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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 06:52

Des sociologues appellent à la mobilisation. Matthieu Hély, professeur de sociologie, président de l’Association des sociologues enseignant.e.s du supérieur et Romain Pudal, sociologue, chargé de recherche au CNRS

 

Matthieu HELLY

Il faut en finir avec le mythe de l’université pour tous », tels sont les mots du président de la République et le véritable sens politique de la loi d’orientation des lycéens – dit aussi « plan étudiant » – que le gouvernement tente de faire adopter à marche forcée, comme toutes ses réformes entérinant des régressions sociales sans précédent. Présenté parfois comme un remède au système APB ou, pire, au tirage au sort dont les injustices sont criantes, ce plan étudiant n’est pas fait pour assurer un suivi personnalisé des lycéens ou les aider à mieux s’y repérer dans leurs études ; ces mensonges répétés ad nauseam sont à mille lieues de ce qui risque de s’imposer dès cette année : une sélection brutale et de grande envergure. Aucun moyen n’a été donné aux universités pour traiter les demandes qui leur seront adressées, aucune feuille de route précise pour mener à bien cette réforme majeure de l’accès à l’université.

 

Romain PUDAL

Si jusqu’ici le bac, premier diplôme du supérieur (1) rappelons-le, donnait le droit de faire des études supérieures, dorénavant des « attendus » et autres « prérequis » pourront être exigés. Qu’est-ce à dire exactement ? Le guide national reste d’un flou artistique rarement atteint sur un sujet aussi grave : « ouverture sur le monde », « intérêt pour les questions de société », « maîtrise d’une langue étrangère », voilà quelques-uns des items avancés. On voit mal comment en juger d’après un dossier scolaire qui ne sera même pas examiné, faute de temps et de personnes pour le faire. Mais dans les universités appelées à décliner et préciser ces attendus, des idées émergent : ne pas accueillir ceux qui ont eu des « problèmes de discipline », décourager les bacheliers issus de filières non générales, exiger un Bafa, un engagement dans un service civique ou comme pompier volontaire pour certaines filières, tandis que d’autres verraient bien leurs étudiant-e-s de première année être bilingues en anglais ou maîtriser les statistiques ! En un mot, s’ils pouvaient avoir fini leurs études avant de les avoir commencées… Cette inflation autour des « attendus », cet irréalisme (on parle tout de même de jeunes de 17 ans !) sont encouragés par le plan étudiant, synonyme pour beaucoup de solution miracle face à la dégradation sans fin de l’université publique. Celle-ci est incontestable, qu’il s’agisse des capacités d’accueil, des infrastructures, des faillites à répétition, de la précarisation inouïe des personnels enseignant-e-s ou administratifs : il n’y a plus beaucoup de fonctionnaires titulaires dans les universités, il faut le savoir, et vouloir y travailler, c’est s’exposer à des années de galère. Dans un tel contexte dégradé, les titulaires font alors figure de « privilégiés », alors même qu’ils croulent sous les tâches de toute nature et font tourner le système à bout de souffle. Le plan étudiant apparaît alors comme la bouée de sauvetage : puisque nous coulons, pourquoi ne pas jeter par-dessus bord une partie des passagers ? ! On peut comprendre le sauve-qui-peut mais on ne peut l’accepter. Celles et ceux qui pâtiront de cette politique, ce sont les jeunes issus des milieux les moins favorisés, car la sélection scolaire qui se met en place sera avant tout une sélection sociale : venir des « bons » bahuts, des « bonnes » filières, bref des « bonnes » familles et des « bons » quartiers, telle sera la logique qui s’imposera et que certains assument, parlant sans vergogne de « filières poubelles pour le tout-venant », et assurer des formations de qualité à ceux qui pourront payer : soit leurs familles paieront, soit ils emprunteront. Pourtant l’argent ne manque pas : 5,5 milliards pour le crédit d’impôt recherche, véritable niche fiscale, 60 millions pour Polytechnique l’an dernier, alors même que ses résultats sont médiocres même face à des universités sous-dotées ! À quand donc un plan de financement majeur de l’université publique ?

 

Face à une logique politique qui conduit à fermer la porte des universités publiques, l’Association des sociologues enseignant-e-s du supérieur a décidé de s’opposer fermement et elle appelle le plus grand nombre à se mobiliser dans cette lutte en signant la pétition La sélection n'est pas la solution (Change.Org)

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 21:27
Maroc: Au bord des puits de charbon de Jerada, le deuil et la colère (Rosa Moussaoui, L'Humanité - 27 décembre 2017)
Maroc. Au bord des puits de charbon de Jerada, le deuil et la colère
ROSA MOUSSAOUI
MERCREDI, 27 DÉCEMBRE, 2017
L'HUMANITÉ

 

La mort de deux jeunes gens pris au piège dans une mine d’anthracite clandestine a provoqué la colère et l’émoi à Jerada, dans la région de l’Oriental. L’ancienne cité minière est devenue l’une des villes les plus pauvres du pays.

Des vies fauchées au petit matin, dans l’obscurité d’une mine clandestine. Vendredi, deux frères de 20 et 30 ans ont trouvé la mort dans un puits clandestin d’extraction de charbon à Jerada, dans le nord-est du Maroc. « Ils tentaient d’aérer leur puits en creusant une allée vers un puits voisin, ils ont été surpris par un torrent d’eau assez puissant », se désole Said Zaroual, militant de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dans les colonnes du magazine Tel Quel. Un troisième homme a eu la vie sauve en s’accrochant au treuil permettant de remonter le charbon, avant d’être secouru par des mineurs restés en surface.

« Nous vivons dans une région sinistrée »

La fin tragique de ces mineurs clandestins a provoqué, au Maroc, une nouvelle explosion de colère et d’émotion. Comme celle qui avait succédé à la mort de Mouhcine Fikri, le jeune poissonnier d’Al Hoceïma broyé dans une benne à ordures, le 28 octobre 2016. Comme celle provoquée par la mort de quinze femmes piétinées lors d’une distribution d’aide alimentaire à Sidi Boulaalam, près d’Essaouira, le 19 novembre dernier. Lundi, pour la troisième journée consécutive, des milliers de personnes se sont rassemblées, à Jerada, pour dénoncer « l’injustice », la « marginalisation » et « l’abandon » de l’ancienne cité minière et « les conditions de vie difficiles » de ses habitants. Lundi, une grève générale était observée, tandis que les manifestants reprenaient les slogans du Hirak, le mouvement citoyen qui secoue la région voisine du Rif depuis la mort de Mouhcine Fikri. Dans l’après-midi, les funérailles des deux mineurs se déroulaient dans un climat de tension, sous haute surveillance des forces de sécurité, les habitants refusant la présence de représentants des autorités locales à la cérémonie. « C’est compréhensible que les habitants soient en colère. Ce n’est pas la première fois que des mineurs meurent sans la moindre réaction des autorités. Nous vivons dans une région sinistrée où une partie des habitants n’a pas d’autre choix que de creuser des puits pour subvenir à ses besoins », résume Said Zaroual.

À Jerada, la mine de charbon faisait encore travailler 9 000 ouvriers lors de sa fermeture, en 2000. Sans autres ressources, de nombreux habitants survivent encore de l’extraction du charbon, descendant dans les « cendrillates », les puits clandestins, au péril de leur vie. « Au fur et à mesure qu’ils creusent les puits pouvant atteindre 70 mètres de profondeur, ils créent des structures en bois pour éviter l’éboulement. Donc un seul faux pas et c’est le drame », rapporte le photographe Mehdy Mariouch, qui a documenté le quotidien précaire des gueules noires de Jerada. L’anthracite arraché à ces mines de fortune dans des conditions dignes de Germinal est ensuite cédé à vil prix à des « barons du charbon » qui tirent de sa revente de confortables bénéfices.

La crainte d’un « Hirak du charbon » préoccupe le Makhzen

Selon un scénario désormais bien rodé, les autorités locales promettent l’arrivée prochaine d’une « délégation ministérielle » chargée de recenser les revendications des protestataires. Signe que la crainte d’un « Hirak du charbon » préoccupe le Makhzen, l’appareil monarchique, dans un contexte de fortes tensions sociales et politiques. Le 14 octobre dernier, le roi Mohammed VI lui-même reconnaissait, à propos de la profonde crise qui agite le Rif depuis plus d’un an, les limites d’un « modèle de développement national (…) inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens (…) et à réaliser la justice sociale ». D’après la Banque mondiale, seul un Marocain sur deux, dans la tranche d’âge 25-35 ans, dispose d’un emploi, par ailleurs souvent informel ou précaire. L’émigration, sévèrement contrôlée, n’offre plus d’exutoire. Une bombe à retardement, dans une société fracturée par les inégalités sociales et territoriales, le manque de services publics, la corruption.

Pour contenir les conflits, le Palais balance, jusqu’ici, entre promesses et répression féroce, faisant sauter, quand il le faut, quelques fusibles administratifs ou gouvernementaux. Des subterfuges politiques bien dérisoires au regard des profondes aspirations à la dignité, à la justice sociale, à la démocratie qui travaillent le Maroc et, plus largement, l’Afrique du Nord.

Journaliste à la rubrique Monde
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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 10:16
Khalida Jarrar

Khalida Jarrar

Ahed Tamimi

Ahed Tamimi

Salah Hamouri

Salah Hamouri

Khalida Jarrar députée Palestinienne du FPLP emprisonnée sans motif depuis 6 mois vient d'en reprendre pour 6 mois. 
Salah Hamouri avocat franco palestinien emprisonné sans motif depuis 130 jours 
Ahed Tamimi jeune Palestinienne emprisonnée à son tour et condamnée à 2 ans sans procès. Son crime: avoir giflé des soldats qui venaient de tirer à bout portant sur son cousin, toujours aujourd'hui entre la vie et la mort, une semaine après.  

La puissance coloniale violente qui occupe la Palestine ne tolère pas la résistance légitime du peuple occupé -un classique de l'histoire qu'on espérait révolu.
L'acharnement des autorités d'occupation israéliennes contre la famille Tamimi du village de Nabi Saleh en témoigne. 
Ahed, 16 ans, vient d'être condamnée à deux ans de prison, sa mère, sa tante, sa cousine sont détenues, alors que son cousin vient d'être grièvement blessé par la soldatesque israélienne.

Solidarité avec les filles et femmes de Palestine. Solidarité contre l'occupation coloniale!

Leur crime ?

Défendre à la seule force des mots le droit à un état pour le peuple Palestinien
Arrêtés par un état qui colonise à la force des armes et au mépris de toutes les décisions Internationales 
Pour eux , pour Barghouti et tous les autres, liberté 
Pour le peuple Palestinien : 1 état
Exigeons-le!

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 09:52
Démographie: une évolution à la baisse à Morlaix et dans le pays de Morlaix en 2010 et 2015 (Le Télégramme, 28 et 29 décembre 2017)

Moins 158 habitants dans le Pays de Morlaix. C'est ce qu'attestent les derniers chiffres de l'Insee sur l'évolution de la population entre 2010 et 2015. Paradoxe, les petites communes attirent quand la population des grandes chute, avec Morlaix qui passe sous les 15.000. 

1. Morlaix : le passage en dessous des 15.000. Le cap a été passé l'année dernière. Morlaix n'a plus « que » 14.830 habitants. Si la ville reste la plus peuplée du territoire, il est bien loin le temps où la cité du Viaduc comptait, en 1982, 18.348 habitants. Une baisse qui est donc entamée depuis plusieurs années mais qui se confirme avec la perte de 591 Morlaisiens de 2010 à 2015. Un chiffre qui fait de Morlaix la ville ayant perdu le plus d'habitants sur le territoire. Petite consolation, la ville n'a perdu que sept habitants entre 2014 et 2015. Ses communes voisines, Plourin-lès-Morlaix et Saint-Martin-des-Champs, sont entraînés dans la chute. Avec respectivement moins 80 et moins 111 habitants entre 2010 et 2015. 

2. Le Pays de Morlaix négatif. Avec seulement -0,03 % d'évolution moyenne de la population par an, de 2010 à 2015, le nombre d'habitants du Pays de Morlaix n'évolue presque pas. Mais si, de 2009 à 2014, le territoire composé de 60 communes avait gagné 122 habitants, la dynamique s'inverse depuis trois ans. Entre 2012 et 2013, 23 habitants de moins, 122 entre 2013 et 2014... Pour arriver à une perte totale de 248 habitants (entre 2010 et 2015). 

3. Les principales communes en baisse. 
Morlaix (moins 591 habitants), Landivisiau (88), Saint-Pol-de-Léon

 

(320), Saint-Martin-des-Champs  (111)... Les principales communes du territoire voient leur population baisser. Seule exception, Plouigneau, qui enregistre une hausse de 148 habitants (3,1 % par an).

4. Les petites communes en progression. La palme des progressions les plus importantes est attribuée aux petites communes, dont Trézilidé qui arrive en tête, en passant de 277 à 350 (une croissance de 26,4 %), devant Lanhouarneau dont la population passe de 1.165 à 1.323 (13 %). 
5. Des communes proches de la RN12 qui attirent.

 Bodilis a vu sa population augmenter de 33 habitants, Guiclan de 230, Plouégat-Moysan de 53 et Sainte-Sève de 116 habitants. Toutes ces communes ont un point commun : elles profitent de la RN12 reliant Morlaix à Brest. Un axe incontournable pour certains travailleurs.
6. Le littoral délaissé.
Les chiffres de l'Insee confirment la perte de vitesse des communes littorales. Locquirec, la plus forte chute, en terme de pourcentage, du Pays de Morlaix, a vu sa population diminuer de 129 habitants (8,7 %), Roscoff de 272 (7,5 %), l'île de Batz de 37 (7,3 %) et Plougasnou de 213 (6,8 %).

Voici l'évolution de la population du pays de Morlaix entre 2010 et 2015, commune par commune. Elles (les 60) sont réparties par secteur, de la plus importante en nombre d'habitants à la moins peuplée. 

1. Territoire de Morlaix communauté. 1. Morlaix, 14.830 (-591). 2. Plouigneau, 4.901 (+148). 3. Saint-Martin-des-Champs, 4.648 (-111). 4. Plourin-lès-Morlaix, 4.368 (-80). 5. Plougonven, 3.439 (+146). 6. Carantec, 3.149 (-40). 7. Pleyber-Christ, 3.076 (+6). 8. Saint-Thégonnec Loc-Eguiner, 3.016 (+48). 9. Plougasnou, 2.999 (-213). 10. Taulé, 2.985 (+56). 11. Lanmeur, 2.187 (+16). 12. Plouezoc'h, 1.591 (+6). 13. Locquirec, 1.347 (-129). 14. Guerlesquin, 1.343 (-26). 15. Henvic, 1.321 (+23). 16. Plounéour-Ménez, 1.251 (-14). 17. Plouégat-Guérand, 1.081 (+1). 18. Garlan, 1.045 (+55). 19. Sainte-Sève, 987 (+116). 20. Guimaëc, 970 (+18). 21. Locquénolé, 791 (-17). 22. Plouégat-Moysan, 701 (+53). 23. Le Cloître-Saint-Thégonnec, 663 (+28). 24. Saint-Jean-du-Doigt, 636 (+19). 25. Botsorhel, 425 (-38). 26. Lannéanou, 381 (+21). 27. Le Ponthou, 173 (+9). 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 09:47
La gynécologie en voie de disparition en France: "Il faut que les femmes se rebellent" (Ouest-France, 28 décembre 2017)

Yves-Marie ROBIN.

Les gynécologues médicaux ne sont plus que 1 136 en France pour 28 millions de femmes âgées de plus de 16 ans. Et il reste moins de mille médecins accoucheurs dans le privé.

Cela devient une spécialité très rare en France. En l’espace d’une décennie, entre les années 2007 et 2017, le nombre de gynécologues médicaux (spécialisés dans les problèmes hormonaux, la contraception, la stérilité, le diagnostic de tumeur, la ménopause…) a chuté de 41,6 % dans l’Hexagone, selon une enquête du journal Le Monde parue mercredi soir. Ces praticiens ne sont plus, aujourd’hui, que 1 136 en France pour 28 millions de femmes âgées de plus de 16 ans. Et ils pourraient n’être que 531 en 2025 contre 1 648 en 2010.

Dans de nombreuses villes, décrocher un premier rendez-vous est devenu mission impossible ou quasiment, nombre de médecins n’acceptant de nouvelles patientes que sur orientation expresse d’un confrère généraliste. Dans la Creuse, on ne compte plus que 4,2 gynécologues médicaux pour 100 000 habitants ; 4,32 en Dordogne ; 4,37 % dans l’Ain. Mais 28,6 à Paris et 67,4 à Neuilly.

Certaines villes de la banlieue parisienne n’en ont plus aucun. Des femmes n’ont ainsi plus de suivi ou doivent changer de département dans l’espoir de pouvoir consulter. Six départements n’offrent plus aucun gynécologue médical actuellement.

La disparition du certificat d’études spéciales

L’origine de cette situation ? La décision des pouvoirs publics de ne plus former de spécialistes de la santé des femmes entre 1987 et 2003, "afin de s’aligner sur les formations des autres pays européens".

"Après-guerre, la France avait pourtant engagé une politique forte de formation des gynécologues, raconte le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France, joint par Ouest-France. Deux filières de formation ont ainsi vu le jour : l’internat et le certificat d’études spéciales. Grâce à ce CES, beaucoup de praticiens ont été formés. Mais quand la France a intégré l’Europe, le CES n’existant pas dans les autres pays, on n’a plus formé que par l’internat, sans augmenter le nombre d’étudiants…"

Une pénurie que critique le professeur Israël Nizand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, interrogé ce jeudi matin sur RTL. "La bureaucratie sanitaire a estimé que moins il y a de médecins, moins il y a de dépenses. C’est une gestion catastrophique de la démographie médicale."

Depuis une quinzaine d’années, une soixantaine de ces spécialistes sont de nouveau formés chaque année, mais insuffisamment pour compenser les départs à la retraite. Près des deux tiers des gynécologues médicaux en activité ont, en effet, plus de 60 ans.

Les médecins généralistes prennent, alors, parfois le relais. Ce n’est pourtant pas la meilleure solution, selon les gynécologues médicaux. "Une spécialité de quatre années d’études ne se remplace pas par une formation de trois mois en gynéco pour un généraliste", explique Anne Gompel, professeure de gynécologie à l’université Paris-Descartes, citée par Le Monde.Quant aux sages-femmes, elles sont insuffisamment formées au diagnostic et au traitement médical.

Autre problème, et non des moindres : les tarifs affichés par certains spécialistes peuvent, également, être un frein au suivi des femmes. En France, seuls 38,5 % des gynécologues pratiquent, en effet, la consultation à 30 €, appliquant donc le tarif Sécu. Chez 45 % des 3 000 gynécologues (médicaux et obstétriciens) exerçant dans les cent plus grandes villes de France, il faut débourser au moins 60 € pour une consultation standard, rapporte le journal Le Monde

"Que les femmes se rebellent"

La population des gynécologues obstétriciens n’est pas en meilleure forme. Dans trente départements, il n’existe plus aucun praticien en libéral. Les femmes doivent donc se rendre dans les hôpitaux pour le suivi de leur grossesse. Des établissements de soins qui commencent, eux aussi, à manquer de spécialistes des accouchements…

"Actuellement, il reste moins de mille accoucheurs dans le privé en France, poursuit le Dr Bertrand de Rochambeau. Il n’y a plus que 20 % des accouchements qui se font dans le privé". La raison ? " Les conditions de travail et des tarifs d’assurance professionnelle qui n’en finissent pas de grimper. Conséquence : de nombreuses femmes patientent à la porte des hôpitaux, avec pour certaines d’entre elles, un gros retard de suivi".

Quelle solution, alors, pour remédier à cette situation tendue ? Le Dr Rochambeau milite pour une augmentation sensible du nombre d’étudiants, mais il faut douze ans pour « fabriquer » un gynécologue obstétricien. Le praticien prône aussi l’amélioration des parcours de soins "pour éviter que des femmes n’errent de cabinet médical en cabinet médical".

Mais face à la quasi-disparition d’une spécialité médicale en France, une seule chose pourrait faire bouger les lignes, selon le Dr Bertrand de Rochambeau : "Que les femmes se rebellent. Avec urgence !"

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 08:54
L'audiovisuel public est en grave danger (Laurent Mauduit, Médiapart, 27 décembre 2017)
L’audiovisuel public est en grave danger
 PAR 

Emmanuel Macron veut une réforme de l’audiovisuel public. Ce projet pourrait créer une holding rassemblant toutes les entreprises, ce qui renforcerait la mainmise du pouvoir. Le chef de l’État se méfie des journalistes et va jusqu’à s’afficher avec Cyril Hanouna, sanctionné pour homophobie et sexisme.

 

Depuis plusieurs jours, c’est la question dont se délectent tous les journalistes médias : recevant le lundi 4 décembre les députés de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron leur a-t-il bel et bien confié qu’à ses yeux l’audiovisuel public était « la honte de la République », comme l’ont rapporté peu après L’Express ou encore Télérama ? Ou bien faut-il donner quelque crédit au démenti de l’Élysée, assurant qu’on a prêté au chef de l’État des propos qu’il n’avait pas tenus ? Avouons-le : comme nous n’avons pas assisté à l’échange, nous n’avons pas de certitude quant à l’exactitude du verbatim placé dans la bouche du président de la République. Et, au demeurant, l’interrogation paraît parfaitement secondaire.

Car quand bien même Emmanuel Macron aurait prononcé ces mots qui ont indigné beaucoup de journalistes de France Télévisions ou de Radio France (voir ici la réaction du SNJ de Radio France), le compliment pourrait lui être retourné. Si « honte » il y a, elle peut être imputée à de nombreux acteurs. Au PDG de Radio France, Mathieu Gallet, comme à la dirigeante de France Télévisions, Delphine Ernotte ; au président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Olivier Schrameck, et aux membres de cette instance, qui ont installé ces deux PDG dans leur fonction et qui sont à l’origine de ce désastre de l’audiovisuel public ; à la haute fonction publique de Bercy, qui ne s’est jamais intéressée au dossier de l’audiovisuel public autrement que pour lui faire rendre gorge, et l’étrangler financièrement ; mais tout autant au chef de l’État, qui a apporté de nombreuses preuves – pas plus tard encore que dimanche 17 décembre, lors de son entretien tout en connivence sur France 2 avec Laurent Delahousse –, qu’il entendait maintenir l’insupportable lien de subordination que le pouvoir présidentialiste a toujours fait peser depuis les débuts de la Ve République sur l’audiovisuel public, au mépris des droits des citoyens à disposer d’une information libre et honnête, cette relation de servitude qui déshonore le journalisme et anémie notre démocratie

Une « honte » ! Assumons donc le mot à sa place, puisque de toute évidence Emmanuel Macron ne le revendique pas et surtout puisqu’il est bien mal placé pour mener cette charge, sauf à dresser un réquisitoire contre lui-même. Et cherchons à comprendre pourquoi l’audiovisuel public traverse une crise aussi grave.

Cet audit est d’autant plus impérieux qu’Emmanuel Macron au moins n’a pas caché qu’il préparait une grande réforme de l’audiovisuel public. Lors de ce même entretien sur France 2, le 17 décembre, il a en effet évoqué un possible « big-bang » pour le début de 2018 : il a annoncé le lancement imminent d’un grand travail de réflexion autour de l’audiovisuel public « structuré dans son architecture sur le monde d’avant ». C’est,« pour l’État, de très loin le premier budget de la culture » ; « il y a de l’argent mais est-ce qu’on le met au bon endroit et, surtout, est-ce l’organisation collective la plus pertinente ? », a-t-il déclaré.

En réalité, l’audiovisuel public soulève une cascade de questions : pourquoi se porte-t-il si mal ? Que prépare secrètement la puissance publique ? Et quels devraient être les ressorts d’une refondation démocratique de l’audiovisuel public ?

1. Le bilan calamiteux de Delphine Ernotte

Il y a d’abord un constat : comme Mediapart l’avait révélé en mai 2015 (lire France Télévisions : la désignation de la PDG entachée d’irrégularités) la désignation par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte au poste de présidente de France Télévisions (FTV) a été en son temps entachée de nombreuses et graves irrégularités. Une instruction judiciaire est d’ailleurs toujours en cours à ce sujet. Et la nouvelle promue, loin de s’appliquer à faire oublier ce sulfureux épisode, a depuis multiplié les faux pas. Tant et si bien que du début de son mandat jusqu’à aujourd’hui, elle a constamment alimenté un procès en illégitimité.

Que l’on se souvienne de ce que nous avions à l’époque révélé. Lors de la procédure de nomination organisée par le CSA, nous avions mis au jour d’invraisemblables intrigues organisées dans les coulisses du pouvoir pour biaiser la décision de l’autorité supposée indépendante et pour avantager Delphine Ernotte. Issue du groupe Orange, cette dernière a ainsi bénéficié de l’appui confidentiel de David Kessler, qui lui aussi avait le même groupe Orange comme port d’attache, mais qui peu avant officiait à l’Élysée comme conseiller de François Hollande pour les médias et la communication. En clair, après avoir conseillé le chef de l’État pour choisir Olivier Schrameck comme nouveau président du CSA, David Kessler s’est mis au service de Delphine Ernotte, pour que le CSA la désigne comme présidente de France Télévisions. Le système de la barbichette…

L’Élysée a tiré en cachette les ficelles d’une nomination qui pourtant était supposée impartiale, et ne devait dépendre que du seul CSA, sans intervention ou pression extérieure. Si à l’époque, Delphine Ernotte a ainsi pris le dénommé Denis Pingaud, pour piloter la communication de sa candidature, c’est que ce dernier avait un lien direct avec l’Élysée, par l’intermédiaire du nouveau conseiller en communication de François Hollande, Gaspard Gantzer. Par la suite, les deux amis n’ont même pas pris la peine de cacher qu’ils faisaient équipe : sans la moindre gêne, ils ont depuis créé ensemble une agence de communication baptisée « 2017 ».

Au même moment, Delphine Ernotte a aussi bénéficié des conseils secrets d’un autre cadre dirigeant d’Orange, Xavier Couture. Pis que cela ! Comme nous l’avions également révélé, ce dernier s’était initialement mis au service d’un autre candidat, Didier Quillot, mais avait en cours de compétition changé de patron et s’était rallié à Delphine Ernotte, lui faisant vraisemblablement profiter de sa connaissance du programme élaboré par Didier Quillot. Tant et si bien que l’on a pu découvrir de fortes ressemblances entre les programmes des deux candidats.

 

Et pour finir, c’est le vote du CSA lui-même qui est apparu l’objet de pressions. Bref, Delphine Ernotte l’a emporté au terme d’une procédure viciée, indigne d’une grande démocratie. Emmanuel Macron n’ignore sans doute rien de toutes ces opaques péripéties, puisqu’il a longtemps officié aux côtés de Gaspard Gantzer, qui a été l’un de ses camarades de promotion à l’Élysée, et auquel son parti LREM a voulu donner une investiture aux dernières législatives, ce que Gaspard Gantzer a accepté, avant de jeter l’éponge.

Les ménages de Michel Field

Or, par la suite, Delphine Ernotte n’a effectivement rien fait pour faire oublier cette tache originelle. Elle a, au contraire, multiplié les faux pas. Elle s’y est pris de telle manière qu’elle est même paradoxalement parvenue à faire oublier – ou du moins à reléguer au second plan – le bilan tout aussi désastreux de son homologue de Radio France, Mathieu Gallet qui, par sa politique d’austérité, son arrogance ou sa folie des grandeurs, est parvenu à la même époque à dresser toute la Maison ronde contre lui, dans une lon D’abord, Delphine Ernotte a pris comme bras droit à France Télévisions le même Xavier Couture, dont les états de service, dans le passé, comme PDG de Canal+ étaient pourtant peu glorieux, et qui venait tout juste de trahir le candidat avec lequel il faisait équipe, Didier Quillot. En somme, les deux personnalités qui, en 2015, ont pris le pouvoir à France Télévisions avaient l’une comme l’autre le signe distinctif d’avoir été portées à leur fonction par le fait de sombres intrigues et non par la reconnaissance de leur qualité ou expérience professionnelle.

Puis, c’est un autre choix qui a ébranlé France Télévisions, celui de Michel Field, d’abord comme directeur de France 5, puis très vite, comme directeur de l’information pour l’ensemble des rédactions du groupe. Sans doute Delphine Ernotte ne pouvait-elle pas mieux manifester le peu de respect qu’elle avait pour l’information indépendante et de qualité. Car, dans le passé, l’intéressé s’était déjà distingué dans des conditions qui auraient dû le disqualifier pour une telle fonction. De 2005 à 2007, il a par exemple présenté l’émission « Politiquement Show » sur LCI, avec Patrick Buisson, l’ancien dirigeant du journal d’extrême droite Minute, qui devient à cette même époque le conseiller de l’ombre de Nicolas Sarkozy – émission qu’a aussi animée dans le passé David Pujadas, avec le même chroniqueur d’extrême droite.

Dans le passé, on l’a aussi vu animer des meetings de l’UMP (l’ancêtre du parti Les Républicains), ou même des spots publicitaires, par exemple au profit du géant de la grande distribution Casino (voir la vidéo ci-dessous), ce que prohibent formellement toutes les chartes déontologiques des journalistes (voir par exemple l’article 9 de la charte la plus connue, celle de Munich

Comment un tel personnage a-t-il pu être installé comme patron de l’information sur l’ensemble des chaînes du groupe France Télévisions ? Ce simple choix de Delphine Ernotte a lancé le coup d’envoi de la chronique d’un désastre annoncé. Il est aussitôt devenu clair qu’à l’heure où une dizaine de milliardaires ont pris possession de la quasi-totalité de la presse française, dans des logiques de connivence ou d’influence, l’audiovisuel français, et au moins l’un de ses deux principaux piliers, France Télévisions, serait moins que jamais un lieu sanctuarisé où les journalistes pourraient travailler librement, et où les citoyens pourraient trouver une information honnête et de qualité.

La suite des événements l’a naturellement démontré : avec Michel Field à leur tête, les rédactions de France Télévisions sont allées de crise en crise, malmenées par une direction dont les logiques n’avaient pas grand-chose à voir avec le droit de savoir des citoyens.

Contesté par les journalistes de la maison, et par les syndicats, sur fond d’un mouvement de grève suscité par la fusion des rédactions de France 2 et France 3, Michel Field affiche ainsi le mépris qu’il a pour ceux qu’il dirige : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre », assène-t-il avec vulgarité, en avril 2016.

Nouvelle polémique à peine quelques semaines plus tard : dans l’insupportable logique présidentialiste, qui fait du chef de l’État le véritable patron de France Télévisions, sinon même le rédacteur en chef des émissions les plus importantes, France 2 est sommé d’organiser une émission spéciale « Dialogues citoyens », construite tout exprès pour redorer le blason d’un président de la République de plus en plus discrédité. Et cette émission de complaisance au profit de François Hollande, c’est encore une fois Michel Field qui en est la principale cheville ouvrière. Résultat de ces faux pas : une première motion de défiance est ratifiée par 65 % des votants contre Michel Field, que Delphine Ernotte décide pourtant de maintenir à son poste.

À l’époque, tout continue donc de travers. Avec, en bout de course, une nouvelle crise ouverte, qui éclate en septembre 2016, quand Michel Field décide de déprogrammer une enquête sur l’affaire Bygmalion que la journaliste Élise Lucet doit présenter dans le cadre de l’émission « Envoyé spécial » sur France 2. Motif invoqué par le directeur de l’info de France Télé : en pleine campagne des primaires des Républicains, l’audiovisuel public ne peut pas se permettre de faire des révélations embarrassantes sur l’un des candidats, en l’occurrence Nicolas Sarkozy. L’affaire tourne à l’esclandre public, car la journaliste fait, elle, valoir que le droit à l’information des téléspectateurs ne saurait être dépendant des agendas ou des intérêts de dirigeants politiques, quels qu’ils soient.

En cet automne 2016, France Télévisions apparaît alors en pleine lumière : on peut y discerner que l’information est constamment sous tutelle, mais que quelques journalistes de la grande maison constituent des poches de résistance. Et pour une fois, ce sont les logiques de l’information indépendante qui l’emportent : l’enquête sur Bygmalion est normalement diffusée le 29 septembre 2016. Pour mémoire, revoici ce passionnant documentaire, qui a recueilli les confidences inédites de Franck Attal, ex-cadre de la société Bygmalion, lequel a organisé les 44 meetings du président-candidat Nicolas Sarkozy en 2012 :

L’histoire est donc écrite : discrédité à l’extérieur, désavoué en interne, Michel Field démissionne finalement en mai 2017, alors qu’une nouvelle motion de défiance contre lui est en préparation. Mais la suite de l’histoire n’en reste pas moins accablante. Car au lieu de tirer enfin les enseignements de toutes ces turbulences dont elle est la première responsable, Delphine Ernotte continue par la suite à vouloir remettre au pas les journalistes de France Télévisions. Et puisque la manière confuse et complaisante de Michel Field n’est plus possible, elle opte à l’automne 2017 pour la voie austéritaire.

Dans le cadre du plan d’économie de 50 millions d’euros que le gouvernement lui a demandé de mettre au point pour 2018, elle fait en effet vite comprendre que les deux émissions phares de France 2, « Envoyé spécial » et « Complément d’enquête », paieront un lourd tribut. Avec à la clef combien de suppressions de postes ? La présidente de FTV se garde de le préciser, mais la rédaction comprend que si tous les CDD de ces deux émissions devaient être supprimés, il ne resterait plus que cinq journalistes en CDI à la première émission et seulement deux à la seconde. Autant dire que les deux émissions sont condamnées.

 

Les colères des personnels contre les projets de fusion

Et le syndicat ajoute : « Quoi qu’on pense de la motion de défiance [contre Delphine Ernotte], elle met en lumière une crise de France Télévisions qui remonte à loin. Le premier choc historique est la décision de Nicolas Sarkozy de supprimer la pub en 2008 sans compensation dynamique et pérenne. L’entreprise ne s’est jamais remise de cette fragilisation de son modèle économique. Cette politique de déstabilisation s’est poursuivie avec le gouvernement Hollande. En 2012, Rémy Pflimlin annonce un plan drastique de 200 millions d’euros d’économies et 650 suppressions d’emplois. En fin de quinquennat Hollande, Delphine Ernotte, nouvellement nommée, s’engage dans son contrat d’objectifs et de moyens signé avec l’État à supprimer 500 emplois supplémentaires d’ici 2020 (dont 171 l’an prochain). C’est ce que nous subissons tous. Et comme si ça ne suffisait pas, Emmanuel Macron taille encore dans le budget. Une diminution brutale de 80 millions d’euros pour tout l’audiovisuel public, dont 50 millions d’euros rien que pour France Télévisions. »

À la crise de l’information vient donc se cumuler une crise budgétaire, organisée par le pouvoir, avec à la clef des suppressions de postes, des regroupements et fusions de rédactions. Et ce qui est vrai à France Télévisions l’est tout autant à Radio France. Témoin, le dernier communiqué commun du SNJ et du SNJ-CGT (il est consultable ici), qui ont réagi avec colère, le 23 décembre, à l’arrivée d’une transfuge de TF1, Catherine Nayl, à la tête de l’information de France Inter :

« Le choix de celle qui était directrice de la rédaction de TF1 jusqu’en octobre dernier est finalement assez logique puisque la direction de Radio France ne croit plus qu’aux recrutements externes, malgré les succès d’audience que connaît la rédaction de France Inter, grâce notamment à ses journalistes et aux responsables issus de ses rangs […]. Mais on imagine que le choix d’une personnalité extérieure est surtout lié aux projets de Laurent Guimier et de Mathieu Gallet de fusionner les rédactions. Une décision qui videra très vite le poste de directeur de la rédaction de tout son sens et qui pourrait surprendre Catherine Nayl, si on ne lui a pas expliqué… Car, et c’est là l'information la plus importante, une nouvelle étape vers la fin des rédactions a également été annoncée vendredi soir. Conformément au projet stratégique 2018 de Radio France, présenté mercredi en CCE et vendredi en CA, qui prévoit “la mise en place de nouveaux services communs à toutes les chaînes, Laurent Guimier a annoncé que Jean-Marc Four allait prendre la tête de ce qui sera “la Direction de l’information internationale de Radio France” et qui a vocation à remplacer les services étrangers de France Inter, France Culture et France Info. » 

Et les deux syndicats de journalistes ajoutent : « Des fusions en interne qui précèdent celles que la Tutelle veut nous imposer. Le nouveau poste de Jean-Marc Four est d’ailleurs taillé en ce sens puisque – selon le texto qui annonce sa nomination – il “participera aux travaux engagés avec les autres entreprises en matière d’information internationale, dans le contexte actuel de réflexion autour de l’avenir de l’audiovisuel public”. On démonte Radio France brique par brique malgré – ou à cause – des succès de ses chaînes. La concurrence doit se frotter les mains ce soir. »

« On démonte Radio France brique par brique » : la formule, qui pourrait tout autant s’appliquer à France Télévisions, résume de fait parfaitement le souhait de la puissance publique, relayée par les deux PDG des deux entreprises publiques. À un détail près, qui est décisif : c’est que dans le même temps, dans ce vaste projet de démantèlement ou de reprise en main – on ne sait pas bien comment le qualifier –, l’Élysée a vraisemblablement le projet de créer une structure de tête, qui vienne à l’avenir chapeauter l’ensemble du secteur de l’audiovisuel public. Sans doute ne serait-ce pas le retour à l’ex-ORTF, mais, à tout le moins, l’idée chemine d’une holding qui pourrait coiffer tout à la fois France Télévisions, Radio France et les autres entreprises publiques du secteur.

Ce projet de holding, évoqué par Emmanuel Macron quand il était candidat à l’élection présidentielle, c’est Le Monde, le 13 novembre, qui a révélé qu’il cheminait plus que jamais, en rendant public un document secret de travail du ministère de la culture. Lequel document envisage bel et bien, selon le quotidien, « de regrouper France Télévisions, Radio France et les autres sociétés du secteur au sein d’une structure commune, une “holding”, mais aussi de supprimer France Ô, la chaîne des outre-mer, ou de cantonner les médias jeunesse France 4 et la radio Le Mouv’ à une diffusion seulement numérique ». Peu avant, le ministre du budget, Gérald Darmanin, avait de son côté évoqué une possible fusion, en région, de France 3 (groupe France Télévisions) et de France Bleu (groupe Radio France).

De quoi conduire au plus près la politique d’austérité voulue par le pouvoir et renforcer la tutelle de la puissance publique sur des entreprises réputées pourtant indépendantes. Au risque d’aggraver encore un peu plus toutes les dérives que nous venons d’évoquer…

Le grand Meccano qui se prépare pourrait encore aller au-delà, puisque dans le cadre de cette holding qui pourrait voir le jour, un sénateur LREM, André Gattolin (ici un entretien de lui sur la chaîne Public Sénat), a déposé une proposition de loi pour modifier le mode de nomination des dirigeants de l’audiovisuel public. Son texte prévoit que les dirigeants ne soient plus nommés par le CSA mais par les conseils d’administration de chaque société, c’est-à-dire France Télévisions, Radio France et France Médias Monde (RFI et France 24). Et les personnalités civiles siégeant dans ces conseils seraient nommées… par le premier ministre, avec l’accord du Parlement.

De quoi, là encore, verrouiller encore un peu plus le système. On se croirait bel et bien revenu au temps de l’ORTF, quand le président de la République, Georges Pompidou, le 2 juillet 1970, revendiquait le système de tutelle qui pesait sur les journalistes, en lâchant sa phrase passée à la postérité : « Être journaliste à l’ORTF, ça n’est pas la même chose que d’être journaliste ailleurs. L’ORTF, qu’on le veuille ou non, c’est la voix de la France. » (C’est à écouter dans la vidéo ci-dessous, à partir de 7 min 20 s)

4. La crise éthique dont personne ne parle

À toutes les crises que traverse l’audiovisuel public sans doute faut-il en ajouter encore une autre, dont on parle moins, voir pas du tout, mais qu’il faut aussi prendre en compte : la crise éthique. Pendant longtemps, l’audiovisuel public a été conçu comme un lieu sanctuarisé où certaines dérives, constatées dans le secteur privé, n’avaient pas leur place : la porosité, par exemple, avec les idées racistes ou xénophobes, véhiculées par l’extrême droite. Et puis, progressivement, la porosité s’est installée…

Les règles mortifères d’une monarchie (assez peu) républicaine

Du coup, c’est à nouveau la colère qui monte dans la rédaction. Et les membres des deux émissions menacées le font savoir à Delphine Ernotte, dans une lettre ouverte qu’ils lui adressent un peu avant la fin du mois de novembre 2017 : « Une rédaction des magazines de service public, c’est la possibilité de pouvoir enquêter sur Bygmalion sans être censuré, d’envoyer une équipe en Érythrée sans être accusé de sous-traiter le risque, de dévoiler les dessous de la communication d’Emmanuel Macron sans payer les mécontentements du Château […], d’être la seule rédaction suffisamment indépendante pour pouvoir enquêter sur Vincent Bolloré et de remporter ainsi le prestigieux prix Albert-Londres. »

L’épilogue de l’histoire est toujours le même : une nouvelle motion de défiance est encore votée, mais cette fois elle vise directement Delphine Ernotte. Les journalistes des rédactions nationales approuvent le 12 décembre 2017 à une majorité écrasante, soit 84 % des votants, une motion de défiance à l’encontre de la présidente, à l’initiative des Sociétés des journalistes (SDJ) du groupe public.

2. Le mépris pour l’information libre

Le constat qui saute aux yeux est que l’information est le cadet des soucis des responsables publics – la bonne information est visiblement celle qui est sous tutelle – et que les questions de gestion et d’économies budgétaires sont les seules qui comptent.

De ce mépris pour l’information, on trouve des indices permanents, du quinquennat de François Hollande jusqu’à celui d’Emmanuel Macron. En somme, avec l’un comme avec l’autre, les règles mortifères de la monarchie (assez peu) républicaine, selon lesquelles l’audiovisuel public doit être sous la coupe de l’Élysée, perdurent.

On en a vu, plus haut, une première indication : l’un comme l’autre ont fait en sorte que des émissions sur mesure leur soient consacrées : il y a donc eu (entre autres…) le 14 avril 2016 cette émission « Dialogues citoyens », toute en connivence, organisée par France 2, pour François Hollande ; et, sur le même modèle flagorneur, il y a eu le 17 décembre dernier cet entretien, également sur France 2, avec Emmanuel Macron, conduit par Laurent Delahousse, sur un registre que mon collègue de Mediapart, Hubert Huertas a résumé dans cet article : Macron, interview debout, journalisme couché.

Pour la petite histoire – mais c’est évidemment hautement révélateur et tout à fait inquiétant –, la prestation télévisuelle d’Emmanuel Macron a été saluée par une ribambelle de députés de la majorité présidentielle. Comme l’ont relevé par un tweetplusieurs journalistes, dont ma consœur de Mediapart Ellen Salvi, il s’est même trouvé deux députés LREM, Céline Calvez et Pascal Bois, pour applaudir exactement de la même façon, au mot près, l’émission de leur champion :

Si c’est à ce type d’information passée à la moulinette du pouvoir que doit conduire pour le service public la grande réflexion annoncée par le chef de l’État, il y a, de fait, de quoi s’inquiéter. D’autant que, pour ce qui le concerne, Emmanuel Macron ne manque jamais une occasion pour dire tout le mal qu’il pense des journalistes, dès que ceux-ci le forcent à s’écarter des logiques de communication qu’il a lui-même tracées.

En revanche, il a aussi affiché sans la moindre gêne son soutien à ce que l’univers télévisuel a produit de pire : l’émission populiste « Touche pas à mon poste » animée par Cyril Hanouna sur la chaîne C8. Le 21 décembre, on a ainsi pu assister à une scène proprement surréaliste sur la chaîne du milliardaire Vincent Bolloré. L’animateur a appelé en direct au téléphone Emmanuel Macron pendant son émission, pour lui souhaiter bon anniversaire. Et le chef de l’État, qui avait déjà manifesté sa sympathie envers l’animateur pendant la campagne présidentielle, s’est prêté au jeu.

L’animateur Cyril Hanouna est celui qui a été le plus souvent sanctionné pour des manquements graves par le CSA. À lui tout seul, il a focalisé la moitié des plaintes reçues en 2017 par le gendarme de l’audiovisuel. Le 26 juillet 2017, le CSA a même infligé à la chaîne C8 une amende record de 3 millions d’euros, à la suite d’une émission diffusée le 18 mai, au cours de laquelle l’animateur s’était livré à un canular homophobe. Peu avant, en juin, le même CSA avait infligé une interdiction de publicité pendant trois semaines à l’émission de Cyril Hanouna, pour avoir diffusé à la fin de 2016 deux séquences, l’une portant atteinte au respect de la personne humaine, l’autre contrevenant aux règles prohibant le sexisme.

Résumons. Le 4 décembre, devant des députés, Emmanuel Macron stigmatise l’audiovisuel public, qu’il présente comme « la honte de la République ». SelonL’Express, il fustige « la mauvaise gestion, le gaspillage, la médiocrité des programmes et des contenus, les relations malsaines entre l’audiovisuel et ses partenaires extérieurs (animateurs, producteurs, etc.) » Et à peine quelques jours plus tard, le 21 décembre, le même Emmanuel Macron s’affiche avec cet animateur sanctionné pour homophobie et sexisme.

Autre exemple : le chef de l’État a accordé un entretien stupéfiant de connivence au pure player Konbini.fr, lors de son déplacement le 23 décembre, lors de la soirée de Noël organisée à Niamey avec les soldats français engagés au Niger. Les images se passent de commentaires ! Elles ont été aussi retweetées par le compte Twitter du parti présidentiel La République en marche, qui y a sans doute vu la forme de journalisme obséquieux qu’il appelait de ses vœux à l’avenir. Précision : la vidéo ci-dessous peut être visionnée sur tous les navigateurs, sauf sur Firefox.

L’ancien journaliste de Challenges, Bruno Roger-Petit, qui s’est illustré dans le passé par ses articles en faveur de François Hollande d’abord, puis d’Emmanuel Macron, et que ce dernier a appelé à ses côtés à l’Élysée, s’est lui aussi empressé de retweeté l’entretien.

Précision utile, qui révèle un total mélange des genres : Ariane Vincent, l'auteure de l'interview d'Emmanuel Macron au Niger, est à la fois journaliste, directrice de la communication de Konbini... et ancienne responsable de la communication du PS et de François Hollande. On n'est jamais mieux servi que par de bons communicants, n'est-ce pas?

C’est dire si la télévision de demain dont rêve le chef de l’État peut légitimement susciter de l’inquiétude. Sinon même de l’effroi…

3. L’austérité pour seul horizon

Si elle ne se soucie guère du droit à l’information des citoyens, la puissance publique, d’un quinquennat à l’autre, semble en revanche avoir une obsession : imposer à l’audiovisuel public une cure radicale d’austérité. Dans un tract récent (on peut le télécharger ici (pdf, 1 B)), le syndicat CGT de France Télévisions, résume la colère qui chemine parmi les différentes catégories de personnel : « On se souvient de ce qui a mis le feu aux poudres : des annonces d’économies avec la suppression de 66 ETP[équivalents temps pleins] dans les rédactions nationales (dont 10 dans les magazines), des rumeurs sur la suppression du « Soir 3 » week-end et sur la réduction du nombre de magazines mensuels. Après une première mobilisation, la fréquence des magazines a été maintenue et la suppression des ETP a été divisée par deux dans les rédactions nationales et ramenée à trois dans les magazines. Les économies sont toujours là… mais elles se feront ailleurs ou sont reportées. »

Donner aux rédactions des droits moraux

Un premier exemple, celui d’Éric Zemmour. Propagandiste de la haine, xénophobe déclaré, pamphlétaire de la droite radicale, il a longtemps eu son rond de serviette au sein même du service public, comme chroniqueur de « On n’est pas couché », l’émission de France 2 animée par Laurent Ruquier. Cette participation s’est certes déroulée avant que le chroniqueur ne soit condamné à plusieurs reprises pour « provocation à la haine raciale », une première fois le 18 février 2011, ou encore une autre fois le 17 décembre 2015.

Mais, pendant longtemps, même après la première condamnation, le sulfureux gourou de la fachosphère a continué d’avoir ses entrées non seulement dans les radios privées (RTL, tout particulièrement), mais aussi dans le service public : par exemple le 6 octobre 2014, sur France Inter, à l’occasion d’un entretien avec la journaliste Léa Salamé

Mais il existe des exemples encore beaucoup plus récents de cette porosité de l’audiovisuel public. Celui, notamment, d’Alain Finkielkraut. On se souvient en effet de sa détestable sortie, pas plus tard que le 10 décembre 2017, sur la radio RCJ : « Le petit peuple des petits Blancs est descendu dans la rue pour dire adieu à Johnny. Il était nombreux et il était seul. […] Les non-souchiens brillaient par leur absence. » Peu après, le journaliste Claude Askolovitch a dit, dans un billet remarqué sur Slate, ce qu’il pensait de cette formule nauséabonde sur les « non-souchiens » : « Il pense ainsi, Alain Finkielkraut, que le réel n’est qu’une césure ethnique. Ne le penserait-il pas qu’il en serait resté à son antienne sur les valeurs. Il n’aurait été “que” réactionnaire. Mais il fallait que sorte, non pas malgré lui, mais au plus profond de ce qu’il pense, la guerre des races qu’il redoute mais à laquelle il travaille. »

On peut dire les choses avec plus de brutalité : de néoréactionnaire, Alain Finkielkraut est devenu tout bonnement raciste. Ce que confirment d’autres déclarations innombrables, marquées par une obsession islamophobe. 

Or, avec l’émission « Répliques », dont il est le producteur et animateur depuis 1985, Alain Finkielkraut est l’une des figures de France Culture. Preuve d’une mithridatisation de l’audiovisuel public, au moins partielle…

5. Les pistes d’une véritable refondation

Ce qu’il y a de très inquiétant dans la politique conduite par le gouvernement sous l’impulsion de l’Élysée, c’est que le pouvoir veut préparer une révolution de l’audiovisuel public, mais sans tenir le moindre compte des pistes innombrables de refondation qui sont en débat, notamment dans les milieux attachés à l’indépendance de la presse. En somme, c’est une réforme radicale et autoritaire qui est en préparation.

Car des pistes nombreuses existent, en effet, tout particulièrement pour refonder l’audiovisuel public.

Une première piste : les deux principaux syndicats de journalistes, le SNJ et le SNJ-CGT, comme de nombreuses Sociétés de journalistes (SDJ), défendent de longue date l’idée que les rédactions devraient enfin disposer d’un statut juridique, leur conférant des droits moraux. En clair, le droit, garanti par la loi, de pouvoir approuver par un vote le choix du directeur de leur rédaction, proposé par les actionnaires ; et puis le droit aussi de révoquer ce même directeur de la rédaction, en cas de faute commise par lui, mettant en cause le droit de savoir des citoyens.

Or, cette garantie d’indépendance, si un jour elle était gravée dans le marbre de la loi, il serait impérieux qu’elle profite aux rédactions de la presse privée, mais tout autant aux rédactions de l’audiovisuel public. De sorte que les journalistes sachent qu’ils n’ont de comptes à rendre sur la qualité et l’honnêteté de leur travail qu’aux téléspectateurs, et pas à l’Élysée ou à Matignon. Ce qui aurait pour effet de mettre immédiatement un terme aux émissions de complaisance qui fleurissent d’un quinquennat à l’autre ; ou aux promotions dont les logiques ne répondent pas à des critères professionnels. À titre d’illustration, les rédactions de France Télévisions auraient dû avoir le droit de voter pour refuser la nomination de Michel Field, en arguant du fait élémentaire qu’il avait par le passé contrevenu aux règles éthiques de la profession…

Dans le même esprit, toujours pour couper le cordon entre le pouvoir et l’audiovisuel public, il serait tout aussi urgent de revoir la procédure de nomination des PDG des entreprises publiques concernées. Car au cours des quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, deux procédures distinctes ont été utilisées, qui se sont avérées aussi détestables l’une que l’autre.

Sous le premier quinquennat, c’est le chef de l’État lui-même qui nommait les PDG de l’audiovisuel public. Et cela a eu les conséquences désastreuses que l’on sait : Nicolas Sarkozy a placé des proches à tous les postes clés. Contestant cette procédure, François Hollande a, lui, décidé que les nominations concernées relèveraient de nouveau de la compétence du CSA. Mais comme le président de cette autorité est nommé par le chef de l’État, cela a conduit au même résultat : au terme d’embrouilles opaques, c’est finalement, comme on l’a vu, la candidate de l’Élysée qui a été choisie pour la présidente de FTV. Pis que cela ! Le nouveau pouvoir concédé au CSA de procéder à la nomination des présidents de l’audiovisuel public s’est accompagné d’une scandaleuse régression démocratique : les projets des candidats aux postes de PDG ont été tenus secrets ; et les auditions des candidats par le collège du CSA se sont déroulées à huis clos. 

Alors que c’est évidemment l’inverse qui devrait se passer : les citoyens, qui paient la redevance audiovisuelle, devraient pouvoir avoir accès aux programmes défendus pas les différents candidats ; les professionnels et les syndicats du secteur devraient être consultés sur les projets d’avenir ; et le départage des candidats devrait avoir lieu de manière publique, par exemple sous l’autorité des élus de la nation. Ce qui permettrait de sortir du système actuel, avec le CSA pour arbitre ; lequel CSA, avec à sa tête Olivier Schrameck, s’est totalement discrédité au cours des dernières années en portant Mathieu Gallet puis Delphine Ernotte aux présidences de Radio France et de France Télévisions. Autant dire qu’il est en grande partie responsable du naufrage de ces deux présidences…

Cette refondation de l’audiovisuel public devrait-elle aller encore au-delà ? Force est de constater que la privatisation de TF1 en 1987 – qui a été menée à bien au prétexte que les nouveaux actionnaires veilleraient sous peine de sanction à respecter la règle… du mieux-disant culturel ! – a dynamité tout le secteur audiovisuel, et a eu pour effet que les règles de l’audimat et de l’audience se sont imposées à la plupart des acteurs du secteur, privés comme publics, au mépris dès règles de la pertinence et de la qualité.

 

Pis que cela ! La puissance publique a continué à offrir gratuitement des fréquences audiovisuelles à des acteurs privés – fréquences qui sont des ressources rares et des biens publics –, sans jamais user de la sanction ultime que devrait être le retrait de fréquence, en cas de manquements graves. C’est grâce à cette tolérance que Vincent Bolloré a pu faire violence aux rédactions de Canal+ ou de I-Télé (rebaptisée CNews), ou que Pascal Houzelot a pu faire fortune avec sa chaîne Numéro 23. Dans l’équilibre public/privé, comme dans les règles qui encadrent l’audiovisuel, un gouvernement progressiste pourrait donc être autrement audacieux.

Bref, dans le débat public, il arrive fréquemment que soient évoquées des réformes pour la presse écrite : pour endiguer les dérives que l’on a constatées avec le rachat de quasiment toute la presse par une poignée de milliardaires ; ou, dans le cadre de la révolution numérique, pour aider à l’émergence d’une presse jeune, libre et indépendante, renouant avec la grande ambition du Conseil national de la Résistance :« Rétablir la liberté de la presse, son honneur et son indépendance… »

Mais pourquoi l’audiovisuel public échapperait-il à cette grande ambition républicaine ? C’est précisément pour cela, à l’origine, qu’il a été conçu : pour qu’il existe au moins un lieu à l’abri des puissances d’argent, un lieu sanctuarisé. Pour l’instant, on en est bien loin. Emmanuel Macron semble même vouloir aller dans le sens exactement opposé…

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 06:23

 

 

À en croire E.Macron et le gouvernement, après une « liberté » donnée au patronat via la casse du code du travail, la réforme sur l'assurance chômage devait « rééquilibrer » les choses, avec davantage de « sécurité » pour les salariés. Tartuferie comme en témoigne le contenu  du document provenant du Ministère  du travail, révélé par le Canard Enchaîné. Rédigée par un ancien cadre du Medef, aujourd'hui installé dans le fauteuil de la direction de cabinet de la Ministère du travail, cette note annonce un très sévère durcissement des sanctions contre les chômeurs qui devront par ailleurs remplir un « rapport d'activité mensuel ». Pierre Gattaz avait sonné la charge en octobre dernier en proposant ce contrôle. 

Liberté et impunité pour les « premiers de cordées » et, « en même temps », contrôle, sanctions, tri et relégation sociale pour les plus fragiles. Voilà le vrai visage du macronisme qui n'est en rien une politique équilibrée, bienveillante, pragmatique...mais une offensive inédite des forces de l'argent contre nos valeurs républicaines et le progrès social.

Faut-il rappeler qu'un chômeur sur deux n'est pas indemnisé et que cette indemnisation est un droit obtenu via les cotisations sociales ? Faut-il préciser qu'une récente enquête de Pôle emploi a fait rendre gorge à ceux qui stigmatisaient les chômeurs accusés de ne pas chercher de travail. 

Avec de telles recommandations, le contrôle et la sanction des chômeurs - qui existent déjà -  si durement renforcés seraient un basculement dans une société de la défiance et du rejet vis à vis de celles et ceux qui ne trouveraient pas leur place dans la France Start-up de Macron. Après les Gad, les costards, ceux qui foutent le bordel ou qui n'aiment pas les réformes...tout cela fait sens.

Les chômeurs n'ont pas besoin d'un contrôle renforcé mais d'un service public de l'emploi avec des moyens supplémentaires, d'une véritable sécurisation de l'emploi et de la formation, de contrats de travail permettant de se projeter dans la vie, de salaires décents. Les combats pour des droits élargis, pour  une égalité réelle, pour la dignité des salariés comme des migrants, sont et seront essentiels pour, dans les prochains mois, faire grandir en force et en crédibilité une alternative de progrès au pouvoir actuel. Il y a urgence car E.Macron et ses alliés, eux, n'attendent pas

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 06:21

 

« Nous avons une grande tradition française : celle de l'agenda caché, ou des trahisons successives », a déclaré Emmanuel Macron, hier, dans le quotidien espagnol El Mundo. Le document sur le contrôle des chômeurs, dévoilé cette semaine par le Canard enchaîné, va prolonger cette histoire : de la flexisécurité ne reste déjà que la flexibilité, et la protection promise aux salariés après le saccage du Code du travail s'est évanouie. Doublement des sanctions, obligation de remplir un rapport mensuel d'activité, surveillance renforcée, radiations même au cas où deux formations ou petits boulots seraient refusés... L'auteur de cette note confidentielle, Antoine Foucher, un ancien du Medef, ne s'est pas creusé la tête. Il a puisé dans le stock de propositions de son ancien patron, Pierre Gattaz.

L'objectif de cette mise en examen des chômeurs répond à l'objectif de dégonfler les statistiques du chômage. Mais elle vise plus fondamentalement à contraindre les privés d'emploi à accepter n'importe quel poste, à s'engager sur un véritable toboggan social, à admettre la précarité comme un nouveau mode d'existence. Déjà, un chômeur sur deux n'est pas indemnisé. Le paradoxe tient en ce que ce formidable ébranlement des conditions de vie et de travail vise avant tout à la conservation des privilèges des plus hautes fortunes, à la pérennisation de profits gigantesques, à la perpétuation de la domination politique des nantis. Cette contradiction constitue l'espace dans lequel le nouveau pouvoir peut se mouvoir et qui prend à contre-pied les syndicalistes et les progressistes. L'émancipation du travail doit devenir un objectif commun pour que, selon le mot de Jaurès, l'emploi cesse d'être traité « comme une marchandise que les détenteurs du capital acceptent ou refusent à leur gré ».

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 06:18

Entre le 20 octobre et le 20 novembre 1947, la commission des Activités anti-américaines auditionne onze réalisateurs, scénaristes et producteurs d'Hollywood. L'accusation n'a qu'un seul but : prouver l'appartenance de ces hommes au Parti communiste américain et l'infiltration communiste dans les studios. Les Dix d'Hollywood invoquent pour leur défense le 1er amendement de la Constitution. Un comité de soutien emmené par John Huston, Humphrey Bogart, Lauren Bacall ou Groucho Marx est créé. Mais l'Amérique a basculé dans la guerre froide. Condamnés, emprisonnés, les Dix sont interdits de travail. L'Humanité publie des extraits des auditions, souvent musclées, de ces hommes qui signèrent les plus beaux films d'Hollywood.

 

Alvah Bessie  a signé les scénarii du film Du sang sur la neige, de Raoul Walsh, ou encore celui de la Caravane des évadés, de Lewis R. Foster. Bettmann Archive

 

Audition d'Alvah Bessie

 

" M. BESSIE M. le président, j'ai moi aussi une déclaration que je souhaiterais lire devant cette commission, si vous voulez bien l'examiner, à moins que vous préfériez que je la lise ? (...)

LE PRÉSIDENT M. Bessie, bien que nous doutions de la pertinence de votre déclaration pour l'enquête, cela sera très évident quand vous la lirez.

M. BESSIE J'aimerais toujours avoir la permission de la lire.

LE PRÉSIDENT Juste une minute. Malgré tout le comité est prêt à vous laisser lire la déclaration. Nous nous demandons simplement, pour gagner du temps, si vous ne pouvez lire que les premiers paragraphes et ensuite, nous la verserons au procès-verbal, comme nous l'avons fait avec celle de M. Maltz.

M. BESSIE Je crois comprendre que le 1er amendement à notre Constitution interdit expressément au Congrès d'adopter une loi qui compromet la liberté de parole ou d'opinion. Et je crois comprendre que les commissions du Congrès sont constituées par le Congrès dans le but exprès d'enquêter sur une question qui pourrait conduire à un processus législatif au Congrès.

Maintenant, soit la Constitution et sa Déclaration des droits signifient ce qu'elles disent, soit elles ne signifient pas ce qu'elles disent. Soit le 1er amendement lie le Congrès et tous les corps législatifs de notre gouvernement, soit il ne veut rien dire du tout. Je ne peux pas suivre cette soi-disant commission dans sa croyance implicite selon laquelle la Déclaration des droits signifie ce que cet organe choisit de lui faire dire, ou n'est applicable qu'à ceux dont les opinions s'accordent avec celles de cette commission.

Ce sont les deux premiers paragraphes. Maintenant, les deux derniers paragraphes.

En venant me chercher chez moi, cet organe espère aussi raviver les braises de la guerre qui s'est déroulée en Espagne de 1938 à 1939. Cet organe, dans toutes ses manifestations précédentes, a déclaré qu'il jugeait le soutien à la République espagnole subversif, anti-américain et d'inspiration communiste. Ce mensonge a été engendré à l'origine par Hitler et Franco, et la majorité du peuple américain ­ en fait, la majorité des gens du monde ­ ne l'a jamais cru. Et je tiens, à ce stade, à ce qu'il soit inscrit ceci au procès-verbal : non seulement j'ai soutenu la République espagnole, mais combattre comme volontaire dans les rangs des Brigades internationales tout au long de l'année 1938 fut pour moi un privilège et le plus grand honneur qui m'ait été donné. Je continuerai à soutenir la République espagnole jusqu'à ce que les Espagnols, dans leur grandeur et leur force, destituent Francisco Franco et tous ses partisans et rétablissent le gouvernement légal que Franco et son armée de nazis et de fascistes italiens ont renversé.

La compréhension qui m'a conduit à combattre en Espagne pour cette République, et mon expérience de cette guerre m'apprennent que cette commission est engagée dans des activités exactement identiques à celles engagées par des commissions anti-espagnoles, des commissions anti-allemandes et des commissions anti-italiennes l'ayant précédée dans tous les pays qui ont finalement succombé au fascisme.

Jamais je n'aiderai ni n'encouragerai une telle commission dans sa tentative patente de favoriser ce genre d'intimidation et de terreur, qui est le précurseur inévitable d'un régime fasciste. Et je réitère donc ma conviction que cet organe n'a aucune autorité légale pour fouiller l'esprit ou les activités d'un Américain qui croit, comme je le fais, dans la Constitution, et qui est prêt à tout moment à se battre pour la préserver ­ comme je me suis battu pour la préserver en Espagne... "

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 06:14

 

L'annonce du président américain Donald Trump, le 6 décembre dernier, de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël a pour objectif de mettre un point final à tout espoir d'une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, fondée sur l'application des résolutions de l'ONU d'une solution à deux États et un processus de négociations sous égide multilatérale.

 

Ce 18 décembre les États-Unis ont opposé leur veto au Conseil de sécurité à une résolution condamnant leur reconnaissance unilatérale du 6 décembre mais c'est à la pression d'un très large mouvement de solidarité populaire internationale pour une solution politique pacifique respectueuse des droits humains et du droit international qu'ils seront contraints de reculer.


Pour cela, il faut signer et faire signer autour de soi la pétition électronique : www.2peuples2etats.fr adressée dans un premier temps à Emmanuel Macron pour que notre pays donne ce signal en reconnaissant sans plus attendre l’État de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale

 

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