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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 07:32

Il fut un temps, pas si lointain, où Manuel Valls, alors député-maire d'Evry, dénonçait je cite, "l'édification d'un mur honteux" par Israël, "la poursuite des colonisations, le sort des prisonniers, l'absence de dialogue, l'humiliation, bref des événements qui ne vont pas dans le sens de la paix". Il avait même une pensée émue pour les "habitants de Gaza, enfermés, qui vivent dans une situation infernale"

C'était le temps où il était antisioniste et donc antisémite, si l'on en croit les déclarations, récentes celles-là, d'un certain Valls Manuel, passé entre-temps par la case Matignon et aujourd'hui en déshérence sur les bancs de l'Assemblée Nationale. 

L'antisionisme est "synonyme de l'antisémitisme et de la haine d'Israël" assénait-il en mars 2016.

Vous critiquez Israël? Vous êtes antisémite! 

L'équation est simple. 

Mais Manuel Valls va encore plus loin. En ligne de mire, Pascal Boniface, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), dont il ne partage pas les opinions. Ce qui est son droit le plus strict. Mais voilà qu'on apprend, dans une interview publiée la semaine dernière dans Marianne, qu'il a "saisi les ministres des Affaires étrangères et des Armées qui financent l'Iris", parce que "ce qu'écrit Pascal Boniface depuis des années pose problème".

Manuel Valls cherche à fermer un institut parce que son directeur ne lui plait pas. Belle conception de la liberté d'expression et de la démocratie. L'ensemble des salariés de l'Iris fait bloc derrière Boniface. Valls devrait relire la lettre de l'historien israélien Schlomo Sand, envoyée à Macron, dans laquelle il se demandait sur les propos du président français - "l'antisionisme est la forme réinventée de l'antisémitisme" avaient pour but de "complaire" au chef du gouvernement israélien ou si ceux-ci révélaient "purement et simplement une marque d'inculture politique". Pour Valls, c'est sûr, il s'agit des deux. 

Pierre Barbancey, le 15 novembre 2017     

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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 07:23

Ravi

Ayant voué aux gémonies Freud et Sartre, ayant liquidé Marx, vilipendé la prétention qu'avait André Breton de théoriser, démasqué le pornographe Georges Bataille, l'autisme de Lacan, la perversité de Roland Barthes, Michel Onfray a enfin découvert un penseur à sa mesure. 

Guillaume Peltier, maire de la petite commune de Neung-sur-Beuvron et député du Loir-et-Cher. 

Fondateur de la Droite forte et soutien de Laurent Wauquiez, c'est l'homme d'un parcours intellectuel qu'on ne saurait sous-estimer. Proche de Le Pen, puis de Megret, puis de Philippe de Villiers avant de rejoindre l'UMP, cofondateur avec Nicolas Bay, du FN, de l'association Jeunesse action chrétienté contre le pacs, il ne lui a fallu pour séduire Michel Onfray qui s'est dit "ravi" dans une tribune dans la presse, qu'un seul article intitulé "Nos provinces, une chance pour la France". 

Enfin une parole face à ce "cosmopolitisme", écrit Michel Onfray, qui n'est pas la vraie France mais celle des "Robespierrots". Pétain l'avait dit, la terre ne ment pas.  

Maurice Ulrich, L'Humanité - 15 novembre 2017

Lire aussi: 

Onfray falsifie l'histoire: les communistes n'auraient parait-il commencé à résister qu'après l'invasion de l'URSS: Léon Landini, ancien résistant FTP-MOI, remet les pendules à l'heure

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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 06:07
L'hémorragie démographique à Morlaix: c'est grave, docteur? Moins 630 habitants entre 2016 et 2017

L'hémorragie démographique à Morlaix.

C'est grave, docteur?

Le recensement INSEE témoigne d'une très inquiétante baisse du nombre d'habitants à Morlaix. Entre 2016 et 2017, Morlaix compte 630 habitants en moins (presque - 4% de la population).

C'est extrêmement préoccupant.

D'autant que ce n'est que l'aggravation d'une tendance. La population de Morlaix est aujourd'hui de 15 633 habitants.

La population de Morlaix était de 16 701 habitants en 1990, 18 348 habitants en 1982, 19 237 habitants en 1975 et 19 919 habitants en 1968.

Comment expliquer cette évolution qui nous conduit tranquillement vers les - 15 000 habitants, le statut de 4e ville du Finistère (alors que nous étions la deuxième en nombre de population au début du XXe siècle).

Ce n'est plus tellement le pouvoir attractif des communes limitrophes à Morlaix, encore qu'elles perdent moins d'habitants que nous, en dehors de St Martin des Champs qui en perd aussi (78): l'ensemble des communes de la Communauté d'agglomération de Morlaix perd aussi malheureusement 694 habitants.

Mais le manque d'emploi et de dynamisme économique, les logiques de métropolisation (l'agglomération rennaise gagne près de 20 000 habitants chaque année ces dernières années), les difficultés structurelles des villes moyennes et petites éloignées des métropoles, particulièrement dans la diagonale Morlaix-Guingamp- Pontivy   ...

Et peut-être aussi ce qui est perçu comme un manque d'attractivité de la ville (habitat inadapté aux attentes de certains, impôts locaux élevés, services qui ne s'améliorent pas) qui pourrait être corrigée avec d'autres politiques municipales plus volontaristes et orientées sur le moyen et long terme, sur la qualité de vie, l'accompagnement des commerçants, entrepreneurs,le souci de construire avec les habitants et de dynamiser. 

En tout cas, il est temps de tirer la sonnette d'alarme! On ne peut plus faire l'autruche, gérer les affaires courantes comme si de rien était.

C'est un argument pour faire preuve de plus d'imagination et d'audace dans nos politiques publiques.

Ismaël Dupont. 

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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 06:00
L'ORPAM, l'office morlaisien des retraités et des personnes âgées, est très inquiet pour son avenir
L'Orpam est très inquiet pour son avenir.
 
J'étais présent mercredi dernier au Conseil d'administration de l'ORPAM (l'office des retraités et des personnes âgées de Morlaix, ancien office public dépendant directement de la mairie, désormais association conventionnée par la mairie de Morlaix).
 
Une nouvelle fois, comme pour la cérémonie des voeux en janvier, et plus encore que les années précédentes, Claude Le Luc, son président, et ses administrateurs, ont lancé un message d'alerte sur la baisse des subventions publiques, le manque d'assurance sur la capacité à financer le poste de salarié sur lequel reposent les activités de l'association, vu que le déficit atteint cette année 5 700€.
 
Et pourtant, le nombre d'adhérents de l'ORPAM a augmenté de 65% en 5 ans, avec plus de 170 adhérents en plus enregistrés (430 adhérents en tout, ce n'est pas rien!).
 
Morlaix s'est désengagé du printemps des générations (prix pour les jeunes créateurs d'entreprises innovants) animé par l'ORPAM et ne donne aucune subvention de fonctionnement à l'ORPAM alors que l'association, plus qu'un simple club de retraités, organisateur de loisirs et de voyages ou club d'amitié, poursuit en même temps que ces fonctions très utiles des objectifs de santé publique dans la prévention du vieillissement, la lutte contre l'isolement, des objectifs d'éducation continue et d'éducation populaire, de sport pour les seniors, de conseil et d'écoute. L'ORPAM a également un rôle d'information des personnes âgées, de formation des stagiaires et de conseil et concertation pour les politiques pour les seniors et associatives.
 
Pourtant, près de la moitié des adhérents de l'ORPAM viennent de commune autres que Morlaix, et Morlaix qui conventionne l'ORPAM lui attribue environ 45 000€ par an (subvention qui avait baissé il y a quelques années).
 
"On va tranquillement vers un dépôt de bilan" a dit Claude Le Luc.
 
Il ne reste que 2 ou 3 ans possible à tenir comme cela.
 
Et pourtant, le travail quotidien de 4 ou 5 bénévoles très qualifiés, dévoués et expérimentés n'est pas compté en charges financières pour l'ORPAM, et pourtant toutes les possibilités d'économie ont été explorées.
 
L'ORPAM pousse donc un cri d'alarme. Il doit être entendu, et être suivi d'actions...
 
Les retraités sont 5 fois plus nombreux aujourd'hui qu'en 1967. Ils sont 14 millions maintenant contre 3 millions en 67, grâce aux progrès de l'espérance de vie, au baby boom de la Libération.
 
Le Pays de Morlaix a lui même une population plus vieille que la moyenne du Finistère et a fortiori que le reste de la France.
 
L'accompagnement des personnes âgées, la prévention vieillissement font censément partie du projet de territoire de Morlaix Communauté sur les 10 ans à venir mais il n'y a pas d'actions significatives qui correspondent à ces déclarations d'intentions. Je l'avais déjà signalé en débat sur le projet de territoire à Morlaix-Communauté et au Conseil Municipal de Morlaix.
 
Je suis intervenu déjà plusieurs fois pour renforcer le soutien à l'ORPAM au Conseil Municipal de Morlaix et au Conseil Communautaire de Morlaix-Communauté en 2014, 2015, 2016, 2017, et encore ce soir en commission Finances de Morlaix Communauté pour alerter sur la situation et les responsabilités qu'il y aurait à la laisser pourrir.
 
Maintenant, il est temps d'agir, pour relever la subvention afin d'équilibrer le budget de l'ORPAM du côté de Morlaix (une hausse des cotisations adhérents outre le fait qu'elle serait insuffisante financièrement aurait des effets dissuasifs et contre-productifs probablement), et pour s'engager aussi enfin au côté de l'ORPAM en la considérant comme autre chose qu'un club des anciens et en prenant en compte son rôle spécifique au service des habitants de l'agglo du côté de Morlaix Communauté.
 
Nous les communistes, nous considérons que l'ORPAM est un outil essentiel, de service public, qu'il faut absolument consolider, et qui montre aussi la voie à suivre pour créer d'autres structures aussi polyvalentes et innovantes permettant de bien vivre le plus longtemps possible en retraite et de reculer les effets du vieillissement, la solitude et le mal-être des personnes qui prennent de l'âge.
 
Il est de la responsabilité de la commune et de la communauté d'agglomération de prendre en charge de manière prioritaire les besoins sociaux, et notamment les besoins liés au vieillissement de la population.
 
Ismaël Dupont, 14 novembre 2017
 
***
 
Le 18 janvier 2015 déjà, j'interpellais:
 
Financement de l'Orpam : l'inquiétude d'Ismaël Dupont

Le Télégramme, 18 janvier 2015:

Membre du conseil d'administration de l'Orpam et élu de l'opposition, Ismaël Dupont craint pour l'avenir de l'office. L'Office des retraités et des personnes âgées du pays de Morlaix (Orpam) voit déjà sa subvention annuelle réduite de 18 %, soit près de 10 000 € en 2015 (lire page suivante). « Or, à ce jour, dénonce Ismaël Dupont, même si 43 % de ses usagers viennent de communes autres que Morlaix, aucune solution de compensation n'a été trouvée avec la communauté d'agglomération, ni avec les communes de résidence de ces personnes âgées. »

Nombreuses sont celles qui utilisent les services de prévention et de lutte contre l'isolement de l'Orpam, « qui est bien plus qu'un club des anciens ou un organisateur de loisirs ». Déjà, explique le responsable Front de Gauche, « l'office ne peut plus s'acquitter de son loyer, ni financer dans l'année le salaire de son employé, absolument indispensable car les bénévoles sont déjà surchargés. »
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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 19:12
20ème anniversaire de la disparition de Georges Marchais, le 16 novembre 1997: « Marchais. Sans nostalgie », un article de Gérard Streiff
20ème anniversaire de la disparition de Georges Marchais, le 16 novembre 2017
« Marchais. Sans nostalgie »,

un article de Gérard Streiff

Publié dans la page « Histoire » du numéro de "Cause commune" de Novembre/décembre 2017 , la revue d’action politique du PCF:


 Le 16 novembre prochain marquera le vingtième anniversaire de la mort de Georges marchais. Né en 1920, il fut le premier dirigeant du PCF de 1969 (de fait) à 1994, soit vingt-cinq années, décisives dans l’histoire de ce parti. Après sa disparition, durant une longue période, on parla assez peu de lui. Normal, diront les historiens qui savent bien que la mémoire a besoin d’un peu de temps pour sédimenter, décanter, trier, comme s’il fallait d’abord passer par une sorte de purgatoire. Vingt ans après sa mort, le temps est venu d’un bilan serein.
Georges Marchais fut un tribun populaire. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui les foules que cet homme a pu déplacer et l’émotion qu’il a suscitée dans ces rassemblements. Il suffit pourtant de regarder ou écouter les archives (via Ciné Archives par exemple ou les archives de l’INA) pour prendre la mesure des mobilisations politiques de l’époque et de la complicité qu’il savait nouer avec son auditoire. Il y avait, chez nombre de militants et dans une large partie de l’opinion une réelle affection pour l’homme Marchais, que l’on retrouve intacte aujourd’hui encore chez bien des témoins de l’époque.
Sa popularité, il la devait à ses origines. C’était un ouvrier qui parlait aux ouvriers, un homme du peuple échangeant avec le peuple, phénomène rare voire unique dans la vie publique de cette époque.
Il la devait aussi à la maîtrise des médias, et singulièrement de la télévision, talent qu’il manifesta très tôt.
Peu d’hommes furent comme lui aussi systématiquement agressés tout au long de leur carrière et on peut penser que, paradoxalement, cette agressivité récurrente des dominants à son égard contribua à sa renommée.
Bref il fut un leader populaire qui sut imposer un genre, fonceur, voire effronté, une gouaille, se montrer charmeur à l’occasion (toutes choses qui lui valurent aussi de très solides et durables inimitiés).
Son passage à la direction du parti fut marqué, pour le PCF, par un double mouvement, contradictoire
Georges Marchais hérite d’un parti représentant 20% de l’électorat mais la formation qu’il quitte, un quart de siècle plus tard, a perdu entre la moitié (aux législatives) ou les deux tiers (présidentielles) de ses voix.
Il est donc contemporain d’une phase de recul sévère de l’idée communiste, phénomène alors il est vrai universel, et d’un renversement du rapport des forces à gauche, au profit de la social-démocratie et de l’entreprise mitterrandienne.
Dans le même temps, le parti dont il a la charge après 1968 sort d’une longue période de stagnation thorézienne (Waldeck Rochet a peu eu le temps d’imprimer sa propre marque, le « Manifeste de Champigny » mis à part) ; c’est un parti accroché à la dictature du prolétariat, au centralisme démocratique et à une discipline de caserne, au marxisme-léninisme, à la dévotion sovietiste, et au moralisme pesant. Ce parti, il va le transformer profondément (c’est lui qui parlera le premier de « mutation ») pour en faire une formation certes affaiblie mais moderne, démocratique.
Si l’on doit conserver de Georges Marchais deux ouvrages, ce sont sans conteste « Le défi démocratique » de 1973 et « Démocratie » de 1990, un même thème, on le voit, à près de vingt ans de distance.
Ces vingt-cinq années ne furent pas toutes d’un même tonneau. La première phase (1969/1981) fut extraordinairement dynamique, inventive, dense, ambitieuse. Elle correspond en partie à ce qu’on a appelé l’eurocommunisme, la recherche d’une troisième voie entre social-démocratie et soviétisme.
La seconde période est celle des années quatre-vingt où il fallut gérer la difficile cohabitation avec Mitterrand, dans et hors du gouvernement, avec l’impression être encalminé, et en mesurant aussi les risques réels d’implosion du parti.
La dernière partie, dramatique également, coïncide avec l’effondrement de l’Est, la désillusion créée par Gorbatchev, réformateur impotent, le retour d’un libéralisme sans vergogne et l’agressivité retrouvée de l’empire capitaliste, la multiplication des conflits aussi.
Le « règne » de Georges Marchais fut trop long, dira-t-on. Sans aucun doute. La conduite d’un parti, c’est largement l’engagement d’un chef, bien sûr, c’est aussi la qualité d’un groupe dirigeant. Marchais sut s’entourer d’hommes de qualité, on citera - pardon pour les absents, Jean Kanapa (disparu dès 1978), Charles Fiterman, Paul Laurent, ou de collaborateurs entreprenants, Jean François Gau ou Francis Wurtz, notamment. Un lien politique particulier a longtemps existé entre Georges Marchais et Charles Fiterman. Ce dernier semblait tout désigné pour lui succéder dans le courant des années 80. Puis le passage au gouvernement du ministre des transports, l’expérience délétère du pouvoir va changer la donne. Les deux hommes vont diverger, sur l’analyse de la crise, le rôle du parti, les rapports d’union, et la confiance entre eux va se rompre.
Trouver un successeur sera alors un long casse-tête pour Marchais qui va se résoudre à opérer le choix, transitoire pensait-il, de Robert Hue. Mauvaise pioche.
La vulgate médiatique –et tous ceux qui ne lui voulaient pas du bien - (n’) ont volontiers retenu de Georges Marchais (que) ses gaffes et des choix malheureux, des mots trop rapides, une ligne hésitante à l’égard de l’URSS, oscillant entre une critique radicale et des arrangements compliqués ; le « bilan globalement positif » ou le soutien à Brejnev lors de l’intervention soviétique en Afghanistan ; des coups de colère pas toujours appropriés ; une politique unitaire cahotique. Lui-même en a convenu, publiquement, à plusieurs reprises.
Cela n’enlève rien au fait que Georges Marchais fut un modernisateur ; il a modernisé la stratégie communiste désormais ancrée dans un engagement démocratique de manière irréversible ; il a modernisé l’approche de la crise capitaliste envisagée comme une crise de système (dès 1971 !) ; il a modernisé, non sans tâtonnements, la conception (et la pratique) du parti où s’imposera la règle du « travailler ensemble » ; il a modernisé aussi la manière de faire de la politique et de se saisir de l’outil médiatique ; il a modernisé encore les choix internationalistes des communistes, plus volontiers tournés vers Mandela, Castro, le Sud non aligné et le tiers monde en général que vers Brejnev, quoiqu’on en dise.
Il aurait dû aller plus loin ? Marchais s’est senti ligoté. Par le double héritage légué par Thorez et son un caporalisme néo-soviétique, et accessoirement par Waldeck Rochet et son « programme commun de la gauche ». A plusieurs reprises, Marchais aborda le débat sur le « retard » de 1956. Pourquoi ne l’a-t-il pas poursuivi et approfondi ?
Lors de l’écriture de l’ouvrage que je lui consacre (Marchais, Arcane 17), je fus intrigué par la façon qu’il avait, à la fin de sa vie, d’annoncer qu’il allait se mettre à la rédaction d’un livre politique en forme de testament, promesse qu’il ne tiendra pas (de la même manière, il arrêta les entretiens sur son autobiographie que nous avions entamés tous les deux).
Pourquoi ? On va dire, pour aller vite, qu’il ne se sentait peut-être pas assez légitime pour le faire. Le communisme, pour Marchais, est une « vocation tardive ». Il adhère à l’âge de 27 ans, alors que tous ses pairs, à cet âge, ont déjà une longue « bio », de fortes expériences (JC, Résistance, filiation, élus, etc). Malgré son incontestable autorité, il n’a pas voulu s’en prendre à ses prédécesseurs. Ou alors le temps lui aura manqué.
Parler de Marchais aujourd’hui n’est en rien une démarche nostalgique. C’est un travail d’historien, qui n’en est qu’à ses débuts et qui va évidemment se poursuivre. Il ne s’agit pas de chercher dans cette expérience des recettes toutes faites pour aujourd’hui et encore moins de faire parler l’ancien dirigeant pour solutionner des enjeux de l’heure.
Georges Marchais est mort, le parti, la société et le monde même où il évoluait ont radicalement changé. Les questions d’aujourd’hui sont totalement inédites. Mais s’il est un enseignement qu’on peut tout de même tirer, une ambition plutôt que l’on peut reprendre, c’est : ne pas avoir peur de révolutionner le parti pour être mieux à même de révolutionner la société.

Gérard Streiff 

20ème anniversaire de la disparition de Georges Marchais, le 16 novembre 1997: « Marchais. Sans nostalgie », un article de Gérard Streiff
20ème anniversaire de la disparition de Georges Marchais, le 16 novembre 1997: « Marchais. Sans nostalgie », un article de Gérard Streiff
20ème anniversaire de la disparition de Georges Marchais, le 16 novembre 1997: « Marchais. Sans nostalgie », un article de Gérard Streiff
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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 08:12
Le jeudi 16 novembre, tous dans les manifs pour construire la riposte à la politique pro-riches de Macron! Construisons la France du progrès social ! (PCF 29)
 
Contre la politique du Président des Riches, toutes et tous dans la rue le 16 novembre!
Face à la politique d'Emmanuel Macron et de son gouvernement la Fédération du Finistère du Parti Communiste Français appelle à participer nombreux
aux manifestations intersyndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDEL), interprofessionnelles, étudiante et lycéenne

le jeudi 16 novembre

à 10 h 30  Place de la liberté à Brest

à 10h30 Place de la Résistance à Quimper

à 10h30 Place des Otages à Morlaix  

à 10h30 à Quimperlé

à 10h30 à Carhaix

Face à la politique libérale d'Emmanuel Macron, grand commis du Medef, des banques et des multinationales, faisons-nous entendre. Casse du Code du travail par les ordonnances, baisse des APL, hausse de la CSG, réforme de l'ISF, suppression des emplois aidés, mise en application du Ceta... Toutes les décisions vont dans le même sens. Pour les riches et les grandes sociétés, toujours plus de pouvoirs, de cadeaux fiscaux, d'accumulation financière. Et toujours plus d'évasion fiscale, sport très lucratif des "premiers de cordée" qui coûte 80 milliards d'euros par an au budget de la France. 

Pour les salariés, du public et du privé, les retraités, les demandeurs d'emploi, les précaires, les jeunes, toujours plus de prélèvements et toujours moins de droits et de protections, qu'il s'agisse du code du travail, du logement, du chômage, de la Sécu, des retraites, des services publics. Cette politique impitoyable pour le plus grand nombre, et plus encore pour les plus modestes, creuse les inégalités, la pauvreté.

Cela ne peut plus durer! 

Les communistes appellent au rassemblement contre cette politique désastreuse, pour une nouvelle phase du progrès social. 

Une autre utilisation des richesses est possible!  

Alors, le 16 novembre, manifestons pour refuser la casse du code du travail avec les ordonnances, dénoncer les dispositions inégalitaires votées dans le budget (ISF, APL, réforme impôt sur les hauts revenus...) qui viendront enrichir les plus fortunés. Elle appelle les personnels et les usagers à se mobiliser pour l'hôpital public et les services publics lourdement menacés.
 
La Fédération du Finistère du Parti Communiste Français, le 15 novembre 2017 
Le jeudi 16 novembre, tous dans les manifs pour construire la riposte à la politique pro-riches de Macron! Construisons la France du progrès social ! (PCF 29)
Construisons la France du progrès social !

Le Président de la République et son gouvernement ont choisi de faire plus de 20 milliards d’euros de cadeaux aux plus riches et donné de nombreux gages au patronat en s’attaquant aux droits des salariés. Emmanuel Macron théorise le fait qu’en donnant aux plus aisés il y aura mécaniquement un effet positif sur les classes moyennes et populaires. C’est la fameuse théorie du ruissellement. Jamais démontrée, totalement injuste. Ces choix politiques n’aboutiront qu’à une aggravation des inégalités. Il y urgence à proposer une autre utilisation de l’argent. La France retrouvera la croissance et la prospérité si elle renoue avec le progrès social pour tous. L’argent existe. Il faut le réorienter.

Le PCF propose 
Reprendre l’argent :

- Suppression de la réforme de l’ISF : +3,2 Milliards d’euros

- Suppression de la taxe unique à 30 % et de la baisse de la taxe sur les transactions financières : 4 Milliards d’euros

- Suppression de la baisse de l’impôt sur les sociétés : + 1,2 Milliards d’euros

- Suppression du CICE : + 28 Milliards d’euros  

Plan de lutte contre l’évasion fiscale : 7 Milliards d’euros 

Répondre aux besoins humains:

28 Milliards d’euros pour le pouvoir d’achat : annulation augmentation de la CSG, baisse de la TVA sur les produits de 1ere nécessité,

rétablissement de la demi-part des veuves et veufs

 6,5 Milliards pour l’hôpital public et la Sécurité sociale

 5 Milliards en faveur de l’école publique et de l’éducation

 3 Milliards pour les collectivités locales et les services publics

 2,5 milliards d’euros pour le logement

Le jeudi 16 novembre, tous dans les manifs pour construire la riposte à la politique pro-riches de Macron! Construisons la France du progrès social ! (PCF 29)
Le jeudi 16 novembre, tous dans les manifs pour construire la riposte à la politique pro-riches de Macron! Construisons la France du progrès social ! (PCF 29)
Le jeudi 16 novembre, tous dans les manifs pour construire la riposte à la politique pro-riches de Macron! Construisons la France du progrès social ! (PCF 29)
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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 08:00
Les services publics sont notre bien commun! Agissons pour leur développement. Défendons-les! (PCF 29 - 15 novembre 2017)

Déclaration et tract du PCF Finistère qui sera relayé dans les sections à l'occasion des manifs du 16 novembre et après. Au coeur des luttes pour la défense des services publics!

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 07:51
Les communistes et Octobre 1917 - le dossier de la revue "Cause Commune", novembre 2017 - Florian Gulli et Saliha Boussedra, philosophes et membres du PCF
Par  

Présentation du dossier : OCTOBRE 1917 ET NOUS

Le centenaire d’Octobre est l’occasion de remettre à l’ordre du jour l’idée de « révolution ».

Il existe bien des points de vue sur Octobre à l’intérieur du PCF : des humeurs, des a priori mais aussi des réflexions construites, nourries et pourtant contradictoires. Le rôle de ce dossier n’est évidemment pas de trancher parmi ces lectures. Ce n’est pas la fonction de la revue Cause commune. Ce qu’elle peut faire, plus modestement, c’est donner à voir ces différentes approches et, ce faisant, peut-être contribuer à travailler à leur compréhension, voire leur dépassement. Beaucoup ont écrit des choses profondes et informées sur la question. Mais de nombreux échanges ne virent-ils pas à la caricature dès que le spectre de 17 approche ? « Staliniens », crie-t-on vite ici ; « liquidateurs », répond-on là… 17 ne vaut-il pas mieux que cela, et nous avec lui ?

Octobre, fille du grand carnage impérialiste
N’en demeure pas moins que dire ce qu’est « Octobre » est plus difficile qu’il n’y paraît. Car Octobre n’est pas seulement ce 25 octobre 1917 à Petrograd qui fut, pour notre calendrier grégorien, un jour de novembre. Octobre paraît peu après l’aube d’un siècle nouveau, celui que l’historien Eric Hobsbawm nomme « le court XXe siècle ». Peu après l’aube, car tout commence véritablement à l’été 1914. La révolution d’Octobre est fille du grand carnage impérialiste. Précision importante pour contrer la lecture libérale du siècle. Octobre n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein, l’événement qui viendrait dérégler la belle machine. L’Europe d’avant Octobre n’est pas un havre de paix et de démocratie. Les puissances européennes se partagent le monde et écrasent les peuples colonisés. Elles rivalisent de plus en plus dangereusement ; le militarisme, comme un poisson dans l’eau, gagne du terrain. Le mouvement ouvrier se renforce, suscitant l’hostilité de plus en plus farouche de la classe dominante. À tel point que beaucoup verront dans la Grande Guerre qui s’annonce la possibilité de faire d’une pierre deux coups : écraser l’ennemi à l’extérieur et, mesure prophylactique, se débarrasser des subversifs à l’intérieur.
Parler d’Octobre, c’est donc parler de ce « court XXe siècle » inauguré par la Grande Guerre. Tâche colossale pour qui veut être sérieux. Tâche bien trop grande pour ce dossier qui ne cherche qu’à envisager la question au présent des communistes français : qu’est-ce qu’Octobre nous dit, un siècle après ?

Souffle d’octobre et ombres sinistres
Car Octobre est de ces événements qui transforment les siècles et cette révolution projette, sur les décennies qui la suivent, tant de lumières inédites et tant d’ombres saisissantes. Contradictions qu’il faut assumer pour ne pas être unilatéral, pour pouvoir penser le réel dans sa complexité effective.
D’un côté, l’exceptionnelle grandeur. Les premiers décrets émancipateurs dans le sillage de l’insurrection bolchevique. Les aspirations profondes de tant d’ouvriers, de paysans, de femmes, de soldats, de minorités nationales, etc., enfin satisfaites. Le développement industriel d’un pays où tout manquait. La résistance héroïque à l’invasion des troupes hitlériennes puis la bataille de Stalingrad, presque oubliée chez nous, et pourtant véritable tournant de la guerre, coup d’arrêt au projet de domination coloniale à l’Est, début de la fin du nazisme. Youri Gagarine, aussi, le premier homme dans l’espace. Le souffle d’Octobre ensuite dans les pays colonisés qui vont bien souvent marcher vers l’indépendance avec le drapeau rouge. Et parallèlement, dès l’année 1917, l’agression de la Russie par les pays européens pour détruire le pouvoir des soviets et forcer la Russie à continuer la guerre contre l’avis de son peuple. Le soutien des puissances capitalistes à toute sorte de dictatures partout dans le monde où les peuples commençaient à se lever, les guerres menées pour maintenir la domination coloniale. Souffle d’Octobre enfin dans les pays capitalistes eux-mêmes où les luttes pour les droits sociaux et la sécurisation des vies ouvrières se voyaient renforcées par la présence d’un bloc soviétique effrayant la bourgeoisie, la contraignant à des concessions jamais vues.

« Ce qui se dit en octobre 1917 est de brûlante actualité : c’est que nous pouvons transformer le monde, que nous pouvons amorcer la sortie du capitalisme. »

Mais il y a aussi l’autre côté, les sinistres ombres. Peut-on parler d’Octobre sans parler de Staline ? Sans parler du type de commandement arbitraire mis en œuvre en URSS à partir de la fin des années 1920 et dont on peut repérer quelques signes avant-coureurs dès avant ? Type de commandement que l’on retrouvera souvent sous d’autres latitudes, et dont beaucoup de communistes furent les premières victimes ? Comment expliquer que l’URSS, une fois passée la période de troubles des années 1930, une fois passée la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale, ne soit pas parvenue à trouver une vitalité suffisante ? L’ère Brejnev ne donne-t-elle pas l’impression d’un régime sclérosé ? Par ailleurs, comment rendre compte de l’absence durable d’institutions démocratiques dans les régimes socialistes ? Comment y parvenir sans s’aligner sur la position libérale qui criminalise toute alternative au gouvernement représentatif et à l’absence de démocratie économique ? Comment y parvenir sans se satisfaire non plus de l’explication par la seule pression impérialiste sur les pays socialistes ? Et la disparition presque partout des régimes se réclamant d’Octobre ? Peut-on s’empêcher d’y voir un symptôme ? D’autant plus que les communistes de ces pays ne s’y sont guère opposés, d’autant plus que les populations ne les ont pas défendus.

Un des grands faits de l’histoire de l’humanité 
La diversité des jugements communistes renvoie donc aussi pour partie à la complexité et aux contradictions de cette longue histoire du siècle passé. Ce qui devrait cependant les réunir, c’est la volonté de s’approprier cette histoire, de la penser de façon autonome, de ne pas la laisser aux libéraux qui l’abordent toujours avec une même arrière-pensée : justifier le capitalisme et jeter le discrédit sur les aspirations populaires et les alternatives. Les communistes n’ont-ils pas à apprendre de ces expériences collectives, de leurs réussites comme de leurs échecs, de leur incroyable héroïsme com­me de leur dramatique perversion, pour penser sérieusement la construction d’une société d’émancipation ?
Mais faut-il s’interdire de considérer la révolution de 1917, comme si elle contenait par principe et Staline et Brejnev, voire Poutine ? Comme si la Révolution française contenait par principe Charles X, Napoléon III, Pompidou et Macron… Quoi qu’il en soit des contradictions du XXe siècle et de la complexité des régimes socialistes qui suivirent, il faut regarder Octobre pour ce qu’il est, « un des grands faits de l’histoire de l’humanité » (John Reed). Ce qui se dit en octobre 1917 est de brûlante actualité : c’est que nous pouvons transformer le monde, que nous pouvons amorcer la sortie du capitalisme. Non pas en attendant passivement que l’histoire accouche par elle-même d’une autre société mais à force d’audace et de travail. Et si cette audace est d’abord celle de masses populaires, elle est aussi et en même temps celle d’un parti en harmonie avec les aspirations majoritaires.
Et l’on comprend les motifs idéologiques tapis derrière l’historiographie dominante depuis les années 1970 en France. La relative bonne image dont pouvaient jouir Lénine et la révolution d’Octobre maintenait ouvert l’horizon d’une autre société. Il fallait repeindre tout cela en noir, éteindre la flamme, nous réassigner au capitalisme, quoi qu’il en coûte. Et cela au prix d’analyses historiques souvent partiales, souvent légères d’un point de vue méthodologique. Le dernier livre du philosophe Lucien Sève, Octobre 1917. Une lecture très critique de l’historiographie dominante (choix de textes de Lénine, éditions sociales, 2017) met en lumière ces biais idéologiques qui, pour être inlassablement répétés, n’en restent pas moins des caricatures.
Le centenaire d’Octobre est l’occasion de remettre à l’ordre du jour l’idée de « révolution ». Non pas le bain de sang et le carnage, comme se plaisent à le répéter les partisans de l’ordre établi. Et il faut rappeler à ce propos le mot de Hobsbawm : « On a dit qu’il y avait eu plus de blessés lors du tournage du grand film d’Eisenstein, Octobre, qu’au cours de la prise du palais d’Hiver, le 7 novembre 1917. » Non pas ce mot galvaudé par le premier Macron venu et qui désigne l’intensification de la lutte de classes du côté des dominants. Non, la « révolution » comme transformation radicale des structures sociales par le peuple et pour le peuple ; l’entrée dans un processus de sortie du capitalisme par ceux qui ont le moins intérêt au statu quo. Pour contribuer à cette tâche, parlons d’Octobre…

Saliha Boussedra est responsable de la rubrique Féminisme.
Florian Gulli est coresponsable de la rubrique Dans le texte. Ils ont coordonné ce dossier.

Les communistes et Octobre 1917 - le dossier de la revue "Cause Commune", novembre 2017 - Florian Gulli et Saliha Boussedra, philosophes et membres du PCF
Les communistes et Octobre 1917 - le dossier de la revue "Cause Commune", novembre 2017 - Florian Gulli et Saliha Boussedra, philosophes et membres du PCF
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 Brossons un rapide tableau de la Russie au début du XXe siècle.

Brossons un rapide tableau de la Russie au début du XXe siècle. La Russie, (très) majoritairement paysanne, s’engage tardivement mais à caden­ce soutenue sur la voie du capitalisme et de l’industrialisation. Un océan de paysans (face à des nobles, grands propriétaires terriens), des îlots déjà notables d’ouvriers (face à des bourgeois et des nobles, propriétaires d’industries). Au plan politique, l’Empire est le plus autoritaire de toute l’Europe : c’est l’autocratie. Le tsar tient tous les pouvoirs entre ses mains : la Russie n’a pas franchi le cap de 1789. L’opposition libérale monte chez les bourgeois mais reste timide ; les libertés sont de toute façon muselées. Dès lors, les socialistes sont d’une maigre influence, d’autant qu’ils sont très divisés : po­pu­listes (narodniki) puis « socia­listes-révolutionnaires » (SR) implantés à la campagne promeuvent un socialisme agraire suivant une voie russe propre ; mencheviks et bolcheviks s’inscrivent davantage dans les débats du socialisme européen.

Il faudrait parler longuement de 1905 avec la révolution populaire qui s’invite en Russie au cours de la guerre russo-japonaise et invente les soviets (conseils). Mais puisqu’il faut résumer la chose à l’extrême, filons droit en 1914 : l’Empire russe, allié de la République française depuis la fin du XIXe siècle, entre en guerre contre les puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman). Vingt millions d’hommes sont mobilisés ; dans une armée encadrée par une noblesse à l’ancienne, les soldats (ouvriers et, surtout, paysans) sont traités comme des moins que rien. Peu équipés, leur vie est allègrement sacrifiée, sans états d’âme. La guerre dure et monte, irrésistible, l’aspiration à la paix.

En quelques jours de février 1917, elle emporte le régime tsariste ; le matin même du 27 février, le peuple russe (notamment celui de Petrograd, alors la capitale – actuelle Saint-Pétersbourg) ne sait même pas que dans quel­ques heures, il aura fait tomber un régime de fer inflexiblement installé depuis plusieurs siècles : c’est la révolution de Février. Se met en place un gouvernement provisoire (GP) dominé par les libéraux (dits KD ou cadets pour constitutionnels-démocrates). En parallèle, les soviets se déploient, dominés par les SR, mencheviks et autres socialistes « modérés » (comme le populaire Kerenski).

Mais la paix n’advient pas, alors que la révolution qui porta ces hommes (des soviets et du GP) au pouvoir la plaçait comme une exigence centrale. Il est même question, dans une note officielle du ministre des Affaires étrangères (KD) Milioukov, de poursuivre la guerre « jusqu’à la victoire finale ». Le peuple russe apprend ainsi à ses dépens qu’il ne suffit pas de porter des hommes au pouvoir pour que ceux-ci fassent ce pour quoi ils y ont été placés. Les libéraux perdent leur crédit. On condamne. On remanie : les socialistes « modérés » entrent en masse dans le gouvernement (sept ministères KD ; six ministères socialistes, dont l’Agriculture pour le SR Tchernov et la Guerre pour Kerenski).

La paix advient-elle désormais que les socialistes sont dans la place ? Nenni. Kerenski lance même une offensive à l’été et restreint les libertés octroyées après Février. Les revendications en matière économique et sociale ne sont pas davantage écoutées. La ligne de Lénine, tenue dès février et alors inaudible jusqu’au sein de la direction bolchevique, gagne alors en écho : Février n’a été que le prélude bourgeois à la révolution prolétarienne qui est à l’ordre du jour. Une partie du peuple russe veut donc placer les bolcheviks au pouvoir et renverser ces pouvoirs issus de Février mais infidèles à la promesse révolutionnaire. Lénine freine : la révolution est à l’agenda mais l’assentiment populaire n’est pas assez large. Cependant, Kerenski qui a pris la direction du GP, voit croître le danger bolchevique et se lance dans la répression contre les bolcheviks : prison, exil, saccage des locaux…

Devant les troubles et l’instabilité, le zélé Kerenski apparaît en deçà des attentes des dominants. Bourgeoisie, noblesse et haut clergé vont lui préférer un ancien général du tsar, homme à poigne : Kornilov. Un putsch est tenté en août. Kerenski libère les bolcheviks pour sauver sa peau et ce qui reste de Février. Le putsch est écrasé ; Février est sauvée. Les bolcheviks apparaissent comme ceux dont la contribution a été décisive et le crédit de ceux qui les ont calomniés (notamment sur le thème nationaliste « Lénine, agent allemand » car Lénine, comme d’autres révolutionnaires, avait pu rejoindre la Russie après Février grâce à l’Empire allemand qui comptait sur eux pour déstabiliser la Russie et, ainsi, affaiblir cet ennemi) et pourchassés décroît d’autant.

Les bolcheviks, petite minorité en février, gagnent alors la majorité dans les soviets. Pour Lénine, l’heure de l’insurrection a sonné. Le 25 octobre (7 novembre, dans notre calendrier), la révolution est en marche. Le palais d’Hiver est investi. Kerenski fuit. Presque aucune effusion de sang. Personne n’aura voulu défendre le régime vermoulu. La révolution d’Octobre 1917 est faite.

En quelques semaines, la face de la Russie change radicalement : décrets sur la paix, sur la terre, séparation de l’Église et de l’État, égalité des droits hommes-femmes, abolition des castes, titres et privilèges, contrôle ouvrier sur la production, nationalisation de toutes les banques, pleine liberté donnée aux nationalités opprimées… Lénine avance en 1921 : « La monarchie, les castes, la propriété terrienne et la jouissance du sol, la situation de la femme, la religion, l’oppression des nationalités. Prenez n’importe laquelle de ces écuries d’Augias [...], nous les avons nettoyées à fond. En quelque dix semaines, [...] nous avons fait dans ce domaine mille fois plus que n’ont fait, en huit mois d’exercice de leur pouvoir » les hommes de Février. Lucien Sève commente : « On se demande qui pourrait de bonne foi se refuser à reconnaître là une œuvre révolutionnaire-démocratique véritablement gran­­diose en sa rapidité. »

Pour sûr. Un siècle s’ouvre ; le communisme s’y est imposé au menu. Non sans susciter haine et terreur des possédants dans le monde entier. Non sans susciter espoir et luttes des travailleurs dans le monde entier. Déjà, Lénine (« le vieux ») n’a plus que six ans à vivre ; la bouillonnante Russie révolutionnaire se cherche (« Mon pays adolescent », Maïakovski). Le XXe siècle commence, impitoyable : « l’âge des extrêmes ».

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« La fusion du mouvement ouvrier et du socialisme », voilà comment Lénine concevait le parti révolutionnaire. Focalisés sur la question de la « forme parti », les débats contemporains ont tendance à occulter deux autres questions centrales posées par Lénine en son temps : celle de la composition de classe et celle de la théorie.

 

Soit le hors-série de L’Humanité, consacré à la révolution d’Octobre. En couverture, un Lénine déterminé, guidant prolétaires et peuples coloniaux vers le socialisme. Mais on s’aperçoit vite à la lecture du numéro – par ailleurs excellent en tout point – que Lénine n’a pas bonne presse. Le jugement le concernant est grosso modounanime : Good bye Lenin , mais sans point d’interrogation, et avec un « ouf » de soulagement. La thèse est la suivante : « On ne pour­ra renouer avec l’émancipation et la révolution qu’à la con­dition de se débarrasser de Lénine, en pensant hors des cadres définis par lui. »

« On ne peut battre un adversaire qu'en le connaissant, qu'en connaissant ses défauts (ses contradictions internes) et ses qualités, qu'en connaissant tous les terrains où se déroule le combat. »

Un des arguments qui a cours dans la galaxie communiste est le suivant : le déclin électoral du PCF et le recul du nombre de ses adhérents à partir des années 1980 demandaient une explication. Une hypothèse a été avancée : le déclin s’expliquerait en premier lieu par sa structure organisationnelle, la forme parti. Ce type d’organisation, hérité de Lénine, serait périmé désormais : trop centralisé, trop autoritaire, trop discipliné, etc. D’où la rupture nécessaire avec Lénine, avec Que faire ?, pour aller vers une organisation plus proche des mouvements, plus souple, plus participative, plus décentralisée, plus attentive à la spontanéité.

Le parti révolutionnaire selon Lénine
Pour discuter cet argument, il faut avoir une idée de la façon dont Lénine définit le parti révolutionnaire. Lénine ne cesse de répéter la même définition pendant près de deux décennies. Elle est reprise des commentaires que Kautsky fait du programme d’Erfurt en 1892 : « La social-démocratie est la fusion du mouvement ouvrier et du socialisme. »
Que trouve-t-on dans cette formulation ? Rien sur la forme organisationnelle. Cette dernière varie en effet selon les contextes ; la social-démocratie russe, condamnée à la clandestinité, ne peut avoir la même organisation que la social-démocratie allemande. Rien non plus sur le programme ou la tactique. Là encore, choses très variables ne permettant pas de définir tous les partis se réclamant de la Deuxième Internationale. Les deux seuls invariants identifiables sont la composition de classe de l’organisation sociale-démocrate ainsi que la référence à la théorie. La social-démocratie cher­che à faire fusionner deux groupes sociaux : les intellectuels, « la nouvelle classe moyenne » dont parle Kautsky, qui portent originairement la théorie socialiste, et le mouvement ouvrier, syndicats, associations de chômeurs, caisses d’entraide, coopératives, etc. Un parti révolutionnaire est donc concerné dans son être même par la question des classes, par la question de la division de classe en son sein. Il doit la regarder en face. À défaut de le faire, il trouvera, au lieu de la fusion, la marginalisation des ouvriers dans l’organisation. La formule célèbre – « L’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » – deviendra un vain mot. Cette question est une préoccupation permanente de Lénine : faire disparaître, atténuer tout au moins, cette division parmi les révolutionnaires.

Un ancrage ouvrier
Cette fusion n’est pas un processus spontané, bien au contraire. Elle n’a de chance d’advenir que par l’action volontariste du parti sur lui-même. C’est une véritable obsession de Lénine. Il faut d’abord connaître ce mouvement ouvrier. Dans Que faire ?, il écrit  : « Durant des semaines, je questionnai “de parti pris” un ouvrier qui venait chez moi, sur tous les détails du régime de la grande usine où il travaillait. Je parvins, à grand-peine il est vrai, à faire la description de cette usine (d’une seule usine !). Mais parfois, à la fin de notre entretien, l’ouvrier, en essuyant la sueur de son front, me disait avec un sourire : “Il m’est plus facile de faire des heures supplémentaires que de répondre à vos questions !”. » Dans un livre sur Lénine, Tony Cliff cite les Souvenirs sur Lénine de Kroupskaïa, sa femme : « Vladimir Ilitch s’intéressait à chaque détail de la vie ouvrière ; à l’aide de ces menus traits, il s’efforçait d’embrasser la vie de l’ouvrier dans son ensemble, de trouver le joint par où la propagande révolutionnaire pourrait le mieux pénétrer jusqu’à lui. La plupart des intellectuels de l’époque connaissaient mal les ouvriers. Ils se contentaient de venir faire dans les cercles ouvriers [éducation populaire] des sortes de conférences. »

« La focalisation du débat sur la forme parti a peut-être rejeté au second plan la question de la théorie et de la composition de classe de l'organisation. »

Il faut aussi que le parti choisisse de se donner des cadres ouvriers. En mai 1905, au IIIe Congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), Lénine propose aux organisations sociales-démocrates qu’« il y ait huit ouvriers pour deux intellectuels dans chacun de nos comités ». En novembre de la même année, en plein cœur de la révolution, il déclare : « J’exprimai au IIIe Congrès du parti le vœu de voir les comités du parti comprendre huit ouvriers pour deux intellectuels. – Que ce vœu a vieilli ! Il faut aujourd’hui souhaiter que les nouvelles organisations du parti comprennent, pour un intellectuel, plusieurs centaines d’ouvriers social-démocrates ! » Cette politique volontariste porte ses fruits. En 1905, le recensement des effectifs du parti compte 62 % d’ouvriers.

Une théorie révolutionnaire
Mais cet ancrage ouvrier ne suffit pas encore. Il faut aussi une théorie révolutionnaire. Lénine est clair : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Que recouvre l’expression « théorie révolutionnaire » chez Lénine ? Dans Aux paysans pauvres, écrit en 1903, Lénine écrit que « la théorie social-démocrate est la théorie de la lutte contre toute oppression ». Elle n’est pas la théorie de la lutte des seuls ouvriers. Elle doit rendre compte concrètement de tous les antagonismes de la société russe, y compris des antagonismes traversant la classe dominante. Comment lutter sérieusement contre un adversaire qu’on ne connaît pas ?
Par ailleurs, on trouve cette formule dans Que faire ? : « La classe ouvrière doit avoir une connaissance précise des rapports réciproques de la société contemporaine, connaissance non seulement théorique… disons plutôt : moins théorique que fondée sur l’expérience de la vie politique. » Non pas une théorie ésotérique réservée à une élite dirigeante et inaccessible aux masses, mais, beaucoup plus modestement, une « expérience ». En effet, lorsque Lénine parle de « théorie », il utilise souvent l’expression « élargir son horizon ». Grâce à la théorie, l’expérience des militants acquiert une dimension nationale et internationale. Au niveau national, le parti doit rendre ses membres sensibles à toutes les sortes d’oppression. Lénine vante le mérite des socialistes allemands : « Ils l’encouragent [l’ouvrier] à élargir son champ d’action, à l’étendre d’une seule usine à toute la profession, d’une seule localité à l’ensemble du pays. » La lutte pour la conquête de l’État a une dimension nationale ; il faut dépasser le localisme. Au niveau international : « Un mouvement amorcé dans un pays jeune [ici La Russie] ne peut être fructueux que s’il assimile l’expérience des autres pays. » La théorie permet d’assimiler les meilleures tactiques et stratégies de luttes, mises en œuvre ailleurs.

« Grâce à la théorie, l'expérience des militants acquiert une dimension nationale et internationale. »

Lorsque Lénine dit que le mouvement ouvrier a besoin de théorie, ce n’est pas donc du mépris annonçant la contrainte. C’est une idée simple : on ne peut battre un adversaire qu’en le connaissant, qu’en connais­sant ses défauts (ses contradictions internes) et ses qualités, qu’en connaissant tous les terrains où se déroule le combat. Or ces connaissances, nul n’en dispose spontanément car l’expérience que l’individu fait du monde social est fragmentaire. L’étroitesse de l’horizon est propre à tout groupe social. Lénine fustige les ouvriers qui ne pensent qu’aux problèmes ouvriers ; mais il fustige aussi les étudiants qui prennent leur université pour le centre du monde.
Voilà donc, au-delà du conjoncturel, ce qu’il en est du parti social-démocrate pour Léni­ne. Dans les réfle­xions sur le déclin du PCF, cet aspect de la pensée de Lénine est trop peu présent. La réflexion se focalise sur la forme organisationnelle – le dépassement de la forme parti – et l’on rejette alors souvent le modèle bolchevique, c’est-à-dire Que faire ? et surtout, en réalité, les codifications qui auront lieu ultérieurement en URSS. Or ce livre n’est pas un traité général d’organisation révolutionnaire. Lénine lui-même refusait d’en faire un modèle dès le IIe Congrès du POSDR, c’est-à-dire quelques mois après la parution de Que faire ? 

S’est-on suffisamment occupé de théorie ? 
On peut à partir de Lénine poser au parti révolutionnaire d’autres questions qu’organisationnelles, questions certes importantes mais qui ont aussi contribué à en occulter d’autres. Ainsi, depuis le tournant des années 1980, nous sommes entrés dans une nouvelle configuration du capitalisme que certains nomment « néolibéralisme ». S’est-on suffisamment occupé de théorie ? Avons-nous procédé à une étude concrète de toutes les formes de l’antagonisme en France ? Dispose-t-on d’un tableau complet de la bourgeoisie française, de ses contradictions internes, que nous pourrions exploiter en période de crise ?
Par ailleurs, s’est-on suffisamment occupé de la question de la fusion, ce qui était une autre obsession de Lénine ? L’avènement du néolibéralisme (ses fermetures d’usines, ses délocalisations, etc.) a bouleversé les milieux populaires, déracinant partiellement les organisations politiques et syndicales. La fusion relativement solide des générations précédentes s’est défaite. Mais le PCF lui-même la met-il suffisamment à l’ordre du jour ? Non, si l’on en croit Julian Mischi qui écrit dans son livre, Le Communisme dé­sarmé (Agone, 2014) : « L’ambition de promouvoir en priorité des responsables issus des milieux populaires est […] abandonnée. […] De façon significative, le logiciel [de la vie du parti, COCIEL] est programmé pour traiter une multitude d’indicateurs (âge, sexe, secteur d’activité, lieu d’habitation, etc.) sans que la catégorie socio­professionnelle soit prise en compte. Les adhérents sont différenciés selon leur branche d’activité (enseignement, collectivité territoriale, transports, fonction hospitalière, etc.), voire selon leur entreprise (SNCF, EDF, Air France) sans qu’on puisse savoir s’il s’agit d’un ouvrier ou d’un cadre. Cette distinction de classe n’est plus considérée comme une donnée importante. »
La focalisation du débat sur la forme parti a peut-être rejeté au second plan la question de la théorie et de la composition de classe de l’organisation. Précisément les deux choses qui définissent un parti révolutionnaire selon Lénine.

*Florian Gulli est philosophe. Il est responsable de la rubrique Dans le texte.

Alexandra Kollantai

Alexandra Kollantai

Feminisme et communisme, une association stratégique décisive 

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En 1917, la question des droits réels des femmes prend la forme d'une question de stratégie politique et syndicale décisive dans le cadre d'une perspective communiste révolutionnaire.

8 mars : journée internationale pour les droits des femmes. 8 mars 1917 (23 février), premier jour de la Révolution russe. Les ouvrières russes prennent la rue d’assaut et rencontrent les suffragettes. Dans ces tout premiers jours de la révolution russe, il est encore difficile de savoir s’il s’agit d’une révolte populaire ou bien d’une révolution. Il suffira de quelques jours pour que les soldats se mutinent après avoir tiré sur la foule et rejoignent dès le lendemain la foule révolutionnaire. Quelques jours encore pour voir le tsarisme et l’ancien monde féodal réduits en lambeaux.

Si la majorité des femmes qui prennent la rue le 8 mars sont des ouvrières et si la minorité sont des suffragettes, ce sont elles qui d’abord entraînent les hommes. Cette entrée dans la Révolution russe par les femmes semble marquer la place qu’elles y occuperont dans les premières années de la Russie révolutionnaire. Nous n’aborderons pas cette histoire des femmes en historienne que nous ne sommes pas mais nous chercherons à saisir les leçons que nous pouvons tirer de cette histoire pour nos luttes actuelles et à venir.

Une avancée considérable des droits des femmes 
Des luttes féministes des années 1970 en France est restée cette leçon, semble-t-il indépassable : la lutte féministe doit se constituer en mouvement autonome car il est impossible de défendre ses intérêts dans le cadre des partis ou des syndicats ouvriers. De cette leçon nous ne sommes toujours pas sortis. Il nous semble que si nous avons une leçon à tirer d’un point de vue à la fois féministe et communiste de l’expérience de la Révolution russe et bolchevique, c’est bien celui-là : des femmes luttant pour des droits ont été en mesure de s’associer à des hommes luttant pour des droits, et cette association, sans négliger tous les obstacles qu’elle a pu rencontrer, au premier rang desquels les difficultés d’ordre matériel liées aux structures patriarcales bien ancrées notamment dans la paysannerie, a permis une avancée considérable des droits des femmes et une avancée tout à fait précoce et extraordinaire au regard du développement socio-économique de la Russie de 1917 et des avancées dans les autres pays européens.

« Abolir la propriété privée familiale ne signifie pas abolir les rapports femmes-hommes, ni la parentalité, mais les conditions matérielles qui fondent ces liens, de la division du travail qui fonde cette forme de propriété privée. »

En effet, du côté des droits fondamentaux : légalisation du mariage civil, droit de divorcer par consentement mutuel, droit de vote, ministère pour la protection de la maternité et de l’enfance, légalisation de l’avortement dès 1920, proclamation de l’égalité homme-femme, adultère et homosexualité supprimés du code pénal, disparition de l’autorité du chef de famille. Du côté des droits du travail : congé maternité, égalité des salaires et égalité professionnelle, journée de huit heures, semaine de quarante-huit heures, création des assurances sociales. Du côté de la division du travail propre à la propriété privée familiale, selon Stéphane Lanchon : « La première Constitution de l’État soviétique reconnaît l’utilité sociale du travail ménager. Le programme du parti adopté en 1919 prévoit la socialisation du travail domestique via des équi­pe­ments communautaires. » Cette position est ainsi résumée par Lénine : « Le travail ménager écrase, étrangle, rabaisse et dégrade la femme ; il l’enchaîne à la cuisine et à la chambre des enfants, et gaspille sa force de travail dans un esclavage barbare, improductif, mesquin, horripilant, déconsidérant et écrasant… Cantines publiques, crèches, jardins d’enfants : voilà quelques exemples de ce qui est indispensable, voilà les moyens simples et quotidiens, sans grande pompe ni décorum, qui peuvent vraiment résorber et abolir l’inégalité entre hommes et femmes dans le domaine de la production sociale et de la vie publique » (Lénine, À propos de l’émancipation des femmes, éditions sociales).
La présence des femmes dans les organisations ouvrières (syndicales et politiques) est déjà constatable dès la Révolution de 1905, ce n’est donc pas, à proprement parler, les révolutions de février et octobre 1917 qui expliquent à elles seules ces avancées. Les femmes représentent déjà en 1917 une partie importante de la classe ouvrière, non pas en tant que femmes d’ouvriers mais bien en tant que travailleuses, dans l’industrie textile notamment. Dès 1905, la frange de la classe ouvrière la plus politisée, que l’on trouve en particulier chez les métallurgistes, a déjà une cons­cience avancée de l’importance de la mobilisation des femmes et de l’importance qu’elles représentent du point de vue de la stratégie politique et syndicale. Parce que notre époque ne lit les révolutions de 1917 que de manière rétrospective en projetant nos propres structures et difficultés à rassembler communistes et féministes, nous ne percevons et nous ne mettons en exergue que les difficultés qu’ont rencontrées les femmes russes à se faire entendre des hommes (difficultés bien réelles) mais, ce faisant, nous ratons l’essentiel, à savoir qu’ils et elles ont réussi dans une certaine mesure à les dépasser.

« La question des femmes et de leurs droits réels n'était donc pas une question secondaire et “sociétale”, elle constituait au contraire un enjeu fondamental dans la remise en cause de la propriété privée et de la division du travail qui la fonde. »

L’importance de la place des femmes dans la perspective révolutionnaire
S’ils ont réussi à les dépasser, c’est  en raison de la profonde conviction, au sein de la fraction révolutionnaire de la classe ouvrière ainsi que de ses dirigeants, de l’importance de la place des femmes dans la perspective révolutionnaire. Contrairement à notre époque où le féminisme est simplement rangé parmi les questions dites « sociétales », les révolutionnaires russes avaient d’une part pris la mesure de la composante matérielle des catégories de travailleurs où les femmes étaient nombreuses, d’autre part ils savaient que le but d’une révolution communiste consiste en l’abolition de la propriété privée. Cela ne signifie rien de moins que l’abolition de la propriété privée des moyens de production ainsi que de la propriété privée qui a trait à la famille et à la division du travail qui la caractérise. (Abolir la propriété privée familiale ne signifie pas abolir les rapports femmes-hommes, ni la parentalité, mais les conditions matérielles qui fondent ces liens, de la division du travail qui fonde cette forme de propriété privée.) La question des femmes et de leurs droits réels n’était donc pas une question secondaire et « sociétale », elle constituait au contraire un enjeu fondamental dans la remise en cause de la propriété privée et de la division du travail qui la fonde.

« Les femmes représentent déjà en 1917 une partie importante de la classe ouvrière, non pas en tant que femmes d'ouvriers mais bien en tant que travailleuses dans l’industrie textile notamment. »

Mais, du côté des femmes révolutionnaires, cela impliquait également le fait qu’elles étaient convaincues que leur sort et leurs intérêts étaient irrémédiablement liés à la victoire de la classe ouvrière. L’histoire du féminisme en France, depuis l’acquisition de droits fondamentaux (citoyenneté, avortement, lutte contre le viol, etc.), n’est pas parvenue à remettre en cause la propriété privée et la division du travail au sein de la famille (en témoignent les éternelles études de l’INSEE sur l’évolution du partage du travail domestique), de même qu’en 2017, l’écart des salaires dans le monde social du travail reste une constante criante. C’est pourquoi si l’autonomie du mouvement féministe français a pu présenter des avantages et des enthousiasmes chaleureux et à bien des égards décisifs, elle le condamne à se priver des organisations ouvrières (partis et syndicats). Continuer à percevoir la lutte féministe seulement comme une question « sociétale » et non comme une lutte fondamentale contre la division du travail et la propriété privée (capitaliste et familiale), c’est se condamner durablement à se priver de l’autre moitié du ciel qui constitue pourtant un enjeu décisif dans le cadre d’une stratégie révolutionnaire.

*Saliha Boussedra est doctorante en philosophie à l'université de Strasbourg.

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 07:28
Fabien Gay, 33 ans, nouveau sénateur communiste, un des 13 sénateurs et sénatrices du Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, était interrogé par "Cause Commune" dans le numéro de novembre-décembre 2017

Fabien Gay, 33 ans, nouveau sénateur communiste, un des 13 sénateurs et sénatrices du Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, était interrogé par "Cause Commune" dans le numéro de novembre-décembre 2017

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Avec treize sénatrices et sénateurs élus sur les listes soutenues ou présentées par le PCF, le Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) qu’ont rejoint des élus non commnistes devient le principal groupe d’opposition de gauche à la politique Macron, au Sénat. Fabien Gay, 33 ans, nouvel élu PCF en Seine-Saint-Denis, revient sur les conditions de ces élections et exprime la détermination du groupe à faire entendre la voix de ceux que l’on laisse toujours de côté.

Quelle est votre analyse des résultats des sénatoriales ? Marquent-ils un premier désaveu pour Emmanuel Macron ?
Oui, et c’est un premier coup d’arrêt dans la volonté du président jupitérien de vouloir tout contrôler. Il avait pour objectif d’obtenir les trois cinquièmes du Parlement, c’est-à-dire cinq cent cinquante-cinq parlementaires acquis à sa cause afin de pouvoir procéder à une réforme constitutionnelle. Cette réforme consisterait notamment à réduire le nombre de parlementaires, à limiter les mandats dans le temps, à instaurer une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif et à supprimer la Cour de justice…

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Au vu du résultat des élections législatives de juin dernier, cet objectif des trois cinquièmes lui apparaissait comme très réaliste. Il en avait donc fait un objectif prioritaire. Si on se place de ce point de vue, c’est un échec pour le président. Même en ajoutant les groupes MODEM et les « constructifs », il n’atteint pas son objectif des trois cinquièmes.

 « En Seine-Saint-Denis, nous avons été bien au-delà du seul socle des élus communistes, républicains, citoyens et écologistes, ce qui a d’ailleurs permis mon élection. »  Fabien Gay

 Mais il est nécessaire d’examiner ce résultat de plus près. Tout d’abord, il ne faut pas occulter que ces élections sénatoriales sont le reflet des élections municipales de 2014, ainsi que des départementales et régionales de 2015. La République en marche ne s’était pas encore constituée lors de celles-ci ; il s’agit donc plutôt d’un semi-échec pour Emmanuel Macron. Ensuite, un certain nombre d’élus qui auraient pu voter pour les candidats de La République en marche ont fait un autre choix, sans doute décontenancés par les premières annonces du gouvernement. Le terrible coup porté aux collectivités territoriales, avec la baisse des dotations, mais aussi la hausse de la CSG, la suppression de 5 euros sur les APL et le mécontentement grandissant sur les ordonnances de la loi Travail en ont refroidi plus d’un. Les élus sont en prise directe avec les citoyens, et ils ont vu au cœur de l’été monter une colère sourde. Certains ont, en conséquence, changé leur fusil d’épaule, car soutenir publiquement le président des riches les met en difficulté devant leurs concitoyens. 
Emmanuel Macron devra donc composer avec une opposition de droite au Sénat. Leurs discussions consisteront à déterminer à quel cran ils sont prêts à serrer la ceinture de l’austérité. Dans ce contexte, c’est surtout la présence du Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) au Sénat mais aussi, à l’Assemblée nationale, du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) et FI, qui comptera pour relayer les attentes des citoyennes et des citoyens, des salariés et des élus de ce pays.

Les communistes, dont la quasi-totalité des élus étaient renouvelables, conservent leur groupe dans des conditions qui s'annonçaient pourtant difficiles. À quoi ce résultat est-il dû de votre point de vue ?
Seuls deux élus, Christine Prunaud (Côtes-d’Armor) et Thierry Foucaud (Seine-Maritime), n’étaient pas renouvelables. Les résultats des dernières élections intermédiaires qui composent le corps des grandes électrices et des grands électeurs ont été difficiles pour nous. Enfin, beaucoup de commentateurs de la vie politique nous donnaient pour morts, répétant constamment que c’en était fini du groupe communiste au Sénat. Donc, sur le papier, il est vrai que conserver un groupe communiste au Sénat n’était pas gagné d’avance. Mais nous le conservons avec douze sénatrices et sénateurs, renforcé par l’arrivée de trois personnalités de gauche et écologistes. 
C’est le fruit du travail des sénatrices et sénateurs communistes tout au long de ces dernières années. Ils ont été cons­tants dans leur ligne politique, rigoureux dans le travail parlementaire et ont défendu avec force, courage et ténacité les collectivités territoriales et les services publics de proximité. On pourrait citer de nombreux exemples, parmi lesquels celui du travail d’Éric Bocquet sur l’exil fiscal, qui a eu de l’écho dans le Sénat mais aussi en dehors, bien au-delà du seul cercle militant ou des élus. Ce travail est reconnu par des élus de sensibilités diverses, y compris celles et ceux qui ne partagent pas tous nos combats ou nos valeurs. Dans un moment de brouillage idéologique, où tout a volé en éclats au cours de la dernière année, beaucoup de citoyens mais aussi d’élus sont déboussolés. Certains ont donc fait le choix de voter pour nos candidats car, dans ce marasme, ils ont pris conscience qu’ils pouvaient compter sur nous pour défendre les territoires. En Seine-Saint-Denis, nous avons été bien au-delà du seul socle des élus communistes, républicains, citoyens et écologistes, ce qui a d’ailleurs permis mon élection.

« À quinze, le combat sera rude, mais notre unité et notre engagement seront des atouts déterminants pour faire entendre la voix de ceux que l’on laisse toujours de côté. » Fabien Gay

Vous faites partie des nouveaux visages qui arrivent sur les bancs communistes, qu'incarnent-ils à vos yeux ?
Pour moi, la politique n’a jamais été une affaire individuelle, mais bien une expression collective. Avec Pierre Ouzoulias dans les Hauts-de-Seine, Pascal Savoldelli dans le Val-de-Marne, Michelle Gréaume dans le Nord, Guillaume Gontard dans l’Isère et moi-même en Seine-Saint-Denis, nous sommes cinq personnalités différentes, avec des parcours de militant et d’élu différents et variés. C’est cela qui est passionnant et enthousiasmant. Chacune et chacun va apporter sa pierre à l’édifice pour que notre travail collectif soit utile et efficace ici au Sénat mais également en dehors pour nos concitoyens. 
Nous avons une volonté commune de lutter contre les injustices, quelles qu’elles soient et où qu’elles aient lieu, de mettre fin au cycle infernal des politiques d’austérité qui broient l’homme et la planète, partout en France, en Europe et dans le monde. Nous rejoignons un groupe avec des parlementaires aguerris et combatifs, qui dès les premiers instants ont été présents pour nous accompagner. 
Qui plus est, nous sommes quinze, comme dans une équipe de rugby. Cela me plaît bien. Tout le monde est différent, mais chacun a sa place. Nous avons notre capitaine avec Éliane Assassi, et tout le monde a le même objectif. Nous avons conscience qu’à quinze, le combat sera rude, mais notre unité et notre engagement seront des atouts déterminants pour faire entendre la voix de ceux que l’on laisse toujours de côté.

Le groupe s'élargit à trois non-communistes et devient le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste. Quel sens y mettez-vous à l'heure où la question du rassemblement à gauche a rarement été si complexe ?
Je crois que nous pouvons nous féliciter collectivement qu’après l’élection de douze sénateurs communistes, nous soyons parvenus à former un groupe de quinze sénateurs et sénatrices, avec Guillaume Gontard (de sensibilité écologiste), Esther Benbassa (Europe écologie les verts, EELV) et Pierre-Yves Collombat (Rassemblement démocratique et social européen, RDSE). 
Nous avons cherché à rassembler largement, mais sur la base d’un contenu fort, comme le montre notre déclaration de groupe. Nous avons été clairs : pour nous, l’axe essentiel est l’opposition à la politique d’austérité, donc à la majorité de droite au Sénat mais également à la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Et surtout, nous voulons continuer à proposer et à agir pour le bien commun. À partir de ces axes, nous étions disposés à travailler avec le plus grand nombre et à mettre nos propositions en débat. Nous allons continuer pendant toute la mandature ce travail en direction de l’ensemble des parlementaires de gauche.
C’est aussi la reconnaissance du travail du groupe CRC sur la dernière mandature qui a conduit à ce que d’autres sénateurs nous rejoignent. Par exemple, Pierre-Yves Collombat a désigné notre groupe comme étant « le seul groupe de gauche au Sénat ».
Je suis heureux, d’un point de vue personnel, que nous ayons ajouté « écologiste » à notre nom de groupe car pour moi, le combat communiste du XXIe siècle marche sur deux jambes, l’homme et la planète. Au-delà de cela, la question du rassemblement est très complexe. Je suis de ceux qui pensent que la gauche et la droite veulent encore dire quelque chose, même si le brouillage idéologique de ces dix dernières années, accéléré avec l’élection d’Emmanuel Macron, a fait voler les repères de classe en éclats.

« Le brouillage idéologique de ces dix dernières années, accéléré avec l’élection d’Emmanuel Macron, a fait voler les repères de classe en éclats. » Fabien Gay

La question du rassemblement ne peut pas se concevoir comme au cours des cinquante dernières années. Il nous faut absolument redonner du contenu, du souffle et des valeurs à la gauche : justice sociale, progrès, liberté, égalité, paix, coopération… Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Comment faire la démonstration que nous pouvons faire autrement que ce que les libéraux opèrent depuis trente ans ? Il y a des expériences intéressantes, notamment dans les collectivités qui ont à leur tête un ou une élue communiste. 
Enfin, je crois que, pour rassembler, il ne faut surtout jamais en rabattre sur ses ambitions. Bien au contraire, c’est en mettant en débat du contenu, que l’on défend, que l’on suscite chez l’autre une envie de construire et d’agir ensemble. La question du rassemblement ne peut pas se construire uniquement sur une volonté d’unité, car elle ne serait alors que factice. Dans le même mouvement, élargissons le champ du rassemblement aux forces syndicales, associatives et citoyennes de notre pays. C’est un grand chantier, qui doit être mis en débat et en réflexion chez les communistes mais aussi dans l’ensemble de la société.

Vous estimez que le groupe CRCE est le seul groupe d'opposition à la politique du chef de l’État. Quel rôle souhaitez-vous jouer dans une haute assemblée dominée par les libéraux ?
La droite est ultra-majoritaire au Sénat. Elle se pose comme une force d’opposition à la politique du président de la République, mais en réalité l’une et l’autre sont d’accord sur le fond : réduire les déficits publics, diminuer le nombre de fonctionnaires, détricoter le modèle social français en s’attaquant par exemple au code du travail… Bref, ils ont un débat entre libéraux pour savoir s’il faut un peu plus ou un peu moins d’austérité. 
J’y vois déjà de nombreuses contradictions entre ce qu’ils portent comme conception de la société et ce qu’ils votent. Prenons le débat sur la sécurité. Tous insistent sur le fait qu’il y a trop de fonctionnaires, mais, dans le même mouvement, chacun comprend qu’il y a besoin de plus de policiers et de gendarmes pour assurer la sécurité dans nos territoires…
Nous sommes la seule force qui s’oppose radicalement à cette vision de la société. Non seulement nous nous dresserons contre toutes ces mesures antisociales, mais nous proposerons également un autre chemin. Un chemin où nous voulons mettre en œuvre une autre répartition des richesses, qui serve l’intérêt général, qui serve nos besoins communs.
Nous entendons généralement que c’est la crise financière qui cause et justifie l’austérité mais nous n’avons jamais produit autant de richesses en France. Le problème, c’est qu’elles sont concentrées dans les mains de quelques-uns qui sont de moins en moins nombreux mais de plus en plus riches, et que le fossé avec les plus pauvres se creuse de jour en jour.
Comment comprendre qu’en France – la 5e puissance mondiale – nous comptions 3,5 millions de mal-logés, 6 millions de chômeurs, 9 millions de pauvres, alors que, dans le même temps, nous apprend Le Figaro, des Français détiendraient 300 milliards d’euros dans les paradis fiscaux, dont la moitié seraient détenus par les 3 000 familles françaises les plus riches. C’est un stock de richesses off-shore évalué à 15 % du PIB !
Le problème se situe là. Imaginons un seul instant que nous en reprenions ne serait-ce que 10 %, ce qui équivaut à 30 milliards d’euros. Le budget de la France serait tout autre, et il nous serait possible d’investir pour l’éducation, la santé, les services publics de proximité, le logement social, l’industrie, la transition écologique, l’agriculture… Bref, pour notre humanité.

« Chacune et chacun va apporter sa pierre à l’édifice pour que notre travail collectif soit utile et efficace ici au Sénat mais également en dehors pour nos concitoyens. » Fabien Gay

Emmanuel Macron veut réduire le nombre de parlementaires. Quelle est votre position sur le sujet ?
Il y a un débat dans la société. Je crois que, sur cette question, les risques de populisme sont bien présents. Le fossé est grand entre les élus et la population, et le mandat de François Hollande l’a accentué. Personne n’a oublié les renoncements successifs qui ont conduit à une politique libérale dans la continuité des mandats précédents. Cela est mortifère pour la démocratie. 
En réalité, beaucoup d’élus travaillent pour l’intérêt général et y sacrifient du temps et leur vie familiale. Il faut donc que nous travaillions ensemble à réduire cette fracture entre les élus et la population : plus de transparence, plus d’intervention citoyenne dans les prises de décision, entre les différentes élections. Je suis contre la délégation de pouvoir qui consiste à confier un mandat à une personne sans qu’elle ait à rendre compte de son mandat à ses électeurs, à débattre et à agir avec eux. 
En ce qui concerne le nombre de parlementaires, pensons-nous vraiment que 925 parlementaires dans un pays de près de 67 millions d’habitants, c’est trop ? Neuf cent vingt-cinq personnes qui œuvrent à construire et à voter des lois, qui représentent les territoires et les citoyens, je ne pense pas que cela soit excessif. En revanche, il faut mettre en débat la question du cumul dans le temps et celle de l’introduction d’une dose de proportionnelle dans les élections législatives. 
Beaucoup de nos concitoyens ne se sentent pas représentés. Méfions-nous des raccourcis qui consistent à attaquer les parlementaires ou les élus, à formuler le reproche qu’ils sont trop nombreux ou coûtent trop cher ; si nous réduisions le nombre de parlementaires, c’est le pluralisme qui serait alors attaqué, et je ne suis pas sûr que cela aille dans le sens de l’objectif de plus de proximité entre les élus et les citoyens.
 

Propos recueillis par Léo Purguette

Entretien avec Fabien Gay, 33 ans, nouveau sénateur communiste de Seine St Denis: "proposer un autre chemin et s'opposer aux mesures antisociales" (Cause Commune)
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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 07:11
Des élus français interdits d’entrée en Israël
LUNDI, 13 NOVEMBRE, 2017
HUMANITE.FR

Une délégation de plus d’une centaine d’élus français doit se rendre, ce week-end, en Palestine avec la volonté de rencontrer Marwan Barghouti et Salah Hamouri. Les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles interdiraient à plusieurs d’entre eux, du PCF, de la FI et d’EELV d’entrer sur leur territoire.

Benjamin Netanyahu, l’homme fort d’Israël et Premier ministre, ne veut pas que Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français et sénateur de Paris, Patrick Le Hyaric, député européen et directeur de l’Humanité, ainsi que plusieurs députés de la république française, puissent transiter par Israël pour se rendre en Palestine.

Quelques heures seulement après l’annonce faire par Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, du départ prévu le week-end prochain, d’une délégation composée de plusieurs centaines d’élus - parlementaires, sénateurs, conseillers régionaux, départementaux ou municipaux, principalement du PCF, de la FI ou de EELV - qui ont pour objectif principal la rencontre avec les populations palestiniennes et israéliennes, mais également la volonté de rencontrer Marwan Barghouti, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri et d’«alerter sur la situation des près de 6000 prisonniers politiques palestiniens», le régime israélien a réagi sans nuance. « Nous n'autoriserons pas l'accès au territoire à ceux qui appellent activement à s'en prendre à Israël, en particulier quand ils demandent à rencontrer et à conforter un fieffé meurtrier comme Barghouthi, incitant ainsi à soutenir le terrorisme », a indiqué le ministre israélien de la Sécurité publique Gilad Erdan dans un communiqué de ses services et du ministère de l’Intérieur. Les autorités israéliennes recommandent donc par avance aux élus français « de ne pas prendre l'avion du tout ». Selon le site du Figaro, « la liste dressée par le gouvernement israélien sous l'ordre des ministres Gilan Erdan et Arye Déry, telle que communiquée au Figaro, comprend le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, la députée (LFI) Clémentine Autain, les députés européens Pascal Durand (Verts/Alliance libre européenne) et Patrick Le Hyaric (PCF), ainsi que les maires (PCF) de Stains Azzedine Taibi, de Limay Éric Roulot et de Gennevilliers Patrice Leclerc ».

Marwan Barghouti, l’un des leaders palestiniens les plus populaires, est emprisonné depuis plus de quinze ans par Israël. Salah Hamouri, est en détention administrative en Israël depuis le 23 août, sans que les éléments du dossiers ne lui soit communiqué. Ce régime de détention permet à Israël de priver de liberté des personnes pendant plusieurs mois renouvelables indéfiniment sans leur en notifier les raisons. Le Quai d'Orsay s'est dit fin octobre « préoccupé » par sa situation, s'étonnant de ne pas avoir connaissance des charges retenues, et a « espéré » sa libération.

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