L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes est une grande victoire pour tous ceux qui sont soucieux d'écologie, d'un aménagement harmonieux de l'ouest breton, de tous ceux qui refusaient la loi des aménageurs dictée simplement par la religion du béton et de la croissance économique des entreprises. La liste du Front de Gauche conduite par Xavier Compain aux Régionales de 2015 avait plaidé pour l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes. Au sein du Front de Gauche Morlaix, nous combattions ce projet depuis 2011.
Pour ma part, comme de nombreux communistes de l'ouest, je me suis suis battu pour que cet aéroport de Notre-Dame-des-Landes refusé par une partie du monde paysan, la CGT Pays de Loire et la CGT Vinci, rejeté par le PCF Morbihan, Vendée, et majoritairement au sein d'une assemblée consacrée à la question en août 2015 par le PCF Finistère, porté par le MEDEF régional, la droite et le PS, ne voit pas le jour, en participant aux manifestations, en défendant pendant sept ans ceux qui résistaient à ce projet capitaliste et productiviste portant une vision de la croissance et de l'aménagement du territoire d'un autre âge.
La justification initiale de la construction d'un nouvel aéroport au nord de Nantes pour favoriser le trafic de marchandises par voie aérienne à l'ouest de la France et en Bretagne ne tenait pas puisque dans sa configuration ultime, le projet dont l'ambition avait été revue à la baisse, porté par Vinci, l’État et les collectivités locales, ne comportait pas une piste et des hangars adaptés aux gros porteurs et au trafic de marchandises.
Ce projet d'aéroport, s'il s'était concrétisé, aurait libéré des espaces très lucratifs pour les promoteurs immobiliers au sud de Nantes et contribuerait à renforcer le développement commercial et urbain à l'ouest de Nantes et sur l'axe Rennes-Nantes, qui concentre déjà beaucoup de dynamisme démographique, d'investissements, d'emplois, au préjudice du centre-Bretagne et de l'ouest de la Bretagne.
La démocratie était en jeu dans ce débat sur Notre-Dame-des-Landes : le rejet des grands projets repose sur un questionnement sur leur utilité mais aussi sur la façon dont ces projets sont élaborés. L'avis des gens ne s'exprime qu'en phase terminale.
Cette co-élaboration des projets, on l'a beaucoup écrit, on ne l'avait pas beaucoup fait. Il y a intérêt à maintenir une vigilance citoyenne, y compris dans des domaines comme le ferroviaire, la LGV, le TER, le fret. Il y a de la place en Bretagne pour développer par exemple un fret ferroviaire à grande vitesse.
Il était faux de prétendre que l'aéroport de Nantes-Atlantique était saturé ou qu'il posait des problèmes de sécurité particuliers.
En réalité, son extension et son réaménagement ne semblent pas avoir été envisagés avec beaucoup de sérieux.
Pour la Planète, on ne pouvait pas vouloir et accompagner une extension continue du transport aérien, surtout si c'est à travers le modèle social très discutable du low-cost.
Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne s'intégrait pas dans un schéma politique planifié et discuté démocratiquement d'aménagement cohérent du territoire et des transports prenant en compte le routier, le ferroviaire, la question de l'intermodalité, du service public. Via le PPP avec Vinci, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui reposait sur un financement majoritairement public, aurait profiter à des requins financiers dont le but n'est que les dividendes.
Dans la carte qui se profilait, on ne voyait pas de décentralisation, de déconcentration, mais au contraire de la concentration à l'échelle régionale et métropolitaine.
L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes risquait de justifier la fermeture des plus petits aéroports de proximité en Bretagne et de favoriser une intensification de la concentration des investissements, des emplois, et de la vitalité économique et démographique sur la frange est de la Bretagne, correspondant à une métropole connectée Nantes-Rennes. L'enjeu de la protection des terres agricoles et des zones humides a également été mis en avant dans nos débats au sein du PCF Finistère, à juste titre, comme celui d'affecter les moyens financiers publics à des besoins d'investissements véritables : hôpitaux, écoles, transport ferroviaire, fret ferroviaire...
Désormais, l'enjeu de redéfinition d'un schéma de transport et de mobilité pour le grand ouest reste entier avec notamment la rénovation de l'axe ferroviaire Rennes-Nantes.
Ismaël Dupont.
Lire aussi: Notre-Dame-des-Landes: contre l'avis national des communistes disent "non" (Ouest-France, page Loire-Atlantique, vendredi 24 juin)
Ismaël Dupont, 18 janvier 2018
élu communiste à Morlaix.