Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 17:00
Breiz Nevez (1938) - film militant du Parti Communiste. Photo Ciné-Archives

Breiz Nevez (1938) - film militant du Parti Communiste. Photo Ciné-Archives

Breiz Nevez (1938) - film militant du Parti Communiste. Photo Ciné-Archives

Breiz Nevez (1938) - film militant du Parti Communiste. Photo Ciné-Archives

Olivier Dartigolles

Olivier Dartigolles

Tableau de Boisrond - exposition "Libres Figurations. Années 80" - les Capucins, Landerneau

Tableau de Boisrond - exposition "Libres Figurations. Années 80" - les Capucins, Landerneau

Renaud Faroux en conférence à Landerneau sur Picasso, novembre 2017

Renaud Faroux en conférence à Landerneau sur Picasso, novembre 2017

Valère Staraselski

Valère Staraselski

Aragon en 1956

Aragon en 1956

Jean-Michel Galano

Jean-Michel Galano

Frédéric Rauch

Frédéric Rauch

Greg Oxley

Greg Oxley

Prise de la Bastille

Prise de la Bastille

Jean-François Téaldi

Jean-François Téaldi

 

A Brest, le jeudi 25 janvier - 18h30 au Mouton à 5 pattes (bar associatif, solidaire et culturel, rue Navarin, place Guérin : Débat sur l'industrie maritime brestoise

Industrie maritime brestoise, état des lieux et perspectives (construction, réparation déconstruction navale, EMR...). 
Débat public dans le cadre de la préparation des États généraux du progrès social du PCF le samedi 3 février en région parisienne
http://progres-social.pcf.fr/

Le samedi 27 janvier à Concarneau: voeux de la section PCF de Concarneau

Au Relecq-Kerhuon, le samedi 27 janvier, à l'auditorium, à partir de 16h, vœux de la Fédération du PCF Finistère

ouverts à tous les militants et sympathisants qui veulent y participer, débutant par une projection de films d'archives de Ciné-Archives : « Breiz Nevez » (1938), « Magazine Populaire n°1 » (1938 : 34 minutes, Eté 1938. Du rassemblement du 14 juillet à la Fête de l'Humanité, l'actualité politique et sociale, sportive et culturelle, de la France du Front populaire, selon le Parti Communiste, déclinée en neuf sujets courts.), « Mon ami Pierre » (1951, court métrage primé au festival de Venise : Le travail en mer à bord du Franc-Tireur, chalutier bigouden basé à Concarneau. Une fois présenté l'équipage ce documentaire décrit la peine des pêcheurs « 20 jours en mer, 2 jours à terre »), suivie d'une intervention politique et d'un apéritif fraternel.

A Brest, le samedi 3 février, venue de Fréderic Rauch, rédacteur en chef d'Economie et Politique, revue d'économie du PCF

 pour deux interventions sur la proposition de Sécurité Emploi-Formation du Parti Communiste qui révolutionne sur le rapport au travail. 

- une formation départementale le samedi matin ouverte aux adhérents et éventuellement sympathisants communistes

- une intervention l'après-midi (de 14h00 à 15h30 à la fac Segalen) dans le cadre de l'atelier "repenser le travail" lors du forum social brestois pour les alternatives sociale, politique, écologique, en débat avec une personne du réseau salariat.

Samedi 3 février: Assises du Progrès social du PCF à Paris

A Landerneau, le samedi 10 février, de 10h à 13h30, à l'espace d'art contemporain des Capucins, visite guidée organisée par la fédération du Parti Communiste de l'exposition "Libres figurations. Années 80" suivie d'une conférence d'éducation aux enjeux de ce courant d'art contemporain par Renaud Faroux, critique d'art à Paris et collaborateur d'expositions, qui avait animé la conférence d'éducation populaire sur Picasso autour de l'exposition des Capucins en novembre dernier. Présentation autour de Combas, Boisrond, Blanchard, Di Rosa, Louis Jammes et les américains Basquiat, Keith Haring: comment cette génération se situe dans l'art de l'époque et donne naissance au Street Art?  

Mercredi 31 janvier à Morlaix  : Formation Actualité de la Pensée de Marx :venue de Jean-Michel Galano, professeur de philosophie de classes préparatoires, membre du PCF, pour une conférence-débat sur le Capital dont on fête les 150 ans cette année

Jeudi 1er Février: Olivier Dartigolles présent à Quimperlé et à Mellac pour des rencontres autour de son livre: "Macron, entreprise de démolition: forces, failles et supercheries" aux éditions de l'atelier et sur la question des regroupements d'hôpitaux autoritaires dans les GHT 

Samedi 3 Février:   dans le cadre de l’atelier « repenser le travail » du forum social brestois, venue de Sylvain Chicote, inspecteur du travail, acteur de la proposition de loi du PCF sur la Sécurité Emploi Formation pour une intervention à la fac Ségalen de 14h à 15h30, précédée le matin par une formation ouverte aux adhérents à la fédération et sympathisants de 9h30 à 11h30

Samedi 3 février: voeux de la section du Relecq Kerhuon. Repas Kig-ha-Farz au Café Crème

Dimanche 11 février: à 12h, à la petite salle polyvalente de la Forêt-Fouesnant, raclette de l'association des amis du PCF (15€ -  Apéritif - Raclette -Salade -  Tarte aux Pommes -  Café - Inscriptions avant le : samedi 3 février - Tel : 07 80 48 17 94 ou mail)

 Dimanche 11 février (lieu encore à déterminer): après-midi « Aragon, littérature et communisme » avec l'écrivain Valère Staraselski et un spectacle de Claude Couamme. Co-organisé avec l'association bretonne des amis d'Aragon et d'Elsa Triolet. 

Samedi 17 mars-dimanche 18 mars - Formation régionale PCF à l'auberge de jeunesse de Concarneau pour les Animateurs de section et de fédération

En préparation et en cours de calage aussi :

Une conférence débat avec Greg Oxley sur la Révolution Française en mars avril. 

Deux jours de formation prise de parole en public et pluralisme dans les médias avec Jean-François Téaldi, journaliste audiovisuel, ancien responsable de la CGT journalistes et élu PCF-Front de Gauche dans les Alpes-Maritimes

Une demi-journée de réflexion et de débat sur les phénomènes contemporains que sont le communautarisme, l'islamisme, le djihadisme.

Février - Mars: débat avec Gérard Le Puill, journaliste à l'Humanité: "produire mieux pour manger tous, tout en préservant la plante. Des pistes pour un autre modèle agricole". 
 

Le calendrier de rentrée 2018 du PCF dans le Finistère: vœux, débats, formations, initiatives publiques
Le calendrier de rentrée 2018 du PCF dans le Finistère: vœux, débats, formations, initiatives publiques
Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 16:37
L'union des droites commence par les médias (Lucie Delaporte et Loup Espargilière, Médiapart, 19 janvier 2018)
L’union des droites commence par les médias
 PAR  ET 

Alors que LR et FN sont à terre depuis l’élection de Macron, une nouvelle génération de journalistes, portée par de nouveaux titres, prépare déjà la recomposition politique et l’union des droites, en devançant les formations traditionnelles, chaque jour dans ses colonnes.

 

Recomposition. Le titre du semestriel que s’apprête à lancer Alexandre Devecchio, le journaliste du très droitier FigaroVox, pouvait difficilement être plus explicite. Six mois après l’élection d’Emmanuel Macron, alors que les partis traditionnels sont au tapis, les grandes manœuvres de recomposition à droite, encore embryonnaires dans les formations traditionnelles, commencent à prendre corps dans le paysage médiatique.

« Après les cuisantes défaites électorales fillonistes et frontistes, il est évident que personne n’a d'espoir politique à court terme de ce côté-là. Tout le monde essaie donc de travailler sur des idées et sur le fond, à travers les médias notamment », analyse Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction de L’Incorrect, le mensuel « des droites » lancé à la rentrée par des proches de Marion Maréchal-Le Pen. « Le renouvellement ne passe plus par les partis, ça se joue ailleurs », estime pour sa part le fondateur de TV Libertés, Martial Bild. Un certain paysage médiatique semble revigoré par l’éclatement des lignes partisanes habituelles.

Ce renouveau des médias de droite est porté par une nouvelle génération de journalistes, convaincus que ces frontières n’ont plus vraiment de raison d’être. « Il y a aujourd’hui une relève conservatrice, jeune, qui est de grande qualité et qui s’appuie sur un monde intellectuel qui a échappé à la gauche », se réjouit Martial Bild. « Il y a vraiment une effervescence », assure celui qui n’hésite pas à parler d’« une nouvelle école de journalisme dont TV Libertés est un élément important » à côté de Valeurs actuelles,L’Incorrect, le FigaroVox ou Causeur. Preuve que le climat leur est favorable, L’Incorrectassure crouler sous les candidatures d’étudiants en école de journalisme, à Sciences Po, ou d’étudiants en lettres.

Ces trentenaires (ou quasi) très politisés ont paradoxalement en commun une profonde défiance à l’égard du monde politique et un souverain mépris pour les jeux d’appareils. Surtout, à leurs yeux, la ligne de partage entre la droite républicaine et l’extrême droite n’a plus vraiment de sens. Alors que leurs aînés étaient bien plus clairement affiliés à tel ou tel parti, Le Figaro et Valeurs actuelles, organes de la droite républicaine, Minute etPrésent, du Front national, ces nouveaux médias très à droite entendent s’affranchir allègrement de ces anciens clivages. « On nous a bassinés pendant des années avec cette idée de droite hors les murs, mais aujourd’hui, il n’y a plus de murs du tout ; ils se sont effondrés, la trompette Macron a fait chuter les murs de Jéricho », se réjouit Arnaud Stephan, ancien collaborateur de Marion Maréchal-Le Pen, aujourd’hui aux manettes deL’Incorrect, et l’un des plus âgés de la bande.

Avide de débats, cette nouvelle génération de journalistes fustige un monde médiatiquemainstream où régnerait une suffocante « uniformité ». Au Centre de formation des journalistes (CFJ), Alexandre Devecchio affirme avoir côtoyé « des étudiants qui avaient une vision avant tout technique du métier, pas franchement passionnés par le débat d’idées. D’ailleurs, il y avait une totale uniformité idéologique », assène-t-il. « Au moment du débat sur le mariage gay, tous les journalistes étaient favorables à la loi », se souvient Charlotte d’Ornellas, récemment recrutée à Valeurs actuelles, qui s’insurge que certaines positions soient « considérées comme des opinions alors que d’autres, parce qu’elles sont majoritaires, n’en seraient pas ».

« On est les enfants de notre époque. On a résisté à l’air ambiant. Quand je suis face à Jacques Séguéla qui me dit que je mène un combat d’un autre âge… Disons qu’il n’est pas forcément très crédible ! » ironise la jeune femme, persuadée que cette génération de journalistes est beaucoup plus en phase avec les vraies préoccupations des Français.« Les attentats ont fait prendre une douche froide à tout le monde », avance la jeune journaliste.

S’ils se caractérisent par la présence indistincte dans leurs colonnes de journalistes, d’intellectuels ou de politiques des deux rives, de la droite traditionnelle façon LR jusqu'à la galaxie frontiste, et plus si affinités, ils veulent aussi se distinguer des médias de « réinformation » ou complotistes comme Fdesouche ou Égalité et réconciliation, affranchis des règles de base du journalisme. Cette nouvelle génération serait néanmoins la seule capable de s’adresser à un public, souvent jeune, celui de la « fachosphère », « très défiant par rapport à la parole politique mais aussi la parole médiatique », affirme Charlotte d’Ornellas.

 

Le parcours de celle qui se définit elle-même comme « issue du ghetto de la fachosphère », est en soi emblématique. Celle qui a longtemps travaillé à Boulevard Voltaire n’en revient pas d’être reçue dans les médias mainstream, comme la chaîne CNews qui l’invite tous les mardis à donner son point de vue. « Parfois, je me dis que ce que je vais dire va faire hurler sur le plateau et en fait pas du tout. Il y a un travail qui a été fait des deux côtés. »

Ils se voient en tout cas comme les aiguillons d’une droite déboussolée. « À droite, il y a une demande, sauf qu’il n’y a plus de corpus idéologique, parce qu’il a été miné par des crânes d’œuf qui n’ont aucune culture politique et qui sont juste des gestionnaires parlant de points de PIB ou de CSG à longueur de journée. Nous, on  revient sur des sujets de fond, on redonne des armes politiques et culturelles à la droite », explique Arnaud Stephan. En dehors d’échéances électorales immédiates, « on fait de la prospective : la France en 2050, c’est quoi ? Qu’est-ce que sera l’identité, le fait religieux, l’économie, l’écologie, le travail, la famille ? On raconte comment l’on se dirige vers le transhumanisme », précise-t-il. Si leurs thèmes favoris – la montée du communautarisme, les dangers de l’islam, la destruction de la famille ou le poids grandissant du « Lobby LGBT » – sont des grands classiques de la droite de la droite, ils les abordent avec une verve et une « décomplexion » certaine.

« Zemmour a défriché le terrain. Il a été le premier à dire qu’il n’allait pas passer son temps à s’excuser d’être de droite », assure Charlotte d’Ornellas, qui revendique comme beaucoup d’entre eux cette figure tutélaire, tout comme l’héritage de Patrick Buisson. Dernièrement, l’effervescence autour de #balancetonporc et #metoo a été l’occasion d’un grand mouvement de défoulement collectif contre « le harcèlement féministe », comme l’a titré le magazine Causeur. L’Incorrect est ainsi parti dans un plaidoyer pour« L’homme occidental présumé coupable », expliquant en reprenant une vieille antienne zemmourienne, que « coupable de tout pour tous, l’homme censément majoritaire et dominant n’a plus qu’un choix : la soumission ou l’exil ». Le FigaroVox ouvrait, lui, ses colonnes à la philosophe Bérénice Levet, qui affirmait : « Nous ne voulons pas voir le désir masculin, la sexualité masculine alignés sur le désir et la sexualité féminins. Nous ne voulons pas que les hommes renient leur virilité. »

« On a chez nous toutes les familles de la droite »

Dans cette bande de trentenaires, ou quasi, beaucoup sont des amis. La très médiatique Eugénie Bastié, qui officie tant sur France Culture que dans l’émission de Patrick Buisson sur la chaîne Histoire (« Historiquement show »), a rejoint Alexandre Devecchio au Figaro, tout en assurant les pages politiques de la revue Limite aux côtés de Paul Piccarreta, ancien pigiste, comme elle, à Causeur. Élisabeth Lévy, surnommée parL’Incorrect « marraine de la réac académie », a vu émerger ces jeunes pousses très à droite qu’elle a parfois contribué à former. Jacques de Guillebon, Eugénie Bastié, Paul Piccarreta sont tous passés par Causeur, qui détonnait à leurs yeux dans le paysage médiatique avec ces unes ouvertement « provoc’ ».

 

Cette nébuleuse « réac » n’est pas toujours au diapason sur tous les sujets, notamment sur l’économie. « Au Figaro, même si l’on s’entend très bien, ils sont beaucoup plus libéraux qu'on ne l’est, ce qui constitue une différence assez fondamentale », explique Jacques de Guillebon. Ce qui les soude : « On a les mêmes ennemis, ça crée une sphère commune », s’amuse-t-il. Des ennemis qu’Alexandre Devecchio énumère volontiers :« Les Indigènes de la République, une gauche déconstructiviste, les études de genre qui nient quasiment la réalité, l’islamosphère. »

Cette jeune génération a pu trouver et contribuer à façonner un nouvel environnement médiatique où s’épanouir. À Recomposition, Alexandre Devecchio espère faire vivre un débat d’idées forcément bousculé par la nouvelle ère Macron. « L’idée est de faire une version du Débat au XXIe siècle avec des longs formats, plus arides aussi peut-être que dans le FigaroVox. » Ce semestriel qui devrait sortir son premier numéro au mois de mai, pour le premier anniversaire de la présidence Macron, souhaite accueillir  dans ses colonnes des intellectuels étrangers. « Il se passe des choses intéressantes en Europe centrale, aux États-Unis. On voit que tout bouge et que les repères sont en train d’évoluer », explique le jeune journaliste. L’ultra-droitier sociologue canadien Mathieu Bock-Côté, pourfendeur du multiculturalisme, assurera la rédaction en chef de la revue. Preuve que « tout bouge», le vallsiste Laurent Bouvet, figure du Printemps républicain et probable membre du « Conseil des sages de la laïcité » (lire notre article), sera l’un des contributeurs de la revue aux côtés du politologue Jérôme Sainte-Marie et du journaliste de France Culture Brice Couturier. 

Avant la sortie prochaine du premier numéro de Recomposition, c'est L’Incorrect qui fait figure de petit dernier dans la galaxie médiatique des droites. Il se distingue par une maquette élégante et jeune, des unes décalées, une large place laissée à la culture. Dès l’éditorial du premier numéro, paru en septembre 2017, le directeur de la rédaction Jacques de Guillebon donne le ton. Face au libéralisme, « nous proposons […] une autre voie qui conserve et développe les vertus des multiples maisons de la droite, tout en en bannissant les erreurs passées. Car sans l’alliance de ces parties qui peuvent, au-delà de leurs différences, s’entendre sur le fait de conserver, notre monde en tant que civilisation court à l’évidence à sa perte ». À L’Incorrect, l’union des droites commence par l’équipe éditoriale. Jacques de Guillebon et Arnaud Stephan, le directeur de la communication, sont des proches de Marion Maréchal-Le Pen. On trouve également Gabriel Robin, issu du collectif Culture Libertés et Création du Front national, ou Chantal Delsol, catholique, philosophe et femme de Charles Millon, l’ancien président (UDF) de la région Rhône-Alpes, élu avec les voix du FN en 1998 et soutien de François Fillon lors de la campagne de 2017. Les deux époux sont par ailleurs membres du think tank L’Avant-garde, créé par Charles Millon et l’homme d’affaires Charles Beigbeder, qui promeut une union des droites autour de valeurs conservatrices et ordolibérales.

« On a chez nous toutes les familles de la droite, indique Arnaud Stephan. Ça va des cathos aux pas cathos, des gens qui ont été proches du Front, d’autres qui étaient vraiment LR, ou plutôt chrétiens-démocrates. » Le socle idéologique de la revue, c’est « une grande critique du libéralisme, sociétal et culturel. Nous sommes pour l’économie de marché, mais contre la financiarisation de l’économie », explique Arnaud Stephan. Depuis sa création, le mensuel a invité à s’exprimer dans ses colonnes, en vrac : l’ancien directeur du Front national de la jeunesse Julien Rochedy, Christophe Billan, qui dirigeait alors Sens commun (lire ici), le député FN Gilbert Collard, le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, ou encore Maël de Calan, candidat à la présidence de LR. « Nous avons la volonté de faire se parler entre elles des droites qui se pensent comme différentes, mais qui n’ont pas de raison de ne pas se parler du tout, explique Jacques de Guillebon. Mais le but principal, c’est plus d’avoir voix au chapitre et redonner une légitimité à nos idées de fond, essayer de les développer, de ne pas rester sur le même langage statique d’il y a 50 ans, et d’inventer de nouvelles idées. » Une manière de « légitimer par le papier » leurs idées conservatrices, selon Arnaud Stephan.

Il semblait annoncer L’Incorrect : le magazine France avait apparu et disparu la même année, en 2016. Il avait été cofondé par Charlotte d’Ornellas, passée ensuite parL’Incorrect avant d’être débauchée par Valeurs actuelles, et Damien Rieu (connu des lecteurs de Mediapart), issu de Génération identitaire, proche de Marion Maréchal-Le Pen et directeur de la communication de la mairie FN de Beaucaire (Gard). Dans le premier numéro de L’Incorrect, ce dernier avait signé un reportage sans aucune distance à bord du C-Star, ce navire des « identitaires » européens qui, à l'été 2017, s’étaient fixé pour mission d’empêcher le travail des ONG auprès des migrants en Méditerranée.

Boulevard Voltaire, TV Libertés, FigaroVox, enfants du quinquennat Hollande

Cette nouvelle génération ne sort pas de nulle part. Depuis 2011, la presse d’entre-deux-droites a repris des couleurs. Cette année-là, c’est le pure player Atlantico qui est lancé, sous le parrainage, déjà, de Charles Beigbeder. Dès ses débuts, on peut y lire la précitée Chantal Delsol, le néolibéral Gaspard Koenig ou encore feu Gérard de Villiers, écrivain des romans SAS, un temps proche des idées du Front national et ami de Jean-Marie Le Pen, devenu sarkozyste.

Si le quinquennat de Nicolas Sarkozy avait vu naître les pure players de gauche Mediapart, Rue 89 ou Slate, celui de François Hollande aura été celui de l’émergence des nouveaux médias des droites. En 2012, le site d’information Boulevard Voltaire est créé par Robert Ménard, ancien porte-étendard de Reporters sans frontières, et Dominique Jamet, alors membre de Debout la France. Sous couvert d’une liberté d'expression totale, et alors que pendant un temps, certains contributeurs proviennent des rangs de la gauche, le site se mue rapidement en catalogue de toutes les pensées réactionnaires issues de la droite « hors les murs ».

Champion de la « défense et la promotion de la culture et de l’esprit français au cœur des nations européennes », le site TV Libertés est lancé en 2014 par deux anciens du FN, Martial Bild et Jean-Yves Le Gallou. Pensée au départ comme un « Fox News à la française », cette chaîne de télévision numérique issue de l'extrême droite politique s’est fait une spécialité de brasser large parmi les diverses tendances de la droite. Nicolas Dupont-Aignan, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy Thierry Mariani ou l’ex-présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin y sont passés. Le député FN Gilbert Collard y a présenté une émission littéraire, « Livre libre ». Marion Maréchal-Le Pen y a même annoncé son retrait de la vie politique, l’un des plus gros buzz de la jeune télé.

Martial Bild, directeur de la rédaction, refuse le qualificatif de « média d’union des droites ». « Je suis retiré de la politique depuis dix ans, j’ai passé trente ans au FN, j’ai donné ! » Lors de la dernière campagne présidentielle, il indique avoir reçu vingt-sept personnalités issues des droites, dont, par exemple, Hervé Mariton (LR) et Louis Aliot (FN). « Nous essayons de montrer qu’il y a peut-être plus de points communs que de divergences […]. Lors de La Manif pour tous, il y avait une convergence, certes pas totale, d’une partie des droites, alors nous avons appuyé dessus. »

Toujours en 2014, c’est le grand frèreLe Figaro qui inaugure son FigaroVox. Un espace de tribunes et d’entretiens administré par Alexandre Devecchio, passé par le Bondy Blog et Atlantico. Depuis quatre ans, de nombreux penseurs réactionnaires y ont élu domicile, parmi lesquels, pour les plus illustres : Éric Zemmour, qui s’inquiète que « la laïcité à la française » ne devienne la « nouvelle cible des propagateurs de l’islam », l’avocat Gilles-William Goldnadel, quis’émeut par exemple du lynchage médiatique dont est victime l’humoriste Tex, Chantal Delsol, ou encore Élisabeth Lévy, qui y tient une chronique hebdomadaire. Lorsque Laurent Bouvet, régulièrement interrogé, y explique que « toute une partie de la gauche n’accepte pas que la liberté d’expression, la liberté de caricature et finalement la liberté de la presse se fasse à l’encontre de la religion musulmane », il ne détonne pas dans le paysage. 

En guerre pour ravir à la gauche l’hégémonie culturelle

Malgré ses 7 millions de vues mensuelles, Martial Bild a dû se muer en « sergent-recruteur » pour assurer la survie de son média, qui ne compte, dit-il, que sur les dons. Il s’étrangle d’ailleurs à l’évocation de ce à quoi servent les 138 euros de redevance télévisuelle. Si l’effervescence est réelle, le modèle économique de ces nouveaux médias de la droite « hors les murs » reste à trouver. Boulevard Voltaire, dont le modèle repose entièrement sur la publicité, a été la cible à l'automne d'une attaque des Sleeping Giants, un réseau d’activistes issu des États-Unis, qui a obtenu que les plus grandes marques retirent leurs réclames du site (à lire sur le site de Télérama).

Charles Beigbeder a pu laisser penser pendant un temps qu'il deviendrait le nouveau Xavier Niel de droite. Tous deux avaient d'ailleurs investi dans Causeur, lorsque le magazine d'Élisabeth Lévy avait vu le jour en 2007. Malgré les 7 800 abonnés qu'elle revendique et des ventes en kiosque qui varient entre 6 500 et 9 000 exemplaires « pour les bons numéros », Élisabeth Lévy concède que le magazine perd 120 000 euros par an.« On a toujours eu de quoi vivoter, mais pas de quoi investir », explique la journaliste. Beigbeder a également placé quelques billes dans Atlantico, site au modèle économique fragile, qui a vu partir certaines de ses jeunes plumes comme Alexandre Devecchio.« Atlantico, ça a fait son temps. Pas sûr qu’ils perdurent », persifle Jacques de Guillebon, dont le mensuel a également reçu des financements de Beigbeder. « Il a mis un peu d’argent au début, mais pour des raisons personnelles, il n’a pas rajouté ce qui était prévu au début », ajoute le rédacteur en chef. Après les 8 000 exemplaires du premier numéro vendu, Arnaud Stephan indique que les ventes se sont tassées avant de remonter, espère-t-il, à 6 000 ou 7 000 pour le cinquième opus actuellement en kiosque.« On a trouvé notre lectorat, on espère l’agrandir, mais nous ne faisons pas de plans sur la comète, considère Jacques de Guillebon. On a un tout petit capital, il n’y a pas de Perdriel ou de Niel derrière nous. » « Quand Pierre Bergé est mort, j’ai dit que c’était un monstre, mais il avait une seule qualité, c’est qu’il soutenait financièrement ses idées, considère Martial Bild. Les grands chefs d’entreprise ne le font pas pour nous, parce qu’ils ne sont pas de droite. » Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré et Patrick Drahi, ces patrons gauchisants…

Celui qui s’en sort le mieux, c'est encore l’aîné, Valeurs actuelles, qui a fêté ses 50 ans en 2016. Depuis le grand virage à droite qui a suivi la reprise en main du titre du groupe Le Figaro par Yves de Kerdrel en 2012, les ventes ont fortement progressé : elles sont passées de 87 000 cette année-là à 125 000 l’été dernier. La méthode Kerdrel, ce sont des unes chocs, une équipe très rajeunie autour de Geoffroy Lejeune, et une ligne à droite toute.

La bataille culturelle contre la gauche

Si une partie de la presse réactionnaire aime à citer les travaux contestés de la démographe Michèle Tribalat, certains rédacteurs n’hésitent pas à carréments’affranchir  des faits dans leur démonstration de ce phénomène à l’œuvre selon eux. L'article « Demain, le suicide démographique européen », paru en septembre 2017 sur le site de Causeur, fait figure de cas d’école. Le lecteur saura apprécier la puissance de l'argumentation :

« Imaginons que dans un pays, les femmes liées à la population de “souche” aient en moyenne 1,3 ou 1,4 enfant/ femme tandis que la population d’origine immigrée (ce qui veut dire en Europe, principalement musulmane) ait un taux de fécondité de 3,4 à 4 enfants par femme. Postulons qui plus est que cette population nouvelle ne représente que 10 % de la population totale. […] En fait, et si l’on retient mes hypothèses, le basculement se produira au bout de 30 à 40 ans. Dans 40 ans, il y aura autant de petits-enfants issus des 90 % que de petits-enfants issus des 10 %.  Et à ce moment-là, la majorité de la population française deviendra inéluctablement “d’origine musulmane”. »

Un peu plus loin : « La réalité est probablement que nous en sommes déjà à 90 % de la population ayant un taux de fécondité des femmes de 1,4, comme partout ailleurs en Europe, et que les 10 % restantes doivent être à 4 ou à 5 enfants par femme (ce que je peux constater dans les zones commerciales autour d’Avignon), ce qui nous amène aux alentours de 1,8 pour le taux de fécondité “national”. » Dans ce papier, aucune source ni lien, les estimations sont faites au doigt mouillé, tout n'est que ressenti, la peur pour seule boussole. Cet article a bénéficié de la prime à l'outrance que pratique à l’envi une certaine presse de droite qui a parfaitement intégré les codes de son temps. Il a été partagé 11 000 fois.

« J’ai passé des papiers qui me scandalisent », confesse Élisabeth Lévy, qui suggère, comme Montaigne avant elle, de « frotter […] sa cervelle contre celle d’autrui ».Voilà qui justifie toutes les outrances. Dans un autre article, plus récent encore, un contributeur suggérait rien de moins que l’apartheid entre « les Français » et « les musulmans » :« Plutôt que de nous voiler la face ou d’adopter des mesures inenvisageables en démocratie (remigration, expulsions forcées des plus radicaux), pourquoi ne pas instaurer un double système de droit dans l’Hexagone ? » s’est demandé sans ciller un certain Christian de Moliner. L’article n'a pas été publié dans la version papier du journal mais uniquement sur le site internet de Causeur. Pas question néanmoins pour Élisabeth Lévy de s’en désolidariser.  « Cette histoire d’apartheid est un enfumage malveillant. Cet article ne prônait pas l’apartheid mais une séparation que l’auteur considérait comme inévitable. Il ne suggérait aucun régime politique de domination. À la réflexion, je l’aurais publié aussi, bien que je ne partage aucunement son analyse. Si on arrête de publier des opinions qui risquent de vous choquer, la notion même de débat public n’aura plus de sens. Et accessoirement, on va s’ennuyer ferme », affirme la journaliste.  

« Ceux qui contestent le grand remplacement ont perdu. Par définition, c’est un ressenti. En matière d’immigration, […] il y a une distorsion entre ce que les gens entendent et ce qu’ils voient », constate Martial Bild. On peut ainsi affirmer n'importe quoi sans preuve.« Ce qui manque parfois à droite, c’est la culture des faits », considère Paul Piccarreta, cofondateur de la revue Limite.

Mais il serait injuste de tenir ces jeunes journalistes pour comptables du travail des contributeurs anonymes qui se déversent dans les colonnes numériques de Causeur. « Il y a une volonté de notre génération de faire les choses correctement, assure Charlotte d’Ornellas. Je n’ai jamais rien fait sous pseudo. Les gens savent très bien d’où je parle. »Elle affirme d’ailleurs devoir être plus rigoureuse que les autres, compte tenu de ses opinions. « Je ne peux pas me permettre le quart de ce que peuvent se permettre d’autres journalistes. »

Reste que l'enquête, tout comme le reportage, sont des genres largement délaissés au profit d’un fort appétit pour l'éditorial, format roi de cette presse conservatrice.« L’enquête, quand c’est à gauche, c’est de la dénonciation, et quand c’est la droite, c’est de la délation », grince Martial Bild, en guise de défense. « C’était réservé à Minute, qui est devenu une caricature de lui-même. On considère que ce n’est pas le genre le plus noble, mais c’est une bêtise », abonde Arnaud Stephan.

Ces jeunes « réacs » se vivent comme une tribu d’Indiens dans une corporation perçue comme forcément « de gauche ». « Nous sommes les moisis et l’on ne se débarrassera pas de nous », écrivait dans un récent édito Jacques de Guillebon, l’un des « grands frères » de cette génération. Dans leur combat pour ravir l’hégémonie culturelle à la gauche, un thème récurrent chez certains journalistes des deux droites, Jacques de Guillebon voitL’Incorrect en « David contre Goliath » : si Le Figaro ou Valeurs actuelles ont de gros moyens, rien de comparable avec la Maison de la radio, pour ne citer qu’elle, vue comme une forteresse imprenable du gauchisme médiatique. « En terme de force de frappe, ce n’est pas parce qu’on donne quelques coups dans le quartier général que l’hégémonie a changé de camp », confirme Élisabeth Lévy. Martial Bild est beaucoup plus optimiste.« Je crois que c’est fait. La bataille culturelle serait gagnée par la droite si on arrêtait les soins palliatifs pour la gauche. » Autrement dit, si les mécènes cessaient de maintenir sous respirateur artificiel les grands groupes de l'audiovisuel public ou Canal+. « On est en train de clore Mai-68 », se félicite le chef de TV Libertés. 2018, année de la révolution conservatrice ?

Ces médias, dont certaines figures ont désormais leur rond de serviette dans plusieurs émissions du PAF, ont réussi à imposer dans le débat certains termes autrefois bannis. C’est le cas du « grand remplacement », théorie selon laquelle les populations étrangères entreprendraient de remplacer les Français « de souche », passée dans le langage courant. À tel point que Laurent Wauquiez n’hésite pas à flirter avec cette notion pour décrire la situation de certains quartiers français.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 16:14

Afrin : Stoppons l'agression criminelle de la Turquie

La Turquie vient de lancer une sauvage agression dans le canton d’Afrin (Syrie) peuplé de Kurdes, d’Assyro-Chaldéens et d’Arabes. Les tirs d’artillerie, les bombardements de l’aviation ont ce dimanche 21 janvier 2018 fait 8 morts parmi les civils et de nombreux blessés. L’offensive s’est concentrée sur la ville d’Afrin, des villages environnants et un camp de réfugiés. Les forces turques présentent au sol encadrent plus d’un millier de djihadistes issus d’Al Nosra ou d’Al Qaïda.
 
La Turquie tente par tous les moyens d’instaurer la terreur contre un peuple qui n’a jamais constitué le moindre danger pour Ankara si ce n’est de tenter de bâtir une société démocratique et pacifique.
 
Cette invasion ouvre un nouveau chapitre de la guerre en Syrie alors que la lutte contre l’État Islamique semblait arriver à son terme. Les Kurdes ont joué, aux côtés de la coalition, un rôle déterminant dans l’éradication de la barbarie obscurantiste. La Turquie sème le chaos dans une Syrie déjà meurtrie par 7 années de guerre et viole la souveraineté d’un État souverain.
 
Le Parti Communiste Français condamne cette agression, appelle à la mobilisation et à l’union de toutes les forces démocratiques afin d’exprimer notre solidarité avec les populations d’Afrin.
 
À la demande de la France, le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunira en urgence le 22 janvier 2018. La France, l’Union Européenne, les membres de la coalition doivent condamner l’invasion turque, exiger l’arrêt des combats et le retrait immédiat des forces d’occupation.
 
Comme pour le Kurdistan Irakien, le nord de la Syrie doit être placé sous protection des Nations Unies, seul moyen d’assurer la sécurité des populations civiles.
 
Parti Communiste Français
21 janvier 2018
 
Afrin : Stoppons l'agression criminelle de la Turquie (PCF)
Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 16:07
Bombardements turcs contre Afrin : les Kurdes dénoncent le silence des pays occidentaux
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-JACQUES RÉGIBIER
DIMANCHE, 21 JANVIER, 2018
HUMANITE
Depuis samedi, l’aviation turque bombarde plusieurs villes de la région d’Efrin, ce canton du nord de la Syrie géré par les Kurdes depuis le début de la guerre, et qui avait pour l’instant été préservé par tous les combats qui se sont déroulés dans cette partie du Moyen-Orient. Le point sur la situation avec Agit Polat, le représentant des relations extérieures du Conseil démocratique kurde en France. Il est en contact permanent avec les forces kurdes et les institutions civiles de la région d’Afrin.
Humanite.fr : Quelle est la situation ce dimanche dans la région d’Afrin ?
Agit Polat : Il y a eu à nouveau 3 attaques de l’aviation turque sur la région, à Afrin même et aussi dans 3 autres villes au moins: Djindires, Shérawa et Mabeta. Il y a eu plusieurs blessés, dont une fillette de 7 ans. Hier, 6 civils ont été tués et il y a eu 10 blessés, et 3 combattants des YPG ( Unité de protection du peuple, branche armée du Parti de l’Union démocratique syrien, organisation politique des Kurdes du Nord de la Syrie, ndlr ) ont été tués. Le camp de réfugiés de Roubar, qui abrite 20 000 personnes, a été également la cible de l’aviation turque ce matin. Je viens de parler avec nos camarades sur place, selon eux, les YPG ont détruit 3 blindés turcs, car les attaques aériennes de la Turquie, s’accompagnent d’attaques au sol. 
 
Humanite.fr : Quelles sont précisément les cibles visées par la Turquie dans cette offensive aérienne ?
A.P. Jusqu’à aujourd’hui, on compte plus de 170 cibles visées, parmi lesquelles des positions d’unités combattantes kurdes. Mais l’aviation opère aussi des tirs au hasard, notamment sur le centre ville d’Afrin. L’objectif, c’est d’installer la peur dans la population pour que les gens quittent la ville. Mais Afrin n’a pas connu d’attaques depuis le début de la guerre en Syrie il y a 5 ans, et les Kurdes ont eu le temps de se préparer.
 
Humanite.fr : Est-ce que d’autres forces militaires interviennent à l’heure dans le région d’Afrin ?
A.P. Oui, au sol, il y a des djihadistes anciennement d’al-Nosra, ils s’appellent aujourd’hui Fatah al-Cham, c’est la Turquie les a fait changer de nom. Ils sont positionnés au Sud d’Afrin et ils ont tenté des attaques, mais les YPG les ont repoussés. Au sol, il y a également des attaques de l’armée turque installée au nord et à l’est de la ville, et qui dispose d’artillerie et de blindés. A l’heure actuelle, il y a 3 fronts autour d’Afrin : au nord, au sud, et à l’est. Leur objectif, c’est d’entrer dans la ville et d’en chasser la population.
 
Humanite.fr : Comment est organisée la défense côté Kurdes ?
A.P. Elle est très bien préparée parce qu’elle est en place depuis plusieurs années. Il y a des ateliers de munitions, et les YPG disposent d’artillerie lourde. Selon nos camarades sur place, ce sont les Kurdes qui ont actuellement l’initiative, l’armée turque n’a pas gagné de terrain. Nous sommes dans une zone montagneuse, les combattants kurdes sont bien installés, la seule possibilité qu’ont les Turcs, c’est d’employer l’aviation.
 
Humanite.fr : De nombreux pays sont impliqués dans la guerre en Syrie. Comment réagissent-ils à cette attaque de la Turquie, sur le territoire syrien, contre les Kurdes ?
A.P. Selon l’accord qui a été passé entre les Russes et les Etats-Unis,  les Américains contrôlent les territoires situés à l’est de l’Euphrate, et les Russes, ce qui est à l’ouest, dont le canton d’Afrin, qui en fait partie. Pour que la Turquie puisse intervenir militairement dans cette région, il a donc fallu l’accord de la Russie. Nous considérons que la Russie est complice d’Erdogan dans cette attaque qui va déstabiliser toute a région.
 
Humanite.fr : Sur quels alliés peuvent compter aujourd’hui les Kurdes ?
A.P. Avant tout, les Kurdes comptent sur eux-mêmes, et cela depuis des années. Jusqu’à maintenant, nous avions en principe le soutien des Etats-Unis, mais depuis 48 heures, nous subissons une attaque et il n’y a aucune déclaration consistante de leur part. Même chose pour la Russie qui en principe n’était pas opposée aux Kurdes, mais eux aussi se taisent. Nous demandons que ces deux grandes puissances interviennent pour faire cesser cette attaque. C’est une guerre, ce qui se passe dans la région d’Afrin n’est pas normal.
 
Humanite.fr : Quelle est la réaction côté syrien ?
A.P. Avant l’attaque de la Turquie, la Syrie avait dit qu’elle détruirait tous les avions qui pénétreraient dans son espace aérien. Mais elle n’intervient pas contre l’aviation turque, et pour l’instant, elle ne fournit aucune explication.
 
Humanite.fr : Et ailleurs dans le monde ?
A.P. Il y a peu de réactions officielles précises de la part des Etats. Nous avons fait appel aux Nations-Unies. Nous pensons également que la France peut jouer un rôle en Syrie. La France pourrait soutenir les Kurdes qui proposent d’être une force de stabilité dans la région. Les Britanniques ont dit que la Turquie défendait ses intérêts, c’est inacceptable. Jamais un combattant kurde d’Efrin n’a franchi la frontière de la Turquie.
En revanche, beaucoup de personnes se sont mobilisées à travers le monde pour dénoncer l’attaque de la Turquie contre la région d’Efrin. Depuis 48 heures, il y a eu des manifestations dans 27 pays, en Europe, au Canada, en Australie, au Japon, aux Etats-Unis, etc… Hier, il y a eu une manifestation devant l’ambassade de Russie à Paris. En Turquie, le HDP ( Parti démocratique des peuples ) a également appelé à la mobilisation générale des mouvements kurdes.
C’est très important que les citoyens se mobilisent dans le monde.
Les Kurdes ont combattu Daesh et à ce moment là, nous avions un soutien mondial, tous les pays prétendaient être nos alliés parce qu’ils avaient besoin de nous. Aujourd’hui, nous sommes lâchés par les pays occidentaux. Ils observent les attaques contre Afrin, mais c’est le silence total, ils ne font rien.
Bombardements turcs contre Afrin: les Kurdes dénoncent le silence des pays occidentaux (L'Humanité, 21 janvier 2018)
Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 15:01
A Saint-Servais, la vie était si belle: article de Didier Gourin dans le Ouest-France à propos d'Un village breton, de Théo David

https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-servais-la-vie-de-theo-etait-si-belle-5515769

À Saint-Servais, la vie de Théo était si belle
le 20/01/2018
 
  • Saint-Servais, c'était le centre du monde du petit Théo. | David Ademas et collection familiale
  • Théo David, auteur de Un                village breton, le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour.Théo David, auteur de Un village breton, le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour. | Ouest-France

Didier Gourin.

Tout aurait pu continuer à dormir dans un tiroir. Heureusement, Le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour, vient d'être publié. Un vrai bijou de littérature.

L'histoire

Jean-René Le Quéau, enseignant d'histoire et de géographie à la retraite, et éditeur chez Skol Vreizh, la maison d'édition de Morlaix, a l'habitude de lire des manuscrits. Lorsqu'il a entamé la lecture du Monde enchanté d'Yvon Marc'hadour, il n'a pas hésité. C'est à publier, sans hésitation.

« Au bout de la dixième page, j'ai été touché par le talent de l'auteur qui raconte avec plein de sensibilité la société rurale. Je l'ai dévoré », se souvient Jean-René Le Quéau, en évoquant la première lecture du manuscrit.

Il a juste fait un peu durer le plaisir. Déjà, les dix premières lignes donnent le ton de ce récit autobiographique qui raconte avec réalisme et plein de poésie la vie à la campagne au début du XXe siècle. Qu'on en juge. « J'avais six ans et demi ; ma première année scolaire s'achevait. Par de larges croisées toujours ouvertes montait une entêtante odeur de foin ; les cercles étourdissants des martinets au-dessus de la cour et plus bas, dans la prairie, la crécelle ininterrompue des sauterelles me paraissaient un effet de la lumière dont le soleil de juin inondait notre petite classe. »

Un profond respect de la nature

Cette petite école, c'est celle de Saint-Servais, une bourgade des Côtes-d'Armor, 413 habitants au dernier recensement. Yvon Marc'hadour s'appelle en réalité Théo David, futur instituteur. C'est lui l'auteur qui, de nombreuses années plus tard, a entrepris de raconter son enfance au fil de la chronique de Saint-Servais, son petit paradis terrestre. Il parle magnifiquement des habitants de la commune qui forment une communauté où chacun a sa place, des petits animaux qui l'entourent, de la nature qu'il respecte. « J'ai grandi avec ce sentiment qu'il est inutile de la torturer pour lui arracher ses bienfaits », glisse Théo.

Parfois, le ton monte entre les habitants de Saint-Servais, les paroles dérapent, mais il y a rarement de la méchanceté entre les gens. Et puis, dans ce livre écrit en français, Théo David, alias Yvon Marc'hadour, rend quelques beaux hommages à la langue bretonne. Il évoque ainsi un ciel d'automne : trawalc'h a c'hlaz 'vit ober eur vantell d'ar Werc 'hez (assez de bleu pour faire un manteau à la Vierge).

Yvon David, l'un des enfants de Théo David, gardait le manuscrit jusqu'au jour où il en parle à Jean-René Le Quéau, un ancien collègue de travail. Il se demandait juste quoi en faire, en s'interrogeant sur l'intérêt de le publier. Heureusement, Jean-René Le Quéau n'a pas hésité. Surtout qu'il y aura une suite. Deux autres volumes évoqueront les années sombres de l'Occupation. On sera alors bien loin du petit paradis terrestre de Saint-Servais.

Théo David, Un village breton, le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour, Skol Vreizh, 447 pages, 20 €.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 14:53
Contre les migrants africains, Israël mène une politique de la peur (Cholé Demoulin, Médiapart, 21 janvier 2018)
Contre les migrants africains, Israël mène une politique de la peur

21 janvier 2018

Par Chloé Demoulin

Menaces d’emprisonnement, tracasseries administratives, publicités effrayantes… Le gouvernement Netanyahou déploie des trésors d’inventivité pour dissuader des dizaines de milliers d'Africains de rester en Israël.

Tel-Aviv (Israël), envoyée spéciale.–  Ils sont plusieurs dizaines, ce mercredi 17 janvier, à s’entasser devant les services de l’immigration israéliens, situés rue Salame, au sud de Tel-Aviv. Principalement Soudanais et Érythréens, ils espèrent déposer une demande d’asile. Le trottoir n’est pas assez long pour contenir la queue qui part vers la droite du bâtiment. Alors ça pousse entre les barrières métalliques. On se colle à son voisin de devant. Et personne n’a l’intention de céder sa place, pas même lorsqu’une pluie fine commence à tomber. Certains ont dormi là avec une simple couverture. D’autres se blottissent, la mine défaite, sous des parapluies. Les autres, ceux qui ne sont pas arrivés assez tôt, n’ont d’autre choix que d’attendre sur le terre-plein central d’en face, en regardant la scène avec circonspection.

« La situation est extrêmement tendue », commente un Soudanais de 36 ans arrivé en Israël par le désert du Sinaï en 2009 pour fuir la répression dans son pays. « Certains dorment ici depuis trois semaines, mais ils n’ont toujours pas réussi à faire enregistrer leur demande. Nous ne savons pas ce qui se passe. Personne ne communique avec nous. Certains jours, les gardes à l’entrée nous demandent de rentrer chez nous ou de revenir le dimanche [début de la semaine en Israël – ndlr]. »

Selon l’association israélienne Hotline for Refugees and Migrants, les autorités ont toujours rendu l’attente pénible pour les migrants. « Les femmes et les enfants en bas âge doivent faire la queue pendant des heures sans pouvoir aller aux toilettes. C’est une manière de décourager les gens. C’est la même chose dans les bureaux de l’immigration à Bnei Brak [au nord-est de Tel-Aviv – ndlr], où les migrants doivent aller renouveler leurs papiers tous les trois mois », raconte Tamara Newman, l’une des membres de l’association.

Mais depuis l’annonce de la mise en œuvre d’un plan de départ par le gouvernement le 1er janvier dernier, la situation s’est aggravée. Les autorités israéliennes donnent jusqu’à la fin du mois de mars aux quelque 35 500 migrants africains qui résident dans le pays pour choisir : soit recevoir 3 500 dollars (environ 2 860 euros) et accepter d’être expulsé vers un pays tiers (le Rwanda ou l’Ouganda), soit être emprisonné pour une durée indéterminée. Au terme de cette période, la somme proposée sera ensuite graduellement réduite pour tous ceux qui souhaitent finalement partir « volontairement ».

D’après le gouvernement, les migrants ayant déjà déposé une demande d’asile et dont le dossier est en cours de traitement ne sont pas concernés. Mais les services d’immigration ont prévenu que ceux qui auront soumis leur demande après le 1er janvier ne pourront pas échapper à l’expulsion. « Il est peu probable que cette limitation dans le temps tienne devant un tribunal », rétorque Tamara Newman.

Alors, la plupart des migrants tiennent quand même à tenter leur chance rue Salame. « Je sais que je ne pourrais pas y arriver aujourd’hui, ils ne laissent entrer que vingt ou quarante personnes par jour et la queue est bondée. J’attends quand même, car j’essaie d’avoir des informations », explique Bereket, un Érythréen de 30 ans qui a fait le chemin depuis Herzliya, une banlieue du nord de Tel-Aviv.

Pour Bereket, arrivé en Israël en 2010, la situation est d’autant plus absurde que le gouvernement israélien s’est évertué ces dernières années à rejeter la majorité des demandes d’asile des migrants africains. « À notre arrivée, les autorités nous ont dit que nous n’avions pas besoin de faire de demande d’asile. Et maintenant ils nous disent que c’est “trop tard”, que nous aurions dû le faire dès la première année », déplore-t-il. Selon des chiffres officiels publiés en février 2015 par le quotidien Haaretz, seuls 0,25 % des demandeurs d’asile africains se sont vu accorder un statut de réfugié par les autorités israéliennes. Un des pourcentages les plus bas des pays signataires de la Convention de Genève.

Jamais à court d’inventivité, les autorités israéliennes ont publié ces jours-ci une annonce afin de recruter une centaine de citoyens pour devenir des « inspecteurs de l’immigration temporaires » à compter du 1er avril. La publicité promet une prime de 30 000 shekels (soit 7 500 euros) aux candidats. Soixante-dix d’entre eux devront débusquer et surveiller « les étrangers illégaux et leurs employeurs ». Les autres devront « mener des interrogatoires et des enquêtes approfondies sur les demandeurs d’asile » et seront chargés d’examiner la « véracité » de leurs informations. Élément troublant, il est attendu des candidats un diplôme de l’enseignement supérieur, mais aucune qualification spécifique dans le domaine.

« Cette annonce fait partie de la campagne de peur que mène le gouvernement envers les migrants africains. En la rendant publique, ils espèrent qu’elle fera le boulot à leur place. Que les migrants seront si effrayés qu’ils finiront par partir d’eux-mêmes », analyse Tamara Newman.

Dans la même veine, la militante dénonce la façon dont le gouvernement Netanyahou s’est attaché ces dernières années à stigmatiser les réfugiés africains comme des « migrants économiques ». Pour Bereket, l’argument ne tient pas. « En Érythrée, notre gouvernement nous traite comme des esclaves et non comme des citoyens. Lorsque quelqu’un ose réclamer ses droits, il le jette en prison sans procès ou recours possible. Comment je peux vivre là-bas », se défend-il. Et d’ajouter : « Si j’avais le choix, je ne voudrais pas rester en Israël. » Dans son pays, l’Érythréen était technicien de laboratoire. « Mais ici, à cause du racisme, je n’ai jamais réussi à me faire embaucher dans mon domaine, raconte-t-il. Cela fait six ans que j’enchaîne les petits boulots dans des restaurants, dans le bâtiment et dans l’entretien. »

De là à accepter de partir dans un pays tiers ? Pour Bereket comme pour beaucoup d’autres, la réponse est non. « Je sais comment ça se passe. J’ai des amis qui sont partis il y a un an et qui m’ont dit la vérité. Les autorités israéliennes promettent qu’on aura une protection sur place, mais cela ne dure qu’un jour. Après cela, on vous prend vos documents et vous êtes de nouveau livrés à vous-même. Certains vont alors au Soudan ou en Libye pour rejoindre l’Europe. Ils meurent dans le désert ou en Méditerranée. Au moins, si les Israéliens me jettent en prison, je pourrais survivre. »

« Certains iront en prison. Mais d’autres accepteront de partir, car ils ont déjà passé de longues périodes de leur vie derrière les barreaux et ils ne voudront pas y retourner. D’autres encore se cacheront, car ils vivent ici depuis cinq à dix ans et ils ont des collègues, des amis israéliens qui sont prêts à les protéger », précise Tamara Newman. La semaine dernière, une manifestation à l’initiative de l’Union sioniste (alliance entre l’opposition travailliste et centriste), du Meretz (parti de gauche) et de la liste arabe unie (groupe réunissant les députés arabes) a été organisée devant le parlement israélien pour s’opposer au plan du gouvernement.

Dans une lettre conjointe rendue publique le 3 janvier, plusieurs associations israéliennes ont estimé que les plans du gouvernement Netanyahou revenaient à condamner à mort les migrants africains. « Avec la crise des réfugiés partout à travers le monde, Israël, qui dispose de suffisamment de ressources pour absorber 35 000 réfugiés, a l’obligation morale d’accorder le statut de réfugié », écrivent-elles.

Ce samedi, 470 universitaires israéliens ont également pris la plume pour demander au gouvernement de renoncer à son projet. Jeudi, 35 intellectuels et auteurs israéliens, dont Amos Oz, David Grossman ou encore Etgar Keret, avaient déjà envoyé une lettre au premier ministre Benjamin Netanyahou et aux députés israéliens pour les implorer de stopper cette politique d’expulsion. « Nous vous demandons d’agir moralement, humainement et avec compassion comme le peuple juif se le doit (...) autrement, nous n’aurons plus de raison d’exister », mettent-ils en garde. 

Les signataires s’indignent en outre du fait que la politique répressive du gouvernement soit dirigée exclusivement contre les migrants africains. « Quelque 100 000 nationaux étrangers venant en grande majorité d’Europe de l’Est sont en Israël sans permis, ils ne sont ni persécutés ni forcés au départ », notent-ils.

De fait, respectivement depuis 2011 et 2013, les citoyens ukrainiens et géorgiens ont été exemptés par les autorités israéliennes d’une demande de visa préalable à leur arrivée dans le pays. Selon un rapport publié l’année dernière par la Hotline for Refugees and Migrants, beaucoup d’entre eux payent des intermédiaires ou des agences de ressources humaines peu scrupuleuses pour obtenir de faux documents et pouvoir déposer une demande d’asile en Israël. Un phénomène dont les autorités israéliennes auraient parfaitement connaissance et qu’elles laisseraient largement prospérer.

Devant les services d’immigration à Tel-Aviv, ce système à deux vitesses saute immédiatement aux yeux. Alors que les Soudanais et les Érythréens sont parqués dans la file de droite, une autre file plus clairsemée, à gauche du bâtiment, permet aux migrants d’Europe de l’Est de rentrer facilement pour déposer leur dossier.

Mais le plan du gouvernement Netanyahou à l’égard des migrants africains a une faiblesse de taille. Jamais les prisons israéliennes ne pourront accueillir tous ceux qui refuseront de partir. Le premier ministre a donc demandé aux services d’immigration d’étudier un plan B d’expulsion forcée. Mais selon une source proche du dossier, interrogée par le journal Haaretz, les experts jugeraient la procédure irréaliste, car trop complexe à mettre en œuvre en terme de logistique, de budget et de formation d’un personnel qualifié. Sans parler du fait que les images de migrants africains menottés et traînés de force dans des avions à l’aéroport Ben-Gourion serait du plus mauvais effet pour l’image d’Israël.

« Nous espérons le mieux, mais nous nous attendons au pire », confie toutefois Tamara Newman. Pour la militante, le premier ministre israélien, cerné par les affaires, « se sert » des migrants africains pour « faire diversion et renforcer sa popularité auprès de ses supporters de droite ».


 

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 14:01
CHOMAGE. L'ART DE COMPTER, OU DE NE PAS COMPTER... (L’HUMANITE DIMANCHE – JEUDI 18 JANVIER 2018 – DOMINIQUE SICOT)

 

L'équipe Macron a abattu ses cartes : contrôle renforcé des chômeurs et publication des chiffres tous les trimestres seulement. Depuis vingt ans, face à un chômage de masse, dont en fait ils s'accommodent, les divers gouvernements sont passés maîtres dans l'art de l'illusion statistique.

C'en est bientôt fini des fameux « chiffres du chômage ». Soit le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi n'ayant pas travaillé du tout au cours du mois concerné (catégorie A), scruté de près et abondamment commenté. Dernière livraison le 24 janvier, pour les chiffres de décembre. Pôle emploi et le ministère du Travail ne publieront ensuite que des données trimestrielles, « sous un format rénové », annonce le ministère sans plus de détails. Ainsi en a décidé Muriel Pénicaud, au prétexte que les données mensuelles seraient trop volatiles, ce qui brouillerait la vue sur les tendances de fond.

Se focaliser sur les seules variations mensuelles de la catégorie A n'a certes pas beaucoup de sens. En 2008, le Conseil national de la statistique avait d'ailleurs recommandé de mieux prendre en compte l'ensemble des inscrits tenus de rechercher du travail : ceux qui n'ont pas travaillé du tout (catégorie A), ceux qui ont eu une activité réduite courte (catégorie B, moins de 78 heures dans le mois), et ceux qui ont exercé une activité réduite plus longue (catégorie C). Ce dont gouvernants et médias n'ont pas vraiment tenu compte.

 

FOCALE SUR LA CATÉGORIE A

Et pour cause. Un retour sur les données harmonisées des vingt dernières années montre comment le chômage a enflé (voir graphique). Le nombre des inscrits à l'ANPE puis à Pôle emploi tenus de faire des recherches d'emploi (catégories A, B et C) est passé de 3,743 millions en janvier 1996 à 5,611 millions en novembre 2017 (1). Les seules petites embellies sont liées à la mise en place des 35 heures (autour de 2000-2002), et aux pics de départs en retraite autour de 20062008 (génération des baby-boomeurs), puis entre 2012 et 2017 (assouplissement des conditions de départ en retraite anticipée pour les carrières longues), conjugués en 2015-2016 à une légère baisse du nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail. Si l'on ne retient que les demandeurs de catégorie A, les statistiques ont pu faire croire au miracle : de 3,1 millions en 1996, les chiffres sont tombés à 2,4 millions en 2002, et même 2 millions en 2008, avant de remonter, mais presque avec mesure (3,557 millions en janvier 2016 ; 3,454 millions en novembre 2017).

Les seules embellies sont liées à la mise en place des 35 heures et aux pics de départs en retraite de 2006-2008.

 

Les résultats des politiques de « flexibilité » ­ vendues sur le thème: licencier plus facilement pour embaucher plus ­ se lisent en revanche dans l'explosion du nombre de précaires, alternant chômage et petits boulots. Soit les demandeurs de catégories B et C, le plus souvent laissés dans l'ombre. Ils étaient 620 900 en janvier 1996, soit 16,5 % du total des inscrits tenus à des recherches d'emploi (catégories A, B et C). Ils sont aujourd'hui 2,157 millions, soit 3,5 fois plus, et représentent 38 % du total. Au sein de ces précaires, le nombre de ceux ayant travaillé moins de 20 heures dans le mois précédent est passé de 50 000 à 172 300 en vingt ans, et celui de ceux ayant travaillé moins de 40 heures de 121 200 à 378 900.

 

FICELLES ET RADIATIONS

Pour contenir « le » chiffre officiel, les gouvernements successifs ont aussi largement utilisé contrats aidés, grands plans de formation et autres ficelles. Une fois orientés dans ces dispositifs, pas toujours très efficaces, ces chômeurs, dispensés de recherche d'emploi, sont comptabilisés en catégorie D (ceux en formation, en contrat de sécurisation professionnelle après un licenciement économique, de quoi lisser les effets des plans sociaux, mais aussi les malades) et en catégorie E (en contrats aidés, en création d'entreprise). Il y a vingt ans, ces catégories comptaient respectivement un peu plus de 150 000 et de 200 000 inscrits. En janvier 2017, plus de deux fois plus chacune (335 000 et 424 400) ­ reflet des tentatives du gouvernement Hollande pour inverser la courbe avant les élections (plan 500 000 formations, 320 000 emplois aidés financés en 2017). Ajoutez un peu de zèle sur les radiations (7 300 en avril 1996, 46 900 en novembre 2017) et les « cessations d'inscription pour défaut d'actualisation » doublées sur la même période (de 104 600 à 224 500)... et voilà des statistiques bien propres. Nul doute qu'elles le seront tout autant en devenant trimestrielles.

(1) Pour la France métropolitaine.

 

REPERES

326 500 demandeurs inscrits depuis trois ans ou plus en janvier 1996

873 400 demandeurs inscrits depuis trois ans ou plus en novembre 2017

136 900 sorties pour reprise d'emploi en avril 1996

105 700 sorties pour reprise d'emploi en novembre 2017

 

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 13:58

 

"Il délire, mais sa folie ne manque pas de méthode". Avec cette phrase tirée d'Hamlet de Shakespeare, Bruno Odent, journaliste de l'Humanité, analyse le bilan de la première année de présidence de Donald Trump et sa stratégie .
Réalisation : Abrahim Saravaki.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 13:28
en 2017, 82 % des richesses créées ont bénéficié aux 1% les plus riches (rapport OXFAM sur les inégalités)
en 2017, 82 % des richesses créées ont bénéficiés aux riches

lundi 22 janvier 2018

A l’occasion du forum de Davos, l’ONG Oxfam dévoile un rapport sur la partage de la richesse.

Selon le document intitulé "Récompenser le travail, pas la richesse", en 2017, 82 % de la richesse a profité aux 1% les plus riches, alors que les plus pauvres n’ont eu que des miettes. Dans le même temps, la fortune des milliardaires a augmenté de 762 milliards, soit sept fois le montant nécessaire par an, pour sortir de l’extrême pauvreté les personnes qui en sont touchées. A l’inverse, 50% de la population mondiale n’a pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale.

En France, les 10 % les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres ne se partagent que 5 % du gâteau ; le nombre de personnes en situation de pauvreté a aussi augmenté de 1,2 millions de personnes en 20 ans.

L’ONG lance un appel aux dirigeants, pour que "l’économie fonctionne pour tous et pas uniquement pour une riche minorité".

Oxfam propose la limitation des dividendes pour les actionnaires et les dirigeants d’entreprises, la fin de "la brèche salariale" entre hommes et femmes, ainsi que la lutte contre l’évasion fiscale.

 En savoir plus et signer la pétition

Oxfam interpelle les élites de Davos face à l’explosion des inégalités
Partager cet article
Repost0
21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 12:27
Les Bretons de Paris à Fête de l'Huma à Garches en 1936: un des nombreux documents exceptionnels des Archives Pierre Le Rose que nous avons fait connaître progressivement dans le Chiffon Rouge

Les Bretons de Paris à Fête de l'Huma à Garches en 1936: un des nombreux documents exceptionnels des Archives Pierre Le Rose que nous avons fait connaître progressivement dans le Chiffon Rouge

Sept ans, l'âge de raison, pour un média de passions! 

Il y a sept ans, nous créions Le Chiffon Rouge, un blog d'informations et de réflexion militant ouvert sur la culture, l'art, l'histoire, les livres, l'international, comme sur les mobilisations locales et les actions des associations, syndicats du pays de Morlaix et du Finistère. Nous avons voulu ce blog animé par un esprit d'ouverture et de débat n'empêchant pas les points de vue tranchés et le parti pris, puisque ses animateurs sont communistes et ne s'en cachent pas et que nous informons aussi de manière prioritaire, mais non exclusive, sur les initiatives et analyses du PCF. Nous relayons aussi les interventions et compte rendus de nos élus sur la vie municipale et communautaire, les informations de la vie politique locale.  

Aujourd'hui, notre blog compte 80 abonnés et 250 à 600 lecteurs chaque jour en moyenne et est suivi par des citoyens du pays de Morlaix mais aussi bien au-delà par des militants et citoyens en Bretagne et en France. 430 000 visites depuis sept ans pour notre blog, ce n'est pas rien. 

Depuis deux ans, ces articles sont relayés sur Facebook, Twitter parfois. 

Ils doivent aussi beaucoup à ce que publient des journaux: la presse régionale, le Télégramme, et le Ouest-France, l'Humanité, Médiapart, le Monde Diplomatique, à ce ce que publient nos camarades, correspondants et amis, dont nous relayons régulièrement les informations, points de vue, documents intéressants. 

Ces moyens de communication numérique sont pour nous, dans un contexte où il est difficile de faire entendre dans les médias dominants un point de vue de gauche critique et progressiste, anti-libéral et anti-austéritaire, comme la mémoire et le témoignage des luttes populaires des dominés, un moyen de contourner le mur de la censure et de créer une communauté intellectuelle, morale et politique vivante, réactivée chaque jour, pour nourrir l'exigence de justice, l'indignation et la révolte, l'envie de construire en commun un monde plus vivable! 

Merci à tous les lecteurs fidèles ou occasionnels du Chiffon Rouge! 

Et longue vie à la lutte pour l'Humain, l'égalité, la fraternité et le progrès social! 

Ismaël Dupont  

 

   

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011