Excellent débat sur Parcoursup organisé lle lundi 22 octobre par le PCF , pour l'égalité d'accès à l'éducation et l'enseignement supérieur hier à la fac Ségalen de Brest avec Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine, Lucien Richard, responsable organisation de la JC 35, Marie Dagnaud de la CGT educ'action, Olivier Cuzon, de Sud-Solidaires, et Jean-Marc Clery, porte parole de la FSU-Bretagne.
"Parcoursup, une "belle réussite", qui a éliminé des dizaines de milliers de bacheliers de l'enseignement supérieur (-7% d'inscrits en fac notamment), des jeunes issus des classes populaires, de lycées techniques et professionnels pour la plupart".
"La France consacre depuis 10 ans de moins en moins de moyens, rapportés au nombre d'étudiants qui augmente, à l'enseignement supérieur".
"Les algorithmes locaux des universités sont non communiqués, on ne sait pas sur quels critères ils travaillent, ni s'ils sont légaux"
"On va préparer la spécialisation des élèves en amont pour correspondre aux attendus des universités. Dès la fin 3ème, les élèves vont devoir avoir une idée des choix qu'ils vont devoir faire. On spécialise l'enseignement général et technologique, on despécialise l'enseignement professionnel en lui retirant une série de compétences générales. On cherche à ce que les élèves restent bien dans la bonne case. On a pas un gouvernement qui vise l'émancipation des gens".
"En Bretagne, 33 000 lycéens bacheliers passaient par la plateforme parcoursup. 8000 n'avaient aucune réponse au mois de juin, 950 savaient qu'ils étaient sans aucune proposition. C'est difficile de savoir combien de jeunes ont vu leurs vœux préférentiels satisfaits. 20% des élèves ont sans doute décroché de Parcoursup, se retrouvant sans orientation dans le supérieur, ou dans des écoles privées. En STAPS à Rennes, 200 dossiers ont été refusés, une centaine de dossiers ont été refusés en sciences de l'éducation.
"Les effectifs ont baissé pour la première fois de 7% à l'entrée à l'université. Pour ce qui est des STMG, un tiers d'entre eux ont abandonné parcoursup. En région parisienne, il y a une sélection incroyable sur critères sociaux que parcoursup accentue".
"Le tirage au sort a bien lieu en réalité dans certaines universités pour départager les candidats aux dossiers voisins".
"Il manque des places à l'université et en même temps il y a des filières qui ne font pas le plein mais on ne rentre pas les étudiants dans les filières comme des sardines dans des boîtes. Le service public d'éducation a vocation a fonctionné même si certaines classes sont à moitié vides".
"Parcoursup traduit une projet idéologique de la droite depuis longtemps: le refus de la démocratisation de l'enseignement. Il s'agit d'empêcher tous ceux qui ont le bac d'accéder à la filière de leur choix. Le Bac n'est plus le premier diplôme du supérieur".
"Les enfants d'ouvriers sont 12% en master, 4% en doctorat, actuellement. Parcoursup ne fait que renforcer ces discriminations. Cela conduit à l'auto-sélection, l'auto-censure. Et on localise le bac. Les notes de terminale n'ont pas la même valeur dans un lycée de centre-ville d'une grande ville et dans un petit lycée d'une petite ville".
"On oblige les jeunes à se déterminer beaucoup plus tôt sur leur orientation future alors qu'on liquide parallèlement des cohortes de conseillers d'orientation. Le summum c'est la lettre de motivation qui discrimine ceux qui sont à l'aise à l'écrit ou ont des aides familiales et les autres"
"On a pas anticipé le pic de natalité de l'an 2000 avec 35 000 naissances de plus. C'est soit un problème d'incompétence totale, soit un choix. Il aurait fallu augmenter de manière significative les moyens pour l'université. Aujourd'hui, on oblige les jeunes à cocher les cases par défaut, les bacheliers professionnels accédant à l'université sont passés de 25% à 15%. Avec parcoursup, ce n'est plus les humains qui dépendent des machines mais les êtres humains qui se transforment en machines devant s'auto-évaluer et se vendre. Parcoursup, c'est un projet idéologique des forces capitalistes et libérales qui renvoient au processus. Cela renvoie au processus de Bologne par lequel les décideurs européens ont voulu uniformiser le modèle compétitif et managérial à l'université"
"Blanquer ne cesse de faire des cadeaux au privé. Alors que 95% des enfants sont scolarisés en maternelle à 3 ans, Blanquer, en rentant la scolarisation obligatoire à 3 ans fait un énorme cadeau aux écoles privées car les mairies vont devoir financer l'enseignement confessionnel".
"Dans le débat d'orientation budgétaire, nous avons proposé d'affecter les 6,5 milliards de crédit impôt-recherche aux universités plutôt que cela serve à faire de l'optimisation fiscale ou autre. Pour embaucher des profs d'université, des maîtres de conférence, des responsables de TD, il faut des moyens. Est-ce légitime de mettre 6 milliards sur les prochaines années dans le programme M 51 de renouvellement des armes atomiques et des missiles atomiques alors qu'on aurait pu les mettre dans l'éducation, la jeunesse? Pour autant nous avons été le seul groupe a voté contre au Sénat" (Pierre Ouzoulias)
"Il faut réellement mettre des moyens en face des besoins. Je suis pour une nationalisation de l'enseignement privé, le refus de la collaboration des enseignants avec les réformes libérales de tri des élèves".
"En 2000, 18% des élèves de lycée poursuivaient leurs études. Aujourd'hui, c'est 36%. Entre 2008 et 2018 on a gagné plus de 500 000 étudiants. Le processus de démocratisation de l'enseignement est inéluctable, irréversible. Toute la question, c'est les moyens qu'on met pour l'accompagner. Depuis 10 ans, l'effort de la nation par étudiant a nettement diminué. Quels moyens sommes nous prêts à investir pour la formation de la jeunesse?"
"Aujourd'hui, depuis les accords Vatican-Kouchner il y a 10 ans dans le supérieur, qui autorise le privé à délivrer des diplômes, le privé est à l'offensive dans l'enseignement supérieurs, avec aussi des objectifs d'évangélisation assumés".
"On a des difficultés à mobiliser, et pourtant c'est la clef de tout. Pas de vraie victoire des batailles étudiantes depuis la lutte contre le CPE en 2005-2006"
"La non hiérarchisation des voeux produit un temps d'attente extrêmement long sur parcoursup et c'est un effet dissuasif voulu. L'attente fait partie du système: elle a concerné 20% des élèves du général, 50% des élèves sortant d'un bac pro. Parcoursup classe en fonction des milieux sociaux. Il ne faut pas confondre l'apparent amateurisme de l'algorithme et de la structure de parcoursup et le projet politique et la stratégie très calculés. Avec APB, tu pouvais avoir l'impression que tu choisissais ton école, ta filière; là c'est l'inverse, on te choisit et tu dois te vendre ".
Plusieurs lycéens et étudiants sont intervenus au court du débat:
- Regrettant la non hiérarchisation des vœux et les effets que ça induit.
- Pour mettre l'accent sur le discours centré sur l'humain, les valeurs, le quotidien partagé et l'épanouissement individuel à tenir auprès des jeunes, plutôt que sur les chiffres, les moyens, l'argent, si on veut les toucher et les mobiliser. On a aussi besoin qu'on nous présente un projet en positif plutôt qu'une simple critique de l'existant. ON NE SE BAT PAS POUR DE L'ARGENT MAIS POUR DES DROITS.
- Sur la situation de stress vécue par les jeunes en terminale, qui vont malades au lycée pour éviter que des absences les handicapent dans le cadre de Parcoursup.
- Sur la mise à distance psychologique par rapport à des choix d'orientation qu'opère parcoursup.
- Sur le scandale de la confidentialité des données dans les algorithmes locaux de parcoursup.
- Sur les difficultés pour les jeunes des catégories populaires qui se rajoutent avec parcoursup.
- Sur le droit à l'orientation pour se former intellectuellement et non pour réussir socialement par une filière de prestige. Il faut pouvoir faire des études dans lesquels on se reconnaît. Il faut casser les représentations négatives sur certaines formations.
- Il faut accompagner les jeunes dans l'enseignement supérieur, les former, leur parler.
- Sur les pertes d'heures et de moyens de profs dans les UV dans certaines filières comme la psycho.
- Sur le travail des étudiants et son impact pour la réussite dans les études.
- Sur le revenu d'autonomie étudiant à conquérir.
Des syndicalistes SNES-FSU, CGT de l'éducation privé, CGT sont aussi intervenus dans la salles, où étaient présents des profs d'université.
A l'issue de ce débat passionnant de 2h30 environ, avec une grande richesse d'interventions, 3 lycéens et étudiants ont demandé d'adhérer au PCF.