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24 décembre 2020 4 24 /12 /décembre /2020 07:16
Actualité du combat communiste - entretien de Julia Hamlaoui avec Guillaume Roubaud Quashie, animateur du centenaire du Parti communiste et membre de la direction du PCF (L'Humanité, 23 décembre)
Guillaume Roubaud-Quashie : « Une rupture possible et nécessaire »
Mercredi 23 Décembre 2020

Dirigeant du PCF en charge de coordonner son centenaire, Guillaume Roubaud-Quashie met en perspective un siècle d’histoire de la formation née du congrès de Tours avec l’actualité du combat communiste.

 

Guillaume Roubaud-Quashie Historien, membre de la direction du PCF

Les communistes soufflent cette année les cent bougies du congrès de Tours. Face à la crise historique que nous vivons, comment leur combat prend-il une nouvelle actualité ?

Guillaume Roubaud-Quashie L’une des dimensions du congrès de Tours est l’ambition d’un changement de civilisation. Dans la période que nous vivons, cette volonté de rupture rencontre une possibilité plus importante que cent ans en arrière du fait des connaissances accumulées par l’humanité. Mais aussi une nécessité plus grande due aux ravages du capitalisme. Le lamentable épisode mercantile des vaccins, où certains sont davantage préoccupés par les profits à engranger que par les vies à sauver, l’illustre parfaitement.

Révolution ou réformisme, ce débat trouve-t-il encore une résonance aujourd’hui ? Quelle forme prend aujourd’hui la révolution dont rêvent les communistes ?

Guillaume Roubaud-Quashie Ce vocabulaire est ancien mais a encore un usage aujourd’hui : dans une partie du monde syndical, par exemple, certains évoquent parfois la constitution d’un pôle réformiste. Nous nous définissons toujours comme révolutionnaires. Évidemment, ce mot a une histoire et peut évoquer la brutalité, la brièveté, éventuellement l’idée d’insurrection barricadière. Si ce n’est pas notre stratégie, nous pensons en revanche que les changements à impulser sont globaux. En l’occurrence, sortir d’une logique fondée sur la seule rentabilité quitte à broyer les êtres humains et la planète, pour miser sur le libre et plein développement de chacun. Malheureusement, les forces qui ne portent pas clairement l’ambition d’affronter les logiques du capital sont nombreuses à gauche, peut-être même plus qu’au cours du siècle passé. Ce qui ne doit pas être tout à fait étranger à l’état de la gauche. Est-ce qu’avec des mesures qui laissent le cœur du réacteur intact, on sauvera le million d’espèces menacées ? Beaucoup de gens se rendent comptent que ça ne tient pas.

L’histoire du PCF est aussi celle des conquêtes sociales rendues possibles par de puissants mouvements populaires et le rassemblement de la gauche. Quelles leçons en tirer ?

Guillaume Roubaud-Quashie Les enjeux institutionnels et électoraux ont une grande importance. Mais une grande illusion consiste à penser que les changements révolutionnaires ne pourraient advenir que par une logique délégataire. Ce à quoi les communistes appellent, c’est à la mise en mouvement la plus large et de toute nature. Je sais bien que, dans la période, certains cherchent des sauveurs suprêmes, mais, sur ce point, l’Internationale n’a pas pris une ride. En outre, ce sont ces cercles vertueux fondés sur des perspectives de victoires qui ont donné leur force au mouvement populaire en 1936 ou à la Libération. Aujourd’hui, la résignation n’est pas seulement le fruit de la bataille idéologique, mais aussi de déceptions politiques objectives et de difficultés du mouvement social. Cependant, il faut aussi mesurer les points marqués, comme les concessions, malgré toutes leurs limites, que le pouvoir a été obligé de consentir au monde de la santé… La direction actuelle du PCF fait aussi montre de volontarisme pour structurer les communistes sur les lieux de travail et de création de plus-value, parce que le combat de classe y prend sa source. C’est une tâche difficile mais qui n’a rien perdu de sa pertinence.

Sur les questions dites de société comme le féminisme ou l’antiracisme, les positions à gauche ont fluctué, quelles ont été les évolutions du PCF sur ces sujets au cours de son histoire ?

Guillaume Roubaud-Quashie C’est plus compliqué que ce que l’on dit toujours : avant, les luttes étaient hiérarchisées, maintenant elles ne le sont plus. La logique multidimensionnelle des changements à opérer a été l’objet de fluctuations, parfois de conflits pendant tout ce siècle. Les années 1920 sont celles de l’accentuation de la question de classe, mais aussi d’affirmation du combat des femmes, avec des candidates aux élections municipales, par exemple. Cela est atténué lors du Front populaire parce que ces questions ne font pas l’objet d’un accord unanime dans la société française et que le rassemblement prime face à la menace fasciste. Avec la Libération, viennent les combats pour le droit de vote et d’éligibilité des femmes ou encore la création de l’Union des femmes françaises. Pendant les années 1950, des oppositions avec le mouvement féministe naissent sur la question du « birth control », suivies d’autres ratés en 1968 et dans les années 1970 avec une hostilité réciproque assez forte. Mais, dans la décennie 1990, un rapprochement s’opère à nouveau sous l’impulsion de personnalités comme Marie-George Buffet qui affirment très clairement qu’il n’y a pas à penser de hiérarchie dans les combats émancipateurs. Sur l’antiracisme, les combats contre l’antisémitisme des années 1930, la lutte contre le fascisme, contre la colonisation, ou encore la création du Mouvement national contre le racisme, qui deviendra ensuite le Mrap, ont marqué l’histoire du PCF. Tout cela est abîmé à la fin des années 1970 et début 1980 par un moment de flottement sur des questions de politique migratoire, encore l’objet aujourd’hui d’instrumentalisation de l’extrême droite. Mais on ne peut pas résumer le Parti communiste ni même Georges Marchais, puisque c’est de lui qu’il est question, à ce flottement de quelques années.

Courant majoritaire à gauche après-guerre, l’influence du PCF a reflué à partir de 1978. Quelles sont aujourd’hui ses forces et ses faiblesses ?

Guillaume Roubaud-Quashie La mémoire du pays est assez sensible aux années 1970. Or ces années sont effectivement un moment d’apogée, très loin de représenter les cent ans du PCF. Si on se place en regard de l’histoire générale du mouvement ouvrier, on peut mesurer que le Parti communiste d’aujourd’hui par rapport à celui du début des années 1930, par exemple, compte un nombre tout à fait significatif d’adhérents, de cotisants, de municipalités… La période des années 1980-1990 a été extrêmement difficile, avec un déclin qui semblait impossible à arrêter. Depuis une quinzaine d’années, le PCF a réussi à en sortir. L’image de l’URSS continue de jouer négativement, mais elle est moins significative pour les plus jeunes générations. Et cette dynamique est aussi liée à la crise du capitalisme : nombreux sont ceux qui cherchent une alternative. Les succès d’éditions autour de Marx le donnent à voir.

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24 décembre 2020 4 24 /12 /décembre /2020 07:05
Marcel Cachin à la fête de la Bretagne de Concarneau au côté des communistes finistériens et de Pierre Le Rose

Marcel Cachin à la fête de la Bretagne de Concarneau au côté des communistes finistériens et de Pierre Le Rose

Marcel Cachin, du socialisme à la révolution - L'Humanité, Jean-Paul Piérot, 24 décembre 2020
Marcel Cachin, du socialisme à la révolution - L'Humanité, Jean-Paul Piérot, 24 décembre 2020
Marcel Cachin Du socialisme à la révolution
Jeudi 24 Décembre 2020 - L'Humanité
 

Marcel Cachin, dont la motion au congrès de Tours, favorable à l’adhésion à la IIIe Internationale, a recueilli plus de 70 % des voix, n’est pas un novice. À 51 ans, il a déjà une longue expérience militante au Parti ouvrier français et, depuis 1905, à la SFIO. Originaire de Bretagne – il est né à Paimpol en 1869 –, il a fait de brillantes études à Rennes. Ce fils d’un gendarme et d’une ouvrière devient professeur de philosophie et exerce des charges électives : adjoint au maire de Bordeaux de 1900 à 1903, conseiller municipal à Paris, député. En 1918, il devient directeur de l’Humanité et le restera jusqu’à sa mort, en 1958. Au printemps 1920, la SFIO envoie Cachin et Ludovic-Oscar Frossard, le secrétaire général du Parti, en mission à Moscou pour discuter d’une éventuelle adhésion au Komintern. Les deux délégués plaident pour l’acceptation des 21 conditions qui donnent à l’Internationale communiste un caractère de parti mondial.

 

Lire aussi:

Marcel Cachin, la trajectoire d'un intellectuel breton guesdiste, puis communiste, directeur de l'Humanité de 1917 à 1958

"Marcel Cachin, tribun exceptionnel et dirigeant politique": un excellent article de Jean Le Guillermic dans le mensuel des Bretons de Paris: "Bretagne île de France" - octobre, novembre, décembre 2016

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:49
Il y a 100 ans - Ho Chi Minh, militant socialiste parisien partisan de l'adhésion à la IIIe Internationale, invite la question coloniale au Congrès de Tours
Il y a 100 ans - Ho Chi Minh, militant socialiste parisien partisan de l'adhésion à la IIIe Internationale, invite la question coloniale au Congrès de Tours

En juin et en août 1919, L'Humanité publie le premier texte public d'Ho Chi Minh, manifeste rédigé avec d'autres patriotes vietnamiens a Paris, "Les revendications du peuple annamite":

" 1) Amnistie générale en faveur de tous les condamnés politiques indigènes.

2) Réforme de la justice indochinoise sur l'octroi aux Indigènes des mêmes garanties judiciaires qu'aux européens, et la suppression complète et définitive des Tribunaux d'exception qui sont des instruments de terrorisation et d'oppression contre la partie la plus honnête du peuple Annamite.

3) Liberté de Presse et d'Opinion.

4) Liberté d'association et de réunion.

5) Liberté d'émigration et de voyage à l'étranger.

6) Liberté d'enseignement et création dans toutes les provinces d'écoles d'enseignement technique et professionnel a l'usage des indigènes.

7) Remplacement du régime des décrets par le régime des lois.

8) Délégation permanente d'indigènes élus auprès du Parlement français pour le tenir au courant des desiderata indigènes".

Des" vœux très modérés dans la forme et dans le fond" qui visent à étendre une partie des libertés et des droits de la République française aux trois provinces du Vietnam (Cochinchine, Annam, Tonkin) et à l'Indochine (Cambodge, Laos, Vietnam).

Le lettré Nguyen Tat Thanh, ou Nguyen Ai Quoc, né dans un village de l'Annam (Centre-Vietnam, secteur de Tourane, en 1890), est arrivé en France après son doctorat de lettres une première fois en 1911.

Sur le trajet en paquebot jusqu'à Marseille, il se fait embaucher comme aide-cuisinier et plongeur sur le Latouche-Treville, demande a intégrer l'école coloniale à Marseille, mais, sans appui de l'administration coloniale ni soutien d'une grande famille de mandarin, il n'est pas accepté. Il gagne Le Havre et devient jardinier dans la banlieue du Havre avant de travailler à nouveau dans les cuisines d'un Paquebot avec lequel il voyage en Algérie, en Tunisie, au Sénégal, au Dahomey, au Mexique, au Brésil, en Uruguay.

Il sympathise avec un certain Charlie Chaplin sur un trajet et il continuera à entretenir des contacts chaleureux avec le génial acteur américain.

Il s'installe aux États-Unis en 1913, notamment a Boston où il croise des nationalistes coréens. Puis il se fixe à Londres où il vit les premières années de la Grande Guerre avant de rejoindre Paris en février 1917.

L'odyssée du mystérieux camarade Ho Chi Minh, le "Gandhi rouge", éboueur et vendeur à la criée à Paris, photographe sans le sou, journaliste rouge, est racontée avec maestria dans un livre passionnant, contextualisant les écrits d'Ho Chi Minh, par l'historien Alain Ruscio (préface de Joseph Andras) aux Temps des Cerises (2019).

C'est à ce texte que nous empruntons ce récit.

En 1919, Ho Chi Minh profite du climat de la fin de la guerre et de la déclaration Wilson pour tenter de sensibiliser à Paris la CGT, la Ligue des Droits de l'homme, la SFIO au combat contre l'oppression coloniale, comme les dizaine de milliers de soldats vietnamiens de la Grande Guerre encore présents en France.

Dès 1917, l'auteur des Revendications du peuple annamite est surveillé par la police française et de multiples rapports sont écrits sur lui, plus ou moins approximatifs...

Le 5 août 1919, L'Humanité, qui a ouvert une souscription " pour élever un monument a Jaurès", note qu'un certain "Nguyen Ai Quo, Paris" a versé 5 francs...

C'est le futur Ho Chi Minh.

Le même quotidien le 13 janvier 1920 informe que "le secrétaire du groupe des révolutionnaires annamites" invite "les camarades de la 14e jeunesse" à "une conférence sur l'évolution sociale des peuples en Extrême-Orient, et des revendications de l'ancienne nation d'Annam".

Le 2 mai 1920, Nguyen Al Quoc est annoncé comme orateur socialiste, secrétaire du parti socialiste annamite, à un meeting socialiste réunissant 2000 personnes devant la mairie du Kremlin-Bicêtre.

La foule se rend ensuite a la barrière d'Italie en chantant l'Internationale. En juillet-aout 1920 se tient à Moscou le IIe congrès de L'Internationale communiste qui retient 21 conditions exigées de chaque section nationale pour y être reconnue.

La 8eme fixe clairement l'objectif de lutte contre le colonialisme et pour la libération des peuples colonisés: "Dévoiler impitoyablement les prouesses de "ses" impérialismes (...), soutenir, non en paroles, mais en fait, tout mouvement d'émancipation, (...) exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, (...) nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimés, (...) entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression".

Ho Chi Minh défend désormais les thèses bolcheviques avec l'aile gauche de la SFIO, et notamment le jeune et brillant Paul Vaillant Couturier. Il tient des conférences en février et en mars pour la jeunesse de la SFIO a Paris sur "Le bolchevisme en Asie". Un informateur de la police résume ses propos:

"L'Annam, l'Egypte, l'Irlande espèrent obtenir leur indépendance grâce aux principes de Lénine"...

Début novembre 1920, Quoc (Ho Chi Minh) est présent au congrès national des Jeunesses socialistes qui vote l'adhésion à la IIIe Internationale.

L'inspecteur de police qui fait la synthèse des rapports de ses informateurs cite les propos d'Ho Chi Minh:

"M.Nguyen Ai Quac félicite les congressistes sur le vote et déclare que cela facilitera la tâche des pays opprimés qui sont sous le régime et la protection de la France qui a civilisé son pays par des coups de canon et de fusils. Mon pays, ajoute-t-il, n'a foi que dans les thèses de Lénine et seul le régime communiste instaurera sur tous les pays une République universelle".

Nguyen Ai Quoc- Ho Chi Minh a 30 ans quand il adhère avec le groupe socialiste du 13e section de Paris a la IIIe Internationale et du 19 au 25 décembre 1920, c'est le seul colonisé présent au congrès de Tours (même si les trois fédérations socialistes d'Algérie ont voté massivement pour l'adhésion à la 3e internationale, elles n'ont envoyé aucun délégué).

Son discours au Congrès de Tours, avec les commentaires des adversaires Jean Longuet et Paul Vaillant Couturier qu'il occasionne, est le seul moment où l'oppression coloniale est évoquée au Congrès de Tours.  Et néanmoins, ce discours est très applaudi, et remarqué dans la presse le 27 décembre 1920 (L'Humanité, Le Gaulois, La Lanterne), et dans le Petit Parisien, qui publie une photo d'Ho Chi Minh (en couverture - source Géo Histoire) le 29 décembre 1920. 

Voici l'intervention de notre camarade Ho Chi Minh au Congrès de Tours (reprise du livre d'Alain Ruscio):

" Le Président: L'Indo-Chine a la parole (Applaudissements).

Le Délégué d'Indo-Chine: Camarades, j'aurais voulu venir collaborer avec vous à l’œuvre de la révolution mondiale, mais c'est avec la plus grande tristesse et la plus profonde désolation que je viens, aujourd'hui, comme socialiste, protester contre les crimes abominables commis dans mon pays d'origine. (Très bien!) Vous savez que depuis un demi-siècle le capitalisme français est venu en Indo-Chine; il nous a conquis avec la pointe des baïonnettes et au nom du capitalisme. Depuis lors, non seulement nous sommes honteusement opprimés et exploités, mais encore affreusement martyrisés et empoisonnés. Entre parenthèses, je soulignerai ce mot "empoisonnés" par l'opium, l'alcool, etc. Il m'est impossible, en quelques minutes, de vous démontrer toutes les atrocités commises en Indo-Chine par les bandits du capital. Plus nombreuses que les écoles, les prisons sont toujours ouvertes et effroyablement peuplées. Tout indigène réputé d'avoir des idées socialistes est enfermé et parfois mis à mort sans jugement. C'est la justice indo-chinoise, car là-bas, il y a deux poids deux mesures; les Annamites n'ont pas les mêmes garanties que les Européens ou les européanisés. La liberté de presse et d'opinion n'existe pas pour nous, pas plus que la liberté de réunion ou d'association. Nous n'avons pas le droit d'émigrer ou de voyager à l'étranger; nous vivons dans l'ignorance la plus noire parce que nous n'avons pas la liberté d'enseignement. En Indo-Chine, on fait tout ce qu'on peut pour nous intoxiquer avec l'opium et pour nous abrutir avec l'alcool. On a fait mourir plusieurs milliers d'Annamites et on a fait massacrer plusieurs milliers d'autres pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs. Voilà, camarades, comment plus de la vingt millions d'Annamites, qui représentent plus de la moitié de la population de la France, sont traités. Et pourtant ces Annamites sont des protégés de la France (Applaudissements). Le parti socialiste se doit de mener une action en faveur des indigènes opprimés (Bravos).

Jean Longuet: Je suis intervenu pour défendre les indigènes.

Le Délégué d'Indochine: J'ai imposé, en commençant, la dictature du silence... (Rires). Le Parti doit faire une propagande socialiste dans les colonies. Nous voyons dans l'adhésion à la IIIe Internationale la promesse formelle du Parti socialiste de donner enfin aux questions coloniales l'importance qu'elles méritent. Nous avons été très heureux d'apprendre la création d'une délégation permanente pour l'Afrique du Nord et nous serons heureux, demain, si le Parti envoie un camarade socialiste étudier sur place, en Indo-Chine les problèmes qui se présentent et l'action à mener.

(...) Au nom de l'humanité tout entière, au nom de tous les socialistes, ceux de droite et ceux de gauche, nous vous disons: Camarades, sauvez-vous! (Applaudissements).

Le Président: Le représentant d'Indo-Chine a pu voir, par les applaudissements qui l'ont salué, que le Parti socialiste tout entier est avec lui pour protester contre les crimes de la bourgeoisie". 

Suivit un échange acerbe entre Jean Longuet, petit-fils de Marx, 44 ans, et Paul Vaillant-Couturier (28 ans). 

Nguyen Ai Quoc - le futur Ho Chi Minh - est le voisin de Paul Vaillant-Couturier au congrès de Tours. Les deux hommes seront très liés. Paul aidera Nguyen a trouvé un nouveau logement. Marie-Claude Vaillant Couturier, 10 ans après la mort de Paul, en octobre 1937, fut d'ailleurs reçue par Ho Chi Minh à Paris en 1946. 

Pendant les 30 mois qui vont du congrès de Tours à son départ à Moscou, Ho Chi Minh va être un militant assidu du nouveau parti communiste et l'Union Intercoloniale, sorte de filiale non officielle du parti. Au sein de cette mouvance communiste, Ho Chi Minh s'organise avec les militants révolutionnaires colonisés immigrés en France: le Malgache Samuel Stéfany, les Algériens Abdelkader Hadj Ali et Ahmed Bourhala, les Guadeloupéens Elie Bloncourt et Max Clainville-Bloncourt. Il écrit dans le journal anti-colonialiste d'influence communiste Le Paria  hébergé dans les locaux de Clarté, le journal de l'écrivain et intellectuel pacifiste, sympathisant communiste, Henri Barbusse.  

Le Paria lance l'appel: "En face du capitalisme et de l'impérialisme, nos intérêts sont les mêmes; souvenez-vous des paroles de Karl Marx: "Prolétaires de tous pays, unissez-vous!".

Le 22 mai 1922, Nguyen Ai Quoc (Ho Chi Minh) est le principal organisateur d'un meeting de soutien aux patriotes irlandais, 16 rue de la Sorbonne.  La parole y est donnée à un orateur de l'IRA, Robert Benkett. Une semaine plus tard, l'Américain William S. Nelson, de la Negro Associated Press, se voit offrir une tribune pour dénoncer la situation de ségrégation et de racisme violent dont sont victimes les noirs dans son pays. 

 

 

 

lire aussi:

Centenaire du PCF - Ho Chi Minh et le congrès de Tours

Hô Chi Minh - un révolutionnaire made in France (GEO HISTOIRE, mai 2014)

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:34
Photo publiée sur la page Facebook Les Députés communistes avec le communiqué de Marie-George Buffet sur la présentation de son rapport sur la précarité de la jeunesse

Photo publiée sur la page Facebook Les Députés communistes avec le communiqué de Marie-George Buffet sur la présentation de son rapport sur la précarité de la jeunesse

🔴L’ouverture du RSA pour les moins de 25 ans fait l‘unanimité : le gouvernement doit mettre en place cette mesure d’urgence🔴
A l’initiative de Marie Georges Buffet, députée communiste de Seine Saint-Denis, une commission d’enquête parlementaire sur les conséquences de la covid sur les jeunes a été créée au mois de juillet dernier.
Mouvement des Jeunes Communistes (MJCF)
 
[Communiqué de Marie-George Buffet]
Commission d’enquête sur les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse : le rapport est adopté à l'unanimité
J’ai rendu aujourd’hui mon rapport au nom de la commission d’enquête parlementaire pour mesurer et prévenir les effets de la Covid-19 sur les enfants et la jeunesse, après 4 mois de travaux. Voici brièvement ses conclusions principales, en attendant que le rapport soit rendu public.
Tout d’abord, nous avons été alertés tout le long de nos auditions par les mouvements de jeunesse, les syndicats étudiants, les professionnels de l’enfance sur ce déficit de représentation de la jeunesse dans les débats et dans les politiques publiques.
Pour reprendre le terme d’un des auditionnés, nous devons mettre de l’enfance partout.
Plusieurs propositions du rapport vont dans ce sens : renforcement du collège des jeunes dans plusieurs instances comme le HCVA, création d’une délégation permanente à l’enfance au sein de l’Assemblée, participation d’un pédiatre et d’un pédopsychiatre au sein du Conseil scientifique.
Bien que sensiblement préservés, des effets dramatiques de la Covid-19, les conséquences sanitaires sont réelles pour les enfants et adolescents. En effet, les témoignages recueillis font état d’une dégradation de l’état physique de la jeunesse, à raison de deux grands facteurs de risques : en premier lieu, la sédentarité et les déséquilibres alimentaires ; en second lieu, des retards possibles dans la prévention et le suivi des traitements curatifs.
De plus, notre pays souffre d’un déficit très important en pédopsychiatrie. Le nombre de pédopsychiatres a fortement diminué au cours des dernières années : en 2006, près de 1 200 pédopsychiatres formés exerçaient leur activité en France, contre 600 actuellement, et leur moyenne d’âge atteint entre 61 à 62 ans.
Le rapport propose ainsi plusieurs pistes pour remédier à ce déficit, en agissant notamment au niveau de la spécialisation par sa revalorisation.
De même, le soutien psychologique aux étudiants et à leur santé mentale est extrêmement lacunaire, notre pays est très en retard dans ce domaine. Le ratio du nombre d’étudiants par professionnels de santé est préoccupant : le nombre d’étudiants par équivalent temps pleins de médecin de service de santé universitaire atteint 15 813 et le nombre d’étudiants par équivalent temps plein de psychologue est encore plus élevé, avec 29 882 étudiants. Un psychologue pour près 30 000 étudiants alors que les standards internationaux recommandent un ratio de 1 pour 1500.
Concernant la fermeture des établissements scolaires, le constat partagé est celui du creusement des inégalités que cela a entrainé. Les disparités en termes de dotations matérielles, de connaissance du numérique, de conditions de vie ont eu un impact très significatif sur la possibilité ou non, pour les enfants, de continuer à avoir un lien avec l’école, de connaître une véritable continuité pédagogique bien que les équipes pédagogiques aient déployé l’ensemble des moyens mis à leur disposition pour maintenir ce lien. Le rapport propose ainsi un renforcement des efforts dans l’identification des difficultés des élèves et des familles en termes de matériels mais aussi d’illectronisme.
Nous avons tenu collectivement à ce que nos travaux abordent en profondeur la situation des jeunes les plus vulnérables avec leurs problématiques spécifiques et notamment les questions autour de la protection de l’enfance.
Les témoignages recueillis font d’état d’un fort engagement des personnes de l’aide sociale à l’enfance, notamment de la présence renforcée des éducateurs auprès des enfants pris en charge.
Pour les aider dans leurs missions, le rapport propose de renforcer le pilotage national et territorial de la politique de la protection de l’enfance, en réaffirmant l’impératif d’une prise en charge équivalente des enfants sur l’ensemble des territoires. Cet objectif, suppose de réaffirmer le rôle de l’État dans la définition des orientations de cette politique et dans le contrôle de leur mise en œuvre.
La pauvreté infantile atteint 21% des enfants. La crise aggrave les inégalités mais surtout la pauvreté. Les associations caritatives nous ont alerté sur l’urgence de moyens supplémentaires pour aider les ménages pauvres, amplifier la lutte contre la précarité car les enfants sont les premières victimes de la crise économique.
De même, la précarité étudiante, exacerbée par la perte des jobs étudiants, n’aura de cesse de perdurer si nous n’agissons pas structurellement sur l’accompagnement que proposent l’État et les établissements d’enseignement supérieurs, le système de bourses actuel peine à répondre efficacement.
Enfin, l’absence de filet de sécurité pour notre jeunesse nous a été relatée à toutes les auditions si bien que la question des moyens de l’autonomie des jeunes doit être au cœur de notre action et le rapport propose l’engagement d’une réflexion sur les moyens de l’autonomie financière et matérielle des étudiants et l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans.
Jeunesse. Le rapport parlementaire qui sonne l’alarme
Vendredi 18 Décembre 2020 - L'Humanité

Marie-George Buffet a remis le 16 décembre un rapport parlementaire inquiétant sur les conséquences de la crise sanitaire sur les enfants et les jeunes. La députée communiste fait également 80 propositions dont certaines applicables en urgence.

 

Le rapport d’enquête parlementaire remis par la députée (PCF) Marie-George Buffet le 16 décembre donne l’alerte. La jeunesse du pays est durement touchée par la crise du Covid et ses conséquences. « Ils sont au cœur de l’épidémie », prévient la parlementaire : « Ce n’est pas la maladie en elle-même, mais toutes ses conséquences ». Marie-George Buffet explique notamment que lors des auditions menées par la commission d’enquête parlementaire, « les pédiatres ont constaté des prises de poids, de masse graisseuse, une baisse de la capacité physique des enfants. On connaît des cas de malnutrition dans les familles les plus précaires, et chez les étudiants ».

Mais ce qui est encore plus inquiétant selon elle, ce sont les conséquences psychiques. Ces dernières ont déjà été mesurées en pleine augmentation dans la population générale, mais répondent à des problématiques plus spécifiques chez les jeunes. « On ne tient pas compte de la santé mentale dans ce pays », déplore Marie-George Buffet. « Avec le confinement, des enfants sont devant les chaînes d’information en continu, et entendent s’égrener le nombre de morts tous les jours ».

La députée de Seine-Saint-Denis souligne également le problème du rapport au masque : « Des parents d’élève et des enseignants ont attiré notre attention sur le rapport entre l’apprentissage de la parole et les masques. Et au-delà du langage, de la difficulté à appréhender le caractère sérieux ou ironique de celui qui leur parle. Un enfant reconnaît ces choses-là au visage », indique également Marie-George Buffet.

Au-delà de ces constats, son rapport dresse une liste de quelque 80 propositions en faveur de la jeunesse. Certaines sont des mesures d’urgence. « Les vaccinations ont pris du retard, et il va falloir le rattraper chez les jeunes enfants. Nous proposons de débloquer tout de suite 100 millions d’euros pour les PMI dans cet objectif », explique Marie-George Buffet. Mais aussi, « tout de suite, il faut des lieux de parole, où les enfants et les jeunes puissent être accueillis, entendus ». La députée appelle également à « faire très attention aux campagnes de communication, qui ont été très culpabilisantes envers les enfants et les jeunes ».

La commission a également voté à l’unanimité le déblocage en urgence du RSA pour les moins de 25 ans, et demande la création d’un observatoire de la jeunesse alors que les experts auditionnés ont souvent souligné manquer de données chiffrées. La commission a voté, également à l’unanimité, l’interdiction des expulsions de familles avec enfants mineurs, l’augmentation du nombre de médiateurs scolaires auprès des familles les plus isolées, « notamment celles logées par le 115 dans des hôtels sociaux ». Marie-George Buffet a également pointé la « fracture numérique » qui a entraîné un décrochage scolaire. « Distribuer du matériel ne suffit pas », nous explique-t-elle. « On a besoin, sur le long terme, de former à la fois les élèves mais aussi les familles. Si l’on connaît un nouveau confinement en janvier ou en février, les familles démunies seront à nouveau en rupture avec le système éducatif ». Le rapport parlementaire présenté par Marie-George Buffet propose également de « faire entrer un pédopsychiatre dans le Conseil scientifique ».

Diego Chauvet

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:34
Centenaire du PCF. Fabien Roussel : « Le communisme, c’est la jeunesse du monde »
Vendredi 18 Décembre 2020 - L'Humanité

À quelques jours du 100e anniversaire du congrès de Tours, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a livré ce jeudi sur la Toile un discours pour célébrer la riche histoire de son parti « avec les yeux braqués sur le présent et vers l’avenir ».

 

Souffler sa centième bougie est une occasion qui ne se manque pas. Malgré la pandémie, le PCF s’organise pour célébrer comme il se doit les 100 ans du congrès de Tours, qui lui a donné naissance sous le nom alors de Section française de l’Internationale communiste. Avec un peu d’avance, le rendez-vous de 1920 ayant eu lieu du 25 au 30 décembre, son secrétaire national, Fabien Roussel, a prononcé un discours ce jeudi, estimant qu’au-delà du siècle écoulé, « cette fête est celle d’un commencement ». « En 2020 comme il y a cent ans, le communisme, c’est la jeunesse du monde. Et face au vieux système capitaliste, nous avons besoin d’idées radicalement nouvelles », a-t-il lancé lors d’une allocution depuis le siège de la place du Colonel-Fabien retransmise – Covid oblige – sur les réseaux sociaux. Une fête « avec les yeux non pas tournés vers le passé, mais braqués sur le présent et vers l’avenir », a-t-il insisté dans la foulée.

Un engagement internationaliste bien de notre temps

Qui dit anniversaire dit néanmoins détour par l’histoire, surtout lorsque, comme celle du PCF, elle est faite de combats emblématiques et de conquêtes sociales qui ont marqué la France au fil des décennies. « C’était déjà l’urgence du présent qui présidait le congrès de Tours, quand le Parti communiste s’est créé sous la banderole “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !” », a ainsi estimé Fabien Roussel, rappelant qu’après « l’horreur de la Première Guerre mondiale, il s’agissait de garantir pour de bon la paix entre des peuples que l’impérialisme montait les uns contre les autres, de tourner la page d’un capitalisme broyant les vies humaines ». D’une guerre à l’autre, « c’est cette volonté de changer le cours du monde, d’être tout simplement utile qui hante encore le jeune Guy Môquet, lycéen de 17 ans, à la veille de son exécution par les nazis, le 22 octobre 1941, dans sa dernière lettre », note le député du Nord. Parmi ces grandes conquêtes, sont égrenés les congés payés de 1936, la création de la Sécurité sociale portée par le ministre communiste Ambroise Croizat ou encore le droit de vote des femmes inscrit dans la loi en 1944 par un amendement de Fernand Grenier. « C’est Étienne Fajon, autre député communiste, qui proposera en 1946 de graver dans le marbre de notre Constitution la laïcité », ajoute Fabien Roussel en écho aux débats des dernières semaines autour de la loi « confortant les principes républicains », au cours desquels le PCF a dû essuyer des accusations en complicité avec les tenants de l’islamisme. Mais ce sont aussi « 1968 et le rôle majeur des communistes, au côté des syndicats et de la jeunesse, dans les conquêtes sociales du printemps dont une hausse du Smic de 35 % » et « 1981 et la victoire de la gauche grâce au score de 15 % de Georges Marchais avec un projet ambitieux pour le monde du travail » qu’évoque également Fabien Roussel, retraçant l’histoire de son parti.

Le communisme municipal à la pointe du progrès social

Une centaine d’années par ailleurs marquée par un engagement internationaliste à travers la lutte pour la décolonisation et les indépendances ou encore contre l’apartheid. Des combats eux aussi bien de notre temps : « C’est le même engagement que nous avons aujourd’hui pour demander la libération de Marwan Barghouti, le député palestinien enfermé dans les geôles israéliennes, ou pour mettre fin au blocus contre le peuple cubain », a expliqué le parlementaire, soulignant au passage les batailles livrées contre l’Europe du fric, et notamment celle, victorieuse en 2005, contre le traité constitutionnel.

Autre pilier de l’histoire du PCF : le communisme municipal. « Notre honneur, hier comme aujourd’hui, c’est l’engagement des maires communistes, à la pointe du combat pour créer des logements sociaux de qualité ou des centres médicaux de santé, pour développer la culture et l’éducation populaire, pour favoriser la diversité et la mixité sociale, pour permettre à tous les enfants de partir en vacances, pour garantir à chaque citoyen les mêmes droits », a salué l’élu du Nord. « Rien que dans la période qui s’étend de 1965 à aujourd’hui, environ 2 900 communes ont eu à un moment ou un autre un maire communiste ou apparenté, ce qui représente 10 millions d’habitants », selon les calculs de l’historien Roger Martelli. Aujourd’hui encore, l’une des forces du PCF réside dans son réseau de militants et d’élus, avec 50 000 adhérents, 660 maires à l’issue du dernier scrutin municipal et des « milliers d’élu-es locaux, départementaux, régionaux ».

À l’heure où les lieux de culture ont porte close, c’est en pointant les liens entretenus par son parti avec le monde de la création – de Picasso à Éluard en passant par Ferrat – que Fabien Roussel a saisi l’occasion de dénoncer les décisions de l’exécutif en la matière. « Quelle honte de voir le gouvernement décréter, lorsque des mesures de restriction sanitaire s’imposent, que la culture n’est pas indispensable », a-t-il taclé.

« Nous portons l’objectif d’éradiquer le chômage et la pauvreté »

Au-delà de la culture, la crise sanitaire met en relief « l’actualité » du communisme sur bien d’autres terrains, a encore assuré Fabien Roussel – arrivé à la tête de son parti en 2018 sur le thème « PCF is back », un slogan décliné lors des européennes de 2019 en « Red is the new green ». « Jamais les inégalités, les injustices, les espoirs d’un monde de justice, de paix, de fraternité, écartant les menaces climatiques, préservant la planète, jamais ces colères et ces espoirs n’ont été aussi forts », a-t-il martelé, voyant dans le communisme « la réponse pertinente à un système économique qui menace la civilisation humaine comme le climat ». Face aux « centaines de milliers de salariés qui reçoivent en ce moment même leur lettre de licenciement », a-t-il poursuivi, « nous portons l’objectif pour notre pays d’éradiquer le chômage et la pauvreté, de garantir à chacun un emploi, une formation, un salaire tout au long de sa vie » et de « donner plus de pouvoir, plus de droits à tous ceux et toutes celles qui créent les richesses par leur travail, quand une minorité les accapare ». Fustigeant les « authentiques vieillards » que sont « les Bernard Arnault, les Jeff Bezos et autres Bill Gates », c’est à leur reprendre le pouvoir qu’appelle le secrétaire national du PCF, dans une lutte des classes des plus acharnées, malgré tous les discours aimant à faire croire à sa disparition. En somme, conclut Roussel : « C’est le capitalisme qui a fait son temps. Une nouvelle ère doit s’ouvrir. Et le communisme est le nom de cet espoir pour l’humanité. »

À l'occasion du centenaire du congrès de Tours et de la création du PCF, l’Humanité publie Besoin de communisme, un hors-série qui explore le passé, le présent et l’avenir de cette visée « commune », plus que jamais nécessaire face aux crises sociales et environnementales. Un numéro exceptionnel à commander ici.

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 08:32
Marcel Paul, ministre communiste à l'origine d'EDF-GDF et de la nationalisation de l'énergie: l’énergie ouvrière chevillée au corps (Alexandre Courban, L'Humanité, samedi 19 décembre)
Marcel Paul, l’énergie ouvrière chevillée au corps
Samedi 19 Décembre 2020

Abandonné par une mère dans l’indigence, le jeune pupille, décidé à s’extirper de sa condition de valet de ferme, embrasse la carrière d’électricien. Et la cause ouvrière. Communiste, syndiqué, résistant... En 1945, le « pitau » devenu ministre nationalise l’énergie française. Ainsi naquit EDF-GDF.

 

On a longtemps imaginé que Marcel Paul est né le jour de l’anniversaire de la prise de la Bastille. Sa mère l’aurait abandonné parce qu’elle était célibataire, contrainte d’agir ainsi pour survivre dans une société masculine profondément inégalitaire. Sa mort, survenue le 11 novembre 1982, jour de la commémoration de la Première Guerre mondiale, quelques heures après qu’il a participé avec le président de la République, François Mitterrand, à la cérémonie officielle à l’Arc de triomphe – bien qu’éclipsée par celle du dirigeant soviétique Leonid Brejnev –, contribua à nourrir la légende de l’homme. Celle d’un ouvrier devenu ministre à la Libération, légitimé par son action dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, considéré – à raison – comme le père de la nationalisation du gaz et de l’électricité et du statut national personnel des industries électriques et gazières.

L’accès à de nouvelles archives, publiques et privées, a permis de régénérer les travaux pionniers de Pierre Durand (1) et de René Gaudy (2), et de renouveler l’approche biographique de ce militant parmi les militants.

Confié à l'Assistance publique

L’ouverture des archives de l’Assistance publique de l’ancien département de la Seine permet de mieux connaître son enfance. Marcel Paul est né le 12 juillet 1900. Son père, qui se prénomme également Marcel, est originaire de l’ouest de la France, il est né en Dordogne en 1878. Sa mère, Marie Dubois, est également originaire de l’ouest de la France, née en 1877 en Ille-et-Vilaine. On ignore tout de leur rencontre. La jeune couturière déclare être arrivée à Paris en 1898. Le concierge de l’immeuble atteste dans les semaines qui suivent la naissance de Marcel Paul qu’elle a toujours eu une très bonne conduite.

 

Toujours est-il que Marie Dubois accouche seule à la maternité du boulevard de Port-Royal. Son compagnon est alors sous les drapeaux depuis huit mois. Ils ne sont pas mariés. Les parents du jeune conscrit se ­seraient opposés pendant plusieurs années à leur union. Ce n’est qu’en 1905 que Marcel Paul et Marie Dubois se marient à Paris, trois ans après le décès du père de Marcel Paul, un an après avoir obtenu le consentement de leurs mères respectives. Trois jours après la naissance de son fils, Marie Dubois explique à un employé du service des enfants assistés du département de la Seine qu’elle ne gagne pas suffisamment d’argent pour placer son fils en nourrice, ce qui l’oblige à le confier à l’Assistance publique. Elle aurait été informée que « l’admission d’un enfant à l’hospice des enfants assistés ne constituait pas un placement temporaire, mais bien un abandon, et que les conséquences de cet abandon étaient les suivantes : ignorance absolue des lieux où l’enfant serait mis en nourrice ou placé ; absence de toute communication, même indirecte, avec lui ; nouvelles de l’enfant données tous les trois mois seulement et ne répondant qu’à la question de l’existence ou du décès ».

Un petit valet de ferme qui rêve d'aviation

Marcel Paul est alors envoyé dans le département de la Sarthe. Il est d’abord placé chez un couple de journaliers, puis chez une autre nourrice, veuve, dans le village de Moncé-en-Belin, où une plaque commémorative apposée depuis sur une façade rappelle sa présence en ce lieu. Marcel Paul semble avoir considéré et aimé sa nourrice comme sa mère. Quant à sa mère biologique, elle regrette presque immédiatement son geste. Pendant vingt ans – ce que nous ignorions jusqu’à présent –, Marie Dubois s’est battue pour retrouver son fils, quand bien même ses multiples démarches ont été compliquées. Il est facile d’imaginer ce que peut représenter pour quelqu’un ne maîtrisant pas correctement la langue française à l’écrit – comme le montrent les lettres conservées dans les archives – de contacter l’administration, et qui plus est pour une femme confrontée au regard d’une décision forcément masculine.

Marcel Paul aspire à devenir typographe. La déclaration de guerre, en août 1914, bouleverse son projet.

Comme l’a écrit René Gaudy dans la notice biographique rédigée pour le Maitron en ligne, « le petit pupille de l’Assistance publique prend goût à l’école grâce à son instituteur » (2). En juin 1913, Marcel Paul passe avec succès les épreuves du certificat d’études primaires. Il est même reçu parmi les premiers, ce qui aurait causé médisance et jalousie de la part de quelques notables du village. Marcel Paul aspire alors à devenir typographe. La déclaration de guerre, en août 1914, bouleverse son projet. Âgé de 13 ans, il devient valet de ferme. Pendant quatre ans, il travaille dans différentes exploitations agricoles, tout en caressant à plusieurs reprises le rêve d’intégrer une école d’aviation pour devenir mécanicien.

Engagé dans la Grande Guerre

En avril 1919, Marcel Paul change radicalement d’existence. Contrairement à ce qui a été écrit jusqu’à présent, le jeune pupille décide de son propre chef de s’engager dans l’armée pour quatre ans. Il se rend à la mairie du Mans pour signer son engagement, puis il rejoint le 2e dépôt des équipages de la flotte à Brest. Cette caserne est à la fois un lieu de transit pour les marins en attente d’une affectation ou d’un embarquement et un centre de formation de la marine. Marcel Paul témoignera par la suite avoir pris part à la deuxième vague de mutinerie qui touche, en juin 1919, les ports et arsenaux français, en écho à la révolte des marins français de la mer Noire, entre autres hostiles à l’intervention militaire française contre les bolcheviks et la révolution russe.

Membre du Parti communiste, il exerce successivement différentes responsabilités syndicales durant l’entre-deux-guerres.

En avril 1922, Marcel Paul est démobilisé. Titulaire du brevet élémentaire d’électricien, il se rend aussitôt à Paris pour toucher son compte de pupille. Il travaille d’abord dans une entreprise de travaux publics. Il se syndique alors à la Confédération générale du travail unitaire (CGTU). Il est ensuite embauché à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP). Il travaille quelques mois comme monteur au sein du service électrique, où il est chargé de l’entretien des lignes aériennes du tramway. Il est par la suite recruté comme électricien à la Compagnie des compteurs, à Montrouge. Il intègre enfin la Compagnie parisienne de distribution électrique (CPDE), en 1924, comme releveur de compteurs. Membre du Parti communiste, il exerce successivement différentes responsabilités syndicales durant l’entre-deux-guerres, jusqu’à devenir à l’époque du Front populaire secrétaire général de la fédération de l’éclairage de la CGT réunifiée, jusqu’à la signature du pacte germano-soviétique et au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

De Buchenwald au Comité central

Marcel Paul est l’un des pionniers de la Résistance. Il déploie une ligne d’union populaire à laquelle il restera attaché toute sa vie, indépendamment des vicissitudes idéologiques. En novembre 1941, il est arrêté par la police française à la suite d’une dénonciation qui le conduit des prisons de Vichy au camp de Buchenwald, où il est déporté en avril 1944. Très vite, il participe à l’organisation de la Résistance dans ce camp de travail forcé, aux côtés du colonel Henri Manhès, l’ancien adjoint de Jean Moulin en zone nord. Tout porte à croire que, par son action rassembleuse, Marcel Paul a contribué à inclure à la fois des individus considérés comme des « ennemis du parti », à l’image des militants trotskystes, ou des « adversaires du parti », comme les francs-maçons, sans même parler de dirigeants patronaux, tel l’ingénieur Marcel Bloch qui prendra après la guerre le nom de Marcel Dassault.

La libération de Buchenwald inaugure pour Marcel Paul une période d’activité intense. Cette soudaine notoriété le conduit à être élu au comité central du Parti communiste, lors du Xe congrès, réuni à Paris en juin 1945. Il intègre dans la foulée l’Assemblée consultative, avant d’être élu député de la Haute-Vienne en octobre 1945.

La bataille de la nationalisation

Un mois plus tard, l’ancien secrétaire de la fédération CGT de l’éclairage devient ministre de la Production industrielle du gouvernement formé par le général de Gaulle – qui comprend quatre autres ministres communistes : Maurice Thorez, Ambroise Croizat, François Billoux et Charles Tillon. Marcel Paul s’engage dans une nouvelle bataille : celle de la nationalisation du gaz et de l’électricité, conformément au programme du Conseil national de la Résistance. Si les actionnaires des anciennes sociétés privées sont indemnisés à hauteur de 1 % des recettes annuelles de la future entreprise publique, les salariés du nouveau groupe industriel public disposeront également de la même somme pour développer leurs œuvres sociales dans un futur organisme à mettre en place. La loi est promulguée le 8 avril 1946.

Par ailleurs, Marcel Paul parvient deux mois plus tard à signer le décret approuvant le statut national du personnel des industries électriques et gazières, qui prévoit la création du Conseil central des œuvres sociales (CCOS), qu’il est amené à présider début 1947, après son départ du gouvernement.

Syndicalisme à bases  multiples

En quelques mois, ce comité d’entreprise hors normes, mis en place en janvier 1947 – uniquement géré par les représentants du personnel –, met en œuvre ce que le secrétaire de la CGT Benoît Frachon avait défendu plus d’une fois durant l’entre-deux-guerres : le syndicalisme à bases multiples. Il s’agissait alors d’être utile, au quotidien, aux ouvriers, en leur proposant des services souvent inexistants dans le domaine de la formation, de la santé ou de la culture, sans pour autant renoncer à la lutte revendicative (3). La priorité est alors donnée aux enfants de 6 à 14 ans, qui ont la possibilité de partir un mois en vacances à la campagne, à la mer ou à la montagne. Renouant avec la tradition des coopératives de consommation, le CCOS affirme sa volonté de donner accès aux produits de première nécessité, alors même que la France connaît encore des restrictions importantes. Enfin, dans la lignée du mouvement mutualiste, le CCOS accompagne la création et la mise en place de la Sécurité sociale portée par Ambroise Croizat, autre ministre communiste issu des rangs de la CGT. Par ailleurs, Marcel Paul n’hésite pas à engager le CCOS dans la cogestion de l’appareil de production énergétique français, contribuant à verser en 1950 le reliquat des sommes non dépensées pour la construction de barrages.

Face aux manœuvres droitières

Les activités sociales de l’énergie sont rapidement mises sur la sellette, ne serait-ce que pour la capacité d’entraînement que représente ce modèle aux yeux des adversaires des conquêtes ouvrières et du progrès social. Les forces de droite – politiques et économiques –, dans le contexte de la guerre froide, manœuvrent pour mettre un terme à cette expérience concrète visant à l’émancipation des ouvriers et de leurs familles. Le 17 février 1951, le gouvernement de René Pleven dissout le CCOS.

Par la suite, Marcel Paul redevient secrétaire de la fédération CGT du personnel de l’énergie électrique, nucléaire et gazière, qui s’avère incontournable au sein d’EDF-GDF. Mais la guerre d’Algérie, qui éclate le 1er novembre 1954, l’entraîne dans une nouvelle crise qui se soldera neuf ans plus tard par le départ de Marcel Paul, évincé par une équipe de quadragénaires comprenant Roger Pauwels, René Le Guen, Pierre Delplanque et Claude Flandre.

Marcel Paul consacre alors la fin de sa vie à une autre fédération : celle des déportés, internés, résistants et patriotes (FNDIRP), dont il est cofondateur.

(1) « Marcel Paul. Vie d’un “pitau” », de Pierre Durand. Temps actuels, 1983. (2) Notice Marcel Paul par René Gaudy sur le site du Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article50530. Version mise en ligne le 6 juin 2009, dernière modification le 11 novembre 2020. (3) Voir l’exemple des métallurgistes de la région parisienne dans « Solidarité ! », le livre-DVD retraçant l’histoire de l’Union fraternelle des métallurgistes, de Mathilde de Romefort et Alexandre Courban. UFM-CGT, 2015.
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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 12:21
Atteintes aux libertés publiques. Acte II: le retour d'Edwige - Par Jeremy Bacchi, sénateur communiste des Bouches du Rhône
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13 décembre 2020 7 13 /12 /décembre /2020 08:28
Un candidat PCF à la présidentielle ? Les adhérents trancheront en mai - Julia Hamlaoui, L'Humanité, 12 décembre 2020 - et Ouest-France, 12 décembre 2020
Un candidat PCF à la présidentielle ? Les adhérents trancheront en mai
Samedi 12 Décembre 2020 - L'Humanité

Le conseil national du PCF a défini ce samedi son calendrier en vue des échéances de 2022. Une conférence nationale les 10 et 11 avril puis un vote des adhérents du 7 au 9 mai détermineront qui sera le candidat des communistes à la présidentielle.

 

Une décision rapide mais pas précipitée. C’est l’équilibre vers lequel espèrent tendre les communistes avec le calendrier qu’ils ont arrêté, lors de leur Conseil national ce samedi, pour les décisions relatives aux législatives et à la présidentielle de 2022. Tandis que les socialistes patientent, que les écologistes devraient laisser passer les régionales, que les insoumis ont déjà leur candidat Jean-Luc Mélenchon, les adhérents du PCF seront appelés à faire leur choix au printemps prochain.

La situation de crise appelle « non seulement à montrer que le changement est possible mais qu’il est indispensable de rompre avec le système capitaliste », a jugé samedi le secrétaire national du PCF Fabien Roussel avant d’entrer dans le vif du sujet. « Une attente forte s’est exprimée d’avoir une parole, une visée, un programme communiste à l’occasion de ces élections et nous avons mis en débat la possibilité de proposer une candidature communiste ouverte et rassembleuse. Pour cela nous avons défini un calendrier pour instruire ce débat », a-t-il résumé, insistant sur la volonté de « lier intimement élections présidentielle et législatives, avec l’objectif d’avoir le plus de députés communistes à l’Assemblée nationale ».

« Jean-Luc Mélenchon ou un candidat communiste »

Concrètement, une conférence nationale avec des délégués de chaque département se réunira les 10 et 11 avril pour adopter le projet que défendra le PCF et définir si celui-ci doit être incarné lors de la présidentielle par un communiste ou un candidat issu d’autres rangs. Mais ce sont les militants qui arrêteront le choix définitif par un vote organisé entre les 7 et 9 mai. Ce choix mettra en balance des noms définis après un appel à candidature interne, probablement « Jean-Luc Mélenchon ou un candidat communiste », selon Fabien Roussel. « Cette conférence nationale aura à son ordre du jour l’adoption d’abord d’un projet pour notre pays, et ensuite nous voulons lier élections législatives et présidentielle. Pour porter ce combat nous poserons la question de l’utilité ou pas d’avoir un candidat communiste lors de la présidentielle 2022 », a encore détaillé le député du Nord samedi à l’occasion d’une conférence de presse aux côtés du président du Conseil national de la formation, Pierre Laurent. « Quelles que soient les opinions sur le choix final, il y a une volonté unanime d’éclaircir ce débat relativement rapidement », a souligné ce dernier tout en précisant que « c’est maintenant que va s’engager la discussion sur le fond du choix et du sens d’une éventuelle candidature ». Un débat qui lors de la dernière présidentielle avait créé de nombreuses tensions.

Un projet présenté en mars

Lors du dernier congrès en 2018, Fabien Roussel a été élu à la tête du PCF en partie sur l’idée que des candidatures communistes sont nécessaires lors des scrutins nationaux. Pour l’instant, il n’a pas souhaité faire part de sa position. « Je m’exprimerai le moment venu », a-t-il déclaré refusant également de se prononcer sur son souhait éventuel de se présenter lui-même. « Je fais le choix pour l’instant de me préoccuper du contenu, du projet », a-t-il expliqué. Pour élaborer ce texte appelé à devenir le programme du PCF, une commission d’une vingtaine de membres « assez représentatifs de la diversité » du PCF, selon l’expression de Pierre Laurent, a été élue ce week-end et sera codirigée par Éliane Assassi, sénatrice de Seine-Saint-Denis, et Christian Picquet, membre de l’exécutif national. « Ce projet sera soumis aux communistes au mois de mars et il viendra enrichir la plateforme de propositions que nous avons mise en place depuis quelques semaines », a également précisé Fabien Roussel qui assure à propos de la candidature que, quel que soit le choix retenu, il sera « conduit jusqu’au bout ».

Quant au congrès initialement prévu au printemps, jugé trop lourd à organiser dans un contexte sanitaire incertain et alors que les régionales et départementales auront très certainement lieu en juin, il serait reporté à l’automne. Mais, a prévenu Fabien Roussel, « nous avons prévu une clause de revoyure au premier semestre 2021 pour dire si nous le tiendrons bien à l’automne ou si on le repousse un peu plus tard, voire après 2022 ».

Présidentielle. Les communistes se préparent pour 2022

Ouest-France, Yves-Marie Robin, 11 décembre

Le PCF devrait présenter un(e) candidat(e) à la prochaine présidentielle. Le secret est bien gardé, mais il est de polichinelle.

Ils n’ont plus présenté de candidat attitré depuis 2007 et la participation de l’ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet. Quinze ans plus tard, les communistes pourraient prendre part à l’élection présidentielle de 2022. Le sujet est d’ailleurs à l’ordre du jour d’une réunion du parti ce samedi. « Nous allons arrêter un calendrier. Le choix de présenter ou de ne pas présenter un candidat se fera au printemps », indique Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF

Leur propre candidat

Pas de décision donc avant plusieurs mois. Du moins officiellement. Les communistes ont envie d’avoir leur propre candidat à la prochaine présidentielle et ils ne se privent pas de l’annoncer. « Je sens une colère très forte, une pauvreté qui monte comme jamais, des licenciements insupportables… Oui, ça pousse pour qu’il y ait une candidature communiste », note Fabien Roussel.

 

Après celle de Jean-Luc Mélenchon et celle attendue chez les écologistes, la candidature du PCF sonnera donc le glas de l’idée de gauche unie au premier tour face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen. « Il est important que chaque force politique de gauche reconquière son propre électorat, poursuit Fabien Roussel. Nous voulons reconstruire un parti communiste fort. »

 

« Besoin d’union en vue des élections »

Au détriment de l’union de la gauche ? « Le dialogue doit se poursuivre avec les Verts, le PS et LFI. Nous aurons besoin d’union en vue des élections suivantes. » À commencer par les législatives, l’autre échéance importante pour Fabien Roussel, si ce n’est la majeure. Le patron du PCF entend reconstituer un groupe communiste fort au Palais Bourbon. Entre LFI et le PCF, le duel s’annonce serré pour conquérir l’électorat ouvrier.

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13 décembre 2020 7 13 /12 /décembre /2020 08:21
Nous avions un conseil national du PCF ce 12 décembre à distance et en viseo conférence, auquel ont participé environ 160 camarades de toute la France, membres du CN et secrétaires départementaux.
La conférence nationale sur la séquence Présidentielles et Législatives, notre projet et notre stratégie, est fixée les 10-11 avril, avec vote des communistes du 7 au 9 mai sur l'option retenue pour les présidentielles par les délégués de la conférence nationale (stratégie, choix d'avoir un candidat ou non, choix du candidat). Pour le congrès national, le 39e congrès du PCF, 3 ans après le 38e congrès clôture en novembre 2018, il devrait avoir lieu du 5 au 7 novembre 2021, avec un vote de la base commune les 3 et 4 juillet au CN, et une date limite d'éventuels textes alternatifs le 8 août.
Les congrès de section seraient à organiser entre le 9-10 octobre et le 16-17 octobre 2021.
Les congrès de fédérations entre les 23-24 octobre et 30-31 octobre 2021.
Toutes ces dates sont posées sous réserve de l'évolution de la situation sanitaire et d'un éventuel décalage des élections départementales et régionales qui devraient avoir lieu selon toute vraisemblance fin juin 2021.
J'ai eu l'honneur que l'on me propose de participer à la commission de transparence des débats du 39e congrès au côté de Marie-Jeanne Gobet, Emilie Le Croq, Véronique Mahé, Elisabeth Margars, Sarah Misslin, Nicolas Cossange, Denis Durand, Yann Le Pollotec, Yannick Monnet. 
Je suis intervenu hier midi à ce CN en viseo conférence (juste après la prise de parole de Fabien Roussel).
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF, membre du Conseil National 
***
Intervention Ismaël Dupont(CN du 12 décembre 2020)
"Je voulais d’abord exprimer le fait que j’apprécie le rapport présenté par Marie-Jeanne Gobert et le travail réalisé pour y aboutir qui restitue bien les échanges avec les secrétaires départementaux, du moins celui organisé avec ceux de Bretagne auquel j’ai pu assister, et que je suis d’accord avec la proposition de calendrier, prévoyant une conférence nationale et un choix d’orientation assez proche sur les présidentielles et les législatives, et un congrès en novembre 2021. Cela me semble important que notre congrès ait lieu en 2021, l’année de notre centenaire, même si le calendrier est serré. Je pense que cela n’exclut pas une mise en dynamique du parti dans un contexte de pré-campagne. Il est souhaitable et logique dans la période que nous vivons de rendre possible une candidature communiste aux élections présidentielles. Nous ne devons pas à nouveau subir en spectateurs les évènements, cette séquence politique qui est celle où les Français sont les plus réceptifs aux enjeux politiques et où ils peuvent se mettre en mouvement, adhérer, être acteurs. Une candidature communiste aux présidentielles donnerait de la visibilité et de l’incarnation à nos idées, ce pourrait être un moment d’éducation populaire, de sensibilisation au fait qu’une alternative existe à cette société là, où la xénophobie se renforce, comme le recul des libertés, la casse des services publics et des droits sociaux, l’atomisation de la société, le développement des inégalités et de la pauvreté. 1 million de chômeurs en plus, 1 million de pauvres en plus, depuis le début de la Covid, et pendant ce temps, les actionnaires du CAC 40 voient leurs profits grimper comme jamais, les 25 milliardaires les plus riches de la planète ont gagné en moyenne chacun 10 milliards d’euros en à peine 3 mois de pandémie entre avril et juillet. L’état du monde et de la société française exigent un PCF et un mouvement communiste qui redevienne un repère politique et moral, qui mette en marche son organisation, mobilise autour de lui et se renforce. Une victoire de la droite et une progression de l’extrême-droite, dans le pire des scénarios, rendraient notre présence bien identifiée et notre force militante tout aussi nécessaires. Seule notre organisation, et non les autres forces de gauche, de nature sociale-démocrates, et qui poursuivent d’autres objectifs, fait de la lutte contre le capitalisme et de son dépassement la mère de toutes les batailles. Or, c’est bien l’origine des crises multiples que nous subissons. Fabien Roussel, qui a été encore excellent ce matin sur France Inter, ferait un très bon candidat, incisif avec calme, humour et détermination, capable de parler aux cœurs. Autour de moi, j’ai plusieurs amis ou proches qui, sans être communistes ou voter le plus fréquemment pour nous, m’ont dit qu’ils voteraient cette fois-ci pour notre candidat si nous en avons un, et qu’ils ne se revoyaient pas voter Mélenchon. La donne a changé depuis 2017. Dans le même temps, je pense que lancer une candidature communiste n’exclut pas de continuer à faire des gestes politiques pour construire du rassemblement aux législatives, et de se déclarer disponibles pour bâtir les bases d’un contrat de majorité et de gouvernement avec l’ensemble de la gauche et des écologistes, démarche qui si elle aboutissait à un projet satisfaisant, et pour pour donner une chance à une victoire de la gauche en 2022, justifierait qu’on puisse revoir notre position en cours de route."
Retour sur le Conseil National du PCF du 12 décembre 2020 - Lancement des travaux du 39e congrès (novembre 2021) et du processus de décision de notre stratégie pour les présidentielles 2022 (avril et mai 2021)
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12 décembre 2020 6 12 /12 /décembre /2020 06:31
L'Humanité publie un hors-série "Besoin de communisme" à l'occasion des 100 ans de la création du Parti communiste (SFIC) à la suite du Congrès de Tours
A l'occasion du centenaire du congrès de Tours et des cent ans du PCF, propose un hors-série exceptionnel "Besoin de communisme" avec un extrait inédit du philosophe Lucien Sève, des entretiens, des rencontres et plus de quarante contributions et expériences alternatives...
 
Le communisme, toujours aussi indispensable
Vendredi 11 Décembre 2020
À l’occasion des 100 ans du congrès de Tours et de la création du PCF, l’Humanité publie un hors-série exceptionnel qui explore le passé, le présent et l’avenir de cette visée « commune », plus que jamais nécessaire face aux crises sociales et environnementales.
 

Besoin de communisme. Cent ans après le fameux congrès de Tours, qui entérina la scission de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et la création, de fait, du PCF, l’affirmation garde toute sa pertinence. À l’époque, l’adhésion à la IIIe Internationale l’emporta face à la décomposition de socialistes qui s’étaient compromis dans la boucherie de 14-18. Un siècle plus tard, les boutefeux n’ont pas disparu. Et ce besoin de communisme encore moins. Aujourd’hui, d’autres guerres ont succédé aux conflits sanguinolents dans les tranchées boueuses. Un capitalisme exploiteur, prédateur et destructeur étend le domaine marchand, fait régner l’argent-roi, individualise les rapports humains, exacerbe les inégalités sociales, attise les démons nationalistes et nourrit, par son avidité, une crise environnementale aux conséquences incalculables.

Il y a urgence à résister, urgence à réfléchir à d’autres perspectives qui mettent en avant le bien commun, la solidarité, l’émancipation de chacun. Il y a urgence à comprendre que le communisme, contrairement à ce que certains s’échinent à répéter, n’est pas une vieille lune utopiste ou un modèle politique totalitaire. Il n’est pas une idée qui s’impose mais une visée dont on dispose. Et sans doute une partie de la réponse aux crises sociales et écologiques qui menacent le monde. C’est toute l’ambition de ce hors-série « Besoin de communisme » que publie  l’Humanité à partir de ce vendredi. Une parution qui balaie le passé, le présent et l’avenir de cette idée « commune » dont on ne cesse de constater l’urgente nécessité.

Une visée universelle et d’espoir

Un premier chapitre revisite cette histoire tumultueuse. De quand date le communisme ? De Marx, répondront beaucoup. De toujours, pourraient rétorquer d’autres, tant les idées fondatrices de propriété partagée, de mutualisation, de lutte contre l’exploitation ont traversé les siècles. Dès la préhistoire, des formes d’organisations collectivistes, basées sur l’entraide, s’imposent face à l’adversité de la nature. L’idée communiste a irrigué autant qu’elle s’est nourrie du siècle des Lumières, pour finalement être élevée par Marx et Engels au rang de visée politique universelle et d’espoir inédit pour la classe ouvrière. Elle fut, au XXe siècle, à la fois une lueur pour des peuples opprimés, un combat contre le fascisme, une source de progrès sociaux, mais aussi un prétexte à des dérives dictatoriales qui ont marqué au fer le mot même de communisme.

D’aucuns aiment « dater » la fin du communisme en pointant 1989 et l’écroulement du régime soviétique. Mort le communisme ? Ben voyons. En vérité, l’idée communiste reste bien vivante. Elle a profondément marqué – et marque encore tous les jours – de son empreinte nos sociétés. Le deuxième chapitre de ce hors-série raconte ce « communisme en actes » qui inspire, parfois à l’insu de ceux qui les réalisent, de multiples initiatives et pratiques politiques. Il irrigue la lutte contre le capitalisme et l’écrasement des peuples que portent les mouvements altermondialistes depuis une vingtaine d’années. Il vit dans ces démarches d’élus qui municipalisent la gestion de l’eau, promeuvent la gratuité, entraînent leurs concitoyens dans la lutte contre les emprunts toxiques. Il prend sens avec ces paysans refusant le système consumériste, avec ces organisations d’entreprise basées sur le pouvoir des salariés. Il perdure dans la Sécurité sociale et ces autres conquis que les néolibéraux s’échinent à détruire.

Ce hors-série ouvre aussi des perspectives. Que pense la jeunesse du mot « communiste » ? Comment les militants du PCF vivent-ils leur engagement ? Le troisième chapitre explore, avec ses tables rondes, ses contributions et un texte inédit du philosophe Lucien Sève, l’avenir de l’idée communiste, sa capacité à représenter une solution face aux défis environnementaux, économiques et démocratiques. Un besoin, aussi pressant que présent.

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