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12 janvier 2018 5 12 /01 /janvier /2018 16:24



Fondation Gabriel          Péri 

 

Toutes les nouveautés (initiatives, publications, notes en lignes, vidéos...) sur le site : www.gabrielperi.fr

 

Toute l'équipe de la Fondation Gabriel Péri vous présente ses meilleurs vœux pour 2018 !

INVITATION

Séminaire : Construire la paix, déconstruire la guerre

 

 
Pour la première audition de l'année 2018, la fondation a le plaisir de recevoir :

Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMo),
sur le thème : « Justice pénale et justice transitionnelle comme conditions de la paix ».

Jeudi 25 janvier de 18h à 20h 
Tour Essor
14 rue Scandicci - 93500 Pantin 
M° Hoche ou Porte de Pantin
T3b Delphine Seyrig
Plan d'accès

Merci de confirmer votre présence par mail à inscription@gabrielperi.fr

Professeur émérite des universités, ancien doyen de l'UFR de droit de l'université de Cergy-Pontoise, Jean-Paul Chagnollaud est professeur de sciences politiques et spécialiste de la question palestinienne. Rédacteur en chef de la revue Confluences Méditerranée et directeur de la collection "Comprendre le Moyen-Orient" chez L'Harmattan, il est  également l'auteur de nombreux ouvrages dont Quelques idées simples sur l'Orient compliqué (Ellipses, juin 2008), Palestine, la dépossession d'un territoire, avec Pierre Blanc et Sid-Ahmed Souiah (L'Harmattan, 2007),et Israël/Palestine la défaite du vainqueur (Actes Sud, 2017).
 
 Résultat de recherche                                        d'images pour "Palestine,                                        la dépossession d'un                                        territoire"


> En savoir plus sur le séminaire "Construire la paix, déconstruire la guerre",  
Commander en ligne les actes 1 (2017).
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12 janvier 2018 5 12 /01 /janvier /2018 07:37
Saccage de l'hôpital public par Macron dans la lignée de ses prédécesseurs: les députés communistes s'engagent et accueillent les personnels à l'Assemblée Nationale

COMMUNIQUE DES DEPUTE-E-S COMMUNISTES

Paris, le 10 janvier 2017

Les députés communistes, ne pouvant se résoudre à ce que la santé devienne une marchandise, ont retenu la défense du droit à la santé comme l’une de leurs priorités pour la législature. 
La semaine de contrôle - qui permet à chaque groupe d’opposition d’inscrire à l’ordre du jour un sujet de son choix - sera consacrée à la situation particulièrement alarmante des hôpitaux publics. 
Ainsi, quatre questions seront posées à la ministre de la Santé, Madame Agnès Buzyn, lors de la séance réservée au groupe, le mercredi 17 janvier 2018 à 21h30.
Les députés communistes ont souhaité associer à leur démarche les professionnels représentant les différents métiers de l’hôpital en recevant une centaine d’entre eux, venus de toute la France, lors d’une rencontre qui a eu lieu à l’Assemblée nationale le 10 janvier 2018, afin de relayer leurs préoccupations et de se faire l’écho de leur colère.
Nous ne pouvons en rester à cette situation de crise. 
Le constat est clair : partout dans le pays, la côte d’alerte est atteinte. Partout dans le pays, les personnels se mobilisent avec les populations de leurs territoires. Le PLFSS voté par la majorité pour 2018 va encore aggraver cette situation et augmenter la casse de l’hôpital public, mettant ainsi en danger la santé publique et l’égalité devant le droit à la santé. 
Forts de ces mouvements qui veulent construire l’hôpital public dont nous avons besoin, les députés communistes feront résonner dans l’hémicycle les aspirations qui se font jour et les autres choix politiques possibles et nécessaires.

Saccage de l'hôpital public par Macron dans la lignée de ses prédécesseurs: les députés communistes s'engagent et accueillent les personnels à l'Assemblée Nationale
L'Humanité, 11 janvier 2018

L'Humanité, 11 janvier 2018

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12 janvier 2018 5 12 /01 /janvier /2018 07:29
Asile-Immigration, lettre ouverte au Premier ministre du GISTI (groupe d'information et de soutien des immigrés, 9 janvier 2018)

Communiqué

 
« Concertation asile-immigration », lettre ouverte au Premier ministre

 

 
Paris, le 9 janvier 2018

 

Monsieur le Premier ministre,

Par un message du 6 janvier, vous avez invité le Gisti à une réunion de concertation sur la politique de l’asile et de l’immigration fixée au 11 janvier, précisant qu’il s’agissait d’une « deuxième réunion pour évoquer l’avant-projet de loi » et que l’ordre du jour détaillé nous en serait communiqué « ultérieurement ».

Nous tenons à vous faire connaître les raisons pour lesquelles il ne nous apparaît pas possible de répondre positivement à cette invitation.

Nous souhaitons d’abord vous rappeler que 470 associations, réseaux ou collectifs engagés dans la défense des droits des personnes migrantes lançaient le 20 juin 2017 un appel à un changement radical de politique migratoire en France [1]. Constatant que la gestion répressive des migrations internationales et le non-respect du droit d’asile qui prévalent dans la plupart des pays d’Europe et en France en particulier sont un échec effroyable, ces organisations vous appelaient, ainsi que le Président de la République, à convoquer d’urgence une conférence impliquant tous les acteurs, afin qu’émergent des politiques alternatives d’accueil et d’accès aux droits.

Sans égard pour ces recommandations, vous présentiez le 12 juillet 2017 un « plan migrants » - incluant un projet de loi, alors annoncé pour le mois de septembre 2017 - dont le Défenseur des droits lui-même devait relever, le 21 juillet, qu’il « s’inscrit dans la ligne des politiques successives qui dysfonctionnent depuis 30 ans ».

Constatant que cette annonce ignorait les propositions portées par celles et ceux qui œuvrent au plus près des personnes migrantes, ce sont alors près de 260 associations et collectifs de solidarité et de défense des droits humains qui, en réponse, décidaient de prendre elles mêmes en charge l’organisation d’une large concertation citoyenne sur l’accueil et les droits des personnes migrantes en France [2]. Cette concertation a pris la forme d’États généraux des migrations, dont le processus a été lancé le 21 novembre 2017 [3].

De son côté, la Commission nationale consultative des droits de l’homme adoptait le 17 octobre 2017 une « déclaration alerte sur le traitement des personnes migrantes », publiée le 19 novembre 2017 au Journal officiel, aux termes de laquelle, « ayant pris connaissance par voie de presse de certaines dispositions du projet de loi intitulé « pour un droit d’asile garanti et une immigration maîtrisée » elle soulignait « l’urgente nécessité de construire une autre politique migratoire avec une dimension internationale et européenne », ajoutant que « cette refonte politique suppose une véritable concertation avec l’ensemble des acteurs (État, société civile, chercheurs, syndicats, etc.) ».

Pourtant, conviées au cabinet du ministre de l’intérieur le 20 novembre 2017, les représentantes du Gisti se voyaient présenter les premiers axes d’un futur projet de loi sur l’immigration et l’asile qui confirmaient les orientations annoncées le 12 juillet, à rebours de celles que nous défendons, avec tant d’autres. Au cours de cet entretien, aucun intérêt n’était manifesté par leurs interlocuteurs ni pour les observations critiques suscitées par les mesures annoncées, ni pour le rappel de cette voie alternative.

C’est dans ce contexte que vous nous invitiez le 20 décembre à une première « réunion de concertation Asile immigration » fixée au lendemain même, augurant ainsi fort mal de la volonté de concertation affichée sur un avant-projet de loi dont le texte restait au surplus inconnu.

Nous sommes aujourd’hui contraints de constater que la deuxième réunion, fixée au 11 janvier, ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices : le texte de l’avant-projet de loi ne nous est toujours pas communiqué et l’ordre du jour de cette réunion ne nous sera précisé qu’ultérieurement, de sorte qu’il est déjà acquis qu’il ne pourra en aucune façon s’agir d’une véritable concertation, en dépit d’un affichage trompeur.

Il nous faut relever en outre qu’une fois de plus seuls les sièges de quelques associations nationales sont pressentis pour être associés à cette concertation, laissant de côté les centaines d’associations locales, de collectifs, comités de soutien, réseaux qui partout en France se mobilisent et agissent au quotidien pour pallier les défaillances de l’État en matière d’accueil, manifestant ainsi leur hostilité aux politiques que votre gouvernement entend encore amplifier.

Mais le contexte de cette invitation ne se résume ni à votre désintérêt pour les recommandations de tant d’institutions de la République et de représentants de la société civile, ni aux conditions gravement dégradées de la « concertation » à laquelle vous nous conviez. Il est également marqué par la circulaire de votre ministre de l’intérieur du 12 décembre 2017, relative à l’examen des situations administratives dans l’hébergement d’urgence.

Vous avez pu prendre la mesure, Monsieur le Premier ministre, de l’émoi considérable soulevé par les instructions données dans cette circulaire, qui remettent en cause tant le principe d’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence que l’inviolabilité de domiciles relevant de lieux privés et la protection de données à caractère personnel.

A l’évidence, une concertation digne de ce nom ne pourrait être engagée que dans le climat apaisé qui résulterait de signes forts attestant de votre volonté que ces instructions restent sans suites et sans effets.

Faute d’avoir perçu le moindre écho, jusqu’à ce jour, d’une telle préoccupation de votre part et compte tenu de l’absence de perspectives d’une concertation loyale et approfondie sur un projet de loi dont il est déjà annoncé qu’il sera présenté et examiné dans des délais contraints, vous comprendrez que nous ne jugions pas utile de répondre à votre invitation. Vous comprendrez également que, compte tenu des enjeux qui s’attachent à un débat public sur ces questions, nous prenions la liberté de rendre cette réponse elle-même publique.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, à l’assurance de notre parfaite considération.

Vanina Rochiccioli
Présidente

 

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12 janvier 2018 5 12 /01 /janvier /2018 07:25
À Châteaulin, la gare rénovée manque de services (Ouest-France, 10 janvier 2018 - et Télégramme, 5 janvier)

Philippe Attard.

Pas de toilettes, une borne au fonctionnement ésotérique, un guichet fermé. Malgré plusieurs millions d'investissement, la gare rénovée de Châteaulin souffre d'un réel manque de contact.

Jean-Louis Nanot n'en revient toujours pas. Vendredi, il amène sa fille de 16 ans à la gare de Châteaulin. « Voilà trois jours qu'elle préparait son après-midi avec ses copines »,raconte-t-il.

Ce jour-là, manque de chance, ou plutôt trop de chance. C'est le jour de l'inauguration des travaux de la quatre voies à Châteauneuf-du-Faou.

La ministre chargée des transports, Élizabeth Borne, vient tout spécialement en train de Brest, accompagnée des présidents et vice-présidents du conseil régional, du maire de Brest François Cuillandre. À la gare l'attendent Gaëlle Nicolas, maire Les Républicains de Châteaulin et Richard Ferrand, député La République en Marche, tous deux conseillers régionaux.

Borne compliquée

« Il y avait des gendarmes partout, raconte Jean-Louis Nanot, 64 ans, de Brasparts. On était arrivés à se renseigner sur internet, où l'on avait trouvé une certaine variété de prix, sur plusieurs sites. Le prix moyen s'élevait à 9 €. »

La gare fraîchement rénovée n'a déjà plus de guichet. Après la rénovation de la ligne ferroviaire Brest-Quimper, la SNCF a décidé de supprimer le guichet, et le service commercial. Une borne bleue a été installée dehors, contre la façade.

Pas abritée

Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle souffre de nombreux manques. D'abord, elle n'est pas indiquée. Grande comme une petite armoire, elle permet d'obtenir les billets sur les lignes de TER bretonnes.

« Il ne faut pas qu'il pleuve car elle n'est pas abritée, fait remarquer Jean-Louis Nanot. Et s'il y a du soleil, on ne voit rien sur l'écran. Je plains les personnes âgées. »

Quant à la manipulation, mieux vaut ne pas arriver deux minutes avant l'arrivée du train, ce qui arrive parfois quand on est à la bourre.

Montre en main

Car montre en main, pour quelqu'un qui n'est pas familier de cette machine, mais tout de même habitué à l'usage du smartphone, il faut au moins six minutes. « Mais aussi, il faut une carte bancaire, souligne Jean-Louis Nanot. Et aujourd'hui, ce n'est pas toujours le cas, surtout pour les gens en difficulté financière. »

Quant aux personnes handicapées, pas sûr qu'elles arrivent à lire ce qu'il y a sur l'écran, incliné pour une personne debout.

« Ne parlons pas des personnes âgées. La mollette qui sert à choisir son parcours, avec les gares d'arrivée, celles de départ, et surtout les tarifs, avec les nombreuses cartes, c'est pas de la meilleure lisibilité. »

Différences de tarifs

Mais la surprise est arrivée tout à la fin : le prix. « Ma fille en a eu pour 13,50 € ! Alors qu'en bus, ça lui aurait coûté deux euros. Est-ce bien normal ? »

Côté SNCF

Du côté de la SNCF, on assure que les tractations pour trouver un lieu de vente de billets en ville à Châteaulin n'ont pas abouti. Impossible, comme à Concarneau, d'y installer des bornes, avec un commercial, dans les locaux de l'office du tourisme : celui-ci, implanté aux halles de Châteaulin, n'est pas ouvert toute l'année.

Les négociations avec une agence de voyages privée, n'ont pas abouti non plus. Même si un conseiller est là pour guider les gens, de 8 h 15 à 12 h 45 et de 16 h à 18 h 45, est-ce bien suffisant ? « Il n'est pas là le dimanche et les jours fériés. Comment fait-on ces jours-là, alors ? Et en dehors de ces horaires ? » questionne Jean-Louis Nanot.

La réponse est en suspens. Tout comme celle des toilettes, remplacées parfois par celles de la salle de sport qui se trouve juste en face. Décidément, à Châteaulin, sur ce coup-là, la SNCF, comme la Région, principal financeur de la rénovation de la gare, n'ont pas joué leur meilleure carte.

À Châteaulin, la gare rénovée manque de services (Ouest-France, 10 janvier 2018 - et Télégramme, 5 janvier)
À Châteaulin, la gare rénovée manque de services (Ouest-France, 10 janvier 2018 - et Télégramme, 5 janvier)
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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:58
Briser l'isolement de ceux que la persécution de la résistance pacifique à l'occupation et au système d'apartheid colonial du gouvernement israélien a mis en prison: écrire à Khalida Jarar, Ahed Tamimi, Salah Hamouri (AFPS)

Chères amies, chers amis, de la Palestine,
Il est URGENT et TRÈS IMPORTANT d'écrire à Ahed TAMIMI, Khalida JARRAR et Salah HAMOURI, pour leur apporter notre soutien et montrer à leurs geôliers qu'un large mouvement de la société civile internationale s'oppose à leur détention. Leur écrire c'est aussi dénoncer la détention de tous les prisonniers politiques palestiniens dont nous demandons la libération. (Timbré 1,30€ pour Israël )
Nous vous en remercions !

AFPS MORLAIX

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:41
Tunisie. Sept ans après la révolution, toujours une soif de justice sociale (Rosa Moussaoui, L'Humanité, 10 janvier 2018)
Tunisie. Sept ans après la révolution, toujours une soif inextinguible de justice sociale
ROSA MOUSSAOUI
MERCREDI, 10 JANVIER, 2018
L'HUMANITE
 

Une vague de protestations secoue le pays, après l’entrée en vigueur de nouvelles mesures d’austérité. Dans la nuit de lundi à mardi, un homme est mort à Tebourba au cours d’affrontements avec la police. Le chômage reste une bombe sociale.

Drôle de commémoration. La Tunisie s’apprête à célébrer, ce 14 janvier, dans un climat de fortes turbulences sociales, le septième anniversaire de la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Dans cette fragile transition démocratique, une question reste entière, lancinante, impossible à refouler : celle de la justice sociale, qui irriguait déjà le soulèvement populaire de 2011. Dans la nuit de lundi à mardi, un homme de 43 ans est mort à Tebourba, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Tunis, dans des affrontements qui opposaient la police aux manifestants protestant contre le budget 2018, marqué du sceau de l’austérité. Une autopsie devait être réalisée hier mais le ministère de l’Intérieur a aussitôt démenti toute implication de la police, assurant que le défunt souffrait de « problèmes respiratoires ».

Depuis plusieurs jours, une vague de protestations secoue le pays. La mèche a été allumée par la hausse de la TVA et des contributions sociales entrée en vigueur au 1er janvier, alors que l’inflation et la chute du dinar grèvent déjà lourdement le pouvoir d’achat des Tunisiens. Mais c’est un malaise plus profond qui s’exprime, surtout dans les régions du Centre-ouest toujours marginalisées, plombées par le chômage massif des jeunes diplômés. La contestation se cristallise d’ailleurs dans les zones qui s’étaient soulevées les premières en 2011. Des affrontements ont éclaté à Feriana, Thala, Sbeïtla. À Sidi Bouzid, épicentre du soulèvement de 2011, les protestataires, au terme d’une marche pacifique, ont bloqué les routes en érigeant des barrages de pierres et de pneus. À Kasserine, des tirs de gaz lacrymogène répondaient aux incendies de pneus et aux jets de pierres. Tunis n’a pas été épargnée par les violences. Des heurts ont éclaté dans le quartier déshérité d’Ettadhamen, tandis que les jeunes militants du mouvement Fech Nestannew (Qu’est-ce qu’on attend ?), rassemblés sur l’avenue Habib-Bourguiba, aux abords du ministère de l’Intérieur, pour exiger l’annulation de l’augmentation des prix, ont été dispersés sans ménagement. Ils réclamaient la libération de leurs camarades interpellés, d’après eux, pour avoir distribué des tracts appelant à manifester et tracé des graffitis dénonçant les mesures d’austérité. À l’échelle du pays, plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées, onze policiers ont été blessés et plusieurs édifices publics ont été endommagés.

Le climat politique aussi se tend à l’approche des élections municipales du 6 mai

À la tête d’un chancelant « gouvernement d’union nationale », sous étroite surveillance du FMI qui attend les contreparties des 2,9 milliards de dollars de la troisième tranche de prêt débloquée l’an dernier, le premier ministre Youssef Chahed a eu des mots très durs contre les protestataires. « Nous n’avons pas vu des protestations mais des gens qui cassent, volent et agressent les Tunisiens, a-t-il accusé, hier, sur les ondes de Mosaïque FM. Nous disons aux casseurs et à ceux qui les incitent que, pour le gouvernement, la seule solution est d’appliquer la loi. Le gouvernement est prêt à écouter, mais chaque personne voulant manifester doit le faire de manière pacifique. »

Ce ton martial confirme que le climat politique aussi se tend à l’approche des échéances municipales du 6 mai, les premières depuis 2011, maintes fois repoussées. Un test décisif pour le parti présidentiel, Nidaa Tounes, accusé de complaisance avec les milieux affairistes et les anciens réseaux de l’ère Ben Ali. L’opposition, elle, maintient la pression contre un budget qui présente la facture de l’austérité aux classes moyennes et aux Tunisiens les plus modestes. « Nous resterons dans la rue et nous allons manifester encore plus fort jusqu’à ce que cette loi de finances injuste soit retirée », a prévenu hier le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami.

Le 17 décembre 2017, alors que Sidi Bouzid commémorait la mort de Mohamed Bouazizi, à l’origine, en 2011, de l’embrasement de la Tunisie, puis du monde arabe, toute une jeunesse laminée par l’exclusion sociale se faisait bruyamment entendre jusque dans les cérémonies officielles. Ses revendications tiennent en un mot : travail. « Pour nous, rien ne change, c’est toujours la souffrance, on ne nous écoute pas. C’est pire, même, avec la hausse du chômage. Sans argent, ni piston, nous n’avons aucune chance de décrocher un emploi. Le train de la vie est parti sans nous », résumait Insaf Aslam, une trentenaire reçue à un concours de la fonction publique mais privée d’affectation. Du côté des autorités, on insiste sur les (maigres) investissements promis aux régions marginalisées, sur les infrastructures qui doivent voir le jour, comme l’autoroute du Sud-Ouest. « Les gens de ces régions en ont assez des promesses jamais tenues de ce gouvernement qui refuse tout dialogue direct avec la jeunesse, remarquait Noureddine Tabboubi, le secrétaire général de la centrale syndicale UGTT. Les ministres défilent, promettent, repartent et jamais rien n’est réalisé. La colère, ici, est attisée par sept ans de promesses non tenues. » Faute d’alternative au mirage libéral des années Ben Ali, la démocratie restera un vain mot pour les chômeurs diplômés de Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa.

Journaliste à la rubrique Monde
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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:32
Tableau peint sur journal de Zehra Dogan, journaliste turque d'origine kurde féministe de 28 ans emprisonnée pour un dessin dénonçant une démolition de village kurde par l'armée d'Erdogan, en prison et condamnée à 2 ans et 9 mois de prison

Tableau peint sur journal de Zehra Dogan, journaliste turque d'origine kurde féministe de 28 ans emprisonnée pour un dessin dénonçant une démolition de village kurde par l'armée d'Erdogan, en prison et condamnée à 2 ans et 9 mois de prison

SNJ-CGT, SNJ,CFDT Journalistes
 

Erdogan : la montagne de promesses a accouché d’une souris
 

La visite à Paris du chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan a-t-elle permis d’avancer sur la question sensible des droits de l’Homme et de la liberté d'expression afin d'endiguer la répression tous azimuts dans ce pays depuis le coup d’Etat manqué de juillet 2016 ?
La montagne semble avoir accouché d’une souris. Car même si le président français Emmanuel Macron affirme avoir remis une liste de détenus victimes de l’autocratie,
les réponses du président turc et l’agression verbale contre un journaliste lors de la conférence de presse laissent peu d’espoir.
Les portes des geôles turques risquent de rester fermées notamment pour nos 150 confrères turcs et kurdes emprisonnés, faisant de la Turquie la plus grande prison
de journalistes au monde. La libération de tous les détenus d’opinion ne surviendra pas rapidement sans des pressions fortes de la France et de l’Europe.
Mais pour l’heure, le séjour à Paris de M. Erdogan aura servi avant tout à signer un contrat d’études dans la défense aérienne et antimissile impliquant le consortium franco-italien Eurosam.
Les syndicats français de journalistes et de nombreuses associations de défense des droits de l'Homme avaient à juste titre qualifié cette visite de véritable provocation. Audelà
des journalistes embastillés, nous n'oublions pas les 55 000 enseignants, syndicalistes, chercheurs, juges, etc. arrêtés depuis juillet 2016 et les 140 000 salariés limogés en Turquie. Mais aussi la répression féroce au Kurdistan et l'arrestation des députés et édiles kurdes.
Nous maintenons nos exigences :
- la libération des journalistes emprisonnés ;
- la réouverture des médias fermés par le pouvoir ;
- le retour au pluralisme ;
- le retour à la liberté d'expression ;
- la réintégration de tous les bannis d’Erdogan.
Nous demandons à la FIJ d’interpeller le Conseil de l’Europe pour que la Turquie soit suspendue de l’Assemblée parlementaire de cette organisation tant qu'Istanbul violera la Convention européenne des droits de l’Homme.
Paris, le 10 janvier 2018

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:26
Migrants disparus en mer: les politiques de l'UE et des Etats membres sont responsables (PCF, 10 janvier 2018)

Migrants disparus en mer : Les politiques de l'UE et des États membres sont responsables (PCF)

Une fois encore, la Méditerranée s'est transformée en cimetière.
Ces derniers jours, ce sont plus d'une centaine d'hommes et de femmes migrants qui ont péri en mer ou sont disparus dans le naufrage de leur embarcation.
Une fois encore, ce sont les politiques de l'Union européenne et des États membres qui sont responsables de ces drames.
Car la solution est connue : la mise en place de voies de passage sécurisées pour permettre à ces exclus de rejoindre l'Europe et de fuir l'enfer libyen.

Pierre Laurent, en visite hier au Centre d'accueil d'urgence Porte de la Chapelle, a eu l'occasion de rappeler l'inhumanité de cette politique. En présence de Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs solidarité et de Paul Duprez, son président, il a souligné le rôle remarquable de ce centre. Il a rappelé l'exigence du retrait de la circulaire du 12 décembre (condamnée par toutes les associations) autorisant l'inspection dans les centres d'accueil des migrants et de leur situation administrative.
Pierre Laurent a également condamné les mesures annoncées de la prochaine loi migratoire par Emmanuel Macron, qu'il a qualifié de « particulièrement dure » qui place en priorité une politique d'exclusion massive et de dissuasion migratoire.

Parti communiste français,
Paris, le 10 janvier 2018.

Migrants disparus en mer: les politiques de l'UE et des Etats membres sont responsables (PCF, 10 janvier 2018)
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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:10
Bac, brevet, maternelle: Blanquer joue au chamboule-tout
 PAR 

Le ministre de l’éducation nationale avait promis, à son arrivée, qu’il ne bouleverserait pas toute l’organisation du système scolaire. Pourtant, il multiplie les annonces et les missions, et s’attelle à plusieurs chantiers. Passage en revue.

 

Cet été, Jean-Michel Blanquer se défendait de vouloir tout bouleverser à l’école. « Je ne veux pas opérer de destruction. Je ne ferai pas de loi, je ne vais pas bouleverser les programmes, ni lancer de refondation », expliquait à Mediapart le ministre de l’éducation nationale. Huit mois après sa nomination rue de Grenelle, force est de constater qu’il a ouvert de nouveaux chantiers tous azimuts. L’examen du brevet, qui n’a qu’un an, a déjà changé de visage : retouché pour laisser moins de place au contrôle continu, comme le détaille le bulletin officiel du 4 janvier, le brevet des collèges 2018 sera désormais noté sur 800, contre 700 pour la version 2017. Les épreuves de l’examen final compteront pour 400 points (au lieu de 300), et les compétences du socle commun seront évaluées en contrôle continu pour 400 points également. Une manière pour le ministre de rééquilibrer le barème entre examen final et contrôle continu, et d’éviter que les bons élèves ne soient assurés d’avoir suffisamment de points et de décrocher l'examen avant même le début des épreuves finales.

Le baccalauréat – dont la nouvelle mouture doit être prête pour la session 2021 – va bénéficier d’un sérieux lifting. La mission a échu à l’universitaire Pierre Mathiot. Après un mois de consultation de différents membres de la communauté éducative, qui s’est achevé mi-décembre, celui-ci doit rendre son rapport à la fin janvier.

 

Ce n’est pas fini. En février, encore, le ministre va se lancer dans la vaste entreprise de réforme de la voie professionnelle, afin de la rendre plus attractive.

Les plus petits ne sont pas oubliés puisque le ministre vient d’annoncer, dans un entretien accordé à Ouest France le 6 janvier, la tenue en mars d’assises pour l’école maternelle, sous le patronage du neuropsychiatre Boris Cyrulnik. L’idée phare de ces assises étant d’améliorer l’acquisition du langage chez les enfants avant la scolarisation obligatoire à 6 ans, dans le but de « repenser l'école maternelle » pour en faire « l'école de l'épanouissement et du langage ». Le ministre entend corriger par ce truchement, dit-il dans cet entretien, « la première des inégalités qui se traduit par la quantité de vocabulaire maîtrisé à l’entrée en maternelle ». Il espère donc faire de l’école « un bain de langage » et une « locomotive pédagogique » pour l’ensemble du système scolaire. La maternelle est en effet considérée comme un point fort du système éducatif français. Dans son livre L’École de demain (éditions Odile Jacob), ouvrage programmatique paru à l’automne 2016, Blanquer rappelait déjà l’importance « décisive » pour l’apprentissage de la période comprise entre la naissance et l’âge de 7 ans.

De son côté, le psychiatre Boris Cyrulnik considère qu’il faut miser sur la « plasticité du cerveau » qui permet par exemple à un enfant « d’apprendre n’importe quelle langue ». Il explique encore que les enfants à cet âge-là « ne s’attachent pas forcément à celui qui a le plus de diplômes mais à celui qui établit les meilleures interactions avec lui ». Des propos qui font écho à ceux tenus en son temps par Xavier Darcos en 2008. Le ministre de l’époque avait provoqué un tollé en expliquant qu’il fallait s’interroger sur la nécessité de « généraliser la scolarisation des enfants de 2 à 3 ans et est-ce qu'il nous faut des professeurs recrutés à bac + 5 pour s'occuper des enfants de 2 et 3 ans ? ».

Jean-Michel Blanquer rappelle fréquemment que ses deux boussoles sont la recherche et les comparaisons internationales. L’idée de travailler sur l’école maternelle a été explorée par les chercheurs en sciences de l’éducation.

L’OCDE, à l’origine du classement PISA, a publié en juin 2017, une étude d’ampleur (à lire ici), intitulée Petite enfance, grands défis 2017. On y explique que l’accueil des tout-petits est crucial car il favorise le développement de compétences « déterminantes pour réussir dans la vie », le tout appuyé par les neurosciences. Pas étonnant que le ministre s’intéresse donc à cette question.

Scolariser les enfants très tôt, notamment chez les enfants défavorisés, apporte de bons résultats même si certains mettent en garde contre le risque d’une « primarisation de l’école maternelle trop précoce », comme ici dans cette étude de la Direction de l’évaluation et de la prospective du ministère de l’éducation nationale de 2013.

En 2016, le Conseil national de l’évaluation du système scolaire (Cnesco) publiait unenote sur la question : « En résumé, la recherche française suggère qu'une plus longue éducation en école maternelle a un impact positif sur les résultats éducatifs ; il y a aussi l'évidence qu'une école maternelle généralisée a des effets positifs sur les enfants issus de classes sociales défavorisées sans affecter les enfants issus de classes favorisées, ce qui implique que la maternelle peut être un outil de réduction des inégalités. »

La note comparative pose aussi la question de la scolarisation dès 2 ans (11,8 % des enfants de 2 ans sont scolarisés), qui pourrait permettre d’augmenter la réussite des enfants issus des milieux défavorisés. Une idée poussée par l’un des prédécesseurs de Jean-Michel Blanquer, Vincent Peillon. Jean-Michel Blanquer et Boris Cyrulnik ne l’évoquent pas encore.

Tous deux insistent plutôt sur la nécessité de « sécuriser » les enfants, d’améliorer la formation des enseignants et des intervenants en maternelle, notamment les ATSEM (agents territoriaux spécialisés). « Il s’agira de revoir les formations initiales et continues, peut-être d’aller jusqu’à des formes de certification », indique le ministre. Encore faut-il que les municipalités jouent le jeu et allouent suffisamment de moyens pour leur permettre d’être présents dans toutes les écoles, en nombre suffisant si possible. Sans compter que le ministre et son nouveau chargé de mission ne parlent pas de la question des effectifs, 26 enfants en moyenne. Alors même qu’il en parlait dans son livre. Il y dessinait un « scénario optimal » et considérait qu’il faudrait agir sur la taille des classes et les diviser par deux en éducation prioritaire, les REP et REP +. Un investissement de 120 millions d’euros annuels, calculait Jean-Michel Blanquer, serait nécessaire pour modifier le taux d’encadrement.

Le ministre estime dans cet entretien qu’il convient aussi d’agir sur le cadre de travail des enfants : il évoque ainsi la nécessité d’améliorer les salles de classe, la cantine ou les toilettes (lire ici le rapport du Cnesco consacré au cadre de vie des élèves). Autant de compétences qui ne lui sont pas dévolues, mais incombent aux collectivités locales…

Le choix du neuropsychiatre pour piloter cette mission confirme encore un peu plus l’appétence forte que nourrit le ministre envers les neurosciences. Il doit d’ailleurs installer, ce mercredi 10 janvier, le conseil scientifique annoncé fin novembre 2017. Celui-ci, doté « d’un pouvoir consultatif et composé d’une vingtaine de personnalités reconnues travaillant dans différentes disciplines scientifiques », selon le communiqué du ministère de l’éducation nationale, « pourra être saisi sur tous les sujets afin d'apporter des éclairages pertinents en matière d'éducation ». Il est chapeauté par Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire en psychologie cognitive expérimentale, auquel se réfère abondamment Jean-Michel Blanquer.

Ce dernier est persuadé que les sciences peuvent apporter des réponses aux problèmes de l’école. Dans son livre, il écrivait ceci : « Les neurosciences permettent de mieux comprendre les étapes du développement cognitif sans être un nouveau dogme commandant de tout saisir et tout déterminer. » Ses détracteurs pointent la vision« mécaniste » de Jean-Michel Blanquer, son peu d’intérêt pour la sociologie. Le philosophe Denis Forest expliquait à Mediapart les biais de ce recours aveugle à la science. Ces recherches ne peuvent être considérées comme des « vérités absolues venues d’en haut », avertissait-il. « La preuve, pendant longtemps on a dit que l’autisme était la faute des mères. On sait que c’est parfaitement faux. On ne peut donc pas demander à la science de dicter une politique éducative », conclut-il.

À l'autre extrémité du spectre de la scolarité, le ministre veut s'occuper des élèves les plus âgés et du rite de passage que constitue le baccalauréat. L’échéance est lointaine, mais l'examen à la sauce Blanquer devrait être opérationnel pour la session 2021 (lire notre article sur le sujet). Difficile pourtant de toucher si facilement à un monument national vieux de deux cents ans. D’où l’attention extrême donnée à la consultation. La commission menée par l’universitaire Pierre Mathiot s’est achevée le 13 décembre. Il est quasiment acté que le baccalauréat sera évalué sur quatre épreuves nationales passées en Terminale. Les épreuves anticipées de français en Première ne bougeraient pas pour leur part. Selon Les Échos, « les élèves suivraient des enseignements de tronc commun, en se spécialisant progressivement grâce au choix de deux disciplines constituant la “majeure” et de deux ou trois “mineures”. Ils pourraient suivre la même discipline en majeure et en mineure, sous forme d'un enseignement renforcé ». Au printemps de l'année de Terminale, les futurs bacheliers passeront des épreuves finales portant sur les deux majeures choisies par les élèves dans des couples de disciplines donnés, pour lesquels ils se seront prononcés dès la fin de Seconde. Tous les élèves au-delà des majeures conserveront la philosophie en épreuve terminale.

Les autres disciplines seront évaluées, bien entendu, mais sous la forme de contrôle continu. Difficile de savoir comment, mais cela pourrait se faire via des partiels mis en place dans chaque établissement. Voilà pour les grandes lignes.

 

Le Snes-Fsu, syndicat majoritaire du secondaire, a pointé le risque d’un bac à plusieurs vitesses. D’autant que les séries – L, S, ES – pourraient disparaître. Un grand oral, sur le modèle italien, portant sur un sujet choisi par l’élève, serait à l’étude. Le Snes-Fsu explique dans un article qu’il serait possiblement évalué par un jury de« trois personnes dont un non-enseignant ».

L’autre rumeur concernant le futur examen est rapportépar Le Figaro. Le quotidien explique que la commission Mathiot envisagerait de supprimer les épreuves orales de rattrapage, ce « second groupe d’épreuves », selon la terminologie officielle, accessible aux élèves de Terminale qui ont récolté une moyenne comprise entre 8 et 10 sur 20. Ces élèves sur le fil devaient choisir deux matières parmi les épreuves obligatoires du bac. Avec le nouveau bac, ce « deuxième groupe d’épreuves du bac, qui mobilise des dizaines de milliers d’enseignants en juillet ainsi que des centaines d’établissements scolaires, pourrait être remplacé par un examen attentif du livret scolaire de ces élèves tangents ». Certains syndicalistes ne sont pas opposés à cette suppression, explique Le Figaro, car ils jugent le dispositif peu satisfaisant et chronophage pour les professeurs.

Claire Guéville, responsable de la question du lycée au Snes-Fsu, juge qu’à l’aune des différentes informations recueillies à l’issue de la consultation de la mission baccalauréat, plusieurs points suscitent interrogations et inquiétudes. « Un bac qui piloterait tous les enseignement au lycée, ce n’est pas acceptable. C’est réducteur. Sans compter qu’on ne sait pas ce qu’il advient des lycées de la voie technologique. » Elle craint par ailleurs que l’évaluation par le biais d’un grand oral ne pénalise les élèves les plus défavorisés, ne serait-ce que parce qu’ils ont engrangé moins de savoirs extrascolaires que leurs camarades mieux lotis. Plus généralement, la responsable syndicale pointe la difficulté à gérer « de manière pratique » cette réforme. Quels enseignants ? Quels choix d’enseignements pour quels élèves ? Tout en restant prudente, Claire Guéville considère que derrière « l’illusion de la liberté de choix se cache un système inégalitaire et pernicieux car il y aura un délit d’initiés. Les mieux informés choisiront les meilleures options ».

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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:39
Dans l'Huma d'aujourd'hui...  Un très bon article de Maurice Ulrich sur Céline et la polémique entourant la réédition par Gallimard de ses œuvres les plus lamentables du point de vue de l'antisémitisme et de l'abjection morale et politique, ce qui n'empêche pas de reconnaître l'intérêt proprement littéraire de certains romans autobiographiques.
Polémique. Céline, écrivain jusqu’à l’ignominie
MAURICE ULRICH
MARDI, 9 JANVIER, 2018
L'HUMANITÉ
Louis-Ferdinand Destouches, le vrai nom de Céline (1894-1961), dans le parc de sa demeure à Meudon (Hauts-de-Seine). Bernard Lipnitzki/Roger Viollet
 

Le choix des éditions Gallimard de publier les écrits antisémites de l’auteur du Voyage au bout de la nuit suscite de vives réactions. Retour sur un parcours littéraire.

Peut-on, comme les éditions ­Gallimard ont décidé de le faire, publier les pamphlets antisémites de Céline, soit Bagatelles pour un massacre (1937), l’École des cadavres (1938) et les Beaux Draps (1941) ? La question peut paraître oiseuse. Les trois textes, comme Mein Kampf, comme les Décombres, de Lucien Rebatet, texte absolument collaborationniste, sont à la portée de deux clics sur Internet. Le choix de Gallimard n’en est pas moins discuté. La prestigieuse maison d’édition se prévaut de l’autorisation que lui aurait donnée Lucette Destouches, âgée aujourd’hui de 105 ans, veuve de l’écrivain dont il faut rappeler qu’il avait lui-même voulu, après-guerre, que ces textes ne soient pas réédités, une précaution plus qu’un repentir. Certes, mais on imagine bien que Gallimard a vu là un coup éditorial.

Une levée de boucliers d’intellectuels

L’affaire a été considérée comme suffisamment sérieuse, suscitant d’ailleurs une levée de boucliers d’intellectuels comme de personnalités telles Serge Klarsfeld, pour qu’Antoine Gallimard, accompagné par l’écrivain Pierre Assouline qui devrait préfacer les trois volumes, ait été convoqué le 19 décembre dernier par le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Frédéric Potier. Il serait donc question aujourd’hui d’une publication avec « un appareil critique », offrant « toutes les garanties nécessaires » et à même « d’éclairer le contexte idéologique ». Gallimard, de son côté, en tenait pour une édition parue en 2012 au Québec (Éditions 8), sous le titre Écrits polémiques, avec l’éclairage d’un spécialiste de l’œuvre de Céline, Régis Tettamanzi, professeur à l’université de Nantes. Reste que la parution des textes, initialement prévue en mai, serait actuellement reportée à une date indéterminée.

À suivre donc. Mais qu’en est-il de ces pamphlets dans l’œuvre de Céline, saluée d’emblée par le prix Renaudot pour Voyage au bout de la nuit (1932), marquée par d’autres livres majeurs comme Mort à crédit, ou après-guerre par D’un château l’autre ? Un livre en immersion dans le milieu de la collaboration, réfugié à Sigmaringen, entre petites lâchetés et grandes abjections dont Céline lui-même est à la fois partie prenante et témoin. Aucune ambiguïté n’est possible. Les trois textes en question sont abjects. Leur antisémitisme, exprimé en termes ignobles, est tel qu’il est des lecteurs qui croiront à une farce, une caricature, avant de se rendre à l’évidence. En réalité, dans leur violence, ils font parfaitement écho à ce qu’écrit Hitler dans Mein Kampf. Du reste, Céline ne le cache pas : « Hitler, il ne ment pas comme les juifs (…), il me dit “le droit c’est la force” : voilà qui est net, je sais où je vais mettre les pieds (…). Moi je voudrais bien faire une alliance avec Hitler… » Il disait écrire « dans la formule du rêve éveillé », que semble conforter son recours systématique aux points de suspension, mais qui le créditait d’une forme d’inconscience ou de somnambulisme.

Après guerre, bien qu’emprisonné quelque temps, il échappera aux condamnations qui frapperont avec moins de clémence d’autres écrivains accusés de collaboration. Il se fabriquera son personnage d’ermite clochardisé dans sa maison de Meudon, entre ses chats et Lucette, comme s’il n’avait été qu’un témoin involontaire du bruit et de la fureur. On sait aujourd’hui qu’il n’en fut rien, mais qu’il fut un collaborateur actif, familier des dignitaires nazis, un dénonciateur et même un « agent » par conviction idéologique (1). Dans les années 1950, il apportera son appui aux thèses négationnistes.

Louis-Ferdinand Destouches, le vrai nom de Céline, est né en 1894, à Courbevoie. Après des études banales, il s’engage chez les cuirassiers. Il est blessé en 1914, devient surveillant de plantation en Afrique. Revenu en France, il fait des études de médecine, avec succès. Son expérience de la guerre, de l’Afrique, des États-Unis, va être la matière du Voyage. Il a adopté une langue crue, ­violente, critique de l’armée, de l’ordre établi, voire de l’oppression coloniale… L’écrivain Benjamin Crémieux, collaborateur de la NRF, qui mourra à Buchenwald, parlera d’un « roman communiste. (…) Écrit par moments en français argotique un peu exaspérant, mais en général avec beaucoup de verve. Serait à élaguer ». Pour Trotski, « Céline est un moraliste. À l’aide de procédés artistiques, il pollue pas à pas tout ce qui habituellement jouit de la plus haute considération ». On le voit comme un dynamiteur des valeurs bourgeoises.

Son engagement criminel aux côtés des nazis

Elsa Triolet traduit le Voyage en russe et son auteur est chaleureusement accueilli en 1936 en URSS. Il en fera en retour une critique virulente. Il semble aujourd’hui qu’André Breton aura vu plus juste : « L’écœurement pour moi est venu vite. Il me parut y avoir là l’ébauche d’une ligne sordide. » Mais la nouveauté du Voyage, moins vrai sans doute de Mort à crédit, c’est que le livre est totalement hanté par le désenchantement du temps. Hannah Arendt parlait de ces hommes qui avaient connu avec la guerre « la suprême humiliation de n’être que des rouages minuscules dans la majestueuse roue dentée de l’abattoir ». C’est parmi eux que le fascisme recrutera ses troupes, toutes prêtes à trouver des « responsables » de leur sort pour peu qu’on les y encourage. Hitler le fera. L’œuvre littéraire de Céline est inscrite dans ce temps déraisonnable, ce qui ne l’absout en rien. « On avait mis les morts à table/On prenait les loups pour des chiens », écrivait Aragon. Qu’on le veuille ou non et bien qu’il ait voulu lui-même le faire oublier, Céline avait choisi son camp. Les pamphlets appartiennent à cette œuvre comme à son engagement criminel aux côtés des nazis, jusqu’à l’ignominie.

Polémique. Céline, écrivain jusqu'à l'ignominie (Maurice Ulrich, l'Humanité, 9 janvier 2018)
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