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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 08:28

De nouveaux besoins à satisfaire…

Financer les départs anticipés en raison de la pénibilité et des longues carrières, augmenter les basses retraites, assurer le rattrapage du pouvoir  d’achat, revenir à l’indexation sur les salaires, aux 10 meilleures  années pour  le calcul  des pensions, corriger  les insupportables inégalités qui touchent notamment  les femmes, les ouvriers,  et les plus modestes, faire face aux besoins liés à la démographie, au risque  dépendance, garantir  l’âge légal de la retraite à 60 ans.

… Par de nouveaux financements

Les plans d’instauration de la capitalisation et des fonds de pensions qui jouent la retraite en bourse en soumettant les retraités aux turbulences des marchés financiers,  ne sont pas soutenables. La répartition est plus fiable que la capitalisation.  En liant solidairement et simultanément la création de richesses et le financement de la protection sociale, la « répartition » soutient la croissance et ne subit ni n’alimente la spéculation boursière. L’abaissement du taux de chômage, le relèvement des salaires, et un nouveau type de croissance, de politique économique et de gestion des entreprises sont au cœur de la question du financement, ce qui impliquerait d’agir sur l’ensemble des variables économiques qui contribuent au financement des retraites.

1% de masse  salariale en plus représente 2,5 milliards d’euros de cotisations en plus pour la protection sociale.

1% de taux  de croissance réelle  supplémentaire cela représente 2,5 milliards  de cotisations nouvelles

100 000 chômeurs de moins  représentent 1,3 milliard de cotisations en  plus,  près  de  la moitié  de  ces  cotisations étant destinées au système de retraites.

La part des retraites dans le PIB va s’accroître  de 2000 à 2040 de l’ordre de 50 %, en relation avec le vieillissement  de la population,  et devra monter au minimum  à 18 % au lieu d’un  peu plus de 12% aujourd’hui.

Les mesures que nous préconisons représenteraient certes d’ici 2040, au moins 15 points de cotisations supplémentaires mais participeraient à un nouveau type et une nouvelle dynamique de la croissance réelle centrée notamment sur le développement de l’emploi, de la formation, des salaires, le développement durable. Elles contribueraient au renouvellement de la force de travail.

Quatre Propositions clé

1) Une réforme de l’assiette des cotisations patronales visant à dégager des rentrées de cotisations nouvelles en lien avec le développement des emplois et des salaires, de la formation et de la qualification.

Nous défendons le principe des cotisations sociales fonction des salaires versés, liées à l’entreprise, lieu où se créent les richesses. Il faut rompre avec le type de gestion des entreprises  et de politique économique qui limite  la part des salaires dans la valeur ajoutée. Notre proposition est de moduler les taux de cotisation,  en fonction  de la politique d’emploi des entreprises et du rapport entre les salaires et la Valeur ajoutée. Les entreprises qui développent l’emploi et relèvent la part des salaires dans la valeur ajoutée, se verraient appliquer un taux de cotisation plus faible relativement, mais la relance des emplois , des salaires et d’un nouveau type de croissance ferait rentrer une masse de cotisations  supérieure. Inversement, les entreprises génératrices de licenciements, d’emplois précaires, de bas salaires, engendrant une baisse de la part des salaires dans la VA, et qui joueraient sur les placements financiers, seraient assujetties à des taux de cotisation beaucoup plus lourds.

2) Une cotisation nouvelle sur les revenus financiers des entreprises et des institutions financières au même taux de cotisation que les salaires.

Pour s’attaquer à la logique de la financiarisation il faut pénaliser les capitaux qui fuient dans la croissance financière et contribuer ainsi à une nouvelle logique de la croissance et du développement durable en incitant  à de nouveaux critères  d’utilisation des fonds, et à de nouvelles rentrées de cotisations. Notre proposition est de taxer les produits financiers (bruts) des Entreprises non financières car certes il faut faire contribuer ces produits, mais il faut surtout les faire reculer. Il s’agirait aussi de taxer les produits  financiers (nets) des banques : « Net » car leur fonction c'est de prêter, donc d'avoir des produits  et charges financières.

Rapport sur les Comptes de la Nation en 2008, publié en mai 2009 (2)

Les produits financiers bruts des entreprises non financières (ENF) s'élèvent à 254,6 Mds d'euros  en 2008 (y compris revenus des investissements directs étrangers).

Les produits financiers nets des sociétés  financières (SF) s'élèvent à 13,7 Mds d'euros  en 2008 (y compris  revenus des investissements directs étrangers).

Donc le volet  taxation de la proposition porterait,  dans sa version  simple  sur une base  de revenus financiers de 13,7 + 254,6 = 268,3 Mds d'euros en 2008, si on applique l’ensemble du taux de cotisation , part patronale et ouvrière au RG, cela ferait rentrer 15% de 268,3 soit 40 milliards  d’euros pour la CNAV du RG.

3) L’emploi est au cœur du financement des retraites.

Cela exige un relèvement du taux d’activité  notamment des femmes, ce qui impliquerait aussi un nouveau type de politique familiale centrée aussi sur la formation , la réussite, la promotion des salaires et des qualifications.  Il faut viser la résorption de la précarité et l’insertion dans des emplois qualifiés et rémunérés convenablement, notamment pour les jeunes. De même il est urgent de lutter  réellement contre  l’éviction des seniors. Sécuriser tous les moments de la vie, de l’entrée des jeunes dans la vie active, en passant par le développement de la formation  tout  au long de la vie, jusqu’à l’emploi  des seniors, participerait à l’avenir du financement des retraites.

4) Suppression des exonérations de cotisations patronales qui ne créent pas d’emploi et tendent à tirer les salaires vers le bas.

Les exonérations, principalement celles sur les bas salaires, tendent  au développement  des emplois précaires, ne créent pas d’emplois et tirent l’ensemble des salaires vers le bas. Les fonds publics en France compensent pour  une large part cette perte de ressources (30 milliards  d’euros)  en 2009 pour  la Sécurité sociale. Nous proposons de réorienter ces fonds publics ainsi gaspillés en supprimant ces exonérations et en organisant la conversion de ces fonds publics gâchés, en Fonds publics nationaux et régionaux consacrés au développement de l’emploi et de la formation, contribuant à un nouveau type de croissance réelle et donc au financement des retraites par répartition.

Une refonte du financement  des retraites et de la Sécurité sociale est nécessairement articulée  à un nouveau projet  de société Celle-ci serait branchée sur une nouvelle  logique de développement,  une nouvelle civilisation, mettant au centre une véritable sécurisation et un développement de l’emploi et de la formation.

Cela impliquerait des constructions nouvelles comme les forces de progrès avaient pu construire la Sécurité sociale en 1945. Sécuriser emploi,  formation  et revenus serait créateur de rentrées de cotisations, notamment pour le financement des retraites.

De nouveaux droits  et pouvoirs,  pour  les salariés ainsi que les retraités et tous les citoyens, doivent leur permettre  d’intervenir sur l’orientation de l’argent pour l’emploi,  les salaires, la formation,  la protection sociale, le développement durable. On pourrait mobiliser l’argent, par un nouveau crédit, des Fonds régionaux, d’autres missions de la Banque centrale européenne, pour l’emploi, la formation.

(1) Ce travail a été réalisé pour la revue Plein temps avec la coopération de, Michel Bruneau et Claude Pondemer. Les tableaux et calculs, issus du Rapport sur les Comptes de la Nation, ont été fournis par Frédéric Boccara, ils permettent d’actualiser et d’affiner nos propositions.

(2) Tableaux et calculs fournis par Frédéric Boccara

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 14:58

Systématiquement évacués des analyses de la crise, les prélèvements financiers effectués sur les entreprises au bénéfice des actionnaires, au détriment du travail, représentent entre 94 et 130 milliards d’euros, selon une étude de cinq économistes.

C’est l’obsession des libéraux depuis plus de trente ans. La France souffrirait d’un grave problème de compétitivité lié à son « coût du travail ». Face à ce nouvel emballement médiatico-politique, cinq économistes ont mené une étude, dans le cadre de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), en partant du principe que « si problème de coût il y a, pourquoi ne pas aller voir aussi du côté du coût du capital ». Autrement dit, il s’agit pour ces économistes d’évaluer le montant des revenus prélevés sur les entreprises – les intérêts versés aux banques et les dividendes octroyés aux actionnaires – qui n’ont « aucune justification économique ». Un pactole qui, dans le discours libéral, répondrait aux « impératifs de financement », apparenté ainsi à un coût « normal », alors qu’il s’agit en réalité d’un « surcoût du capital » qui n’est autre qu’une « rente financière », soulignent les auteurs de l’étude. 

Une ponction directement versée en dividendes

Leur résultat dépasse les hypothèses, puisqu’ils estiment que ce surcoût correspond à un prélèvement annuel de 94 à 130 milliards d’euros réalisé sur le compte des entreprises non financières (voir infographie ci-contre), soit 10 % des richesses créées par ces sociétés, ou encore 60 % des investissements réalisés en 2011. Une ponction versée directement sous forme de dividendes et d’intérêts qui n’a cessé d’augmenter : elle représentait en moyenne 34,4 % des profits dans les années 1921-1981, avant d’exploser à 91,9 % entre 1987-2011. Et tout cela au détriment des salaires, de l’emploi et des opportunités d’investissement. Pis, en prélevant entre 80 et 90 % de la trésorerie des entreprises, ces dernières, privées de capacité d’autofinancement, se retrouvent dépendantes des banques et des marchés financiers pour investir. Au final, « le coût supporté par les travailleurs et par l’ensemble de la société, du fait de l’augmentation de la rente financière », est double, analysent les économistes. D’une part, avec la modération salariale, mais également lorsque des projets de développement d’utilité « économique, sociale et environnementale » se retrouvent mis sur la touche « du fait qu’ils ne souscrivent pas aux exigences de rendement financier du moment ».

Parue en mai 2013, cette étude a été passée sous silence par les médias de masse pourtant friands des sujets sur la compétitivité. N’en déplaise à Bruxelles, la « véritable réforme structurelle » qui permettrait de relancer la croissance et l’emploi n’est-elle pas celle du capital plutôt que celle des retraites ? La montée du chômage, le faible investissement des entreprises et les fermetures d’usines rentables ne sont donc pas la conséquence d’une explosion salariale comme l’avait prétendu Nicolas Sarkozy en défiscalisant les heures supplémentaires puis, à la fin de son mandat, en proposant la mise en place d’une TVA sociale. La victoire de François Hollande laissait planer un vent d’espoir, après que le candidat socialiste eut déclaré dans les colonnes de l’Express, en avril 2012 : « Le coût du travail est-il trop élevé en France ? Par rapport à qui ? Aux pays émergents ? Sûrement, mais notre avantage compétitif ne peut se jouer sur ce terrain. » Quelques mois plus tard, le rapport Gallois, ex-patron d’EADS, mettait l’accent sur les vieilles lunes de la droite et du patronat, même s’il reconnaissait que l’important déficit d’innovation était un autre facteur à explorer.

 Le cadeau fiscal aux entreprises

En réponse, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a adopté un « pacte national pour la croissance », dont la mesure phare n’est autre qu’un nouveau cadeau fiscal aux entreprises de 20 milliards d’euros, représentant une baisse du coût du travail de 6 %. Pourtant, durant ces trente dernières années, si le salaire moyen a doublé, le montant des dividendes a été multiplié par treize…

Trente ans de baisse de « charges »  Depuis trente ans, les baisses de cotisations sociales patronales se succèdent, sans que se dessine le moindre effet significatif sur les chiffres de l’emploi. La Cour des comptes a déjà pointé, en 2006 et 2009, le coût excessif de ces exonérations, dont « l’efficacité quantitative reste trop incertaine ». En 2011, l’enveloppe s’élevait à 28,3 milliards d’euros, soit 9,2 % du total des cotisations sociales. L’idée que le travail coûte trop cher, serpent de mer de la politique de l’emploi, grève le budget de la Sécurité sociale en allégeant chaque année la facture sociale des entreprises. Le crédit d’impôt compétitivité-emploi leur offre 20 milliards d’euros de réduction d’impôt en plus. Mais, alors que l’Insee annonce un « nouveau recul des investissements », en juin, l’augmentation des marges qui va en résulter profitera sans doute aux actionnaires.

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 09:43

 

Les adhérents du Parti communiste français étaient appelés aux urnes ce 14 et 15 décembre 2012 afin de déterminer leur base commune de discussion pour leur 36ème congrès, qui se tiendra du 7 au 10 février 2013 à Aubervilliers. Dans un processus de travail qui commence à prendre son essor, 54,19% des inscrits se sont déplacés pour départager les quatre propositions qui étaient en débat.

 

Le texte proposé par le Conseil national du PCF, « Il est grand temps de rallumer les étoiles - Humanifeste du Parti communiste à l'aube du siècle qui vient », a été adopté à 73,15% des suffrages exprimés.
Le texte alternatif numéro 1, « Unir les communistes pour un PCF de combat, marxiste, populaire et rassembleur » a obtenu 11,08% ;
le texte alternatif numéro 2, « Combattre l'austérité, en finir avec le capitalisme », a obtenu 9,95% :
et le texte alternatif numéro 3, « Un parti résolument communiste dans l'affrontement de classe ni abandon ni effacement », a obtenu 5,82%.

 

Ce résultat marque une forte volonté des communistes de poursuivre et amplifier la dynamique engagée depuis leur dernier congrès. Il témoigne également du souffle et de l'ambition par lesquels ils veulent nourrir leur combat face à la crise et au capitalisme, dans une Révolution citoyenne plus que jamais nécessaire.

Le texte adopté est désormais le bien commun de l'ensemble des communistes. Mais ce vote est loin de clore les débats. Il ouvre une nouvelle phase de notre réflexion qui doit nous permettre d'approfondir et de préciser nos analyses comme nos orientations. Qui doit nous permettre également nous rassembler plus encore. Dans les semaines qui viennent, nous appelons les communistes à poursuivre le travail engagé afin d'enrichir cette base commune et de faire de notre congrès un évènement politique retentissant pour notre peuple.

 

Pierre Dharréville, membre du Conseil national du PCF, responsable de la commission du texte.

 

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 13:03

Le 36e congrès du Parti Communiste se déroulera du 7 au 10 février, à Aubervilliers. Il est préparé sur la base d'une texte "base commune de discussion". Dans un premier temps les communistes étaient appelés à se pronocer, par un vote, pour définir, parmi les quatre textes proposés, celui qui allait devenir "base commune de discussion".

 

Le vote à la section de Morlaix a eu lieu aujourd'hui, samedi 15 décembre jusqu'à midi, et hier soir, vendredi 14 décembre.  

Voici les résultats:

 

Voici les résultats du vote d'hier et d'aujourd'hui ; nous avons 81 inscrits et 71 à jour de cotisations .

  

   il y a 35 exprimés :

   - Sur la base commune proposée par le Conseil National du PCF "Humanifeste du Parti communiste à l'aube du siècle qui vient": 24 voix (68% des suffrages exprimés).

   - Sur l'alternatif 1 "Faire vivre et renforcer le PCF - Unir les communistes pour un PCF de combat marxiste, populaire et rassembleur" : 2 voix (5,7%)

   - Sur l'alternatif 2 "Combattre l'austérité, en finir avec le capitalisme" : 9 voix (25,7%)

   - Sur l'alternatif 3 "Un parti résolument communiste dans l'affrontement de classe - Sans abandon ni effacement!" : 0 (0%)

 

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 10:24

 Commentaire du projet de base commune pour le 36 e congrès des Communistes: « Humanifeste du Parti communiste français à l'aube du siècle qui vient ».

 

A travers son titre, avec le néologisme « humanifeste » signifiant probablement « manifeste d'un communisme humaniste fondé sur l'émancipation de l'humain et conditionné dans sa réalisation sur celle-ci », on sent que ce texte proposé pour servir de base commune lors du congrès de février prochain et sur lequel on votera les 14 et 15 décembre est très ambitieux. Il cherche à redéfinir ce que c'est qu'être communiste aujourd'hui, c'est à dire quels sont nos idéaux et nos principes philosophiques, quelle est notre analyse fondamentale de ce qui se joue dans la réalité économique et sociale à l'échelle planétaire aujourd'hui, notre vision des moyens souhaitables et possibles pour transformer profondément la société actuelle afin de la rendre plus humaine.

Plus que la présentation d'un programme d'activité et de réformes attendues, c'est un véritable projet donnant du sens et de l'ampleur à notre action, pour nous militants, et pour la population que nous devons convaincre, dont on reconstruit ici les racines, les finalités dernières, et les opportunités historiques à travers un diagnostic très juste sur la réalité présente – une caractérisation assez complète de la crise que nous vivons et qui appelle à mobiliser pour inventer une porte de sortie du capitalisme: « crise économique et monétaire, crise sociale, crise écologique, crise démocratique et politique, crise anthropologique » (Pierre Dharréville, rapporteur de la Commission du texte). Cette présentation du contexte dans lequel s'enracine l'urgence de notre combat pour « l'humanisation du monde » et des finalités et principes généraux de ce combat fait l'objet de la partie I: Face à la crise, le choix radical de l'humain.

 

Choisir l'humain est en effet un choix de radicalité dans le contexte actuel, car le capitalisme dégrade et menace radicalement l'homme dans son intégrité et sa dignité. Un exemple parmi d'autres, sur lequel le texte s'attarde avec raison car c'est un poison qui est en train de gangréner notre société, « pour brouiller la perception de l'affrontement de classe, on essaie de faire émerger des lectures du monde que nous devons rejeter avec force » (Pierre Dharréville), basées sur le communautarisme et les affrontements identitaires ou une ethnicisation des rapports sociaux:

 

«  Racisme, xénophobie, antisémitisme, islamophobie, lesbophobie, transphobie et autres avatars du rejet de l'autre n'ont pas attendu la naissance des marchés financiers pour sévir? Nous les combattons tous avec vigueur, en tant que tels. Nous savons aussi que les forces dominantes ont bien compris le parti qu'elles pouvaient en tirer: afin de détourner la colère du peuple sur d'autres têtes, elles s'attachent à diviser leurs victimes dans des affrontements qui laissent à l'abri leurs intérêts. Pour déclarer l'ouverture de la chasse aux boucs émissaires, tous les prétextes sont bons. La stigmatisation tout azimuts des jeunes des quartiers populaires, des agents de la fonction publique, des grévistes, ou encore des chômeurs et des pauvres établit une liste de prétendus profiteurs du système, en même temps que le portrait robot du prétendu méritant vertueux qui serait lésé par leur seule existence. Dès lors, lutter contre toutes les dominations, travailler à gagner l'unité et la solidarité contre les divisions, c'est façonner cette nouvelle conscience de classe que nous recherchons. C'est plus que jamais une urgence... En effet, à partir de l'insécurité sociale latente, tout est fait pour que l'être humain se sente plongé dans un climat d'insécurité existentielle, au point de vivre comme un individu assiégé de toutes parts. Assiégé dans son être même, son identité... Le déplacement du conflit social sur le terrain identitaire et communautariste est lié à l'héritage complexe et encore pesant d'une histoire nationale marquée par le fait colonial et relève aussi d'une stratégie visant à fractionner les couches populaires et à masquer l'aggravation des divisions sociales. C'est ce qu'on appelle l'ethnicisation des rapports sociaux, et c'est, dans le monde d'aujourd'hui, une arme de division massive » (I, 3: « un nouvel âge de la lutte des classes dans une humanité fragmentée").

 

Comment s'en sortir? En combattant la xénophobie et les assignations identitaires d'exclusion, en tenant un discours universaliste, un discours laïc sans concession ni esprit d'ostracisme ou de marginalisation d'une culture ou d'une religion, en redonnant, à travers les luttes notamment, le sens de leurs intérêts sociaux communs et de leur appartenance à un universel commun aux individus, en cherchant à les détourner de l'enfermement dans des « identités étriquées, fantasmées, artificielles » d'où ils tirent un orgueil et une morgue imbéciles:  

« La question est bonne: homme, femme, qui es-tu? Mais la réponse ne peut consister à s'enfermer dans des cases pour se rassurer et se protéger. L'être humain est un être social, un être de relations, un être de culture. L'être humain est un producteur. Un être en chemin et en devenir. Chacune, chacun, nous sommes des humains uniques et complexes, d'influences et d'appartenance multiples. Ensemble, nous sommes l'humanité » (I,3).  

 

Il fut un temps où certains communistes considéraient, pour résumer les choses de manière un peu caricaturale, que toutes les dominations et les injustices sociétales seraient brisées par la révolution dans les structures économiques de production et de répartition des ressources et qu'il fallait se concentrer sur des problèmes "ouvriéristes" (les salaires, conditions de travail) et économiques plutôt que de disperser nos forces sur la dénonciation au nom de l'humanisme, de l'universalisme abstrait, des violences faites aux femmes, du racisme, de l'homophobie, du manque d'humanité de l'école, du système judiciaire et des prisons, tous combats qui nous auraient détourné du combat de classe. Aujourd'hui, il est frappant et satisfaisant de constater que la direction du PCF associe étroitement le combat culturel pour l'émancipation humaine, qui aurait pu jadis être qualifié de petit-bourgeois (se libérer des "appartenances-prisons" et de ces autres aliénations que sont le racisme, la stigmatisation de l'autre parce que différent) et le combat social. Casser les logiques d'enfermement identitaire et de compréhension ethnico-culturelles des rapports sociaux est une condition pour reconstruire une conscience de classe et créer un rapport de force afin de changer le système économique basé sur l'exploitation. Ce dépassement des affrontements communautaires suppose aussi une certaine vigueur et une certaine efficacité du combat de classe.

  

Ce sujet fait l'objet d'un des cinq débats spécifiques ouverts pour approfondir la réflexion et pourquoi pas améliorer notre texte de congrès. La fenêtre 2: « Comment faire face à la fragmentation de la société, lutter contre les divisions, combattre les visions ethnicisés du monde, affronter l'individualisation des rapports sociaux? Comment construire une conscience de classe de notre temps? Comment lutter contre la montée de l'extrême-droite et de ses idées? Comment rassembler pour un changement politique? ».

Réfléchir sur les moyens de contourner cet obstacle majeur au rassemblement des dominés et exploités pour conquérir le vrai changement, qu'est la progression du racisme et d'une vision fragmentée, individualisée et ethnicisée du monde social, est en effet une obligation urgente, même si les issues pour sortir par le haut de cette situation d'exaspération de la haine, de la méfiance ou de la stigmatisation de l'autre entretenue par le système (via ses médias, ses zélés serviteurs au niveau politique: un Sarkozy, Valls et consorts.) ne sont pas faciles à identifier.

 

C'est pour moi une grande satisfaction de constater que la proposition de base commune pour le Congrès du Conseil National contient, au-delà de l'affirmation d'un programme, de principes de fonctionnement du parti et d'une stratégie pour servir au mieux les intérêts du peuple, un tel rappel de ce qui nous réunit et nous fait nous investir au travers d'une cause à dimension universelle.

Cela témoigne d'une confiance retrouvée dans notre tâche historique et dans le devenir des idéaux communistes, confiance que l'on peut mettre au crédit de la confirmation par les faits- de plus en plus généralement perçue - de nos analyses anciennes sur les méfaits du système capitaliste, qui prend aujourd'hui une forme de plus en plus pure et délivrée de contre-pouvoirs. Une ambition nouvelle qui s'explique aussi par le renouveau des luttes sociales sur le plan national et international et par les premières réussites de notre stratégie nouvelle de rassemblement des diverses tendances de la gauche de transformation sociale à travers le Front de Gauche, stratégie qui nous permet d'être de nouveau utiles et efficaces dans la défense de nos idéaux.

Ce congrès ne sera pas celui d'un chant du cygne, comme a pu le paraître celui de Martigues, mais celui d'un nouveau départ, d'une entreprise de reconquête assurée de ses bases et de son devenir, et c'est heureux.

  

Ce texte me paraît globalement juste dans son analyse et enthousiasmant du fait de sa profondeur de vues sur les finalités, l'idéal commun qui nous rassemble, et sur la description de la réalité que nous subissons et dans laquelle nous cherchons la voie d'une humanisation de la société.

Il a le mérite de mettre au cœur de notre action l'impératif de démocratisation, et - c'est le produit d'une prise de conscience autonome et de la nouvelle culture politique que l'on élabore progressivement au sein du Front de Gauche - un impératif de conversion culturelle écologiste par la rupture avec le productivisme et le consumérisme.

Cela suppose une rupture avec les logiques capitalistes, y compris avec celles qui se dissimulent sous l'étiquette du « développement durable » et du « capitalisme vert ». Cela ne doit pas non plus occulter les besoins humains insatisfaits et ceux créés par l'expansion démographique à l'échelle planétaire. Cet impératif de conversion écologique suppose une modification de notre conception traditionnelle du progrès (qui ne consiste pas pour autant à diaboliser la science ou l'invention technique) et une rupture avec l'idéologie aliénante du bien-être identifié à la consommation ostentatoire et excessive.

C'est la première fois, il me semble, qu'un texte de congrès communiste manifeste une telle préoccupation écologique. Jugez plutôt:

« La crise économique et sociale se mêle à une crise écologique croissante. Car la course effrénée au profit se nourrit également sans vergogne de la spoliation permanente des ressources naturelles. La pollution des océans, des rivières et fleuves provoque une disparition de la flore et de la faune aquatique; l'exploitation sans retenue des forêts conduit à leur disparition; l'agriculture intensive entraîne l'appauvrissement des terres et des sous-sols tandis que la biodiversité s'effondre... Le réchauffement climatique tient une place de premier rang dans l'ordre des défis à surmonter: les tempêtes et les inondations sont le pendant de la sécheresse et de la désertification. Quant à la fonte de la banquise et des glaciers, elle engendre l'élévation du niveau des mers créant par millions une nouvelle catégorie d'êtres humains: les réfugiés climatiques... La réduction des énergies carbonées à l'origine des effets de serre est donc une absolue nécessité planétaire... Enfin, le respect des ressources en eau et leur partage nécessitent une prise de conscience plus vigoureuse encore, tant les besoins sont criants. Et l'heure est à un tout autre modèle d'agriculture, protégé de la spéculation, soucieux de la santé publique et de la lutte contre la faim. (…) ».

Et, quelques pages plus loin: « La planification écologique doit devenir l'outil du débat démocratique, afin de mieux maîtriser les enjeux de production, d'éviter les gaspillages de ressources, les atteintes à la biodiversité et d'organiser la véritable réponse aux besoins... De ce fait la transition énergétique française, pour rendre effectif le droit à une énergie pour tous, devra passer par un important effort de sobriété et d'économie d'énergie dans l'habitat et les transports, ainsi que par un mix énergétique entièrement public, portant des exigences accrues de sûreté sur le nucléaire et de plus en plus marqué par les énergies renouvelables. La recherche devra être déployée dans tous les domaines. Il est grand temps de sortir du cycle infernal productivisme-consumérisme, qui n'a d'autre finalité que le profit de quelques-uns. Il faut donner un tout autre contenu à la croissance, imposer des exigences qui ne peuvent être que celles d'un développement humain durable. Il faut traquer, par exemple... l'obsolescence programmée, qui voit des entreprises produire des biens à durée de vie volontairement déterminée pour fidéliser, en quelque sorte, leur clientèle... L'eau devra être reconnue comme un bien commun de l'humanité, garantie comme un droit pour les populations et partagée jusque dans la gestion publique et coopérative des ressources. Il faut également anticiper les moyens de relever le défi alimentaire, en quantité comme en qualité, en refusant la mainmise des multinationales sur la production agricole avec ses organismes génétiquement modifiés et son modèle autant intensif qu'extensif qui constitue la négation de la souveraineté alimentaire et de l'agriculture paysanne comme de la pêche artisanale. En refusant également de laisser la grande distribution venir spéculer, ponctionner et orienter à sa guise, privant les producteurs d'une juste rémunération. Il faut changer de logique en imposant les exigences d'un développement humain durable. Notre croissance est celle du développement social et écologique, pas celle de l'accumulation du capital. Le but du travail ne saurait être de produire toujours plus d'objets de consommation rentables et jetables mais de permettre à l'humanité de vivre bien ».

 

On ne pourra plus dire (même si, sur certains dossiers comme l'interrogation sur le bien-fondé du choix du nucléaire ou d'infrastructures manifestant le choix d'un développement coûteux pour le climat telles que l'aéroport de  Notre-Dame des Landes, nous n'avons pas assez avancé de mon point de vue) que les communistes sont rétifs au nom de la technophilie, du scientisme, de l'emploi, à la prise en compte des défis et des enjeux écologiques: ils trouvent même un nouvel argument de mise en cause du système capitaliste dans l'urgence écologique.

Cela, on l'a senti déjà il y a quelques mois en lisant le très beau Pour une terre commune de André Chassaigne ou plus récemment le livre de Pierre Laurent Maintenant prenez le pouvoir.

« De ce point vue, peut-on lire dans le dernier essai mentionné, les communistes, mais les écologistes aussi, ont tardé à comprendre le lien désormais indissociable entre le combat pour l'émancipation du travail et la sauvegarde de l'environnement vitale pour la planète et les êtres humains qui l'habitent. Ils n'ont pas assez fait assez vite de l'écologie sociale, de la justice climatique, de la préservation des ressources naturelles dès la production une priorité alors que, pourtant, s'amplifiaient les effets destructeurs sur l'environnement d'un capitalisme prédateur qui traite en marchandises aussi bien les hommes que les ressources de la planète, au lieu de considérer ces dernières comme un bien commun de l'humanité. Les choses ont aujourd'hui bien changé » (Les éditions de l'Atelier, p. 60).

 

Notre texte préparatoire au Congrès est également lucide et sans concession dans son appréciation de l'action conduite par le gouvernement socialiste et ses alliés:

« Depuis sa prise de fonctions, le gouvernement roule à contresens. Tout se passe comme si l'actuelle majorité s'appliquait à gérer les suites du quinquennat précédent. Il est d'abord demeuré sans réponses satisfaisantes aux urgences, sans gestes forts annonçant une réparation des blessures de la droite et sans ambition de transformation. S'il y eut quelques mesures positives, comme la suppression du bouclier fiscal et l'annonce d'une loi autorisant le mariage et l'adoption par les couples de même sexe, les actrices et les acteurs du grand mouvement pour le droit à la retraite qui a préparé la défaite de la droite en sont pour leur frais. En réalité, obnubilé par les exigences des marchés financiers, parmi lesquelles la réduction de la dette- et en fait celle des dépenses publiques- le gouvernement est bien en peine d'apporter de véritables réponses aux besoins. Si les engagements pris étaient frappés au sceau de véritables contradictions, ceux qui commencent à être reniés sont justement ceux qui nous paraissaient aller dans le bon sens. Ainsi, la décision de ratifier en l'état le traité européen écrit à quatre mains par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, alors qu'il n'a pas été renégocié, manifeste le choix de promouvoir les orientations austéritaires de l'Union Européenne. C'est un acte grave, qui sera définitivement entaché d'irrégularité démocratique. Avec son refus de contester le pouvoir de la finance, le gouvernement n'est pas en capacité de combattre la crise. Il l'aggrave même avec son plan d'économies budgétaires sans précédent. Au fond la question posée est: où est passé le changement? Cette situation est symptomatique: il n'y a plus de marges hors l'impulsion de vraies ruptures avec les logiques du système » (II. La révolution citoyenne pour gagner le changement).

 

Cette politique gouvernementale pourrait illustrer un diagnostic général particulièrement lucide et critique sur l'état de la démocratie dans les pays occidentaux qui voient le triomphe du néo-libéralisme, « la démocratie réduite à un théâtre d'ombres », avec une perte de souveraineté du peuple et un abandon volontaire de souveraineté du politique:

« Devant la pression du pouvoir considérable acquis par les marchés financiers, nous sommes entrés dans un cycle de régression démocratique. La capacité d'intervention des peuples a été rognée en permanence jusqu'à être cantonnée à la marge des grandes orientations qui régissent les sociétés, tandis que la puissance publique a été accaparée au service des marchés financiers. A tous les niveaux a été organisé le dessaisissement progressif des citoyennes et des citoyens de leur pouvoir. On est passé de l'Etat-providence à l'Etat de marché. Pour donner le change, on a ainsi inventé le concept particulièrement pervers de gouvernance, véhiculant l'idée que la conduite politique pouvait se contenter de compétences. Par une série de coups d'Etat déguisés, une petite oligarchie, relayée par ses innombrables lobbies, a pris le pouvoir de façon insidieuse, maintenant les apparences de la démocratie. Ainsi, plus les changements nécessaires paraissent immenses, moins l'action politique paraît être porteuse de solutions ».

 

Quels sont, au-delà des grandes qualités que j'ai cherché à dégager, les défauts que je vois à ce texte proposé pour base commune?  

 

- Il peut-être parfois inutilement touffu et pose des problèmes de structuration à certains moments (mon commentaire souffre des mêmes défauts, en pire).  

 

- Il pose des problèmes plus sérieux quand on s'intéresse à la définition, par trop imprécise, des moyens du changement que nous visons, de la stratégie pour fédérer la majorité qui a intérêt au progrès social et au combat contre les logiques capitalistes.

 

- Il manque d'ambition, de mon point de vue, par rapport à la structuration et à l'approfondissement citoyen et démocratique du Front de Gauche, malgré la volonté affichée de prolonger l'expérience et de franchir un nouveau cap pour élargir à des couches sociales nouvelles l'audience du Front de Gauche et rendre notre rassemblement plus efficace dans la lutte et la stimulation de la combativité citoyenne.

Tout en disant vouloir engager une nouvelle étape du Front de Gauche et vouloir le faire grandir, le texte met davantage l'accent sur le respect des spécificités et de l'autonomie de chaque organisation constituant le Front de Gauche.

Il encourage la prolongation des assemblées citoyennes, des ateliers législatifs, l'expérimentation pour faire des "fronts de lutte thématiques" et des "réseaux d'action" pour faire vivre les valeurs du programme L'humain d'abord au "plus près des territoires". Mais il ne parle pas de la création d'associations locales du Front de Gauche tout en affirmant: "au-delà des campagnes électorales, nous voulons continuer à cheminer avec un nombre toujours plus important de femmes et d'hommes, inventant les conditions d'un travail en commun".

L'idée évoquée de la mise en place d'une "coopérative" du Front de Gauche, fonctionnant au niveau national et local, n'est pas inintéressante car elle permettrait de travailler sans nécessité d'adhésion ou d'embrigadement avec des syndicalistes, des militants associatifs, des intellectuels, des professionnels, pour élaborer ensemble des propositions, nous nourrir de leurs expériences et réflexions, irriguer davantage encore le tissu social, populariser et enrichir notre projet et notre nouvelle culture de fonctionnement politique.

Elle ne saurait se substituer néanmoins de mon point de vue à une réelle reconnaissance des militants non encartés du Front de Gauche qui leur permettrait de peser sur les orientations locales et nationales du Front de Gauche, sur l'évolution de sa structuration interne et de son mode d'existence au niveau national, comme les représentants des partis peuvent le faire actuellement. 

Le Front de Gauche a suscité un réel enthousiasme dans une partie de la population pendant les présidentielles, le texte de la base commune le reconnaît volontiers - son aspect unitaire et pluraliste y doit beaucoup, ainsi que le niveau de cohérence et de radicalité du projet de transformation du système politique et économique qu'il a défendu. Il ne faut laisser retomber le soufflet sur le terrain en laissant les partis au centre du jeu par prudence sans laisser se développer par des moyens qui doivent varier suivant les réalités et les histoires locales une culture collective citoyenne, militante et idéologique du Front de Gauche, garante de la prise en compte d'un intérêt général de notre rassemblement, au-delà des possibles conflits d'intérêt, des méfiances, des désaccords d'orientation et de stratégies entre les partis du Front de Gauche. Les militants non encartés du Front de Gauche ne sont pas que des recruteurs d'électeurs, des colleurs d'affiches et des distributeurs de tracts: ils veulent être réellement partie prenante de l'évolution et des choix d'orientation du Front de Gauche: la structuration du Front de Gauche au niveau national et local doit en tenir compte à mon avis, même si cela n'est pas sans soulever des difficulltés et des problèmes. Par ailleurs, l'ouverture d'une possibilité pour les personnes non organisées et aussi pour celles qui adhèrent à un parti membre du Front de Gauche, de s'inscrire activement, en dehors des campagnes électorales, dans une dynamique d'action à l'intérieur du Front de Gauche, distinct mais solidaire et inséparable des partis qui le constituent, est une condition de notre enrichissement en termes d'apports militants et d'audience sociale. Je pense que l'avenir du Front de Gauche doit être pensé dans un premier temps au niveau des congrès des partis politiques qui le composent et, ensuite, également au niveau des collectifs Front de Gauche eux-mêmes, qui devraient pouvoir porter leurs voix au niveau national par l'intermédiaire de compte-rendus d'Assises locales et de représentants mandatés. Ces légitimités multiples compliquent notre travail mais il faut les prendre en compte pour ne pas faire retomber la vague et au contraire la renforcer afin de faire du Front de Gauche "un grand mouvement capable de bousculer le rapport de force à gauche jusqu'à rendre majoritaires les options de transformation sociale en son sein".   

 

- Au niveau programmatique, il manque de précision sur la question du sort de la dette, les nationalisations à accomplir, les moyens de prendre le pouvoir sur les marchés, d'introduire la démocratie dans l'entreprise, sur la transformation des institutions et la stratégie pour arriver à imposer la fin du présidentialisme et la proportionnelle.   

 

- L'articulation des combats nationaux pour plus de justice sociale et les combats à mener au niveau européen et international pour changer des règles du jeu qui échappent de plus en plus à la souveraineté de nos élus nationaux est affirmée comme nécessaire mais pas explicitée de manière assez développée dans ses modalités concrètes possibles. On ne nous dit pas par quels moyens aller vers cette Europe sociale et de coopération que nous appelons de nos vœux, contrairement à l'anti-européisme nationaliste ou souverainiste de droite ou d'extrême-droite.

 

- La stratégie d'alliance possible sur des projets progressistes avec le PS lors des scrutins locaux n'est pas remise en cause. Cela peut se justifier au nom de la nécessité de maintenir l'unité du parti, sa force liée aussi au nombre d'élus et à la présence territoriale, de se crédibiliser en changeant les choses concrètement à une échelle perceptible pour la population et de garder des élus pour entretenir le lien avec elle. Mais cela pose aussi un sacré problème au niveau de la cohérence politique, parfois du contenu des politiques légitimées sur le terrain par nos élus dans les majorités municipales ou régionales, et au niveau de la préservation de l'unité du Front de Gauche, de son pouvoir d'attraction, ainsi qu'au niveau de l'ambition de constituer une force de transformation sociale en mesure d'ici quelques années de supplanter à gauche le social-libéralisme.

Je cite le texte, qui me pose question et devrait faire débat:

 "Face aux ambitions affichées de la droite et de l'extrême-droite, pour chacune de ces échéances (municipales, cantonales, régionales, européennes), nous voulons rassembler le plus largement possible sur des projets ambitieux qui placent chaque institution en position de répondre aux besoins. Les communes sont un des piliers essentiel de notre république. Une bataille est engagée pour refuser la casse de la démocratie locale: tout en poussant les feux de coopération choisies, les communes doivent gagner en libertés d'action et en responsabilité. Elles sont de formidables espaces de citoyenneté, de services publics, de culture, de vivre ensemble. Les communistes sont engagés dans l'action municipale, souvent au sein de majorités de gauche constitués sur des projets. Parties prenantes d'aventures humaines et de l'histoire locale, ils veulent continuer à être utiles au plus près des femmes et des hommes et continuer à leur rendre le pouvoir. C'est pourquoi nous décidons de lancer partout des appels à de larges rassemblements en commençant dès aujourd'hui à construire les contenus qui guideront notre action avec les habitantes et les habitants. C'est avec elles et avec eux que nous voulons créer les conditions de nouvelles conquêtes politiques. Partout, nous entendons ainsi renforcer et augmenter notre influence en faisant la démonstration sur le terrain qu'une autre pratique et une autre ambition politique sont possibles. La présence d'élu-e-s communistes au sein des assemblées municipales est un point d'appui essentiel dans les batailles politiques de notre parti. Nous abordons ces élections avec un esprit de conquête, pour mettre en responsabilité plus d'élu-e-s communistes encore. La force du Front de Gauche sera un atout important pour aller vers des rassemblements les plus larges possibles à gauche, avec la volonté de faire échec aux appétits de la droite et de l'extrême-droite. Ces échéances pourront être l'occasion d'ouvrir des perspectives de sortie de l'austérité et de changement".  

Je comprends le point de vue de la majorité du Conseil National: le PCF ne peut pas consentir à s'affaiblir en perdant à nouveaux des élus locaux qui le crédibilisent et démontrent son utilité sur le terrain. Il ne faut pas s'enfermer dans une posture protestataire, dans un pôle de radicalité à la gauche de la gauche sans effets sur les politiques suivies, à défaut de quoi certains ne verront plus vraiment notre utilité pour changer la vie concretement. Il faut continuer de tenter de peser sur le PS en lui rappelant les attentes concrètes des électeurs de gauche, des électeurs du Front de Gauche qui ont élu son candidat au présidentielles et ses candidats aux législatives au second tour. Il faut refuser les orientations sociale-libérales du gouvernement, et le dire publiquement avec force pour faire monter le niveau d'exigence et de combativité des français, mais en même temps ne pas se satisfaire d'une posture d'opposition qui nous condamnerait à l'impuissance et ne pas désespérer d'infléchir la politique du gouvernement vers plus de progrès social, sûrs que nous sommes des ayants droits de la victoire de la gauche en 2012. Il ne faut pas sous-estimer non plus le danger et la gravité des conséquences d'une victoire de la droite de plus en plus ultra-libérale et proche de l'extrême-droite lors des prochaines élections et en 2017, ce pourquoi on ne décourage pas dans le texte les alliances larges, type gauche plurielle, dans le cadre des prochaines municipales, à condition qu'elles soient justifiées par des projets progressistes.

Avec toutefois une équivoque que le texte laisse subsister: comment s'embarquer dans ces élections avec les représentants d'un parti qui a engagé une politique d'austérité sans précédent affectant considérablement les marges de manoeuvre des collectivités locales et pouvant décourager les "projets les plus ambitieux", un parti qui plaide en outre pour une marginalisation de l'échelon communal alors que nous nous y opposons (nos instances nationales)? Quelle perspective donnerons-nous aux électeurs et militants du Front de Gauche si nous nous associons au PS qui ne tient aucun compte de nos propositions et de nos exigences au niveau national, qui est en train de décrédibiliser toute la gauche par sa politique de gestion libérale du capitalisme impuissante à nous faire sortir de la crise, des inégalités et de la pauvreté croissantes? Quels seront alors les moyens de pression dont nous disposerons pour avancer vers une réforme des institutions et un passage au scrutin proportionnel pour sortir du bipartisme? Le Front de Gauche lors des municipales devra t-il être revendiqué simplement pour négocier en position de force avec le PS sur un projet et une représentation politique plus avantageuse pour nous et la défense de nos idées ou devra t-il être le noyau d'un rassemblement sur une base politique claire, anti-libérale, à dimension indissolublement internationale, nationale et locale?  

 

Non dépourvu d'ambiguïtés, de lacunes, d'imperfections, ce texte me paraît néanmoins dans l'ensemble constituer une bonne base de travail à amender pour la rendre plus efficace concrètement et trancher plus nettement lors du grand moment démocratique du Congrès des débats qui agitent et parfois divisent les communistes depuis des années.

 

Son idée force est celle-ci.  

Le communisme est un humanisme conséquent et tire son fondement ultime du projet démocratique.

Le texte, beaucoup l'ont remarqué, à commencer par ses rédacteurs et promoteurs, est souvent porté par un souffle lyrique et un désir de présenter les principes et les finalités générales de ce que devrait être une société réellement humaine, qui lui donnent une forme de hauteur de vue très intéressante pour donner sens à ce qu'est notre idéal aujourd'hui, et clarifier, à l'intention des militants comme de la population, les justifications fondamentales de notre critique de la société actuelle et de notre ambition de la dépasser.

D'emblée, le texte situe l'ambition communiste de rupture avec les logiques du capitalisme et de dépassement de ce système de mise en compétition généralisée basé sur l'individualisme égoïste sur le terrain de l'exigence d'un idéalisme humaniste : changer la société pour développer les potentialités humaines, viser l'émancipation de chacun et de chacune, le droit au bonheur pour tous.

 

Il s'agit de savoir « quelle humanité voulons-nous être »: « un choix radical est devenu inévitable: suivre la pente de la compétition sauvage et de la barbarie: ou bifurquer sur le chemin du partage, de la démocratie et de l'humain ».

Le communisme est défini de manière très extensive, et non à la manière marxiste restreinte comme société sans classe ou appropriation sociale des moyens de production et disparition de l'État rendu inutile par la mise en commun des moyens d'existence.

Le communisme, c'est la démocratie en marche et la démocratie achevée: « C'est ce que nous nommons communisme: l'incessant mouvement démocratique d'appropriation citoyenne du monde et de partage des avoirs, des savoirs et des pouvoirs qui enverra peu à peu aux oubliettes l'ancien régime du capitalisme et fera grandir l'humain dans l'humanité » (I,5).

Notre projet de société, par conséquent, ne serait pas d'abord et avant tout fondé sur une analyse scientifique de l'histoire ou des contradictions à l'œuvre dans la réalité économique, il n'est pas réductible à une prise de parti dans la lutte des classes (qui n'est qu'un moyen et non une fin): il est une visée d'émancipation universelle et concrète de l'humain, que l'on doit mettre partout en pleine possession de ses droits et capacités: droit au bonheur, à l'épanouissement personnel par la culture et l'éducation, le travail utile socialement libéré de la tutelle de la rentabilité financière, l'action collective et citoyenne.

 

On retrouve ici, par delà le marxisme, le souffle idéaliste du socialisme utopique, des premiers théoriciens du communisme, du socialisme démocratique et républicain de Jaurès. La dédicace de notre Humanifeste du Parti communiste français à l'aube du siècle qui vient est d'ailleurs très jauressienne dans l'esprit et le contenu avec son style messianique et prophétique même si on doit ce vers au poète Guillaume Apollinaire, aristocrate patriote plutôt négligent en matière sociale: « Il est grand temps de rallumer les étoiles... ».

L'inspiration de Jaurès est d'ailleurs explicitement appuyée, et présentée comme une sorte de contrepoids à la traditionnelle référence à Marx, et à son matérialisme historique et sa théorie de la révolution par la violence de classe et la dictature du prolétariat, concepts ou théories qui ne sont plus tout revendiqués.

 

Le communisme, c'est d'abord un « rêve » qui traverse les âges, celui de mettre à bas les dominations et les inégalités pour rendre le monde habitable pour tous afin de favoriser le libre développement et le bonheur de chacun.

Ce rêve n'est pas une simple utopie, car le capitalisme en devenant toujours plus pur et brutal, en brisant toutes les formes de solidarité, de vie collective non médiatisée par le profit individuel et l'échange marchand, rend le monde absolument inhabitable et prépare les conditions de son dépassement en manifestant chaque jour davantage sa nocivité intrinsèque et en produisant des contradictions qui conduisent à sa remise en cause à travers des crises: « Nous voulons un nouveau monde. Il y a un monde à gagner. Un nouveau monde pour l'humanité. C'est cette conviction renouvelée qui nous rassemble. En quelques décennies, nous avons changé d'époque. Certains s'entêteront à vouloir classer notre rêve au chapitre des illusions. Ils ne veulent pas voir qu'une puissante aspiration au changement traverse l'humanité en son cœur ».  

 

Le communisme n'est plus relégué aux oubliettes de l'histoire par la faillite et le caractère oppressif des régimes communistes d'Asie ou d'Europe de l'est, par le triomphe de l'idéologie libérale avec sa démocratie a minima et son dogme du bonheur collectif par le marché et la concurrence toute puissante. Il retrouve aujourd'hui toute son actualité car le marxisme rend très bien compte de l'exaspération des tensions du capitalisme et de son absorption d'un champ toujours plus grand de sphères sociales et de pans de l'activité humaine, il rend compte aussi de la violence de la lutte des classes à l'œuvre aujourd'hui, conduite de manière très consciente par les plus riches pour leur profit.

L'exigence de construire une alternative globale au capitalisme se justifie et devrait se fortifier par les ravages du capitalisme sur la personne humaine, les sociétés et la nature, notre environnement qui conditionne notre devenir sur Terre.

L'analyse de la situation politico-économique globale du capitalisme me semble très forte dans la première partie du texte (I,1).

La lecture globale de la situation présente peut-être résumée ainsi, même si les rédacteurs du texte l'exposent bien mieux que moi: le capitalisme devient de plus en plus envahissant, de plus en plus présent dans nos vies et nos sociétés, mais c'est une conséquence de ses contradictions et de sa crise profonde qui justifient, autant que la nécessité morale et humaine de le combattre pour construire un autre système de répartition des ressources et du pouvoir, la croyance raisonnable en un devenir prochain non capitaliste des sociétés humaines. Être communiste aujourd'hui, c'est donc plus que jamais viser et préparer le dépassement du capitalisme, la substitution au capitalisme d'un autre système basé sur la coopération entre les individus et les peuples, le partage, l'appropriation commune des pouvoirs, des savoirs, des richesses, afin de faire « grandir l'humain dans l'humanité » (I,5: Un projet de société pour l'humain), « afin que le libre développement de chacune et de chacun soit la condition du libre développement de toutes et tous » (la fameuse formule de Marx reprise en I, 5).

 

L'analyse proposée par la proposition de base commune de la crise actuelle du capitalisme me parait éclairante. Par contre, là où nous sommes beaucoup moins précis et convaincants dans ce texte, à mon avis, mais c'est peut-être à dessein pour éviter de retomber dans un dogmatisme supposant un parti avant-garde définissant les formules du changement et la voie de l'avenir, c'est dans la présentation de ce que pourrait être l'organisation concrète d'une société communiste ou post-capitaliste, dans l'appréciation du rôle à conférer à la prise de pouvoir d'État, à la révolution, aux moyens d'expropriation de la bourgeoisie, et dans la présentation des moyens de contrer les effets anti-révolutionnaires sur les individus et les peuples du mode de domination capitaliste: consumérisme égoïste, division des classes populaires, abattement, résignation et ressentiment lié à la perte de pouvoir du politique, crétinisation des masses par les médias au service de la perpétuation du système et des intérêts de la classe possédante, brouillage des repères idéologiques, fabrique de boucs émissaires servant de dérivatifs à la colère sociale, exaspération du racisme et des égoïsmes nationaux.

  

Le contenu du dépassement du capitalisme à viser n'est donc pas clairement indiqué. C'est peut-être une marque de sagesse, car les théories politiques systématiques sont toujours démenties par la libre invention imprévisible des peuples dans l'histoire et par leur propension à faire du nouveau à partir d'héritages historiques particuliers dont on ne saurait négliger le poids.

C'est aussi peut-être, dirons certains avec regret et amertume, une marque d'un certain renoncement à l'ambition révolutionnaire entendue comme subversion radicale, par un affrontement qui peut être violent avec les forces qui préservent les privilèges du système capitaliste, de ce système.

 

En d'autres termes, est-ce que la majorité et la direction du PCF sont devenus des sociaux-démocrates avancés?

Non, dans la mesure où l'ambition collectiviste et la volonté de rupture avec le capitalisme ne sont pas abandonnés à titre d'idéaux activateurs de lutte et de revendications politiques et sociales concrètes. Non, car il est encore question de reprendre le pouvoir aux puissances d'argent, condition sine qua non désormais, dans les conditions de l'évolution du capitalisme mondialisé et financiarisé, de toute logique de progrès social, de développement culturel, d'écologie et d'approfondissement démocratique. Non, car la fin de l'histoire, nous le savons, n'est pas la démocratie bourgeoise inégalitaire et le marché, un système qui est en train de périr de son triomphe trop éclatant après 1989.

Mais en même temps, il y a une critique claire et répétée des expériences révolutionnaires et autoritaires des prises de pouvoir communistes en Europe et en Asie au XXème siècle. On se revendique de la révolution pour préciser aussitôt:

« Une révolution citoyenne, pacifique, démocratique, et non pas la prise de pouvoir d'une minorité. Un processus de changement crédible et ambitieux, visant à transformer les logiques du système ».

On est assurément ici plutôt du côté de Jaurès (et de son évolutionnisme démocratique et révolutionnaire) que du côté de Marx et d'Engels ou de Lénine. Je ne m'en plains pas: cela me paraît le signe d'une prise de distance nécessaire, attendue et légitime par rapport à l'héritage de la prise de pouvoir révolutionnaire par les armes, de la violence, de la bureaucratie, de la dictature communiste au XXème siècle.

Le passé du PCF est justifié à travers les conquêtes sociales et démocratiques que la mobilisation des militants pour la paix, contre le colonialisme, pour l'égalité et la dignité des travailleurs, le droit à la culture et au loisir, ont permis de conquérir, mais critiqué pour le soutien aux dictatures d'URSS et des démocraties populaires: « Nous avons affronté le XXe siècle. Au nom du communisme se sont développés des grands espoirs et des combats essentiels mais se sont aussi en certains endroits construites des sociétés d'oppression qui ont échoué à produire l'émancipation humaine que nous portons. Menant ici notre combat et provoquant des avancées sociales et démocratiques majeures, nous avons cependant peiné à nous dégager de l'affrontement qui se jouait dans la guerre froide. Nous avons souffert de voir ainsi notre idéal s'abîmer, de voir les forces capitalistes avoir beau jeu de jeter sur lui le discrédit et de voir l'espoir en un monde meilleur tellement se rétrécir » (III, 1: le nouveau parti communiste).

Les rédacteurs du texte se félicitent à ce titre que la dynamique du Front de Gauche ait permis à notre parti « d'opérer un retour remarqué sur la scène politique, et une transformation de sa propre représentation dans l'opinion publique » (II, 1). Ils se réclament de l'universalité des droits de l'homme, qui ne plus du tout des droits présentés comme formels et abstraits: « Notre patrie, c'est celle des droits de l'homme et de la femme ».  

 

La démocratie ( dans son cadre « formel » y compris, à compléter par des droits sociaux et économiques du grand nombre et un exercice concret et réel de la souveraineté du peuple: droits d'expression de l'opposition et des minorités, indépendance de la presse, libertés individuelles garanties, élections libres et multipartisme) est présentée comme une fin non relativisable, une exigence absolue et inconditionnelle, une condition sine qua non de l'émancipation: « A l'aube du XXIe siècle naissant... nous savons qu'il ne peut y avoir de communisme sans démocratie, sans que le cœur en soit la démocratie. Pour être émancipateur, un projet politique ne peut être qu'une œuvre collective à laquelle chacune et chacun peut participer ».

 

Personnellement, cette affirmation posée comme une conviction forte, et même plus encore, comme une évidence issue de l'expérience, un savoir, me convient parfaitement car elle condamne la dictature du prolétariat, l'aventure autoritaire d'une minorité visant à transformer la société en la purgeant violemment des éléments réactionnaires ou privilégiés, en créant un homme nouveau et des structures sociales nouvelles brutalement par la contrainte. Ces expériences, qui ne s'expliquent pas simplement par les tendances internes de la théorie marxiste ou léniniste, mais aussi par des conjonctures historiques et sociales particulières (héritage d'État centralisateurs, autoritaires et violents, partis communistes qui se construisent et se militarisent dans les conditions de la guerre, pauvreté des masses liée à la guerre, au sous-développement, aux privilèges passés), me semblent devoir être prises en compte sérieusement dans leurs échecs et les tragédies qu'elles ont fait naître: elles justifient le renoncement, non à la violence révolutionnaire comme moyen de la démocratie, à condition qu'elle soit celle du peuple et non d'une minorité agissante installant immédiatement une dictature pour rendre sa prise de pouvoir irréversible, mais au concept de dictature d'un parti-guide devant gommer tous les clivages et les contradictions d'intérêts et d'idées d'une société par la contrainte policière et bureaucratique.

En même temps, cette affirmation pose problème car, face aux instruments d'influence et de contrainte du capital et de ses défenseurs, face à leur projet de déshumanisation de la société pour le profit de quelques-uns, on peut se demander s'il faut désarmer par avance les classes qui ont intérêt à bousculer le régime de privilège et à changer le système, s'il faut accepter les contraintes légales de la démocratie pluraliste et formaliste, s'il faut s'interdire le coup de force d'une minorité agissante contre les exploitateurs, au moins à titre d'événement inaugural permettant une prise de conscience et de pouvoir du grand nombre. Le concept de « révolution citoyenne » est louable dans ses bonnes intentions démocratiques, il est peut-être même satisfaisant s'il désigne la société vers laquelle nous voulons tendre (celle de la démocratie intégrale et achevée), mais il est aussi « très flou » et insuffisant de mon point de vue s'il désigne les moyens du changement.

Avec quelle population nous « allons investir à tout moment les lieux possibles et imaginables, dans un vaste mouvement d'appropriation citoyenne capable de formuler et de rendre incontournables les aspirations populaires »?

Ce printemps du peuple, cette exaltation des ardeurs citoyennes, cette transformation de l'espace social en vaste forum, en agora, un terrain de manifestation colorée, devrait être le moyen démocratique d'un changement profond des structures sociales et économiques mais ne peut-on pas en même temps penser qu'il n'en peut qu'être la conséquence? Ou alors, il faudrait vraiment que se lève un espoir d'alternative politique proche et suffisamment crédible porté par des forces politiques aux portes de pouvoir et par un mouvement social résolu à ne rien lâcher et irriguant toute la société pour revoir ce type d'épanouissement populaire du politique.

On est loin aujourd'hui de réunir toutes ses conditions car la conscience de classe des exploités est devenue très lacunaire, brouillée par les conditions d'éclatement et de division du salariat, par un discours d'enfumage idéologique, l'idéologie du mérite individuel et du consumérisme, la dénonciation des profiteurs d'en bas, la crétinisation des esprits par les mass médias et une éducation de moins en moins émancipatrice. De plus, le pouvoir apparaît de plus en plus lointain, insaisissable, détenu par des institutions et des entreprises transnationales tandis que les élus nationaux se sont dessaisis eux-mêmes de leur pouvoir d'intervention économique, de sorte que cela encourage l'abattement et la résignation, le fatalisme, face à une situation que l'on croit ne plus pouvoir contrôler. Enfin, le discours médiatique ambiant, au service des puissances d'argent, entretient la résignation, la peur du déclassement, l'angoisse devant la catastrophe économique et sociale annoncée, l'idée qu'il n'y a pas de solution de rechange face à une mondialisation libérale accroissant la domination du capitalisme et la mise en concurrence de tous, tous sentiments qui incitent à faire l'autruche et à cultiver son jardin, voire à décharger sa bile sur le voisin pas comme nous, plutôt qu'à se révolter collectivement et à construire des alternatives.

Il faudrait vraiment un mouvement politique et social puissant pour changer les choses, ouvrir un horizon d'espoir, rendre son sens révolutionnaire à la situation économique et sociale présente, mais comment le faire croître et parvenir aux portes du pouvoir dans la situation de verrouillage institutionnel et idéologique présente?

Il n'y a pas de solutions toutes faites et aisées à ces problèmes: il est plus dur évidemment de savoir comment changer le système que de le conserver tel qu'il est.

Ce qui est sûr, c'est que le PCF doit viser à continuer à éclairer publiquement le sens de la crise globale que nous vivons, qui est celle du système capitaliste, car il est le mouvement politique qui dans ses fondamentaux porte la critique globale du système. Ce qui est sûr, également, c'est qu'il ne doit pas à se crisper sur des intérêts d'appareil ou d'élus, des formules, des habitudes, une méfiance vis à vis de son identité ou de son avenir menacé, mais qu'il doit être aux avant-postes pour chercher à rassembler tous ceux qui ont intérêt à changer de système en s'alliant avec toutes les forces qui le remettent en cause véritablement, à des degrés divers et selon des voies différentes.

La stratégie du Front de Gauche, la distanciation critique courageuse vis à vis d'un PS qui bien souvent, et de manière manifeste depuis quelques mois, se met concrètement dans sa pratique du pouvoir au service des puissances d'argent, faute de vouloir changer le système et d'avoir le courage de s'attaquer à elles, sont de grands pas faits dans la direction du changement, mais cela reste des premiers pas.

Il y a encore un travail de persuasion, un travail idéologique à effectuer dans des conditions extrêmement difficiles, mis à part le fait que l'acuité de la crise du capitalisme et de sa nocivité est désormais perçue largement, beaucoup mieux que les moyens de rompre avec sa domination sans partage, pour rassembler plus largement autour d'objectifs de changement structurel et de remise en question du système, pour faire pièce à l'accusation d''irréalisme, d'utopie, pour rompre avec la résignation et le consentement au moins-disant.

 

Ismaël Dupont.

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 16:16

36 ème Congrès - Base commune proposée par le Conseil National du PCF

« Il est grand temps de rallumer les étoiles… » Guillaume Apollinaire

 

" Humanifeste du Parti communiste français à l’aube du siècle qui vient"

 

Nous voulons changer le monde ! Et la chose ne peut plus attendre. Les apprentis sorciers du capitalisme ne parviennent plus à faire face à leur propre crise et les prétendues solutions qu’ils mettent en oeuvre revêtent un caractère de plus en plus brutal et autoritaire.

Nous voulons vivre à pleins poumons, quand la violence de la société nous poursuit un peu partout jusqu’à l’asphyxie.

Un choix radical est devenu inévitable : suivre la pente de la compétition sauvage et de la barbarie ; ou bifurquer sur le chemin du partage, de la démocratie et de l’humain. Quelle humanité voulons-nous être ?

Notre parti pris est celui de l’émancipation humaine, celui de l’épanouissement de chacune et de chacun, celui du droit au bonheur. Cela nous conduit à promouvoir l’égale dignité de chaque être humain, quelle que soit l’étoile sous laquelle il est né, quel que soit son genre, quelle que soit la couleur de sa peau, quelle que soit sa religion s’il en a une, quelle que soit son orientation sexuelle...

C’est ce qui donne sens à notre projet de société et à la manière dont nous voulons le faire avancer : avec toutes et tous. Cela n’est pas compatible avec l’austérité dévastatrice qui est la cause et la conséquence de la crise profonde du système lui-même. Cela n’est pas compatible avec les plans du capitalisme, qui bâtit une société de la concurrence de tous contre tous, où se déchaînent les pulsions de domination et de haine.

Le capitalisme a atteint un stade sans précédent historique de sa crise. Le XXIème siècle peut être celui de son dépassement. C’est un immense défi. Nous pensons possible de le relever.

Nous, communistes de France, lançons un appel au peuple de notre pays, aux peuples d’Europe et du monde. Allons-nous laisser écrire la suite de l’histoire par la main de celles et ceux qui nous ont mené au désastre ? Aucun des obstacles qu’ils dressent n’est insurmontable.

Face aux urgences comme face aux grands enjeux, ne laissons pas notre destin se décider sans nous, au gré des humeurs du marché. Ensemble, soyons actrices et acteurs, décideurs et décideuses de l’avenir de l’humanité.

 

I- Face à la crise, le choix radical de l’humain

 

1- Nous voulons un nouveau monde

Il y a un nouveau monde à gagner. Un nouveau monde pour l’humanité. C’est cette conviction renouvelée qui nous rassemble. En quelques décennies, nous avons changé d’époque. Certains s’entêteront à vouloir classer notre rêve au chapitre des illusions. Ils ne veulent pas voir qu’une puissante aspiration au changement travaille l’humanité en son coeur.

Prendre confiance

En proie à la crise majeure qu’il a provoquée, le capitalisme n’en finit pas de convulser, épuisant la planète et étouffant l’humanité. C’est pourquoi ses promoteurs sont à son chevet pour essayer de le sauver, en même temps que leurs immenses privilèges acquis contre l’intérêt de l’immense majorité.

D’un côté, beaucoup a déjà changé, par la mise en cause de la domination occidentale et l’émergence d’un monde beaucoup plus contradictoire, par les bouleversements des modes de vie et de production liés à la révolution numérique et informationnelle, ou par l’essor de la prise de conscience écologique... D’un autre côté, rien ne change vraiment ; tout est capté, puis digéré, pour alimenter la même fuite éperdue vers nulle part.

Dans leurs vies quotidiennes, des millions de femmes et d’hommes n’en peuvent plus.

Dans notre pays, le chômage de masse continue de gagner du terrain, la précarité devient la norme particulièrement pour les femmes et les jeunes salarié-es, de plus en plus de retraité-es sont en butte à la pauvreté, trop d’étudiant-es s’endettent et cherchent des petits boulots pour financer leur formation, la santé devient un produit de luxe, les quartiers populaires concentrent tous les effets de la crise, le travail est de plus en plus vécu comme un traumatisme, la vie est de plus en plus chère, les minima sociaux ne suffisent pas à boucler les fins de mois, la violence monte dans toute la société... Tout cela alimente le sentiment d’impuissance savamment distillé dans les consciences.

Mais rien n’est écrit d’avance : le destin de l’humanité est entre ses propres mains. Il est temps, de par le monde, que les citoyennes et les citoyens reprennent confiance en leur pouvoir.

L’issue : rompre avec le capitalisme

Rompre avec le capitalisme en le dépassant est une urgente nécessité. La brutalité avec laquelle la crise est en train de précipiter l’humanité vers des abîmes exige la mise en oeuvre de solutions nouvelles qui s’attaquent aux causes réelles. La domination insensée des forces de l’argent doit être renversée pour laisser place à un mode de développement humain durable.

A celles et ceux qui parlent de moraliser le capitalisme pour mieux le conserver, nous disons que l’entreprise est vaine et que la manoeuvre ne prend pas. L’argent n’a pas de conscience. Le capitalisme est incapable d’offrir une autre perspective que l’asservissement de l’immense majorité des êtres humains.

A celles et ceux qui en appellent à la mesure et proposent de réguler le capitalisme, nous disons que c’est un objectif illusoire. Sans la volonté de prendre le pouvoir aux marchés financiers et aux grands possédants, l’expérience a montré qu’il n’y a aucun résultat signifiant.

Il y a une contradiction de plus en plus insoutenable entre le capitalisme et le progrès social, entre le capitalisme et la démocratie, entre le capitalisme et le développement culturel, entre le capitalisme et l’écologie. C’est pourquoi nous parlons de révolution. Une révolution citoyenne, pacifique, démocratique, et non pas la prise de pouvoir d’une minorité. Un processus de changement crédible et ambitieux, visant à transformer les logiques du système.

 

2- De la crise du capitalisme à la crise de civilisation

 

La crise, avec ses accalmies et ses soubresauts, les peuples du monde la subissent depuis plus de trente ans. Chaque jour s’approfondissent ses dégâts, jusqu’à remettre en cause les fondements de la civilisation.

 

La crise financière provoque l’explosion sociale et économique

En 2007, s’est déclenchée la plus grave crise financière depuis l'entre-deux guerres, suivie deux ans plus tard, de la première récession mondiale depuis 1945. Les véritables causes de cette crise majeure se trouvent dans la domination des forces de la finance. Les exigences de rentabilité des capitaux écrasent l’économie réelle et imposent

au monde du travail de multiples et insupportables saignées.

Au coeur des emballements actuels, se trouve un antagonisme fondamental : le capital utilise les immenses possibilités de la révolution numérique et informationnelle pour nourrir son obsession de faire de l’argent pour l’argent. Cela entraîne un chômage de plus en plus massif, ainsi que l’accroissement des revenus du capital au détriment des revenus du travail. Résultat : la productivité augmente mais pas les débouchés. Cette situation conduit inexorablement au développement d’une concurrence de plus en plus déchaînée, d’une exploitation des salarié-es de plus en plus forcenée. Ce développement spasmodique s’est construit pendant plusieurs décennies sur le surendettement généralisé …qui a fini par exploser avec la crise des subprimes aux Etats-Unis.

Les forces de la finance se sont alors plus que jamais comportées comme une nuée de criquets. Pour éviter l’embrasement, de gigantesques liquidités ont été déversées par les pouvoirs publics et englouties dans la même logique. Ce sont les peuples qui en ont payé le prix par le recul continuel des droits sociaux, des services publics et du pouvoir d’achat : de quoi accentuer encore l’endettement, la faiblesse de la croissance et la relance de la

spéculation ravageuse. Une spirale infernale.

Ces enchaînements font particulièrement sentir leurs conséquences en Europe, au point de menacer la reprise mondiale. En Grèce, il a été imposé au peuple une injustifiable cure d’austérité, plongeant dans la misère et l’incertitude une large part de la population. Partout, la réduction drastique des dépenses publiques a été mise à l’ordre du jour pour nourrir plus encore le monstre insatiable de la finance.

La fameuse « crise de la dette » provient surtout de l’insuffisante des recettes publiques et sociales, du coût des intérêts versés aux banques sur les marchés financiers, de leur sauvetage et plus encore de l’appauvrissement généralisé de nos sociétés, vampirisées par les forces de la finance. Et le comble, c’est que cette spirale du déclin est utilisée par celles et ceux qui la causent pour culpabiliser les salarié-es et les populations, justifier les

privatisations. Avec l’appui d’une pensée technocratique autoritaire, les peuples européens ont été sommés

de se soumettre et d’abandonner toujours plus de leur souveraineté. Les forces financières et leurs relais ont défendu bec et ongles l’interdiction faite à la Banque Centrale Européenne de créer de la monnaie, afin de se servir de l’Euro pour sécuriser leurs créances. Ainsi, au lieu d’alléger le poids des dettes des Etats et d’engager des réponses

publiques face à la situation, ce sont donc les banques, sans cesse renflouées, qui sont encouragées à poursuivre leur oeuvre sans rien changer. Et la crise se poursuit…

Ailleurs, le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale se font les instruments de la domination absolue des marchés financiers et s’attachent à leur faire place nette en conditionnant chacune de leurs interventions à des régressions sociales.

Dans les pays émergents, où l’industrialisation demeure toujours dominée par les multinationales, la croissance s’est réalisée à marche forcée. Provoquant un exode rural massif, elle s’est souvent construite sur la base de conditions de travail dignes de celles qu’avaient pu connaître les ouvriers européens du XIXème siècle. Dans de nombreuses

régions du globe, la misère a continué d’être le lot commun tandis que s’implantaient des paradis touristiques réservés à une minorité. D’immenses vagues d’expropriation des peuples de leurs terres et de leurs droits se sont produites.

L’ensemble de ces profonds bouleversements s’est opéré sur la base d’une mise en concurrence exacerbée, d’un gaspillage d’outils et de savoir-faire incroyable, et d’inégalités insupportables.

 

Une crise écologique croissante

La crise économique et sociale se mêle à une crise écologique croissante. Car la course effrénée au profit se nourrit également sans vergogne de la spoliation permanente des ressources naturelles

La pollution des océans, des rivières et fleuves provoque une disparition de la flore et de la faune aquatique ; l’exploitation sans retenue des forêts, conduit à leur disparition ; l’agriculture intensive entraîne l’appauvrissement des terres et des sous-sols tandis que la biodiversité s’effondre et que des espèces comme les insectes pollinisateurs disparaissent… Même habillé de vert le capitalisme se moque de la planète : les lobbies de la climato-économie libérale se repaissent allègrement des catastrophes écologiques, en faisant du profit sur les exigences de développement durable. Le réchauffement climatique tient une place de premier rang dans l’ordre des défis à surmonter : les tempêtes et les inondations sont le pendant de la sécheresse et de la désertification. Quant à la fonte de la banquise et des glaciers, elle engendre l’élévation du niveau des mers créant par millions une nouvelle catégorie d’êtres humains : les réfugiés climatiques…

La réduction des énergies carbonées à l’origine des gaz à effets de serre est donc une absolue nécessité planétaire. Comment accepter, de Copenhague au sommet de la terre de Rio, que des décisions de cette importance aient pu être remises en cause pour satisfaire des intérêts financiers ? Enfin, le respect des ressources en eau et leur partage nécessitent une prise de conscience plus vigoureuse encore, tant les besoins sont criants. Et l’heure est à un autre modèle d’agriculture, protégé de la spéculation, soucieux de la santé publique et de la lutte contre la faim. Or, malgré les alertes de la FAO, on a continué à développer des cultures qui privent une partie de la population mondiale de denrées de première nécessité. Les images insupportables d’enfants se nourrissant de galettes de boue, tandis que les spéculateurs continuaient impunément leurs basses oeuvres sont restées gravées dans nos mémoires. Pouvons-nous accepter d’être réduits à l’impuissance ?

 

La démocratie réduite à un théâtre d’ombres

Devant la pression du pouvoir considérable acquis par les marchés financiers, nous sommes entrés dans un cycle de régression démocratique. La capacité d’intervention des peuples a été rognée en permanence jusqu’à être cantonnée à la marge des grandes orientations qui régissent les sociétés, tandis que la puissance publique a été de plus en

plus accaparée au service des marchés financiers. A tous les niveaux a été organisé le dessaisissement progressif des citoyennes et des citoyens de leur pouvoir. On est passé de l’Etat-Providence à l’Etat de marché. Pour donner le change, on a ainsi inventé le concept particulièrement pervers de gouvernance, véhiculant l’idée que la conduite politique pouvait se contenter de compétences. Par une série de coups d’Etat déguisés, une petite oligarchie, relayée par ses innombrables lobbies, a pris le pouvoir de façon insidieuse, maintenant les apparences de la démocratie. Ainsi, plus les changements nécessaires paraissent immenses, moins l’action politique paraît être porteuse de solutions.

 

Des crises internationales à répétition

Depuis le bouleversement géopolitique lié à la chute du mur et à la mondialisation capitaliste, des crises internationales majeures s’enchaînent dans un monde présenté comme irrémédiablement instable et dangereux. Les réponses militaires et les stratégies de puissance seraient, nous dit-on, les seules possibles. Les dépenses liées à la guerre pèsent lourd dans les budgets publics. En Irak, en Afghanistan, en Libye, en Afrique… des logiques de guerre, au nom de prétendues valeurs occidentales, n’ont cessé d’exacerber les tensions, d’étendre les instabilités,

d’aggraver les crises. Cette escalade sans issue, dans le mépris des droits des peuples et l’instrumentalisation de l’ONU, est le fruit d’un néo-impérialisme dont la volonté de prédation est à l’oeuvre partout où des intérêts stratégiques sont en jeu.

Les tensions et les violences qui caractérisent le monde d’aujourd’hui, dans sa complexité, s’enracinent en particulier là où le sentiment existe que la politique des Etats-Unis, des pays de l’Union européenne, de l’OTAN... bafoue la dignité, la souveraineté des peuples.

Le non respect des droits de la Palestine, la succession de guerres, le soutien à des dictatures, les politiques néolibérales imposées par le FMI et l’Union européenne… Tout cela n’a cessé d’alimenter un rejet profond de la domination occidentale et de fournir des motifs de révolte et de mobilisation populaires puissantes.

 

L’humanité en panne de sens

La conjugaison de ces crises finit par plonger l’humanité dans une véritable crise de civilisation. Une crise du sens et de l’imaginaire. Une crise existentielle qui interroge les rapports entre les êtres humains et leurs rapports à la nature.

Le capitalisme est venu exacerber toutes les dominations existantes, à commencer par le patriarcat. Prospérant sur la concurrence et la peur de l’autre, il a sapé les fondements du vivre ensemble. Les savoirs et leur diffusion ont été placés au service de la rentabilité financière, et les êtres humains empêchés d’acquérir une maîtrise critique des

connaissances et une culture commune. La marchandisation de tout jusqu’au corps humain, la guerre de tous contre tous et l’explosion des inégalités, la domestication de la culture et de l’éducation se sont abattues sur les peuples. Les grandes puissances se sont attelées à fournir des motifs de justification à leurs guerres néo-coloniales.

Dans une humanité déboussolée, les résistances à cet ordre mondial insupportable se sont exprimées de façon contradictoire. La théorie du choc des civilisations, mise en pratique par des responsables politiques peu scrupuleux, pour servir les intérêts de leur cause, a fait grandir des affrontements dangereux et sans issue à l’échelle planétaire. Le terrorisme, qui pousse sur le terreau de la domination des peuples, est devenu le nouvel ennemi public. Dans ce contexte, le peu de prix accordé aux vies humaines constitue un traumatisme sérieux.

L’humanité se cherche. Elle ne trouvera réponse à ses questions que dans la quête commune de sens, que dans la mise en oeuvre d’un projet commun, que dans la fin des logiques de puissance et de prédation.

 

Fenêtre 1 : La crise et son issue en question

La crise, dans toutes ses dimensions, est dans toutes les têtes. Comment l’analyser et cerner ses contours ? Quelles contradictions provoque-t-elle au sein du système ? Quelles luttes se développent et quelles luttes développer ? Quelles sont les issues ? Quelles brèches ouvrir dans l’austérité ? Plus elle est comprise et interprétée, plus les solutions se dessinent et plus l’espoir pourra gagner du terrain.

 

3- Un nouvel âge de la lutte des classes dans une humanité fragmentée

 

Au coeur de ces difficultés les résistances et la créativité des hommes et des femmes peuvent ouvrir de nouveaux horizons. C’est ainsi que pourra se reconstruire une civilisation nouvelle de femmes et d’hommes, riches d’influences culturelles différentes, mais fondamentalement libres, égaux et associés.

 

Pour une nouvelle conscience de classe

La lutte des classes avait disparu. C’était une vue de l’esprit, un fantôme du passé que quelques individus inadaptés aux exigences de la modernité cherchaient à réveiller. Chacun était seul responsable de la situation dans laquelle il se trouvait. Voilà le discours hypnotisant qui nous a été servi des années durant. Et pourtant, jamais il n’y a eu de pause

dans cet affrontement.

La crise a commencé à faire tomber le masque, de par la violence de la tentative d’écrasement que mène la classe dominante. Nous avons vu défiler les marchés financiers et leur course à la compétitivité, les actionnaires et leurs dividendes, les banquiers et leurs escroqueries, les grands patrons et leur héroïsme... Nous avons entendu que « la guerre des classes existe » et que c’est leur classe, « celle des riches » qui est en train de la gagner. Pour que l’immense majorité, les « 99% », puisse faire valoir ses droits au changement, nous voulons qu’émerge une nouvelle conscience de classe, qui rassemblerait le monde du travail et de la création. Il est grand temps que se retrouvent tous ceux et celles, épris de justice, de paix et d’humanité, dont l’intérêt est d’unir leurs énergies pour ne plus laisser  quelques profiteurs décider à leur place. Il faut pour cela faire grandir une alternative commune.

Nous bataillerons pour faire échec à la division du salariat, et à la division sexuée du travail qui se fait au détriment des femmes. Ainsi, nous combattrons le fameux concept de « classe moyenne », modelé pour faire croire à toute une partie de la population qu’elle pourra s’en sortir mieux que les autres parce qu’elle le vaut bien. De même nous ne laisserons pas s’installer plus avant le terme pernicieux d’assistanat pour décrire le devoir qu’a la société de relever celles et ceux qui sont dans la difficulté et de les accompagner.

 

Des femmes et des hommes décidés à gagner

Profiteurs contre producteurs. Finance contre travail. Comment peut-on dans ce contexte, appeler à partager les efforts et proposer le match nul ? Les appels du gouvernement français à rechercher un « compromis historique » entre le patronat et les syndicats pour un « choc de compétitivité » sont inacceptables. Il s’agit d’une nouvelle tentative de « baisser le coût du travail », d’accentuer l’individualisation de la relation de travail, et d’imposer la flexibilité. Cette offensive n’a d’autre but que d’asservir plus encore les salarié-es, comme si les régressions de ces dernières années n’avaient pas suffi. Le patronat a fait le choix de la désindustrialisation, de la spéculation, de l’abandon de la recherche-développement et de la formation, de la mise en concurrence des salarié-es entre eux par le chômage et

la précarité… Il voudrait encore doubler la facture. S’il faut un choc, c’est pour baisser le coût du capital et non la rémunération du travail ; c’est pour baisser les charges financières et non pas les cotisations sociales ; c’est pour en finir avec la précarisation et non pas pour l’augmenter ! Voilà les issues à la crise !

Face aux offensives brutales d’actionnaires insatiables, les salarié-es, avec leurs organisations, ont cherché à établir des résistances solides. Dénonçant le mépris et l’incohérence, ils ont mis sur la table des projets alternatifs crédibles. Malgré les atteintes au droit de grève, malgré la criminalisation de l’action syndicale, malgré les chantages, malgré

l’abandon des pouvoirs publics, des luttes ont grandi, dont certaines ont pu ouvrir des brèches. Ces hommes et ces femmes, atteints dans leur dignité, défenseurs d’eux-mêmes autant que de l’intérêt général bafoué, tiennent tête aux puissants. Parmi eux, il y a ces ouvrières et ces ouvriers que les médias ont longtemps ignoré, caricaturé et dont ils ont

même décrété la disparition. C’est de leur côté que se trouvent les solutions.

Dans ces batailles, les femmes prennent très largement leur place, affrontant au passage un double mépris, tandis que chaque mesure de régression adoptée les frappe plus durement en raison de leur genre. Mais si le capitalisme se nourrit de cette oppression, nous savons qu’elle n’a pas besoin de lui pour exister. Pourquoi faut-il encore aujourd’hui mener la bataille pour le droit à disposer de son corps et contre les violences faites aux femmes ?

Combien, de par le monde, sont traitées comme des mineures, contraintes d’obéir, de se cacher, de se soumettre ? De la même manière, pourtant, aux femmes, on avait expliqué que le féminisme était un combat dépassé, balayant d’un revers de main les inégalités persistantes, le patriarcat encore vivace. Ce combat contre la domination et pour l’égalité doit se faire plus encore le combat de toute l’humanité.

 

Le grand piège de « l’affrontement identitaire »

Racisme, xénophobie, antisémitisme, islamophobie, sexisme, homophobie, lesbophobie, transphobie et autres avatars du rejet de l’autre n’ont pas attendu la naissance des marchés financiers pour sévir. Nous les combattons toutes avec vigueur, en tant que telles.

Nous savons aussi que les forces dominantes ont bien compris le parti qu’elles pouvaient en tirer : afin de détourner la colère sur d’autres têtes, elles s’attachent à diviser leurs victimes dans des affrontements qui laissent à l’abri leurs intérêts.

Pour déclarer l’ouverture de la chasse aux boucs-émissaires, tous les prétextes sont bons. La stigmatisation tous azimuts des jeunes des quartiers populaires, des agents de la fonction publique, des grévistes, ou encore des chômeurs et des pauvres établit une liste de prétendus profiteurs du système, en même temps que le portrait robot du prétendu méritant vertueux qui serait lésé par leur seule existence. Dès lors, lutter contre toutes les dominations,

travailler à gagner l’unité et la solidarité contre les divisions, c’est façonner cette nouvelle conscience de classe que nous recherchons. C’est plus que jamais une urgence.

En effet, à partir de l’insécurité sociale latente, tout est fait pour que l’être humain se sente plongé dans un climat d’insécurité existentielle, au point de se vivre comme un individu assiégé de toutes parts. Assiégé dans son être même, dans son identité... Le pas suivant est vite franchi. Ainsi donc, le tranquille autochtone, serait seul face aux barbaresques menaçants.

Il s’agirait donc pour lui de s’unir avec ses semblables face à l’ennemi désigné, accusé de « racisme anti-blancs ». Les mêmes qui critiquent le communautarisme l’installent de fait, dans une dimension profondément conflictuelle, allant jusqu’à usurper et dévoyer le principe républicain de laïcité.

Le déplacement du conflit social sur le terrain identitaire et communautariste est lié à l’héritage complexe et encore pesant d’une histoire nationale marquée par le fait colonial et relève d’une stratégie visant à fractionner les couches populaires et à masquer l’aggravation des inégalités sociales. C’est ce que l’on appelle l’ethnicisation des rapports sociaux, et c’est, dans le monde d’aujourd’hui, une arme de division massive.

S’appuyant sur la théorie du choc des civilisations, la diabolisation insupportable de l’islam et des musulmans, amalgamés en permanence à des étrangers intégristes et à des terroristes en puissance, a une fonction particulière dans ce dispositif. Voilà ainsi campé le personnage de l’étranger par excellence, celui qu’on incrimine et contre qui l’on veut fédérer.

A partir de là peuvent se déployer toutes les peurs, toutes les haines et toutes les jalousies, comme on le voit aussi particulièrement à l’endroit des Rroms ou des sans-papiers. Comme on le voit également à travers l’islamophobie et la résurgence de l’antisémitisme.

Le développement d’un nouveau type de racisme, de plus en plus décomplexé, ne saurait être compris sans mesurer la portée de cette offensive menée par la droite et l’extrême droite. Elle est susceptible d’alimenter bien des tensions au sein des peuples comme au plan international. En mettant cet affrontement identitaire à l’ordre du jour, elle porte un

grand danger de notre temps.

Communistes, nous affirmons l’inexistence des races, prônons l’universalisme et l’égalité de tous les êtres humains. Nous concevons la diversité des cultures, des héritages comme un patrimoine de toute l’humanité. Combattants contre toutes les aliénations, nous refusons les assignations identitaires imposées aux individus. Comme beaucoup

d’hommes et de femmes, nous ne reconnaissons pas la richesse de l’humanité dans ces identités étriquées, fantasmées, artificielles. La question est bonne : homme, femme, qui es-tu ? Mais la réponse ne peut consister à s’enfermer dans des cases pour se rassurer et se protéger. L’être humain est un être social, un être de relations, un être de culture. L’être humain est un producteur. Un être en chemin et en devenir. Chacune, chacun, nous

sommes des humains uniques et complexes, d’influences et d’appartenances multiples.

Ensemble, nous sommes l’humanité.

Que dire, alors, de la nation ? Nous en portons une conception qui se situe aux antipodes de la vision identitaire et ethno-culturelle qui teinte les discours de la droite, sous l’influence de son extrême. La nation est pour nous un lieu essentiel du faire peuple et de l’exercice de la démocratie. Un lieu essentiel de l’internationalisme. La nation française elle-même s’est forgée dans la Révolution. Elle peut être fière de sa diversité régionale, en particulier linguistique. Elle est habitée d’une culture ouverte et en mouvement dont le monde a besoin. Au même titre qu’il a besoin de l’apport des autres nations de l’Europe et du monde. Depuis l’aube de notre histoire, les échanges entre les peuples nourrissent les représentations qu’ils se font d’eux-mêmes, leurs cultures communes et leurs façons de  vivre. Partout, au coeur de la vie quotidienne dans les villes du monde, c’est cela qui se poursuit.

C’est pourquoi, l’idéologie xénophobe du nationalisme est une dangereuse fumisterie.

Convaincus qu’il est vain d’enfermer toute tentative de changement dans la seule nation, nous proposons d’en refonder le principe pour reconstruire de l’unité sur les valeurs de liberté,d’égalité et de fraternité. Dans le même mouvement, il sera possible d’inscrire cette refondation dans une quête de mondialité. C’est-à-dire un processus permanent d’humanisation de l’humanité capable de bousculer la mondialisation capitaliste et d’opposer aux

affrontements identitaires la force d’un monde interculturel. De tous les pays, unissonsnous.

 

Fenêtre 2 : La fragmentation de la société en question

Vivre ensemble, lutter ensemble. Nous voulons lutter contre toutes les dominations tandis que le capitalisme les utilise pour diviser les peuples. Comment faire face à la fragmentation de la société, lutter contre les divisions, combattre les visions ethnicisées du monde, affronter l’individualisation des rapports sociaux… ? Comment construire une conscience de classe de notre temps ? Comment lutter contre la montée de l’extrême droite et de ses idées ? Qui et comment rassembler pour un changement politique ?

 

4- L’ouverture de nouveaux champs du possible

 

Quand les peuples se mettent en mouvement

Partout dans le monde, des mouvements populaires se développent qui en attestent : l’humanité cherche des issues. En effet, comment ne pas trouver dans le mouvement d’occupation de Wall Street, le temple du capitalisme mondialisé, le signe éloquent d’un système en perte de légitimité ?

Dans les pays d’Europe, les peuples résistent et manifestent leur profond rejet de l’austérité.

Des forces politiques comme Syriza, en Grèce, opposées aux orientations européennes, commencent à gagner une place politique nouvelle. Sans oublier les « Indignés», qui portent une forte contestation du système, et bien souvent de la politique en tant que telle. En Amérique Latine, dans la diversité des histoires nationales, des forces politiques, ont

été portées au pouvoir pour s’opposer au pillage impérialiste de leurs richesses et de leur travail, pour fonder de nouvelles coopérations et solidarités, y compris avec Cuba, victime d’un blocus inacceptable. Il s’y mène des politiques nouvelles où l’on cherche des façons de rendre au peuple les droits qui sont les siens. Ces expériences nous intéressent, elles nourrissent nos espoirs, elles participent à rendre partout le changement possible. Nous

en sommes pleinement solidaires. Le Printemps arabe, s’il a débouché sur des situations contrastées, ne saurait être interprété autrement que comme une éruption trop longtemps contenue, d’aspirations profondes à des bouleversements dans la vie quotidienne et dans la vie démocratique des peuples. Le monde arabe n’en pouvait plus de cette domination néo-coloniale dont la misère, la famine et la privation de libertés étaient le prix. Au coeur de ces mouvements, les aspirations démocratiques et progressistes doivent prendre le dessus. Dans notre pays, enfin, se lèvent dans de nombreux champs de la société des mouvements de lutte qui portent des revendications et des propositions concrètes. C’est de là que naîtra le changement.

Nous souhaitons que se libèrent toutes ces forces qui veulent transformer nos sociétés, et celles qui ne trouvent pas encore à se manifester. Si elles sont encore éparses, s’il leur manque un projet commun, elles sont porteuses d’un souffle nouveau dont le monde a besoin.

 

Quand le progrès sert l’humanité

La révolution numérique et informationnelle bouleverse déjà les modes de production et d’échanges, comme les modes de vie. Elle prolonge l’intelligence humaine et change son rapport au monde, alors que jusqu’ici les outils, puis les machines de la révolution industrielle, avaient permis simplement de «prolonger la main», en instituant une séparation multi-séculaire entre celles et ceux qui décident et celles et ceux qui exécutent,. Les systèmes automatiques de traitement, de stockage et de transmission de l’information sont autant d’avancées ouvrant des possibilités inédites que le capital s’efforce de confisquer, avec les gains de productivité qu’elles génèrent. Pourtant, elles portent en elles la possibilité d’une autre civilisation, fondée sur la mise en commun et la coopération plutôt que sur la marchandisation du monde.

En tous domaines, les progrès considérables de la connaissance et des savoirs, accompagnés de progrès techniques et technologiques incessants, couplés à cette révolution sont une chance pour l’humanité. L’organisation du travail, sa conception et sa place dans la vie des êtres humains pourrait en être complètement changée.

Contrairement au projet d’une « économie de la connaissance » qui capte la recherche au service de la rentabilité et vise la refondation de la formation au service de la division du salariat, nous voulons nous appuyer sur la place croissante des savoirs dans la société pour construire une culture commune émancipatrice. Déjà, la place croissante des savoirs dans le travail, dans le débat démocratique et dans la vie quotidienne est à l’origine d’aspirations

nouvelles. Sous la crise du capitalisme émergent déjà les prémisses d’une troisième révolution industrielle avec l’impression 3D, les machines auto-réplicatives libres, l’open source hardware, les mouvements hackers et maker. Ainsi se créent et se développent des lieux de conception et de proximité en réseau, ouverts et gratuits, où l’on partage savoir et savoir-faire, où l’on crée plutôt qu’on ne consomme, où l’on expérimente et apprend collectivement, où le

producteur n’est plus dépossédé de sa création, tels les Fab Lab, qui sont les moteurs de ce mouvement.

Toutes ces avancées portent en elles des possibilités de mise en commun, de partage et de coopération inédites.

 

5- Un projet de société fondé sur l’humain

 

Alors, quel projet ? Cette question, nous ne souhaitons pas y répondre seuls. Nous voulons la poser en grand à la société. Nous voulons interroger les hommes et les femmes, pour donner de l’espace et de l’écho à leurs aspirations. Ouvrons grand les vannes : « et vous, quels changements de société voulez-vous ? » Voilà la grande campagne

d’échanges citoyens que nous souhaitons lancer dans tout le pays et au-delà. Nous ne saurions nous engager dans une telle initiative sans décrire nous-mêmes le projet de société que nous portons. Nous ne le concevons pas comme un modèle prêt-à-porter, mais une contribution forte dans la quête de l’humanité.

Rien de tout cela ne tombe du ciel. A la suite des Lumières et de la Révolution Française,

il y a les anticipations fondamentales issues de Marx, et des penseurs du socialisme, avec une mention particulière dans notre pays pour la contribution de Jean Jaurès, qui fonda ce journal au nom si emblématique : L’Humanité. Il y a ensuite les enseignements que nous avons tirés des échecs et de l’effondrement des premières tentatives de rupture avec le capitalisme du XXème siècle : sans démocratie, respect des libertés et des droits de l’homme particulièrement, il ne saurait y avoir d’émancipation humaine. Il y a encore les avancées produites par les communistes depuis un certain nombre d’années pour définir d’autres logiques à mettre en oeuvre. Il y a enfin tout ce qui se cherche et s’invente dans les luttes et le mouvement des idées pour faire grandir l’alternative.

Notre projet se nourrit de tout cela. Il est en construction permanente. Un projet alternatif au capitalisme et à toutes les formes de domination doit permettre la convergence des pensées qui leur résistent : celles qui prennent le contre-pied des politiques libérales sur le plan social et économique, celles qui renouvellent l’exigence écologique, celles qui vont

puiser dans les aspirations libertaires et l’humanisme, celles du féminisme, celles de la République face à sa décrépitude avancée, celle de l’altermondialisme... Il doit également se forger dans la vie, comme une réponse aux contradictions dans lesquelles les femmes et les hommes se débattent. C’est ce que nous nommons communisme : l’incessant mouvement démocratique d’appropriation citoyenne du monde et de partage des avoirs, des savoirs et des pouvoirs qui enverra peu à peu aux oubliettes l’ancien régime du capitalisme et fera grandir l’humain dans l’humanité.

 

La démocratie comme mode de vie

La démocratie doit être au coeur du vivre ensemble, par la reconnaissance d’une souveraineté populaire pleine et entière comme étant seule légitime. Aucun pouvoir, fut-il éclairé ou savant, ne saurait s’affranchir du peuple et gouverner sans lui. Nous proposons de démocratiser tous les espaces de la société, en recherchant partout à pousser les feux de l’intervention citoyenne et de la co-élaboration.

- Nous voulons une nouvelle République, où l’exercice de la démocratie ne consistera pas à abdiquer son pouvoir de citoyenne ou de citoyen. Dans toutes les institutions, nous voulons rompre avec le présidentialisme, en finir avec le cumul des mandats en nombre et en durée, favoriser la délibération et l’exercice collectif des responsabilités, promouvoir la proportionnelle comme mode de scrutin à toutes les élections locales et nationales, trouver les voies d’une parité effective, ouvrir un droit d’initiative législative populaire et un droit de saisine des institutions. Nous proposons également pour faire vivre la démocratie et lutter contre la professionnalisation de la politique, la création d’un statut de l’élu-e.

Au sein de cette République, nous voulons une vraie démocratie locale, dont les communes doivent être le coeur battant. Elles devront y développer l’esprit coopératif à chaque fois que nécessaire en faisant respecter l’esprit décentralisateur et la souveraineté populaire. Nous sommes pour une citoyenneté de résidence et nous défendons le droit de vote des étrangers vivant dans notre pays.

Pour prendre le pouvoir, il faut comprendre le monde. Notre exigence de démocratie rend nécessaire l’accès de toutes et tous aux savoirs.

Nous proposons une véritable démocratie économique et sociale, qui instaurera l’exercice de nouveaux pouvoirs pour les salarié-es dans les entreprises et transformera les structures juridiques qui fondent aujourd’hui la propriété du capital et son pouvoir absolu, en s’appuyant sur des formes diverses de propriété publique et sociale. La citoyenneté ne doit pas s’arrêter à la porte des lieux de travail. Sans attendre, nous voulons que les salarié-es et leurs représentant-es disposent de droits et pouvoirs d’intervention sur les choix qui président à l’organisation du travail, aux investissements, aux stratégies des entreprises et à leur financement. Nous voulons permettre aux organisations syndicales de tenir la place essentielle qui leur revient dans la démocratie sociale. Il en est de même pour les

élus locaux et les élues locales, de par leur rôle décisif dans l’aménagement du territoire.

Nous proposons une administration démocratisée des services publics et leur expansion coopérative jusqu’à la gestion des biens communs de l’humanité. Nous voulons libérer des griffes du marché l’eau, l’énergie, et plus largement des secteurs essentiels à la vie de l’humanité, y compris la monnaie... Nous voulons ouvrir des droits garantis par des services publics dans les domaines du logement, de l’information, de la communication, des

transports, de la santé, ou du crédit. Nous voulons développer la gratuité de ceux qui sont essentiels à la vie de chacune et chacun.

- La fuite en avant libérale opérée par l’Union européenne n’a cessé de s’exacerber, au point de la plonger dans une crise existentielle qui appelle des transformations fondamentales. Ainsi, la finalité même de la construction européenne doit être redéfinie. L’Europe doit devenir un grand projet humain, capable de peser pour un monde de coopération. A l’opposé des forces nationalistes qui opposent entre eux des peuples qui souffrent du

même mal, nous voulons refonder la construction européenne pour bâtir une Europe des peuples, dont le but sera le progrès humain, social et écologique, et non plus la concurrence acharnée et la grande compétition des humains. Aussi, sa première ambition devra être de s’émanciper des marchés financiers. Par la coopération, elle devra permettre de mobiliser démocratiquement tous les atouts disponibles au service de la promotion des capacités

humaines et d’assurer la gestion solidaire des biens communs. Parmi les changements majeurs, il est urgent de mettre fin à l’indépendance de la Banque Centrale Européenne, qui doit être placée sous contrôle démocratique et citoyen. Elle devra être enfin autorisée à battre monnaie pour financer les dépenses publiques et les investissements

s'inscrivant dans les nouvelles priorités, aux conditions les plus favorables et dans une logique de long terme et contribuer à un essor concerté des services publics.

Elle devra également favoriser la réduction des inégalités de développement entre pays membres. Parallèlement, un audit citoyen de la dette, devra permettre aux Etats de se libérer des charges illégitimes que les financiers veulent leur extorquer.

Nous voulons repenser la démocratie européenne. La gestion commune des biens, intérêts et projets communs doit résulter de choix souverains, faits en pleine connaissance de cause après information et consultation des citoyennes et des citoyens. Il faut donc créer les conditions -politiques, institutionnelles, culturelles- favorisant leur implication dans l'élaboration des politiques européennes, le contrôle de leur mise en oeuvre et l'évaluation de leurs effets. L’Europe refondée ne saurait altérer la souveraineté populaire ou nier les nations qui la composent, mais doit s’imposer le devoir de pousser les feux de la démocratie représentative, participative et citoyenne.

Enfin, ses principes doivent respecter ceux de la Charte des Nations Unies. Elle devra se montrer exemplaire dans l'engagement solidaire et responsable face aux enjeux vitaux de notre temps : environnement, paix, développement... Il lui faudra ainsi rechercher tous azimuts des partenaires pour coopérer à la transformation du monde.

- Nous voulons un monde de paix, de partage et de solidarités. La paix ne saurait être garantie que par la justice, le respect du droit et de la souveraineté des peuples. C’est ce qui fonde notre soutien à la lutte légitime des peuples de Palestine, du Kurdistan, du Sahara occidental en particulier. Nous nous opposons à l’impérialisme et à ses guerres. Partout, les relations entre les peuples doivent se bâtir sur les coopérations et la sécurité, dans la quête d’un nouvel ordre mondial. Face aux nouveaux enjeux de la sécurité internationale, comme face à la gravité de la situation, en particulier au Moyen-Orient, il est urgent de mettre à l’ordre du jour, avec l’exigence du règlement politique des conflits, le désarmement multilatéral, en matière nucléaire et bien au-delà.

C’est sur cette base, de solidarité et de responsabilité collective, que nous proposons de refonder les institutions internationales, d’agir pour sortir de l’OTAN et la dissoudre. Nous sommes également convaincus qu’il faut en finir avec les orientations des institutions financières internationales telles le FMI et la Banque mondiale, qui conditionnent toute forme d'aide à nombre de pays du Sud, et même aujourd'hui d'Europe, aux politiques néolibérales

d'austérité et de régression sociale. Une véritable révolution monétaire doit voir le jour pour mettre fin à la domination du dollar, pour mettre en oeuvre progressivement une monnaie commune mondiale visant à répondre aux besoins de coopération et de co-développement en mobilisant les moyens existants et nécessaires et en favorisant le développement des services publics. C'est l'ensemble des organisations internationales, y compris l'ONU, qui doivent être transformées et démocratisées afin de pouvoir répondre aux exigences du multilatéralisme, de la coopération et du développement humain durable. Il y a urgence à mettre en discussion un manifeste pour un développement humain durable à l’échelle mondiale, afin d’engager une discussion sur la satisfaction des besoins essentiels

de tous les êtres humains et sur la gestion des ressources communes de l’humanité.

 

Produire, consommer et partager autrement les richesses

Le capitalisme abime les liens des êtres humains avec la nature et des êtres humains entre eux. Avec lui, tout est devenu marchandise, tout est devenu source potentielle de profit pour quelques uns. Nous voulons faire grandir la conscience que l’humanité a d’elle-même et lui permettre d’organiser la façon dont elle subvient à ses besoins et crée les moyens de son épanouissement.

- La question du travail et des rapports d’exploitation est centrale. Les vagues de suicides qui ont frappé de grandes entreprises ont dramatiquement mis le projecteur sur l’augmentation de la souffrance au travail, due à la pression permanente et à la perte de sens. La course insensée à la compétitivité ne saurait qu’aggraver cette situation. Le travail doit être garanti comme le droit de chacune et chacun à se réaliser, à participer à l’effort commun au service de la collectivité en fonction de ses moyens, en contrepartie d’un revenu lui permettant de se nourrir, se vêtir, se loger, se cultiver, se détendre, voyager... Pris dans toute sa dimension, le travail doit être un lieu de créativité, d’épanouissement et de vie sociale. Il faut donc le réorganiser et le repenser en mettant au placard les techniques de management inhumaines et le recours à la précarité. La place des femmes à tous les niveaux de responsabilité dans l’entreprise, le refus du temps partiel imposé et la rémunération de leur travail à égalité avec les hommes doivent être des normes respectées.

Les potentialités actuelles doivent permettre de réduire le temps de travail dans une vie, mais aussi de construire un système de sécurisation de l’emploi et de la formation pour éradiquer le chômage, démarchandiser le travail, et répondre aux besoins de formation, pour la société dans son ensemble et pour chacun de ses membres.

Les attaques violentes contre le droit à la retraite, à la santé, à l’assurance chômage, aux prestations sociales ont rencontré de grandes résistances. Nous réaffirmons notre choix fondamental en faveur d’une protection sociale solidaire de haut niveau. Pour répondre aux aspirations de la société, nous voulons sortir de la défensive en portant,

à partir des luttes sur l’hôpital, l’école ou encore la recherche, une expansion des services publics à l’échelle européenne. Leur développement est à la fois une nécessité économique de relance et une question de justice.

- Nous ne cèderons pas au MEDEF qui entend passer commande de la main d’oeuvre dont il a besoin en enfermant les étudiant-es dans l’acquisition de compétences restreintes et en en dédouanant les entreprises de leur propre rôle de formation. L’éducation et la formation doivent permettre l’élévation générale du niveau des connaissances et des capacités dont la société a besoin, et fournir aux êtres humains de quoi se construire comme individus libres et responsables. Ces périodes doivent être reconnues comme partie intégrante du travail que chacune et chacun fournit dans une vie au service de la collectivité. Il convient également de libérer le développement de la recherche, avec une forte impulsion publique et dans un esprit de mise en commun des découvertes pour faire avancer l’humanité

et lui permettre de résoudre sans attendre les grands problèmes qui lui sont posés.

Une nouvelle culture de partage et d’intercréativité de tous les êtres humains, en germe dans la révolution numérique et informationnelle devra être promue.

- La crise a accéléré la destruction de sites de production entiers et l’abandon de savoir-faire industriels laissant des centaines de milliers d’ouvrières et d’ouvriers sur le carreau. C’est insupportable ! Nous voulons continuer à produire, dans le respect de l’environnement.

Nous n’acceptons pas ce gâchis humain, social, écologique et économique que veulent imposer les grandes multinationales dans leur course à la concurrence. Vivre et travailler au pays, le slogan n’est pas d’aujourd’hui. Nous voulons mettre en oeuvre d’autres modèles de gestion que ceux du capitalisme financiarisé. Nous voulons gagner une politique industrielle et de services, reposant sur des pouvoirs d’intervention des salarié-es, un nouveau crédit sélectif et des filières stratégiques cohérentes,. Nous voulons organiser la coopération entre les sites de production comme le proposent souvent les organisations syndicales, et favoriser les circuits courts qui économisent la planète. Nous voulons instaurer un droit de préemption pour les salarié-es sur leur outil de travail, développer l’économie sociale et solidaire. Des nationalisations doivent être opérées dans plusieurs secteurs stratégiques et pour reconquérir la gestion de biens communs. Nous voulons, sous de multiples formes, engager un grand mouvement d’appropriation sociale.

- La planification écologique doit devenir l’outil du débat démocratique, afin de maîtriser les enjeux de production, d’éviter les gaspillages de ressources, les atteintes à la biodiversité et d’organiser la véritable réponse aux besoins. Ainsi, dans un contexte d’expansion des besoins énergétiques mondiaux, il faudra juguler le réchauffement

climatique à l’échelle de la planète par une réduction progressivement massive du recours aux énergies carbonées qui sont responsables des émissions de gaz à effet de serre. De ce fait, la transition énergétique française, pour rendre effectif le droit à une énergie pour tous devra passer par un important effort de sobriété et d’économie d’énergie dans l’habitat et les transports, ainsi que par un mix énergétique entièrement public, portant des exigences accrues de sûreté sur le nucléaire et de plus en plus marqué par les énergies renouvelables. La recherche devra être déployée dans tous ces domaines.

Il est grand temps de sortir du cycle infernal productivisme-consumérisme, qui n’a d’autre finalité que les profits de quelques uns. Il faut donner un tout autre contenu à la croissance, imposer des exigences qui ne peuvent être que celles d’un développement humain durable. Il faudra traquer, par exemple, l’un des choix stratégiques les plus symboliques de l’absurdité du système : l’obsolescence programmée, qui voit des entreprises produire des biens à durée de vie volontairement déterminée pour fidéliser, en quelque sorte, leur clientèle…

L’eau devra être reconnue comme un bien commun de l’humanité, garantie comme un droit pour les populations et partagée jusque dans la gestion publique et coopérative des ressources. Il faut également anticiper les moyens de relever le défi alimentaire, en quantité comme en qualité, en refusant la mainmise des multinationales sur la production agricole avec ses organismes génétiquement modifiées et son modèle autant intensif qu’extensif

qui constitue la négation de la souveraineté alimentaire et de l’agriculture paysanne comme de la pêche artisanale. En refusant également de laisser la grande distribution venir spéculer, ponctionner et orienter à sa guise, privant les producteurs d’une juste rémunération.

Il faut changer de logique en imposant les exigences d’un développement humain durable. Notre croissance est celle du développement social et écologique, pas celle de l’accumulation du capital.

- Le but du travail ne saurait être de produire toujours plus d’objets de consommation rentables et jetables, mais de permettre à l’humanité de vivre bien. Les inégalités de revenus exorbitantes sont une insulte à la dignité humaine, elles méritent qu’on s’y attaque en définissant des revenus minimum et maximum. Nous voulons repenser l’impôt, taxer l’argent du capital augmenter sa puissance redistributive et sa capacité à orienter les grands choix des entreprises. Les richesses produites, aujourd’hui usurpées et gaspillées, devront échapper à la mainmise de la finance et des spéculateurs. Nous voulons réorienter fondamentalement l’argent des profits, l’argent des banques et l’argent public vers les salaires, la garantie de droits sociaux, l’investissement productif écologique, la recherche, l’expansion des services publics. Les nouveaux pouvoirs des salarié-es devront les placer au service des objectifs sociaux qui expriment notre ambition : l’humain d’abord ! Dans cet esprit, la réorientation du crédit bancaire est une priorité stratégique pour mettre en cause le pouvoir des marchés financiers. Déjà, des luttes sociales et politiques se mènent pour traduire cette exigence dans des dispositifs institutionnels concrets comme la constitution d’un pôle

financier public et le déploiement de fonds régionaux pour l’emploi et la formation.

 

Le choix résolu de la dignité humaine

Chaque vie humaine est essentielle à l’humanité. Pour nous, le libre développement de chacune et chacun est la condition du libre développement de toutes et tous. Naître, c’est accéder à la liberté, à l’égalité et à la fraternité. Ces valeurs toujours révolutionnaires ne peuvent vivre que si elles avancent du même pas. Il faut pour les garantir, que la souveraineté populaire s’exerce pleinement, dans un esprit de laïcité. Nul ne peut imposer aux autres ses convictions, qu’elles soient religieuses, politiques ou philosophiques. De même, nul ne peut être discriminé en raison de ses origines, de son sexe, de son handicap, de tout prétexte que l’on pourrait utiliser pour abaisser celui qui est différent de soi, ou celle que l’on ne comprend pas. L’égalité entre femmes et hommes doit maintenant devenir une réalité et les violences faites aux femmes être éradiquées. Réformer le mariage, comme l’adoption,en en faisant un droit pour toutes et pour tous, serait au passage une belle manière de reléguer dans le passé l’esprit de domination dans lequel il a été bien souvent utilisé dans l’histoire de nos sociétés.

- L’exercice concret de la démocratie, dans un quartier populaire, dans une commune, est un geste essentiel au service de la rencontre. La République doit mettre en dialogue toutes les représentations du monde, dans la mesure où elles ne contestent pas son principe.

Ainsi, nous refusons la conception qui ferait de la laïcité un principe de stigmatisation et d’exclusion. Nous refusons aussi cette conception qui ferait de l’espace public un lieu aseptisé, où l’on s’efforcerait de n’être que semblable aux autres, les convictions des individus étant refoulées dans une «sphère privée». C’est là qu’elle doit tisser la toile des valeurs communes qu’il faut sans cesse continuer. Nous voulons porter une vision restaurée de la laïcité, qui garantisse la liberté de conscience et l’égalité de droits et l’indépendance de l’Etat à l’égard de toute religion et de toute autorité hormis la souveraineté populaire.

Aussi, nous nous opposons à tous les intégrismes qui instrumentalisent les religions à des fins politiques, en portant atteinte aux libertés et à la dignité des femmes.

- Nous voulons développer l’accès à la culture, à l’information et aux connaissances, mais aussi leur appropriation sociale, en élargissant ce que les êtres humains ont en commun ou peuvent partager et qui construit leur humanité. Il s’agit de dépasser les querelles identitaires dé

pourvues de sens et de permettre à chacune et chacun d’être maître de son destin individuel en participant au destin collectif. Nous imaginons une information subtilisée aux mains des financiers et démocratisée. Nous voulons en finir avec une éducation mise au service de la rentabilité et des intérêts du capitalisme. Construire une culture commune exige un grand service public de l’éducation pour toutes et pour tous. Nous voulons sortir de la marchandisation des oeuvres de l’esprit, de l’avilissement de la culture, réduite au rang de passe-temps chargée de produire du temps de cerveau disponible. La culture peut donner dans la gravité ou dans la légèreté, mobiliser l’intelligence ou les émotions, prétendre à de grands bouleversements ou n’avoir aucune prétention, mais elle ne saurait être le résultat d’une production industrielle passée au tamis du marketing pour abaisser le peuple et le rendre docile. L’art, la culture, l’imaginaire sont des vecteurs essentiels des créations humaines, des moteurs de transformation sociale, des révélateurs de citoyenneté et d’humanité. Vecteur d’accomplissement de soi et de relations humaines, le sport doit être libéré de la domination de l’argent : la libre association et le bénévolat sont des facteurs essentiels pour y porter l’exigence de partage et de démocratie.

- La République ne se fige pas dans une image d’Epinal surannée en brandissant le drapeau français. Ce que porte le drapeau français, ce sont les valeurs généreuses de la Révolution, celle de « Ma France » de Jean Ferrat et nulle haine recuite. Nous ne nous sentons pas menacés par l’immigration. Elle est un drame pour celles et ceux qui en viennent

à quitter leur pays pour fuir la misère, dont bien souvent le pillage colonial est l’origine. Nous voulons résorber les inégalités planétaires. Mais il faut également lutter contre les marchands d’illusions, les passeurs et trafiquants qui rançonnent les migrants. Pour celles et ceux qui n’ont d’autre choix que de partir, le départ est une déchirure. L’arrivée ne doit pas en être une seconde. Nous voulons accueillir celles et ceux qui sont là, qui travaillent, leur donner des papiers et les mêmes droits. Notre patrie, c’est celle des droits de l’homme et de la femme.

- Nous combattons la misère qui détruit les vies humaines, et nous entendons faire admettre le droit essentiel de tout être humain à vivre pleinement et le droit d’être secouru par la solidarité nationale en cas de difficulté. Contre les politiques de seuil qui concentrent de faibles deniers publics sur la population la plus paupérisée, nous voulons retrouver le chemin d’une vraie protection sociale. Nous voulons permettre au travail social de renouer profondément avec sa raison d’être. Nous défendons un véritable droit au logement, soutenu par des politiques publiques volontaires.

- La dignité humaine est un droit qui doit être garanti jusqu’au bout de la vie. C’est pourquoi nous voulons refonder la protection sociale mise à mal par les directives européennes, les réformes régressives et les attaques des assurances privées. La protection sociale doit prendre en charge toutes les situations de handicap. Elle doit également prendre en charge la perte d’autonomie. Nous défendons l’obligation de combattre la douleur, cela demande de véritables moyens. Le développement des soins palliatifs est une exigence d’humanité, qui n’est pas compatible avec l’acharnement thérapeutique en fin de vie. Nous combattons enfin la marchandisation des corps sous toutes ses formes.

- Le respect de la dignité humaine s’impose même pour ceux qui enfreignent les lois. Opposants résolus à la peine de mort et à toute logique de vengeance, nous voulons sortir du tout carcéral, nous voulons des peines qui protègent mais aussi des peines qui permettent la réinsertion. Nous refusons de voir des hommes et des femmes enfermés dans leurs crimes ou leurs délits sans jamais pouvoir retrouver leur place dans la société. Nous savons que cela demande de la part de la société un accompagnement exigeant, mais nous savons aussi que cette attitude peut transformer des individus.

 

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 16:10

II- La révolution citoyenne pour gagner le changement

 

1- Prenez le pouvoir

 

La politique est notre chemin. Nous la savons décriée et discréditée, parce que l’on s’est tellement appliqué à la rendre impuissante. Pour nous, elle est un outil d’émancipation ; pour les puissants, elle est l’art de domestiquer le peuple. La démocratie est notre but ; elle est aussi notre chemin. En convainquant les hommes et les femmes que leur voix et leurs actes comptent, nous voulons donner à chacune et chacun un vrai pouvoir sur sa vie, leur donner confiance en nos ressources communes pour faire face aux grands enjeux. Nous voulons redonner sens à la souveraineté populaire bafouée à grande échelle comme ce fut le cas à la suite du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen. Nous voulons permettre aux femmes et aux hommes d’investir à tout moment tous les lieux possibles et imaginables, dans un vaste mouvement d’appropriation citoyenne capable de formuler et de rendre incontournables les aspirations populaires.

 

Chaque attaque menée contre l’intérêt général, doit nous amener à faire avancer la bataille des idées, à mettre en mouvement le plus grand nombre, à faire grandir la force de l’intervention citoyenne.

Si le pouvoir a en partie été transféré en dehors de la sphère républicaine par les démissions et les abandons successifs, les institutions continuent d’être mises sous pression pour répondre aux exigences de compétition des marchés financiers et de leurs fameuses agences de notation. Pour qu’elles regagnent une véritable capacité d’intervention au service de l’intérêt général, cela passera par une légitimité populaire retrouvée dans la pratique

comme dans les objectifs. C’est pourquoi la participation et la mise en mouvement citoyennes sont au coeur de l’action farouche des élu-es communistes dans toutes les institutions où ils sont présents. Cet état d’esprit est le nôtre du local au mondial. Au-delà, nous voulons démocratiser tous les espaces de la société. Dans les entreprises, privées et publiques, qui fonctionnent sur un modèle monarchique, l’action des organisations syndicales participe de cette dynamique que nous souhaitons. Les salarié-es doivent gagner du pouvoir sur l’organisation du travail comme sur les grandes orientations de l’entreprise et son financement. Tout comme dans les lieux d’éducation et de formation, où il y

a également un pouvoir d’intervention à gagner sur l’organisation de la vie sociale, sur les apprentissages et leur but.

 

2- Une stratégie à dimension internationaliste

 

Nous voulons agir dans le même temps aux plans local, national, européen et international pour gagner des changements à tous les niveaux qui se nourriront mutuellement. Pour cela, nous devons travailler à faire converger les mobilisations et à leur permettre d’apparaître dans toute leur dimension. C’est d’autant plus nécessaire que lorsque les femmes et les hommes et se rendent compte que les combats d’ici rejoignent ceux qui se mènent ailleurs, l’espoir grandit. Cette conscience est en train de s’affirmer parmi les communistes et progressistes du monde entier. La situation actuelle appelle donc la constitution d’un réseau international progressiste très ouvert pour agir sur des objectifs immédiats, mais aussi pour faire grandir la contestation de l’impérialisme et l’alternative au capitalisme. C’est l’esprit dans lequel nous sommes également partie prenante des Forums sociaux mondiaux et de tous les espaces de coopération politique comme celui noué entre le Parti de la Gauche Européenne et le forum de Sao Paulo. Nous contribuons aussi à initier et à développer de tels espaces avec les forces africaines, avec celles de la Méditerranée ou d'Asie.

 

Faire sauter le verrou de l’Europe austéritaire

Il est désormais de plus en plus acquis dans notre quotidien que les questions européennes sont des questions de politique intérieure. Loin des peuples qu’ils gouvernent, les chefs d’Etats du continent peaufinent ensemble patiemment à Bruxelles des politiques standardisées. Pour beaucoup, le fonctionnement même de l’Union européenne semble rendre impossible les changements progressistes et constitue un élément important de leur sentiment d’impuissance. Nous voulons faire sauter le verrou de l’Europe libérale. Pour cela, nous décidons de donner une place majeure dans nos analyses et dans notre action à cette dimension européenne par laquelle passent aujourd’hui de nombreux choix dont les citoyennes et citoyens sont dessaisis.

Là où des forces actent l'impuissance à changer l'Europe, prônant une dissolution de la zone euro qui renverrait d'une autre manière chaque peuple à la même guerre économique, nous pensons indispensable de lutter contre les divisions et les nationalistes, et de construire des rapports de force solidaires entre peuples à l'échelle de l'Europe pour émanciper le continent de l'emprise des marchés. Il est nécessaire d’approfondir une stratégie

politique européenne.

Nous voulons augmenter encore la dynamique du Parti de la gauche européenne et favoriser avec lui tous les espaces de coopération où pourront se rassembler les forces politiques, sociales et citoyennes qui remettent en cause les orientations européennes actuelles, et sont disponibles pour travailler à des alternatives à l'échelle européenne. En juin 2014, les élections du prochain Parlement européen seront un moment clef pour faire le bilan de la politique austéritaire européenne et faire grandir le rapport de force en faveur d'un changement profond. Nous devrons y porter l’ambition de refonder l’Union européenne. Nous devrons mener une campagne de dimension européenne cherchant à faire converger le maximum de forces de gauche des différents pays, avec l'objectif de renforcer dans le parlement européen le groupe GUE-NGL le plus fort possible. En France, pour atteindre cet objectif, nous devrons constituer les listes d'un Front de gauche européen élargi pour rassembler toutes les forces transformatrices. Dans cette optique, nous proposons au PGE d’organiser des forums progressistes pour la refondation de l’Europe.

 

 

3- La gauche au pouvoir en France, pour quoi faire ?

 

La victoire contre Nicolas Sarkozy

Pendant une décennie, après cinq années d’un gouvernement de gauche plurielle auquel nous avions choisi de participer, la droite a exercé le pouvoir en France sous la domination de plus en plus marquée de Nicolas Sarkozy.

Si nous avions su être utiles, notre présence et notre action n’avaient pourtant pas permis de répondre suffisamment aux besoins et aux attentes. La droite et l’extrême droite en embuscade en avaient profité pour administrer à la gauche sa plus douloureuse défaite.

La droite y a puisé la force d’engager une politique de régression radicale, cherchant à en finir avec les acquis des grands mouvements populaires, à commencer par ceux de la Libération. Pour garder le pouvoir, sous l’impulsion d’un Nicolas Sarkozy avide de provoquer de graves mutations idéologiques, elle s’est engagée dans une course-poursuite nauséabonde et dangereuse avec les forces d’extrême droite.

Sa politique du traumatisme permanent a pu provoquer en même temps que de vives résistances, un profond découragement dans la société.

Mais cela n’a pas suffi à éradiquer l’espoir en un monde meilleur. Ainsi, les échéances de 2012 ont vu notre peuple chasser, in extremis, le « Président des riches ». Dans cette victoire, avec le Front de gauche, nous avons joué un rôle majeur en dévoilant les enjeux, en faisant grandir l’espoir et en donnant du contenu au changement.

 

L’irruption du Front de gauche

Dans la dynamique du Front de gauche, notre parti a opéré un retour remarqué sur la scène politique, et une transformation de sa propre représentation dans l’opinion publique. Toute une partie du peuple de gauche s’est peu à peu reconnue dans notre démarche commune et l’a investie de son espoir. Ainsi, progressivement, au fil des élections, nous avons réussi ensemble à faire grandir cette dynamique, jusqu’à bousculer les plans préétablis de l’élection présidentielle, avec notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, en réalisant une large unité de forces antilibérales et anticapitalistes jusqu’ici très divisées. Cependant, le présidentialisme et la bipolarisation des institutions ont continué de s’approfondir. Si nous avons pu affronter cette réalité avec un réel succès lors de l’élection présidentielle,

nous ne sommes pas parvenus à confirmer cet élan, aux élections législatives, dont notre parti avait pourtant fait un enjeu majeur. A la suite de l’élection de François Hollande, nous n’avons manifestement pas su convaincre de notre utilité au sein d’une majorité qui ne serait pas dirigée par nous. Malgré les progressions de nos candidat-es, nous n’avons pas réussi à capter l’envie de changement qui s’est cristallisée plus fort encore dans un soutien massif aux candidat-es du Président de la République élu, nous faisant perdre des député-es. Aussi, le Parti socialiste et les Verts croient pouvoir se passer du Front de gauche, pour gouverner comme ils l’entendent. Nous ne pouvons d’autant moins nous en satisfaire que nous avons su donner force ensemble à l’alternative. Cette réalité montre le chemin qui reste à parcourir pour démonter le sentiment d’impuissance et convaincre qu’il existe une voie pour rendre possible ce qui, à beaucoup, semble souhaitable.

 

Et maintenant, le changement ?

Plus que « le changement c’est maintenant », François Hollande a promis un changement de Président. Cependant, les deux musiques, celle du changement, un peu floue, et celle de la rigueur se sont superposées. D’une certaine façon, par cette volonté d’assurer « un mieux », même petit, ce résultat porte la marque du sentiment d’impuissance qui a élu domicile dans les esprits. Mais derrière cette victoire se cache également un espoir réel pour toute une partie de la population. Nous ne voulons pas qu’il soit déçu, mais qu’il continue de s’exprimer aujourd’hui et demain.

Or depuis sa prise de fonctions, le gouvernement roule à contresens. Tout se passe comme si l’actuelle majorité s’appliquait à gérer les suites du quinquennat précédent.

Il est d’abord demeuré sans réponses satisfaisantes aux urgences, sans gestes forts annonçant une réparation des blessures de la droite et sans ambition de transformation. S’il y eut quelques mesures positives, comme la suppression du bouclier fiscal et l’annonce d’une loi autorisant le mariage et l’adoption par les couples de même sexe, les actrices et les acteurs du grand mouvement pour le droit à la retraite qui a préparé la défaite de la

droite en sont pour leurs frais. En réalité, obnubilé par les exigences des marchés financiers, parmi lesquelles la réduction de la dette -et en fait celle des dépenses publiques-, le gouvernement est bien en peine d’apporter de véritables réponses aux besoins. Si les engagements pris étaient frappés au sceau de véritables contradictions, ceux qui commencent à être reniés sont justement ceux qui nous paraissaient aller dans le bon sens.

Ainsi, la décision de ratifier en l’état le traité européen écrit à quatre mains par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, alors qu’il n’a pas été renégocié, manifeste le choix de promouvoir les orientations austéritaires de l’Union européenne. C’est un acte grave, qui sera définitivement entaché d’irrégularité démocratique. Avec son refus de contester le pouvoir de la finance, le gouvernement n’est pas en capacité de combattre la crise. Il l’aggrave même avec son plan d’économies budgétaires sans précédent. Au fond, la question est posée : où est passé le changement ? Cette situation est symptomatique : il n’y a plus de marges hors l’impulsion de vraies ruptures avec les logiques du système. C’est pourquoi rien n’est immuable. De plus en plus, le gouvernement devra faire face à d’importantes contradictions auxquelles il doit trouver des solutions. Le débat est en train de prendre de l’ampleur, y compris au sein de la majorité gouvernementale. Nous ne restons pas en dehors et nous faisons tout pour que notre peuple s’y invite, dans un large front contre l’austérité.

 

4- Sans attendre, gagner le changement

 

Faire reculer la droite et l’extrême droite

Déjà, l’extrême droite est aux aguets pour exploiter chaque déception populaire et pour prospérer sur la peur du déclassement. Partout en Europe, on mesure avec effroi les percées qu’opèrent les mouvements qui s’en revendiquent. Dans des sociétés dévastées par la crise, l’extrême droite s’applique à pratiquer exacerbation identitaire dont la droite a aidé à créer les conditions. Se présentant abusivement comme des forces anti-système, elles

développent un discours d’incitation à la haine, jouant sur la peur des individus pour les fragiliser et les conduire à abdiquer de leur humanité et leur liberté. La droite, sonnée par la défaite, est elle aussi déjà sur le chemin du retour. En son sein, ils sont nombreux à imaginer que sur la base des thèses nauséabondes de l’extrême droite, pourra se dessiner une nouvelle alliance à même de changer radicalement les rapports de force politiques.

C’est pourquoi nous devons continuer de mener un combat offensif face à ces idées, qui ne peut se contenter d’une diabolisation. Son projet représente pour nous le plus grand des dangers, et nous ne devons avoir de cesse que de nous expliquer sur les raisons qui fondent notre rejet catégorique de l’extrême droite.

Pour nous, il s’agit bien d’un combat de classe, qui a pour ambition de faire reculer la division et de renouer les liens de la solidarité. Pour cela, nous devons trouver les moyens de toujours mieux donner à comprendre le monde et la politique ; nous devons rendre crédible la perspective de changements concrets.

Nous refusons de nous laisser enfermer dans un jeu en miroir avec le Front National, dont certains se servent pour nous marginaliser. Nous combattons les forces de la finance, qui ont diverses manières de se faire représenter en politique, dont celle-là, qui est la plus terrible.

 

Mener la bataille des idées et de la culture

Nous voulons renverser la domination idéologique et culturelle que l’on nous impose. Une domination marquée par un grand mépris du peuple dont il s’agit de faire un troupeau d’animaux dociles, uniformes et rongés par le désir d’acheter.

Dans cet esprit, nous voulons nous attaquer à l’emprise des forces d’argent sur les médias et l’information. Le formatage et la marchandisation de celle-ci, la fabrication et le matraquage d’un imaginaire conforme aux besoins du capital constituent des moyens essentiels de sa domination, et de véritables obstacles à l’expression des aspirations qui travaillent la société. Libérer les médias est une exigence majeure. Dans chacun des espaces possibles,

notamment dans l’audiovisuel public, nous voulons livrer notre regard sur l’actualité et la manière dont elle est présentée. L’Humanité comme l’ensemble des organes de presse dont nous animons le développement sont des outils essentiels dans cette bataille. Nous devons également produire un nouvel effort pour investir les nouveaux moyens de communication et d’information, jusque dans leur dimension participative, avec le souci d’approfondir la réflexion et d’affronter les contradictions. Le moindre sujet est désormais prétexte à développer des visions du monde simplistes et bâties sur la réaction de l’instant.

Nous devons nous en saisir pour pousser la réflexion et ouvrir d’autres perspectives. Nous devons également combattre la dictature des experts du système, dont les savants développements estampillés du sceau de l’objectivité sont destinés à clore les débats et les cheminements de pensée.

Enfin, nous voulons donner toute sa place au développement de la création et permettre une réelle appropriation des oeuvres de l’esprit en donnant un nouvel élan à l’éducation populaire. Notre expression doit y puiser les moyens de parler au coeur des femmes et des hommes, de les toucher dans ce qui fait leur vie et leur être.

Ce n’est pas en professant quelque morale que l’on luttera contre celles et ceux qui veulent étiqueter les êtres humains mais en ouvrant les pistes dont on voudrait leur interdire l’accès.

 

Faire grandir les fronts du changement

A chaque fois que nous le pouvons, nous voulons oeuvrer à rassembler toutes les forces disponibles afin d’ouvrir des brèches au changement. Sur chaque sujet, il s’agit de constituer le front le plus large pour gagner, comme nous avons voulu le faire face au Traité européen.

Le développement en cette rentrée d’un mouvement syndical et social à haut niveau revendicatif, avec l’existence de convergences nouvelles pour faire reculer les politiques d’austérité, le travail poursuivi par le mouvement associatif et culturel, doivent nous amener à approfondir encore cette rencontre avec eux et ce lien, dans le respect et l’indépendance de chacun.

Nous voulons être utiles, tout de suite, à gagner des avancées immédiates. C’est à partir des luttes qui se développent, des propositions qui grandissent et des aspirations populaires que nous pourrons dépasser les mécontentements et les déceptions pour faire mouvement.

C’est une dimension essentielle de notre combat, à travers laquelle des hommes et des femmes pourront faire l’expérience du poids de leur engagement et de leur capacité à transformer les choses. Depuis le quartier jusqu’aux questions internationales, nous voulons continuer à nous rassembler avec d’autres pour faire de l’espace aux aspirations et à créer les rapports de force qui peuvent les imposer.

 

Fenêtre 3 : La gauche et le changement en question

Des forces de gauche, le Parti socialiste avec Europe Ecologie - Les Verts, sont au pouvoir en France, et le changement n’est pas à l’ordre du jour. On nous pose la question : opposition ou majorité ? Alors que le clivage droite-gauche continue de structurer l’électorat, comment nous y situons-nous ? Quel sens recouvre aujourd’hui l’idée de gauche ?

Comment se positionner face à l’impasse social-libérale en France et en Europe ? Comment redonner force à la gauche ? Comment faire grandir la révolution citoyenne ? Nous devons mieux caractériser notre démarche offensive.

 

Engager une nouvelle étape du Front de gauche

Le Front de gauche porte un immense espoir. Son irruption est un phénomène politique majeur. Il est la manifestation politique et électorale à laquelle nous sommes parvenus, avec nos partenaires, en appliquant de cette stratégie de fronts de rassemblement. Pour nous, il s’agit d’une dynamique durable qui n’est pas achevée. Depuis que nous l’avons initié, le Front de gauche a grandi, il s’est installé comme une forme politique nouvelle dans laquelle chaque organisation, chacune et chacun a sa place et se trouve respecté.

C’est là que réside sa force. Avec toutes les forces disponibles, nous voulons écrire la saison deux. Nous voulons donner un nouveau souffle à la dynamique citoyenne qu’il suscite, en permettant à un très grand nombre de femmes et d’hommes de toujours mieux s’y retrouver, notamment par le développement des assemblées citoyennes, qui prennent parfois la forme d’ateliers législatifs.

Notre conviction est que ces espaces doivent fortement se développer au plus près des territoires dans les formes adaptées que décident celles et ceux qui y participent. Les fronts de lutte et les fronts thématiques sont des réseaux d'action dont nous pensons qu’il faut pousser plus loin encore l’expérimentation.

Nous voulons élargir fortement le spectre des femmes et des hommes qui se reconnaissent dans le Front de gauche, notamment parmi celles et ceux qui ont contribué à l’avènement de la nouvelle majorité gouvernementale et veulent agir pour le changement.

Au-delà des campagnes électorales, nous voulons continuer à cheminer avec un nombre toujours plus important de femmes et d’hommes, inventant les conditions d’un travail en commun. C’est pourquoi nous nous proposons qu’une « coopérative » initiée par le Front de gauche puisse être le lieu où les apports et les expériences d’actrices et d’acteurs du mouvement social, associatif, intellectuel et culturel pourraient se croiser, chercher ensemble à produire du sens, et alimenter la recherche d’une nouvelle perspective politique.

Ensemble, nous sommes porteurs d’une grande ambition. En poursuivant sur le chemin où nous sommes engagés, nous voulons en faire le lieu où la politique devient, de façon de plus en plus irrésistible, l’affaire de toutes et de tous, l’affaire du peuple, contribuant à l’émergence d’un nouveau Front populaire.

Du Front de gauche, nous portons l’ambition d’en faire un grand mouvement capable de bousculer le rapport de force à gauche jusqu’à rendre majoritaires les options de transformation sociale en son sein. Une réorientation politique est la seule hypothèse pour laquelle notre parti serait prêt à participer à l’exercice du pouvoir afin d’apporter son concours à la construction du changement. Nous refusons les orientations social-libérales actuelles du gouvernement, qui conduiraient inévitablement à l'échec si elles étaient poursuivies.

Ce serait une catastrophe pour notre peuple, qui remettrait en selle la droite et ferait encore grandir l’extrême droite. Nous voulons donc tout faire pour rassembler la gauche, et gagner un changement de cap pour réussir. Rien ne nous empêchera d’être ensemble la force agissante de la gauche. Il va falloir faire avec nous, il va falloir faire

avec le peuple !

Afin de donner force aux exigences populaires, nous proposons au Front de gauche d’initier ensemble la grande campagne « et vous, quels changements de société voulez-vous? » Elle pourrait par exemple connaître un moment fort à l’automne prochain avec des Assises du changement.

 

Fenêtre 4 : L’avenir du Front de gauche en question

Nous voulons renforcer le Front de gauche. Des débats le traversent sur sa façon de grandir. Nous n’avons pas toujours la même appréciation des résultats de la séquence électorale passée, de notre stratégie, de notre vie commune, des propositions à porter, des conditions de l’élargissement de cette dynamique. C’est naturel. C’est même une richesse pour donner de la force au mouvement. C’est pourquoi nous voulons engager un débat sans tabou, toutes et tous ensemble, sur l’ensemble des dimensions concernant l’avenir du Front de Gauche.

 

Préparer les prochaines échéances électorales

Nous allons affronter en 2014 deux échéances électorales majeures : avant les européennes viendront les municipales. Et plus tard, en 2015, les élections cantonales et régionales. Face aux ambitions affichées de la droite et de l’extrême droite, pour chacune de ces échéances, nous voulons rassembler le plus largement possible sur des projets ambitieux qui placent chaque institution en position de répondre aux besoins.

Les communes sont un pilier essentiel de notre République. Une bataille est engagée pour refuser la casse de la démocratie locale : tout en poussant les feux de coopérations choisies, les communes doivent gagner en liberté d’action et en responsabilité. Elles sont de formidables espaces de citoyenneté, de services publics, de culture, de vivre ensemble.

Les communistes sont engagés dans l’action municipale, souvent au sein de majorités de gauche constituées sur des projets. Partie prenantes d’aventures humaines et de l’histoire locale, ils veulent continuer à être utiles au plus près des femmes et des hommes et continuer à leur rendre le pouvoir. C’est pourquoi nous décidons de lancer partout des appels à de larges rassemblements en commençant dès aujourd’hui à construire les contenus qui guideront notre action avec les habitantes et les habitants. C’est avec elles et avec eux que nous voulons créer les conditions de nouvelles conquêtes politiques. Partout, nous entendons ainsi renforcer et augmenter notre influence, en faisant la démonstration sur le terrain qu’une autre pratique et une autre ambition politique sont possibles. La présence

d’élu-es communistes au sein des assemblées municipales est un point d’appui essentiel dans les batailles politiques de notre parti. Nous abordons ces élections dans un esprit de conquête, pour mettre en responsabilité plus d’élu-es communistes encore.

La force du Front de gauche sera un atout important, pour aller vers les rassemblements les plus larges possibles à gauche, avec la volonté de faire échec aux appétits de la droite et de l’extrême droite. Ces échéances pourront être l’occasion d’ouvrir des perspectives de sortie de l’austérité et de changement.

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 16:09

III- Un nouvel élan pour le Parti communiste français

 

Pour mener à bien ces combats, il y a besoin d’un parti communiste déchaîné. Fiers des grandes aventures auxquelles nous avons contribué ces dernières années avec le Front de gauche, nous abordons la période qui s’ouvre avec un appétit d’ogre. Avec les nouvelles énergies qui se rassemblent dans notre maison, nous n’avons pas peur de déclarer notre gourmandise. Non pas celle qui rend malade et qui exige l’excès, mais celle des corps et des esprits qui veulent manger à leur faim, celle du plaisir que l’on partage. C’est sous ce jour nouveau, loin des caricatures, puisant force dans les épreuves qui ont affecté notre combat, que nous nous dévoilons désormais aux yeux de notre peuple. Offensifs, rassembleurs, inventifs, populaires... voilà qui nous sommes. Le parti de l’humain d’abord.

 

1- Le nouveau parti pris communiste

 

Nous avons affronté le XXème siècle. Au nom du communisme se sont développés des grands espoirs et des combats essentiels mais se sont aussi en certains endroits construites des sociétés d’oppression qui ont échoué à produire l’émancipation humaine que nous portons. Menant ici notre combat et provoquant des avancées sociales et démocratiques majeures, nous avons cependant peiné à nous dégager de l’affrontement qui se jouait dans la guerre froide. Nous avons souffert de voir ainsi notre idéal s’abîmer, de voir les forces capitalistes avoir beau jeu de jeter sur lui le discrédit et de voir l’espoir en un monde meilleur tellement se rétrécir. Mais nous avons choisi de ne pas fermer les yeux et d’en tirer, parfois péniblement, toutes les leçons.

A l’aube du XXIème siècle naissant, nous nous sentons aujourd’hui plus libres et plus forts pour nous tourner vers l’avenir. Nous savons qu’il ne peut y avoir de communisme sans démocratie, sans que le coeur en soit la démocratie. Pour être émancipateur, un projet politique ne peut être qu’une oeuvre collective à laquelle chacune et chacun peut participer.

Le parti communiste change, sans se renier. Il change parce qu’il cherche encore et toujours les meilleures voies pour cette révolution citoyenne. Il change parce qu’il est le bien commun des hommes, des femmes et des jeunes qui le rejoignent de plus en plus nombreux avec leurs révoltes, leurs colères, leurs espoirs, leurs idées, leurs désirs... Il change parce qu’il n’a de cesse que d’être en dialogue avec celles et ceux qu’il rencontre. Il change parce que l’état du monde fait grandir l’urgence et le besoin de changement. Il change et il doit encore changer. Nous portons en nous l’exigence d’une démocratisation toujours plus poussée de notre pratique et de notre organisation. Elle doit continuer de s’expérimenter dans la vie et de se partager au sein de notre Parti. Mais nous savons aussi que l’essentiel de nos transformations est liée à la construction de notre projet, à la façon dont nous saurons en faire un moteur qui nous entraînera où nous n’aurions peut-être pas imaginé aller.

 

2- Un parti d’émancipation, d’action et de rassemblement

 

Militer est une dimension de nos vies. Militer, c’est chercher la rencontre, c’est refuser l’injustice et l’arbitraire, c’est faire grandir la solidarité au travail, c’est nouer des liens de fraternité dans une cité. Militer, c’est avoir toujours le coeur à portée de main, à portée d’humain. Nous voulons être un parti différent, qui porte une autre conception de la politique que celle qui consiste à vouloir se réaliser personnellement dans la quête d’un destin politique personnel : celle de faire participer réellement le plus grand nombre au combat commun.

Nous voulons être toujours mieux un parti d’émancipation, où l’on trouve à grandir et à s’épanouir, où le sens de l’engagement de chacune et chacun se partage et s’enrichit de celui des autres. Par l’accès aux savoirs, à la culture, au débat démocratique, nous voulons en faire un outil pour que chacune et chacun puisse se construire comme femme ou comme homme, comme militante ou militant, comme citoyenne ou citoyen. Ainsi, le Parti communiste pourra devenir un intellectuel collectif, un collectif d’intelligences et d’expériences capable de mobiliser le monde du travail, du savoir, de la création, pour nourrir la reconquête idéologique et culturelle. La nécessité de la conceptualisation et théorisation ne s’est jamais faite autant sentir que dans un monde où chacun, chacun, est confronté en permanence au bruit et à la fureur, ainsi qu’à de profondes mutations. C’est dans cette envie

de savoir, de recherche, d’éducation populaire, seule capable d’élever notre niveau de compréhension de ce qui est à l’oeuvre dans la société, que nous devons mieux ressourcer notre Parti.

Le champ de notre intervention ne se limite pas aux échéances électorales. Nous sommes un parti d’action, qui cherche en permanence à faire vivre le débat et à gagner de vraies réponses aux besoins. Les pratiques clientélistes qui se développent, dont l’objet est d’asservir des hommes et des femmes par un jeu de pouvoir et de promesses sont un poison pour la politique. A chaque fois qu’un être humain est dans le besoin, quel que soit son option politique, notre devoir est d’agir avec lui sans attendre de retour pour répondre à l’urgence comme au problème de fond que sa situation soulève. Notre projet est à usage immédiat: nous voulons être le parti d’un peuple qui se bat.

Notre parti a vocation à s’exprimer dans la société à gorge déployée, à mettre en scène son projet, à faire grandir ses valeurs. Pour cela, il doit être un espace culturel où se croisent la politique, le débat d’idées et les pratiques artistiques.

Son existence et son apport original sont des atouts pour tous ceux et celles qui cherchent à se rassembler pour changer les choses. Car à chaque fois que nécessaire, nous voulons participer aux rassemblements les plus efficaces pour gagner des avancées. Le Front de gauche en est l’une des dimensions majeures. C’est ce qu’ont compris celles et ceux qui nous rejoignent chaque jour.

 

3- Une ambition démocratique de tous les instants

 

Notre organisation est au service de ces choix. Ainsi, au coeur de notre fonctionnement, nous plaçons la délibération collective. C’est dans ce cadre, en rupture avec toute idée de hiérarchie, que s’exercent les responsabilités.

Au sein de nos instances, nous voulons progresser encore pour faire vivre la parité, la mixité, le renouvellement, et la diversité qui sont essentiels pour la démocratie.

Ensuite, nous voulons créer les meilleures conditions d’une mise en mouvement des militantes et des militants dans leurs lieux de vie et d’engagement. Dans une société où l’on nous présente tous les choix comme des évidences techniques, nous voulons qu’ils puissent partout être porteurs de réflexion politique et de dynamiques citoyennes. Nous voulons qu’ils puissent partout faire naître cette solidarité et cette confiance qui permettent de pousser les portes que l’on croyait fermées. Nous voulons qu’ils puissent partout agir au nom du Parti communiste, en libérant l’initiative, la spontanéité et l’intervention militante.

Enfin, cela suppose de vivre un parti non étanche, tourné vers le monde en permanence et recherchant à se mettre en dialogue avec la société. Nous devons ainsi poursuivre les efforts entrepris pour mieux communiquer notre projet, nos propositions, nos initiatives, nos espoirs. Mais nous devons également développer et ouvrir nos réseaux et nos échanges à tous ceux et celles qui veulent travailler avec nous, à tous ceux et celles dont  la réflexion nous intéresse.

 

4- Un parti populaire, pleinement déployé dans la société

 

Pour s’adresser au peuple de notre pays, les partis dominants ont découpé la population en couches, catégories et communautés. En s’adressant à elles, il s’agit pour eux de les faire exister dans les représentations mentales, de les opposer entre elles plus ou moins artificiellement, puis d’opérer des choix et des alliances. Ce n’est pas notre conception des choses.

Nous voulons parler à toutes et tous, en faisant émerger l’intérêt général, le bien commun, et la promotion des valeurs essentielles pour la dignité humaine. Mais pour cela, nous sommes conscients qu’il faut pouvoir s’adresser à chacune et chacun dans sa vie, sans réduire personne au statut social dans lequel la société le maintient enfermé.

Le rejet de la politique s’exprime massivement parmi celles et ceux qui subissent le plus les effets du système capitaliste et de sa crise. Et les pièges politiques se referment sur les hommes et les femmes qui sont hantés par la peur de perdre ce qu’ils ont durement gagné.

Nous devons donc reconquérir la mobilisation des habitantes et des habitants des quartiers populaires, où les conditions de vie sont particulièrement dures, pour changer avec eux leur quotidien. Pour beaucoup, ils se sentent discriminés, abandonnés, relégués en dehors. Souvent, les lieux d’échanges, de rencontre, d’action sont justement ce qui fait défaut  au vivre ensemble. C’est avec elles et avec eux que nous devons construire la politique dont ils ont besoin, en commençant notre chemin au plus près des besoins immédiats.

C’est d’elles, c’est d’eux, que viendra le changement. C’est par elles, c’est par eux, que nous serons nous-mêmes révolutionnés.

Nous devons également fournir un effort singulier en direction des jeunes générations, fortement  marquées par les prémices d’un nouveau monde à naître, mais que l’on a essayé d’élever plus que jamais dans l’esprit de compétition et le culte du mérite. Elles peuvent  bousculer l’ordre établi si leurs aspirations à vivre ne sont pas étouffées. Le Parti communiste est pour elles et pour eux, un formidable espace de vie et d’émancipation. Avec le MJCF et l’UEC, nous voulons mieux encore nous adresser à la jeunesse pour lui permettre de construire l’avenir.

Nous devons nous adresser plus et mieux à celles et ceux qui produisent au quotidien les richesses. S’organiser pour l’action politique dans les entreprises, les grands groupes, les branches, les services publics, là où l’affrontement avec les forces du capital est le plus direct, est indispensable. Le travail, qui tend à occuper une place de plus en plus grande et de plus en plus pesante dans les vies, pour celles et ceux qui n’en sont pas privés, semble pourtant de plus en plus déconnecté du reste des existences et des enjeux politiques.

C’est l’une des prouesses de la pensée dominante. Nous voulons en faire un sujet politique majeur. Nous voulons produire un effort en direction de tous ceux et toutes celles dont les peurs et les souffrances sont instrumentalisées contre leurs propres intérêts. Partout, nous voulons approfondir notre lien avec les femmes et les hommes, et faire de notre parti un parti qui rassemble largement les hommes et les femmes épris de justice, de paix et de liberté.

 

Fenêtre 5 : Les transformations du PCF en questions

Nous voulons construire un parti communiste toujours plus en phase avec la société comme avec son projet. Quels changements sont nécessaires dans notre organisation ? Comment approfondir notre relation aux jeunes, au monde du travail et de la création, aux hommes et aux femmes des quartiers populaires, dans leurs diversités ? Comment renouveler nos pratiques et nos raisonnements dans notre activité avec le monde du travail ? Quelles nouvelles conceptions pour libérer l’initiative ? Comment susciter et mieux faire circuler les élaborations de tous les communistes pour nourrir et renforcer notre projet commun ?

 

Conclusion

Qu’elles furent longues, ces années, à tâtonner, reprendre notre souffle, à résister au déferlement sauvage du capitalisme. Nous avons traversé ces épreuves, sans chercher à les fuir. Mais nous sommes là, en ce moment où le monde peut basculer vers l’humanité plutôt que vers la barbarie. Nous sommes là, debout, humbles et fiers. Disponibles pour rallumer les étoiles. Il est grand temps, ne croyez-vous pas, de préférer poursuivre nos rêves plutôt que fuir un cauchemar. Pour faire grandir l’humain d’abord, prenez la main, prenez les rênes, prenez le pouvoir !

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 19:21

Le 36e congrès du PCF aura lieu les 7, 8, 9 et 10 février 2013.

 

Auparavant, les 26 et 27 janvier aura lieu la conférence départementale du PCF chargée de discuter les textes, de désigner des délégués, d'examiner le bilan de l'executif de la fédération PCF du Finistère et de renouveler le Conseil Départemental.  

 

Le 14 et 15 décembre, nous devrons organiser le vote sur les textes pouvant servir de base pour le congrès, la base commune - intitulée "Humanifeste du parti communiste français à l'aube du siècle qui vient" - ayant été proposée par le Conseil National par 82 voix pour, 10 contre et 5 abstentions.

 

Le vendredi 14 décembre, réunis en AG de section de 18h à 20h au local du parti , les 76 communistes de la section de Morlaix seront appelés à débattre des 2 ou 3 textes en présence avant de les départager.

 

Puis, le vendredi 18 janvier au soir puis le samedi 19 janvier de 9h à 17h30, nous serons de nouveau réunis en Congrès de section à Morlaix pour discuter des enjeux de la Conférence Départementale, renouveler le comité de section, l'instance dirigeante de la section (chargée ensuite de désigner le secrétariat de section), et pour réfléchir sur le texte choisi pour base commune du Congrès, l'amender, le critiquer, l'enrichir, nous l'appropier.  

 

C'est un grand moment de mise en avant de la souveraineté et de la réflexion collective des communistes qui nous attend, pour définir nos objectifs, nos moyens d'action et notre stratégie dans les années à venir.

 

   

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 17:08

Nous donnons ici lecture de quelques extraits choisis du stimulant rapport de Patrice Bessac introduisant aux travaux qui vont préparer le 36e congrès du PCF, qui aura lieu début février 2013.

 

 

Chacun, chacune a conscience que la période nécessite un grand travail collectif. Les problèmes sont nombreux, la difficulté immense et le combat, d'une grande brutalité. Ce rapport veut s'essayer à ouvrir quelques réflexions pour la préparation de notre Congrès. Ainsi, il ne reflète pas une quelconque ligne prédéterminée mais plutôt une tentative personnelle, nourrie d'échanges, de soulever quelques enjeux sans préjudice de notre débat commun. Les choses sont ainsi faites qu'exprimer sa pensée propre, ce n'est pas servir un filet d'eau tiède. Donc j'y vais.

C'est fini. C'est fini. Le cycle de la crise des mouvements critiques du capitalisme est fini. Vingt ans, trente ans de domination du capitalisme libéral, de convulsions pour le mouvement communiste et transformateur: tout cela est fini.

Le fait majeur est la crise du capitalisme mondialisé, sa crise économique et, au-delà, la crise du modèle de civilisation issu de la contre-révolution libérale des années 1970.  C'est fini. l ne s'agit plus de tenir, il s'agit d'avancer, de conquérir, de s'arracher à la gangue, aux sédimentations de plus de trente années de recul pour prendre vingt ans d'avance. Il nous appartient de prendre vingt ans d'avance, d'avoir la même ambition que les économistes libéraux eurent dans les années 1970: changer les bases culturelles, idéologiques, politiques du monde actuel. Si une longue et dure phase historique se referme, chacun mesure pour autant les dangers de la nouvelle pèriode: les risques de nouvelles barabaries comme d'une avancée possible des forces révolutionnaires. Nous sommes à la fois devant des changements de longue portée et dans l'urgence.

Ainsi, nous vous proposons que le congrès d'Aubervilliers manifeste par un texte fondateur cette ambition. Il s'agit, au fond, de proposer une vision unificatrice de notre projet, de notre stratégie, de notre conception du Parti et de l'action politique. Ainsi, si chacun sait que le caractère historique d'un congrès ne procède pas du décret, c'est pourtant cela que nous devons viser. Que nos décisions, que nos actes, que notre analyse, que notre travail unifient et fondent un regard complet sur les vingt ans qui sont devant nous.

Alors que notre stratégie de rassemblement, le Front de Gauche, alors que notre parti, le Parti communiste français, ont enregistré au plan des résultats électoraux et de notre effectif des avancées considérables, nous pourrions nous reposer dans la molle satisfaction de nos quelques réussites. Nous vous proposons exactement le contraire. Nous vous proposons d'accélerer, de franchir des étapes, de marquer des ruptures. Nous vous proposons donc que le Congrès soit une Révolution dans l'ordre de notre pensée et de nos pratiques pour répondre à la guerre sociale que livre le capital aux peuples et qu'il réponde à une seule question: Comment être utile au peuple, à la France, à l'Europe, à l'humanité? Ainsi, et sans préjuger de nos décisions communes, je veux évoquer devant vous quelques idées. Je le ferai, je vous l'ai dit, sans filet, en considérant qu'il vaut mieux jeter quelques idées que ne rien dire du tout.

 

D'abord dans l'ordre de la culture.

La réduction du champ de l'activité des partis à l'activité électorale telle que voulue par nos institutions est une réduction de la politique elle-même. Nos institutions, en asservissant progressivement les partis à leur service exclusif, ont agi comme des réducteurs de tête. Elles affaiblissent les fonctions culturelles, sociales, intellectuelles de la politique pour n'en garder que l'activité de représentation dans une démocratie devenue d'opinion. Or c'est la culture, ce sont les représentations qui forment le soubassement de la conquête du pouvoir. La question de l'hégémonie culturelle est donc le point de départ nécessaire de toute réflexion.

 

Déracialiser le débat français: le choix des Lumières

Le fait marquant et en accélération constante depuis les années 1980 est la racialisation du débat politique français. A droite, on ethnoculturalise la francité autour de la blancheur et de la chrétienté; à gauche, comme dans un miroir, on procède à la même ethnoculturalisation de la société française, cette fois en positif. Ainsi, la gauche assume des catégories telles que la diversité qui pose, circonscrit et valide de fait l'existence de groupes religieux, ethniques ou raciaux qu'il s'agit de discriminer positivement. La campagne de 2012 aura constitué une nouvelle accélération en ce sens.(...).

Ce mouvement est sans fin. Et il répond à un besoin profond du capitalisme dans la situation actuelle: reformuler le social pour le désintégrer, c'est la réplique interne du choc des civilisations. Les individus sont enfermés dans des politiques identitaires. Elles agissent de manière performative: à chaque fois que l'on crée une manière de classer les individus, ils y entrent! Cette situation est potentiellement mortelle pour la société et pour le mouvement de transformation sociale. La déracialisation du débat politique français, la suppression des politiques identitaires, en bref le retour aux Lumières, c'est à dire à la seule reconnaissance des individus libres, souverains et égaux dans la République est un axe majeur de reconquête. Il faut jeter par dessus bord et dans le même mouvement les politiques d'assimilation, d'intégration ou les politiques multiculturelles pour entrer dans un processus historique qui brisera le lien de la citoyenneté des sociétés modernes avec l'ethnomorphisme, c'est à dire l'association d'une couleur de peau, d'une culture et d'une origine supposée à une citoyenneté - les grands blonds sont norvégiens, les gens typés viennent d'ailleurs, les musulmans sont des immigrés...

Notre vocation est d'établir l'égalité des citoyens de la République sans considération d'origine ou d'appartenance supposées. Ce qui caractérise les cultures, contrairement à ce que pensent les ethno-bobos, ce n'est pas leur permanence, c'est leur capacité de dialogue et de transmutation. Les politiques identaires, fussent-elles de gauche et pavées de bonnes intentions, ne sont en réalité qu'un des avatars de la période coloniale, une négation organisée de l'égalité. Il s'agit donc de défendre un universalisme abouti, c'est à dire ne cédant pas à l'hypocrisie qui consiste à nier et à entretenir les inégalités de genre, d'orientation sexuelle, de discriminations fondées sur des origines supposées au nom d'une égalité fantasmée. Un universalisme de combat qui, dans un contexte de régression identitaire, affirme, développe et rend effective l'unité du genre humain.(...).

 

La politique de classe contre les politiques racialistes

Cette reformulation du social par la gauche puis par la droite a eu comme effet de laisser en déshérence la question sociale. Lors de sa campagne en 2007, Nicolas Sarkozy a été un ingénieur doué de la dignité des travailleurs et des travailleuses. Or, à l'issue de la période que j'ai décrite, le travail n'est plus un marqueur de gauche: c'est un marqueur de droite dans le discours politique. Je rappelle que Marine Le Pen a totalisé 29% du vote ouvrier au premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande 27% (Lionel Jospin avazit totalisé 13% en 2002) et Jean-Luc Mélenchon 11% du vote ouvrier. Et il est frappant de constater que la perte de centralité du travail dans le discours de la gauche correspond à sa propre impuissance à résoudre la question du chômage. La gauche s'est désaffiliée de sa relation aux travailleurs, a détourné son regard des questions sociales et de classe à mesure qu'elle perd l'ambition d'un réel changement économique. Les résultats électoraux de premier tour sont sans appel: la gauche est plus forte là où le peuple est le moins présent. (...).  

Le rapport avec le Congrès est le suivant: comment nos discours s'agissant des trois grandes sphères de la société - la sphère nationale en liaison ouverte avec l'Europe et le monde, la sphère économique et sociale et la sphère démocratique - cessent d'agir chacun de manière autonome pour résonner en écosystème, en ensemble unificateur, en opérateur de valeurs, de lutte et d'action? Sur ce sujet, mon hypothèse est la suivante: l'entrée dans une nouvelle période historique ne concerne pas que nous. Cela affecte l'ensemble du champ mobilisable: intellectuel, syndical, populaire. Et le problème n'est pas tant de leur faire signer des appels électoraux que de leur donner un espace de travail réel. Ainsi, j'ai la conviction qu'il faudrait décider de créer une coopérative de travail, qui échappe aux problèmes de pouvoir immédiat et de débat politique dans le Front de Gauche. Il faut un lieu de renaissance pour la pensée révolutionnaire avec l'aide des différents organismes existants qui dépasse le fractionnement. D'une certaine manière, l'Appel des économistes attérés ou l'Appel des appels participent de cette recherche. Mais un saut qualitatif doit être fait.

Comme à de grands moments de l'histoire du PCF, l'anticolonialisme, le Front populaire, la Résistance, nous devrions prendre rendez-vous avec l'Histoire et déclencher le mouvement nécessaire de travail pour la pensée et l'action communiste et de transformation sociale.

 

A présent, quelques remarques dans l'ordre de la politique et de notre stratégie de rassemblement, le Front de Gauche

Comment  être utiles au peuple et à la France, à l'Europe et à l'humanité? Je traiterai la question de nos rapports avec la majorité gouvernementale puis de notre stratégie de rassemblement, le Front de Gauche.

La première question est: au nom de quoi, de qui parlons-nous? En d'autres termes, au nom de la gauche ou d'une partie de la gauche ou au nom des intérêts de notre peuple et de notre pays? Cette question n'est pas anodine, car il me semble que la posture politique, c'est à dire nos rapports avec la majorité gouvernementale, doivent passer au second plan par rapport à notre objectif premier: l'intérêt général. L'interview de François Hollande dimanche dernier marque l'atterrissage entre une tactique électorale, la fameuse guerre à la finance, et la réalité de sa stratégie économique, l'austérité et l'espérance d'un retour de la croissance en 2014. L'expression du Premier ministre appelant à un "choc de compétitivité" est de ce point de vue effrayante de clarté. Je ne reviendrai pas... sur les effets d'une telle politique. Je veux juste faire la remarque suivante: la situation est dangereuse, les conséquences sociales seront dures, les conséquences politiques potentiellement dramatiques.

Ainsi, nous sommes face à nos responsabilités. Déclarons-nous l'affaire entendue et adoptons-nous la posture du combat désespéré et de l'attente d'un pouvoir futur? Ou cherchons-nous à inverser la situation? En 2005, si nous avions fait l'hypothèse d'un rapport de force immuable, nous aurions bloqué les possibilités de mouvement de l'électorat socialiste vers le Non. Il faut donc considérer qu'un mouvement est possible parmi l'électorat socialiste, de gauche, populaire, parmi un certain nombre de dirigeants de la social-démocratie vers le refus de l'austérité et pour une autre politique. La Chine, les Etats-Unis d'Amérique, notre continent et leurs dirigeants sont tous face à ce problème: nous sommes à l'heure des grandes transformations, de la nécessité d'un basculement radical du système économique mondial et cette perspective provoque une reprise en main tout aussi radicale et autoritaire des forces du capital sur les principaux leviers de gestion de l'économie. Alors comment être utiles? C'est la seule question. Comment être utiles pour contribuer à l'accouchement d'une politique nouvelle? Commnt battre l'austérité comme seule réponse? A cette aune, la question du rapport au gouvernement actuel est seconde. Le problème n'est pas de faire arbitrer un match entre le Parti socialiste et le Front de Gauche, mais de faire arbitrer deux choix politiques: l'austérité ou le développement. C'est dans ces conditions, me semble t-il, que nous devons aborder à la fois nos rapports avec le gouvernement et l'avenir du front de gauche.

 

L'avenir du Front de gauche: un nouveau front populaire

J'y viens donc. Avec le Front de gauche, la séquence politique qui vient de se clore a permis une avancée spéctaculaire: le retour des forces critiques du capitalisme sur la scène politique. Nous sommes de retour, nous sommes à nouveau dans le match. Mon sentiment est que le plus difficile commence. Car il ne s'agit plus d'unir des familles, des militantes et des militants dispersés par la longue histoire. Il s'agit à présent de poursuivre un déploiement qui dépasse nos frontières actuelles, de viser une hégémonie culturelle nouvelle. Et à partir de cet instant, la vitalité de notre rapport avec le monde salarié, aux syndicalistes, aux intellectuels, à la création, aux citoyens sur l'ensemble du territoire se pose avec cette ambition à l'esprit. Car ce n'est plus seulement un problème d'en haut, un problème électoral, un problème d'efficacité de la parole médiatique, c'est un problème d'en bas /en haut, de développer le Front de gauche en dépassant les hiérarchies institutionnelles.(...).

J'ai évoqué dans la partie précédente l'hypothèse d'une coopérative. Cela ne résout que la partie que j'ai appelée culturelle du problème. Reste l'organisation du travail politique et l'association à un niveau local et national de ces forces disponibles. Un équilibre imparfait a été trouvé entre le rapport des forces politiques entre elles et le Conseil National de campagne durant l'élection présidentielle... Le Front de Gauche, dans sa forme et son fonctionnement actuel, n'est pas le début et la fin de tout. Nous entendons qu'il continue d'être un mouvement qui agrège, qui rassemble les forces mobilisées contre l'austérité et pour une sortie de crise sociale et démocratique. Ainsi, il s'agira de préparer aussi les futures échéances sans esprit conservateur mais avec l'idée d'un Front de Gauche en mouvement...".    

 

Patrice Bessac        

     

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