vendu en France) vient d'Espagne tandis que de la viande fraîche débarque sur les étals » (Ouest-France, 19 janvier 2012). Dans les plats cuisinés vendus en France, la viande vient souvent du Brésil. Nos abattoirs de poulets sont soumis à la même concurrence internationale intense mais ils peuvent difficilement plaider en faveur d'un protectionnisme dans la mesure où 80% des volailles abattues, dans une entreprise comme Tilly à Guerlesquin, partent à l'exportation (au Maghreb, au Yemen, en Arabie Saoudite).
Comme les prix de vente baissent, la solution trouvée par les industriels pour maintenir la profitabilité est d'augmenter le nombre de bêtes abattues et commercialisées (Doux tue par exemple 1 millions de poulets par jour dans ses abattoirs de Chateaulin, Plouay, et de Vendée quand Tilly en tue 270.000 par jour), augmentant ainsi les commandes vis à vis des éleveurs engraisseurs, ce qui contribue probablement à faire chuter un peu plus les prix.
Les entreprises d'abattage comme Doux (Père Dodu) peuvent connaître des difficultés conjoncturelles, elles n'en restent pas moins hautement profitables : 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaire en 2008. Charles Doux était la 151ème fortune française en 2009, avec un patrimoine personnel estimé à 200 millions d'euros. Cette rentabilité a un prix: le volailler a fermé plus de 10 usines ou abattoirs en 15 ans (cf l'article d'Erwan Seznec sur « la revanche du capitalisme familial » dans l'Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, éditions La découverte). « La plupart, ajoute Erwan Seznec dans l'article mentionné, étaient encore viables, à l'image de celles de Châtelet (Cher) et Pleucadec (Morbihan) en juillet 2008, qui employaient un total de 647 personnes. Parallèlement, il n'a cessé de créer des emplois au Brésil, où la main d'oeuvre est moins coûteuse. Les salaires sont pourtant tout sauf mirobolants dans le secteur agroalimentaire en France. Et les usines Doux ont la réputation d'être encore en dessous de la norme -237 de ses salariés ont d'ailleurs gagné contre leurs employeurs aux prud'hommes de Quimper en mai 2009, dans une affaire de non-paiement des heures supplémentaires; Doux avait décidé de ne plus rémunérer la pause quotidienne d'une demi-heure accordée aux ouvriers ». Modèle de réussite à l'exportation, Doux doit cette réussite à un pillage méthodique du contribuable européen au nom de la compétitivité dans un marché dérégulé et de l'emploi. Le groupe a décroché 63 millions d'euros d'aides publiques entre octobre 2007 et octobre 2008 au titre des « restitutions à l'importation ». Comme les cours européens sont supérieurs aux cours mondiaux, les entreprises vendant leur production hors UE touchent des aides, qui leur permettent d'être plus compétitives. Ainsi, Doux touchait en 2009 200 à 300 euros par tonne de volaille vendue hors de l'Union tout à continuant à licencier en France!
Plutôt que de plaider énergiquement contre le dumping social et fiscal au niveau européen et des normes sociales communes, les « abatteurs-découpeurs » (entendez les patrons, non les salariés) dénoncent le coût du travail, le « manque de compétitivité » du marché du travail en France et se verraient bien embaucher eux aussi des travailleurs étrangers avec des conditions de rémunération et de cotisation sociale proches de celles des pays d'origine. Article de Jean-Paul Loudéoc dans le Ouest-France du 19 janvier 2012: « « Nous courons le 100 mètres avec des semelles de plomb » se plaignent les industriels. « Chacun de son côté se croit le meilleur. Mais en face de nous, il y a 43 millions de cochons abattus annuellement par le danois Danish Crown, et par le hollandais Vion. Si la Bretagne ne regroupe pas ses forces, elle restera sur le carreau »...
Les entreprises invoquent ainsi la trop grande quantité et dispersion des abattoirs en Bretagne et plaident pour une nouvelle concentration dans ce secteur afin d'augmenter la rentalibilité et de faire des économies d'échelle, ce qui aurait assurément des conséquences sur le maintien de l'emploi.
C'est ce dont témoigne dans le journal La Terre du 31 janvier 2012 l'éleveur de porc Thierry Thomas (Côtes-d'Armor): « On entend depuis longtemps dire qu'en Bretagne il y a un abattoir de trop. On ne sait pas très bien ce que ça veut dire. Une partie de la stratégie des industriels de la viande a été de toujours prévoir des outils pour faire face à l'augmentation de la production. Or la production est plutôt en train de diminuer, et du coup on a des abattoirs surdimensionnés et des coûts d'abattages qui sont soit disant plus élevés qu'ailleurs. A partir de là, on a un gros débat à la Chambre d'agriclture: un certain nombre de professionnels demandent à l'Etat français soit d'arrêter cette possibilité offerte aux Allemands d'embaucher des Roumains ou des Polonais au prix du salaire de ces pays-là, soit de s'aligner. Est-ce à ce prix qu'on doit produire nos cochons, est-ce que c'est ça qu'on propose aux salariés de ce pays? Je ne me sens pas du tout en phase avec ce genre de demande. En Bretagne, terre de production animale par excellence, l'économie bretonne n'est pas faite que de paysans mais aussi de salariés, et on ne veut pas leur faire porter le poids de ce soit disant surcoût ».
Un article très intéressant de Martine Goanec dans Le Monde Diplomatique de novembre 2011, intitulé « Bouchers romains pour abattoirs bretons » mettait en évidence le commencement du processus de « délocalisation interne » que constitue l'emploi par les entreprises de l'agro-alimentaire d'une main d'oeuvre étrangère ne bénéficiant pas de toutes les garanties sociales proposés à nos travailleurs.
Selon la communication de la Cooperl Arc Atlantique de Lamballe, le plus gros abattoir breton, l'emploi important d'intérimaires roumains, tchèques, polonais, slovaques depuis 2007-2008, prenant le relais des Africains arrivés il y a 20 ans, ne s'explique pas par une volonté de faire baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée pour augmenter les profits mais par la difficulté à embaucher dans ce secteur qui souffirait d' « une mauvaise image ».
Cette « mauvaise image » ne correspondrait-elle pas à la réalité de conditions de travail extrêmement dures du fait de la nature homicide de la tâche, mais aussi à cause des rémunérations faibles (à titre d'exemple, avec 10 ans d'ancienneté et une pénibilité du travail indéniable, on ne peut gagner que 1140 euros net par mois à l'entreprise Tilly de Guerlesquin- qui paye mieux que Doux pourtant-, qui rémunère ses salariés 15 centimes d'euros l'heure au-delà du SMIC, sur la base de 9,80€/h, sans compter la progression du salaire à l'ancienneté), des cadences terribles, la répétition des mêmes gestes, l'inconfort des positions physiques, se traduisant au bout de quelques années pour une grande partie des salariés par des troubles musculo-squelettiques graves (aux poignets, au dos, aux épaules) que l'on cherche à oublier pour continuer à travailler en se bourrant de cachets anti-douleurs?
cf. Lettre ouverte de Corinne Nicole sur la situation type d'une ouvrière de l'abattoir.
Dès lors, en payant mieux ses salariés et en étant davantage attentifs à prendre leur humanité en considération dans la fixation des exigences de rendement et la définition des postes de travail, il est probable qu'on aurait moins de mal à recruter dans le secteur.
Mais on peut penser que les entreprises préfèreront durcir les conditions de radiation des chômeurs en cas de refus d'emploi pour atteindre cet objectif et on se doute surtout que cette difficulté d'embauche invoquée est un bon prétexte pour justifier l'emploi d'intérimaires étrangers pour lesquels on ne paye pas de cotisations patronales.
Citons un peu l'article de Mathilde Goanec qui semble issu d'une enquête très sérieuse:
« Délocalisations sur place.
Car si les abattoirs embauchent à tour de bras, la rotation des salariés est très élevée. « C'est un travail pénible, et qui génère pas mal de maladies professionnelles » explique M.Jean-Bernard le Gaillard, inspecteur du travail dans les Côtes d'Armor. A la section départementale de la CGT, le langage est plus cru: « Des entreprises comme la Cooperl ou Kermené, ça mange les hommes! Estime M. Noël Carré, 21 ans de Cooperl. Si en 2008 en était en sous-effectif, c'est aussi parce qu'on avait des gens qui n'étaient plus capables de travailler en atelier ». Son collègue François Lefort, lui aussi délégué CGT à la Cooperl Lamballe, fait le même constat: « Ce sont des métiers très durs et de moins en moins bien payés, par rapport à l'évolution des prix. Moi, ça fait neuf ans que je suis dans ce secteur, et quand j'ai commencé, on gagnait certainement mieux notre vie ». Le plus souvent cantonnés aux travaux les plus difficiles- abattage, découpe et parage (opération qui consiste à préparer et dégraisser la viande)- les ouvriers venus de l'Est font désormais partie du paysage. Au coeur des échanges, il y a ces agences d'intérim enregistrées dans le pays d'origine des migrants. ArcForce, bien connue des directions locales et des syndicats, constitue un modèle du genre. Son site Internet, en français et en roumain, propose une liste, photographies à l'appui, de collaborateurs « disponibles sous 30 jours ». Lesquels sont desosseurs, ouvriers-découpe, bouchers, mais aussi manutentionnaires, cuisiniers, soudeurs... Leurs curriculum vitae s'affichent avec leur âge, leur formation et leur expérience dans l'intérim. D'autres agences en ligne, telle Assistance Recrutement, qui fournit à la France des travailleurs polonais tout en ayant son siège au Royaume-Uni, annoncent la couleur: « Le travailleur détaché est employé et rémunéré par l'agence d'intérim. C'est elle qui paie les cotisations sociales. Tout en respectant la législation en France, l'intérimaire dépend de la loi fiscale et sociale de son pays d'origine. A bas salaire net équivalent, il est donc possible pour votre entreprise de réaliser une économie substantielle ». La réalité est encore moins reluisante. En mars 2010, la police de l'air et des frontières ainsi que l'inspection du travail débarquent dans l'un des ateliers de découpe de la Cooperl à Lamballe. Treize Roumains sont arrêtés pour travail illégal. L'un d'entre eux témoigne, sous couvert d'anoymat: « Nous avons passé une nuit en garde à vue à Rennes...Le motif, c'est qu'on avait pas le droit de travailler plus de 3 mois sans titre de séjour. Je ne le savais pas. Pour nous, tout était légal. On a dû repartir en Roumanie pour refaire des papiers ». Intérimaire depuis 2008, l'homme a ensuite été intégré en CDI au sein de la Cooperl, comme 22 autres Roumains, sous la pression de l'administration judiciaire et de l'inspection du travail.
(…). L'affaire, en cours d'instruction, met le doigt sur le problème du statut de ces employés mobiles venus des nouveaux entrants dans l'Union européenne. Si la loi oblige à une égalité de traitement avec les Français, il est difficile de savoir exactement ce qui tombe dans la poche du travailleur étranger... Le jeu autour des cotisations sociales occupe une place centrale: ces agences d'intérim, souvent fictivement basées à l'Est, profitent de manière indue du « principe de détachement » qui permet de payer les cotisations dans le pays d'origine (où elles sont bien moins élevées) plutôt qu'en France... Les cotisations sociales, payées dans le pays d'origine, representent des économies pour l'employeur en France...et autant de pertes pour les caisses de l'Etat français... Autre avantage, dans un secteur miné par les troubles musculo-squelettiques: les entreprises utilisatrices ne sont pas tenues d'assumer le coût des problèmes de santé des intérimaires étrangers auprès des caisses d'assurance-maladie.(...).
Dans le cadre de l'Union européenne, ces pratiques confuses sont le résultat d'une cacophonie législative. L'intérim était au départ inscrit dans les services à libéraliser lors de la rédaction de la fameuse directive « Blokenstein » (du nom du commissaire européen au marché intérieur Frits Bolkenstein). Mme Evelynne Gebhardt, députée allemande sociale-démocrate et rapporteuse du texte, explique pourquoi ce secteur, éminemment sensible, a finalement été exclu du document d'origine: « Le texte de départ prévoyait la dérèglementation totale du marché du travail, avec mise en concurrence des systèmes sociaux des différents pays. Cela aurait été une catastrophe pour les citoyens. Au terme d'une discussion difficile, nous avons réussi à évacuer les services publics, les secteurs particuliers comme l'intérim, ainsi que le principe du pays d'origine (selon ce principe, ce sont les salaires et la législation du pays d'origine qui se seraient appliqués) de la directive services votée au Parlement ».
En 2008, une directive spécifique à l'intérim est à son tour adoptée à Bruxelles. Elle garantit l'égalité de traitement des travailleurs européens. « Il ne s'agit pas seulement du salaire, mais aussi des dispositions sociales et du droit du travail en général, qui doit être respecté et qui donne des droits équivalents à tous les travailleurs, français ou étrangers. Le problème, c'est que cette directive est supplantée par une autre loi: celle sur le détachement des travailleurs en général. Et certains arrêts récents de la Cour de justice de l'Union européenne, pris sur la base de la règle du détachement, ne sont pas favorables aux travailleurs ».
C'est le cas actuellement en Allemagne où, faute de salaire minimum obligatoire, les travailleurs de l'Est prétendument « détachés » constituent l'essentiel de la main d'oeuvre des abattoirs (payés entre 3 et 7 euros de l'heure contre une moyenne de 9 à 15 euros). Les arrêts Viking, Laval, Rüffert et Luxemburg rendus ces dernières années sont tous de la même veine: les conventions collectives du pays d'accueil ne s'appliquent pas forcément aux travailleurs détachés, ce qui crée inévitablement des différences de traitement. Et plus les législations nationales sont souples, plus les abus sont possibles ».
(Le Monde Diplomatique n°692, novembre 2011).
La nécessité sociale et écologique d'un changement de modèle agricole en Bretagne
Avec la spécialisation de la Bretagne dans l'élevage industriel hors-sol, on en arrive, je crois, au bout d'un modèle qui présente des coûts sociaux, sanitaires et environnementaux exhorbitants.
Pensons d'abord aux conditions de rémunération des agriculteurs. La Bretagne qui produit 60% des porcs français, 40% de la volaille, 20% du lait se classe 21e région sur 22 pour le revenu agricole.
Dans les années 1950-60, sur les conseils de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) créé dans le sillage du CNR, la pénurie d'engrais tels que le calcium, le phosphore, la potasse, a été compensée par un système de rotation des cultures et de retour périodique des sols à l'herbe, dans des prairies qu'entretennaient et fertilisaient des cheptels de vaches.
Laissons le paysan André Pochon décrire ce phénomène (article « Les Mutations agricoles: Etat des lieux des années 50 aux années 80 », dans Les marées vertes tuent aussi de André Ollivro et Yves-Marie Le Lay):
« L'augmentation considérable de la production laitière grâce à l'herbe (et aussi grâce aux races plus performantes comme la normande ou la frisonne qui produisent 4 à 5000 litres de lait, au lieu de 15000 pour nos vaches du pays) permet du même coup de quintupler la production porcine. Les paysans ne commercialisent en effet que la crème ou le beurre; le lait écrémé reste donc à la ferme et sert de complément protéique à la nourriture des porcs. Ainsi le nombre de porcs engraissés est directement lié à la quantité de lait écrémé. Nos amis danois qui sont nos modèles disent « le porc est suspendu » au pis de la vache. C'est ainsi que sur ma petite ferme de 9 hectares, je deviendrai le plus gros producteur de lait et de porc de la commune: plus de 100 porcs gras vendus par an; mon père sur sa ferme de 25 hectares en produisait 12! … Produisant plus sans dépense supplémentaire, le revenu de l'exploitant augmente considérablement. C'est pendant cette période que la Bretagne ma région, sort de son état de pauvreté. L'habitat se modernise: eau, électricité, machines à laver, chauffage central, sanitaires, carrelages, parquets, chambres confortables... réfrigérateurs, aspirateurs, TSF, télévision, automobile... Comme le revenu augmente dans les fermes, les artisans et les commerçants prospèrent aussi car tout se tient. Le tissu rural est vivant: jusqu'en 1965, pas une exploitation ne disparaît, les familles paysannes restent nombreuses. Et il n'y a pas de nitrate ni de pesticides dans l'eau, dans l'air, ni dans l'alimentation et pas d'algues vertes dans la baie de Saint Brieuc ».
Dans les années 60, l'agriculculture bascule dans le productivisme, l'endettement privé, l'hyper-spécialisation, et l'élevage industriel hors-sol:
« Avec ce nouveau modèle, commente André Pochon, l'agriculteur augmente certes sa production mais il augmente encore plus ses dépenses; il voit passer beaucoup d'argent mais il lui en reste peu! Difficulté économique donc qu'il doit résoudre dans l'agrandissement de son exploitation... Nombre de fermes disparaissent, c'est autant de familles paysannes en moins, de commerçants, d'artisans, d'écoles... Le tissu rural s'appauvrit et les pollutions apparaissent par les nitrates, les pesticides, et le saccage des talus, des haies, des zones humides. Car les nouvelles techniques mises en oeuvre sont la culture du maïs-fourrage et l'importation du soja pour nourrir les vaches, l'élevage industriel des porcs sur lisier; finie l'herbe, la porcherie danoise fait place à la porcherie hollandaise, fini l'élevage lié au sol. L'aliment des porcs, des volailles, des bovins rentre à flot dans les ports bretons, hollandais, danois, belges. Ces aliments sont importés au prix mondial cependant que la viande et le lait produits avec ces aliments sont payés à l'éleveur au prix garanti européen, le double du prix mondial! Le budget européen paie la différence: c'est l'effet pervers de la Politique agricole commune (PAC) signée par 6 pays européens en janvier 1963. Les prix agricoles sont désormais garantis par l'intervention sur le marché. On stocke pour faire remonter les cours et les excédents sont vendus sur le marché mondial grâce aux subventions européennes, ce qui met à mal l'économie paysanne des pays africains. Les prix sont garantis aussi du fait de la protection du marché européen: les céréales, la viande, les produits laitiers américains, canadiens, sont taxés (prélèvements) à leur entrée dans la Communauté, sauf qu'il y a une brèche dans la protection: le soja et les produits de substitution aux céréales (PSC) échappent au prélevèvement... Cette situation booste l'élevage (hors sol) dans les pays européens situés près des grands ports... L'équilibre ancestral « sol, plantes, animaux » est rompu, les excédents d'azote se retrouvent dans les nappes phréatiques, les cours d'eau et nos baies, d'où les nitrates dans l'eau et les algues vertes... Parallèlement à cette explosion de l'élevage hors sol dans des régions comme la Bretagne, d'autres régions comme la Beauce, la Brie...abandonnent toutes sortes d'élevage et se spécialisent en productions céréalières, sans risque puisque le prix en est garanti quelles que soient les quantités produites. Au bout de 30 années de cette monoculture céréalière, les sols en panne de prairie dans la rotation, en panne de fumier, descendent à des taux de matières organiques en dessous de 1%. IL s'agit d'une catastrophe agronomique puisque ces sols ne produisent plus qu'à grand renfort d'engrais azotés, de pesticides et de gros matériel pour décompacter les terres. Catastrophe écologique aussi: la nappe phréatique de la Beauce est polluée pour des années...
La cause principale de l'abandon du modèle polyculture/ élevage autonome et économe, initié par la Révolution fouragère dans les années cinquante, est bien dans la garantie de prix sans aucune limite de production, aggravée par la brèche dans la protection du marché européen en ce qui concerne le soja et les PSC (produits de substitution aux céréales) ».
Pour André Pochon, et son avis me semble plein de bon sens, la solution passe par « la fin du productivisme agricole enclenché dans les pays développés depuis 40 ans avec la spécialisation à outrance, la monoculture, l'élevage industriel hors sol. Il faut revenir à la polyculture-élevage. Les plaines céréalières devront introduire des animaux: grâce au fumier et aux prairies, elles verront remonter le taux de matières organiques de leur sol aujourd'hui déjà usé. Et les régions d'élevage intensif hors-sol devront diminuer leur production animale, loger leurs animaux sur litière et nourrir leurs vaches à l'herbe. Les unes comme les autres ont tout à y gagner: meilleur revenu, santé pour les exploitants eux-mêmes premières victimes des pesticides, considération de la société civile. Il s'agit donc de réorienter en profondeur l'agriculture européenne des pays industriels, de la sortir du modèle actuel où l'agriculteur voit passer beaucoup d'argent mais il lui en reste peu ».
Le modèle agricole actuel est surtout préjudiciable aux agriculteurs eux-mêmes, ou du moins à beaucoup d'entre eux.
Ainsi, le prix du porc est fort peu élevé du faut des pressions des distributeurs en aval, d'une production abondante et d'une consommation qui ne progresse pas, en France tout du moins, peut-être du fait de l'image dépréciée du porc de production industrielle (antibiotiques, lisiers qui se déversent dans les bassins versants et créent des marées vertes, une pollution des eaux aux nitrates...).
En 1992, la réforme de la PAC a été conçue pour faire entrer l'agriculture dans l'OMC: merci Delors! Des aides directes ont été versées aux paysans, et le plus gros morceau aux plus gros entrepreneurs, pour compenser la chute des prix désormais alignés sur les cours mondiaux. La Commission Européenne a choisi depuis 30 ans, de rester sur l'idée, coûteuse écologiquement et socialement, qu'il ne faut pas contrôler les prix agricoles: c'est au marché de régulé et aux filières de s'adapter.
L'absence de prix garantis crée une fluctuation des cours qui tend à créer des besoins d'agrandissement et d'intensification de la production perpétuels, du côté des producteurs comme des abattoirs, ce qui a pour effet mécanique de faire chuter les prix sur le long terme, ce qui est d'autant plus dramatique pour les éleveurs que les matières premières en amont, les aliments des bêtes, comme le soja et les céréales sont devenus des objets de spéculation au niveau mondial, voient leur coût augmenter.
L'alimentation animale des porcs est importée à 60%. Elle constitue 55% à 60% du prix de revient dans l'élevage de porcs du fait de l'augmentation du prix des céréales, des oléagineux, des protéagineux qui constituent la base de l'alimentation animale depuis 2010. Le revenu des producteurs ovins est parmi les plus faibles de ceux des agriculteurs depuis 2008: il faudrait que le prix du porc soit fixé à 1,60€ sans augmentation du coût des aliments pour leur permettre de s'en sortir et de vivre de leur travail.
Comme le note Yves-Marie Le Lay dans Les marés vertes tuent aussi, « le prix de vente d'un porc charcutier à 120 euros couvre à peine le coût de son alimentation, à 100 euros. 20 euros pour les remboursements de bâtiments et de matériels, les frais d'intrants et le travail ». C'est pourquoi « 10% des exploitations porcines sont en dépôt de bilan ». « Et pendant ce temps, ajoute Yves-Marie Le Lay, la richesse s'accumule dans les banques, chez les marchands d'engrais, de tracteurs, de semences, de pesticides, de nourriture industrielle . Quelques gros exploitants en profitent aussi, histoire de faire rêver les autres, plus petits, qui n'en profiteront jamais ».
Sur le long terme, le revenu des éleveurs de porcs aurait baissé de 1,5% entre 1990 et 2006.
Dans La Terre, Thierry Thomas, éleveur de porc costarmoricain, témoigne: « Dans les années 90, on (les éleveurs) avait du cochon à 13 francs le kilo, ça fait 2 euros. On est payé 1,35 euros, en ce moment, et il y a de la casse, il y a moins de gens qui sont producteurs de porc. Les gens ont été acculés à avoir comme seul réponse non pas des prix rémunérateurs, mais des résultats techniques qui leur permettaient de faire baisser leurs coûts de production. Mais les gains de productivité énormes qu'on a réalisés ont été captés par les industries agro-alimentaires et la distribution: on le voit bien, ça n'a pas permis aux paysans de vivre mieux de ce métier, et le consommateur n'a pas vu le prix de la viande baisser, au contraire je crois qu'il l'a toujours vu augmenter... Entre 10 et 15% des éleveurs sont en grosses difficultés financières. 85% surnagent, et certains gagnent leur croûte, il y a de gros écarts de coût de production entre éleveurs. Selon que l'on soit jeune installé avec de gros prêts sur le dos ou que l'on soit en fin de carrière, on n'a pas du tout la même perception du prix payé ».
Il faut en finir avec ce modèle, ce soutien inconditionnel des pouvoirs publics à l'élevage intensif, pour toujours plus d'extensions d'élevage, moins de normes contraignantes sur l'épandage du lisier.
Le Front de Gauche plaide lui pour un nouveau modèle agricole et « un plan de transition écologique de l'agriculture en vue de faire de l'agriculture française un modèle d'agriculture de qualité , sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée, participant à la santé publique des consomateurs et contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique. Aides publiques, recherche agronomique, conseil technique, politique de crédit et enseignement agricole seront repensés en fonction de cet objectif ». (p.50 du Programme partagé: l'humain d'abord). « Nous stopperons et inverserons le processus de concentration de l'agriculture et recréerons des emplois en agriculture » à travers une juste rémunération du travail agricole (prix minimus aux producteurs), « le soutien à l'installation des jeunes agriculteurs et la consolidation des petites exploitations, le soutien aux filières alternatives labellisées, vivrières, courtes, de proximité, biologiques et reposant sur une juste rémunération pour permettre au plus grand nombre de bénéficier d'une alimentation de qualité ».(p.51). « Les marges de manoeuvre nationales pour l'utilisation des aides Pac seront pleinement utilisées pour favoriser l'agriculture paysanne, l'emploi, et la transition écologique de l'agriculture. Au niveau européen, nous agirons pour l'adoption d'une politique agricole commune cohérente, avec l'objectif de souveraineté alimentaire, centrant la production sur la réponse aux besoins du marché intérieur plutôt qu'aux échanges sur le marché international sur la base du moins-disant social et environnemental. L'Europe, par une juste répartition de la valeur ajoutée entre producteurs, industries agro-alimentaires et grande distribution, doit garantir l'accès de tous les consommateurs à une alimentation de qualité ».
Ismaël Dupont.