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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 08:28
 Mille milliards au soleil ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
 

 

 
Les 500 plus grandes fortunes mondiales ont augmenté de 1000 milliards de dollars en un an, quatre fois plus qu’en 2016. Quelle performance ! Pour y parvenir, il aura fallu des plans sociaux, des cohortes de salariés surexploités, des besoins sociaux délaissés, des territoires pillés, des pays en coupe réglée, des enfants brisés dans leurs plus tendres années ! Les tableaux statistiques surplombent de grandes drames et de petites misères. Demain, la plupart des grands médias l’auront oublié et prêcheront avec conviction l’austérité et l’indécence des avantages acquis. Toute l’habileté des Jeff Bezos, Bill Gates ou Warren Buffett est de dissimuler que l’opulence des uns se construit sur l’exploitation des autres.
 
En France, les affaires vont bien et elles iront encore mieux grâce à la corne d’abondance fiscale et aux ordonnances qu’Emmanuel Macron destine particulièrement au club très sélect des 39 milliardaires français en dollars. Leur fortune a grimpé de 21%  dans cette seule année 2017, pour atteindre 245 milliards. Les dix plus grandes fortunes françaises ont augmenté de 950% en vingt ans, bien au-delà des 35% d’inflation. Tous nos petits ruisseaux, convergent vers ces fleuves…On comprend mieux pourquoi le mot « ruissellement » heurte les oreilles de notre président : l’injustice avance à pas précautionneux. Elle est parée des fards de la modernité ou de l’efficacité. Elle dissimule son être dans le paraître, égare l’attention dans de multiples diversions. Plus que tout, elle déteste la politique, la prise en main des affaires de la cité par la cité elle-même. La détester ou s’en détourner, c’est abdiquer. Laisser cheminer sans entraves le long cortège des inégalités.
 
 
Le dramaturge allemand Bertolt Brecht concluait : « De qui dépend que l’oppression demeure ? De nous. De qui dépend qu’elle cesse ? De nous. »
Mille milliards au soleil: l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité du vendredi 29- samedi 30 - dimanche 31 décembre
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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 06:58

Entre le 20 octobre et le 20 novembre 1947, la commission des Activités anti-américaines auditionne onze réalisateurs, scénaristes et producteurs d'Hollywood. L'accusation n'a qu'un seul but : prouver l'appartenance de ces hommes au Parti communiste américain et l'infiltration communiste dans les studios. Un comité de soutien emmené par John Huston, Humprey Bogart, Lauren Bacall ou Groucho Marx est créé. Mais l'Amérique a déjà basculé dans la guerre froide et l'hystérie anticommuniste. Condamnés, emprisonnés, les Dix sont interdits de travail. L'Humanité publie des extraits des auditions, souvent musclées, de ces hommes qui signèrent les plus beaux films d'Hollywood.

 

Le scénariste Adrian Scott fut surtout un grand producteur. Il a produit entre autres Pris au piège d'Edward Dmytryk et le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey.

 

Audition d'Adrian Scott

 

LE PRÉSIDENT Ce n'est peut-être pas la pire déclaration que nous ayons reçue, mais c'est presque la plus mauvaise.

M. SCOTT Puis-je être en désaccord avec le président, s'il vous plaît ?

LE PRÉSIDENT Par conséquent, elle est manifes-tement irrecevable, pas du tout pertinente, elle n'a rien à voir avec l'enquête et le président décide que la déclaration ne sera pas lue. M. Stripling.

M. STRIPLING M. Scott, êtes vous membre d'uneguilde, soit la Guilde des réalisateurs, soit la Guilde des scénaristes ?

M. SCOTT Je ne crois pas que ce soit une questionappropriée, M. Stripling.

M. STRIPLING Avez-vous déjà été membre de la Guilde des scénaristes ?

M. SCOTT M. Stripling, je répète, je ne crois pas que ce soit une question appropriée.

M. STRIPLING  Êtes-vous, ou avez-vous été membre du Pari communiste ?

M. SCOTT Puis-je répondre à la première question,M. Stripling ?

M. STRIPLING Vous avez dit que ce n'était pas unequestion appropriée.

M. SCOTT  Je vais voir si je peux y répondre convenablement.

LE PRÉSIDENT Vous avez dit que ce n'était pas une question appropriée.

M. SCOTT Je crois que c'est une question qui violemes droits de citoyen. Je ne crois pas qu'il revienne à cette commission d'enquêter sur mes relations personnelles, mes relations privées, mes relations publiques.

LE PRÉSIDENT Alors vous refusez de répondre à la question ?

M. SCOTT La commission n'a pas le droit d'enquêter sur ce que je pense, sur les personnes avec qui je m'associe...

M. STRIPLING Nous n'enquêtons pas sur ce que vous pensez, M. Scott, nous voulons savoir si vous êtes membre de la Guilde des scénaristes.

M. SCOTT Je crois que j'ai répondu à la question.

M. STRIPLING M.le président, je vous demande d'ordonner au témoin de répondre à la question.

LE PRÉSIDENT Le témoin doit répondre à la question.

M. SCOTT Je vous demande pardon ?

LE PRÉSIDENT Le témoin doit répondre à la question en répondant.

M. SCOTT Je crois que j'ai répondu à la question, M. le président.

LE PRÉSIDENT Est-ce que vous refusez de répondre à la question ?

M. SCOTT J'y ai répondu de la façon dont je souhaitais y répondre.

LE PRÉSIDENT Avez-vous déjà été membre ? Je nesais pas d'après votre réponse si vous étiez ou non membre.

M. SCOTT Ma réponse tient toujours.

LE PRÉSIDENT Êtes-vous membre ?

M. SCOTT Je crois que j'ai répondu à cette question.Souhaitez-vous que je réponde de la façon dont je l'ai fait auparavant ?

LE PRÉSIDENT D'après votre réponse, je dois être terriblement stupide, mais d'après votre réponse, je ne peux pas dire si vous êtes membre ou non.

M. SCOTT M. Thomas, je ne suis pas d'accord avecvous, je ne crois pas que vous soyez stupide. J'ai répondu à la question du mieux que j'ai pu.

LE PRÉSIDENT Je ne peux pas dire si vous êtes membre.

M. SCOTT Je suis vraiment désolé.

M. STRIPLING M. Scott, pouvez-vous dire à la commission si vous êtes ou avez été membre du Parti communiste ?

M. SCOTT Monsieur Stripling, cette question vise à enquêter sur ma vie personnelle et privée. Je ne pense pas que ce soit pertinent ­ je ne pense pas que ce soit une bonne question non plus.

M. STRIPLING Est-ce que vous refusez de répondre à la question, M. Dmytryk ?

M. SCOTT M. Scott.

M. STRIPLING M. Scott.

M. SCOTT Je crois que cette question viole mes droits de citoyen. Je crois qu'elle viole aussi le 1er amendement. Je crois que je ne peux pas participer à une conspiration avec vous pour violer le 1er amendement.

LE PRÉSIDENT Maintenant, nous ne pouvons même pas dire à partir de cette réponse si vous êtes un membre du Parti communiste.

M. STRIPLING Je répète la question, M. Scott : pouvez-vous dire si vous avez déjà été membre du Parti communiste ?

M. SCOTT Je répète ma réponse, M. Stripling.

LE PRÉSIDENTTrès bien, le témoin estexcusé.

MARDI Lester Cole

 

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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 06:58
Bon anniversaire à tous les cocos! Il y a 97 ans, le congrès de Tours...
Bon anniversaire à tous les cocos! Il y a 97 ans, le congrès de Tours...

Bon anniversaire à tous les cocos !!!
Naissance du Parti Communiste par l'adhésion à la IIIeme Internationale 
Congrès de Tours de la SFIO, dans la nuit du 29 au 30/12/1920.

 

Alors bon anniversaire aux communistes et pour l’occasion, rappelons-nous de ce qu’a écrit Aragon après-guerre dans son livre : " L'homme communiste "

« Mais qui ne voit que le communiste est de nos jours l’héritier, le représentant de toute grandeur humaine, de tout esprit de sacrifice, de tout héroïsme français ?

Le chrétien, lui, je veux dire le chrétien qui agit comme il est écrit, qui vit et meurt suivant les principes proclamés du christianisme, le fait croyant, au-delà de la mort, à un autre monde, à une punition et à une récompense.

Dirai-je que pour moi cela ne le diminue pas à mes yeux, car ce qui m’importe c’est la pureté, la beauté, le désintéressement en ce monde-ci… cependant, songez que le communiste, lui, n’attend vraiment rien pour lui-même.
S’il donne sa vie, comme soixante-quinze mille des nôtres l’ont fait devant les fusils des pelotons d’exécution allemands, et de bien d’autres manières, sa récompense est que les siens, que les Français, les hommes de son peuple, de sa nation, grâce à ce sacrifice, seront un tout petit peu plus près du bonheur que s’il n’avait pas accepté le martyre.

La récompense pour le communiste est affaire de l’espèce humaine et non de l’individu.

La croyance au progrès, au progrès indéfini et infini de l’homme, en la montée de l’humanité vers un soleil que, lui, ne verra point mais dont il aura préparé obscurément l’aurore, voilà ce qui anime et soutient le communiste, voilà l’idéal du communiste.

Entre cet idéal et l’idéal chrétien, il est sûr que moi j’ai choisi. Mais cela ne m’empêche pas de rendre hommage à ces chrétiens qui se conduisent sur cette terre, comme un communiste considère bel et bien qu’on se conduise. Je m’étonne souvent du peu de réciproque, du peu de charité chrétienne de certains catholiques devant la vie et la mort des communistes.
Il faut parler de la vie et de la mort des communistes.

C’est peu de concéder que l’homme communiste n’est pas l’homme au couteau entre les dents !

On se fait, hors des rangs communistes, une idée un peu simple de ce qui amène un homme à être communiste. Le plus généralement, les gens pensent que c’est par une manière de fatalité qu’on le devient, entraînement de milieu, de classe même, ou simplement par basse envie de ceux qui vivent mieux, jalousie de ceux qui possèdent… remarquez qu’on peut envier les autres, leurs biens, sans devenir communiste : c’est même là ce qui entraîne plus généralement les hommes au jeu, à la spéculation ou à l’escroquerie. Et les joueurs, les gens de Bourse et les escrocs sont rarement communistes [...]

L’homme communiste… il était un ouvrier comme un autre, celui-là, avec une femme, des enfants, travaillant, gagnant après tout sa vie, en 1936, quand au-delà des Pyrénées s’éleva l’appel tragique du peuple espagnol… et on a vu ces métallos, ces mineurs, ces simples comptables, des gens des Ptt, des cheminots… tout quitter, du jour au lendemain, tout donner et se battre. Pendant que les hommes qui aujourd’hui font les philosophes se demandaient si vraiment Mussolini et Hitler avaient envoyé des soldats en Espagne, et si nous devions nous mêler de cette histoire…

L’homme communiste qui a compris que défendre Madrid, c’était défendre Paris, comment était-il devenu communiste ? Par basse envie, par entraînement de milieu ? Ah, ce n’est pas un sujet d’ironie après ces terribles années, terribles pour les communistes dès 1939, quand ils furent jetés en prison, pourchassés, condamnés par ceux qui portaient comme eux le nom de français… ce n’est pas un sujet d’ironie, après ces années où même les anticommunistes forcenés n’oseraient pas publiquement dire que c’est pour des raisons basses, d’entraînement ou d’envie, que tant de communistes ont tout à la France donné !

Peut-être devient-on communiste, sans doute devient-on communiste, pour des raisons de classe. Et l’aveu en est sanglant aux lèvres de ceux qui sont les responsables de la solidarité ouvrière contre l’égoïsme bourgeois. Mais ces raisons de classe, à une époque où monte du meilleur de l’humanité, cette force pure, la force du travail producteur, ces raisons de classe, les partagent ceux qui sont nés ouvriers, et ceux qui du sein de la bourgeoisie où le hasard les a fait naître, reconnaissent dans la classe ouvrière la porteuse de l’avenir humain… et je vous le dis, oui, ce sont des raisons de classe qui font qu’un Langevin, un Joliot-Curie, un Picasso, un
Éluard deviennent des communistes. Mais ces raisons de classe, que les anticommunistes ne les invoquent pas trop haut ! Elles sont l’honneur des communistes. Un Langevin, un Joliot-Curie, un Picasso, un Éluard, il n’y a pas besoin de demander si c’est l’envie ou l’entraînement qui les a faits communistes.

L'homme communiste, ouvrier, paysan, intellectuel, c'est l'homme qui a une fois vu si clairement le monde qu'il ne peut pas l'oublier, et que rien pour lui désormais ne vaut plus que cette clarté là, pas même ses intérêts immédiats, pas même sa propre vie.

L'homme communiste, c'est celui qui met l'homme au-dessus de lui-même. 

L'homme communiste, c'est celui qui ne demande rien, mais qui veut tout pour l'homme". 

Louis Aragon 

 

Bon anniversaire à tous les cocos! Il y a 97 ans, le congrès de Tours...
920, le congrès de Tours Par Alexandre Courban, historien

SAMEDI, 8 MAI, 2004

L'HUMANITE

L'historien Alexandre Courban, retrace les circonstances de la création du Parti communiste par la majorité de l'ancienne SFIO au congrès de Tours et le rôle nouveau désormais dévolu au journal fondé par Jaurès.


Pourriez-vous dresser un tableau de la France de 1920 à l'orée du congrès de Tours ? Quelle est sa situation économique et sociale ?

Alexandre Courban. Nous sommes au sortir de la Grande Guerre. Neuf millions de soldats ont été tués, dont plus d'un million de Français et près de deux millions d'Allemands. Les années 1919-1920 sont marquées par des conflits sociaux extrêmement durs. Deux mille grèves réunissent plus d'un million de grévistes. La démobilisation commence en juillet 1919. Elle précède la victoire de la droite aux élections législatives de novembre 1919. La campagne électorale a lieu alors que se déroule une grève des imprimeurs à Paris. Deux journaux seulement paraissent dans la capitale : l'un avec l'autorisation du comité de grève, l'autre à l'initiative des grands patrons de presse. Les combattants qui ont la chance d'être rentrés n'ont donc pas accès à une information complète.

Au cours du premier semestre de l'année 1920, un grand mouvement social prend forme chez les cheminots. Les manifestations du 1er Mai 1920 se soldent par deux morts, comme c'est souvent le cas le 1er Mai à l'époque.

Au cours de ces journées, la SFIO va se scinder en deux et donner naissance au Parti communiste. La ligne de fracture se situe-t-elle réellement entre révolutionnarisme et réformisme, avec les vingt et une conditions d'adhésion à l'Internationale communiste (la troisième) comme pierre d'achoppement ?

Alexandre Courban. Lorsque le congrès s'ouvre, les participants savent qu'il va y avoir scission : l'état des forces en présence est connu grâce aux congrès fédéraux qui se sont tenus quelque temps auparavant. Mais alors que le congrès a pour principal objet l'adhésion à l'Internationale communiste, il n'existe pas de version française officielle des vingt et une conditions. Les militants les connaissent soit à partir d'une traduction allemande publiée dans la presse, soit à partir d'une version italienne. Cela signifie que le choix ne se fait pas en fonction des vingt et une conditions elles-mêmes, mais plutôt pour ou contre ce que les militants imaginent que seront les nouvelles pratiques politiques ; ils ne se situent pas complètement dans la réalité. Le véritable enjeu du congrès c'est : quelle va être la place accordée par les partisans de l'Internationale aux " reconstructeurs " comme Jean Longuet, militants favorables à l'adhésion avec des réserves ? Ensuite, au sein du Parti socialiste, le comité pour la IIIe Internationale, l'aile gauche du parti, s'allie avec une partie du " centre ". Mais idéologiquement, les choses n'évoluent pas immédiatement après le congrès. De 1921 à 1923 ont lieu au sen du nouveau parti des débats très importants pour décider du sens et de l'application des vingt et une conditions. Certains pensent longtemps que ces conditions sont purement formelles.

Le ralliement à la IIIe Internationale se fait à une écrasante majorité. Cela signifie-t-il que le socialisme français était plus révolutionnaire que ses homologues européens ?

Alexandre Courban. La majorité du Parti socialiste se prononce effectivement pour l'adhésion, par 3 208 mandats contre 1 022, ce qui n'est pas le cas dans les autres partis socialistes. Plusieurs interprétations rendent compte de ce phénomène. Tout d'abord, les jeunes membres du parti se sont massivement prononcés pour l'adhésion. Ensuite, celle-ci est davantage idéale que programmatique : il s'agit plus d'un rejet des anciennes directions du parti socialiste, de leur participation aux gouvernements d'" Union sacrée " que d'une adhésion réelle aux vingt et une conditions.

Cette adhésion se traduit-elle par une influence accrue des révolutionnaires russes au plan international ?

Alexandre Courban. Elle n'est pas perçue comme ça. C'est justement la raison pour laquelle les années qui suivent la scission sont compliquées au sein du Parti communiste, qui perd rapidement une partie de ses effectifs. Le noyau " bolchevik ", ex-comité pour la IIIe Internationale, prend de plus en plus d'importance au sein du nouveau parti. Et lors de son quatrième congrès, à la fin de l'année 1922, Trotski, au nom de la direction de l'Internationale communiste soucieuse d'homogénéiser le mouvement, impose aux militants français de choisir entre leur appartenance au Parti et à la Ligue des droits de l'homme ou à la franc-maçonnerie. C'est un moyen de se débarrasser des " intellectuels petit-bourgeois de gauche ". Certains, comme Marcel Cachin, renoncent à leurs autres organisations, mais d'autres comme Frossard, alors secrétaire général du parti, et quelques journalistes de l'Humanité, refusent cet oukase et démissionnent du parti le 1er janvier 1923. La grande inquiétude de l'Internationale en décembre 1922 était que le parti français perdît la majorité de ses militants et son quotidien.

Venons-en justement à l'Humanité. Quelle est sa place dans l'espace public avant de passer dans le giron du Parti communiste ?

Alexandre Courban. C'est un acteur politique au sens plein du terme. Le journal ouvre ses colonnes à toutes sortes d'initiatives. Il invite régulièrement ses lecteurs à venir financièrement en aide aussi bien aux victimes de la répression de la révolution russe en 1905, qu'aux familles des mineurs de Courrières après la catastrophe de 1906, qu'aux grévistes de Draveil en 1908 ou encore les cheminots en grève en 1910. C'est lui qui organise en 1913 la lutte contre le passage de deux à trois ans du service militaire en faisant signer des pétitions. Il joue le rôle d'" organisateur collectif ", pour reprendre une formule utilisée par Lénine.

Quel enjeu le contrôle du journal représente-t-il pour les socialistes du congrès de Tours ?

Alexandre Courban. Quelques semaines après la scission prononcée à Tours, en janvier 1921, se décide l'avenir du journal. Il s'agit très clairement pour les socialistes divisés de contrôler le seul quotidien de quatre pages diffusé nationalement à plus 150 000 exemplaires, et qui a de surcroît derrière lui seize ans d'histoire, donc un réseau d'abonnés et des habitudes de lecture. L'enjeu est de maîtriser le principal vecteur de la propagande du parti. Autre spécificité française, l'Humanité est le seul quotidien socialiste qui devient communiste. À ma connaissance, tous les autres journaux de ce type sont des créations.

Qui est alors propriétaire du journal ? Pourquoi suit-il la majorité du Congrès de Tours ?

Alexandre Courban. L'Humanité est une entreprise de presse au sens classique, son capital appartient à des actionnaires représentés par le trésorier du Parti, Zéphirin Camélinat, ou d'autres personnalités. Lors de l'assemblée générale de janvier 1921 qui décide du sort du journal, Camélinat répartit les actions au prorata des voix recueillies lors du congrès, soit 70 % en faveur des partisans de l'adhésion à la Troisième Internationale, et 30 % à ses adversaires. Philippe Landrieu, administrateur du journal quasiment depuis sa fondation, détient de son côté des actions achetées en 1907 par les partis sociaux-démocrates allemand, autrichien et tchèque. Pourtant proche de Jaurès, il se prononce pour l'adhésion. La famille de Jaurès, elle, ne se fait pas représenter. Contrairement à ce que l'historiographie et la tradition militante ont retenu, ce n'est pas le choix de Camélinat qui a permis au futur parti communiste de conserver le journal, mais la décision ou l'absence de décision des plus proches de Jaurès (sa famille et Landrieu). Camélinat ayant été " ministre des Finances " de la Commune de Paris et Landrieu exclu du parti en 1923, le Parti communiste fait le choix de mettre en avant cette figure historique de la Commune de Paris. Cela arrange également les socialistes qui peuvent alors faire croire que les communistes leur ont volé le journal de Jaurès.

Par quels changements, humains et éditoriaux, s'opère la mue de l'Humanité ?

Alexandre Courban. En 1921, les quelques journalistes opposés à l'Internationale communiste s'accordent avec leur choix politique et quittent le journal d'eux-mêmes. Les changements plus " visibles " surviennent deux ans plus tard, même si en novembre 1920, on pouvait déjà voir poindre des titres comme " Vive la République des Soviets " sur six colonnes à la une au moment de l'anniversaire d'Octobre. Les relations entre le journal et le parti ont rarement été simples. La première des conditions de l'Internationale est que les journaux soient dirigés par " des communistes authentiques, ayant donné les preuves de sacrifice à la cause du prolétariat ",selon la traduction française de la version italienne. Tout cela donne lieu à des débats intenses au sein du mouvement entre 1921 et 1924 sur la fonction de la presse, sur ce que doivent être les journalistes, qui doit procéder à leur nomination. À partir de 1921, le parti se transforme : l'objectif est désormais de prendre le pouvoir, y compris par la force, sur le modèle de ce qu'ont fait les bolcheviks en Russie. En parallèle à ce parti d'un type nouveau, les communistes souhaitent mettre en place un journal de type nouveau. Le rôle assigné au journal évolue, la ligne éditoriale connaît un net coup de barre à gauche. Comme le bureau politique du Parti doit aider le directeur à imprimer une ligne et à veiller à son respect, le journal ne peut pas être en porte-à-faux avec le Parti. Dès lors, l'Humanité doit devenir plus qu'un journal : l'organe central du Parti. En 1921 tout d'abord, le sous-titre, de " journal socialiste ", devient " journal communiste ". En 1923, il change une nouvelle fois pour devenir " organe central du Parti communiste (SFIC) "". En 1924, s'ouvre alors la période de la mise en pratique des décisions adoptées depuis 1921 : la " "bolchevisation ".

Entretien réalisé par Théophile Hazebroucq

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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 06:57
13 Français détiennent plus de 200 milliards de dollars... Le classement des philanthropes chéris par Macron

En 2017, les 500 personnes les plus riches du monde ont accumulé pas moins de 1000 milliards de dollars, leur fortune progressant selon Bloomberg de 23% rien qu'en 2017 pour s'élever à 5300 milliards de dollars, soit environ la richesse produite en France en une année. Des chiffres qui donnent la nausée, surtout quand on sait qu'il ne faudrait au niveau mondial que 30 milliards de dollars chaque année pour éradiquer la faim dans le monde.   

L'envolée des Bourses mondiales a fortement accru le patrimoine des actionnaires des grandes entreprises. C'est le cas des trois français présents dans le top 30 des plus grandes fortunes mondiales: Bernard Arnault (LVMH), Françoise Bettencourt-Meyer, héritière de Liliane Bettencourt et du groupe L'Oréal, François Pinault (Kering). 

Et Macron qui leur fait en plus 4,5 milliards de cadeaux par la suppression de l'ISF! 

13 Français détiennent plus de 200 milliards de dollars
La France compte 13 milliardaires dans ce top 500 :

Bernard Arnault (6e, 63,6 milliards de dollars).
Françoise Bettencourt Meyers (18e, 44,6 milliards).
François Pinault (30e, 26,2 milliards).
Serge Dassault (39e, 22 milliards).
Alain Wertheimer (103e, 12,7 milliards).
Gérard Wertheimer (104e, 12,7 milliards) – les deux frères sont propriétaires entre autres de Chanel, des éditions La Martinière, etc.
Xavier Niel, (189e, 8,3 milliards) - coactionnaire de "l’Obs" .
Emmanuel Besnier (196e, 8,02 milliards) - principal actionnaire du groupe Lactalis.
Patrick Drahi (261e, 6,37 milliards).
Vincent Bolloré (270e, 6,26 milliards).
Pierre Bellon (317e, 5,73 milliards), principal actionnaire de la Sodexo.
Alain Mérieux (355e, 5,28 milliards).
Jacques Saadé (441e, 4,49 milliards), président de la compagnie maritime CMA CGM.

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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 06:56

 

PRÉLÈVEMENT SUR LEURS FINANCES, BAISSE DE L'APL... LE BUDGET DES ORGANISMES HLM EST ÉPUISÉ. AU DÉTRIMENT DES MÉNAGES.

Pourquoi donc s'attaquer bille en tête au secteur du logement social comme le fait le gouvernement, au risque de paraître encore un peu plus antisocial ? Pourquoi prioritairement taper dans les aides personnalisées au logement ? Qu'il faille à nouveau revoir en profondeur la politique du logement, nul ne le contestera. Il y a même urgence, quels que soient les résultats des mesures adoptées ces dernières années, de l'extension de la loi SRU à l'application de la loi Alur. Des centaines de milliers de ménages vivent une situation précaire. La pénurie de logements sociaux est criante. Les loyers du secteur privé ne cessent de grimper. Ce qui fait que les ménages consacrent en moyenne 20 % de leurs revenus à se loger. Mais ce chiffre est trompeur. Les « taux individuels d'effort » sont souvent beaucoup plus élevés.

L'opération « baisse de 5 euros par mois de l'APL » est cousue de fil blanc. Il s'agit d'alléger, pour 2018, de 1,4 milliard d'euros la facture de l'APL qui pèse 23 milliards d'euros dans le budget de l'État. Ensuite, il n'y a plus qu'à compter sur les organismes de logement social pour baisser les loyers d'autant, afin de ne pas pénaliser les ménages. L'État fait miroiter quelques compensations possibles : l'allongement des durées de prêts consentis par l'État et la Caisse des dépôts ou le recours aux prêts de haut de bilan bonifiés (PHBB). C'est possible, mais bien insuffisant. Le prélèvement décidé par l'article 52 de la loi de finances 2018 représente 60 % de l'autofinancement annuel des organismes du secteur. Les bailleurs sociaux vont avant tout puiser dans leurs réserves pour honorer la facture.

L'importance du prélèvement met en cause le modèle économique des HLM et, par là, celui du service public du logement qui répond aux besoins de 11 millions de personnes. Est-il suffisamment riche pour subir une telle ponction ? Le mythe des « dodus dormants », ces organismes HLM aux réserves financières plus que confortables, appartient largement au passé depuis la mutualisation de la trésorerie des organismes. Certes, les actifs gérés, en l'occurrence les logements, sont eux-mêmes importants. On les évalue à 200 milliards d'euros.

Mais il faut mettre en rapport ce chiffre avec celui de l'endettement global que l'Union sociale pour l'habitat estimait en 2017 à plus de 160 milliards d'euros. Tous vont voir baisser leurs fonds propres et leurs capacités d'investissement. Ils vont devoir céder une partie de leur patrimoine aiguisant l'appétit de quelques prédateurs financiers qui n'attendent que cela. Dans les faits, 200 structures, parmi les plus petites et les plus fragiles, risquent d'être en situation de déficit dès 2018. Enfin « les plus sociales », celles qui accueillent une proportion plus grande de ménages titulaires de l'APL, seront les plus mises à contribution. Un comble ! Pendant ce temps, la crise du logement cher continuera à se développer, attendant un hypothétique « choc de l'offre » pour se résorber. De manière consciente ou inconsciente, le gouvernement passe à côté du problème. Trois chiffres suffisent pourtant à l'éclairer. Sur les dix dernières années, les prix du foncier se sont accrus de 71 %, contre 24 % pour la construction et 12 % pour l'inflation. On peut être certain d'une chose : les ménages modestes vont subir les conséquences de la rigueur budgétaire pendant que les propriétaires fonciers pourront réaliser de profitables plus-values à moindres frais.

(*) Économiste et syndicaliste.

 

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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 06:52

Des sociologues appellent à la mobilisation. Matthieu Hély, professeur de sociologie, président de l’Association des sociologues enseignant.e.s du supérieur et Romain Pudal, sociologue, chargé de recherche au CNRS

 

Matthieu HELLY

Il faut en finir avec le mythe de l’université pour tous », tels sont les mots du président de la République et le véritable sens politique de la loi d’orientation des lycéens – dit aussi « plan étudiant » – que le gouvernement tente de faire adopter à marche forcée, comme toutes ses réformes entérinant des régressions sociales sans précédent. Présenté parfois comme un remède au système APB ou, pire, au tirage au sort dont les injustices sont criantes, ce plan étudiant n’est pas fait pour assurer un suivi personnalisé des lycéens ou les aider à mieux s’y repérer dans leurs études ; ces mensonges répétés ad nauseam sont à mille lieues de ce qui risque de s’imposer dès cette année : une sélection brutale et de grande envergure. Aucun moyen n’a été donné aux universités pour traiter les demandes qui leur seront adressées, aucune feuille de route précise pour mener à bien cette réforme majeure de l’accès à l’université.

 

Romain PUDAL

Si jusqu’ici le bac, premier diplôme du supérieur (1) rappelons-le, donnait le droit de faire des études supérieures, dorénavant des « attendus » et autres « prérequis » pourront être exigés. Qu’est-ce à dire exactement ? Le guide national reste d’un flou artistique rarement atteint sur un sujet aussi grave : « ouverture sur le monde », « intérêt pour les questions de société », « maîtrise d’une langue étrangère », voilà quelques-uns des items avancés. On voit mal comment en juger d’après un dossier scolaire qui ne sera même pas examiné, faute de temps et de personnes pour le faire. Mais dans les universités appelées à décliner et préciser ces attendus, des idées émergent : ne pas accueillir ceux qui ont eu des « problèmes de discipline », décourager les bacheliers issus de filières non générales, exiger un Bafa, un engagement dans un service civique ou comme pompier volontaire pour certaines filières, tandis que d’autres verraient bien leurs étudiant-e-s de première année être bilingues en anglais ou maîtriser les statistiques ! En un mot, s’ils pouvaient avoir fini leurs études avant de les avoir commencées… Cette inflation autour des « attendus », cet irréalisme (on parle tout de même de jeunes de 17 ans !) sont encouragés par le plan étudiant, synonyme pour beaucoup de solution miracle face à la dégradation sans fin de l’université publique. Celle-ci est incontestable, qu’il s’agisse des capacités d’accueil, des infrastructures, des faillites à répétition, de la précarisation inouïe des personnels enseignant-e-s ou administratifs : il n’y a plus beaucoup de fonctionnaires titulaires dans les universités, il faut le savoir, et vouloir y travailler, c’est s’exposer à des années de galère. Dans un tel contexte dégradé, les titulaires font alors figure de « privilégiés », alors même qu’ils croulent sous les tâches de toute nature et font tourner le système à bout de souffle. Le plan étudiant apparaît alors comme la bouée de sauvetage : puisque nous coulons, pourquoi ne pas jeter par-dessus bord une partie des passagers ? ! On peut comprendre le sauve-qui-peut mais on ne peut l’accepter. Celles et ceux qui pâtiront de cette politique, ce sont les jeunes issus des milieux les moins favorisés, car la sélection scolaire qui se met en place sera avant tout une sélection sociale : venir des « bons » bahuts, des « bonnes » filières, bref des « bonnes » familles et des « bons » quartiers, telle sera la logique qui s’imposera et que certains assument, parlant sans vergogne de « filières poubelles pour le tout-venant », et assurer des formations de qualité à ceux qui pourront payer : soit leurs familles paieront, soit ils emprunteront. Pourtant l’argent ne manque pas : 5,5 milliards pour le crédit d’impôt recherche, véritable niche fiscale, 60 millions pour Polytechnique l’an dernier, alors même que ses résultats sont médiocres même face à des universités sous-dotées ! À quand donc un plan de financement majeur de l’université publique ?

 

Face à une logique politique qui conduit à fermer la porte des universités publiques, l’Association des sociologues enseignant-e-s du supérieur a décidé de s’opposer fermement et elle appelle le plus grand nombre à se mobiliser dans cette lutte en signant la pétition La sélection n'est pas la solution (Change.Org)

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 21:27
Maroc: Au bord des puits de charbon de Jerada, le deuil et la colère (Rosa Moussaoui, L'Humanité - 27 décembre 2017)
Maroc. Au bord des puits de charbon de Jerada, le deuil et la colère
ROSA MOUSSAOUI
MERCREDI, 27 DÉCEMBRE, 2017
L'HUMANITÉ

 

La mort de deux jeunes gens pris au piège dans une mine d’anthracite clandestine a provoqué la colère et l’émoi à Jerada, dans la région de l’Oriental. L’ancienne cité minière est devenue l’une des villes les plus pauvres du pays.

Des vies fauchées au petit matin, dans l’obscurité d’une mine clandestine. Vendredi, deux frères de 20 et 30 ans ont trouvé la mort dans un puits clandestin d’extraction de charbon à Jerada, dans le nord-est du Maroc. « Ils tentaient d’aérer leur puits en creusant une allée vers un puits voisin, ils ont été surpris par un torrent d’eau assez puissant », se désole Said Zaroual, militant de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dans les colonnes du magazine Tel Quel. Un troisième homme a eu la vie sauve en s’accrochant au treuil permettant de remonter le charbon, avant d’être secouru par des mineurs restés en surface.

« Nous vivons dans une région sinistrée »

La fin tragique de ces mineurs clandestins a provoqué, au Maroc, une nouvelle explosion de colère et d’émotion. Comme celle qui avait succédé à la mort de Mouhcine Fikri, le jeune poissonnier d’Al Hoceïma broyé dans une benne à ordures, le 28 octobre 2016. Comme celle provoquée par la mort de quinze femmes piétinées lors d’une distribution d’aide alimentaire à Sidi Boulaalam, près d’Essaouira, le 19 novembre dernier. Lundi, pour la troisième journée consécutive, des milliers de personnes se sont rassemblées, à Jerada, pour dénoncer « l’injustice », la « marginalisation » et « l’abandon » de l’ancienne cité minière et « les conditions de vie difficiles » de ses habitants. Lundi, une grève générale était observée, tandis que les manifestants reprenaient les slogans du Hirak, le mouvement citoyen qui secoue la région voisine du Rif depuis la mort de Mouhcine Fikri. Dans l’après-midi, les funérailles des deux mineurs se déroulaient dans un climat de tension, sous haute surveillance des forces de sécurité, les habitants refusant la présence de représentants des autorités locales à la cérémonie. « C’est compréhensible que les habitants soient en colère. Ce n’est pas la première fois que des mineurs meurent sans la moindre réaction des autorités. Nous vivons dans une région sinistrée où une partie des habitants n’a pas d’autre choix que de creuser des puits pour subvenir à ses besoins », résume Said Zaroual.

À Jerada, la mine de charbon faisait encore travailler 9 000 ouvriers lors de sa fermeture, en 2000. Sans autres ressources, de nombreux habitants survivent encore de l’extraction du charbon, descendant dans les « cendrillates », les puits clandestins, au péril de leur vie. « Au fur et à mesure qu’ils creusent les puits pouvant atteindre 70 mètres de profondeur, ils créent des structures en bois pour éviter l’éboulement. Donc un seul faux pas et c’est le drame », rapporte le photographe Mehdy Mariouch, qui a documenté le quotidien précaire des gueules noires de Jerada. L’anthracite arraché à ces mines de fortune dans des conditions dignes de Germinal est ensuite cédé à vil prix à des « barons du charbon » qui tirent de sa revente de confortables bénéfices.

La crainte d’un « Hirak du charbon » préoccupe le Makhzen

Selon un scénario désormais bien rodé, les autorités locales promettent l’arrivée prochaine d’une « délégation ministérielle » chargée de recenser les revendications des protestataires. Signe que la crainte d’un « Hirak du charbon » préoccupe le Makhzen, l’appareil monarchique, dans un contexte de fortes tensions sociales et politiques. Le 14 octobre dernier, le roi Mohammed VI lui-même reconnaissait, à propos de la profonde crise qui agite le Rif depuis plus d’un an, les limites d’un « modèle de développement national (…) inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens (…) et à réaliser la justice sociale ». D’après la Banque mondiale, seul un Marocain sur deux, dans la tranche d’âge 25-35 ans, dispose d’un emploi, par ailleurs souvent informel ou précaire. L’émigration, sévèrement contrôlée, n’offre plus d’exutoire. Une bombe à retardement, dans une société fracturée par les inégalités sociales et territoriales, le manque de services publics, la corruption.

Pour contenir les conflits, le Palais balance, jusqu’ici, entre promesses et répression féroce, faisant sauter, quand il le faut, quelques fusibles administratifs ou gouvernementaux. Des subterfuges politiques bien dérisoires au regard des profondes aspirations à la dignité, à la justice sociale, à la démocratie qui travaillent le Maroc et, plus largement, l’Afrique du Nord.

Journaliste à la rubrique Monde
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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 10:16
Khalida Jarrar

Khalida Jarrar

Ahed Tamimi

Ahed Tamimi

Salah Hamouri

Salah Hamouri

Khalida Jarrar députée Palestinienne du FPLP emprisonnée sans motif depuis 6 mois vient d'en reprendre pour 6 mois. 
Salah Hamouri avocat franco palestinien emprisonné sans motif depuis 130 jours 
Ahed Tamimi jeune Palestinienne emprisonnée à son tour et condamnée à 2 ans sans procès. Son crime: avoir giflé des soldats qui venaient de tirer à bout portant sur son cousin, toujours aujourd'hui entre la vie et la mort, une semaine après.  

La puissance coloniale violente qui occupe la Palestine ne tolère pas la résistance légitime du peuple occupé -un classique de l'histoire qu'on espérait révolu.
L'acharnement des autorités d'occupation israéliennes contre la famille Tamimi du village de Nabi Saleh en témoigne. 
Ahed, 16 ans, vient d'être condamnée à deux ans de prison, sa mère, sa tante, sa cousine sont détenues, alors que son cousin vient d'être grièvement blessé par la soldatesque israélienne.

Solidarité avec les filles et femmes de Palestine. Solidarité contre l'occupation coloniale!

Leur crime ?

Défendre à la seule force des mots le droit à un état pour le peuple Palestinien
Arrêtés par un état qui colonise à la force des armes et au mépris de toutes les décisions Internationales 
Pour eux , pour Barghouti et tous les autres, liberté 
Pour le peuple Palestinien : 1 état
Exigeons-le!

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 09:52
Démographie: une évolution à la baisse à Morlaix et dans le pays de Morlaix en 2010 et 2015 (Le Télégramme, 28 et 29 décembre 2017)

Moins 158 habitants dans le Pays de Morlaix. C'est ce qu'attestent les derniers chiffres de l'Insee sur l'évolution de la population entre 2010 et 2015. Paradoxe, les petites communes attirent quand la population des grandes chute, avec Morlaix qui passe sous les 15.000. 

1. Morlaix : le passage en dessous des 15.000. Le cap a été passé l'année dernière. Morlaix n'a plus « que » 14.830 habitants. Si la ville reste la plus peuplée du territoire, il est bien loin le temps où la cité du Viaduc comptait, en 1982, 18.348 habitants. Une baisse qui est donc entamée depuis plusieurs années mais qui se confirme avec la perte de 591 Morlaisiens de 2010 à 2015. Un chiffre qui fait de Morlaix la ville ayant perdu le plus d'habitants sur le territoire. Petite consolation, la ville n'a perdu que sept habitants entre 2014 et 2015. Ses communes voisines, Plourin-lès-Morlaix et Saint-Martin-des-Champs, sont entraînés dans la chute. Avec respectivement moins 80 et moins 111 habitants entre 2010 et 2015. 

2. Le Pays de Morlaix négatif. Avec seulement -0,03 % d'évolution moyenne de la population par an, de 2010 à 2015, le nombre d'habitants du Pays de Morlaix n'évolue presque pas. Mais si, de 2009 à 2014, le territoire composé de 60 communes avait gagné 122 habitants, la dynamique s'inverse depuis trois ans. Entre 2012 et 2013, 23 habitants de moins, 122 entre 2013 et 2014... Pour arriver à une perte totale de 248 habitants (entre 2010 et 2015). 

3. Les principales communes en baisse. 
Morlaix (moins 591 habitants), Landivisiau (88), Saint-Pol-de-Léon

 

(320), Saint-Martin-des-Champs  (111)... Les principales communes du territoire voient leur population baisser. Seule exception, Plouigneau, qui enregistre une hausse de 148 habitants (3,1 % par an).

4. Les petites communes en progression. La palme des progressions les plus importantes est attribuée aux petites communes, dont Trézilidé qui arrive en tête, en passant de 277 à 350 (une croissance de 26,4 %), devant Lanhouarneau dont la population passe de 1.165 à 1.323 (13 %). 
5. Des communes proches de la RN12 qui attirent.

 Bodilis a vu sa population augmenter de 33 habitants, Guiclan de 230, Plouégat-Moysan de 53 et Sainte-Sève de 116 habitants. Toutes ces communes ont un point commun : elles profitent de la RN12 reliant Morlaix à Brest. Un axe incontournable pour certains travailleurs.
6. Le littoral délaissé.
Les chiffres de l'Insee confirment la perte de vitesse des communes littorales. Locquirec, la plus forte chute, en terme de pourcentage, du Pays de Morlaix, a vu sa population diminuer de 129 habitants (8,7 %), Roscoff de 272 (7,5 %), l'île de Batz de 37 (7,3 %) et Plougasnou de 213 (6,8 %).

Voici l'évolution de la population du pays de Morlaix entre 2010 et 2015, commune par commune. Elles (les 60) sont réparties par secteur, de la plus importante en nombre d'habitants à la moins peuplée. 

1. Territoire de Morlaix communauté. 1. Morlaix, 14.830 (-591). 2. Plouigneau, 4.901 (+148). 3. Saint-Martin-des-Champs, 4.648 (-111). 4. Plourin-lès-Morlaix, 4.368 (-80). 5. Plougonven, 3.439 (+146). 6. Carantec, 3.149 (-40). 7. Pleyber-Christ, 3.076 (+6). 8. Saint-Thégonnec Loc-Eguiner, 3.016 (+48). 9. Plougasnou, 2.999 (-213). 10. Taulé, 2.985 (+56). 11. Lanmeur, 2.187 (+16). 12. Plouezoc'h, 1.591 (+6). 13. Locquirec, 1.347 (-129). 14. Guerlesquin, 1.343 (-26). 15. Henvic, 1.321 (+23). 16. Plounéour-Ménez, 1.251 (-14). 17. Plouégat-Guérand, 1.081 (+1). 18. Garlan, 1.045 (+55). 19. Sainte-Sève, 987 (+116). 20. Guimaëc, 970 (+18). 21. Locquénolé, 791 (-17). 22. Plouégat-Moysan, 701 (+53). 23. Le Cloître-Saint-Thégonnec, 663 (+28). 24. Saint-Jean-du-Doigt, 636 (+19). 25. Botsorhel, 425 (-38). 26. Lannéanou, 381 (+21). 27. Le Ponthou, 173 (+9). 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 09:47
La gynécologie en voie de disparition en France: "Il faut que les femmes se rebellent" (Ouest-France, 28 décembre 2017)

Yves-Marie ROBIN.

Les gynécologues médicaux ne sont plus que 1 136 en France pour 28 millions de femmes âgées de plus de 16 ans. Et il reste moins de mille médecins accoucheurs dans le privé.

Cela devient une spécialité très rare en France. En l’espace d’une décennie, entre les années 2007 et 2017, le nombre de gynécologues médicaux (spécialisés dans les problèmes hormonaux, la contraception, la stérilité, le diagnostic de tumeur, la ménopause…) a chuté de 41,6 % dans l’Hexagone, selon une enquête du journal Le Monde parue mercredi soir. Ces praticiens ne sont plus, aujourd’hui, que 1 136 en France pour 28 millions de femmes âgées de plus de 16 ans. Et ils pourraient n’être que 531 en 2025 contre 1 648 en 2010.

Dans de nombreuses villes, décrocher un premier rendez-vous est devenu mission impossible ou quasiment, nombre de médecins n’acceptant de nouvelles patientes que sur orientation expresse d’un confrère généraliste. Dans la Creuse, on ne compte plus que 4,2 gynécologues médicaux pour 100 000 habitants ; 4,32 en Dordogne ; 4,37 % dans l’Ain. Mais 28,6 à Paris et 67,4 à Neuilly.

Certaines villes de la banlieue parisienne n’en ont plus aucun. Des femmes n’ont ainsi plus de suivi ou doivent changer de département dans l’espoir de pouvoir consulter. Six départements n’offrent plus aucun gynécologue médical actuellement.

La disparition du certificat d’études spéciales

L’origine de cette situation ? La décision des pouvoirs publics de ne plus former de spécialistes de la santé des femmes entre 1987 et 2003, "afin de s’aligner sur les formations des autres pays européens".

"Après-guerre, la France avait pourtant engagé une politique forte de formation des gynécologues, raconte le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France, joint par Ouest-France. Deux filières de formation ont ainsi vu le jour : l’internat et le certificat d’études spéciales. Grâce à ce CES, beaucoup de praticiens ont été formés. Mais quand la France a intégré l’Europe, le CES n’existant pas dans les autres pays, on n’a plus formé que par l’internat, sans augmenter le nombre d’étudiants…"

Une pénurie que critique le professeur Israël Nizand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, interrogé ce jeudi matin sur RTL. "La bureaucratie sanitaire a estimé que moins il y a de médecins, moins il y a de dépenses. C’est une gestion catastrophique de la démographie médicale."

Depuis une quinzaine d’années, une soixantaine de ces spécialistes sont de nouveau formés chaque année, mais insuffisamment pour compenser les départs à la retraite. Près des deux tiers des gynécologues médicaux en activité ont, en effet, plus de 60 ans.

Les médecins généralistes prennent, alors, parfois le relais. Ce n’est pourtant pas la meilleure solution, selon les gynécologues médicaux. "Une spécialité de quatre années d’études ne se remplace pas par une formation de trois mois en gynéco pour un généraliste", explique Anne Gompel, professeure de gynécologie à l’université Paris-Descartes, citée par Le Monde.Quant aux sages-femmes, elles sont insuffisamment formées au diagnostic et au traitement médical.

Autre problème, et non des moindres : les tarifs affichés par certains spécialistes peuvent, également, être un frein au suivi des femmes. En France, seuls 38,5 % des gynécologues pratiquent, en effet, la consultation à 30 €, appliquant donc le tarif Sécu. Chez 45 % des 3 000 gynécologues (médicaux et obstétriciens) exerçant dans les cent plus grandes villes de France, il faut débourser au moins 60 € pour une consultation standard, rapporte le journal Le Monde

"Que les femmes se rebellent"

La population des gynécologues obstétriciens n’est pas en meilleure forme. Dans trente départements, il n’existe plus aucun praticien en libéral. Les femmes doivent donc se rendre dans les hôpitaux pour le suivi de leur grossesse. Des établissements de soins qui commencent, eux aussi, à manquer de spécialistes des accouchements…

"Actuellement, il reste moins de mille accoucheurs dans le privé en France, poursuit le Dr Bertrand de Rochambeau. Il n’y a plus que 20 % des accouchements qui se font dans le privé". La raison ? " Les conditions de travail et des tarifs d’assurance professionnelle qui n’en finissent pas de grimper. Conséquence : de nombreuses femmes patientent à la porte des hôpitaux, avec pour certaines d’entre elles, un gros retard de suivi".

Quelle solution, alors, pour remédier à cette situation tendue ? Le Dr Rochambeau milite pour une augmentation sensible du nombre d’étudiants, mais il faut douze ans pour « fabriquer » un gynécologue obstétricien. Le praticien prône aussi l’amélioration des parcours de soins "pour éviter que des femmes n’errent de cabinet médical en cabinet médical".

Mais face à la quasi-disparition d’une spécialité médicale en France, une seule chose pourrait faire bouger les lignes, selon le Dr Bertrand de Rochambeau : "Que les femmes se rebellent. Avec urgence !"

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