Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 février 2023 4 23 /02 /février /2023 12:31
Envolée des prix de l'électricité et du gaz, marché de l'énergie: l'immense gabegie!

Envolée des prix de l’électricité et du gaz, marché de l’énergie: l’immense gabegie!

La crise énergétique bat son plein. Les coûts de l’énergie explosent mettant en grande difficulté les particuliers, comme les entreprises et les collectivités. Le gouvernement fait mine d’aider, un peu et de manière insuffisante, tout en refusant de s’attaquer aux causes réelles du problème.

Pour certains ménages, la situation est dramatique: les 2/3 des ménages en électrique sont en tarif réglementé et 1/4 des ménages pour le gaz.

Cela veut dire que nombre de familles subissent, comme les entreprises, la folie du marché et ce d'autant que les démarcheurs commerciaux des énergéticiens ont pour tradition d'aller dans les quartiers populaires depuis la libéralisation car cela leur est plus facile de convaincre de changer d'opérateurs et d'abonnement chez les personnes âgées, ou chez les personnes aux revenus les plus modestes, ou encore par téléphone. Et le tarif réglementé du gaz s'arrête cet été.

Citons l'exemple d'une dame à Brest qui a une facture de régularisation 2022 de Total énergie de 6000€ (elle a déjà payé 2000 euros) alors qu'elle travaille en temps partiel subi. Son KwH est à 50 centimes TTC et 18 centimes pour le tarif réglementé sans même avoir 18 degrés dans son logement.

Pensons aussi au cortège de drames des fermetures de boulangeries ou d'industries, dues à l'augmentation faramineuse du coût de l'énergie, et au chômage qui peut suivre.

Le coût de l'énergie en France qui devient plus élevé que les coûts salariaux aura des effets dissuasifs pour les investisseurs.

Les conséquences catastrophiques de cette gabegie sur notre société toute entière sont à relever, avec l'inflation généralisée des prix et des répercussions sur les particuliers, l'économie, les collectivités, les industries et l'artisanat, le chômage, l'écologie...

La guerre en Ukraine n'étant qu'un prétexte révélateur et la cause véritable la spéculation capitaliste qui a trouvé un espace de profitabilité extrême dans le secteur de l'énergie privatisé et libéralisé.

Le PCF vous aide à y voir plus clair!!! 

Comment est-on passé, en 25 ans, d’une situation d’autosuffisance de production d’électricité et de contrat de gaz de longue durée stabilisés, à la situation énergétique d’aujourd’hui?

Les directives européennes de l’énergie ont organisé, depuis le début des années 2000, la libéralisation-privatisation du secteur. Les pouvoirs politiques qui se sont succédé depuis se sont appliqués à démanteler EDF et à libéraliser le secteur de l’énergie.

Ces directives s’appuient sur le Traité de Maastricht (1992), puis le Sommet européen de Lisbonne (2002). Le but: satisfaire les appétits des capitalistes en privatisant les secteurs publics très rentables dans le domaine de l’eau, des transports, des télécoms et de l’énergie notamment.

Cela a généré en France, en 2004, la transformation d’EDF en société anonyme avec l’ouverture de son capital en 2005.

Depuis le 1er juillet 2007 (présidence de Nicolas Sarkozy) le marché de l’électricité est ouvert à la concurrence pour les particuliers.

En 2010, Nicolas Sarkozy et François Fillon font adopter la loi NOME (Organisation du Marché de l’Electricité) avec l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), Nicolas Sarkozy qui n’hésite pas à endetter EDF de 7 milliards d’euros!

Ce système fait obligation à EDF de revendre 1/4 de sa production nucléaire à ses concurrents à un tarif très bas leur permettant de faire des profits (le prix de revente de l’électricité à prix cassé d’EDF est de 42 euros-46 euros le Mwh alors que la cour des Comptes estime que le coût de revient se situe entre 50€ et 55€!). Aujourd’hui, avec le prix de l’énergie fixé par le marché, des opérateurs peuvent revendre l’électricité nucléaire à 500€ le Mwh dans le cadre de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique).  Actuellement, Total revend son électricité nucléaire acheté à prix bradé à EDF dans le cadre de l’Arenh 180, 200, 300, 400, 500 euros, en fonction de la fluctuation des marchés et de la loi de l’offre et de la demande, sachant qu’on est plutôt en manque d’électricité en ce moment, ayant fragilisé les capacités d’investissement et de maintenance d’EDF sur son parc. C’est ainsi que Fabien Roussel, responsable du PCF, estime que Total Energies a volé entre 6 et 8 milliards à EDF, une part non négligeable des 36 milliards de bénéfices de Total Energies, alors que la facture énergie bondit pour les particuliers et les familles, les entreprises, les collectivités.

Ces concurrents qui se devaient au bout de 12 ans de produire leur propre électricité… ne produisent toujours rien, ou si peu. Ils se gavent sur le dos d’EDF et spéculent sur le dos des consommateurs.

Avant la loi NOME et l’ouverture du marché au particulier le prix du KWh des Tarifs régulés de vente (TRV) reflétait le coût de production du transport et de la distribution ajoutés à l’amortissement des moyens de production. C’était l’État qui fixait les prix sur proposition d’EDF. Les taxes étaient composées de la TVA et de la TLE (taxe locale de l’électricité versée aux communes).

Aujourd’hui, c’est le cours de la bourse, avec la spéculation qui l’accompagne, qui entraîne la flambée des prix!

Désormais, c’est la Commission de régulation de l’électricité (CRE) qui propose le montant des TRV à l’Etat et ce ne sont plus les coûts de production de transport et de distribution restés stables qui entraînent la flambée des prix! C’est donc bien le cours de la bourse de l’électricité, la hausse des taxes et les marges exorbitantes des fournisseurs privés aux mains des actionnaires exigeant le meilleur rendement qui font s’envoler les tarifs.

Le PCF réclame le retour au Tarif régulé de l’énergie pour les particuliers, les entreprises, les collectivités. Au lieu de vagues promesses, véritables opérations de com sans réalité effective substantielle, de chèques énergie, de boucliers tarifaires… Les opérateurs financiers alternatifs n’ont plus à se faire du beurre sur le dos d’EDF et le nôtre.

Que penser d’un gouvernement qui promet aux PME, aux petits commerçants, de bloquer les tarifs qui leur seront appliqués à 280 € le Mwh alors que les opérateurs alternatifs achètent 70% de leur électricité 42 € le Mwh.

Autre aberration: le prix de l’électricité est fixé sur le prix du dernier Mwh produit, très souvent avec du gaz, donc indexé sur son cours aujourd’hui au plus haut, du fait de la guerre en Ukraine, alors qu’en France l’électricité est produite essentiellement avec du nucléaire et de l’hydrolique.

Le PCF demande à ce que l’on puisse s’extraire du marché européen de l’énergie quand les prix sont trop en décalage avec les réalités de la production et du prix de production. Nos voisins espagnols et portugais ont obtenu une dérogation de la commission européenne sur l’énergie: nous pourrions agir avec eux.

Il faut en finir avec le racket de l’Arenh qui subventionne des acteurs alternatifs qui ne produisent rien et qui accumule les profits.

Regagnons ensemble notre maîtrise publique de l’énergie, de l’électricité et du gaz, avec nos deux Epic EDF et GDF 100% publics, permettant aux collectivités locales, aux entreprises, aux usagers d’accéder à des tarifs régulés de vente calculés sur les coûts de production de transport et de distribution.

La nationalisation d’EDF-GDF qui a permis à la France de bénéficier d’une souveraineté énergétique partielle, et d’une électricité accessible et peu chère, a été l’œuvre du programme du Conseil National de la Résistance, mis en œuvre dans ce domaine par le ministre communiste Marcel Paul, ancien enfant de l’assistance publique, paysan puis ouvrier, dirigeant syndical CGT, résistant et déporté, qui deviendra ministre de la Production industrielle à la Libération. Le combat de sa vie fut la création de l’entreprise publique EDF GDF et du programme de production d’électricité par la réalisation de grands équipements hydro-électriques et nucléaires.

Aujourd’hui, les villes et l’ensemble des collectivités territoriales construisent leur budget 2023 dans un contexte de baisse réelle des dotations de l’État, non réévaluées à la hauteur de l’inflation, et d’une facture énergétique qui plombe littéralement les finances, affectant les taux d’épargne et les capacités d’investissement. Ces collectivités peinent à construire leur budget 2023 sans dégrader le service public. Elles sont exposées à des renoncements d’investissements, à l’abandon de certains projets ou à des augmentations d’impôts.

Ainsi, Quimper QBO doivent faire face à une augmentation de 5 millions d’€ de leur facture d’énergie, Morlaix de 1,2 million d’euros, Plomelin de 128 000€, etc.

Dans les lycées de la région Bretagne, l'impact sur les factures d'électricité est de + 480%, parfois plus, et pour les factures de gaz de + 70%. Les établissements ont vu leur facture multipliées par 4 ou 5 entre 2021 et 2022, et ce n'est pas fini.

L’envolée actuelle des prix du gaz et de l’électricité montre de manière cruelle aux usagers à quel point il est important que notre pays retrouve sa souveraineté sur la fixation des prix de l’énergie. Ce ne sont pas les coûts de production de transport et de distribution restés stables qui entraînent la flambée des prix, mais bien le cours de la bourse de l’électricité, la prédation des spéculateurs et des actionnaires qui font s’envoler les tarifs générant les super profits de Total énergie, d’Engie et des autres « fournisseurs dits alternatifs » laissant 13 Millions de personnes en situation de précarité énergétique. Il est aujourd’hui primordial de maintenir les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité qui reflètent les coûts réels de production et de distribution, d’en finir avec le pillage organisé de l’Arenh et d’abolir la loi Nome.

A l’instar de nos voisins espagnols et portugais nous devons déroger au droit européen pour sortir l’énergie des griffes du marché pour retrouver notre maîtrise publique de l’énergie et un service public conforme à l’héritage de la nationalisation de 1946. La France a le poids politique nécessaire pour l’obtenir.

Sortir du marché ne signifie pas une sortie du système électrique européen, les interconnexions et les échanges entre opérateurs, fondés sur des contrats bilatéraux mutuellement avantageux, doivent être garantis.

L’énergie est un bien vital dont chaque être humain a besoin pour se nourrir, se chauffer, se déplacer ou se soigner il ne peut être confié aux marchés financiers.

Partager cet article
Repost0
17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 09:53
Réforme des retraites - "La seule issue raisonnable, c'est le retrait!" - Interview du député communiste Pierre Dharréville par L'Humanité (Julia Hamlaoui, vendredi 17 février 2023)
Pierre Dharréville : « La seule issue raisonnable, c’est le retrait »

À l’issue d’un débat à l’Assemblée nationale, tronqué par la Macronie, le député communiste Pierre Dharréville invite la majorité à réfléchir aux conséquences d’un passage en force d’une réforme massivement rejetée.

Publié le
Vendredi 17 février 2023

L’ambiance à l’Assemblée nationale a fait couler beaucoup d’encre. Quel regard portez-vous sur les échanges des deux dernières semaines ?

Le gouvernement veut imposer son projet au pays. Et il a choisi le passage en force avec une procédure budgétaire qui lui donne la possibilité de couper court au travail parlementaire, quitte à légiférer par ordonnances. De notre côté, nous avons souhaité à la fois éclairer la réalité du projet, derrière sa publicité mensongère, et manifester notre opposition frontale.

Icon QuoteL’exécutif et la majorité utilisent tous les incidents possibles pour renvoyer à d’autres la responsabilité qui est la leur.

C’est le sens des amendements que nous avons déposés : contester, démasquer, proposer. Nous ne voulons pas que ce texte acquière de la légitimité à l’Assemblée. Pour autant, nous ne pouvons nous satisfaire de la tournure des discussions.

L’exécutif et la majorité utilisent tous les incidents possibles pour renvoyer à d’autres la responsabilité qui est la leur : celle d’un débat qui n’est pas serein parce que, dans le pays, une grande colère s’exprime. Ils tentent de se dédouaner et de renverser l’opinion, de démobiliser celles et ceux qui manifestent. C’est assez limpide et voué à l’échec. Nous avons retiré nos amendements, le 16 février au matin, pour faire cette démonstration.

« Le gouvernement n’a cessé de faire des concessions », prétend Bruno Le Maire. Presque au terme de l’examen, avez-vous relevé des modifications significatives ?

En réalité, la majorité n’accepte pas de ne pas tout décider toute seule et veut mener son projet à terme « quoi qu’il en coûte ». La semaine dernière, elle a quitté l’Hémicycle parce qu’elle allait être battue. Nous essayons de leur faire entendre raison : la seule issue raisonnable, c’est le retrait.

Icon QuoteLe gouvernement a une obsession, une promesse faite à Bruxelles : il veut deux ans de plus de travail, deux ans de moins de droit à la retraite pour tout le monde et une accélération de la réforme Touraine, qui augmente la durée de cotisation.

Le gouvernement a une obsession, une promesse faite à Bruxelles : il veut deux ans de plus de travail, deux ans de moins de droit à la retraite pour tout le monde et une accélération de la réforme Touraine, qui augmente la durée de cotisation. Le reste, ce sont des décorations inutiles, de l’habillage pour tenter de faire avaler le cœur du projet. C’est le cas, par exemple, de l’index des seniors, une disposition complètement inefficace. Les minces « concessions » s’adressent aux « Républicains », dont ils essaient d’obtenir le vote favorable.

Emploi des seniors, pénibilité, petites pensions… Ce sont des sujets importants, mais le prix qu’ils exigent pour de maigres améliorations, souvent hypothétiques à l’instar des soi-disant 1 200 euros minimum, est inacceptable. Il ne peut pas y avoir une discussion sur des contreparties quand le refus porte sur le cœur de la réforme. La retraite est un formidable geste de solidarité, de partage, de civilisation. Nous voulons l’améliorer.

L’examen se termine ce 17 février. Quelles propositions entendez-vous défendre ?

Nous avons défendu des propositions de financement alternatif face à un gouvernement qui prend prétexte d’un déficit qu’il a largement contribué à fabriquer. C’est un peu les Dalton qui crient « Au voleur ! ». Il faut arrêter d’assécher les finances de la Sécurité sociale et en finir avec les exonérations massives de cotisations sociales et le contournement du salaire.

Icon QuoteDepuis le premier centime, la finance juge que nos retraites lui coûtent trop cher.

Alors qu’il prétend qu’il n’y a pas d’alternatives, nous avons toute une batterie de propositions, et même une proposition de loi que nous avons présentée la semaine dernière dans l’Hémicycle. Assurer un vrai droit à la retraite par la répartition solidaire, c’est une question de classe : qui finance les retraites ? Depuis le premier centime, la finance juge que nos retraites lui coûtent trop cher. Certains membres de la majorité se font les chantres du système par répartition, mais en réalité leur projet consiste à le réduire à peau de chagrin pour faire de la place à la capitalisation qu’ils ont encouragée dès la loi Pacte, le premier étage de leur fusée.

Comment réagissez-vous à la motion de censure déposée par le Rassemblement national ?

C’est une gesticulation inutile pour essayer d’exister dans le débat et faire de la récupération. Elle est complètement à contretemps et vouée à l’échec. La question du dépôt d’une motion se posera pour nous, mais l’heure est à batailler contre ce projet.

Si les macronistes et LR s’entendent lors d’une commission mixte paritaire après l’examen du texte au Sénat, celui-ci ne sera pas réexaminé à l’Assemblée. Avez-vous encore des cartes en main ?

L’Assemblée aura à voter si tel est le cas. Ensuite, nous réfléchissons à des initiatives parlementaires qui permettraient de continuer à contester ce projet et à un recours devant le Conseil constitutionnel. Celui-ci est fondé, puisqu’il ne s’agit pas en réalité d’un budget rectificatif : il y a une tromperie manifeste et une instrumentalisation de dispositions constitutionnelles.

Icon QuoteLe mouvement puissant qui se développe montre l’aspiration très forte au progrès social et le rejet des politiques néolibérales.

Mais ce que nous souhaitons, c’est que ce projet soit retiré avant. Le mouvement puissant qui se développe montre l’aspiration très forte au progrès social et le rejet des politiques néolibérales. Au-delà même des retraites, les effets d’un passage en force et la crise politique qu’il alimenterait devraient inquiéter.

Réforme des retraites - "La seule issue raisonnable, c'est le retrait!" - Interview du député communiste Pierre Dharréville par L'Humanité (Julia Hamlaoui, vendredi 17 février 2023)
Partager cet article
Repost0
15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 06:00
Decryptage du projet de loi Asile-Immigration, par Eliane Assassi, Présidente du groupe communiste au Sénat

Décryptage du projet de loi asile et immigration

Ce 29ème texte sur l’asile et l’immigration en 40 ans, a été annoncé le 15 septembre 2022 par le Président de la République. La dernière en date, celle de 2018 et avait déjà fait l’objet de nombreuses alertes en raison des dispositifs attentatoires aux droits et aux libertés.

Cette annonce a été suivie par des concertations initiées par Le ministre de l’Intérieur mais seulement sur des grandes lignes puisque le texte n’était pas finalisé et il ne l’est toujours pas.

Darmanin a alors précisé un calendrier : un débat à l’Assemblée Nationale et au Sénat les 6 et 11 décembre 2022 et un examen du projet de loi en janvier 2023 puis à l’Assemblée Nationale en mars/avril.

Si les débats ont bien eu lieu en décembre, pour la suite, le calendrier a été modifié et, pour l’heure,  nous n’avons pas de précision pour sa présentation en première lecture au Sénat. On nous dit plutôt mi- mars/début avril … (le Sénat devrait commencer le texte sur les retraites le 6 mars).

Les grands lignes ont toutefois été dévoilées par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt dans un entretien qu’ils ont accordé au journal Le Monde le 2 novembre ; ces grandes lignes s’inspirent pour beaucoup de dispositions contenues dans un rapport sénatorial, celui de  François-Noël Buffet, Président LR de la commission des lois du sénat.

Ce projet de loi comprend 3 grands chapitres :

1er chapitre : Renforcer l’efficacité du gouvernement, protéger l’ordre public et lutter contre l’immigration irrégulière  :

  • En permettant le retrait et le non renouvellement de la carte de résident en cas de menace grave pour l’ordre public ;
  • En levant les protections contre l’éloignement pour motif d’ordre public qui bénéficient aujourd’hui aux  étrangers entrés en France avant l’âge de 13 ans ; à ceux qui résident en France depuis plus de 10 ans ou encore à ceux mariés à un conjoint ou une conjointe de nationalité française depuis plus de 3 ans.
  • En simplifiant le contentieux des étrangers c’est-à-dire en substituant aux 12 procédures existantes deux procédures urgentes et une procédure ordinaire (on passe donc de 12 à 3) ceci afin d’accélérer l’expulsion des étrangers détenteurs d’une OQTF  fondée sur un motif d’ordre public et pour les étrangers déboutés du droit d’asile.
  • En étendant le recours à la vidéo-audience en centre de rétention et en zone d’attente pour limiter les charges d’escortes pour les policiers et les gendarmes.
  • En renforçant l’arsenal législatif pour lutter contre les passeurs en punissant de 15 ans d’emprisonnement la facilitation de l’entrée, de la circulation et du séjour irrégulier d’étrangers lorsque les faits sont commis en bande organisée.

 

2ème chapitre : Engager une réforme structurelle de notre système d’asile au motif que les moyens alloués à l’OFPRA et à la CNDA n’ont pas permis de réduire suffisamment les délais

(en ayant pourtant recours à des consultants de cabinets privés, NDLR…) :

Pour cela le texte propose :

  • De réduire les délais de traitement de la demande d’asile pour d’une part, permettre aux bénéficiaires de s’inscrire plus rapidement dans un parcours d’intégration et pour, d’autre part, tirer plus rapidement les conséquences d’un rejet de la demande et permettre ainsi un retour effectif des déboutés vers leurs pays d’origine ;
  • D’engager le dispositif d’asile dans une logique « d’aller-vers » avec un schéma national d’accueils afin d’alléger une pression qui touche excessivement l’IDF. Il s’agit  1/De créer des espaces « France-Asile » c’est-à-dire d’organiser la présence des agents de l’OFPRA en dehors de son siège de Fontenay-sous-Bois avec des guichets uniques rassemblant les services des préfectures et de l’Office français de l’immigration et de l’Intégration (l’OFII est l’organisme chargé de l’aide au retour  volontaire des étrangers en situation irrégulière et qui bénéficient alors d’une aide financière) afin de gagner 1 mois sur les délais d’introduction de la demande. 2/De territorialiser la Cour Nationale du Droit d’Asile (la CNDA) basée à Montreuil en s’appuyant sur le maillage des cours administratives d’appel ; 3/ d’élargir l’intervention du juge unique à la CNDA (aujourd’hui c’est une cour collégiale), 4/ De prononcer une mesure d’éloignement d’un débouté de l’asile dès la décision de rejet de l’OFPRA.

 

3ème chapitre : Renforcer les exigences d’intégration par la langue et par le travail.

 

  1. Par la langue en conditionnant la délivrance de la carte de séjour pluriannuelle à la maitrise d’un niveau minimal de français ;

S’y rajoute au titre de l’intégration,  l’obligation d’une résidence stable en France pour bénéficier d’une carte de séjour et  la possibilité de retirer un titre de séjour en cas de rejet des principes de la République ( liberté, d’égalité, de fraternité et dignité de la personnes humaines ainsi que les symboles de la République (la langue  française, le drapeau tricolore, l’hymne national et la devise Liberté, égalité, fraternité) et de non-respect du caractère laïque de la République.

 

  1. Par le travail considéré comme premier lieu de l’intégration des étrangers.

 

Pour les travailleurs étrangers le texte propose :

 

  • De permettre à certains demandeurs d’asile qui peuvent obtenir une protection internationale en France (les Afghans par exemple) de travailler avant le délai de 6 mois en cours actuellement à l’instar de ce qui a été fait pour les Ukrainiens accueillis en France sous le régime de la protection temporaire (qui ne relève pas de l’OFPRA).

 

  • De créer une voie d’accès au séjour spécifique pour les étrangers déjà sur le territoire qui travaillent et pour répondre aux besoins des métiers en tension ; sans se substituer aux actions et mesures visant le travail illégal, cette mesure suppose de revoir la liste des métiers en tensions car, en l’état, elle exclut des secteurs professionnelles qui recourent trop souvent à l’emploi de sans-papiers comme la restauration, la petite enfance, le bâtiment, la propreté, la logistique.
  • De permettre aux étrangers déjà en France mais détenteurs d’un titre de séjour de changer d’employeur par une nouvelle procédure à savoir l’autorisation de travail qui  est encore à la main des employeurs.

 

Du coté des employeurs, le texte propose :

 

  • De renforcer la contribution des employeurs à la formation linguistique dans le cadre de la formation professionnelle via la validation des acquis de l’expérience des étrangers qui travaillent ;
  • De sanctionner les employeurs par le biais d’une amende administrative dissuasive et appliquée ce qui est rarement le cas aujourd’hui (5 ans pour l’emploi d’un sans papier et 5 ans d’emprisonnement (aujourd’hui, il y a environ 500 procédures par an pour emploi de sans papier et moins de 100 condamnations prononcées) ;
  • De réguler le secteur des plateformes de livraison et de transport en encadrant le recours au travail indépendant qui échappe aux possibilités d’accès au séjour et ne permet donc pas aux étrangers de s’inscrire dans un parcours d’intégration ;
  • De répondre aux besoins des entreprises aux profils très qualifiés comme les médecins et professions médicales mais aussi en informatique et dans les métiers industriels très pointus. Serait créée une plateforme de recueil des candidatures d’une « bourses aux passeports talents ».

 

**********

Il a  rapidement fait l’objet de plusieurs réactions particulièrement au sein du monde associatif, chez les syndicats parmi  lesquels ceux des  magistrats et avocats  dans une grande diversité  et, personnellement, j’aurais tendance à les suivre car, à y regarder de plus près, ce texte est teinté d’une certaine perversité oscillant entre de la répression et de l’ouverture ; « être gentil avec les gentils, méchants avec les méchants » comme l’a formulé Darmanin. Comme sur tous les autres textes relatifs à l’immigration, le migrant est toujours un problème, pose question et/ou est un danger. Ce texte en l’état ne fait pas exception.

 

1)  Sur le renforcement de l’efficacité de la lutte contre l’immigration irrégulière, le Ministre de l’Intérieur s’est attaché à faire un savant mélange pour créer de la confusion entre expulsion pour des motifs liés à l’irrégularité du séjour et expulsion pour des actes de délinquance. Or, très majoritairement – et de nombreuses études sont là pour le démontrer- on sait que l’essentiel des infractions commises par des étrangers ne sont pas liées à des actes de délinquance mais à la régularisation de leur séjour (travail illégal, faux en écriture, infractions relative à la police, etc…). Le ministre menace donc tout simplement et sans l’once d’un argument, le retrait ou le non renouvellement de  la carte de résident en cas de menaces graves pour l’ordre public en envoyant un message : celui d’apporter une réponse hâtive à des situations où l’émotion s’exprime avec force mais pas toujours avec discernement.

 

Sur les OQTF, en 2020 plus de 108 000 ont été prononcées en France. C’est un record. Le plus souvent il s’agit de personnes qui n’ont en aucun cas commis de délits et encore moins de crimes mais qui sont dépourvus de papiers. Parmi eux des personnes dont la demande d’asile n’a pas encore fait l’objet d’une décision définitive ; pourtant les préfectures passent outre, y compris quand ces personnes ont déposé des recours qui doivent être traités par la CNDA.

 

Je veux lever ici une idée reçue : parmi les déboutés du droit d’asile il y a des hommes et des femmes qui proviennent de pays dits « sûrs » par la France qui sont au nombre de 13. Parmi ces pays, certains -dont l’Albanie- violent des droits humains notamment contre les femmes, les personnes LGBTQ+ et des minorités religieuses. Pour preuve,  la CNDA en 2021 a reconnu comme réfugiés 630 personnes originaires de pays considérant que leur retour dans leur pays d’origine (pourtant dans la liste) pouvait signer un emprisonnement ou pire encore. Il faut en finir avec cette liste. Comme le déclare la LDH, « un pays sûr, ça n’existe pas ».

 

Avec ce nouveau projet de loi, des personnes étrangères qui aujourd’hui ne peuvent pas faire l’objet d’une OQTF ne seront plus protégées : ainsi le texte déroge  à un avis du Conseil d’état qui date du mois d’avril 2021 et à un article du Code de Séjour des étrangers et du droit d’asile en levant la protection accordée à des étrangers entrés en France avant l’âge de 13 ans ou encore à l’étranger ou l’étrangère marié-e depuis plus de 3 ans à une personne de nationalité soit levée dressant ainsi de nouveaux obstacles pour l’obtention de titres de séjours et renforçant ainsi  la stigmatisation à l’égard des étrangers installés en France depuis plusieurs, voire des dizaines d’années

 

 

Sur la simplification du contentieux des étrangers : Considérant que ce contentieux représenterait plus de 40 % des affaires enregistrées dans les Tribunaux administratifs, le Ministre propose de ramener 3 à 12 les procédures. Les professionnels de la justice considèrent que cela va plutôt conduire à un nouveau paysage du contentieux qui va complexifier les procédures. Sous couvert de simplification et de rationalisation, le ministre s’affranchit des règles de droit et surtout se refuse à évoquer le manque de moyens dans ces juridictions.   

 

S’agissant de la vidéo-audience en centre de rétention et dans les zones d’attente. Le gouvernement explique cette pratique pour limiter les charges d’escortes pour les policiers et les gendarmes. Il oublie de dire qu’à l’inverse, elle obligerait les magistrats et les avocats à se déplacer dans ces salles d’audience et que les juges  pourront décider de tenir les audiences en visio-conférence depuis leur lieu de juridiction.

 Les magistrats, les avocats -et je les rejoints- sont opposés à ces pratiques et affirment que la justice ne doit pas être rendue dans un autre lieu qu’un lieu de justice pour des raisons liées à l’exigence de solennité, d’impartialité et de respect des droits de La Défense et pour garantir la force symbolique de l’audience et de la décision de justice . Si cela peut éventuellement s’entendre en outre-mer pour des raisons pratiques, les expériences menées notamment pendant la crise sanitaire ont démontré les limites des audiences par visio-conférence.

En résumé, ces dispositions portent atteinte à l’indépendance du juge en lui imposant les modalités de la tenue des audiences, en le privant de tout pouvoir d’intervention et en ne respectant pas les droits de la défense et donc ceux du justiciable . De plus, le texte ne prévoit pour l’heure aucune modalité pratique pour la tenue de telles audiences : prise en charge, modalités d’entretien entre le requérant et son avocat, modalités d’interprétariat, l’organisation du greffe, etc…

 

 

 

Sur les passeurs, le texte propose de renforcer l’arsenal législatif pour lutter contre les passeurs. Je crois pouvoir dire qu’en la matière on ne peut qu’être d’accord mais cela ne suffira pas si des voies de migrations licites et sécurisées ne sont pas mises en place au niveau européen.

Sans cela les passeurs ont encore de beaux jours devant eux….

 

2)  Sur notre système d’asile, c’est un vaste sujet et je ne vais pas m’étendre ici sur toutes les considérations d’ordre juridique qui ont pourtant leur importance.

 

Le texte donne la possibilité à des demandeurs d’asile reconnus rapidement comme tels (Afghans et Érythréens notamment) de travailler au bout ce 6 mois. On peut considérer que cette  mesure va dans le bon sens. Toutefois, elle ne peut suffire à nous satisfaire. En effet, le texte prévoit la possibilité, comme je l’ai dit, de créer des lieux baptisés « France-Asile ».

 

Ces lieux seraient placés sous l’autorité des préfets avec la présence d’agents de l’OFPRA et de l’OFII qui auront le pouvoir d’accélérer l’instruction des demandes d’asile et de faire un tri pour évacuer celles qui seraient « manifestement infondées » comme par exemple de requérants originaires des fameux pays dits « sûrs- mais que ne le sont pas vraiment, ce qui n’est pas acceptable car il s’agit là d’écorner l’autonomie de l’OFPRA concernant l’instruction des demandes d’asile.

 

Le texte prévoit aussi de réformer la structure de la CNDA en répartissant ses chambres sur tout le territoire alors qu’elles sont réunis aujourd’hui à Montreuil. Les syndicats représentatifs de la juridiction administrative sont tous opposés à cette mesure comme ils sont opposés à la généralisation des audiences avec des juges uniques alors que ces derniers sont débordés pour exécutés des peines. A ce titre, ils demandent plus de moyens et  la préservation de la collégialité. 

 

 

 3)  Sur les exigences d’intégration par la langue et par le travail,

 

Concernant l’intégration par la langue : aujourd’hui la seule obligation faite pour les étrangers est de suivre avec assiduité les formations civique et linguistique organisées par l’OFII ; si on peut s’accorder sur le fait que maîtriser la langue du pays d’accueil participe à la construction d’une personne en tant « qu’être social », cela ne peut pas être l’élément qui conditionne la délivrance d’une carte de séjour pour « s’intégrer » pour preuve, nombre de français d’origine étrangère ont mis des années avant de maitriser notre langue nationale et même à savoir chanter la Marseillaise !

Comme sur d’autres sujets je crois me rappeler que nous avons des propositions en la matière.

 

Concernant l’intégration par le travail avec la délivrance d’un titre de séjour métier en tension : au préalable je veux rappeler ici que nous sommes et avons toujours milité pour la régularisation de toutes ces femmes et de de tous ces hommes de nationalité étrangère qui travaillent dans notre pays et rappeler ici que chaque individu a le droit de choisir de garder la nationalité de son pays d’origine même si il/elle n’y vit plus.  Je dis ceci car on nous rétorque trop souvent que si des étrangers veulent vivre et travailler en France, il leur revient d’opter pour la nationalité française.

 

 

La délivrance d’un titre de séjour métier en tension fait beaucoup débat avec, me semble-t-il une approche un peu trop binaire : on est pour ou on est contre. Je pense que cela mérite d’être un peu plus approfondi que cela.

 

Certains voient dans cette mesure une victoire aux multiples revendications des travailleurs sans papier.

 

D’autres pointent la crainte d’une fuite des cerveaux de personnes en provenance du Maghreb ou de l’Afrique subsaharienne notamment de personnels médicaux.

 

D’autres encore, comme la droite et le Rassemblement national, y sont opposés au motif que cela créerait un appel d’air.

 

Il n’en demeure pas moins que ce texte porte une vision utilitariste de l’étranger soumis au bon vouloir du patronat qui va participer à l’élaboration de la liste des métiers dits en tension ce qui, à terme, peut faire crainte l’établissement de quotas comme le souhaite la droite ;  par exemple telle nationalité dans tel emploi.

 

Autre élément : si on peut partager la mesure consistant à supprimer le délai de carence pour permettre à des demandeurs d’asile de travailler dès les 6 premiers mois en France – les Afghans par exemple- comme cela est le cas pour les Ukrainiens, (je rappelle quand même que les travailleuses et les travailleurs sans papiers sont très majoritairement des déboutés du droits d’asile) et que les contrats ne soient plus délivrés par les employeurs,  on peut s’interroger sur  la durée des contrats  c’est-à-dire un an ce qui  ne permettra pas aux étrangers de sécuriser leur vie (trouver un logement par exemple).  Et qu’adviendra-t-il à la fin de leur contrat sauf à les considérer alors comme clandestins et passibles d’une OQTF  qui vaudrait expulsion ?

 

Ce sujet je l’ai dit mérite de se poser, de réfléchir collectivement et d’écouter des personnalités qualifiées pour nous éclairer. Je pense particulièrement à des collectifs de sans-papiers, à des syndicalistes et à Bernard Thibaut qui a une réelle expertise sur le sujet qu’il a traité alors qu’il était en responsabilité à l’OIT et élargir notre réflexion à la dimension européenne.

 

 

**********

Voilà en résumé les principales mesures et de premières remarques que nous pouvons faire sur ce texte qui, en l’état,

J’ai conscience que tout ceci n’est pas abouti mais j’ai aussi le sentiment que, sur toutes ces questions et bien d’autres nous ne sommes pas dépourvus de propositions. Le  manifeste « Pour une France hospitalière et fraternelle, une Europe solidaire » que notre parti a publié en 2018 est toujours valide sur bien des points mais depuis,  plusieurs lois sur l’immigration ont été adoptées et cela mériterait que cet outil soit actualisé à l’aune de toutes les modifications législatives intervenues ces 5 dernières années.

Le texte arrivera en première lecture au Sénat au plus tôt à la mi-mars, nous pourrions donc peut-être envisager de créer un groupe de travail au sein des commissions « Enjeux migratoires » et « Droits et Libertés »  qui sera entre autres chargé d’organiser des auditions pour nourrir nos propositions et si je puis dire nous mettre à jour sur ces sujets et d’autres qui ne sont pas dans le futur projet de loi : par exemple la dimension européenne (agence Frontex entre autres), le règlement de Dublin ou encore les accords du Touquet, sans oublier le visa Balladur en vigueur à Mayotte qui restreint la possibilité pour des comoriens de se rendre sur l’ile de Mayotte ce qui les contraint à utiliser d’autres voies pour s’y rendre malheureusement trop souvent au péril de leur vie.  

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 08:12
Photo de Fabien Gay, parlementaire communiste et directeur de l'Humanité, dans la manif parisienne du 11 février 2023, vendant L'Humanité (page facebook Moh Djennane)

Photo de Fabien Gay, parlementaire communiste et directeur de l'Humanité, dans la manif parisienne du 11 février 2023, vendant L'Humanité (page facebook Moh Djennane)

Et les chiffres de manifestants du 11 février qui nous sont parvenus des fédérations et des sections communistes:

FINISTÈRE - 80 000 manifestants (record depuis le début du mouvement, un tout petit peu plus de manifestants que le 31 janvier, 70 000)

35 000 à BREST, 20 000 à QUIMPER, 15 000 à MORLAIX, 6000 à QUIMPERLÉ, 2700 à CARHAIX, 300 à CROZON, 120 à OUESSANT

RENNES: 40 000 manifestants

A Fougères: la plus grosse manifestation depuis 1976 (fermeture de plusieurs usines de chaussures, industrie historique de la ville)

PARIS: 500 000 manifestants

LYON: 35 000 manifestants

MANCHE - 24 350 manifestants

CALVADOS - 37 000 manifestants (dont 33 000 à CAEN)

ORNE - 8 800 manifestants

EURE- 14 120 manifestants

SEINE-MARITIME: 48 350 manifestants (dont 20 000 à ROUEN, 20 000 au Havre)

GARD: 30 000 à Nîmes, 15 000 à ALES

EPINAL: 15 000 manifestants

NEVERS: 8 300 manifestants

POITIERS: 12 000 manifestants

TOULON: 15 000 manifestants

TARBES: 10 000 manifestants

 

 

Plus de 2,5 millions de manifestants. Les syndicats réussissent leur pari d’élargir la mobilisation contre la réforme des retraites

L’appel à manifester nationalement ce samedi contre le projet de loi Borne-Dussopt, lancé par les syndicats et organisations de jeunesse et soutenus par la gauche a suscité des cortèges plus importants que mardi dernier. La CGT revendique 2,5 millions de manifestants partout en France. Les leaders des confédérations envisagent un durcissement du mouvement social.

Publié le Samedi 11 Février 2023
 

Les journées records de mobilisation contre la réforme des retraites s’enchainent et Emmanuel Macron ne voit toujours rien. À son habitude hors de France à chaque fois que la contestation contre son projet de recul de l’âge légal de retraite de 62 à 64 ans envahit les rues de toutes les villes, grandes et petites, le président de la République s’est contenté de souhaiter, depuis le sommet européen de Bruxelles, que « le travail puisse se poursuivre au Parlement », sans que la contestation « bloque (…) la vie du reste du pays ».

L’appel des syndicats et organisations de jeunesse à manifester ce samedi a pourtant été couronné de succès. À Clermont-Ferrand, 50 000 participants ont été comptabilisés (8 000 selon la préfecture). À Toulouse, la CGT a revendiqué un nombre record de « plus de 100 000 manifestants », contre 25 000 selon la police. A Lille, 70.000 personnes ont fait le déplacement.

À Paris, la CGT a annoncé 500 000 marcheurs contre le projet Borne-Macron. Mais ce sont dans les villes moyennes et petites que l’ampleur des cortèges a frappé à nouveau les esprits. Comme à Roanne (Loire) où la police a compté 6 000 manifestants, contre 3 000 mardi. Même tendance à Périgueux, où 5 200 personnes ont défilé contre 3 700 quatre jours plus tôt, selon les statistiques des forces de sécurité. Ou encore à Guéret, avec 4 000 participants contre 2 900 en début de semaine. Dans le Gard, un nouveau record est établi à 30.000 personnes

Quelles que soient les méthodes de comptage, les confédérations syndicales ont plus que réussi leur pari d’élargir le mouvement social à des cortèges d’opposants n’ayant pas pu manifester jusqu’alors, et ce, alors que deux zones sont en vacances scolaires. Si bien que ce « quatrième acte » a rassemblé plus de monde que le troisième, mardi 7 février dernier et relance la dynamique du combat contre la réforme des retraites.

Cette dynamique prend une nouvelle tournure, avec un appel à un cinquième acte de manifestation le jeudi 16 février prochain, et des leaders syndicaux qui défileront côte à côte d’Albi, cette fois. Ces derniers ont annoncé être prêts « à durcir le mouvement » et à « mettre le pays à l’arrêt le 7 mars », si le gouvernement et le Parlement « restent sourds » aux mobilisations. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, devrait connaître des actions d’envergure « pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme », insiste le communiqué des 8 confédérations unies contre la réforme des retraites. « Ça laisse un peu de temps s’ils veulent réagir », a commenté Laurent Berger (CFDT), précisant que l’ « on n’est pas dans la logique de grève reconductible ». Pour Philippe Martinez (CGT), « la balle est dans le camp » de l’exécutif.

L’examen du projet de loi gouvernemental reprend ce lundi à l’Assemblée nationale et s’achèvera quoi qu’il arrive vendredi soir. « Si le gouvernement n’entend pas (la mobilisation) c’est très grave. Il met en danger la démocratie » a déploré dans le cortège lillois Fabien Roussel (PCF).

Partager cet article
Repost0
11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 07:19
Immigration : besoin d’égalité et d’humanisme (Fabien Gay)
Immigration : besoin d’égalité et d’humanisme

Elue par un refus de voir l’extrême-droite prendre le pouvoir, cette majorité présidentielle n’en finit plus de lui faire des concessions idéologiques et politiques. La nouvelle loi sur l’immigration en est la preuve la plus éclatante. Intitulé « Pour contrôler l’immigration (sic), améliorer l’intégration », la 22e loi en trente ans, ce projet renforce une vision utilitariste et menaçante de l’immigration. Annoncé depuis des semaines, il tombe à pic pour un gouvernement acculé sur la question sociale par le mouvement puissant contre la réforme des retraites et qui cherchera à détourner le débat public sur d’autres sujets.

C’est un péril qu’il faudrait contenir et maîtriser. Malheureusement, comme durant de nombreuses périodes de notre histoire, l’immigration est déshumanisée, perçue comme le bouc-émissaire de politiques publiques qui fracturent la société française, surtout quand le gouvernement est impopulaire sur d’autres projets en cours comme la réforme des retraites.

Le plus grave est que le principe de base de cette loi est de sous-entendre que les entrées sur le territoire national ne sont plus maîtrisées et que les populations récemment arrivées sur le territoire seraient différentes des précédentes. En l’occurrence, il s’agit des populations africaines jugées « inassimilables ». Pourtant, les flux de population immigrés n’ont pas augmenté de manière exponentielle ces dernières années, exception faites des années 2015 et 2016, par les bateaux de fortune en Méditerranée, populations qui sont réparties entre Etats européens. Surtout, sur les 7 millions d’immigrés en France, plus d’un tiers sont désormais…Français.

Pour revenir au projet de loi, les principales mesures sont les suivantes. D’abord, la création d’un titre de séjour pour les travailleurs sans-papiers dans les secteurs dits « en tension ». Ce sont en réalité des secteurs essentiels, cette main d’œuvre a été vitale durant le premier confinement notamment mais qui l’est encore dans de nombreux secteurs qui seraient à l’arrêt : hôtellerie-restauration, métiers du soin, bâtiment, hôpital public.

Si ce titre de séjour peut constituer une avancée, il n’est valable qu’un an, renouvelable, selon les besoins économiques du patronat ! Le gouvernement ouvre la voie à un dispositif de titre de séjour plus court de trois ou six mois pour plaire au parti Les Républicains. Sortis de l’ombre, ces masses de travailleurs pourraient se retrouver à nouveau en marge du jour au lendemain si les critères administratifs changeaient, ce qui n’est pas acceptable ! La création d’une carte pluriannuelle « talents-profession médicale » révèle l’ampleur de la crise de nos hôpitaux publics et d’une conception libérale de la main-d’œuvre : les personnes qualifiées jugées utiles seront accueillies. Mais rien n’est dit sur leurs rémunérations, pour l’instant en-deçà de celle des médecins français. Le reste du projet de loi évoque les « méchants », ceux que Gérald Darmanin associe directement à la fraude sociale et à la délinquance. La réduction du délai de traitement de la cour d’asile, en apparence positive, et la création de cours territoriales visent à restreindre les recours des réfugiés et le droit d’asile.

En réalité, le traitement par un magistrat (au lieu de plusieurs) dans le droit d’asile sera facteur d’injustice. La chasse aux détenteurs d’OQTF (Obligation de quitter le territoire français) relève enfin de la répression et renforce l’arbitraire d’un système qui crée des sans-papiers par des procédures administratives numérisées et excluantes. Je le constate chaque jour dans mon département de Seine-Saint-Denis des personnes se retrouvent sans-papiers car ils n’ont pas pu prendre rendez-vous auprès de la préfecture pour la reconduction de leur titre de séjour. En faisant mine de croire que l’ensemble des OQTF ne sont pas exécutées, le gouvernement répète un mensonge éhonté. Plus d’un tiers sont annulées dans les jours suivants, en raison d’erreurs administratives qui ciblaient les mauvaises personnes ou de procédures judiciaires auxquelles ont droit ces travailleurs. Enfin, le gouvernement réinstaure la double peine, supprimée en 2003, pour des étrangers (même ceux ayant un titre de séjour) !

On sait d’ores et déjà que les débats parlementaires et médiatiques seront insupportables tant la surenchère sera poussée par la droite et l’extrême-droite. On sait que le droit du sol sera notamment attaqué, comme il l’est déjà à Mayotte…par le ministre de l’Intérieur. On sait aussi que l’acquisition de la nationalité française ou l’arbitraire administratif seront au menu des propositions de LR et du RN. Il ne faut pas baisser la garde et défendre d’autres conceptions, fidèles aux valeurs progressistes, à l’idée d’une France républicaine, généreuse et solidaire.

Il y a mieux à faire en considérant d’abord ces travailleurs et travailleuses comme des humains qui cherchent une vie meilleure ici, surtout pour celles et ceux qui fuient les guerres, les effets du changement climatique, la misère souvent provoquées par les effets d’une mondialisation libérale dévastatrice dont les Européens ont été les chantres. Il faut aussi réfléchir à leur apport humain, économique, culturel à la vie de notre pays. Il faut de suite régulariser ces milliers de travailleurs sans-papiers, agir sur le droit commun car l’affaiblissement du droit des étrangers est un affaiblissement du droit de toutes et tous. Ce débat sur l’immigration est aussi un débat social car le patronat instrumentalise cette question pour tenter d’opposer les salariés et tirer les droits vers le bas. Il est aussi social quand des familles en procédure d’asile se retrouvent à la rue ou ne peuvent accéder à des droits fondamentaux, pourtant garantis par nos lois et les conventions internationales dont la France est signataire. Enfin, les polémiques racistes à l’encontre du film Tirailleurs et de son acteur principal Omar Sy le prouvent : il est important de revoir nos programmes d’histoire, ouvrir des politiques culturelles pour donner à voir l’apport de l’immigration dans notre histoire, celles des immigrations intérieures puis d’Europe, des anciennes colonies qui font la France d’aujourd’hui et dont nous devons être fiers.

L’immigration ne doit donc pas rester un débat aux mains des racistes et des libéraux. Il faut s’en emparer et faire progresser notre humanité commune.

Partager cet article
Repost0
7 février 2023 2 07 /02 /février /2023 18:04
Photo Fabien Roussel au Kremlin-Bicêtre le 6 février - Alain Rouy

Photo Fabien Roussel au Kremlin-Bicêtre le 6 février - Alain Rouy

Photo Fabien Roussel au Kremlin-Bicêtre le 6 février - Alain Rouy

Photo Fabien Roussel au Kremlin-Bicêtre le 6 février - Alain Rouy

Fabien Roussel : « Tenons bon, la victoire en ligne de mire »

PCF Au Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a répondu aux questions de nombreux citoyens venus l’écouter dans le cadre de son « tour de France ».

Publié le Mardi 7 Février 2023 - L'Humanité
 
« Pourquoi Macron s’entête ? Est-ce qu’on peut gagner ? » interroge une enseignante. Au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 6 février, Fabien Roussel tient la neuvième rencontre dans le cadre de son « tour de France ». Venu à la rencontre de citoyens pour une discussion « avec vous, sans tabou », le secrétaire national du PCF quitte tout juste la séance de l’Assemblée nationale consacrée à la réforme des retraites, et s’apprête à y retourner sitôt son meeting terminé. Celui-ci durera deux heures dans une salle remplie de 300 personnes. Il y est accueilli par le maire et président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Luc Laurent, qui salue sa campagne « dont on peut être fier » et qui « ouvre un espoir, une aspiration à la construction d’une nouvelle union de la gauche sans hégémonie d’aucune sorte ».

Une « réforme de classe »

Et si « tous les sujets sont à l’ordre du jour, sans tabous », comme le rappelle Fabien Roussel, une bonne partie des questions est relative à la réforme des retraites, posées par des citoyens de tous âges. Car cette lutte est de toute façon fondamentale : « Il faut aller voir les gens qui doutent et les convaincre de venir dans les manifestations », répond le dirigeant du PCF. « Nous devons tenir bon, avec la victoire en ligne de mire. Si on gagne, ensuite tout est possible », assure Fabien Roussel. « Les propos des ministres, quand on connaît la vie des gens, font mal, ajoute-t-il. Ils en parlent avec une suffisance qui donnerait envie de monter à la tribune et… » Le dirigeant communiste s’interrompt, la salle éclate de rire. Dénonçant une « réforme de classe », il martèle les arguments à opposer au gouvernement et à la droite, alliés pour imposer cette régression sociale au monde du travail. Et notamment les « financements supplémentaires   » pour « l’allongement de la durée de la vie » : embaucher pour créer des emplois et des cotisations supplémentaires, augmenter les salaires « alors qu’on perd en moyenne 200 euros par mois à cause de l’inflation », cotiser « 6 milliards d’euros supplémentaires en réalisant l’égalité salariale entre les hommes et les femmes »

« Je n’appelle pas à l’émeute, mais à la lutte. Il faut organiser la résistance »

Des préoccupations au-delà de la question des retraites

Les préoccupations exprimées par celles et ceux qui ont pris la parole, ce lundi soir, vont au-delà de la question des retraites. Mais tous fustigent l’attitude du gouvernement et de sa majorité à l’égard des salariés. Une AESH interpelle ainsi Fabien Roussel en lui demandant d’adresser un message à la députée macroniste Claire Guichard, qui avait déclaré que ces précaires de l’éducation nationale choisissaient leur statut pour disposer des « mercredis » pour s’occuper de leurs enfants. « Au nom de tous les AESH, vous lui direz qu’on se bat depuis des années pour sortir de la précarité. Son mépris, les petites gens le lui renvoient ! clame-t-elle,  offrez-nous le statut de fonctionnaire ! » Le message sera transmis, assure le communiste.

« Par endroits, les loyers ont doublé »

Les sujets d’inquiétudes exprimés fortement lundi soir rejoignent aussi les crises du moment. Celle de l’énergie en particulier. « De nombreux bailleurs sociaux ont procédé à des régularisations de charges. Par endroits, les loyers en ont doublé, s’inquiète une locataire.  Des gens risquent d’être expulsés, et n’ont déjà plus rien à manger. » «  C’est le scandale des mois qui viennent », abonde Fabien Roussel. « Dans ma circonscription, j’ai sommé le bailleur de trouver des solutions. Et j’ai recommandé aux gens de ne pas payer. De toute façon, ils ne peuvent pas payer », explique le député du Nord. Et de continuer, citant l’exemple de l’Espagne, qui est temporairement sortie du marché européen de l’énergie : « Je n’appelle pas à l’émeute, mais à la lutte. Il faut organiser la résistance. » «  Ici, ils ne le font pas, alors que les prix de l’électricité sont indexés sur la Bourse d’Amsterdam », fustige-t-il à l’attention du gouvernement.

Un « devoir de solidarité » envers le peuple ukrainien

Au cours de cette rencontre, d’autres questions fusent. La position du PCF sur l’Ukraine ne serait-elle pas trop «  atlantiste » ? interroge une participante. « La Russie a violé l’intégrité territoriale de l’Ukraine, que l’on soit d’accord ou pas avec le gouvernement ukrainien », répond Fabien Roussel pour qui « l’Otan porte aussi une part de responsabilité en ayant avancé ses bases au plus près de la frontière russe ». Il invoque un « devoir de solidarité » alors que « 6 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays », mais prévient, en même temps, que «   plus on envoie d’armes, plus on s’éloigne de la perspective d’un cessez-le-feu ».

Sitôt l’échange terminé, le secrétaire national repart sur les bancs de l’Assemblée pour mener la bataille contre la réforme des retraites. Il lui reste encore 5 rencontres dans le cadre de son tour de France.

Partager cet article
Repost0
7 février 2023 2 07 /02 /février /2023 18:00
BREST, 7 février: 25 000 manifestants pour l'acte III de la mobilisation contre les retraites! - 50 000 à 55 000 au global dans le Finistère

BREST, 7 février: 25 000 manifestants pour l'acte III de la mobilisation contre les retraites! - 50 000 à 55 000 au global dans le Finistère

Les remontées des camarades communistes sur le nombre de manifestants dans les cortèges du 7 février 2023:

En BRETAGNE:

25 000 à BREST (contre 30 000 le 31 janvier)

25 000 à RENNES

10 000 à QUIMPER

9 000 à MORLAIX

8 000 à VANNES

2 500 à PONTIVY

Ailleurs en FRANCE:

400 000 à Paris (selon la CGT et l'Humanité)

115 000 à Marseille (contre 200 000 le 31 janvier)

80 000 à Toulouse

30 000 à Lyon (contre 45 000 le 31 janvier)

20 000 à Clermont-Ferrand (contre 40 000 le 31 janvier)

16 500 à Cherbourg

16 000 à Strasbourg

13 000 à Dijon

10 000 à Poitiers

10 000 à Tarbes

8 500 à Nevers

8 000 à Chateauroux

5 000 à Béziers

3 000 à Troyes

1000 à Granville, 1500 à Coutances, 2000 à Saint-Lo

Partager cet article
Repost0
3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 06:22
 Motion référendaire du RN : une opération du gouvernement qui affaiblit gravement la République.
[ Communiqué de Presse ]
Motion référendaire du RN : une opération du gouvernement qui affaiblit gravement la République.
 
Le PCF dénonce le scandale que constitue l’alliance honteuse des groupes de la coalition présidentielle avec le Rassemblement national qui, en détournant le règlement de l’Assemblée nationale, vise à permettre à l’extrême droite de présenter une motion référendaire, en lieu et place de celle des groupes de gauche.
En agissant ainsi, le gouvernement montre que pour préserver les intérêts du capital avec sa réforme, il est prêt à prendre le risque de permettre au RN d’apparaître comme un recours.
Jamais le RN, dont toute l’histoire témoigne de son rejet de la République, ne sera un allié de la démocratie, des travailleurs et travailleuses, de leurs représentants syndicaux, des retraités, des femmes et de la jeunesse. Bien au contraire, son projet de « préférence nationale» ne débouchera sur aucun progrès social et servira les puissants en divisant le peuple par une violente politique xénophobe et raciste. Son rejet de la réforme des retraites est un rejet de circonstances pour capter la colère populaire alors qu’il s’oppose aux organisations syndicales et ne porte aucun projet alternatif crédible. Le RN est une impasse pour le pays.
Pour ces raisons, nous condamnons la manœuvre visant à permettre que la motion d’extrême droite soit présentée à l’Assemblée nationale.
Nous appelons tous les communistes à révéler avec toutes les forces de gauche et écologistes, tous les citoyens et citoyennes opposés à la réforme des retraites, le projet antisocial du RN et le jeu du pouvoir qui affaiblit gravement la République.
Plus que jamais nous appelons à l’amplification de la mobilisation les 7 et 11 février prochains pour le retrait de la réforme. Si le pouvoir n’agit pas en ce sens, nous continuerons d’agir pour imposer au président de la République l’organisation d’un référendum.
Parti communiste français,
Paris le 2 février 2023.
Partager cet article
Repost0
31 janvier 2023 2 31 /01 /janvier /2023 19:14
Partager cet article
Repost0
30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 06:29
Les communistes optent pour la continuité: Avec 81,92 % des voix, une majorité d’adhérents du PCF ont choisi, en vue de leur congrès, le texte d’orientation proposé par la direction actuelle emmenée par Fabien Roussel (L'Humanité, 29 janvier 2023)
Les communistes optent pour la continuité

Gauche Avec 81,92 % des voix, une majorité d’adhérents du PCF ont choisi, en vue de leur congrès, le texte d’orientation proposé par la direction actuelle emmenée par Fabien Roussel plutôt que la proposition alternative.

Publié le
Dimanche 29 Janvier 2023
 
Pas de séisme en vue au PCF. Appelés à voter ce week-end pour choisir leur texte d’orientation dans la perspective de leur congrès à Marseille début avril, les communistes se sont prononcés à 81,92 % des suffrages exprimés en faveur de la « base commune de discussion » proposée par la direction actuelle. Contrairement au dernier congrès de 2018, où trois textes alternatifs avaient été déposés et où l’un d’eux l’avait emporté pour la première fois de l’histoire de la formation, une seule proposition alternative était cette fois en lice – signé à la fois par les anciens secrétaires nationaux Pierre Laurent et Marie-George Buffet, des parlementaires comme Elsa Faucillon ou Stéphane Peu, des maires, des responsables locaux, et soutenu au total par un millier de militants. Ce texte, intitulé « Urgence de communisme – ensemble pour des victoires populaires », recueille 18,08 % face à « L’ambition communiste pour de nouveaux jours heureux », adopté en décembre dernier par le conseil national (CN) du PCF et soutenu par son secrétaire national, Fabien Roussel. En quatre ans, la majorité du candidat à la présidentielle s'est renforcée avec le renfort de certaines fédérations importantes comme celles des Bouches-du-Rhône (87 % pour le texte du CN), de la Gironde (92 %) ou des Hauts-de-Seine (66 %) tandis que la participation au vote s'est élevée à 70,79 %.

Parmi les 42 000 adhérents à jour de cotisations qui pouvaient participer au scrutin, Eugénie Graf et Michel Cucheval ont poussé la porte du local du PCF de Lille (Nord) vendredi soir, sur le coup de 17 heures. Ici, le texte du conseil national « au regard des discussions » avait de bonnes chances d’être « majoritaire dans la fédération », selon les pronostics de la secrétaire départementale du Nord, Karine Trottein. Et c’est l’option qu’ont choisie les deux militants, qui ont glissé leur propre bulletin dans l’urne après avoir confié les neuf enveloppes de vote par correspondance collectées dans l’après-midi dans leur cellule de Lomme, commune associée à Lille. La principale motivation de leur choix ? La question stratégique, sur laquelle les deux textes ne proposaient pas la même démarche, en particulier vis-à-vis de la coalition de gauche formée aux législatives.

« La Nupes est certainement un bon outil entre les mains des parlementaires pour harmoniser les votes de la gauche, mais sa création ne s’est pas faite avec la population », pense Michel Cucheval. « Enclencher un mouvement majoritaire et créer un rapport de forces doit se faire avec les victimes du capitalisme, poursuit ce prof de maths à la retraite, membre du PCF depuis 1973. Cela suppose un renforcement de l’activité du parti, essentiellement pour convaincre les abstentionnistes de voter et les électeurs du RN de revoir leur position. Cela prendra du temps et de l’énergie, mais c’est la seule voie. »

De son côté, Eugénie Graf, salariée en invalidité dans un centre d’appels, voit dans la Nupes « un outil ponctuel pour l’élection »  : « Je ne tiens pas à ce que le PCF y fonde son identité. Notre projet économique est cohérent, ce que je ne retrouve pas dans d’autres formations. Le nucléaire est aussi un point de divergence. Et la valeur travail, à mon avis, est importante. Je ne suis pas contre le droit à la paresse, mais une fois qu’on a le travail. » Parmi les 87 inscrits de ce bureau, Martine Devynck, qui a longtemps travaillé à la mairie de Lille, fait à son tour son entrée. Elle vote également pour le premier texte, pas convaincue par « l’urgence » revendiquée par le projet alternatif, mais elle confie aussi quelques critiques. « Nous ne sommes pas les meilleurs, nous avons fait des erreurs. Sur le féminisme, les violences exercées contre les femmes, nous avons longtemps été à côté de la plaque. La prise de conscience vient un peu tard », estime-t-elle.

Apporter « une perspective à la colère de tous ces gens dégoûtés de la politique »

Autant de questions qui ont également traversé les échanges des communistes du 20e arrondissement parisien, réunis pour un débat de près de deux heures jeudi soir avant que sonne l’heure du vote. À la tribune improvisée, la responsable locale Raphaëlle Primet présente le texte du conseil national, qu’elle soutient, parce qu’il s’agit notamment, à ses yeux, d’être « à la fois unitaire et de mener le rapport de forces », pour apporter « une perspective à la colère de tous ces gens dégoûtés de la politique ». À ses côtés, l'ancien secrétaire national Pierre Laurent, adhérent de la section, défend la démarche d’« Urgence de communisme ». « Bien que la société se pose la question du dépassement du capitalisme, notre niveau d’influence reste bas. C’est le grand paradoxe de la période. L’idée de communisme a été abîmée par le XXe siècle, nous devons en porter une vision nouvelle et la faire vivre au présent », expose-t-il, insistant sur le rassemblement, car, à défaut, « nous risquons soit que perdure la politique de Macron, soit la victoire du RN ».

Un point qui anime le débat. Dans la salle, Boris se dit ainsi favorable au texte du conseil national notamment parce qu’il « parle beaucoup plus de comment convaincre les gens plutôt que d’alliances », celles-ci condamnant à « toujours être pris dans la logique du vote utile », selon lui. « La situation est tellement urgente qu’on n’est pas dans une configuration où on peut se payer le luxe de se poser la question d’avoir un candidat à chaque fois et faire, peut-être, 5 % », estime, pour sa part, Charlotte, qui n’a envie ni « de se faire bouffer par FI », ni « d’un repli sur nous-mêmes ».

Partisans d’un texte ou de l’autre, les militants pointent aussi des questions à approfondir. À l’instar de Nicolas, qui a choisi – comme près de 75 % des 129 votants de la section – le texte de la direction, qu’il estime porteur d’« une ambition à poursuivre avec enfin une visibilité » du PCF, mais qui voudrait voir davantage interrogé « le projet de société : quelles transformations de l’économie, quels nouveaux rapports de production, et comment on franchit le cap pour les obtenir ».

S’il affirme une orientation, le vote de ce week-end ne clôt pas les débats. La « base commune de discussion » choisie par les adhérents du PCF doit désormais être amendée d’abord dans les sections, puis les fédérations, courant mars, et enfin à Marseille début avril. D’ici là, un autre chantier doit s’ouvrir dès le week-end prochain avec un nouveau conseil national, notamment consacré à la révision des statuts du Parti.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011