Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:30
France Bloch, chimiste de la résistance armée - Source brochure UFF ( Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu)

France Bloch, chimiste de la résistance armée - Source brochure UFF ( Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu)

France Bloch dans son laboatoie de recherche. Source: Alain Guérin, La Résistance, 1943 - publié dans Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu

France Bloch dans son laboatoie de recherche. Source: Alain Guérin, La Résistance, 1943 - publié dans Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu

France-Bloch Sérazin - Une femme en résistance - 1913-1943, par Alain Quella Villéger (éditions Antoine Fouque) - Prix littéraire de la résistance 2019  "Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans.

France-Bloch Sérazin - Une femme en résistance - 1913-1943, par Alain Quella Villéger (éditions Antoine Fouque) - Prix littéraire de la résistance 2019 "Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans.

Lu dans Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu:

"Fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch, France prépare après son baccalauréat une licence de chimie. Elle lit aussi bien des livres de philosophie que des ouvrages scientifiques. Passionnée de Stendhal... à 23 ans, elle adhère au PCF dans la section du XIVe arrondissement où elle fait la connaissance d'un jeune ouvrier métallo, Frédo Sérazin , qui deviendra son époux. Frédo Sérazin sera assassiné par les miliciens à Saint-Etienne en 1944. Après l'exode de 1940, France, de retour à Paris, s'engage dans la Résistance, et commence par tirer des tracts sur une vieille ronéo. Mise en contact avec Marcel Paul, celui-ci veut utiliser au mieux ses compétences. Sa formation de chimiste va lui permettre de fabriquer des explosifs. Elle apprend aux FTPF l'utilisation des grenades de sa fabrication. C'est France Bloch-Sérazin qui fabrique l'explosif utilisé en 1941 pour faire sauter un pylône électrique d'utilité vitale pour les Allemands qui occupent la région d'Orléans. France participe à l'attaque d'une cartonnerie et accompagne les FTP qui vont dynamiter les premières voies ferrées. Arrêtée par la police de Pétain, France subit la torture pendant les interrogatoires qui se succèdent. Emprisonnée à la Santé en "division punitive", enchaînée jour et nuit, France Bloch ne parle pas. Elle est conduite à Haguenau en Alsace, puis à la prison allemande de Lübeck. Le 10 février, elle est transférée à la prison de Hambourg et le 12 février elle est décapitée à la hache par les Nazis. Avant de mourir, la permission lui est donnée d'écrire une dernière lettre à Frédo, son époux:

Mon Fredo

Cette lettre est la dernière que tu recevras de moi. Ce soir à 21 heures, je vais être exécutée. J'ai été condamnée à mort le 30 septembre. Mon recours en grâce a été refusé par le Führer du IIIe Reich. Je vais mourir comme tant d'autres sont tombés depuis des mois.

Tu m'as donné du bonheur, j'étais fière de toi, fière de notre union, fière de notre si profond accord, fière de notre cher amour de Roland. 

Je meurs pour ce pourquoi nous avons lutté, j'ai lutté, tu sais comme moi que je n'aurais pas pu agir autrement que je n'ai agi, on ne se change pas.

Mon amour, soit très courageux, autant que moi, autant que notre amour était fort, était solide, était vrai. Qu'Eliane et Roland soient très heureux. Et toi, mon amour, tu sais que je suis à toi.

J'embrasse une dernière fois ta mère, qui aura de la peine, et aussi Paulette, Alexandre, toute la famille. 

Ta France à toi".

".      

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 15:02
A la ligne - Joseph Pontus - Grand Prix RTL/Lire 2019 Prix Régine Deforges 2019 Prix Jean Amila-Meckert 2019 Prix du premier roman des lecteurs de la Ville de Paris 2019 Prix Eugène Dabit du roman populiste Vermillon Paru en 2019  272 pages

A la ligne - Joseph Pontus - Grand Prix RTL/Lire 2019 Prix Régine Deforges 2019 Prix Jean Amila-Meckert 2019 Prix du premier roman des lecteurs de la Ville de Paris 2019 Prix Eugène Dabit du roman populiste Vermillon Paru en 2019 272 pages

⚙️⚙️Joseph Ponthus sera présent à la Fête de l'Humanité Bretagne avec son livre "À la ligne. Feuillets d'usine" !
📌Samedi 21 novembre 📌
 
Joseph Ponthus sera présent à la Fête de l'Humanité Bretagne avec son livre "À la ligne. Feuillets d'usine" 🐮
"À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.
Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes."
 
 
« Un chant d’amour à la classe ouvrière »
Jeudi 24 Janvier 2019 - Interview de Joseph Pontus par L'Humanité
« À la ligne », fascinant premier roman en forme de long poème en prose, Joseph Ponthus, ex-éducateur en banlieue, vient d'obtenir le prix Eugène Dabit du roman populiste. Nous vous reproposons l'interview réalisé par Michaël Mélinard à l'occasion de la parution de cet ouvrage.

Barbe hirsute, stature filiforme qui flirte avec le double mètre, Joseph Ponthus arbore sur son avant-bras droit la figure tatouée de Pontus de Tyard, son illustre ancêtre poète. D’emblée, il ne cache pas son plaisir d’apparaître dans les pages de « l’Humanité Dimanche », avec l’envie de remettre Marx sur le devant de la scène.

Dans quelle mesure l’exergue « aux prolétaires de tous les pays, aux illettrés et aux sans-dents » s’inscrit-elle dans une perspective marxiste, antimacronienne et anti-hollandaise ?

Il faut toujours savoir d’où l’on parle. Je parle en tant qu’intellectuel, avec des convictions politiques, qui a eu la chance de faire des études. J’ai été baigné par la sainte trilogie marxiste, structuraliste et analytique. C’est peut-être une survivance du passé, mais Marx, Foucault et Lacan m’aident à penser le monde. Je me suis pris une baffe en arrivant à l’usine. Tu as beau avoir lu Marx, mais, la première fois que tu rentres dans la machine, tu te prends le capital dans la gueule. Ce lieu est d’une telle violence symbolique qu’il donne l’impression d’être encore au XIXe siècle. À l’abattoir, les syndicats se battent pour des pauses pipi à discrétion.

Le capitalisme fait en sorte qu’on dise qu’il n’y a plus de classe ouvrière. C’est complètement faux. Mais il n’y a plus de conscience de classe ouvrière. À l’abattoir, aux crevettes ou aux poissons panés, les ouvriers se définissent par rapport à leur poste. Ils disent : « ceux des abats », « ceux des crevettes », « ceux de la vache », « ceux du cochon », « ceux du chargement ». Ils ne s’intègrent pas du tout en tant qu’ouvriers d’une usine, encore moins comme classe ouvrière qui peut instituer un rapport de forces face au patronat et lutter contre la classe qui les exploite.

De fait, le capital a gagné avec l’euphémisation des termes. Tu n’es plus ouvrier mais « opérateur de production ». Il n’y a plus de chefs mais des « conducteurs de ligne ». Le préambule anti-hollandais et antimacronien, dans « À la ligne », est évidemment par rapport à la gauche – enfin la gauche – qui, dans un mépris de classe absolu, a totalement abandonné la classe ouvrière. J’ai toujours là (il montre sa gorge – NDLR) le passage sur les « illettrés » quand « l’autre » est venu dans un abattoir breton. On sait de quel côté ils sont. Malheureusement, le parti n’est plus le ciment pour les classes ouvrières. Encore plus en Bretagne – pas connue pour être un lieu conquis par les cocos, même pendant les années glorieuses – où il n’y a pas de cités ouvrières en tant que telles parce que l’habitat est très dispersé.

Ce livre est un chant d’amour à la classe ouvrière, pour la noblesse de ses travailleurs taiseux. Ils sont complètement occultés du débat politique et niés en tant que classe.

Vous parlez de chant d’amour, comment avez-vous travaillé la rythmique de ce texte ?

L’usine a imposé la forme plus que je ne l’ai choisie. Il s’agissait vraiment de rendre par écrit le rythme des pensées sur une ligne de production où tout va vite, trop vite. Les pensées ne s’arrêtent pas pour pouvoir s’échapper de la pénibilité du travail. On ne peut pas utiliser des subordonnées relatives de trois lignes ou des blocs de paragraphe pour retranscrire fidèlement ce rythme. L’idée du titre et ce parallèle entre la ligne de production et la ligne d’écriture est venue assez rapidement. J’ai vraiment écrit après chaque journée parce que j’étais tellement fatigué que, le lendemain, j’avais tout oublié.

Ce livre est-il un roman, un récit ?

C’est un roman. Tout a été retravaillé pour qu’il y ait un début et une fin cohérente, des personnages récurrents, des épisodes. J’aime raconter des histoires. Je suis un grand lecteur de Dumas, l’une de mes idoles absolues. Même quand je le relis, il arrive à m’agripper, à faire en sorte que je ne puisse pas m’arrêter. Même si tout est vrai, je ne raconte pas les trois quarts des trucs les plus horribles que j’ai pu vivre ou voir. Je ne voulais absolument pas sombrer dans le pathos. Malgré tout, j’ai eu du plaisir à travailler dans cet endroit parce que je n’aurais jamais découvert ailleurs cette solidarité, cette endurance et cette noblesse.

Que vous permet l’écriture ?

On aurait toutes les raisons de croire que de se retrouver comme deux bras et rien d’autre après avoir fait des études est du déclassement absolu. Il fallait en faire quelque chose d’un peu joli, avec un peu de sens, de la mise à distance, de l’analyse pour sortir par le haut de cet absurde et de cette horreur. Sinon, cela veut dire que le capital a gagné. Il faut réhabiliter la question sociale. Je n’ai pas pu aller à la manif avec les collègues titulaires grévistes mais j’ai pu en faire un bouquin. C’est pas mal non plus. C’est ma petite pierre à l’édifice.

Et l’emploi du « je » ?

Le « je » permet de ne pas mettre de distance entre le fond et la forme, d’être à ma place. Je ne vais pas parler au nom de mes collègues ou inventer un héros fictionnel. On a aboli cette frontière entre fiction et roman depuis longtemps. Déjà dans les années 1970, deux romans, « l’Établi », de Robert Linhart, et « l’Excès-l’Usine », de Leslie Kaplan (en fait 1981 et 1982 – NDLR), retraçaient leur expérience ouvrière. C’est du pur roman, ce n’est que du témoignage et il n’y a que du « je ».

Les commerciaux, avec leurs requêtes, ne facilitent pas la vie des ouvriers. Elles viennent rappeller que la question de classe n’a pas disparu...

Dans toutes les usines où j’ai bossé, le statut de chef est marqué par la couleur rouge. Deux barrettes rouges sur la tenue blanche, une charlotte ou un casque rouge. Quand des gens sont promus chefs après des années de travail ouvrier, la question qui revient est : « A-t-il gardé sa mentalité d’ouvrier ? » Le capital a vraiment gagné à l’abattoir, où il y a des affiches rouges placardées à des endroits stratégiques de l’usine. Il est écrit : « Passage interdit pendant l’exploitation. Risque de chutes de carcasses. » Personne ne se révolte. Je n’ai pas réussi à en piquer une pour la garder en souvenir. Il y a vraiment le petit peuple et les chefs. L’exploitation ne se cache même plus.

Quel était le projet de départ ?

L’intérim n’était qu’un passage dont je voulais garder une trace parce que c’est absurde et extraordinaire. J’écrivais juste pour consigner ce qu’il en était. Les entretiens d’embauche dans mon secteur n’ont pas été concluants. Il fallait continuer à bosser. Si mon contrat n’avait pas été raccourci, j’aurais repris en février. S’il y a des camarades lecteurs de l’« HD » qui ont des boulots à me proposer en Bretagne, je suis preneur. En ayant bossé deux ans et demi à l’usine, je peux m’adapter à n’importe quelle tâche.

Dans quelle mesure votre personnage est un « rouge » de cœur devenu un « jaune » de raison ?

L’intérimaire est encore plus la lie de la classe ouvrière que l’ouvrier titulaire. Tu peux être jeté à n’importe quel moment. Ce statut fait que je ne peux pas faire autrement. Il témoigne aussi d’une certaine forme de précarité de la France en 2019. L’intérim est un peu comme un bizutage. Au départ, on te propose des contrats d’une journée, puis deux jours. Les missions sont un peu plus longues si tu fais tes preuves, fermes ta gueule ou endures des trucs un peu costauds. J’ai ensuite fait des missions d’un mois. Au bout d’un an, on m’a proposé l’abattoir, unanimement considéré comme la Rolls des usines de la région parce que tu peux avoir un statut d’intérimaire permanent. Le contrat est tacitement reconduit toutes les semaines. J’ai fait un an et demi d’abattoir. Je devais m’arrêter le 28 décembre et recommencer en février. Par délicatesse, j’ai envoyé un exemplaire au big boss de l’abattoir. Quinze jours plus tard, j’ai appris que mon contrat n’était pas renouvelé. Je suis officiellement à nouveau chômeur. L’industrie agroalimentaire n’est pas trop fan de littérature contemporaine. Le livre n’est pas une charge contre le patronat en tant que tel. C’est plus un chant d’amour pour la classe ouvrière et mon épouse. Il n’y a aucun dénigrement. Mais je ne suis pas un jaune de raison. Je rêverais d’être avec les collègues à la manif. Je préférerais faire plein d’heures sup pour que la grève tienne. C’est le paradoxe quand tu es obligé de gagner ta croûte par tous les moyens possibles.

Joseph Pontus sera présent à la fête de l'Humanité Bretagne le 21 novembre
Partager cet article
Repost0
13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 19:09
Histoire. L’art à l’épreuve de 100 ans d’histoire du PCF
Histoire. L’art à l’épreuve de 100 ans d’histoire du PCF
Mardi 13 Octobre 2020

Le catalogue de l’exposition « Libres comme l’art, 100 ans d’histoire entre les artistes et le PCF » sort aujourd’hui. Il annonce la présentation de dizaines d’œuvres témoins d’un siècle de lourdeurs, mais aussi d’ambitions, toujours actuelles, d’ouvrir des chemins de liberté et de création.

 

Picasso, bien sûr avec sa photo en une de l’Humanité, dans l’immédiat après-guerre, quand il remet son adhésion au PCF à Jacques Duclos : « Je suis venu au communisme comme on va à la fontaine. » Picasso et Guernica, Picasso et la Paloma, la colombe de la paix qui prendra son envol sur des milliers de banderoles dans les manifestations, contre « la bombe », contre les guerres d’Indochine et d’Algérie… Picasso, Fernand Léger, Giacometti qui sculpte un buste d’Henri Rol-Tanguy après l’insurrection parisienne… Mais il faut remonter bien avant. C’était il y a cent ans. Au congrès de Tours, la majorité des délégués décidaient, pour le meilleur et pour le pire, de rompre avec le vieux monde et les anciens partis pour créer le Parti communiste. À cette même époque, le dadaïsme, puis le surréalisme tranchent dans le vif de l’art. André Breton veut « une insurrection de l’esprit ». Il écrira plus tard : « Transformer le monde, a dit Marx, Changer la vie, a dit Rimbaud. Ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. »

Pourtant, si à la fin des années 1920 la question de l’adhésion au Parti communiste travaille et divise les surréalistes et bien d’autres artistes et intellectuels, la vraie rencontre n’aura pas lieu. Les conceptions staliniennes de l’art pèsent sur le PCF. Aragon pousse la porte. Pour lui, le réalisme socialiste de l’URSS doit être un réalisme français. Il parle de Courbet, de Poussin… La guerre d’Espagne rebat les cartes. Nombre d’artistes prennent parti. Peintures, affiches pour l’Espagne républicaine comme celles de Miro. D’autres liens se nouent.

Les Lettres françaises et l’Humanité se tournent vers les avant-gardes de l’époque

Quoi qu’il en soit des pesanteurs, pour les communistes l’art n’est pas un supplément d’âme, il fait partie d’un projet global d’émancipation, celui, selon les mots de Marx, « de l’épanouissement de chacun sans étalon préétabli ». Dans les années d’après-guerre, les nombreuses villes que dirige le PCF portent de grandes ambitions artistiques et culturelles qui vont à la fois marquer l’époque et l’identité communiste aujourd’hui encore. Ce n’est pas sans contradictions. En 1953, à la mort de Staline, le portrait qu’en fait Picasso à la une des Lettres françaises, à la demande d’Aragon qui les dirige, va être violemment critiqué par la direction du PCF, en l’absence de Maurice Thorez, alors soigné à Moscou. Il remettra les pendules à l’heure dès son retour, en allant ostensiblement rendre visite à Picasso. Le réalisme socialiste a toujours ses artistes, mais il faut nuancer. Fougeron, Taslitzky n’ont rien à voir avec les navrants peintres académiques choyés à Moscou. Directement politiques et sociales, leurs œuvres relèvent davantage d’une forme d’expressionnisme que d’une plate figuration. Les Lettres françaises, de leur côté, des critiques d’art de l’Humanité vont se tourner résolument vers les avant-gardes de l’époque et ouvrir une nouvelle page de l’histoire de l’art et du PCF.

Un regard partagé sur les pressions de la pensée dominante

L’ambition est toujours – que ce soit par le soutien aux artistes, l’achat d’œuvres, par une camaraderie militante, un regard partagé sur les tragédies ou les avancées de l’histoire, avec Cuba, le Vietnam, sur les pressions de la pensée dominante – d’ouvrir des chemins de la liberté et de la création. C’est cette ambition qui court dans l’exposition qu’annonce ce catalogue, comme un reflet de 100 ans d’histoire de l’art et du PCF.

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 15:09
Les Editions Arcane 17  fêtent les 100 ans du PCF - Les Vendanges tardives du communisme de Michel Limousin et Rouge cent, recueil de nouvelles

Les Editions Arcane 17 «  fêtent » les 100 ans du PCF.

 

Le centenaire du PCF est bien sûr un événement pour les communistes. Pas seulement, car son histoire traverse celle d’un siècle de combats pour la liberté et la dignité humaine, épouse ses résistances et révolutions! C’est  la raison pour laquelle les Editions 17 ont tenu à marquer cet anniversaire; en choisissant pour le faire de partir de l’échelle humaine et militante, croisant histoires personnelles, débat politique et genres littéraires.

A l’arrivée nous publions deux livres et initions un feuilleton numérique ( qui deviendra peut être un livre lui aussi)

Le premier est une réflexion politique de Michel Limousin, médecin au  centre de santé à Malakoff qui à partir de son propre parcours remet en perspective l’actualité du communisme. Le second est un recueil de vingt huit nouvelles venant à leur manière saluer le centenaire communiste.

Enfin débutera fin octobre un feuilleton en ligne (sur le mode 40 LGBT+ qui ont changé le monde) «  40 communistes qui ont marqué la France ». Il dressera un portrait quotidien de communistes connus du grand public ou pas, qui par leur engagement ont fait évoluer notre société. Merci à Victor Laby d’avoir permis l’aventure. 

 

 

 

Les vendanges tardives du Communisme. Michel Limousin

C’est un livre d’analyse extrêmement documenté et abouti.

L’auteur y part du constat que les premières expériences du communisme au XXe siècle ont été des échecs. Il va tenter d’approcher la chaîne de causalités tirant la conclusion que cet échec là ne signifie pas l’échec du communisme. Il peut ensuite ouvrir des pistes pour refonder une théorie de l’émancipation.

Son parti pris se structure sur deux hypothèses: la première est que tout se joue entre 1917 et 1920-1920, la seconde est de retenir la question idéologique comme prééminente dans le combat révolutionnaire.

Dans une première partie de livre il fait l’état des lieux du débat sur le communisme tant historique que philosophique et politique. L’autre moitié de l’ouvrage a pour objet de jeter les bases d’une nouvelle philosophie politique et sa praxis. L’ensemble des aliénations ne pouvant être traitées dans les cadres actuels du capitalisme mondialisé il préconise de porter la perspective d’une nouvelle civilisation. On trouve là un échos de la crise COVID et de l’exigence de rupture de civilisation qui y fait jour. Un témoignage exceptionnel, utile.

Sortie septembre 2020/ 24 euros.

 

Michel Limousin est médecin à Malakoff dans un centre de santé qu’il a dirigé pendant plusieurs années. Il est membre de la fédération nationale des centres de santé et également du conseil scientifique de la Fondation Gabriel-Péri. Membre du PCF il est l'un des responsables du secteur Santé, protection sociale.

 

Rouge Cent. Nouvelles entre rouge et noir.

1920 - 2020, un siècle de vies, de tourmentes parfois, d’incertitudes, mais surtout de combats pour l'émancipation humaine. Un siècle c’est l’âge du PCF. Interpellés une trentaine d’auteurs ont réagi à leur manière à la question : "si je vous dis centenaire du PC, vous m'écrivez quoi ?"

Ils signent autant de nouvelles mêlant retour sur la grande Histoire, parcours de vies réelles ou fictives convoquant des moments et des lieux clé de la mémoire communiste.  Des grandes batailles du siècle d’hier d'aujourd'hui et de demain. Nous y découvrons que si la peste capitaliste continue de gangréner notre planète, les moutons noirs et autres damnés de la terre résistent farouchement.... et l’internationale reste le genre humain.

Un livre revigorant servi par des indignés snipers de la plume. A consommer à haute dose. Macronistes s’abstenir.

Sortie 7 octobre. 21 euros.

 

Ont participé au recueil des écrivains de polar, de roman noir et pas que... Patrick Amand, Diego Arrabal, Alain Bellet, Stéphanie Benson, Bernard, Antoine Blocier, Marion Chemin, Didier Daeninckx, Pierre Dharréville  Gilles Del Pappas,  Jeanne Desaubry  Jean Paul Delfino, Pierre Domengès Roger Façon, Pierre Gauyat, Maurice Gouiran Moni Grego  Philippe Masselot Jacques Mondoloni Chantal Montellier  Max Obione  Philippe Paternolli Michèle Pedinielli Maite Pinero Francis Pornon,  Christian Rauth François Salvaing, Gerard Streiff  Marie-Pierre Vieu-Martin.

Partager cet article
Repost0
26 septembre 2020 6 26 /09 /septembre /2020 12:00
Archive Goliarda Sapienza/Angelo Maria Pellegrino

Archive Goliarda Sapienza/Angelo Maria Pellegrino

Communist'art: Goliarda Sapienza ou l'Art de la Joie
Communist'art: Goliarda Sapienza ou l'Art de la Joie

Communist'art: Goliarda Sapienza ou l'Art de la Joie (1924-1996)

"Tu es entré dans la pièce et l'air s'est brusquement empli de tendresse autour de mon corps en attente. Tu es entré dans la pièce et (brusquement) l'air autour de mon corps a été plénitude"

" En Sicile, le catholicisme n'est qu'une couche de peinture sur des choses de lave: et aucune peinture ne tient sur la lave. Tôt ou tard elle est rejetée et la pierre noire, ossature de l'île, réapparaît". 

"Les camarades n'ont donné rien d'autre à la réaction que ce qu'elle attendait: désespoir, autodestruction, douleur... Le vrai révolutionnaire aujourd'hui doit contredire par la santé, la joie et la "sérénité différente" cette attente latente dans toutes les intelligences acquises à l'ordre établi".  

(Goliarda Sapienza, Carnets, extraits choisis par Angelo Pellegino, traduction de Nathalie Castagné, Le Tripode, 2019)

Qui n'a pas eu encore la chance de découvrir les écrits de Goliarda Sapienza a devant elle, devant lui, une de ces lectures "oasis" où il est si précieux de se ressourcer dans le désert de spiritualité, d'originalité et d'authenticité qui caractérise le bruit de fond de l'époque, une lecture qui fait grandir, peut rendre plus libre, plus passionné, plus exigeant vis-à-vis de la vie et de soi-même.

Leçon de lucidité et d'ardeur pour qui veut s'élever au-dessus des médiocrités, lâchetés et hypocrisies bien trop banales, à notre époque comme dans la sienne.   

C'est surtout à la lecture des Carnets de Goliarda Sapienza ou de L'Art de la Joie publiés en France par les éditions Le Tripode qui ont révélé cette très grande écrivaine après sa mort, la découverte d'une personnalité extraordinaire qui nous attend, d'une écrivaine ennemie de l'ordre établie porteuse d'un éclairage étonnant sur le monde du désir, de l'amour, de la féminité, de la souffrance, de l'amitié, sur fond de drames intimes, politiques et sociaux. Cette femme puissante et fragile, libre, anti-conformiste, amoureuse, radicale, cette écrivaine italienne profondément cultivée et originale fut une communiste, résistante, fervente et militante d'abord, puis plus désenchantée, sceptique, et critique à partir du milieu de la fin des années 1970 et de ses voyages en URSS et en Chine.

Indépendante, Goliarda vécut pauvrement, surtout à partir des années 70, et refusa toute forme de prostitution intellectuelle. 

En 1977, Goliarda écrit dans ses Carnets:  

"Que ce soit un bien ou un mal, c'en est complètement fini du temps de la classique "voix de stentor", la diction claire, lente et martelée du passé. La domination culturelle américaine sur le langage - voire disques et films - semble absolue, dans toute cette année 1977. La grande colonisation des maisons de disques. Et vu que Berlinguer va à la messe, mieux vaut ce balbutiement doux et enfantin que les choeurs de l'armée russe et les vieilles marches nazies. 

C'est à cela que tu devais arriver, chère Iuzza (* surnom affectueux de Goliarda pour ses proches)? Et oui, culturellement du moins. Il reste clair, chère Goliarda et cher Citto, que je suis marxiste et matérialiste et que je voterai pour Berlinguer jusqu'à ce ce que... qui sait. Tout peut arriver, y compris un mouvement nouveau, un mouvement qui nous donne certaines réponses ou non demande quelque chose à quoi répondre par l'action". 

Et en avril 78:

"Quel point avons-nous atteint du plan probablement tracé depuis la lointaine année 1945 par toutes les droites du monde? Ne t'alarme pas, Iuzza, vis et tiens-toi prête à l'action (qui malheureusement ne viendra pas) ou à la résistance. Au fond, tu n'as rien fait d'autre durant toutes ces dernières années".

Goliarda Sapienza naît à Catane en Sicile en 1924, l'année de la prise de pouvoir des fascistes mussoliniens, dans une famille nombreuse recomposée. C'est la seule enfant qu'ont eu ensemble ses deux parents, sur le tard.

Goliarda... Un nom inconnu dans la Sicile des années 30. C'est un peu comme si elle s'était appelée "Paillarde sagesse" (Sapienza). Les "goliards" étaient des clercs du Moyen-âge connus pour leur puissance poétique et subversive. Un nom, une prédestination pour cette femme libre et tourmentée, communiste rebelle aux dogmes, attirée par les femmes aussi bien que par les hommes, amoureuse, frondeuse, comédienne et écrivaine, l'auteur de ce chef d’œuvre tard connu et reconnu qu'est "L'Art de la joie".

Sa mère, Maria Giudice, née en 1880, issue d'une famille de paysans aisés de Lombardie, est une intellectuelle, institutrice, militante socialiste marxiste proche de Gramsci, un des fondateurs du Parti communiste italien. Elle a commencé son activité syndicale, politique et journalistique à 25 ans, au tournant du siècle, a été arrêté, s'est réfugié en Suisse un temps, a fait la rencontre de Lénine et Mussolini, quand il était encore socialiste. Elle a vécu à Milan, à Turin, a été institutrice et s'est fait licenciée pour "conduite immorale": elle a eu sept enfants avec son premier compagnon en "union libre" avec lequel elle vivait dans un grand dénuement, Carlo Civardi. Elle fut la directrice à partir de 1916 du " Il Grido del populo" (Le Cri du peuple), le journal de la section turinoise du Parti socialiste italien dont Antonio Gramsci est le rédacteur en chef. Un an plus tard, Maria Giudice va être la première femme à être nommée secrétaire de la Chambre du travail de Turin. 

La mère disait à sa fille Goliarda (Moi, Jean Gabin - édition Attila): "Tu ne dois te soumettre à personne, et moins que quiconque à ton père ou à moi. Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours".

Le père de Goliarda, Giuseppe Sapienza, de quatre ans plus jeune que Maria Guidice, est un avocat socialiste défenseur des pauvres et des dominés. C'est le vice-secrétaire et le propagandiste du PSI pour la Sicile. En 1911, il est devenu le secrétaire de la chambre du Travail à Catane, la deuxième ville de Sicile, à l'est de l'île.

En 1918, Maria Giudice est condamnée à trois ans de prison pour avoir incité les ouvriers d'une manufacture d'armes à abandonner le travail. Libérée l'année suivante, elle rencontre Giuseppe Sapienza, qui a déjà trois fils, en Toscane lors d'une manifestation et s'établit avec lui à Catane à partir de 1920.  Maria est socialiste révolutionnaire et c'est le Parti qui l'envoie en 1920 en Sicile, sur un terrain très dangereux où plusieurs syndicalistes viennent d'être assassinés. 

Six enfants de Maria et trois enfants de Guiseppe vont vivre avec eux en Sicile. De nombreux demi-frères et demi-sœurs, mais des fantômes aussi: Goliardo, son frère aîné, assassiné avant sa naissance (il est retrouvé noyé, assassiné par les fascistes le 16 mai 1881), Goliarda, sa sœur aînée, morte à la naissance deux ans avant la naissance de la future écrivaine. De 1920 à 1924, Maria milite en Sicile pour une gestion communautaire des terres et la création d'un minimum salarial. Elle et Giuseppe dirigent la chambre du Travail de Catane et le journal Unione, dont les locaux sont incendiés à deux reprises par les fascistes. Les parents de Goliarda échappent aussi à une tentative d'assassinat fasciste. 

Avant les quatre ans de Goliarda, seule enfant de Maria et de Giuseppe, trois de ses demi-frères et sœurs vont encore mourir. Josina Civardi, d'une pleurite, après une nuit passée dans une rizière pour échapper aux milices, José Civardi, retrouvé pendu en prison, et Goliardo-Danilo, le dernier né de la famille. Giuseppe, le père de Goliarda, s'éprend tour à tour de deux des filles de sa femme, les demi-sœurs de Goliarda, Cosetta, puis Olga. En 1933, la famille Sapienza-Giudice déménage dans la Civita, le quartier populaire de Catane qui rassemble artisans et prostituées.   

Giuseppe et Maria sont athées. Ce qui n'empêchent pas les sœurs aînées de confectionner à la benjamine une rrobe de religieuse dans laquelle elle va prier dans un autel consacré à Jésus.

Sous le régime fasciste, les parents vivent dans une forme de retrait hostile vis-à-vis de la société dominante et retirent Goliarda de l'école pour lui donner une éducation originale, basée sur la liberté intellectuelle, l'athéisme et le socialisme. En 1938, la mère de Goliarda, Maria, montre les premiers signes d'un effondrement psychique qui va conduire à la folie. En 1940, une bourse d'étude permet à Goliarda Sapienza, âgée de 16 ans, d'entrer à l'Académie d'art dramatique à Rome. Maria Giudice s'établit avec elle, basculant progressivement dans une forme de folie. 

De 1942 à 1944, alors que son père est détenu pendant quelques mois à la prison de Catane, Goliarda monte sur scène, notamment dans des pièces de Pirandello, mais elle interrompt ses études avec l'occupation allemande de l'Italie. Son père, relâché en mai 42, s'établit à Rome et crée les brigades Vespri. Goliarda fait partie de ce groupe de résistance sous un faux nom. Recherchée par la police allemande, Goliarda se réfugie dans un couvent. Elle est atteinte de tuberculose à la fin de la guerre tandis que sa mère est internée en hôpital psychiatrique.  

Goliarda devient après la guerre une figure du théâtre italien, jusqu'à être comparée à Sarah Bernhard. En 1945, lle fonde avec Silverio Blasi et Mario Landi la compagnie de théâtre d'avant-garde T45, puis en 1946 la Compagnia del piccolo teatro d'arte.

Après la chute du fascisme et la fin de la guerre, Goliarda Sapienza devient pendant 17 ans la compagne du cinéaste Francesco (Citto) Maselli, le neveu de Luigi Pirandello, résistant et membre éminent du Parti communiste italien.

C'est l'assistant d'abord des cinéastes Luigi Chiarini, Michelangelo Antonioni, de Visconti. Et l'auteur en son nom propre du film "Les Egarés" (Gli sbandati, 1955), qui analyse la situation de l'Italie en 1943 et de "La femme du jour" (La donna del giorno) en 1956.  En 1964 il réalise Gli Indifferenti (Les Deux rivales) inspiré d'un roman de Alberto Moravia, avec Claudia Cardinale et Rod Steiger, un portrait psychologique d'une famille en décadence. Il en 1970 il renoue avec le film politique avec Lettera aperta a un giornale della sera (Lettre ouverte à un journal du soir) où il raconte le projet de constitution d'une brigade internationale de combattants pour le Vietnam d'un groupe d'intellectuels de gauche. En 1975, dans Le Suspect (Il Sospetto), avec Gian Maria Volonte et Annie Girardot, il relate le destin d'un militant communiste clandestin dans l'Italie fasciste.

Goliarda sera comédienne sous la direction de Luigi Comencini et de Luchino Visconti qui la fait triompher au théâtre chez Pirendello et l'engage comme assistante sur le tournage de son film "Nuits blanches" (1957).

En 1958, après une crise psychique et intérieure, Goliarda décide de se consacrer à l'écriture et de s'éloigner du cinéma et du théâtre.  Auparavant, son engagement révolutionnaire semblait vouer à une forme d'absurde ou de futilité bourgeoise le travail d'écriture.

Même si en 1960 elle revient au théâtre avec la pièce Liola de Luigi Pirandello dans une mise en scène de son ami Silverio Blasi. En 1962, Goliarda fait une première tentative de suicide. Elle est hospitalisée dans un asile psychiatrique où elle subit des électrochocs, puis entreprend une psychanalyse avec Ignazio Majore, qui va l'amener, au moment de sa relation avec Francesco Maselli bat de l'aile (elle s'éprend de son psychanalyste), même si elle restera toute sa vie proche de lui, à écrire des récits autobiographiques: Lettre ouverte (1967) et Le Fil de midi (1969), La certitude du doute. Elle y parle de sa jeunesse, de sa relation avec ses parents, de la vie de sa famille durant le régime fasciste et son séjour dans un hôpital psychiatrique après une tentative de suicide suivant la mort de sa mère en 1953. La mère de Goliarda est une figure charismatique, fascinante et écrasante, sombrant dans la folie à la fin de sa vie, qui inspire la Modesta de L'Art de la Joie

En 1964, Goliarda fait une nouvelle tentative de suicide et reste plusieurs jours dans le coma. En 1965, elle rompt avec Cito Maselli.

C'est en 1969 que Goliarda Sapienza se lance à corps perdu dans L'arte della gioia.

Mais comme écrivaine, Goliarda Sapienza est peu connue de son vivant en Italie.  Le seul livre qui lui vaudra un peu de succès est son récit de ses mois de détention à la prison des femmes retiendra l'attention de la presse pour son caractère sulfureux - une "people" membre de l'intelligentsia en prison, pensez donc - plus que pour des raisons littéraires. Dans une période de crise existentielle, Goliarda Sapienza se fait arrêter, à 56 ans, en 1980, pour vol de bijoux (ceux d'une riche amie romaine). Dans "L'Université de Rebibbia" elle raconte son séjour carcéral, ses amitiés avec ses codétenues, prisonnières de droit commun, junkies, voleuses, mais aussi jeunes révolutionnaires gauchistes.  A sa sortie de prison, Goliarda continue d'écrire, avec un regard plus apaisé porté sur son enfance, sa vie. Dans Moi, Jean Gabin, elle raconte son enfance de la Sicile des années 30. A sa sortie de prison, Goliarda Sapienza vit une histoire d'amour à Rome avec une de ses codétenues sortie de prison elle aussi, Roberta, une révolutionnaire.

Son grand roman, L'Art de la Joie, qu'elle met 8 ans à écrire, ne sera publié, d'abord en France et en Allemagne, que 10 ans après sa mort.

A suivre.

Partager cet article
Repost0
29 août 2020 6 29 /08 /août /2020 06:19
libres comme l'art - 100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF - Réservez votre livre

En cent ans d'existence, le Parti communiste français a toujours entretenu des liens étroits avec les avant-gardes artistiques et culturelles. Mais si certains peintres sont bien connus comme « compagnons de route » du parti, tels Pablo Picasso ou Marcel Duchamp, d'autres, comme Giacometti, Fernand Léger, Henri Matisse, André Masson, etc., ont aussi cultivé des relations avec celui-ci, à divers degrés, qu'ils aient été militants, sympathisants ou observateurs critiques. En témoigne les formidables collections d’œuvres offertes au parti et déposées depuis dans divers musées.
À l'occasion du centenaire du Parti communiste français, et pour annoncer l'exposition qui se tiendra au printemps 2021, ce livre d'art raconte cette histoire à la fois politique, sociale et artistique à travers la reproduction de 150 œuvres et les éclairages de Yolande Rasle et Renaud Faroux, le conférencier historien d'art avec lequel travaille depuis plusieurs années le PCF Finistère dans le cadre de sa démarche d'éducation populaire autour de l'art, autour notamment des expositions d'art moderne et contemporain de Landerneau et de Pont-Aven.  
L'ensemble de l'ouvrage permet de redécouvrir des artistes majeurs que le marché minore ou dont l'histoire obère la part d'engagement sans laquelle leur œuvre perd une part de son sens.
Avec plus de 150 œuvres ainsi rassemblées, ce livre présente un parcours totalement inédit et incarne un message toujours actuel : « D'un siècle à l'autre, l'art nous change et change le monde. »

Libres comme l’art

Éditions de l’Atelier, 256 pages, 23X27 cm. Préface de Pierre Laurent.

PRÉCOMMANDE DISPONIBLE. Sortie : automne 2020.

SINON POSSIBILITE DE RÉSERVER LE LIVRE AUPRÈS DE LA SECTION PCF DE MORLAIX

Un magnifique livre d'art qui raconte cent ans d'histoire entre le PCF et les plus grands artistes plasticiens du siècle. Disponible dès septembre 2020, en prélude à l'exposition « Libres comme l'art, trésors donnés, trésors prêtés », qui sera présentée au printemps 2021 dans l'espace Niemeyer.

  • Prix de vente public TTC : 36,90 euros - Prix militant exclusif : 25 euros
  • 👍OFFRE DE SOUSCRIPTION valable jusqu’au 16 septembre 2020
    25 € au lieu de 36,90 € (prix public) de vente
    📌À compléter et à retourner
    avec votre règlement à l’ordre ANF.PCF
    À l’adresse suivante : Parti communiste français – A l’attention de Myriam Massou – 2, place du Colonel Fabien – 75019 PARIS
    Organisme:……………………………………………………….…….
    Nom du contact :………………………………………...
    Prénom :……………………………………
    Adresse :………………………………………………………..
    ………………………………………………….
    CP : ………………………………………………………
    Ville : ………………………………………..
    Tél. : …………………………………………………….
    Courriel : …………………………………..
    🔴Je commande ……ex. du livre Libres comme l’art. 100 ans d’histoire entre les artistes et le PCF au prix unitaire de 25 € au lieu de 36,90 € prix public de vente plus les frais de port.
     Je règle la somme de 1 ex (25€) + 7,40 € de frais de port = 32,40 €
    Avec Frais de Port
     Je règle la somme de 10 ex.= 262,92 €/  je règle la somme pour 20 ex = 536,86 €
    Contact PCF pour tout renseignements : Myriam MASSOU –Tél : 01 40 40 12 51 - mmassou@pcf.fr
  • + Frais de port
    • Pour 1 exemplaire : 32,40 euros (25 euros = 7,40 euros frais de port)
    • Pour 5 exemplaires : 27 euros l'ex. ( 25 euros + 2 euros frais de port)
    • Pour 10 exemplaires: 26,30 euros (25 euros + 1,30 euros frais de port)
    • Autres tarifs disponibles selon le nombre d'exemplaires commandés.

Contact, renseignements et commandes auprès de Myriam Massou. Email : mmassou@pcf.fr

Partager cet article
Repost0
24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 07:19
Résumé:  Tout commence par la découverte du cadavre d'Yitzhak Litvak, un célèbre historien enseignant à l'université de Tel-Aviv. L'enquête, confiée à un commissaire arabe israélien, Émile Morkus, piétine, d'autant que ce meurtre n'est bientôt que le premier d'une série. Vingt ans plus tard, à la suite d'un nouvel assassinat, Morkus va enfin pouvoir démêler le vrai du faux, les passions et les raisons, la justice des hommes et celle de l'État.  Dans ce polar riche en rebondissements, Shlomo Sand a l'art de mettre en relief les problématiques qui déchirent la société israélienne.    Professeur émérite à l'université de Tel-Aviv, Shlomo Sand est l'auteur de plusieurs essais, dont Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008), livre qui a suscité de nombreuses controverses.

Résumé: Tout commence par la découverte du cadavre d'Yitzhak Litvak, un célèbre historien enseignant à l'université de Tel-Aviv. L'enquête, confiée à un commissaire arabe israélien, Émile Morkus, piétine, d'autant que ce meurtre n'est bientôt que le premier d'une série. Vingt ans plus tard, à la suite d'un nouvel assassinat, Morkus va enfin pouvoir démêler le vrai du faux, les passions et les raisons, la justice des hommes et celle de l'État. Dans ce polar riche en rebondissements, Shlomo Sand a l'art de mettre en relief les problématiques qui déchirent la société israélienne. Professeur émérite à l'université de Tel-Aviv, Shlomo Sand est l'auteur de plusieurs essais, dont Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008), livre qui a suscité de nombreuses controverses.

Une lecture de vacances distrayante et instructive, "La mort du khazar rouge" de Shlomo Sand, historien et intellectuel israélien ami de Mahmoud Darwich

COMMUNIST'ART: Mahmoud Darwich, le poète national palestinien, voix universelle de l'amour et de la nostalgie (1941-2008)

 Un historien connu pour sa critique intellectuelle et politique des présupposés du sionisme et des mythes fondateurs d'Israël. Sans doute certains lecteurs ont déjà lu le très bon "Comment le peuple juif fut inventé" (2008, Fayard) qui retrace une partie occultée de l'histoire du judaïsme comme religion de conversion expansive et donc la pluralité des origines ethniques des personnes qui se retrouvent aujourd'hui ayant la culture juive en Israël (Afrique du Nord, Afrique, Europe de l'est) là où le fond de la population palestinienne est restée plutôt stable depuis l'antiquité, les palestiniens dit "arabes" d'aujourd'hui ayant sans doute plus de chances d'être des descendants des contemporains de Jésus ou de David que le descendant de juif ashkénaze ou séfarade.

Dans son premier roman policier, Shlomo Sand réutilise le matériau historique de sa critique des mythes du sionisme puisque le roman s'ouvre sur l'assassinat d'un historien universitaire, Yitzhak Litvak, ancien militaire membre des services de renseignement, ayant écrit un livre remarque sur l'origine d'une grande partie de la communauté ashkhenaze dans les conversions des chefs du royaume khazar, au sud de la Russie. C'est le commissaire Émile Morkus, chrétien arabe palestinien de nationalité israélienne, qui mène l'enquête. Laquelle va vite se relier à d'autres meurtres de militants et d'intellectuels de gauche comme la belle et fascinante Avivit Schneller, membre de la gauche radicale antisioniste israélienne, la petite nièce de Dora Polanski, israélienne revenue en Europe engagée dans le groupe Orchestre Rouge, réseau communiste d'espionnage luttant contre les nazis, qui, arrêtée, affreusement torturée, se donna la mort en prison. Ce roman bien construit aux personnages attachants qui se lit d'une traite permet de mieux mesurer et comprendre la complexité de l'histoire et de la société israélienne, l'existence, l'importance et l'origine intellectuelle des dissidences au récit sioniste , sa dimension de construction idéologique instrumentalisant la religion et l'histoire a des fins coloniales, les mécanismes de construction d'une pensée unique sioniste et leurs échecs en Israël. Le rôle du Shabak, la police politique des renseignements intérieurs, dans le contrôle de la société israélienne, est bien mis en évidence ainsi que ses modes opératoires, tout comme la montée d'un obscurantisme nationaliste et raciste dans la société israélienne et les groupes qui dans la société israélienne continuent à y résister au nom d'une vision multiculturelle et universaliste de l'histoire, et de l'histoire juive en particulier.

I.D

Partager cet article
Repost0
18 août 2020 2 18 /08 /août /2020 07:28
Proche-orient. Comment l'armée israélienne a fait la nation - entretien de Pierre Barbancey avec Haim Bresheeth, L'Humanité, 17 août 2020
Lundi, 17 Août, 2020
Proche-orient. Comment l'armée israélienne a fait la nation
 
Entretien réalisé par Pierre Barbancey

Haim Bresheeth est le fils de rescapés de la Shoah. Juifs de Pologne, ils avaient refusé l’appel sioniste, lui préférant le Parti travailliste juif socialiste. À la sortie des camps, faute de trouver un pays d’accueil, ils se sont rendus en Israël. L’auteur, né en 1946 à Rome, y a grandi et fait son service militaire, avant de quitter le pays.

Ce livre survient bien à propos pour mieux comprendre les rouages de la société israélienne. Une société militarisée à outrance, une armée qui a créé la nation israélienne et dont la force politique est sans égale. Et surtout, elle est la garante de l’occupation. C’est une « armée comme aucune autre » pour reprendre le titre de cet ouvrage magistral divisé en trois parties : les guerres d’Israël, l’armée et son État, et enfin le dépérissement d’Israël, où il demande si Israël est une démocratie. Bresheeth estime que le projet sioniste, hier, aujourd’hui et demain, ne peut inclure la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Il faut espérer qu’un éditeur français saura s’en saisir.

Haim Bresheeth retrace dans un livre l’évolution de l’armée israélienne, de la Nakba aux guerres en Égypte, au Liban, en Irak, aux assauts continus sur Gaza. Le chercheur montre que l’État d’Israël a été formé à partir de ses guerres. Entretien. (A retrouver en version anglaise ici). 
 

Haim Bresheeth, chercheur à l’École d’études orientales et africaines (Soas) de Londres (1).

Haim Bresheeth
Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez concentré votre travail sur les forces de défense israéliennes (FDI) ?

Haim Bresheeth Les FDI représente l’institution sociale la plus cruciale de l’État israélien depuis 1948. C’est la plus grande, la mieux financée, et la plus importante en nombre, comprenant la plupart des hommes d’Israël et énormément de femmes. Cela a de graves répercussions – Tsahal est pleinement représentatif de la population juive en Israël. En ce sens, l’armée est l’organe le plus représentatif de la société israélienne. Comprendre cela, c’est commencer à comprendre Israël, et la difficulté à laquelle nous sommes confrontés lorsqu’il s’agit de résoudre le conflit en Palestine, un conflit de type colonial. Parce que la seule solution que les FDI accepteront est celle dans laquelle elles détiennent toutes les cartes.

Vous dites que les FDI ont fait une nation. Pourquoi ?

Haim Bresheeth Dans le livre, je traite du fait que ce qui existait en 1948 était une armée, et cette armée a construit un État, mais il n’y avait pas de nation ! Ce n’est pas mon point de vue, mais celui de David Ben Gourion, qui a compris qu’une collection de personnes venues de toutes les parties du monde, sans rien qui les relie, n’est pas une nation. La nation devait être formée par une organisation sociale large afin de créer une culture nationale, un sentiment d’appartenance, l’identité d’une nouvelle nation israélo-juive. Le seul corps qui était capable de cette tâche complexe, qui prend des centaines d’années dans la plupart des cas, était les FDI, et Ben Gourion l’a choisi parce qu’en 1948, il comprenait pratiquement tous les adultes juifs – tous les hommes et la plupart des femmes. Il s’agissait d’une armée qui combattait les Palestiniens et les armées arabes. Mais elle exerce aussi toutes les tâches civiques normalement exécutées par la société civile. La plupart d’entre elles restent encore effectuées par les FDI. Dans la dernière crise du coronavirus, les FDI et les services secrets (Shabak) ont ainsi pris le relais d’une grande partie du pays pour l’opération de suivi et de traçage, par exemple. Le revers de la médaille est que la plupart des Israéliens ne perçoivent leur identité que dans les termes de l’armée et ne voient le conflit qu’à travers le filtre de la force militaire.

Quel est le rôle des militaires dans la vie politique et économique ?

Haim Bresheeth Les FDI et les entreprises qui y sont liées forment le plus grand secteur d’Israël et sont responsables de la plus grande partie des revenus provenant des exportations, entre 12 et 18 milliards de dollars par an. Vendant dans plus de 135 pays, Israël est l’un des principaux marchands d’armes de la planète. Israël a transformé le conflit en une entreprise florissante – il a fait de l’adversité un succès commercial, en s’appuyant sur le slogan « testé dans l’action ». Le modèle d’affaires comprend également des milliers d’entreprises high-tech créées par des officiers retraités, qui, avec les entreprises d’armement et de sécurité nationalisées, sont le plus grand employeur du pays. Tous les établissements universitaires bénéficient d’un financement substantiel de la recherche déboursé par les FDI, le ministère de la Défense et les diverses organisations de sécurité ; certaines universités et des collèges ont également organisé des programmes de formation pour les FDI et les organismes connexes.

Dans le livre, vous vous interrogez sur « Israël est une démocratie » et s’« il aurait pu y avoir un autre Israël ». Pouvez-vous nous donner quelques éléments de réponse ?

Haim Bresheeth Il n’y a jamais eu de société colonisatrice qui était démocratique ou libre. Israël ne fait pas exception. Un projet de colonisation est une question de contrôle – de la terre, des ressources et de la main-d’œuvre. En tant que tel, il dépend de l’anarchie et de l’injustice, toujours défendu par la violation du système juridique. C’était vrai pour l’Algérie, l’Australie, l’Amérique du Nord et du Sud, l’Afrique du Sud, le Congo, et c’est vrai en Palestine. Une société militaire dans l’occupation illégale ne peut pas être démocratique, et, comme Marx l’a souligné, ne peut pas, en soi, être libre. Par conséquent, l’Israël sioniste ne peut jamais être démocratique. Dans le passé, certains sionistes de gauche ont soutenu que l’idée sioniste était pure et juste, mais en quelque sorte souillée par la pratique. Il n’y a rien de plus éloigné de la vérité. Comme je l’ai souligné, le but ultime du projet sioniste, à partir du moment où il apparaît dans l’œuvre de Herzl jusqu’à notre époque, était et reste la dépossession et l’expulsion des Palestiniens, et la mise en place d’une société juive exclusive sur des principes racistes. C’est la raison pour laquelle, avec le temps, Israël devient plus raciste et plus agressif. Le rêve sioniste est essentiellement un cauchemar colonial. Même si l’on est assez brutal pour ignorer la souffrance palestinienne, la vie des juifs en Israël ne peut, par définition, être sûre ou normale. Les Israéliens vivent une vie spartiate de soldats en vacances. Israël a eu de nombreuses chances d’instaurer la paix et l’a toujours évitée. C’est un État militarisé, préférant l’état de guerre – avec son empire qui s’accroche illégalement aux territoires de quatre États arabes –, qui impose une oppression raciste à près de cinq millions de Palestiniens sans aucun droit. Près de deux millions de ses propres citoyens palestiniens perdent maintenant les quelques droits qu’ils avaient. Nous pouvons affirmer sans risque qu’Israël est un État militarisé par choix, en raison de sa nécessité de protéger son empire par un butin militaire et une occupation illégale. Personne n’a imposé ce régime d’occupation aux Israéliens. C’est leur décision. Le reste du monde est toutefois responsable de l’autoriser et de le financer, en particulier les États-Unis et l’Union européenne.

Depuis le 1er juillet, Israël est censé annexer 30 % de la Cisjordanie. Comment les FDI se comportent-elles dans ce cadre ?

Haim Bresheeth L’évolution vers l’annexion illégale de la majeure partie de la Cisjordanie est l’exemple ultime de l’anarchie soutenue par les États-Unis – une action illégale unilatérale et non négociable contre les droits des Palestiniens. Le fait que le premier ministre, Benyamin Netanyahou, n’ait pas respecté l’échéance de son annexion d’ici le 1er juillet est un signe clair que même l’armée israélienne s’oppose à cette mesure. Avant les années 1990, les Forces de défense israéliennes (FDI) contrôlaient la Cisjordanie et devaient investir d’énormes ressources humaines et matérielles dans le maintien de l’ordre dans toute la Palestine. Cette situation désastreuse, qui s’était développée à la suite de la première Intifada, a poussé Israël à organiser les accords d’Oslo, établissant une Autorité nationale palestinienne (APN). Depuis lors, l’APN – formée et armée par Israël, et partiellement financée par l’UE et les États-Unis – a sécurisé les territoires occupés au nom d’Israël, exonérant les FDI de leurs devoirs et de tout coût financier.

Mais l’annexion peut conduire l’ANP vers l’effondrement. En fin de compte, elle pourrait perdre le contrôle des organisations de sécurité palestiniennes, détestées et méprisées par le peuple palestinien. Les FDI ne souhaitent pas perdre cet important assouplissement de ses fonctions et s’inquiètent grandement de sa capacité à contrôler les territoires occupés si un tel scénario se produit. Les FDI ont opposé leur veto au programme d’annexion tel que Netanyahou l’a présenté, et il semble donc avoir dû l’abandonner discrètement pour le moment. En revanche, Israël n’a pas abandonné son véritable programme, qui se poursuit à un rythme soutenu. L’incapacité de la communauté internationale, telle qu’elle est, à s’opposer à une telle illégalité atroce est un danger pour l’État de droit partout dans le monde, à une époque de grande fragilité internationale. Le droit international doit être appliqué avant que d’autres dommages irréparables ne soient causés aux Palestiniens, et qu’un dangereux précédent soit établi.

Tous les pays occidentaux, mais aussi l’OLP, parlent encore de la solution des deux États. Avec l’annexion, cette idée est morte. Mais quand l’État sioniste refuse un État palestinien, est-il possible d’établir un seul État, même binational et plein droit pour tous les citoyens ?

Haim Bresheeth Il doit être clair pour les lecteurs de l’Humanité qu’Israël n’a jamais eu l’intention de mettre fin à son occupation militaire, et a fait tout ce qui est humainement possible pour bloquer toute forme d’État palestinien depuis 1948, et plus spécialement depuis 1967. Il ne pouvait pas le faire seul, bien sûr. Sans le soutien fort et indéfectible des « démocraties » occidentales, cela n’aurait jamais été possible. En ce sens, Israël a toujours été contre la solution dite des deux États. Le débat à l’ONU comprenait en réalité deux options : celle de la partition, qui a été votée, a conduit à la Nakba et à l’expulsion des deux tiers des Palestiniens de leurs foyers. Mais aussi, on s’en souvient moins, la proposition d’un État unique laïque et démocratique sur l’ensemble de la Palestine : un État de tous ses citoyens, sans lois racistes spéciales. Jusqu’en 1988, cette option, rejetée par l’ONU en 1947, était la position officielle de l’OLP. En faisant valoir qu’une telle issue démocratique ne peut pas avoir lieu à cause de l’opposition israélienne, rappelons-nous que c’est aussi la raison pour laquelle il ne peut y avoir d’accord sur une autre solution. Israël a rejeté toute solution qui offrirait aux Palestiniens une certaine autonomie même sur une partie minuscule de leur terre. Donc, nous, le reste du monde, devons forcer Israël à l’accepter. Le monde l’avait fait dans le cas de l’autre État de l’apartheid – l’Afrique du Sud. Seule une campagne engagée de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) coordonnée au niveau international peut déloger Israël de son projet colonial. Une telle campagne, en faveur de l’égalité, des droits de l’homme, du droit international, des résolutions des Nations unies, des conventions de Genève, et de la Cour pénale internationale, peut apporter l’espoir d’établir une paix juste et durable au Moyen-Orient à toutes les personnes résidant en Palestine, ainsi qu’aux réfugiés palestiniens.

La campagne BDS, qui s’oppose aux actions militaires illégales et agressives d’Israël, est une campagne civile. Une action civique menée par tous les citoyens du monde, en évitant la violence et la brutalité, en essayant de changer la situation par des méthodes non violentes. Je pense que le moment est clairement venu d’une telle approche, si l’on veut éviter davantage d’effusions de sang et de souffrances.

(1) Auteur de An Army Like No Other. How the Israel Defense Force Made a Nation. Verso Books Edition. (2) Lire l’entretien intégral sur www.humanite.fr
Proche-orient. Comment l'armée israélienne a fait la nation - entretien de Pierre Barbancey avec Haim Bresheeth, L'Humanité, 17 août 2020
Partager cet article
Repost0
13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 05:27
Littérature, L'Odyssée sans retour d'Asli Erdogan, Sophie Joubert, L'Humanité - 11 juin 2020
Jeudi, 11 Juin, 2020
Littérature. L’odyssée sans retour d’Asli Erdogan

Poursuivie pendant quatre ans par la justice turque, la romancière et journaliste a été acquittée le 14 février dernier. Requiem pour une ville perdue, un recueil en prose poétique hanté par la mort, la solitude et la perte, vient de paraître.

 

C’est une femme seule, qui marche dans les ruelles de Galata, un faubourg d’Istanbul peuplé d’estropiés, de chats errants et de fantômes. C’est une femme seule, à sa fenêtre ou derrière la lucarne d’un toit, qui regarde les lumières d’une ville labyrinthique, matrice dont le souvenir s’éloigne. Qu’attend-elle, qui fuit-elle ? Qui sont ces cohortes de femmes en pleurs au visage couleur de cendre, « citadines assassinées, mises en pièces à force de crimes qui ne pèsent rien », qu’elle rejoindra dans la cave d’un palais qui ressemble à une prison ? Recueil de poèmes en prose, Requiem pour une ville perdue est une longue errance sans retour possible, la quête de soi d’une écrivaine qui scrute son visage, caché derrière des masques. « C’est une odyssée, mais Ithaque est perdue. Pour les femmes, il n’y a pas d’Ithaque », confiait l’écrivaine en exil à l’Humanité, en février dernier, à la veille du verdict de son procès.

Des mythes à l’intime

Paru en Turquie en 2009, ce livre est assez différent des romans et chroniques (Le silence même n'est plus à toi) qu’on a pu lire jusqu’ici. Rarement elle se sera autant dévoilée, même si la forme poétique laisse la place aux multiples interprétations, osant l’écriture à la première personne du (féminin) singulier. On retrouve dans ces textes au lyrisme tenu, où coule le sang des mythes, des thèmes ou des signes présents dans ses romans : le coquillage fétiche (l'Homme-coquillage), la pierre froide et les murs qui enferment (le Bâtiment de pierre), la solitude et le sentiment d’être en marge, d’errer dans un entre-deux. « Mais je suis là, entre hier et demain (…). Entre mon vrai visage et son image imprimée sur le verre, entre le temps et l’absence, entre les mots et ce qu’on tait toujours », écrit Asli Erdogan. Cet « entre », c’est aussi le territoire incertain entre la vie et la mort, si familière, la tension entre des pulsions antagonistes, l’union des contraires.

Loin dans les souvenirs

Livre nocturne, irrigué par le Livre des morts égyptien, Requiem pour une ville perdue est placé sous le signe du double, de Janus, le dieu aux deux visages, de Dionysos et d’Osiris, qui portent toujours un masque. Ainsi Özgür (« libre », en turc), une héroïne au genre ambigu, Orphée au féminin qui se retourne en remontant des Enfers, gagne-t-elle sa liberté quand elle prend conscience d’être mortelle. « Écrire, par conséquent, c’est toujours devoir porter le masque pour affronter la mort », écrit Asli Erdogan dans les Masques de Narcisse, un texte introspectif en treize points, qui interroge l’origine de l’écriture. Dans Lettres d’adieu, où l’on devine une tentative de suicide, elle fait le récit des nuits fiévreuses où les mots se fraient douloureusement un passage et « tombent à la renverse dans le désert blanc, vaincus par le silence » avant que le matin ne tombe comme un couperet. Fouillant loin dans ses souvenirs, elle exhume l’image d’une petite fille de 3 ou 4 ans, s’emparant chaque jour d’un livre qu’elle « lit » pour convoquer ensuite des voix et s’inventer des histoires dans la solitude de sa chambre. Forcée par sa grand-mère à avouer qu’elle ne sait pas vraiment lire, l’enfant dessine alors un oiseau sans ailes qui s’envole par le seul pouvoir des mots. De l’enfance émerge la figure récurrente de la mère, consolatrice et inquiétante, qui brise dans son poing trois statuettes de femmes laissées en cadeau par l’homme sans nom qui a quitté sa fille.

Donner une voix aux démunis et aux vaincus

Écrire, pour Asli Erdogan, c’est gratter ses plaies, creuser la perte, la séparation, l’incomplétude. C’est aussi aller vers l’Autre, tous les autres, les démunis et les vaincus, faire entendre « le pas lourd des condamnés dans leur cellule, des insomniaques dans leur chambre, le pas léger des cambrioleurs, le murmure des prières sans réponse, le chuintement des incendies au loin, le froissement des lettres qui n’ont pas été écrites ». À tous ceux-là, elle donne sa voix, comme un écho qui résonne à l’infini.

                                                                                                                                   

Requiem pour une ville perdue, d’Asli Erdogan, traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes, est publié chez Actes Sud (144 pages, 17 euros, 12,99 euros en version numérique).

Partager cet article
Repost0
3 juin 2020 3 03 /06 /juin /2020 15:02
Pourquoi l'écrivain Luc Blanvillain soutient Morlaix Ensemble
Pourquoi l'écrivain Luc Blanvillain soutient Morlaix Ensemble
Pourquoi l'écrivain Luc Blanvillain soutient Morlaix Ensemble

Luc Blanvillain est un écrivain morlaisien, un styliste à l'ironie et l'humour désopilants, auteur de romans adultes et romans jeunesse.

Son dernier roman, Le répondeur (Quidam, 2019), était dans la sélection du prix du roman du Festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo et a fait l'objet de critiques très élogieuses dans la presse nationale. Il a écrit aussi Nos âmes seules (2015, Plon). Autres ouvrages écrits par Luc Blanvillain:

  • Olaf chez les Langre (2008), Quespire éditeur.
  • Crimes et jeans slim (2010), Quespire éditeur et Le Livre de Poche jeunesse, 2013.
  • Une histoire de fous (2011), Milan poche Junior.
  • Un amour de geek (2011), Plon jeunesse et Le Livre de Poche jeunesse, 2013.
  • Opération Gerfaut (2012), Quespire éditeur.
  • Cupidon Power (2013), L’École des Loisirs, médium.
  • Le Démon des brumes (2013), Seuil jeunesse.
  • Dans le cœur d’Alice (2013), Hachette, collection Bloom et Le Livre de Poche jeunesse, 2015.
  • Wi-fi génie (2014), Scrineo.
  • Journal d'un nul débutant (2014), L'école des Loisirs.
  • Mes parents sont dans ma classe (2015), L'école des loisirs.
  • La nébuleuse Alma (2016), L'école des loisirs.
  • Le monde selon Walden (2016), Scrineo.
  • L'incroyable voyage de M. Fogg (2017), Hachette.
  • Mon stress monstre (2017), L'école des loisirs.
  • Roméo Moustique sympathique (2017), Poulpe Fictions.
  • Le grand fauve (2018), L'école des loisirs.

Dans cette expression, il nous fait l'honneur et le plaisir d'apporter son soutien à la liste "Morlaix Ensemble":

 

"Bridant à contrecœur mon impétueuse modestie, je me vois contraint, avant Morlaix, d’évoquer ma personne.

J’ai cette chance d’écrire des livres, principalement pour les jeunes. Et quand on écrit des livres, activité hautement recommandable et stimulante, on se voit presque aussitôt convié ici ou là, pour en causer devant des gens. C’est ainsi qu’il m’est souvent donné d’aller dans presque tous les quatre coins de France où j’annonce d’emblée que j’habite près de Morlaix.

Et là, je vous le jure, une puissante émotion s’empare toujours de l’assistance. Des voix s’élèvent pour évoquer la riante cité bretonne. Tel comédien célèbre, fendant la foule pour atteindre le buffet, m’avoue au passage qu’il y a pris naissance, tel autre qu’il y a connu l’âme sœur, à la faveur subreptice d’un frôlement sensuel dans le feu d’une gavotte. Telle ministre, fourrageant rêveusement sa blonde crinière se souvient des roseurs dont l’éternel soleil morlaisien a teinté ses galbes adolescents.

Tout le monde connaît Morlaix, son histoire, on sait qu’y fut lancé l’appel du 18 juin, que s’y déroula la bataille d’Arcole, que Jeanne d’Arc y entendit ses voix, et qu’elles parlaient breton.

Morlaix, j’en pris conscience au cours de mes voyages, est donc la véritable capitale spirituelle, morale, sentimentale de notre beau pays et son aura s’étend bien au-delà des frontières. Un exemple : quitte à froisser mon humilité maniaque, je me dois de révéler que l’un de mes ouvrages pour la jeunesse, subtilement intitulé Wifi-génie (éditions Scrineo, en vente partout pour une somme dérisoire) se déroule précisément… à Morlaix et qu’il fut traduit en Corée où il connaît, comme tous mes livres, un succès phénoménal. Ce qui revient à dire que les jeunes Coréens n’ignorent rien des venelles, du marché, du viaduc de Morlaix. On est donc en droit de penser que le nom de notre belle ville, joliment modulé, ponctue probablement, en Asie, la plupart des conversations.

Tout cela est bel et bon mais, demanderez-vous, mise à part ma ferveur morlaisienne, de quelle légitimité puis-je me prévaloir pour soutenir la liste « Morlaix Ensemble », moi qui suis arrivé en Bretagne par hasard, qui n’y vis que depuis une douzaine d’années, qui n’y ai fait qu’un enfant ?

C’est que j’ai eu, à la faveur de nombreuses conversations avec certaines des têtes de cette liste, l’occasion de constater qu’elles étaient animées de beaux projets pour la ville, qu’elles avaient la ferme intention de lui insuffler une énergie nouvelle, qu’elles avaient des idées d’avenir.

Et l’avenir, surtout par les temps qui courent, on en a bien besoin".

Lire aussi:

Roman - Le répondeur de Luc Blanvillain - L'histoire d'un double qui ne perd jamais le fil, par Muriel Steinmetz, L'Humanité, 2 janvier 2020

Pourquoi Lucienne Nayet soutient Morlaix Ensemble

Pourquoi Anne Cousin soutient l'équipe de Morlaix Ensemble: Morlaix Ensemble c’est oui.

Pourquoi Jean-Claude Breton soutient Morlaix Ensemble dans les municipales à Morlaix

Pourquoi Glenn Le Saoût soutient Morlaix Ensemble

Ils s'engagent avec Morlaix Ensemble: Maha Hassan, écrivaine

Pourquoi Guy Tandé soutient Morlaix Ensemble

Pourquoi l'écrivain Luc Blanvillain soutient Morlaix Ensemble
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011