Notre peuple réclame justice.
Dans ce pays, comme dans beaucoup de pays du monde, il y a un peuple en colère. Un peuple qui demande justice. Justice sociale, justice fiscale, justice démocratique.
Depuis des années, il cherche à se faire entendre, sans en trouver la voie.
En témoignent un référendum bafoué, des mouvements sociaux méprisés, une abstention croissante, une défiance accrue à l’égard de la politique et des institutions...
Au bout de décennies de libéralisme forcené, l’accélération macronienne, doublée de mépris et marquée par une pratique monarchique, a provoqué un mouvement de révolte profond. S’il vient au milieu de nombreuses manifestations contre les choix du gouvernement, ce mouvement a pris une forme nouvelle, qui peut être déroutante.
S’y retrouvent parfois des sentiments contraires, mais surtout des aspirations communes qui appellent le meilleur de ce qui unit notre peuple et de ce qui fonde notre République.
Des forces dangereuses essayent d’y semer de mauvaises graines, les forces national-populistes, qui sont aux aguets partout en Europe et dans le monde.
Elles doivent être mises hors-jeu car elles portent en elles la haine, l’autoritarisme, l’inégalité des droits, l’allégeance aux forces de l’argent, la démagogie contre ceux qui s’engagent… Elles désignent des boucs-émissaires, les étrangers, les immigrés, les réfugiés, comme si leur malheur et notre manque d’humanité pouvaient être une solution face à nos problèmes. Il ne faut se tromper ni d’adversaire ni de mode d’action, ne pas céder aux provocations. Le nationalisme n’a jamais produit le bonheur mais toujours la guerre ; et le pouvoir d’un seul toujours la tyrannie.
Les habitantes et les habitants de notre pays ont depuis si longtemps le sentiment de ne pas avoir leur mot à dire, de subir une politique qu’ils n’ont pas choisi, de connaître des alternances sans changement... Et là, soudain, de façon inattendue, des femmes et des hommes se retrouvent, pour parler, comprendre, se rendre compte qu’ils ne sont pas tout seuls, faire de la politique. Là se trouvent les chemins à emprunter pour reprendre la main sur notre destin commun. Car face aux questions posées, il y a besoin de débat politique et d’action politique.
Il n’y aura pas d’issue positive dans le cercle infernal de la violence et de la répression, le pacifiste que je suis en est convaincu. Et il n’y aura pas d’issue positive sans mouvements populaires et citoyens, le révolutionnaire que je suis en est convaincu.
Il faut chercher à faire de ces mobilisations une force pour la République.
Le gouvernement doit renoncer à maintenir le cap, arrêter ses provocations et tenir compte des aspirations populaires.
C’est pour cela que j’ai signé la motion de censure qui sera déposée lundi matin.
Il faut réouvrir le débat politique en grand, saisir cette occasion pour une réappropriation populaire de la politique et de la République. Elles ne doivent pas être accaparées par les puissants et leurs représentants, c’est là tout le problème. Il faut changer vraiment d’orientations. Plus de pouvoir d’achat, plus de pouvoir de vivre, c’est augmenter le SMIC, les salaires, les pensions, les minima sociaux au lieu de réduire en permanence le prétendu « coût du travail » et les droits.
C’est arrêter les cadeaux aux plus fortunés et aux faiseurs de dividendes en rétablissant l’ISF, en revenant sur le CICE doublé, sur la Flat tax, l’Exit tax... C’est arrêter de donner le pouvoir au marché qui ne connaît que l’odeur du profit immédiat et maximum. C’est développer les services publics accessibles sur tout le territoire, la sécurité sociale, et les investissements dans la transition écologique.
Qu’on arrête de nous faire la leçon, de nous dire que le pouvoir est légitime pour s’imposer sans discussion jusqu’aux prochaines élections. Qu’on arrête d’abîmer la République et que sa promesse soit la seule boussole pour relever les défis de notre temps. Que chacun contribue selon ses moyens et reçoive selon ses besoins. Pour l’humain et pour la planète, partout, qu’on fasse la politique ensemble.
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