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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 05:11
Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, la seule femme présidente de groupe au Parlement

Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, la seule femme présidente de groupe au Parlement

L'union fait la force.
Deux élus EELV, Esther Benbassa et Guillaume Gontard ainsi que Pierre-Yves Collombat ne siégeront pas seuls au Sénat. Ce mardi matin, les sénateurs communistes ont en effet annoncé que les deux sénateurs écologistes les rejoignaient avec Pierre-Yves Collombat, dans ce qu'il faut aujourd'hui désigner comme le groupe «Communiste républicain citoyen et écologiste». Cette union porte ce groupe parlementaire à 15 membres.

 

Une force d’opposition résolue à la politique d’Emmanuel Macron et de propositions alternatives
Déclaration officielle du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste -

 

 

 

Par / 3 octobre 2016

Nous voulons oeuvrer au rassemblement de toutes celles et ceux qui souhaitent construire une politique alternative à gauche.

La France traverse une crise économique, sociale et environnementale d’une rare violence. Elle génère une crise politique profonde, une crise de confiance à l’égard des élu(e)s, une crise de valeurs.

Notre peuple subit depuis maintenant 40 ans, crise après crise, une précarisation croissante, une angoisse qui s’amplifie d’année en année face à l’avenir.

Alors que le progrès technologique permet en théorie l’amélioration de la qualité de vie, bien souvent c’est à une dégradation des conditions d’existence que l’on assiste, comme l’atteste la réduction drastique de l’accès aux soins.

Depuis plus de 20 ans, les inégalités de richesses sont en progression. Aujourd’hui, les riches sont toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres.

Les promesses non tenues depuis des décennies, les vives déceptions après les grands espoirs de 1981, de 1997, mais aussi après le référendum de 2005, sont de toute évidence à la source de cette grave perte de confiance. Cette dernière ouvre le chemin aux démagogues, à ceux qui, pour conquérir le pouvoir, dressent ceux qui souffrent les uns contre les autres, plutôt que de les unir face aux puissances financières. Le danger de la montée du Front national, présent au second tour de la dernière élection présidentielle, puise sa raison d’être dans ce terreau de déception, de colère, d’injustice.

La violence du terrorisme a marqué profondément notre pays et le débat public de ces trois dernières années. Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE sont déterminés à tout faire contre ce fléau, mais dans le respect des libertés publiques et en s’attaquant durablement aux racines du mal, sur le plan international et sur le plan national.
Nos concitoyen(ne)s n’avaient pas supporté la présidence de Nicolas Sarkozy, cet affichage indécent des liens entre l’argent et le pouvoir politique. Ils avaient rejeté les options libérales décomplexées, symbolisées par la remise en cause de la retraite à 60 ans.

Notre peuple, en 2012, avait dit stop à cette hyper-présidentialisation libérale. Le renoncement immédiat de François Hollande, quelques semaines après son élection, devant les marchés financiers, qu’il dénonçait pourtant avec la soumission sans renégociation aux dogmes libéraux du Traité budgétaire européen négocié par A. Merkel et N. Sarkozy a, dès le départ, suscité la déception de l’électorat du 6 mai 2012.
Le pacte de responsabilité, les cadeaux massifs au patronat, la réduction des dépenses publiques comme seul projet de société, puis la loi Travail dite « loi El Khomri » ont entraîné, malgré de trop rares avancées, un rejet massif par la population.

L’élection d’Emmanuel Macron ne s’est pas faite par adhésion à son projet, mais pour faire barrage au Front national. Elle est intervenue dans ce contexte de désillusion, de colère, de division et de mise en cause des deux partis qui ont dominé la vie politique de ces dernières décennies.

E. Macron a été mis sur orbite pour sauver un système en perdition. L’affichage, amplement relayé par des médias aux ordres, fut celui d’un renouvellement, d’une rupture, menés par un président jeune soudainement exonéré de ses responsabilités dans les options libérales de F. Hollande.

Six mois après son élection, la réalité s’impose : le nouveau Chef de l’Etat mène une offensive au service des riches et du patronat pour laquelle il n’a pas été élu.
Les électrices et électeurs du 7 mai 2017 n’ont pas voté pour la casse du Code du Travail, pour la suppression des contrats aidés, pour l’exonération de l’ISF du patrimoine mobilier, pour la casse du logement social annoncée par la remise en cause de l’APL, ou pour la sélection à l’université.

Elles et ils, n’ont pas voté pour les privatisations et le bradage de notre industrie. Elles et ils, n’ont pas voté pour une mise en accusation des collectivités territoriales et leur asphyxie financière. Quand on sait qu’elles sont un lien irremplaçable de proximité, d’expression de la solidarité nationale et de mise en œuvre du service public.

Elles et ils, n’ont pas voté enfin pour l’instauration d’une forme inédite d’exercice solitaire du pouvoir présidentiel en s’appuyant sur un système médiatique inféodé.
L’autoritarisme croissant d’E. Macron, l’affichage du mépris à l’égard du peuple et une volonté non dissimulée de museler le Parlement inquiètent dans de nombreux rangs.
La ligne conductrice du nouveau pouvoir est la soumission totale à la volonté du marché, quitte à affaiblir la démocratie et à contester les fondations de la République.
Face à cette attaque violente contre les intérêts populaires, le groupe CRCE adoptera d’emblée une opposition résolue à la politique d’Emmanuel Macron et multipliera des propositions pour souligner qu’une autre voie est possible.

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE porteront la nécessité d’un retour de la puissance publique pour contrer la dictature des marchés financiers et l’influence néfaste des agences de notation.

Le rôle et la conception actuelle de la Banque Centrale Européenne doivent être remis en cause pour ouvrir la voie à une réorientation démocratique et sociale de l’Europe.
En tout état de cause, les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE agiront pour une réforme de la fiscalité et contre l’évasion fiscale, permettant ainsi une juste redistribution des richesses. Conscients des nouveaux enjeux écologiques, éthiques, démocratiques qui pèsent sur le devenir de notre société, les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE sont convaincus de la nécessité d’inventer un nouveau mode de développement susceptible de préserver la planète pour notre génération et celles qui viennent et de garantir le droit à l’accès pour tous aux biens vitaux (eau, énergie, alimentation…). La transition énergétique doit s’accélérer et ne pas demeurer un vœu pieu.

Dans le respect du développement durable, elles et ils, se battront pour une véritable politique de réindustrialisation de notre pays, fondée sur une exploitation à la fois économe et équitable des ressources de la planète, préservant la biodiversité et assurant un environnement viable et non pollué. Elles et ils, s’inscrivent de manière déterminée dans un grand débat national sur l’énergie et sur une transition énergétique susceptible de créer des milliers d’emplois. Elles et ils, considèrent donc indispensable, dans un tel cadre, de promouvoir la recherche scientifique et technique et l’investissement par des politiques publiques audacieuses.

Elles et ils, veulent ainsi contribuer à la construction d’une alternative crédible et durable permettant de nouveaux progrès humains.

Elles et ils, agissent avec détermination en faveur du droit des femmes tout particulièrement frappées par l’austérité. Elles et ils, soulignent qu’une nouvelle fois le groupe CRCE est le seul groupe parlementaire présidé par une femme.
Elles et ils, luttent avec détermination contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme et de discriminations.

Elles et ils, appellent à une gestion pragmatique et humaniste des flux migratoires et exigent le respect sans faille des droits des migrants et des réfugiés. Elles et ils, agissent avec détermination pour le développement et la paix dans le monde.
Considérant que rien ne se fera sans l’intervention du peuple lui-même, elles et ils, associent les organisations syndicales, les associations et les citoyens à leur travail législatif.

Elles et ils, soutiennent et accompagnent les mouvements sociaux dont l’expression est essentielle pour résister à la politique libérale en œuvre.

Elles et ils, sont convaincus que l’une des clés du changement est dans la participation du peuple au débat public, à la vie économique, sociale et à la vie politique, ainsi qu’aux grands choix écologiques. Elles et ils, souhaitent mettre un terme aux rapports peu vertueux entre puissances d’argent et femmes et hommes politiques. Dans le même esprit, elles et ils, veulent libérer l’information du carcan de la finance et permettre ainsi un débat public pluraliste.

C’est pourquoi, les sénatrices et sénateurs du groupe communiste républicain citoyen et écologiste pensent que la démocratie doit être refondée dans la cité comme sur le lieu de travail et se prononcent pour une nouvelle République citoyenne, sociale et écologique, portant la justice sociale et le progrès en son cœur.

Dans ce cadre, elles et ils, se prononcent pour une profonde réforme d’une seconde chambre démocratisée, pluraliste, diverse et ouverte aux citoyen(ne)s.

Le groupe CRCE respectera en son sein la diversité. Chaque sénatrice et sénateur compte pour un, et aucune décision, aucun vote ou proposition de loi ne leur est imposé, l’unité d’action étant décidée par le libre débat.

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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 05:14
photo Lucienne Nayet

photo Lucienne Nayet

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

C’est à l’initiative de l’Association France Palestine Solidarité du Pays de Morlaix, que les représentants de 17 associations, partis, syndicats et réseaux de solidarité* ont annoncé samedi 30 septembre lors d'une conférence de presse en ville, leur volonté de s’engager ensemble pour la libération de Salah Hamouri incarcéré par l’État israélien depuis le 23 août dernier.
 
Pour cela, ils ont décidé de constituer un collectif « Liberté pour Salah » en Pays de Morlaix comme il en existe un au niveau national dont la porte-parole est Elsa Lefort, la femme de Salah Hamouri.
 
Comme le permet le système judiciaire israélien, Salah Hamouri, militant des droits de l’homme à Jérusalem où il réside a été condamné sans aucun motif officiel ni inculpation et sans aucune forme de procès à 6 mois de détention administrative renouvelable indéfiniment par la seule volonté de ses juges.
Aujourd’hui, sur les 6000 prisonniers politiques palestiniens actuellement détenus par Israël, plus de 500 sont en détention administrative y compris des détenus mineurs et des députés palestiniens, certains depuis plusieurs années.
Ce qui paraît être reproché à Salah Hamouri, c’est son engagement revendiqué auprès des prisonniers politiques palestiniens et ses sympathies supposées pour une organisation de la gauche palestinienne (le FPLP) que l’État israélien considère lui comme une organisation terroriste.
 
À Morlaix, comme partout ailleurs, ses défenseurs craignent que Salah Hamouri ne devienne l’otage d’un système judiciaire arbitraire qui n’espère qu’une seule chose ; se débarrasser d’un opposant d’autant plus gênant, qu’il venait d’obtenir son diplôme d’avocat… quelques jours avant son arrestation !
 
Le collectif « Liberté pour Salah » a commencé à interpeller les représentants de l’État et les élu-es locaux dont Sandrine Le Feur pour qu’à leur tour, ils tentent de convaincre le gouvernement d’Emmanuel Macron d’intervenir avec détermination auprès des autorités israéliennes. Comme il l’a fait récemment pour obtenir la libération du journaliste Loup Bureau emprisonné en Turquie tout aussi arbitrairement que Salah Hamouri l’est aujourd’hui en Israël.
 
Motivé par sa volonté d’informer un public le plus large possible de la situation de Salah Hamouri, le collectif a également annoncé la tenue d’un rassemblement pour le jeudi 5 octobre à 18 h place des otages à Morlaix.
 
*Le collectif « liberté pour Salah » du Pays de Morlaix est soutenu par : AFPS, LDH, ACAT, Amnesty International, Association pour le jumelage Morlaix/Wavel, Utopistes en Action, Association Pays de Morlaix Solidarité Migrants, Mouvement de la Paix, UL-CGT, FSU, PS, PCF, France Insoumise, Ensemble, EELV, Mouvement du 1er juillet, NPA…
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 20:17
C'est le Figaro qui l'écrit! Les super-riches français placent 300 milliards dans les Paradis Fiscaux, soit 15% du PIB!

C'est le Figaro qui l'écrit !!!!
***********************
Selon une récente étude, les ménages français détiendraient environ 300 milliards d'euros dans des paradis fiscaux, soit 15% du PIB (produit intérieur brut) de la France. Quant au 0,01% des ménages les plus fortunés, soit environ 3520 ménages, il détiendrait à lui seul près de 50% de ces richesses: soit 150 milliards d'euros.

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 19:51
10 octobre: tous les syndicats appellent à la grève et à la manifestation face à l'offensive libérale de Macron (UGICT CGT)

Les fédérations CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FA (Autonomes), FO, FSU, Unsa et Solidaires appellent les quelque 5,4 millions de fonctionnaires à une journée de grève et de manifestations le 10 octobre. C’est une unité d’une ampleur inédite depuis dix ans.

Dans un communiqué commun les fédérations syndicales dénoncent les « mesures négatives » du gouvernement qui « s’accumulent » pour les fonctionnaires et qu’elles jugent « inacceptables ». La date retenue correspond à celle que s’était fixée le gouvernement pour organiser un « rendez-vous salarial » avec tous les syndicats, portant sur le pouvoir d’achat et la rémunération des fonctionnaires en général. Il doit conclure une série de rendez-vous préalables, entamés le 7 septembre.

Force est de constater que le gouvernement a entamé un dialogue de sourd avec les syndicats.

Les mesures annoncées sont d’une violence inédite et le passage en force du gouvernement a été entièrement assumé par M. Darmanin :

  • Nouvel gel du point d’indice ;
  • Réinstauration du jour de carence ;
  • Projet de remise en question du recrutement de cadres fonctionnaires en proposant à la place des CDI basés sur le droit privé ;
  • Hausse de la CSG…

Dans ce contexte de guerre ouverte aux agents du service public, la proposition faite par le gouvernement aux syndicats pour compenser la hausse de la CSG a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle prévoit « une suppression de la cotisation exceptionnelle de solidarité (CES) de 1 % pour les fonctionnaires » et de la cotisation maladie de 0,75 % pour les contractuels, ainsi qu’une « indemnité compensatoire au 1er janvier ». Mais elle ne sera « en aucun cas synonyme de hausse du pouvoir d’achat, contrairement aux engagements pris par le Président ».

Tous les éléments sont réunis pour faire du 10 octobre une journée puissante dans l’indispensable élévation du rapport de Force.

L’UGICT appelle tous les ICT à descendre dans la rue le 10 octobre pour défendre leurs droits et revendications !

Le collectif Fonction publique de l’UGICT revendique :

  • La défense du Statut des fonctionnaires et l’abandon du projet de recrutement de cadres dans la Fonction publique par le biais de CDI de droit privé ;
  • Des créations d’emploi statutaires et l’arrêt immédiat de toutes les suppressions de poste.
  • L’augmentation des salaires des ICT par une forte revalorisation du point d’indice et des mesures pour rattraper les pertes antérieures ;
  • Face à la hausse de la CSG, que conteste l’UGICT, l’attribution de points permettant une amélioration du pouvoir d’achat ;
  • La reconnaissance du travail effectué dans le déroulement de carrière et l’abrogation de toutes les formes de salaires au mérite ;
  • La reconnaissance pour les cadres des heures supplémentaires effectuées ;
  • Le droit à la déconnection ;
  • Le non-rétablissement du jour de carence ;
  • La revalorisation des carrières, la revalorisation des filières et des corps notamment à prédominance féminine afin d’appliquer le principe : « un salaire égal pour un travail de de valeur égale », ainsi que la reconnaissance des qualifications ;
  • Le maintien et le renforcement des systèmes de nos systèmes de retraite ;
  • La revalorisation urgente des pensions versées ;
  • Les moyens nécessaires à la formation professionnelle : pour les ICT, 10 % du temps de travail doit être consacré à la formation.
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 19:03
Naissance de Louis Aragon, le 3 octobre 1897, il y a 120 ans: interview de l'écrivain Philippe Forest sur la vie et l'oeuvre d'Aragon

NAISSANCE DE LOUIS ARAGON, LE 3 OCTOBRE 1897, IL Y A 120 ANS

Lu sur la page Facebook de notre camarade Robert Clément


Pour l’occasion, voici le texte de l’interview de Philippe FOREST publiée par l’Humanité le 25 septembre 2015. Il écrit : " Il s'agit avec Aragon, d'une œuvre majeure et d'une existence multiple " 


Le romancier Philippe Forest publie chez Gallimard une biographie monumentale intitulée Aragon (1). Il est le troisième biographe de celui qui fut dans son siècle à la fois poète, romancier et militant avec toujours la même énergie et la même envergure. Il évoque pour nous la figure de celui qu’il n’a pas connu, mais qu’il admire jusque dans la multiplicité de ses masques dont il se défend de dévoiler tous les mystères.


Avez-vous connu personnellement Aragon ?
Philippe Forest Non. Je l’avais aperçu de très loin, vers la fin de sa vie, au début des années 1980, en tête du cortège d’une délégation du Parti communiste qui défilait contre l’implantation des euromissiles sur le continent. J’avais été frappé par son allure à la fois romanesque et romantique. Il était coiffé d’un grand chapeau et portait une vaste cape. Et puis il était drapé dans le prestige qu’il exerçait sur le jeune homme que j’étais à l’époque. J’avais 20 ans à sa mort.

 

On connaît déjà la biographie écrite par Pierre Daix et celle de Pierre Juquin. Comment vous situez-vous par rapport à eux ?
Philippe Forest Ma position est très différente. Je n’ai pas vécu la période dont je parle et je ne suis pas un militant communiste. Je suis arrivé à Aragon par la littérature. Cette biographie est certes politique, mais surtout une biographie d’écrivain par un écrivain. C’est à ce titre que j’ai été sollicité par Gallimard. J’ai une dette immense à l’égard de Pierre Daix. Son ouvrage, que je considère aujourd’hui encore comme remarquable, m’a été extrêmement profitable. Il a accompagné une génération de lecteurs, puisqu’il a été écrit en 1974, du vivant d’Aragon. Certes, il ne traite pas du dernier tiers de sa vie. Daix demeure très évasif là-dessus. Il me semblait qu’il restait donc une place pour un travail un peu plus équilibré même si, bien sûr, on accorde toujours plus d’importance dans la biographie à l’enfance et à la jeunesse. Juquin a mis au jour des tas d’éléments que je cite en lui rendant hommage, mais nos projets sont différents. Ma biographie constitue le récit de la vie d’Aragon. Elle s’attache aussi à un parcours attentif de son œuvre dans sa diversité. J’ai tenu à m’effacer le plus possible derrière mon sujet, même si, selon l’épigraphe que j’emprunte au dernier livre d’Aragon, Théâtre/roman, lorsqu’on écrit la vie des autres, c’est sa propre vie qu’on écrit aussi. J’ai voulu être à la fois présent et discret.

 

À vous lire, on s’aperçoit que vous vous méfiez sensiblement du travail du biographe…
Philippe Forest J’écris une biographie en essayant de réfléchir à ce que je fais tout en le faisant, afin d’éviter de tomber dans les pièges qui sont parfois ceux du genre. Je pense notamment à l’illusion rétrospective. Comme disait Sartre, « On prend toujours le temps par la queue. » On explique tout ce qui s’est passé à la lumière de ce qui va se passer. Or, le propre de la vie, justement, c’est que nul ne sait ce qu’il adviendra demain. J’essaie de ne pas expliquer le mystère d’Aragon. Aucun secret révélé ne peut tout éclairer ou alors on tombe dans l’analyse sauvage et réductionniste.

 

Le sujet Aragon est infiniment pluriel. Comment raconter cela ? Quel Aragon choisir ?
Philippe Forest Le pari a consisté à être fidèle à la complexité du personnage. J’ai suivi l’homme et l’écrivain dans toutes les entreprises simultanées dans lesquelles il s’est engagé. Aragon est écrivain et aussi militant. Prenons les années 1930. Il se lance dans la conception de son grand cycle romanesque, le Monde réel, en même temps qu’il dirige plusieurs revues et un grand journal. Il va être l’un des principaux organisateurs de la lutte antifasciste des intellectuels européens. Il fait la navette entre la France et l’URSS. Il se rend en Espagne au moment de la guerre civile. Il va en Angleterre, aux États-Unis. Il mène simultanément plusieurs vies et il est d’ailleurs régulièrement au bord de l’épuisement. Il ne s’arrête jamais et cela vaut pour toutes les périodes de son existence. J’ai pu mener à bien cette biographie grâce au travail formidable mené depuis des décennies par des chercheurs compétents. À chacun son Aragon. Celui que j’ai d’abord découvert et auquel je reste fidèle, c’est le surréaliste, l’auteur du Paysan de Paris, que l’on retrouve, dans une certaine mesure, dans les œuvres de la fin.

 

Vous insistez sur les dernières années qui sont le théâtre d’une transformation radicale dans sa façon de vivre… Que pensez-vous de cet ultime avatar ?
Philippe Forest La pire des choses serait de juger Aragon. Il a fait preuve tout au long de sa vie d’une formidable liberté et d’un formidable courage. La manière dont à la fin de sa vie il affiche son homosexualité sans aucun souci des convenances est encore à porter à son crédit. C’est une chose qu’on peut mieux dire aujourd’hui. Ceux que choque Aragon n’osent plus le dire. Certains de ses plus grands textes ont été écrits à la fin de sa vie, après la mort d’Elsa. J’ai édité, entre autres, dans « la Pléiade », grâce à Daniel Bougnoux, la dernière de ses œuvres, Théâtre/roman, et son ultime recueil poétique, les Adieux et autres poèmes, grâce à Olivier Barbarant. Il faut aussi évoquer Henri Matisse, roman, qui est un texte majeur. Aragon aura été grand jusqu’à la fin.

 

Sa grandeur contradictoire ne consiste-t-elle pas justement dans ses masques multiples ?
Philippe Forest Oui. Sa capacité à se renouveler sans cesse. Ce qui me le rend proche, c’est qu’il a vécu toute sa vie une expérience de la vérité sur le mode du vertige. J’ai publié un petit essai chez Cécile Defaut intitulé Vertige d’Aragon. Ce mot revient souvent chez lui. Il disait qu’« être un homme, c’est pouvoir infiniment tomber ». Ce qu’il demande à la littérature, c’est le vertige, qui est lié à un sentiment tournoyant de perte perpétuelle d’identité.
Cela apparaît dès la période dadaïste. C’est mis un peu en sourdine au moment du réalisme socialiste et cela ressurgit de façon spectaculaire dans les textes de la fin, notamment dans la Mise à mort. Cet homme dont l’image ment dans le miroir. Ce sentiment de ne pas savoir qui l’on est où l’on est, prend une dimension baroque, shakespearienne dans Théâtre/roman et c’est ce qui fait d’Aragon un auteur d’avant-garde. Il n’y aurait rien de plus erroné que de proposer de lui un portrait univoque, quand bien même il avait toujours besoin d’abattre son jeu, de s’expliquer, de rendre des comptes.

 

Dans le massif de cette œuvre, que mettez-vous en avant ? Blanche ou l’oubli ? le Fou d’Elsa ?
Philippe Forest Je le redis, s’il ne fallait retenir qu’un titre, pour moi ce serait le Paysan de Paris. Un livre fondamental. À mon sens le chef-d’œuvre du surréalisme. Il a formidablement marqué les lecteurs et les intellectuels, notamment Walter Benjamin qui mettait ce texte au plus haut. J’ai découvert des tas de textes, critiques, de circonstance, sur la peinture et la littérature. Aragon est un formidable polémiste. Il frappait fort mais visait juste. Il plaide pour une sorte de réalisme essentiel et expérimental qui fait de lui l’adversaire de tous les partisans de l’abstraction. Il possède la passion du réel, qu’il revendique aussi bien en littérature qu’en politique. Il ne s’agit pas d’un réalisme conventionnel – sauf dans les Beaux Quartiers – qui se contenterait de ressusciter les vieilles formules du XIXe siècle, mais d’un réalisme qui prend acte du caractère instable de la réalité et qui invente des formes nouvelles pour dire ce réel sans renoncer

Ne peut-on pas dire d’Aragon qu’il a eu le courage énorme de devenir un militant prestigieux, un homme politique hors pair tout en restant un romancier ? Rappelons qu’il s’est battu toute sa vie pour le roman…

Philippe Forest Il faut insister sur le courage du militant. Lorsqu’il entre au Parti communiste français, ce n’est pas par opportunisme. J’ai été frappé de la lettre qu’Aragon adresse à son mécène, Jacques Doucet, de l’argent de qui il vit depuis des années, pour renoncer au traitement que lui fait ce millionnaire, car il considère que c’est désormais incompatible avec ses convictions politiques. Il y a le courage physique durant les deux guerres. Pendant que Drieu La Rochelle lui fait la leçon à Paris, lui est à Dunkerque. Il traverse la Manche dans un sens, puis dans un autre dès le lendemain pour revenir en première ligne. Il traverse toute la France pendant la débâcle. Il y a son courage dans la Résistance. Publier ses poèmes pouvait alors conduire à la torture. Le Parti communiste tel qu’il existait à ce moment-là n’accueillait pas à bras ouverts les écrivains, les intellectuels. Il a tenu bon. Au prix de quel aveuglement ? J’en parle. Il ne s’agit pas de faire un portrait idéal d’Aragon.
 

Pensez-vous que les conditions de sa naissance et de sa filiation cachée ont influé sur son existence, sur sa personnalité, et croyez-vous en cette explication un peu analytique sur son devenir ?
Philippe Forest Sans être hostile à la psychanalyse, je répugne au caractère proprement déterministe de cette lecture de la vie. Je suis plus sartrien que freudien sur ce sujet. On n’est jamais totalement déterminé par ses origines. On a le choix de son essence. Je rappelle qu’Aragon lui-même n’a commencé à évoquer le mystère de ses origines que très tardivement. Il avait presque 60 ans.

 

Que pensez-vous qu’il reste de cette écriture et de cette vie intense ?
Philippe Forest Je pense qu’il est l’un des tout premiers écrivains français du XXe siècle. Chacun selon ses goûts va privilégier tel ou tel texte. Pour moi, c’est aussi le Roman inachevé, Blanche ou l’oubli… La plupart des lecteurs sont plus sensibles à des textes comme Aurélien. Je suis curieux de savoir quelle sera la réception de ce livre. Je ne sais pas quelle place Aragon a vraiment conservée dans les cœurs.

 

Pour nous, à l’Humanité, Aragon demeure une grande figure. Pensez-vous que son art et son style de vie, nés au siècle dernier, peuvent être encore éprouvés, appréciés, discutés ?
Philippe Forest Je l’espère car cette passion du réel manque cruellement à la littérature, notamment à celle d’aujourd’hui dans notre pays. La leçon d’Aragon demande encore à être entendue. Elle s’exprime même dans les textes comme Pour un réalisme socialiste, dont je fais grand cas. C’est un livre qui à bien des égards est assez accablant car c’est un des ouvrages les plus staliniens d’Aragon, mais il y a là toute une pensée du réel dans la littérature, la poésie, le roman qui n’a rien perdu de sa pertinence. Les positions d’Aragon aux pires moments de la guerre froide dans les chroniques me semblent sur le fond dire vrai sur la littérature. C’est ce vrai-là qui fait défaut aujourd’hui.

 

C’est-à-dire ?
Philippe Forest Ce qui caractérise malheureusement souvent la littérature française d’aujourd’hui, et pas seulement française d’ailleurs, c’est le goût de l’inoffensif et de l’insignifiant. Les petites histoires imaginées, à l’égard desquelles Aragon était d’une extrême violence, notamment dans la Défense de l’infini. Une haine de la littérature comme pur divertissement anime Aragon au moment du dadaïsme et du surréalisme. Il lui oppose cette passion du réel qui bien sûr passe par l’usage du « mentir-vrai », expression dans laquelle on oublie d’entendre le mot « vrai ». Il est hostile à ce qu’on appelle la littérature pure, le roman pur, la poésie pure, qui règnent aujourd’hui et qui sont à eux-mêmes leur propre fin.
Artaud disait que la littérature détachée de la vie, « c’est de la cochonnerie », or Aragon était très proche d’Artaud dans les années 1920 mais aussi à la fin de sa vie. Le vrai réalisme n’a rien à voir avec ce qu’on attend du réalisme, c’est-à-dire la peinture sociologique. Je ne sais pas si l’œuvre d’Aragon peut encore parler aujourd’hui. Je le souhaite. Dans sa poésie, il y a une revendication du sens, du lyrisme, du chant. Cela détonne avec ce que la poésie post-mallarméenne donne le plus souvent. Aragon se réclame de Victor Hugo.

 

• (1) Aragon, Gallimard, col. « Biographie

Naissance de Louis Aragon, le 3 octobre 1897, il y a 120 ans: interview de l'écrivain Philippe Forest sur la vie et l'oeuvre d'Aragon
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:38
Manifestation contre les centres de rétention administrative et la politique répressive à l'égard des migrants et réfugiés à l'occasion des 10 ans de Saint-Jacques de la Landes le samedi 7 octobre à Rennes.
 
Le centre de rétention administrative (CRA) de Rennes a 10 ans...
c'est 10 ans de trop !
 
Des milliers de gens enfermé-e-s de force, parfois avec violence, et/ou expulsé-e-s.
Depuis juin, la Cimade 35 a initié une mobilisation visant à dénoncer ce qui se passe dans les CRA à l'occasion des 10 ans de celui de Rennes. (Vous trouverez d'ailleurs ci-joint le flyer annonçant l'ensemble des événements qui entourent ce triste anniversaire.)
 
La Coordination régionale Bretagne - Pays-de-loire - Normandie solidaire des personnes immigrées (elle réunit une dizaine de villes) a décidé d'apporter sa pierre à l'édifice de la mobilisation et elle a appelle à une grande journée régionale le samedi 7 octobre.
 
Cette journée sera l'occasion de faire converger la lutte pour le logement - occupation du gymnase Echanges depuis le 8 septembre - et la lutte contre l'enfermement des migrant-e-s, pour la régularisation de toutes les personnes sans-papiers.
 
 
. Moment 1 = 12 h - 14 h . Toutes les villes de la Coordination sont invitées à participer à un grand "pique-nique pour le logement et anti-CRA" qui aura lieu entre midi et 14 h place de la mairie à Rennes. Lors de ce pique-nique qui a vocation à rendre visibles les politiques d'enfermement et d'expulsion, une exposition retracera l'historique des CRA, de celui de Rennes en particulier. Des prises de parole seront aussi faites et proposées. 
 
. Moment 2 = 14 h - 15 h . Départ collectif en bus public pour rejoindre l'aéroport de Rennes, d'où partira la manifestation. Nous utiliserons les services publics en manifestant dans les bus. 
 
. Moment 3 = 15 h - 16 h . MANIFESTATION POUR L'ABOLITION DES CENTRES DE RETENTION ET POUR LA REGULARISATION DE TOUTES LES PERSONNES SANS-PAPIERS.
 
Après des prises de parole, la manifestation partira de l'aéroport et se dirigera vers le CRA en passant par Saint-Jacques. Sous réserve de confirmation, elle fera un détour pour aller poser une banderole anti-CRA sur un pont de la quatre-voies.
 
. Moment 4 = 16 h - 17 h . Tentative d'organiser un "parloir sauvage" avec les retenu-e-s. En cas de dispositif policier bloquant, nous utiliserons les téléphones et les mégaphones pour communiquer avec les retenu-e-s qui seront averti-e-s de la journée du 7 octobre dans les jours précédents.
 
Un goûter et de la musique viendront finaliser cette journée de mobilisation.
 
Par ailleurs, un rendez-vous va être demandé au Préfet de Bretagne par la Coordination ce jour-là
 
 
***
Car pour les 10 ans du CRA de Saint Jacques de la Lande  samedi 7 octobre mis à disposition par le collectif de défense des migrants et réfugiés:
 
Départ Landivisiau 11h30/ 12h
 
Morlaix 12h / 12h30
 
Guingamp : 12h45 /13h15
 
Prix non encore fixé inférieur à 20€.
COMME DE COUTUME CEUX QUI NE PEUVENT PAS VENIR ET SONT DE TOUT COEUR AVEC NOUS PEUVENT FAIRE UN PETIT CHEQUE QUI PERMET DE PROPOSER DES PLACES GRATUITES OU A TARIF REDUIT 
 
Adresser le chèque à Pays de Morlaix solidarité Migrants 22 résidence du pont Bellec 29 6000 Morlaix 
 
inscriptions par mail à adresser directement à Jean Jacques dont vous avez l'adresse en haut du mail ou par téléphone au 06 89 84 53 86 
Manifestation contre les centres de rétention administrative et la politique répressive à l'égard des migrants et réfugiés à l'occasion des 10 ans de Saint-Jacques de la Landes le samedi 7 octobre à Rennes.
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:36
En France, face aux violences contre les électeurs du référendum catalan, l'Elysée et la droite soutiennent Rajoy, la gauche est plus divisée (2 octobre, Médiapart)
En France, l'Elysée et la droite soutiennent Rajoy, la gauche est plus divisée
 PAR 

La droite comme le gouvernement ont redit lundi leur soutien au président du gouvernement espagnol dans son bras de fer contre les indépendantistes catalans, en dépit des violences policières observées dimanche. À gauche, le vieux fond jacobin pèse lui aussi.

Silence radio ou presque au plus haut sommet de l’État. Le fil Twitter de l’Élysée n’a rien publié depuis le 29 septembre, celui d’Emmanuel Macron, quant à lui, a condamné « l’acte barbare » commis dimanche à Marseille, ou retweeté la solidarité exprimée par la ministre des sports, Laura Flessel, aux victimes de l’effondrement d’une barrière au stade d’Amiens samedi. Mais le référendum en Catalogne – le “oui” l'a très largement emporté à 90 % avec une participation de 42,38 % – et, surtout, les violences policières qui se sont ensuivies ne semblent absolument pas concerner la présidence française. « Je n’ai aucun conseil à donner à Mariano Rajoy », le chef de l’État espagnol, a simplement dit Macron vendredi soir. Le président français s’est entretenu lundi avec le président du gouvernement espagnol, l’assurant de son « attachement à l'unité constitutionnelle de l'Espagne ». Le 7 septembre dernier pourtant, à Athènes, Emmanuel Macron estimait tenir « un discours de vérité, un discours sans ambages : en Europe aujourd’hui, la souveraineté, la démocratie et la confiance sont en danger » et n’hésitait pas : « Nous devons avoir l'autre courage de retrouver la voie de la démocratie. »

Le Quai d’Orsay a réagi en début d’après-midi lundi : « Nous avons pleinement confiance dans la capacité de la démocratie espagnole à conduire un dialogue politique apaisé, dans le cadre de la légalité constitutionnelle », a déclaré son porte-parole. Une position qui ne varie guère de celle exprimée le 21 septembre dernier, quand le porte-parole avait indiqué qu’« à l'heure où l'esprit d'unité et de solidarité doit plus que jamais nous guider dans la relance du projet européen, les autorités françaises rappellent leur attachement à une Espagne forte et unie ». Les fils Twitter des conseillers à l’Élysée ou à Matignon sont restés tout aussi silencieux dimanche. Au gouvernement, seul Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a été interrogé dimanche au Grand Jury de RTL. « Je crois à titre personnel à l’Europe des nations, pas des régions », a déclaré le ministre, seul membre du gouvernement à avoir réagi dimanche.

Les députés LREM ne sont guère plus bavards. Le président de l’Assemblée, François de Rugy, a estimé qu’il « ne faut pas chercher qui a tort ou qui a raison, il faut trouver une solution. Il faut négocier ». Sa collègue Albane Gaillot, députée de la 11ecirconscription du Val-de-Marne, a tweeté que « rien ne peut justifier l'utilisation d'une telle violence » quand son collègue de la 4e circonscription du Morbihan Paul Molac a juste relevé les « files d'attente en Catalogne pour pouvoir voter. Le peuple catalan se prononce de manière pacifique et démocratique ».

Chez Les Républicains, les voix sont rares à se faire entendre. Dominique Bussereau, ancien ministre des transports, est rigoureusement contre l’indépendance, une idée« stupide et indécente ». Philippe Bas, président de la commission des lois au Sénat, est lui aussi « profondément hostile au référendum », synonyme de « fin des grandes nations européennes », de « mort de l’Europe puissance » et de « déclin »

François Bayrou, président du Modem, est le plus modéré à droite. Sur Europe 1, il a estimé qu’il fallait « trouver une démarche pour que la reconnaissance d’identité ne mène pas à la division et l’affrontement »

À gauche, les lignes de partage sont mouvantes. Le PS dénonce les violences policières et appelle à une solution négociée sans soutenir l’indépendantisme catalan. Le Parti de gauche et La France insoumise restent sur une ligne jacobine : s’ils estiment que les violences sont inacceptables, ils rappellent leur attachement à l’État-nation, et sont donc, en creux, contre l’indépendance catalane. Seuls les Verts, le PCF et le NPA se prononcent franchement pour le droit à l’autodétermination. « Les images venues de Catalogne sont sans ambiguïté : ce dimanche 1er octobre est un jour noir pour la démocratie dans l’État espagnol », déclare le NPA dans un communiqué. Avant d’ajouter : « Le NPA condamne fermement la répression policière et le silence complice des autorités françaises, réaffirme son soutien aux droits démocratiques du peuple de Catalogne, et participera aux initiatives allant en ce sens. »

Les Jeunes Écologistes, dans un communiqué, jugent « intolérable que dans un pays se voulant démocratique, le souhait des citoyen-nes d’exprimer leur opinion par la voix des urnes, seule voie légitime, ne soit pas respecté ». « La Catalogne est, depuis plusieurs décennies, le lieu de questionnement sur son éventuelle indépendance portée par divers mouvements politiques. Les Jeunes Écologistes regrettent que le débat de fond sur l’autonomie de la région soit confisqué par le gouvernement espagnol », ajoutent les Jeunes Écologistes. 

Le PCF, par la voix de Pierre Laurent, son secrétaire général, appelle à une « solution politique démocratique » mais soutient pleinement « les efforts et initiatives de la gauche espagnole et catalane, qui, dans sa diversité, vient de publier un “Manifeste pour la liberté, la fraternité et la coexistence” appelant à sortir de cette crise dans le respect du droit des peuples à s’exprimer librement »

Le Parti socialiste parle pour sa part de « scènes de violence inacceptables » dimanche, et a appelé à « leur arrêt immédiat ». En forme de « ni-ni », le secrétaire national à la mondialisation, Maurice Braud, estime que « le nationalisme du gouvernement catalan ne peut continuer d’avancer à marche forcée vers son autodétermination et le gouvernement central madrilène du Parti populaire au pouvoir ne peut persister durablement sur une ligne d’intransigeance totale ». Le PS appelle finalement à une« solution négociée »

La France insoumise est sur une ligne de crête. Jean-Luc Mélenchon a toujours affirmé qu’il voyait les mouvements indépendantistes comme des menaces pour l’État-nation. En septembre 2016, lors d’un entretien à Mediapart, il avait de nouveau déclaré à propos de l’Irlande ou de l’Écosse qu’il fallait faire « attention à la boîte de Pandore qu’on ouvre ! ». Et l’alors candidat à la présidentielle ajoutait : « Car ensuite viendront tout aussi légitimement la Catalogne, la Flandre belge… En Europe, certaines nations sont des constructions récentes. Les royaumes sont par nature hétéroclites. Et les eurolâtres sont très friands de la mise en cause des États-nations. Après la destruction des acquis sociaux, la pente vers la destruction de la souveraineté nationale des peuples est déjà bien prise. Est-on prêt à voir bouleverser toutes les frontières en Europe ? » 

Bis repetita dimanche. Dans un billet de blog, Jean-Luc Mélenchon explique que la« question » des frontières « implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs ». Et le député de Marseille de rappeler le précédent yougoslave : « L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. »

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:19
Catalogne: les franquistes toujours là (José Fort, L'Humanité - 1er octobre 2017)
Catalogne, les franquistes toujours là
JOSÉ FORT
DIMANCHE, 1 OCTOBRE, 2017
L'HUMANITE
La police espagnole intervient violemment en ce moment à Barcelone et dans toute la Catalogne. L’Union européenne si prompte à donner des leçons de «  démocratie » particulièrement dans le Sud des Amériques observe un total silence.
Chacun y va de son commentaire «  pro » ou «  contre » souvent en se cantonnant dans le superficiel. Or, il est impossible de comprendre les événements en Catalogne si on ne fait pas un retour en arrière dans l’Histoire contemporaine de l’Espagne. Avec en toile de fond la dite «  guerre civile » qui fut, faut-il le rappeler, un soulèvement militaire soutenu par Hitler et Mussolini contre un gouvernement légalement élu, abandonné par les «  démocraties » de France et d’ailleurs. Ce gouvernement républicain présentait une tare indélébile : il s’attaquait aux intérêts des classes privilégiés et s’intéressait aux particularités régionales.
 
Une «  guerre civile », un Etat dictatorial pendant quarante ans puis une «  transition » dite «  démocratique » menée par les rejetons du franquisme avec les gauches, essentiellement le parti socialiste et le parti communiste qui misaient sur la fin de la clandestinité et le retour à une vie «  normale ». Rien d’indigne à un tel dénouement lorsqu’on a vécu si longtemps sous un régime fasciste avec comme seule perspective la prison ou le peloton d’exécution. Sauf que.
 
Sauf que des années après, deux constatations s’imposent : 
1/ Le rapport des forces à l’époque était tel qu’il était impossible que cette transition accouche d’une véritable démocratie, encore moins d’une République. 
2/  Les aspirations longtemps réprimées à la culture et à l’identité nationale avec l’irruption de nations dites «  périphériques » comme la Catalogne, le Pays basque ou encore la Galice étaient passées à la trappe. 
 
La répression n’a jamais pu contenir les cultures et les identités nationales. L’universitaire  Vincenç Navarro illustre bien cette réalité en racontant sa propre histoire : « J’avais dix ans et dans une rue de Barcelone je demande en catalan ma route à un policier.  Celui me crie dessus en ces termes : « Ne parles pas comme un chien, parle comme un chrétien. »
Il existe en Catalogne un nationalisme d’exclusion dont la bourgeoisie a fait ses choux gras. C’est ainsi que l’ancien président de la généralitat catalane, Jordi Pujol osait déclarer à propos de ces milliers de travailleurs immigrés « de l’intérieur » venus enrichir le patronat local : «  les immigrés murciens et andalous  ont des capacités intellectuelles inférieures aux catalans. »
J’ai retrouvé les notes de la dernière interview  que m’avait accordée une légendaire figure antifranquiste peu de temps avant sa mort, le dirigeant du PSUC, l’antenne catalane du parti communiste d’Espagne, Grégorio Lopez Raimundo. Il me disait : «  Les luttes sociales et la récupération de notre identité catalane sont indissociables. Nous ne somme pas indépendantistes, nous sommes favorables à l’autodétermination et à la construction d’un Etats pluri national respectant les identités et les particularités de chacun dans le cadre d’une coopération entre toutes les régions d’une Espagne démocratique et de progrès. Bref, un Etat fédéral. »
 
Dans le même temps, nous assistons
à un retour en force de l’extrême droite.  Mon copain Jean Ortiz rapporte que « des partisans d’une Espagne réactionnaire, excluante, repliée sur elle-même, marquent des points, notamment dans le reste de l’Espagne où le gouvernement fait régner un climat anti-catalan hystérique. L’extrême-droite instrumentalise les courants identitaires : on entend reparler de « l’anti-Espagne », de « l’unité menacée », de « l’Espagne Une », d’ « ennemis de la patrie », de « sédition », de « séparatistes »... Les fondations anti-communistes, particulièrement celles liées à l’ancien président Aznar (très active au Venezuela), jouent les pyromanes, cherchent l’affrontement. » Le jeune leader d’Izquierda Unida, Alberto Garzón, s’est exclamé : « ils ne tolèrent pas la démocratie ». Telle est la vérité.
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:12
Catalogne: l'Etat de droit doit être respecté, Rajoy est la honte de l'Europe (Pierre Laurent, PCF)

Catalogne : l’Etat de droit doit être respecté, Rajoy est la honte de l’Europe ( Pierre Laurent)

 

Les nouvelles qui m’arrivent de minute en minute de Catalogne sont extrêmement préoccupantes. Le déploiement policier et l’usage de dispositifs anti-émeutes contre les citoyens de Catalogne sont indignes d’une démocratie. Le gouvernement conservateur de l’Etat espagnol ferme toute possibilité de solution démocratique et pacifique. Il ne fait qu’approfondir la crise structurelle de l’Etat espagnol et des institutions issues de la « Transition démocratique ». Rajoy est la honte de l’Europe. De nombreux secteurs de la gauche espagnole et catalane exigent sa démission. Je me fais le relai de cette exigence. 

Une grave crise démocratique se déroule aux portes de la France. J’appelle publiquement Emmanuel Macron et les ministres concernés, Jean-Yves Le Drian et Nathalie Loiseau, à cesser leur soutien à Rajoy sur cette question et à condamner la politique de répression menée par le gouvernement espagnol. 

Il est plus que jamais nécessaire de restaurer l’Etat de droit en Catalogne. La seule solution pour sortir de la crise avant que la situation ne dégénère plus gravement encore est de permettre la libre expression des citoyens catalans et des peuples d’Espagne, et de mettre en place les conditions d’une solution politique démocratique. Les libertés publiques fondamentales, aujourd’hui bafouées par Rajoy, doivent être respectées. Je soutiens les efforts et initiatives de la gauche espagnole et catalane, qui, dans sa diversité, vient de publier un « Manifeste pour la liberté, la fraternité et la coexistence » appelant à sortir de cette crise dans le respect du droit des peuples à s’exprimer librement. 

 

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 15:31
Israël: l'Etat français muet sur le cas Hamouri (tribune collective, Blog Invités Médiapart, 29 septembre 2017)
Israël: l'Etat français muet sur le cas Hamouri
Plusieurs spécialistes en géopolitique considèrent que le silence du gouvernement français sur l'incarcération de Salah Hamouri, franco-palestinien de 32 ans, arrêté le 23 août dernier à Jérusalem, « n’est qu’un exemple parmi bien d’autres du deux poids deux mesures qui est de mise quand c’est l’Etat d’Israël qui viole les droits de l’Homme et ceux des peuples ».

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » écrivait Albert Camus, et c’est ce qui vient d’être fait dans cette première phrase.

Cette formulation, habituelle dans le discours français, est caractéristique du fait que nous nommons tout ce qui concerne le conflit entre l’Etat d’Israël et le peuple palestinien – qu’on appelle improprement le « conflit israélo-palestinien » – en utilisant le vocabulaire israélien. Pour être exact, il aurait fallu nommer correctement le lieu, à savoir « Jérusalem-Est » afin de ne pas maquiller le fait que cette partie de la ville a été annexée unilatéralement et illégalement par Israël. Quant au statut de « résident » dont Palestiniens bénéficient il désigne le simple droit de résider dans leur propre ville et celui de voter aux seules élections municipales, mais pas la citoyenneté israélienne. Ces Palestiniens ne sont donc ni Israéliens ni Palestiniens. Ils « résident »

Dire « Jérusalem » sans autre précision et dire « bénéficier du statut de résident »permettent donc de passer sous silence la réalité : une annexion, une occupation militaire, des habitants tolérés dans une seconde zone juridique sur une base de discrimination ethnique et religieuse.

Dans le cas de Salah Hamouri, détenu depuis un mois, la presse en général et le gouvernement français sont restés silencieux. Etonnant ! Car les conditions de sa détention devraient soulever l’indignation. En langage conforme au discours israélien  on écrira : « La justice israélienne l’a condamné à six mois de détention administrative ».

En fait, cette justice qui met en « détention administrative », c’est ni plus ni moins que le même principe que les « lettres de cachet ».  Salah Hamouri, comme 400 autres Palestiniens actuellement, est « embastillé » et non pas détenu : pas de jugement contradictoire, pas d’inculpation, pas de preuves, un dossier secret. Et cette peine de 6 mois est renouvelable à l’infini sans avoir à en justifier.

Depuis le 23 août, rien ne permet de penser que le gouvernement français ait agi pour obtenir la libération de Salah Hamouri ou bien il l’aurait fait avec la discrétion et la retenue qui sont de mise quand les violations du droit international sont le fait de l’Etat israélien. Israël n’est tout de même pas la Turquie, le Venezuela ou la Hongrie de  Victor Orban… C’est vrai, sauf dans les Territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Gaza.

Or le cas de Salah Hamouri, notre compatriote, est emblématique de la répression exercée par l’Etat d’Israël et son armée d’occupation contre toute la population palestinienne à commencer par sa jeunesse. Mais en France, on ne parle pas « d’armée d’occupation israélienne ». On dit « Tsahal », un nom bien sympathique qui signifie« armée de défense ». Salah Hamouri a fait sept ans de prison entre 20 et 27 ans, de 2005 à 2011 sur la base d’une accusation que la France a finalement jugée sans fondements, mais elle ne l’a pas défendu pour autant. La France se mobilisait alors uniquement pour Gilad Shalit, soldat de « Tsahal », c’est à dire, en réalité, d’une armée d’occupation qui participait au terrifiant blocus de deux millions de civils.

Capturé par le Hamas à Gaza, Gilad Shalit, soldat israélien (mais pas « soldat franco-israélien » comme on l’a beaucoup écrit)  méritait  la sollicitude de la France en tant que prisonnier de guerre maltraité. Mais la France n’a jamais défendu les prisonniers politiques palestiniens maltraités détenus injustement et illégalement en Israël, dont, à l’époque, Salah Hamouri faisait partie. En dépit de ses engagements de signataire des conventions internationales, en particulier la 4ème convention de Genève, la France reste silencieuse et inactive face aux emprisonnements, hors du territoire occupé, de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, dont le seul crime est d’exister, et de ce fait de résister là où l’Etat d’Israël veut établir ses colons. Mais un « résistant » palestinien est considéré comme un « terroriste » de même que tous les Palestiniens dès l’âge des premières arrestations : 12 ans.  

Aujourd’hui, jeune avocat, Salah Hamouri est persécuté. Depuis un an et demi il est privé du droit de vivre avec son épouse française qui travaillait à Jérusalem dans un service français. Il est privé de son enfant. Sa femme française a été expulsée en janvier 2016 alors qu’elle était enceinte de six mois et l’enfant du jeune couple est né en France. Et le voilà emprisonné sans inculpation, sans jugement contradictoire parce qu’il résiste à l’expulsion déguisée que représente l’interdiction faite à son épouse et à son enfant de vivre à Jérusalem. « Qu’il parte ! Comme  tous les Palestiniens de Jérusalem et de Cisjordanie, qui devraient être expulsés en Jordanie ou bien en Egypte et, en attendant, être regroupés dans les enclaves palestiniennes de zone A et B » ! Voilà ce que veulent Avigdor Lieberman et le gouvernement extrémiste israélien, Lieberman qui a signé l’ordre de détention administrative de Salah Hamouri. Mais, si on reprend comme d’habitude le vocabulaire israélien pour évoquer cette expulsion programmée des Palestiniens, on n’emploiera jamais le mot de « déportation » qui est le seul mot juste.

Ne pas défendre Salah Hamouri, accepter que la persécution qu’il subit l’amène un jour à abandonner sa ville natale et ses compatriotes palestiniens pour venir vivre en France – ce qu’il ne fera pas ! – c’est donner son assentiment à la politique d’expulsion menée à Jérusalem et en zone C pour faire place à la colonisation israélienne du pays, achever la conquête, annexer la Cisjordanie. Est-ce la politique de la France ?

Continuer, dans le discours gouvernemental et dans les médias à utiliser le vocabulaire et les formulations martelés par la propagande israélienne, c’est accepter le crime en cours et ceux qui se préparent. S’en faire complice. Cela signifierait que, pour la France, la colonisation n’est pas un crime contre l’humanité partout. Autrefois, en Algérie alors que le concept n’existait pas encore, c’est un tel crime qui avait été perpétré, selon le président de la République. Aujourd’hui, en Palestine colonisée, il semblerait que ce ne soit pas un sujet et que toute mise en cause de cette colonisation-là doive être évitée pour ne pas nuire à nos excellentes relations avec la puissance coloniale, Israël et son« Cher Bibi »

Le sort qui est fait à Salah Hamouri en France, l’absence de vigoureuse campagne de presse en sa faveur alors qu’Amnesty international, par exemple, s’élève contre le déni de droit dont il est victime, le silence du gouvernement français face à l’expulsion de son épouse et à ses incarcérations n’est qu’un exemple parmi bien d’autres: du deux poids deux mesures qui est de mise quand c’est l’Etat d’Israël qui viole les droits de l’Homme et ceux des peuples. C’est une erreur d’un point de vue intellectuel et politique. C’est une faute contre les valeurs dont la République française se réclame. Les conséquences en politique intérieure et en politique internationale en sont déjà lourdes. Elles le seront plus encore à l’avenir : un tel parjure finit par se retourner contre ses auteurs.   

Les signataires : 

Monique Cerisier ben Guiga, sénatrice honoraire,

Dominique Vidal, historien et journaliste,

Géraud de la Pradelle, professeur émérite des Universités,

René Backman, journaliste,

Giovanna Tanzarella, militante associative,

Pierre Blanc, universitaire,

Agnès Levallois, consultante,

Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités.

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