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28 décembre 2017 4 28 /12 /décembre /2017 06:51

 

Emmanuel Macron a, paraît-il, une qualité extraordinaire : il fait ce qu'il a dit qu'il ferait. On nous l'a répété à longueur de média en cette fin d'année. Ce don serait tellement hors du commun qu'il se passerait de la moindre preuve, le regain de popularité du chef de l'État dans les enquêtes d'opinion suffisant à en constater l'évidence. Subtilement, un glissement s'opère ainsi au profit du président et de la majorité les plus mal élus de la Ve République : la légitimité d'une politique ne se mesurerait plus à son approbation par les Français, mais au seul fait d'avoir été prétendument annoncée avant l'élection.

On pourrait aussi demander leur avis à ceux qui font les frais de ces soi-disant « promesses » tenues, par exemple en interrogeant les salarié-e-s de chez Pimkie. Deux cents d'entre elles et eux pourraient être remercié-e-s l'an prochain par la famille Mulliez, les fondateurs d'Auchan, qui pointent au quatrième rang des fortunes de France. Ces milliardaires propriétaires de la marque de vêtements auraient toutes les raisons de dire « merci Macron », puisque les ordonnances leur donnent la possibilité d'éviter les tracasseries d'un plan social en cas de licenciements économiques pour leur préférer la voie de la « rupture conventionnelle collective », sans obligation de reclassement ni indemnités supralégales. Or, non seulement de telles régressions sociales n'ont jamais été évoquées pendant la campagne ­ le contenu des ordonnances ayant été caché puis nié par ses auteurs une fois le texte dévoilé dans la presse une semaine avant les législatives ­, mais Emmanuel Macron avait aussi indiqué que son projet de rendre le licenciement moins coûteux avait pour objectif de « lever les freins à l'embauche en CDI »... On voit ce qu'il en est dans le cas de Pimkie.

Le chef de l'État ne joue pas plus franc-jeu que ses prédécesseurs. Être journaliste et affirmer le contraire sans sourciller est problématique dans une démocratie malade du soupçon de connivence du pouvoir et des « médias »

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28 décembre 2017 4 28 /12 /décembre /2017 06:44

Serge PAUGAM  - Sociologue, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS

 

« Ces élites sont persuadées d'être porteuses d'une supériorité morale, à préserver de toute contamination. »

« En France, les riches recourent, en la dévoyant, à l'idée du mérite comme justification des privilèges. »

 

« Ce que les riches pensent des pauvres » : cet intitulé, faussement anodin, recouvre une vaste et novatrice enquête sociologique. Dans le contexte de la concentration croissante des richesses et de l'aggravation des inégalités, toujours plus documentées, les travaux sur la pauvreté et les études menées sur les catégories supérieures ne s'étaient pas encore croisés. C'est à l'exploration de ce lien qu'est consacrée l'enquête comparative menée par les sociologues Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti et Jules Naudet. Ils ont interrogé les riches qui vivent dans les beaux quartiers de trois métropoles ­ en France, au Brésil et en Inde ­ pour analyser leur perception des pauvres et des inégalités. Et, partant, leur vision de la société en régimes démocratiques, à l'heure de la globalisation. Entretien avec l'un des coauteurs, Serge Paugam.

 

HD. Pourquoi aujourd’hui consacrer une enquête sociologique à « ce que les riches pensent des pauvres », et la mener à Paris, Sao Polo et Delhi ?

Serge PAUGAM. Dans de nombreuses métropoles, on constate une augmentation de la ségrégation spatiale du fait de la concentration de la richesse dans certains espaces : les riches vivent dans des territoires de plus en plus repliés sur eux-mêmes, coupés des autres couches de la population. Au-delà d’un processus d’agrégation affinitaire déjà bien renseigné, cela ne correspondrait-il pas aussi à une attitude de distanciation des catégories les plus défavorisées, aboutissant à une ségrégation discriminante ? Nous avons alors choisi d’explorer le rapport à l’altérité dans ces quartiers. En nous demandant aussi si perdurait l’identification, montrée par Louis Chevalier, des « classes laborieuses » à des « classes dangereuses » par l’élite bourgeoise de la France du XIXème siècle, et qui fondait leur mise à distance. Pour cela étudier, non seulement la métropole parisienne, mais aussi des métropoles de pays émergents, où les inégalités sont encore plus fortes, est intéressant : la richesse y est très concentrée, la globalisation les conduit à une certaine uniformisation, ce sont des métropoles mondiales et elles connaissent des flux importants de migrations.

 

HD. Quelle vision des pauvres les riches de ces trois mégapoles ont-ils en partage ?

Serge PAUGAM. A partir des entretiens qui ont été menés, la méthode comparative a permis d’observer, sur la base de ce qui est récurrent chez les riches des quartiers les plus exclusifs, comment se construit le processus de stigmatisation des pauvres et de leur discrimination. A partir des questions sur le choix du quartier, la façon dont elles y vivent, etc., ces personnes ont en fait abordé d’elles-mêmes ce qui les distingue de ceux qui vivent dans les autres quartiers et, à partir de là, la représentation qu’elles ont des pauvres.

Apparaît tout d’abord la production d’une « frontière morale » : les interviewés sont persuadés d’être porteur d’une supériorité morale, à préserver de toute contamination pouvant venir du contact avec les autres couches sociales qui sont donc à mettre à distance. Leur quartier auto ségrégué constitue cette protection. Ainsi, quand la Mairie de Paris a décidé d’implanter un centre d’hébergement pour SDF et de refugiés aux lisières du 16ème arrondissement, cette angoisse du contact a violement ressurgi.

Second élément récurrent : la répulsion physique. Elle est d’abord liée à l’insécurité : à Sao Polo et à Delhi, cette angoisse sécuritaire conduit à vivre dans des condominiums ultra-sécurisés interdisant toute intrusion, à craindre les déplacements en voiture et à sélectionner les lieux où se rendre. Si les riches parisiens éprouvent également ce sentiment d’insécurité, il reste toutefois moins intense. La répulsion renvoie aussi à la peur d’être contaminé par le contact du corps du pauvre, porteur de maladies, etc. A Sao Polo et à Delhi, ces riches ne prennent pas les transports en commun, ne touchent pas le mobilier dans les lieux publics … Ils expriment un profond dégoût à l’égard des pauvres, de leur apparence, etc., et n’évoquent jamais la possibilité de politiques pour changer les conditions de vie dans les bidonvilles.

En France, on n’est pas à ce niveau de répulsion, mais la racialisation est frappante chez ces élites pourtant dotées d’un art du contrôle social. La menace est celle des pauvres venus d’ailleurs, soupçonnés de manquement « culturel » aux savoirs élémentaires d’hygiène : les Roms, les réfugiés, … La saleté des quartiers est associée à un comportement jugé non civilisé de « certains » types de population.

 

HD. Dans ces situations d’inégalités criantes, comment la représentation des pauvres qu’ont ces riches s’articule-t-elle avec leur perception d’eux-mêmes ?

Serge PAUGAM. Cela les amène au besoin de justifier leurs privilèges, qui passe par la justification du sort des autres, et donc des écarts. On remarque alors deux tendances. Les pauvres sont perçus comme n’ayant d’autre destin du fait de différences d’aptitudes  quasi génétiques, et ce ne sont pas les programmes sociaux qui pourront changer leur sort. C’est la naturalisation de la pauvreté et des inégalités qui est une évidence pour les interviewés à Delhi : les classes inférieures constituent une humanité différente.

En France, les riches tiennent compte de l’imprégnation des principes républicains, de ce qu’ont pu apporter la société salariale et les programmes sociaux au bien être de la population. Mais, s’ils reconnaissent les déterminismes sociaux, ils recourent, en la dévoyant, à l’idée du mérite comme justification des privilèges : les riches sont riches car ils ont … plus de mérite que les autres, faisant fi de ce qui relève  largement d’inégalités sociales. Le terme « injustice » n’est jamais prononcé.

HD. Peut-on voir dans ces entretiens l’empreinte du discours néolibéral globalisé ?

Serge PAUGAM. Dans les trois métropoles, reviennent les mérites vantés par le néolibéralisme : prise d’initiatives et de risques, responsabilité individuelle à laquelle est liée la valorisation du mérite, au détriment de la responsabilité sociale. A ceux qui ne réussissent pas, on attribue des comportements paresseux, un incapacité à faire les bons choix, etc. A Delhi et à Sao Polo, ces arguments s’ajoutent à ceux de la naturalisation : ils sont compatibles. On assiste ainsi à une convergence idéologique néolibérale. Je constate d’ailleurs dans la société française la richesse est de plus en plus valorisée comme idéal de réalisation de soi. Le problème de ce discours décomplexé est qu’il s’accompagne très souvent d’un mépris à l’égard des pauvres et d’une justification idéologique de leurs échecs ou de leurs malheurs.

 

HD. Les résultats de votre enquêtent interroge frontalement la notion de solidarité… Quelles conséquences en tirez-vous ?

Serge PAUGAM. Dans les pays très inégalitaires les riches s’organisent entre eux, les pauvres survivent entre eux, les liens s’expriment en termes des services des seconds par les premiers. La comparaison entre ces trois métropoles montre que, dans une société salariale comme la nôtre, où il y a eu des conquêtes sociales, où on a appris que la solidarité nationale est un effort de chacun pour faire face aux aléas de la vie à travers des systèmes de protection au profit de l’ensemble du corps social, les risques de fragmentation sociale sont de plus en plus visibles. Ce qui faisait tenir ensemble les individus au sein d’une société démocratique et ouvert à tous s’affaiblit au profit de solidarités à l’intérieur de groupes restreints. C’est tout à la fois la mixité sociale, la notion d’espace public, la confiance mutuelle qui risquent d’être emportées par ce processus. Cette logique d’entre-soi progresse et est terriblement menaçante, elle interroge le potentiel de cohésion de nos sociétés. C’est ce que montre l’écart entre le besoin de se considérer comme des citoyens solidaires les uns des autres et cette réalité que nous dévoilons – là  réside la dimension critique du travail sociologique – et analysons.

 « LE REGARD DES RICHES SUR LES PAUVRES SIGNALE UN DANGER POUR NOS SOCIETES » (L’HUMANITE DIMANCHE – JEUDI 21 DECEMBRE 2017 – LUCIE FOUGERON)

DE SERGE PAUGAM, BRUNO COUSIN, CAMILA GIORGETTI, JULES NAUDET, ÉDITIONS DU SEUIL, 2017, 352 PAGES, 23 EUROS.

Si les inégalités sont désormais reconnues comme « risque mondial » jusque dans les plus hautes sphères de décideurs ­ à l'instar du Forum de Davos en 2017 ­, apprendre la façon dont les élites les envisagent vraiment est un questionnement original. Cette enquête sociologique en est une première étude, fructueuse.

Fondée sur une démarche scientifique ­ dont la méthodologie est précisément exposée, rappelant utilement ce qu'est le travail sociologique ­, elle aboutit, à partir d'entretiens approfondis menés dans trois métropoles mondiales, à établir des invariants dans les perceptions de la pauvreté qu'ont les riches, refusant la mixité résidentielle, défendant âprement la frontière de classe. À l'heure du néolibéralisme globalisé, leur convergence idéologique dans la justification des inégalités vient percuter le principe de solidarité au coeur de la citoyenneté dans les sociétés démocratiques.

Ces entretiens et leur analyse dévoilent une réalité qui tend à progresser dans nos sociétés et à les menacer. Aux acteurs du débat public de s'en saisir.

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28 décembre 2017 4 28 /12 /décembre /2017 06:41

Entre le 20 octobre et 20 novembre 1947, la commission des Activités anti-américaines auditionne onze réalisateurs, scénaristes et producteurs d'Hollywood. L'accusation n'a qu'un seul but : prouver l'appartenance de ces hommes au Parti communiste américain et l'infiltration communiste dans les studios. Condamnés, emprisonnés, les Dix sont interdits de travail. L'Humanité publie des extraits des auditions, souvent musclées, de ces hommes qui signèrent les plus beaux films d'Hollywood...

 

Après la Cité sans voiles de Jules Dassin en 1948, le nom du scénariste Albert Maltz disparaît des génériques jusqu'en 1970, année de la sortie de Sierra torride de Don Siegle. 

 

Audition d'Albert Maltz

 

M. MALTZ M. le président, j'aimerais avoir le privilège de faire une déclaration, s'il vous plaît.

LE PRÉSIDENT Avez-vous une déclaration préparée ?

M. MALTZ J'ai une déclaration préparée.

LE PRÉSIDENT Pouvons-nous la voir, s'il vous plaît ? (Après une pause.)

LE PRÉSIDENT M. Maltz, la commission vous permet à l'unanimité de lire la déclaration.

M. MALTZ Je vous remercie. Je suis un Américain etje crois qu'il n'y a pas de mot plus fier dans le vocabulaire d'un homme. Je suis romancier et scénariste et j'ai produit un corpus de travail au cours des quinze dernières années. Comme n'importe quel autre écrivain, ce que j'ai écrit vient du tissu total de ma vie ­ ma naissance dans ce pays, nos écoles et nos jeux, notre atmosphère de liberté, notre tradition d'information, de critique, de discussion, de tolérance. Quoi que je sois, l'Amérique m'a fait. Et moi, à mon tour, je n'ai pas de loyauté plus grande que celle que j'ai envers ce pays, pour le bien-être économique et social de son peuple, pour la perpétuation et le développement de son mode de vie démocratique.

Maintenant, à l'âge de 39 ans, j'ai reçu l'ordre de comparaître devant la commission des Activités anti-américaines. (...) Qu'est-ce que cette commission veut détruire de moi ? Mes écrits ? (...) Voilà donc le travail pour lequel cette commission demande que je sois inscrit sur une liste noire dans l'industrie cinématographique ­ et demain aussi, si la voie est ouverte, dans les domaines de la presse et de l'édition.

Par une censure froide, sinon par la législation, je ne dois pas être autorisé à écrire. Cette censure s'arrêtera-t-elle avec moi ? Ou avec d'autres désormais désignés pour cible ? S'il faut approuver les idées de cette commission pour se préserver de l'étiquette anti-américaine, alors qui est finalement à l'abri de cette commission à l'exception des membres du Ku Klux Klan ?

Pourquoi la commission cherche-t-elle maintenant à me détruire et à en détruire d'autres ? À cause de nos idées, incontestablement. En 1801, lorsqu'il était président des États-Unis, Thomas Jefferson écrivait : « L'opinion, et le juste maintien de celle-ci, ne sera jamais un crime selon moi ; elle ne portera jamais préjudice à l'individu. »

Mais il y a quelques années, au cours de l'une des audiences de cette commission, le député J. Parnell Thomas a dit, et je cite le compte rendu officiel : « Je veux juste dire ceci maintenant, qu'il semble que le New Deal travaille main dans la main avec le Parti communiste. Le New Deal est soit pour le Parti communiste, soit dans les mains du Parti communiste. »

Très bien, alors, voilà l'autre raison pour laquelle d'autres et moi-même sommes tenus de comparaître devant cette commission ­ nos idées. Comme beaucoup d'Américains, j'ai soutenu le New Deal. Comme beaucoup d'Américains, j'ai soutenu le projet de loi anti-lynchage, les contrôles du service de l'administration des prix, les logements d'urgence pour les vétérans, la loi sur les pratiques d'emploi équitables. J'ai signé des pétitions pour ces mesures, j'ai adhéré à des organisations qui les ont défendues, qui ont contribué financièrement, qui ont parfois parlé à partir de plates-formes publiques, et je continuerai à le faire. Je prendrai ma philosophie chez Thomas Payne, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln, et je ne me laisserai pas intimider ni donner des ordres par des hommes qui voient dans le Ku Klux Klan une institution américaine acceptable.

J'affirme en outre que, sur de nombreuses questions d'intérêt public, mes opinions en tant que citoyen n'ont pas toujours été en accord avec les opinions de la majorité. Elles ne le sont pas davantage aujourd'hui, mes opinions n'ont jamais été, non plus, fixes ni immuables ; bien ou mal, je réclame mon droit de penser librement et de parler librement, d'adhérer au Parti républicain, au Parti communiste, au Parti démocrate ou au parti de la Prohibition ; de publier ce que je veux ; de fixer mon esprit ou de changer d'avis, sans dictée de qui que ce soit ; de formuler toute critique qui, selon moi, convient à telle personnalité publique ou à telle politique ; de rejoindre toutes les organisations que je veux, quoi qu'en pensent certains législateurs. Je conteste surtout à cette commission le droit d'enquêter sur mes convictions politiques ou religieuses, de quelque manière que ce soit, et j'affirme que non seulement la conduite de cette commission, mais son existence même sont une subversion de la Déclaration des droits.

 

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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 07:05

 

Faut-il le dire, au lendemain de Noël, l'Humanité et ses lecteurs se sentent plus proches de l'homélie du pape François que des circulaires du ministre de l'Intérieur français et de la loi antimigrants que diligente Emmanuel Macron... « Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas », a expliqué le souverain pontife, « nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd'hui, se voient obligées de partir ». Et il a évoqué « les traces de millions de personnes qui ne choisissent pas de s'en aller mais qui sont obligées de se séparer de leurs proches, sont expulsées de leur terre ». Et de préciser : « Dans beaucoup de cas, ce départ est chargé d'espérance, chargé d'avenir ; dans beaucoup d'autres, ce départ a un seul nom : la survie. Survivre aux Hérode de l'heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n'ont aucun problème à verser du sang innocent. »

Ces mots ont de la force, quand, dans les neiges des Alpes, des réfugiés, politiques ou économiques, sont traqués par des policiers, quand ceux qui les secourent ou leur ouvrent leurs portes sont poursuivis devant des tribunaux, quand un régime veut transformer les associations en auxiliaires. De bonnes paroles sur l'aide au développement ne suffisent pas ; des actes urgents doivent bousculer la violence de l'ordre du monde.

Nous aurons encore demain des désaccords avec le pape lorsque nous défendrons le droit des femmes à disposer de leur corps ou celui de chaque être de vivre la sexualité de son choix. Mais qu'on les trouve dans une crèche de Bethléem ou au cœur des solidarités populaires les raisons de se dresser, les points de vue communs peuvent devenir des rencontres. Alors que des Noëls profanes ou chrétiens sont célébrés, celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas peuvent se retrouver dans le devoir que Jaurès fixait à tous : Aller « où la vérité souffrait, où l'humanité criait ».

 

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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 07:03

 

Entre le 20 octobre et 20 novembre 1947, la commission des Activités anti-américaines auditionne onze réalisateurs, scénaristes et producteurs d'Hollywood. L'accusation n'a qu'un seul but : prouver l'appartenance de ces hommes au Parti communiste américain et l'infiltration communiste dans les studios. Les Dix d'Hollywood invoquent pour leur défense le 1er amendement de la Constitution. Un comité de soutien emmené par John Huton, Humphrey Bogart, Lauren Bacall et Groucho Marx est créé. Mais l'Amérique a basculé dans la guerre froide. Condamnés, emprisonnés, les Dix sont interdits de travail. L'Humanité publie des extraits des auditions, souvent musclées, de ces hommes qui signèrent les plus beaux films d'Hollywood.

 

Audition de Dalton Trumbo

 

" M. STRIPLING M. Trumbo, je vais vous poser différentes questions, toutes auxquelles on peut répondre par oui ou non. Si vous voulez donner une explication après avoir fait cette réponse, je suis sûr que la commission sera d'accord. Toutefois, afin de mener cette audience de manière ordonnée, il est nécessaire que vous soyez réceptif à la question, sans faire un discours en réponse à chaque question.

M. TRUMBO Je comprends, M. Stripling. Votre travail est de poser des questions et le mien est d'y répondre. Je répondrai oui ou non, s'il me plaît de répondre ainsi. Je répondrai avec mes propres mots. Seul un crétin ou un esclave peut répondre par oui ou non.

LE PRÉSIDENT La présidence est d'accord avec votre argument selon lequel vous n'avez pas besoin de répondre par oui ou non aux questions. Allez-y, M. Stripling.

M. TRUMBO Puis-je... s'il plaît à la présidence, je ne vais pas faire un discours. J'ai seulement des témoignages de personnes responsables concernant la nature de mon travail. J'ai ici vingt documents dont je souhaite qu'ils soient inclus dans le procès-verbal afin que l'on sache quel est mon travail et ce que la commission pourrait chercher à dissimuler au peuple américain dans le futur.

LE PRÉSIDENT Ne faites pas une telle déclaration. Ce n'est pas correct. (...)

M. STRIPLING M. Trumbo, je vais répéter la question : êtes-vous membre de la Guilde des scénaristes ?

M. TRUMBO M. Stripling, le droit des travailleurs américains à des listes de membres secrètes et inviolables a été conquis dans ce pays au prix fort du sang et de la famine. Ces droits sont devenus une tradition américaine. Par la Voix de l'Amérique (station de radio de propagande internationale ­ NDT) nous avons diffusé au monde entier l'affirmation de la liberté de nos travailleurs.

LE PRÉSIDENT Répondez-vous à la question ou faites-vous un autre discours ?

M. TRUMBO Monsieur, je réponds vraiment à la question.

LE PRÉSIDENT Bien, quelle était la question,M. Stripling ?

M. STRIPLING J'ai demandé à M. Trumbo s'il était membre de la Guilde des scénaristes.

M. TRUMBO Vous m'avez posé une question qui vous permettrait de traîner ici tout syndiqué des États-Unis pour qu'il s'identifie comme membre d'un syndicat, de le soumettre à l'avenir à l'intimidation et à la coercition. Ceci, je crois, est une question inconstitutionnelle.

LE PRÉSIDENT Faites-vous un autre discours, ou cela est-il la réponse ?

M. TRUMBO Ceci est ma réponse.

LE PRÉSIDENT Maintenant la question est, M. Trumbo : êtes-vous membre de la Guilde des scénaristes ?

M. TRUMBO M. le président, je ne considérerais pas comme une honte d'être membre d'un syndicat. (...) Mais les syndicats ont droit au secret pour leurs listes de membres.

LE PRÉSIDENT Je reviens à la question : êtes-vous membre de la Guilde des scénaristes ?

M. TRUMBO M. le président, cette question est conçu edans un but particulier. Premièrement... (Le président tape du marteau.)

M. TRUMBO ... Premièrement, il s'agit de m'identifier avec la Guilde des scénaristes ; deuxièmement, il s'agit de chercher à m'identifier avec le Parti communiste et, par là, de détruire cette guilde...

LE PRÉSIDENT (tape du marteau). Refusez-vous de répondre à la question ?

M. TRUMBO Je ne refuserai de répondre à aucune de vos questions, Monsieur.

M. STRIPLING Juste un moment. J'ai quelques autres questions, M. Trumbo, que je voudrais vous poser. Êtes-vous ou n’avez-vous jamais été un membre du Parti communiste ?

M. TRUMBO Je comprends qu'on a donné aux journalistes une prétendue carte du Parti communiste m'appartenant... Est-ce vrai ?

M. STRIPLING Ceci n'est pas vrai.

LE PRÉSIDENT Êtes-vous ou n'avez-vous jamais été membre du Parti communiste ?

M. TRUMBO Je crois que j'ai le droit d'être confronté à n'importe quelle preuve en appui de la question. J'aimerais voir ce que vous avez.

LE PRÉSIDENT Oh, bien, vous le pouvez ! Vous le pourrez, très bientôt. (Rires et applaudissements.) (Le président tape du marteau.)

M. TRUMBO Ceci est le commencement...(Le président tape du marteau.)

M. TRUMBO... D'un camp de concentration américain.

LE PRÉSIDENT Ceci est une tactique typiquement communiste. Ceci est une tactique typiquement communiste (tapant du marteau). (Applaudissements.) "

TRADUCTION MICHEL MULLER

 

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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 06:57

Il est totalement inacceptable que Rokhaya Diallo et Axiom aient été exclus du conseil national du numérique après une campagne orchestrée par la droite, relayée par le printemps républicain.

Le PCF se félicite que Marie Ekeland à la tête de cet organe consultatif ait démissionné en signe de protestation et avec elle la majorité des membres récemment désignés.

Le procès en illégitimité fait à Rokhaya Diallo, par « crainte d'un manque de sérénité » est dangereux pour la démocratie. 

Il est temps que l'affichage pour la diversité dont se réclame Mr Macron se traduise par une politique volontariste pour faire reculer le racisme sous toutes ses formes et faire de l'égalité de traitement une réalité pour tou-te-s les discriminé-e-s : cela passe par leur juste représentation dans les différentes instances démocratiques.

AFFAIRE ROKHAYA DIALLO : UN NOUVEAU MACCARTHYSME
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24 décembre 2017 7 24 /12 /décembre /2017 15:38

S'appuyant sur une base de 175 millions de données permettant de mesurer les différences de revenus et de patrimoine, les économistes de plus de 70 pays dénoncent une montée en flèche des disparités dans le monde depuis quarante ans.

Le travail des économistes compilé dans le Rapport sur les inégalités mondiales dessine un profil des inégalités qui, malgré les différences entre continents et pays, semble suivre la même trajectoire. Les économistes en ont identifié plusieurs causes.

 

1 - LES VAGUES DE PRIVATISATIONS

Tout commence par l'inégale répartition du capital entre privé et public. Si la richesse nationale a considérablement augmenté, dans le même temps, la privatisation des services et des entreprises s'est accélérée. « Ces dernières décennies, d'importants transferts du patrimoine public vers le privé se sont opérés dans la plupart des pays, riches comme émergents », expliquent les auteurs. Le patrimoine privé a doublé ­ passant de 200350 % du revenu national en 1970 à 400-700 % aujourd'hui ­, voire même triplé ou quadruplé en Russie et en Chine.

À l'inverse, le patrimoine public net (les actifs publics moins les dettes) a diminué partout, jusqu'à rester tout juste positif en Allemagne, en France ou au Japon, devenant négatif au Royaume-Uni et aux États-Unis. « Le fait que l'on observe des pays avec un patrimoine public négatif est un fait économique majeur et tout à fait particulier, alerte l'économiste Lucas Chancel. Cela veut dire que, si le gouvernement américain vendait l'ensemble de ses écoles, hôpitaux, infrastructures de transport et titres, il ne serait même pas en mesure de rembourser sa dette. » Ce qui « limite la capacité d'action des États contre les inégalités ». De plus, la hausse du capital privé a profité essentiellement aux plus riches, alors que les États, en vendant leurs actifs, se sont privés d'une rente régulière. Au final, « les détenteurs de patrimoine privé se sont enrichis, mais les États se sont appauvris », expliquent les auteurs, alors que richesse nationale a largement augmenté.

COMMENT LES INEGALITES SE CREUSENT (L’HUMANITE – VENDREDI 15 DECEMBRE 2017 – CLOTILDE MATHIEU)

 

2. - CHUTE DE LA FISCALITE POUR LES PLUS RICHES

« Entre 1970 et le milieu des années 2000, la progressivité de l'impôt a été fortement réduite dans les pays riches et dans certains pays émergents », annoncent les auteurs. « Notre rapport est un cri d'alarme contre cette lourde tendance inégalitaire. Car, chaque pays pris isolément a envie d'attirer chez lui les plus riches », note Thomas Piketty. Dans le même temps, l'impôt des classes moyennes augmente. Pour les auteurs, si la réduction des inégalités passe par la généralisation de l'impôt progressif, celle-ci ne pourra se faire qu'à condition de lutter contre l'évasion fiscale. « Les capitaux placés dans les paradis fiscaux ont considérablement augmenté depuis les années 1970 et représentent aujourd'hui plus de 10 % du PIB mondial », écrivent-ils.

Du fait d'un plus grand recours à ces artifices, « il est difficile de mesurer et d'imposer correctement le patrimoine et les revenus du capital à l'heure de la mondialisation », regrettent les économistes. Et de proposer la création d'« un registre mondial des titres financiers permettant d'identifier les détenteurs ».

COMMENT LES INEGALITES SE CREUSENT (L’HUMANITE – VENDREDI 15 DECEMBRE 2017 – CLOTILDE MATHIEU)
COMMENT LES INEGALITES SE CREUSENT (L’HUMANITE – VENDREDI 15 DECEMBRE 2017 – CLOTILDE MATHIEU)

3 - BAISSE DES DÉPENSES PUBLIQUES POUR LES PLUS PAUVRES

L'autre problème concerne les plus bas revenus. Les divergences « entre l'Europe de l'Ouest et les États-Unis, qui avaient des niveaux d'inégalité comparables en 1980, mais se trouvent aujourd'hui dans des situations radicalement différentes », s'expliquent, selon Thomas Piketty, par « une inégalité considérable en matière d'éducation ». « Cela montre que les politiques publiques ont un fort impact sur les inégalités », ajoute-t-il. Aux États-Unis, sur 100 enfants dont les parents appartiennent aux 10 % des revenus les plus bas, seuls 20 à 30 vont à l'université. Ce chiffre passe à 90 lorsque les parents appartiennent aux 10 % des plus hauts revenus. Or, rappellent les auteurs du rapport, « une démocratisation de l'accès à la formation est un puissant levier », même si « l'éducation ne suffira pas à réduire les inégalités ». Dans leur rapport, ils préconisent une « meilleure représentation des travailleurs dans les organes de direction des entreprises et des salaires minimaux corrects ».

Reste que les inégalités pourraient encore s'aggraver. Dans leur rapport, les auteurs anticipent une nouvelle hausse d'ici à 2050, sur la base des tendances actuelles. La part de patrimoine des plus riches passerait ainsi de 33 % à 39 %, tandis que « la classe moyenne mondiale » verrait sa part de patrimoine « comprimée », de 29 % à 27 %. Pour autant, « le but de ce rapport (n'est) pas de se lamenter », mais de voir « comment il est possible, au sein d'une même mondialisation, d'avoir différentes politiques nationales », a expliqué Thomas Piketty sur France Inter.

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24 décembre 2017 7 24 /12 /décembre /2017 15:36

14 000, C'EST LE NOMBRE D'ÉTRANGERS EXPULSÉS DE FORCE EN 2017, SELON LE MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR.

 

Le projet de loi en préparation au ministère de l'Intérieur prévoit une série de mesures jugées inquiétantes par les associations. L'Humanité décrypte les plus graves.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, devait rendre sa copie au Conseil d'État la semaine dernière. Mais le projet de loi sur l'immigration qu'Emmanuel Macron voulait voir à l'Assemblée avant la fin de l'année tarde à se finaliser. D'abord annoncé pour le mois de janvier, c'est désormais au printemps qu'est censé fleurir ce texte considéré par beaucoup comme un poison. Et notamment par les associations à qui l'exécutif a présenté ses propositions ces dernières semaines.

Résultat : elles sont vent debout contre le projet gouvernemental, qui ne prévoit aucune régularisation de sans-papiers, ni d'intervenir sur la question du délit de solidarité. Au contraire, c'est bien à une amplification des politiques répressives à l'égard des étrangers que travaille le gouvernement.

 « Ça va au-delà de ce que préconisaient Charles Pasqua et Jean-Louis Debré, en leur temps », analyse Dominique Noguères, vice-présidente de la Ligue des droits de l'homme (LDH). « On dépasse toutes les lignes rouges », abonde Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade.

 

1 - LE DROIT D'ASILE EN VOIE DE DÉCONSTRUCTION

Emmanuel Macron et Gérard Collomb ont décidé de s'attaquer en premier lieu à l'asile. Le texte en préparation place Beauvau prévoit que le délai de traitement des demandes par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) soit revu à la baisse. « L'objectif du président est de les réduire à deux mois », indique dans le JDD le directeur de l'Ofpra, Pascal Brice, sans s'interdire de pointer « les difficultés sérieuses (...) qui doivent être résolues ». À la suite d'un rejet de l'Ofpra, un réfugié n'aura plus que quinze jours pour formuler un recours devant la CNDA, contre un mois aujourd'hui. Dans le cadre de certaines procédures, le caractère suspensif de ce recours pourra même être levé, s'il y a un risque de trouble à l'ordre public, par exemple, ou si la personne est en provenance d'un pays jugé « sûr ».

Le gouvernement souhaite, par ailleurs, réduire le nombre de demandeurs d'asile. Il pourrait atteindre les 95 000 personnes fin 2017, pour seulement 87 000 places d'hébergement prévues en 2019. Le texte en cours d'écriture propose donc une série d'autres mesures. Le membre d'une organisation reconnue comme terroriste par un pays de l'Union européenne (UE) ne pourra, par exemple, plus déposer de demande d'asile. L'exécutif veut également « appliquer la logique des accords de Dublin à des pays qui n'en sont pas signataires », explique Dominique Noguères. L'idée de Gérard Collomb est de créer une liste de pays de transit sûrs. « Une façon pour le gouvernement de se soustraire à son devoir d'accueil », commente le secrétaire général de la Cimade.

 

2 - L'ENFERMEMENT ET L'ÉLOIGNEMENT GÉNÉRALISÉS

Le principe est d'appliquer le plus strictement possible les accords de Dublin, qui prévoient de renvoyer un demandeur d'asile vers l'État de l'UE où il a été préalablement enregistré. Le ministre de l'Intérieur digère d'ailleurs très mal l'arrêt pris par la Cour de cassation, le 27 septembre dernier, censurant l'enfermement des « dublinés » en centre de rétention administrative (CRA). Estimant que le taux de « dublinés » dont la demande d'asile a été rejetée par un État de l'UE est de 75 %, le gouvernement entend créer les moyens législatifs pour les enfermer avant de les renvoyer.

 

 

3 - DE NOUVEAUX OUTILS DE CONTRÔLE DÉPLOYÉS

Afin que personne n'échappe à la machine infernale que nos dirigeants sont en train d'élaborer, l'exécutif prévoit enfin de multiplier les outils de contrôle. La durée de la retenue pour vérification du droit au séjour, actuellement fixée à 16 heures, passera ainsi à 24 heures. Le Siao (service intégré d'accueil et d'information) et l'Office français de l'immigration et de l'intégration devront également échanger leurs informations. Le principe d'inconditionnalité de l'hébergement risque de fait d'être remis en cause par le contrôle systématique de la situation administrative des bénéficiaires des centres d'hébergement d'urgence. « Des circulaires préfectorales demandant aux associations gestionnaires de collaborer ont déjà été émises, alerte Claire Rodier, du Gisti. On ne sait pas jusqu'où ira ce projet de loi, mais c'est très inquiétant.» Cerise sur le gâteau, Gérard Collomb entend retirer à l'aide sociale à l'enfance la mission d'évaluation de l'âge des mineurs non accompagnés pour que l'État s'en charge seul. « C'est le signe d'une défiance à l'égard des services de la protection de l'enfance, et d'une suspicion envers tous les jeunes étrangers », conclut Dominique Noguères.

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EN RÉSISTANCE POUR LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES MIGRANTS

Collectifs citoyens et associations nationales s'unissent progressivement pour faire face aux politiques gouvernementales qui visent les étrangers et leurs soutiens. Dans le cadre des états généraux des migrations, lancés à Paris il y a quelques semaines, et à l'approche de la Journée internationale des migrants, ce week-end, des manifestations ont eu lieu partout en France. Hier, à Névache (Hautes-Alpes), au pied du col de l'Échelle, plusieurs centaines de personnes se sont encordées sur les sentiers empruntés par les exilés à travers les montagnes enneigées.

Au même moment, dans le secteur, plusieurs réfugiés se sont trouvés piégés par la neige en cherchant à passer la frontière. Vingt-cinq personnes sont parties leur prêter main-forte. Plus bas, à Menton (Alpes-Maritimes), 500 personnes se sont rassemblées, samedi, pour exiger l'abrogation du délit de solidarité.

Aujourd'hui, à Nice, à 19 h 30, se tient à l'hôtel Splendid une conférence avec Régine Ailhaud-Blanc, mairesse de Champtercier (04), Philippe Bouyssou, maire d'Ivry (94), et Damien Carême, maire de Grande-Synthe (59), trois édiles porteurs de projets solidaires dans leur commune.

Un texte allant dans ce sens, porté par « les constructifs », a été adopté jeudi dernier par les députés. L'exécutif entend aller plus loin en créant des centres dédiés aux dublinés. « Ils veulent les enfermer avant même qu'une décision d'éloignement ait été prise, s'indigne Jean-Claude Mas. On tombe dans l'arbitraire. » La rétention devient l'outil privilégié du couple Macron-Collomb dans sa lutte contre l'immigration. Une personne pourra ainsi être enfermée quatre - vingt – dix jours en CRA, contre quarante-cinq aujourd'hui, et même jusqu'à cent dix jours dans certains cas. Deux cents nouvelles places seront créées. Et la vidéoconférence y deviendra obligatoire.

Gérard Collomd souhaite, en outre, qu'aucune nationalité ne reste inéloignable. Il est donc prêt à user de pressions et autres accords bilatéraux pour que les pays tiers délivrent plus rapidement leurs laissez-passer consulaires, lorsque la France souhaite expulser un de ses ressortissants. « Il ne s'agit plus seulement de récompenser les États qui acceptent de coopérer, mais de faire en sorte qu'ils n'aient pas les moyens de s'y opposer, par l'inclusion de la dimension migratoire dans tous les domaines de coopération (économique, commercial, politique ou militaire), y compris l'aide au développement », développe la Cimade.

 

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22 décembre 2017 5 22 /12 /décembre /2017 07:16
photo Le Télégramme

photo Le Télégramme

 

Les éclairages nocturnes, comme ici à la gare, ont été pointés du doigt par les élus de l'opposition, mercredi soir.

À la toute fin d'un conseil municipal qui aura duré trois heures et demie, l'opposition a réclamé que la municipalité s'engage dans une démarche vertueuse en réduisant l'éclairage nocturne. « On y travaille depuis un bon moment », a répondu la majorité, qui s'est engagée à obtenir un label. 

« Alors que l'heure est aux économies, pourquoi ne pas supprimer les lumières inutiles ? » C'est en ces termes que Jean-Pierre Cloarec a questionné la majorité, mercredi, en fin de conseil. « De nombreuses communes en France se sont engagées dans une démarche vertueuse en éteignant l'éclairage entre 23 h et 6 h le matin. Pourquoi la ville de Morlaix ne pourrait-elle pas à la fois réaliser des économies et réfléchir à une meilleure qualité de vie pour ses habitants ? », a poursuivi l'élu d'opposition en citant quelques exemples : « Qui utilise à pied les venelles et voies secondaires dans la nuit ? À la gare, onze luminaires en façade éclairent le ciel, sans oublier la multitude de lampes sur les pylônes qui permettent de lire le journal en pleine nuit alors qu'il n'y a pas de voyageurs entre 23 h et 6 h ! ». « Je ne demande pas d'interdire l'éclairage partout, mais de mesurer là où il est nécessaire. Il y a plein d'endroits où il y a des solutions.

 

 Et quand on sait que la majorité des cambriolages et méfaits se produisent de jour, l'éclairage ne constitue qu'un alibi faussement sécuritaire », a conclu Jean-Pierre Cloarec.

Variateurs de puissance et horloges


« Éteindre augmente le sentiment d'insécurité », lui a répondu Jean-Charles Pouliquen, en évoquant les enjeux complexes (financier, santé publique, environnement) qui entourent cette problématique. « On estime qu'un lampadaire cause la mort de 5.000 insectes par nuit », a argumenté l'adjoint chargé de l'environnement, en soulignant que la ville travaille depuis longtemps sur cette question de l'éclairage public. « On a réalisé un état des lieux il y a un an. On a supprimé les lumières qui éclairaient le ciel, on a mis en place des variateurs de puissance dans certaines zones et des horloges vont permettre d'adapter l'éclairage en fonction de la luminosité. D'autres solutions sont à l'étude. Quant à la gare, je m'engage à être votre porte-parole auprès de Morlaix communauté afin que son plan énergie climat soit respecté », a détaillé Jean-Charles Pouliquen, en précisant que la ville s'est engagée à décrocher le label ville étoilée. Un dossier sera déposé à l'automne prochain.
 

Morlaix: Conseil Municipal, suite: éclairage public, vidéo-surveillance, Morlaix-Wurselen, stationnement payant (Le Télégramme, 22 décembre 2017)
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22 décembre 2017 5 22 /12 /décembre /2017 06:46
meeting de Catalogne en commun, photo de Marie-Pierre Vieu, députée européenne communiste

meeting de Catalogne en commun, photo de Marie-Pierre Vieu, députée européenne communiste

La coalition Catalogne en commun-Podemos, avec environ 8% des voix, recueille aux alentours de 8 sièges. 

Le député communiste catalan Joan Josep Nuet était interviewé par la correspondante de L'Humanité Cathy Dos Santos le jeudi 21 décembre. Il est poursuivi pour sédition et rebellion parce qu'il était membre du bureau du Parlement destitué. 

Son analyse avant les résultats des élections régionales en Catalogne est particulièrement intéressante. 

"Si l'un des deux blocs en lice remporte le scrutin, qui plus est avec une majorité absolue (68 sièges), la crise a de fortes chances de s'approfondir. (...) Il y a un bloc auto-dénominé "constitutionnaliste", également appelé bloc du 155 (en référence à l'article de la Constitution qui a placé sous tutelle la Catalogne). Il est composé de trois partis: Ciudadanos, le Parti Populaire, et le Parti Socialiste Catalan. Ils ne sont pas identiques. Ciudadanos et le Parti Populaire ont un programme de vengeance contre la Catalogne. Ils mènent campagne contre l'école catalane qu'ils accusent d'être le vivier de la dynamique indépendantiste. Nous espérons que le PSC gagne en autonomie par rapport à ces deux partis. Côté indépendantiste, il y a trois listes, celle du président de Catalogne, Carles Puigdemont, qui représente la droite catalane recyclée, la Gauche républicaine et la CUP, la candidature d'Unité Populaire (anticapitaliste). S'ils obtiennent une majorité absolue, nous subirons de nouveau les mêmes erreurs de ces deux dernières années, à savoir vouloir une déclaration d'indépendance sans majorité sociale". 

"Avec la coalition Catalogne en commun, nous voulons construire un espace intermédiaire où il y aurait des indépendantistes et des non-indépendantistes. Cet espace doit prioriser le social. On ne peut pas gouverner une partie du pays contre une autre. Tomber dans ce piège, c'est courir droit vers l'affrontement civil, c'est accroître la fracture pour des raisons identitaires. Or, il n'y a pas qu'une identité en Catalogne mais des identités nationales où certains se déclarent catalans et d'autres se sentent plus espagnols. Le pays n'a pas de futur sans cette cohabitation. Aucune identité ne peut se superposer à une autre. L'unique proposition viable est une proposition politique qui combine ces identités sans extrême dans un sens ou dans un autre: ni indépendantisme unilatéral, ni conservatisme centralisateur espagnol comme le sont le PP, une grande partie de Ciudadanos et une frange socialiste. Il faut empêcher que les forces s'agglomèrent."

"Nous avons été les seuls à parler d'éducation et de santé publiques, d'égalité des droits femmes-hommes.... En Catalogne, 200 000 familles ne bénéficient d'aucune prestation sociale. Nous voulons transformer la Catalogne pour contribuer à transformer l'Espagne. Cela passe d'abord par résoudre la conflictualité, sans abandonner le calendrier social. Or, le PP national vit de la confrontation. Elle lui sert à marquer des points dans les autres régions. Le débat sur l'indépendance est tombé à point nommé pour lui pour reléguer l'agenda social et enterrer tous les scandales de corruption dans lequel il est impliqué. Le PP met sous pression la gauche en lui infligeant un chantage: l'unité ou l'explosion de l'Espagne? Nous pensons que les termes du débat sont autres, à savoir quel modèle politique en Espagne?"

"le modèle espagnol est triplement en crise. La crise est sociale et économique. Elle est aussi politique et démocratique. La corruption est l'une de ses expressions. Le système des partis s'est transformé en une sorte d'oligopole de structures politiques corrompues où les Parlements obéissent aux intérêts économiques et non aux revendications des citoyens. Enfin, la troisième crise est territoriale, comme le met en évidence le conflit catalan".  

        

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