Réponse d'Ismaël Dupont à l'appel à l'union de la gauche de citoyens de la région de Morlaix - 29 avril 2017
Merci pour cet appel. Nous partageons l'intention de votre démarche et en voyons la pertinence, surtout dans la période actuelle. Le rassemblement à gauche nous semble souhaitable et nécessaire sur la base d'un respect des uns et des autres, d'une discussion sur un projet politique social et écologique commun, se démarquant de l'austérité et du libéralisme, remettant en cause le cadre de la Ve République, de moins en moins démocratique, et la domination de la finance.
Depuis un an et demi, le Parti Communiste, nationalement, plaide pour un tel rassemblement de la gauche, plus large que le Front de Gauche, aux présidentielles, afin de faire barrage au FN et aux libéraux et de pouvoir faire gagner un projet bien ancré à gauche, en rupture nette avec le quinquennat Hollande, comme au Portugal actuellement par exemple.
Nous avons organisé des rencontres tout azimut avec des intellectuels de gauche non communistes, des personnalités d'EELV, de la gauche du PS, de la gauche anti-libérale et altermondialiste, dans le cadre des "lundi de la gauche" au siège du PCF pendant 8 mois. Nous avons accepté sur le principe de nous inscrire dans des primaires citoyennes de la gauche promus par des gens comme Caroline de Haas et une partie des instigateurs dans la société du mouvement contre la loi travail.
Nous voyons davantage ce vers quoi nous pouvons converger dans un avenir possible à construire en lieu et place des dangers qui nous menacent que ce qui ferait classer certains, pour d'autres, définitivement, du côté des "traîtres", des "mous", des "compromis", des "irrécupérables". Nous voyons un paysage politique en voie de décomposition et en mouvement, où il y a beaucoup à reconstruire en faisant des ponts entre les uns et les autres, où la gauche peut aussi être balayée pour des années.
Aux dernières régionales et aux dernières départementales, nous avons voulu du rassemblement de toute la gauche à la gauche du PS, tendant notamment la main à EELV. Au Mans, l'alliance PCF-Front de Gauche - EELV a remporté une élection départementale. Dans les Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon et dans la région PACA, des alliances Front de Gauche - EELV ont permis d'obtenir des scores à deux chiffres. En Bretagne, aux cantonales, EELV n'a pas accepté le rassemblement avec le Front de Gauche dans le Finistère, mais en Ille-et-Vilaine, il y a eu des rassemblements Front de Gauche (PCF) - Ecolos. Pour les régionales, EELV, après deux mois de discussion et un vote interne, a refusé le rassemblement avec le Front de Gauche alors qu'on leur proposait un accord où ils auraient eu la tête de liste (+ 2 à 3 têtes de liste départementales sur 4) et où on était d'accord sur l'essentiel du Programme. Résultat, aucun élu de la gauche indépendante du PS...
Aux présidentielles, malgré certains désaccords avec Jean-Luc Mélenchon (avec notamment sa conception du rassemblement, sa volonté de tourner définitivement la page du Front de Gauche, mais aussi avec certains points de sa stratégie politique et de son programme, sur lequel nous n'avons pas eu voix au chapitre), nous avons fait le choix de ne pas présenter de candidats et de soutenir activement sa candidature qui nous semblait la mieux à même de porter haut, et le plus haut possible, le score d'une gauche de transformation capable de politiser une bonne partie de citoyens hésitants, dégoûtés et tentés par l'abstention. Nous nous félicitons de son bon résultat, très important quoique insuffisant, auquel nous avons contribué (414 parrainages pour Jean-Luc Mélenchon sur 800 venaient d'élus communistes ou apparentés, nos militants ont fait le boulot dans une campagne autonome pour soutenir Jean-Luc Mélenchon en distribuant pendant 3 mois des tracts et en collant des affiches
Nous avons aussi toujours dit, depuis l'issue du second tour des primaires du PS et de ses alliés, nationalement et départementalement, que nous souhaitions un accord Mélenchon-Hamon (et Jadot pour EELV et Pierre Laurent pour le PCF) pour la mise en place d'un pacte majoritaire de gauche. La porte était étroite, mais ce n'était pas impossible, et cela nous semblait nécessaire pour avoir de vraies chances de se qualifier au second tour face à Le Pen, Macron ou Fillon, et pour gagner ensuite.
Même présidents, Hamon ou Mélenchon auraient de toute façon dû composer avec des majorités non monolithiques et travailler à des compromis ambitieux pour rassembler au-delà de leur seule base.
Tel n'a pas été le choix des candidats en question, et de leurs équipes de campagne, et, même s'il y avait des obstacles objectifs, nous le regrettons, car nous n'en serions pas là aujourd'hui si on avait posé les bases de ce nouveau Front Populaire, rendu possible par l'élection d'Hamon, un frondeur du PS, aux primaires du PS. Nous avons payé cher à la division d'un électorat qui sans partager tous les mêmes objectifs politiques, voulait néanmoins un infléchissement net à gauche des politiques suivies jusque là, l'invention d'un nouveau cadre démocratique et social.
Nous mêmes, dans le cadre du Front de Gauche, regroupant le PCF, Ensemble et des citoyens, à Morlaix, nous avons envoyé en septembre une demande de rencontre pour envisager les conditions d'un rassemblement possible et souhaité par nous à France Insoumise et à EELV.
Les deux ont décliné l'invitation, France Insoumise en invitant à rejoindre à titre individuel son nouveau mouvement qui aurait eu vocation à absorber ou marginaliser les partis existants, EELV disant qu'il ne voulait pas de tête à tête avec le PCF (c'était le Front de Gauche qui envoyait l'invitation, lequel est lui-même un rassemblement à gauche).
Départementalement, nous avons effectué la même démarche à l'échelle du Finistère pour le PCF, en faisant un appel au rassemblement dès juillet (répété à plusieurs reprises depuis, dont cette semaine) rencontrant à peu près tout le monde à gauche (sauf le PS, qui était dans la ligne du gouvernement dans le Finistère) entre juillet et octobre dernier pour dire notre disponibilité à des rassemblements aux législatives, sans effets. Des démarches identiques ont été fait dans beaucoup de circonscriptions (Douarnenez-Pays Bigouden, Brest centre et Brest rural notamment...) de la part du PCF, sans résultats probants.
Aujourd'hui, le résultat des présidentielles rend de plus en plus difficile à comprendre pour les citoyens la division à gauche, ou au moins dans la frange la plus progressiste de la gauche. Soutenant Mélenchon aux présidentielles, et voulons faire quelque chose d'utile aux législatives du très bon score de Mélenchon partout dans le Finistère, qui n'est pas qu'un vote d'adhésion pour France Insoumise, ses concepts et son programme, nous avons proposé à France Insoumise à nouveau des rassemblements à Brest, Douarnenez-Pont L'abbé, Landerneau-Landivisiau, dans le centre-Finistère, et à Morlaix, avec une rencontre prévue mardi.
Si EELV veut finalement nous rencontrer pour un accord aux législatives sur Morlaix, nous sommes partants pour une rencontre rapide.
Et nous rencontrerons aussi, avec le PCF Finistère, le PS la semaine prochaine, pas pour des accords de premier tour, mais pour une discussion politique approfondie sur la situation et l'avenir de la gauche.
Nous avons positionné deux candidats qui présentent un certain nombre d'arguments en termes d'engagements locaux, moi-même et Muriel Grimardias, de Lanmeur, présentés au titre du PCF, membre du Front de Gauche.
Nous ne sommes pas "intéressés" par une demande de retrait pur et simple qui reviendrait à nous demander de nous effacer dans l'élection la plus politique selon nous, alors que nous avons déjà fait le choix de privilégier le rassemblement et l'intérêt commun en ne présentant pas de candidat aux présidentielles, mais sommes toujours ouverts à la discussion pour une perspective de rassemblement sur un contenu qui nous convienne, et dans le cadre d'accords sur plusieurs circonscriptions du département qui permettent à chaque force politique de s'y retrouver, et de voir sa représentativité reconnue, tout en donnant des chances à l'élection de députés de gauche, et pour nous, vraiment à gauche, dans un contexte politique compliqué même si le score de Mélenchon a soulevé des promesses qu'il ne faut pas décevoir.
Du côté de France Insoumise, il y a des conditions pour l'instant posées comme préalables à tout accord qui posent problème pour nous: label France Insoumise, charte des Insoumis imposant notamment la discipline de vote à l'assemblée (alors que nous avons abandonné le centralisme démocratique). Il n'y a pas non plus non plus au niveau national de volonté pour l'instant de France Insoumise de faire un accord concernant une grande pluralité de circonscriptions, et tous les départements, avec le PCF. On ne sent pas non plus une grande volonté d'aller au rassemblement, ni à Morlaix, ni partout ailleurs, ni avec le PCF, ni avec d'autres forces du Front de Gauche dont les militants n'auraient pas rejoint les Insoumis. Nationalement, nous ouvrons notre volonté d'alliance aux législatives au PS de gauche, à EELV, à France Insoumise, et à la gauche de la gauche. Je ne sais pas si cela aboutira sur beaucoup d'accords de rassemblement car nous ne sommes pas seuls en jeu mais nous faisons les efforts, à l'échelle locale, nationale, départementale.
Enfin, nous pensons que les Partis politiques sont encore des cadres démocratiques d'engagement à respecter et qu'il est normal qu'ils veuillent pouvoir présenter leurs projets aux électeurs dans le cadre des élections législatives. L'absence de proportionnelle et la raison imposent le rassemblement pour être plus efficaces mais il est normal que chaque organisation politique cherche aussi à exister et à convaincre les électeurs de la justesse de ses points de vue. Il n'y a pas là simplement un jeu d'egos, ou des sectarismes partisans. C'est l'expression de la démocratie.
Malgré tout, pour nous, les circonstances exceptionnellement graves, le danger d'une politique ultra-libérale de Macron, ou d'une politique d'extrême-droite de Le Pen, le score historiquement bas de la gauche au premier tour des présidentielles, imposent une réaction et une volonté de dépassement des habitudes pour opposer une réponse de gauche efficace, laquelle passe par des rassemblements, des attitudes de dialogue et de responsabilité, le dépassement des sectarismes et des ressentiments pour se porter vers une volonté de construire ensemble.
Ce n'est pas de la langue de bois, ce n'est pas que des mots, je le pense, nous le pensons vraiment, et nous engageons des actes forts pour ça, parfois un peu trop seuls.
Donc, d'accord pour donner une suite favorable au contenu de votre appel, et pour vous rencontrer pour en discuter et présenter nos efforts pour aller dans ce sens, les blocages, et d'accord pour une union de la Gauche aux législatives, à certaines conditions (programme, réciprocité, respect des uns et des autres, dans la diversité des expériences militantes et politiques). Mais encore une fois la demande a déjà été envoyée aux intéressés pour envisager les conditions d'une telle union (sauf le PS, avec la politique duquel nous étions clairement en désaccord sous le quinquennat Hollande, et le PS local n'était pas ouvertement dans la résistance à cette politique, ni Lutte ouvrière, car aucune démarche précédente en vue du moindre rassemblement n'a abouti, même si nous respectons les militants, et leurs logiques).
A défaut de propositions (acceptables) d'accord et d'union de la part de nos partenaires potentiels, comme nous avons déjà beaucoup tendu la main tout en commençant à faire campagne, car 5 semaines entre présidentielles et législatives, c'est court, et que notre candidature est légitime en elle-même et soutenue par les militants communistes et de nombreux citoyens non encartés, nous nous présenterons aux suffrages de nos concitoyens et tenterons de les convaincre, sur la base d'un projet et d'une expérience, que nous avons le meilleur profil et la meilleure pratique politique pour leur donner pour donner à Morlaix un député vraiment de gauche pour les défendre.
Bien cordialement,
Ismaël Dupont (06 20 90 10 52)
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Appel de citoyens pour une union de la Gauche aux législatives
Nous, citoyen(ne)s morlaisien(ne)s, se revendiquant des valeurs de la Gauche, demandons aux représentants des différents mouvements (EELVerts, Front de Gauche, Les Insoumis, Lutte Ouvrière, Parti Socialiste) d’entamer immédiatement des discussions en vue de présenter une candidature unique dès le premier tour des élections législatives sur la circonscription de Morlaix. En effet, il est indispensable de constituer une force capable de s'opposer aux politiques libérales et d'exclusion, et d’être aussi une force de proposition pour construire une société plus solidaire, plus égalitaire et respectueuse des hommes et de l'avenir de la planète.
Vous soutenez cet appel. Merci de le diffuser largement auprès de vos ami(e)s en les incitant à l'envoyer à chaque candidat(e) potentiel(le) :
EELVerts : Christine Prigent
Front de Gauche : Ismaël Dupont
Les insoumis : Julien Kerguillec
Lutte ouvrière : Patricia Blosse
Parti Socialiste : Gwenegan Bui
Appel lancé par Sylvie BEGUIN - Cathy et Jean Pierre CLOAREC - Marie Anne DERROISNE - Anne GOBY – Claude GRAIGNIC - Claire LE BAS – Martine MAUPASSANT - Jean Claude PARDIGON – Daniel PEDRONO