La bonne pression chez Tri Martolod !
Créée en 1999 par quatre associés, la SCOP Tri Martolod fait partie des 120 brasseries recensées en Bretagne. A côté des géants industriels du secteur, le modèle économique, social et environnemental du brasseur concarnois fait des merveilles. Trois bonnes raisons d'aimer la Tri, comme on dit. Sans se faire mousser, entretien avec Jean-Philippe Deviq, l'un des associés de la coopérative.
« On est parti avec un centime en poche. Et sans le soutien financier de deux autres SCOP qui se sont associées au projet, La Laborieuse et La Renaissante, pour rassurer les banques, on n'aurait pas réussi. Il y a aussi l'Union Régionale des SCOP qui nous apporte un soutien précieux. On ne pouvait pas aller à l'aventure les yeux fermés », se souvient-il. C'est aussi cela le monde des SCOP : de la solidarité, de l'entre-aide et du partage d'expérience. Près de 20 ans plus tard, Tri Martolod, c'est 20 salariés dont 18 associés et une production toujours croissante à 3300 hectolitres.
Le principe de la SCOP ? « Un homme, une voix ! Dès qu'il y a une décision à prendre, on en parle ensemble. Bien entendu, il y a un gérant, Mickaël Le Breton, car nous sommes une SARL », explique Jean-Philippe Deviq. Et pour les salaires ? « On est tous au SMIC ! Après, l'objectif est de privilégier l'outil de travail. Le matériel coûte une blinde ! A Bénodet, on n'avait même pas un transpalette Nous allons acheter une embouteilleuse et rénover la salle à brasser. Le principe de redistribution des bénéfices, c'est 50 % pour l'investissement, et 50 % pour les associés. Le but, c'est que tout le monde devienne associé, mais il faut être prêt à se retrousser les manches ! », ajoute-t-il.
Le marché de la brasserie est en plein essor. « On n'est qu'une goutte d'eau dans ce milieu, ça veut dire qu'on a encore de la marge. Mais on veut faire les choses à notre mesure : on a notre propre réseau de distribution dans les petits commerces, de Brest à Nantes. On ne veut pas faire de la grande distribution pour que notre chiffre d'affaire ne dépende pas d'un seul client. On fait beaucoup d'associatif, de festivals », commente le brasseur.
D'ailleurs, au PCF, on connaît bien la blonde finistérienne : depuis quelques années, elle régale les amateurs de bière sur le stand de la Fête de l'Humanité à La Courneuve. « Elle est parfaite pour ce genre d'événement car elle est légère. C'est une bière de soif. On a démarré fort avec elle car on était les seuls à faire de la fermentation basse température », commente-t-il. Depuis 2005, Tri Martolod s'est associé à la brasserie An Alarc'h, « car on ne peut pas tout faire tout seul ».
Avec 80 % de volume en fûts, Tri Martolod soigne aussi le côté environnemental. « Nos déchets de brassage, « la drêche », un jus de céréales sucré et l'orge cuit, sont récupérés par un agriculteur du coin pour le compost et l'alimentation animale. En échange, il entretien le site de l'entreprise. Ca représente 1,5 tonne par semaine », explique Jean-Philippe.
La réussite de la SCOP, à l'image des ex-Fralib par exemple, passe aussi et surtout par la créativité. On peut d'ailleurs visiter le site doté d'un bar-boutique. Tri Martolod, c'est une large gamme de produits : blondes, brunes, blanches et ambrées, jus de fruits, limonades et colas. C'est aussi un positionnement sur des marchés porteurs : en association avec un viticulteur de Loire-Atlantique, une bière légère au mou de raisin, la Psycha-tri, une bière amère, la Pira-tri, forte en alcool, la Tricérat-hops avec des houblons différents… « Il faut sortir des classiques. Le but, c'est aussi de s'amuser », conclut Jean-Philippe Deviq. Faire autrement, vraiment.
Yoann Daniel
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