Etaient présents au rassemblement des dizaines de militants communistes, des candidats communistes aux législatives (Jacqueline Héré, Eric Guellec, Pierre-Yves Liziar, Ismaël Dupont, Jean-Paul Cam, Maxime Paul), des représentants de BNC, des Verts, Yannick Hervé, un des anciens animateurs du Front de Gauche à Landerneau, animateur d'une association régionale d'éducation populaire, Olivier Cuzon, militant syndical brestois.
Discours d'Ismaël Dupont, secrétaire départemental du Parti Communiste du Finistère:
Nous sommes là pour nous, pour nos jeunes, pour nos enfants.
Nous sommes là car nous ne pouvons accepter que l'on facilite l'arrivée au pouvoir de la bande des trois et le non choix parmi l'un de ces trois là pour devenir Président de la République:
Trois partisans du renforcement de la monarchie présidentielle.
Trois ennemis du monde du travail, trois partisans de l'austérité, trois hommes, groupes d'intérêt et familles politiques qui remettraient en cause gravement les conquêtes sociales, les Services Publics, les solidarités, la protection sociale, et ne feraient rien pour l'écologie.
Marine Le Pen : la 7eme présence aux présidentielles de la famille Le Pen pourrait être, sinon la bonne, du moins celle d'une avancée spectaculaire vers le pouvoir. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait fait 17 % au 1er tour, là, Marine Le Pen est créditée dans les sondages de 26 % au 1er tour, et de près de 40 % au second tour si elle était opposée à Macron. Le parti d'extrême-droite, qui sera qualifié dans énormément de circonscriptions sur des triangulaires ou des quadrangulaires aux élections législatives (il pourrait être présent au second tour dans 169 circonscriptions) peut rafler un nombre important de sièges de députés. Son influence sur la vie politique et idéologique de la France sera renforcée : or, on assiste déjà à une pénétration massive des idées d'extrême-droite dans la population, parfois légitimées par une partie de la droite, voire du PS à la sauce Manuel Valls. Une victoire de Marine Le Pen, selon les scénarios, n'est pas non plus à exclure catégoriquement. Il y a l'exemple Trump aux Etats-Unis, l'exemple du Brexit en Grande-Bretagne, de la montée des populismes d'extrême-droite partout en Europe, de leur arrivée au pouvoir et de leurs progressions en Europe : Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie, Autriche, Allemagne...
Nous refusons de penser les progrès du vote FN voire son arrivée au pouvoir comme un électrochoc salutaire. Il faut être irresponsable ou singulièrement léger vis-à-vis des souffrances qui guettent nos concitoyens, les immigrés, et des restrictions des libertés, en cas de victoire du FN, pour penser qu'il y aurait quelque chose de bon à tirer du désastre.
Nous savons que les institutions de la Ve République donnent des pouvoirs extrêmement importants au président, des pouvoirs de répression, d'étouffement des libertés démocratiques, comme l'état d'urgence, le 49-3, etc.
Nous savons que le FN n'est pas devenu un parti de droite souverainiste, laïc, féministe et républicain comme il aimerait à le prétendre. Nous savons avec qui il siège au Parlement Europen : Wim Wenders, Victor Orban. Le FPO autrichien. Nous sommes instruits par l'histoire : la crise, le nombrilisme, l'égoïsme, la corruption de la classe politique gangrenée par le capitalisme, produisent des monstres.
François Fillon : le châtelain de la Sarthe, l'ami de la Manif pour tous, et de l'activisme catholique d'extrême-droite, celui qui se promettait d'organiser un plan d'austérité de 110 milliards d'euros, de démanteler la Sécurité Sociale, de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, d'allonger l'âge de départ à la retraite, de continuer à faire exploser le code du travail, celui qui hurle sur la justice de la République, qui dénonce l'assassinat politique quand on lui reproche l'enrichissement familial, n'est pas encore complètement éliminé du second tour. Sa présence au second tour pourrait être un marchepied idéal pour Marine Le Pen.
Emmanuel Macron : Cet homme est la roue de secours des néo-libéraux et des milieux d'affaire après l'élimination de Hollande, de Valls, de Sarkozy, de Juppé, et sans doute la quasi élimination de François Fillon. Le candidat anti-système qui se prend pour le Sauveur, est un énarque, un inspecteur des finances, un ancien cadre de la banque Rotschild, un ancien conseiller à l'Elysée du président François Hollande et l'inspirateur de sa politique économique libérale et austéritaire. D'homme neuf, Macron n'a que le beau sourire conquérant, et le titre de gloire d'être au portes du pouvoir suprême et l'outil de 5 des 9 milliardaires qui contrôle les médias alors qu'il ne s'est jamais présenté devant le suffrage universel. Son programme est extrêmement dangereux : plan d'austérité de 60 milliards, nouvelles baisses de cotisations sociales favorisant un nouvel affaiblissement et une logique de privatisation de la Sécurité Sociale, suppression de 50 000 postes de fonctionnaires, remise en cause de la retraite par répartition, nouveaux cadeaux au patronat, remise en cause de l'assurance chômage.
Ce sont les logiques du pouvoir Valls-Hollande, encore aggravées. « Il faut que tout change pour que rien ne change » pour reprendre les mots du Guépard de Visconti.
De mon côté, comme beaucoup d'autres de ma génération, j'ai du mal à ne pas souffrir de savoir Macron en bonne position de l'emporter, sachant que depuis que je vote, je n'ai connu que ces logiques là au pouvoir : Chirac, les privatisations de Jospin et Dominique Stauss-Kahn, Sarkozy, Hollande. Avec à la clef une aggravation de la pauvreté, du chômage, de la désindustrialisation, des inégalités, une détérioration profonde des services publics, des conquêtes sociales, des systèmes de solidarité, de reculs idéologiques formidables dans le sens de la fraternité, d'une gauche sur la défensive et d'une droite et d'une extrême-droite à l'offensive.
Je ne peux pas me résigner à ce que cela soit l'homme des Attali, des Minc, des Pisani-Ferri, l'homme des milliardaires qui tirent les ficelles à peine cachés derrière le rideau de scène, de plus en plus triomphants et arrogants, qui l'emporte, et bénéficie du rejet massif de l'expérience Hollande-Valls.
Ce serait un profond hold-up sur la démocratie, alors que les Français sont majoritairement attachés à leurs services publics, à leur sécurité sociale, à leur droit du travail, et la promesse, non seulement d'une aggravation de nos conditions de vie, de celle des classes populaires, mais de nouveaux progrès pour l'extrême-droite.
Alors, oui, nous sommes là pour nous.
Alors oui, nous sommes là parce que nous sommes confrontés à des responsabilités historiques à gauche, pour le pays, pour notre avenir commun.
Alors oui, une alliance Hamon-Mélenchon est compliquée. Compliquée parce qu'ils ont des objectifs politiques distincts et contradictoires: l'un entend sauver le PS, l'autre le liquider et faire main basse sur un espace politique pour un mouvement de nouveau type. Il y a des échéances de moyen terme, mais nous, nous voyons ce que nous aurons à subir sur les 5 ans à venir, ou pas, si tout le monde reprend le sens des priorités.
C'est compliqué, mais c'est là seule planche de salut, la alternative possible à une aggravation dramatique de la situation. Ils n'en veulent pas, ils se le sont dit à deux dans un restaurant chilien, ils l'ont décidé pour nous... Laisserons-nous faire en nous résignant à des présidentielles au dénuement plus que déprimant, dramatique.
L'élection de Hamon au sein de la primaire du PS, qui dénonçait la politique du gouvernement depuis plusieurs années, qui s'est opposé à ce titre à la loi travail, à la déchéance de nationalité, à l'état d'urgence, a été le signe net de la volonté d'autre chose de l'électorat de gauche, y compris et surtout de la gauche sociale-démocrate.
Sur le terrain des projets, des programmes, il y a des différences, et nous sommes évidemment plus proches des propositions portées par Mélenchon que de celles portées par Hamon, mais il y a le devoir de s'unir pour éviter la liquidation de la gauche pour des années, et il y a la possibilité de le faire car Hamon et Mélenchon partagent aussi des idées communes, avec les Verts et le PCF qui défendent leurs candidatures respectives: contre l'austérité, pour une 6e République, contre les discriminations, contre une politique répressive face à l'immigration, à la diversité culturelle, pour la transition écologique.
Mais notre avenir nous appartient, il y a des causes qui sont plus fortes que chacun de nous, que chacune de nos organisations, que nos différences de programmes, de projets.
Le Parti Communiste, qui compte des dizaines de milliers d'adhérents (plus de 100 000), des milliers d'élus, a fait le choix de ne pas présenter de candidat aux présidentielles pour porter l'intérêt de la population, des catégories populaires et moyennes que nous défendons, des idées de progrès social, démocratique, et écologique et faire en sorte que la gauche ne soit pas tragiquement éclatée et impuissante.
Nous avons pris nos responsabilités, au service du rassemblement de la gauche d'alternative et du peuple de gauche, en appelant à voter Mélenchon et en le soutenant.
Nous attendons que d'autres fassent de même.
La question de l'union possible ou pas ne se règle pas à deux dans un restaurant en dix minutes, surtout quand on prétend construire une 6e République basée sur la participation populaire.
Nous n'avons pas le droit de tuer l'espoir.
ll peut y avoir rassemblement porteur de dynamique si on commence à confronter nos points de vue et à faire apparaître nos convergences sur les contenus, sur le programme.
C'est ce à quoi nous allons nous employer tout à l'heure à la maison des syndicats, contribuer à bâtir à l'échelle locale un pacte majoritaire de gauche.
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Le rassemblement place de la Liberté a été suivi d'une réunion publique de deux heures à la maison des syndicats avec une quarantaine de personnes sur le contenu programmatique d'un appel au rassemblement de la gauche, d'un pacte majoritaire de gauche, notre conception du progrès social et de la 6e République.