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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 20:23
Gerry Adams et les évolutions du Sinn Féin - une très bonne tribune de Jean-Michel Galano, philosophe et ancien résident français en Irlande, dans L'Humanité (vendredi 8 décembre 2017)
Gerry Adams et les évolutions du Sinn Féin

Deuxième force en Irlande du Nord et troisième dans la République

par Jean-Michel Galano, philosophe et ancien résident français en Irlande du Nord

L'Humanité - vendredi 8 décembre 2017 

"L'ancien barman devenu dirigeant de parti politique n'est ni Arafat ni Mandela" : c'est en ces termes méprisants qu'un article du Monde de 1992 parlait de Gerry Adams. Depuis, le ton a changé. Le Sinn Féin, deuxième force politique en Irlande du Nord et troisième dans la République, a fait la preuve de sa représentativité et de sa capacité à œuvrer pour le bien public, dans des circonstances extrêmement difficiles où les pièges et les provocations n'ont pas manqué. 

Il faut reconnaître que rien n'était écrit d'avance: Gerry Adams avait hérité quelques années auparavant, peu après sa sortie de prison où il avait passé huit ans, d'une organisation squelettique encore semi-clandestine, légale dans la République mais pas dans le Nord, et dont le rôle se bornait à être la vitrine politique de l'IRA. En 1982, l'armée, dirigée par Martin Mc Guiness, mais aussi par Gerry Adams, s'interrogea sur les suites à donner au mouvement de solidarité qui avait entouré l'année précédente les grévistes de la faim, et comment élargir ce mouvement. Elle prit l'initiative de "blâmer le Sinn Féin", auquel elle reprochait son absence des luttes sociales et politiques, et une identité catholique trop marquée malgré les dénégations. 

Un grand remue-ménage s'ensuivit: des militants du Sinn Féin s'investirent dans les syndicats, les associations de quartier, les mouvements féministes, les initiatives de solidarité internationale, notamment avec l'Amérique latine et l'Afrique du Sud. 

Je peux témoigner de cette mutation: invité à la conférence annuelle du Sinn Féin en 1998, juste après les accords du Vendredi saint (qui, dans les faits, mirent fin à la guerre civile), j'avais été un peu agacé, comme d'autres délégués étrangers, par l'arrivée "à l'américaine" d'Adams et de Mc Guiness au beau milieu des débats entourés d'une foule de cameras. 

Rien de tel l'année suivante: sous une grande banderole disant en français: "Liberté, égalité, fraternité", les délégués rendaient hommage à la Révolution française, ainsi qu'aux United Irishmen de Wolfe Tone, fondateurs d'un nationalisme irlandais social et déconfessionnalisé. Il y a davantage encore: un volet des débats était consacré à la question des femmes, ce qui était en soi très nouveau. Adams avait attendu son tour pour s'exprimer devant le micro, en tant que délégué de son quartier de Belfast. En quelques phrases fermes, il avait invité les délégués à ouvrir les yeux sur ce qu'était le Sinn Féin: un mouvement certes en pleine mutation, mais toujours majoritairement masculin, porteur de valeurs viriles et guerrières, avec très peu de femmes dans ses organismes de direction. "Une honte", avait-il dit.   

Et c'est cela qui a changé. Alors que le jeune Gerry Adams se disait "antimarxiste" et accordait une importance considérable au "lobby irlandais" américain, le Sinn Féin dénonce la politique agressive de Trump, n'hésite pas à parler de lutte des classes et est partie prenante au Parlement européen de la Gauche unitaire européenne. Mary Lou Mc Donald, bien connue des communistes français, députée du centre de Dublin et sans passé commun avec l'IRA, pourrait lui succéder. Que de chemin parcouru!     

Gerry Adams

Gerry Adams

Mary Lou Mc Donald

Mary Lou Mc Donald

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 20:23
Brexit - Les droits du peuple irlandais doivent être respectés (PCF)

La réunion du Conseil Européen le 14 décembre prochain sera cruciale pour la mise en oeuvre du Brexit. 

La question de l'avenir de l'Irlande en est un des éléments fondamentaux. L'opposition de la majorité du peuple irlandais, aussi bien du Nord, où 56% des votants se sont exprimés contre le Brexit, que du Sud, à voir s'établir une frontière "dure" à travers l'île doit être respectée. Les droits du peuple irlandais ne doivent pas être sacrifiés sur l'autel d'un éventuel accord financier entre l'UE et le gouvernement de Theresa May, qui ne tient que par une alliance parlementaire avec les unionistes ultra-conservateurs du DUP d'Irlande du Nord. 

Le danger est réel, alors que l'Irlande traverse une crise politique majeure. 

Au nord, les élections régionales de mars 2017 ont montré une forte progression de nos camarades républicains du Sinn Féin (SF). Depuis, le DUP mène une politique d'obstruction à la constitution d'un gouvernement régional. Ce pourrissement voulu de la situation renforce le risque d'un retour à des pratiques discriminatoires. Le Sinn Féin défend un programme d'égalité pour tous "contre le sectarisme". Au Sud, le gouvernement minoritaire conservateur de Leo Varadkar ne tient qu'à un fil, surtout après la démission, le 30 novembre, de la vice-première ministre Frances Fitzgerald, accusée de faire taire des cas de violences policières. De nouvelles élections sont donc possibles en 2018. Le Sinn Féin, lors de sa conférence annuelle qui s'est tenue en novembre, s'est déclaré disponible pour gouverner en cas de victoire ou de forte progression aux élections. 

L'enjeu pour le peuple irlandais est majeur. Une majorité des Irlandais du Nord s'est prononcée contre la sortie de l'UE. Cela implique l'établissement d'un statut spécial pour l'Irlande du Nord permettant le maintien de la liberté de circulation et de la citoyenneté européenne dans toute l'Irlande. Tout renforcement de la frontière reviendrait à remettre en cause les accords du Vendredi Saint de 1998. Or, c'est bien cela que recherche le DUP, qui fait pression sur Theresa May contre le statut spécial pour l'Irlande du Nord.

Le gouvernement français doit intervenir auprès de l'UE et de ses homologues de Londres et de Dublin en faveur de l'introduction du statut spécial et de l'inclusion des accords du Vendredi saint dans l'acte final du Brexit. 

La perspective de la réunification de l'île se dessine à nouveau. Sans statut spécial, il conviendra de poser la question, comme le fait le Sinn Féin, d'un référendum de réunification, qui serait alors le seul moyen de faire respecter les accords du Vendredi saint. 

Dans tous les cas, la connexion établie entre les deux parties de l'Irlande ne peut être interrompue par le Brexit, et la réunification de l'Irlande sous forme d'une république assurant le res^pect des droits sociaux et démocratiques et de l'égalité pour tous est aujourd'hui crédible. 

Un pas important serait l'établissement d'un système de santé gratuit unique pour tous les Irlandais, comme le propose le Sinn Féin.

La question irlandaise est une question européenne. La manière dont l'UE traite la volonté des Irlandais à demeurer dans un même ensemble politique sera révélatrice de la manière dont elle traite les droits souverains et démocratiques des peuples. 

Vincent Boulet, membre PCF du comité exécutif du Parti de la gauche européenne    

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 20:22
Selahattin Demirtas

Selahattin Demirtas

Figen Yuksekdag

Figen Yuksekdag

Dans un communiqué, le PCF a demandé l'arrêt des "discriminations contre la communauté LGBT" en Turquie, le gouverneur d'Ankara ayant décidé "d'interdire toute initiative et événement culturel à la communauté LGBT". 

Par ailleurs, L'Humanité consacrait un titre en une et deux pages le mercredi 6 décembre signée Pierre Barbancey sur la présentation devant le juge des prisonniers politiques, leaders progressistes kurdes du HDP et de l'opposition démocratique de gauche, Figen Yüksekdag et Selahattin Demirtas, emprisonnés depuis 13 mois déjà. Arrêtés le 4 novembre 2016, ils risquent la prison à vie, sous prétexte d'un lien complètement fantasmé entre le HDP  et le PKK. 

A travers l'emprisonnement et le procès politique des deux co-présidents du HDP, la dictature d'Erdogan entend s'attaquer au seul espoir existant d'une Turquie démocratique. 

Selahattin Demirtas affirmait le 5 août 2015 à L'Humanité:      

"Nous ne sommes absolument pas la branche politique du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Notre parti a été formé à la suite du regroupement de plus d'une vingtaine d'organisations. Parmi les fondateurs du HDP, il y a des membres du parti socialiste, de mouvements islamistes, des mouvements pour le droit des femmes, pour l'écologie... Parmi eux, on trouve aussi le fondateur du parti kurde DBP. Faire croire que le HDP est une continuité du PKK n'est qu'une manipulation destinée à tromper la population".  

A l'époque, rappelle Pierre Barbancey, "le président turc Tayyip Erdogan, fou de rage d'avoir perdu sa majorité aux élections du mois de juin et de voir 80 députés du HDP entrer au Parlement, s'activait pour organiser un nouveau scrutin et barrer la route à cette formation. Dans le même temps, il reprenait sa guerre contre le PKK. De quoi alimenter sa propagande contre le HDP et surfer sur la violence et les attentats. Malgré tout, le Parti démocratique des peuples a conservé un groupe au Parlement. Des députés prêts à s'opposer aux dérives dictatoriales d'Erdogan et de son parti, l'AKP. Les inculpations ont commencé à tomber, en utilisant les discours des leaders comme Demirtas et Yüksekdag. Ils sont coupables de parler de résistance quand les kurdes manifestent contre le couvre-feu. Coupables encore de défendre l'idée d'une autonomie démocratique, alors même que celle-ci est inscrite dans le programme du HDP. Coupables aussi de dénoncer les massacres de civils. Et sans doute coupables, aux yeux d'un Erdogan, de prôner la parité hommes-femmes à tous les niveaux, lui qui assure que hommes et femmes ne pouvaient pas être traités de la même façon "parce que c'est contraire à la nature humaine". (...) Dix universitaires sont jugés depuis hier pour avoir dénoncer les massacres de l'armée turque dans les villes kurdes. Depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016, ce sont des milliers de personnes- magistrats, militaires, journalistes, fonctionnaires - qui ont été chassés de leur travail, voire arrêtés. Des médias ont été fermés. Des élus, pour la plupart du parti kurde DBP, une des composantes du HDP, ont été démis de leur fonctions et remplacés par des préfets aux ordres. Il s'agit bien d'en finir avec le rêve d'une Turquie plurielle, respectueuse de toutes les composantes".

Selahattin Demirtas, qui dénonçait le massacre par l'armée d'Erdogan de 53 "frères kurdes" en juillet 2017, a été qualifiée de "terroriste" par Erdogan au G 20 de Hambourg.  

Selahattin Demirtas ne se laisse pas impressionner par la rhétorique guerrière d'Erdogan contre les ennemis de l'intérieur de son autoritarisme islamo-conservateur et ultra-nationaliste: "Tôt ou tard, je serai devant les juges. Là, qui est terroriste et assassin deviendra clair aux yeux de l'opinion publique... Le HDP et tous les amis du HDP, en prison ou dehors, vont résister contre le fascisme, et soyez sûr que, historiquement, c'est nous qui allons vaincre". 

     

Humanité, mercredi 6 décembre 2017 - entretien entre Pierre Barbancey et Ahmet Insel, politologue et économiste turc: "Le pouvoir mène une campagne contre le HDP"

Humanité, mercredi 6 décembre 2017 - entretien entre Pierre Barbancey et Ahmet Insel, politologue et économiste turc: "Le pouvoir mène une campagne contre le HDP"

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 20:21

Turquie : Liberté pour Demirtas et Yüksekdag

 

Le procès des deux co-présidents du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, se tient ces 6 et 7 décembre 2017 à Ankara.

Arrêtés le 4 novembre 2016, les parlementaires avaient été déchus de leur immunité quelques semaines auparavant. Ils risquent respectivement 142 et 83 années de prison.

Pour avoir dénoncé les crimes de l'Etat turc dans les villes du Kurdistan soumises à des bombardements et au couvre-feu, la justice leur reproche d'appartenir ou d'appuyer une "organisation terroriste". Le président turc R.T. Erdogan entend aussi faire payer au HDP le camouflet que cette formation lui infligea lors des législatives de juin 2015, entravant la présidentialisation du régime et l'instauration de la dictature. Depuis, l'AKP au pouvoir a entrepris de briser toute forme d'opposition démocratique.

Les emprisonnements de journalistes, d'intellectuel-les, de syndicalistes, de responsables d'organisations des droits humains ou d'élu-es du HDP se sont amplifiés alors que les procès iniques sont devenus quotidiens.

En Turquie, toute expression du dissensus politique est désormais impossible et la politique est devenue un champ de vengeance généralisé. Comme depuis de longues années, le Parti communiste français (PCF) sera à leurs côtés.

Une délégation conduite par Jean-Paul Lecoq, député et membre de la Commission des Affaires étrangères, est présente à Ankara pour exprimer la solidarité du PCF et de son secrétaire national Pierre Laurent qui parraine Selahattin Demirtas. J.P. Lecoq rejoindra sur place Sylvie Jan, présidente d’une association de solidarité avec le peuple kurde.

Le PCF appelle la France et l'UE à dénoncer ces atteintes aux droits humains et à exiger la libération des prisonniers politiques en Turquie.

Le PCF appelle à la mobilisation pour amplifier la solidarité avec les membres du HDP qui oeuvrent pour la paix, la liberté et la justice.

Turquie: liberté pour Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag (PCF)
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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 20:15
 
Ils osent tout. Voilà maintenant que le « groupe d’experts sur le Smic », consulté en amont d’une réunion de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), prévue le 18 décembre, s’essaie à des préconisations pour le moins explosives, dont on croirait qu’elles ont été piochées dans le bréviaire du Medef, sinon dans les têtes pensantes du macronisme ordinaire. Le cas est plus sérieux qu’il n’y paraît, car le rapport du groupe susnommé, dévoilé hier, donne le ton de la politique salariale qui risque de caractériser le quinquennat. Résumons ; les dits experts conseillent au pouvoir de supprimer la revalorisation automatique du salaire minimum. En somme, de mettre fin à l’indexation… Connaissant la composition monocolore (relevant du libéralisme économique) de cet aéropage, habilement remanié en août dernier, inutile de s’étonner. Y compris des arguments avancés. Voyez-vous, ces braves gens constatent « une embellie » de l’économie française, mais d’une ampleur moindre que celle constatée dans l’environnement économique immédiat de la France ». Du coup, face à ces « fragilités manifestes », nos experts en diable recommandent de « s’abstenir de tout ‘’coup de pouce’’ au premier janvier 2018 » afin de « ne pas fragiliser les améliorations en cours ». Il y a plus intéressant encore. La « rapidité de la croissance du Smic », qui n’a pourtant connu aucun « coup de pouce » depuis 2012, serait « coûteuse pour les finances publiques » du fait des exonérations de cotisations sociales consenties depuis les années 1990 pour « réduire les effets préjudiciables d’un Smic élevé sur (…) l’emploi des personnes les moins qualifiées »…On atteint des sommets.
 
Au prétexte que notre Smic est jugé par nos grands penseurs comme élevé « comparé à ses homologues étrangers », il s’agirait donc de le transformer en variable d’ajustement afin de tirer les rémunérations toujours plus vers des fonds abyssaux, sachant que les seuils d’exonération sont déjà des trappes aux bas salaires. Le Smic ne deviendrait alors qu’une question technique et plus du tout une affaire sociale et politique. Les experts, nous le savons, sont souvent des alibis. Macron a trouvé les siens pour accréditer l’idée de modération salariale globale. Attention, danger !
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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 20:05
Gilbert Gléonec, permanent à l'Union départementale CGT Cheminots, et Gabriel André, secrétaire générale CGT Cheminot Quimper, espèrent obtenir le maintien de l'activité de vente et de conseil en gare de Châteaulin.

Gilbert Gléonec, permanent à l'Union départementale CGT Cheminots, et Gabriel André, secrétaire générale CGT Cheminot Quimper, espèrent obtenir le maintien de l'activité de vente et de conseil en gare de Châteaulin.

On y parle de 2 agents circulation sécurité et d'un agent temporaire (CDD 3 mois ) pour aider les voyageurs à acheter leur billet sur les bornes automatiques à Châteaulin !

 

Question bête: entre les 9 circulations, ( 3 en + ), pourquoi les 2 agents circulation ne pourraient ils pas vendre les billets au guichet comme auparavant ? On voit bien que cette organisation n'est qu'un prétexte, une politique générale de suppression des guichets et des services.

 

Le Télégramme, 8 décembre 2017: 

Il n'y aura pas que les officiels, dimanche, à Châteaulin, pour l'inauguration de la ligne rénovée entre Quimper et Brest. La CGT Cheminot a donné rendez-vous à ses membres et sympathisants, à 14 h, pour un rassemblement contre la disparition programmée du guichet de vente en gare de Châteaulin. « Lors de la rénovation de la gare, ils avaient supprimé les toilettes, maintenant que la ligne rouvre, c'est le guichetier qui va être supprimé », s'inquiète Gabriel André, secrétaire CGT Cheminots Quimper. Avec le passage de six à neuf trains par jour, l'agent de circulation qui s'occupait du guichet n'aura plus le temps pour cette dernière activité. La direction de la SNCF souhaite que la vente soit transférée à l'office de tourisme de la ville. Une proposition refusée d'emblée par la maire de Châteaulin, Gaëlle Nicolas, qui déposera un voeu contre ce transfert, au prochain conseil municipal, lundi. Contactée par la rédaction (Le Télégramme Châteaulin d'hier), elle souhaite que l'agent polyvalent soit maintenu, pas uniquement pour la vente mais aussi pour l'accueil des voyageurs. D'autant que l'office de tourisme n'est pas en mesure d'assurer la vente toute l'année puisqu'il n'ouvre qu'en juillet et août.

 

 « L'argument de la direction c'est de dire que les guichets sont obsolètes avec l'augmentation de la vente sur Internet. Mais il y a des tas de situations dans lesquelles la borne automatique ne peut remplacer l'humain : pour le changement de certains billets, le paiement par chèque vacances, la délivrance des cartes de réduction... Sans compter tous les gens qui n'ont pas de carte bancaire ou ne veulent pas d'Internet », poursuit le cheminot. Cette suppression ne devrait pas intervenir tout de suite puisqu'un agent va être recruté temporairement pour assurer le service, avant une éventuelle suppression définitive.

L'exemple quimpérois


Sur ce dossier, la CGT locale espère obtenir les mêmes résultats qu'à Quimper. En effet, il était prévu que le 1e r novembre dernier, le nombre de guichets diminue de cinq à trois, et que ceux-ci n'ouvrent plus le midi et le dimanche. Après un petit mois de contestation, la direction a finalement fait marche arrière. « Nous sommes satisfaits, nous avons obtenu le maintien de quatre guichets sur cinq, plus le maintien de l'ouverture le midi et le dimanche », explique Gilbert Gléonec, permanent à l'Union départementale de la CGT. Dimanche, un nouveau combat commence pour ceux qui ont toujours milité pour le maintien et la rénovation de la ligne Quimper-Brest, un temps menacée de fermeture définitive.

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 06:20
Jean-Claude Lefort, beau-père de Salah Hamouri, a fait étape à Plourin-les-Morlaix pour informer le public sur les conditions de détention de l'avocat franco-palestinien et recueillir des signatures de soutien

Jean-Claude Lefort, beau-père de Salah Hamouri, a fait étape à Plourin-les-Morlaix pour informer le public sur les conditions de détention de l'avocat franco-palestinien et recueillir des signatures de soutien

Arrêté dans la nuit du 23 août par l'armée israélienne, l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri est en détention administrative pour six mois renouvelables sans connaître le motif d'inculpation. Le collectif « Liberté pour Salah » qui regroupe 18 associations, partis, syndicats et réseaux locaux de solidarité en pays de Morlaix, a organisé mardi, dans la salle du Cheval Blanc de Plourin les Morlaix, une réunion publique avec Jean-Claude Lefort, député honoraire, beau-père de Salah Hamouri et représentant du comité national pour sa libération. 

Quelles sont les dernières nouvelles dont vous disposez de Salah Hamouri ?
Grâce à ses avocats, nous savons qu'il a bon moral. Il sait que nous sommes derrière lui. Je l'ai même vu sourire sur une photo prise clandestinement au tribunal de Jérusalem par un de ses avocats. 

Quel retour avez-vous des réunions publiques que vous animez ?
J'ai des retours positifs. Les gens nous soutiennent et ne comprennent pas cette situation qui pour eux n'a pas de sens. Ils signent en nombre les cartes postales qui seront envoyées au Président de la République pour lui demander d'agir. Après Plourin, je vais à Quimper, à Bourg-en-Bresse et à Carhaix. Le chemin de la liberté passe par là. Par ailleurs, nous avons le soutien de 57 députés européens, de Pierre Joxe et même d'Angéla Davis. 

Comment peut agir le Président de la République ? 
Salah Hamouri a été arrêté pour des raisons politiques, c'est donc la politique qui doit le libérer. Emmanuel Macron rencontre dimanche Benjamin Netanyahou. Le collectif demande au Président Macron d'engager fermement la voix de la France pour obtenir la libération de notre compatriote injustement détenu par le gouvernement de Benjamin Netanyahou. On est passé du silence à une volonté de dire, de la demande à l'exigence.
 

(entretien avec Michel Quérou, pour le Télégramme, le 5 décembre 2017) 

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 05:43
Brochure du PCF sur la question des réfugiés et migrants

Brochure du PCF sur la question des réfugiés et migrants

Ouest-France

Le ministre de l’Intérieur a envoyé une note aux préfets pour leur demander de renforcer la lutte contre l’immigration et d’accélérer le processus d’expulsions de migrants en situation irrégulière présents sur le territoire français.

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a employé un ton très ferme envers les préfets dans une circulaire pour « renforcer » la lutte contre l’immigration irrégulière et leur demande d'« agir rapidement ».

« La lutte contre l’immigration irrégulière est une priorité de l’action gouvernementale », rappelle le ministre de l’Intérieur dans cette circulaire du 20 novembre révélée par le quotidien Le Monde.

Un bilan sera demandé à chaque préfet en février 2018

Si les services « étrangers » seront renforcés de 150 postes, le ministre rappelle que cette lutte contre l’immigration irrégulière « relève de la responsabilité de chaque préfet de département »et leur demande un bilan « d’ici la fin du mois de février 2018 ».

Soulignant l'« acuité exceptionnelle » de la situation migratoire depuis 2014, la circulaire précise qu’un texte de loi est en préparation pour répondre à l'« exigence de fermeté et d’efficacité »énoncée le 12 juillet en Conseil des ministres, notamment « pour assurer l’éloignement des étrangers en situation irrégulière ».

Mais avant l’adoption de cette loi, au premier semestre 2018, « il est nécessaire d’agir rapidement, à droit constant », affirme le ministre de l’Intérieur, qui rappelle que les étrangers en situation irrégulière (hors UE) « doivent être le public prioritaire de votre action en matière d’éloignement ».

Le ministre veut que les demandeurs d’asiles déboutés quittent rapidement le territoire

Les demandeurs d’asile déboutés doivent faire l’objet d’une « attention particulière », selon M. Collomb, qui demande que ces déboutés fassent l’objet d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) « systématiquement » et « dès que possible » après le rejet définitif de leur demande.

Le texte annonce ainsi la généralisation d’une procédure pour que les préfectures « soient informées en temps réel, à chaque fois qu’une décision prise sur une demande d’asile est devenue effective ».

Les préfets sont appelés à un « suivi hebdomadaire du taux de déboutés hébergés » dans le dispositif d’asile, sur la base de listes transmises, site par site, par l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) pour qu’ils puissent « prendre toutes les mesures utiles en vue de l’éloignement effectif ».

« Vous pourrez notamment chercher à mettre en œuvre de manière concomitante la procédure permettant l’expulsion de l’hébergement […] et la procédure d’éloignement », ajoute le texte.

Il souhaite un respect strict du règlement de Dublin

Autre priorité, les « dublinés », ces étrangers déjà enregistrés dans un autre pays européen qui est censément compétent pour traiter leur dossier aux termes du règlement Dublin -- ils représentent, selon le texte, « 52 % des demandeurs d’asile » en France.

Leur transfert « constitue un axe essentiel », estime le texte, qui appelle à « un accroissement des transferts effectifs », dont les taux plafonnent à 10 % environ.

Dans ce contexte les étrangers relevant d’un autre État européen doivent être assignés à résidence « dès la présentation au guichet unique », ajoute le texte, qui appelle à mobiliser les dispositifs d’hébergement dédiés tels que le Prahda (Programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile).

La circulaire demande aussi d'« accentuer » le développement des « retours volontaires aidés »et précise que « toutes les régions métropolitaines devront être dotées d’un ou plusieurs dispositifs de préparation au retour ».

Prônant un placement en rétention « à chaque fois que les conditions […] seront remplies », la circulaire appelle notamment à « avoir davantage recours au placement en local de rétention administrative ».

Le ministre appelle enfin à accentuer la lutte contre les filières d’immigration irrégulière et contre la fraude documentaire.

La circulaire appelle enfin à accentuer la lutte contre les filières d’immigration irrégulière la fraude documentaire.

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 05:24
Après Morlaix-Communauté, Morlaix, Plourin-les-Morlaix, Guimaëc, Carhaix, les conseils municipaux de Plouigneau et de Douarnenez votent des voeux pour que la France s'engage fermement pour la libération de Salah Hamouri
Réuni hier soir, le conseil municipal de Douarnenez a voté à l'unanimité un voeu pour la libération de Salah Hamouri, nous informe notre correspondant, Jean-Louis Griveau (Ensemble- Front de Gauche).
 
Par ailleurs, notre camarade de la section PCF de Morlaix, Roger Héré, conseiller municipal d'opposition à Plouigneau, a également présenté un voeu pour la libération de Salah Hamouri (le même qui a été présenté à Morlaix-Communauté, Morlaix, Guimaëc, Plourin-les-Morlaix) et il a été adopté, malgré l'abstention du 1er adjoint, Bernard Le Vaillant, par 11 voix pour (6 voix de l'opposition et 5 de la majorité, dont Mme le Maire et ses adjoints) et 11 abstentions. 
 
Roger Héré a également abordé au Conseil Municipal de Plouigneau ce jeudi 7 décembre la question des compteurs Linky, indiquant que même si la commune avait délégué la gestion de l'électricité au SDEF, il lui revenait de répondre aux questionnements et aux inquiétudes des usagers. Il a indiqué que plusieurs municipalités s'étaient déjà prononcées contre l'installation des compteurs Linky et a demandé que la commune puisse répondre aux interrogations des habitants par l'information de tous et l'ouverture d'un débat à l'échelle de la commune. 
 
Le Conseil Municipal de Plouigneau a également voté à l'unanimité un voeu lu par Mme Le Maire pour le maintien de la cardiologie à l'hôpital de Morlaix et le maintien de l'intégralité des services au Centre Hospitalier du Pays de Morlaix.       

VOEU POUR LA LIBÉRATION DE L’AVOCAT FRANCO-PALESTINIEN SALAH HAMOURI

Adopté à Plouigneau par le Conseil Municipal du 7 décembre 2017 

Considérant que :

-Salah Hamouri, 32 ans, a été arrêté à son domicile de Jérusalem-Est le 23 août par l’armée d’occupation Israélienne (comme souvent, les autorités militaires ne donnent aucun motif à cette arrestation) .

-C’est une décision militaire (les territoires palestiniens occupés sont toujours placés sous la coupe d’un gouverneur) qui l'a condamné à six mois de détention administrative.

-Le seul reproche qui lui est fait est de résister à l’occupation et à la colonisation.

-Ce franco palestinien, avocat spécialisé dans la défense des Droits de l'Homme, militant de l'organisation de défense des prisonniers et des droits de l'Homme Addameer, a déjà perdu 7 ans de sa vie de 2005 à 2011 en détention dans les prisons israéliennes suite à des accusations non fondées.

-Salah Hamouri vit à Jérusalem, le gouvernement israélien lui interdit de se rendre en Cisjordanie, et ce gouvernement interdit aussi à sa femme et à leur jeune enfant (qui sont en France) de le rejoindre en Palestine occupée.

L'acharnement contre Monsieur Salah Hamouri, qui vise à travers lui la lutte légitime du peuple palestinien pour le respect de ses droits et sa liberté, pour le respect des décisions de l'ONU n'a que trop duré. Aujourd'hui, face à un tel arbitraire, notre compatriote ne peut compter que sur les autorités françaises pour retrouver la liberté.

De nombreuses personnalités réclament la libération de Salah Hamouri : l'historien israélien Michel Warschawski, Pierre Joxe, ancien ministre, Christiane Hessel, la veuve de Stephane Hessel, Jean Ziegler, Rony Brauman, Richard Falk, Michel Tubiana, président d'honneur de la LDH.

De nombreux conseils municipaux, communautaires, départementaux, ont déjà adopté des vœux pour la libération de Salah Hamouri et dans notre territoire, un collectif « Liberté pour Salah Hamouri » s'est monté pour réclamer cette libération comptant 17 groupes (associations de solidarité, syndicats, organisations politiques).

Le Conseil Municipal de Plouigneau demande au Président Emmanuel Macron et au gouvernement français d’agir avec conviction pour protéger et obtenir la libération de notre concitoyen.


 

 

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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 06:33
Jérusalem, porte de Damas

Jérusalem, porte de Damas

Un coup de force et une alliance inédite entre USA, Israël et Arabie saoudite
 PAR 

La reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël est vécue comme une provocation en Europe et dans le monde arabe. Mais elle s’articule à un plan de paix que Washington tente d’imposer aux Palestiniens avec l’aide de l’Arabie saoudite et d’Israël.

L’annonce par Donald Trump de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël est une fusée à deux étages. Et il n'est pas exclu qu'elle explose en vol. Premier étage: «Il est temps de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël, a déclaré Donald Trump, mercredi. Nous reconnaissons l'évidence, la simple réalité. Jérusalem n'est pas seulement la ville des trois religions, elle est la capitale d'une des plus grandes démocraties au monde». Dans la foulée, le président américain a confirmé le déménagement rapide de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.

 

Cette reconnaissance affirmée par le président ne fait pas que rompre avec soixante-dix ans de politique américaine. Elle ne fait pas que provoquer un concert de protestions en Palestine d'abord, dans le monde arabe et chez les Européens ensuite, indignant le pape et bouleversant la donne à partir de laquelle tentait de se reconstruire péniblement un processus de paix à l'arrêt depuis des années. Dans la même déclaration, Donald Trump a nommé l'autre étage de la fusée: un accord de paix israélo-palestinien qu'il se dit«déterminé à obtenir», réaffirmant au passage la position américaine d'un solution «à deux Etats».

Cette annonce de Donald Trump sur Jérusalem est censée s'articuler avec ce « deuxième étage », celui de la construction sous égide américaine d'un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. C'est le fameux « Big deal », tant de fois évoqué par Trump qui rêve de réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. C'est aussi ce qu'a tenté de rappeler, mercredi lors d'une réunion de l'Otan à Bruxelles, Rex Tillerson, le secrétaire d'État américain. Pour répondre aux nombreuses critiques de ses partenaires européens, Tillerson a voulu assurer que la paix était toujours possible et que le « président est très déterminé » à obtenir un accord.

Mais comment envisager un accord après cette reconnaissance de Jérusalem qui est vécue comme une provocation par la plupart des acteurs impliqués de près ou de loin dans le conflit israélo-palestinien ?  Donald Trump, une fois de plus, n'en fait-il qu'à sa tête, détruisant au passage le travail de son administration et de ses émissaires ? Ou, au contraire, veut-il faire de Jérusalem le levier qui lui permettra d'imposer aux Palestiniens son « Big deal » ?

Depuis quelques mois, une configuration inédite se met en place au Moyen-Orient. Hier ennemis mortels, voilà que l’Arabie saoudite et Israël unissent aujourd’hui leur influence à celle des États-Unis pour convaincre – ou plutôt pour contraindre – les dirigeants palestiniens d’accepter un nouveau plan de paix. Quel est donc ce plan ?

Dans la soirée du 6 novembre, alors qu’il se trouvait au Caire où se poursuivaient les difficiles négociations de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, le président palestinien Mahmoud Abbas a été invité à se rendre à Riyad. Abbas s’est entretenu avec le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), dont l’ambition aventureuse et la poigne réformatrice – mais bien peu démocratique – sont en train de bouleverser les rapports de force dans la région.

Mahmoud Abbas n’a pas fait de compte-rendu public de ses conversations avec « MBS ». Mais en recoupant les confidences des cinq membres de sa délégation et les informations réunies ensuite par des diplomates, voici les grandes lignes du « plan de paix » avancé par le prince héritier et rejeté, après une discussion beaucoup plus longue que prévu, par Mahmoud Abbas. 

Que propose-t-il ? Un État palestinien composé de plusieurs fragments de la Cisjordanie, sans continuité territoriale, et une souveraineté limitée des Palestiniens sur leur propre territoire. La majorité des colonies actuelles de Cisjordanie restent en place, sous contrôle israélien. Jérusalem devient la capitale d’Israël mais pas celle de l’État palestinien éparpillé, qui pourrait être installée à Abou Dis, une agglomération de l’est de Jérusalem, mais isolée de la ville par le mur de séparation. Autre disposition du plan : aucun droit au retour, même symbolique, ne sera reconnu aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants.

Ce plan n’a plus rien à voir avec « l’Initiative de paix arabe » de mars 2002, présentée par l’Arabie saoudite, qui offrait une normalisation des relations entre Israël et ses voisins arabes en échange d’un retrait total d’Israël des territoires occupés en 1967. Il est même plus désavantageux pour les Palestiniens que toutes les propositions mises en discussion par Israël depuis deux décennies ! « Jamais les Américains n’étaient allés aussi loin, dans le déséquilibre en faveur d’Israël, dit un proche du président palestinien. Et l’extraordinaire est qu’ils avancent un tel plan avec l’aval et la collaboration active de l’Arabie saoudite. »

Ce projet d'accord a été préparé en secret depuis des mois par deux des plus proches conseillers de Donald Trump : son gendre Jared Kushner et son émissaire pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt. Les deux hommes sont personnellement impliqués dans la politique israélienne de colonisation et liés à la droite nationaliste israélienne. Un tel plan piétine les principales résolutions des Nations unies sur la question israélo-palestinienne. Il est clairement inacceptable pour Mahmoud Abbas.

Pour tenter d’assouplir la position de son interlocuteur, Mohammed ben Salmane a presque tout tenté, maniant la carotte et le bâton. D’abord en proposant de financer un soutien massif à l’économie de cette Palestine « indépendante ». Puis en menaçant de cesser toute aide financière à l’Autorité palestinienne, depuis longtemps sous perfusion internationale. Enfin, en laissant filtrer la rumeur selon laquelle Mohammed Dahlan, l’ennemi no 1 d’Abbas à qui il rêve de succéder, avait quitté son exil doré des Émirats arabes unis, où il vit depuis 2011, pour se rendre à Riyad en même temps que Mahmoud Abbas. Comme si le jeune prince saoudien voulait faire comprendre au vieux président palestinien que la relève est prête au cas où il se montrerait trop obstiné.

Devant le trouble d’une partie du monde arabe face à ces propositions qui paraissent dictées par Israël, Riyad a commencé à reculer en désordre, expliquant que le royaume que ce n’est pas son plan. C’est donc de Washington que sont venues les nouvelles pressions sur Abbas. Dans un premier temps, l’administration américaine annonce, le 18 novembre, qu’elle a décidé de ne pas renouveler l’autorisation, renouvelable tous les six mois, donnée à l’OLP dans les années 1980, d’avoir une représentation à Washington.

Officiellement, il s’agit de dissuader les Palestiniens de demander à la Cour pénale internationale (CPI) – que les États-Unis comme Israël ne reconnaissent pas – l’ouverture d’une enquête sur l’implication des responsables israéliens dans la colonisation, contraire au droit international. Au bout d’une semaine, après que les Palestiniens ont annoncé qu’ils suspendraient toutes leurs communications avec l’administration américaine, celle-ci fait volte-face et annonce que le bureau de l’OLP restera ouvert.

La deuxième tentative de pression diplomatique publique a eu lieu la semaine dernière, lorsque Donald Trump a annoncé qu’il envisageait, comme il l’avait promis pendant sa campagne électorale, de transférer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Ce transfert confirmé ce mercredi est maintenant présenté comme la conséquence logique de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Le destin de Jérusalem, qui constituait dans le plan de partage de 1947 un « corpus separatum » sous régime international spécial, à côté des États juif et arabe à venir, devait être débattu lors des négociations sur le statut permanent prévues par les accords d’Oslo et qui n’ont jamais eu lieu. La reconnaissance américaine de la ville comme capitale israélienne est une approbation de l’annexion unilatérale de la ville, proclamée officiellement en 1980, à l’initiative de Menahem Begin, « capitale réunifiée de l’État d’Israël ». En violation, toujours impunie, du droit international.

La peur de l’Iran, clé du rapprochement saoudo-israélien

Pourquoi cette soudaine alliance de fait entre l’Arabie saoudite et Israël pour un plan de paix américain? Pourquoi ces concessions sans précédent des États-Unis à Israël ? La clé est dans l’inédite convergence saoudo-israélo-américaine contre l’Iran. Pour le gouvernement israélien, l’Iran, on le sait, est un ennemi mortel, une « menace existentielle ». C’est ce que répétait le premier ministre israélien en invoquant le risque de production par Téhéran d’une bombe atomique.

La signature, en juillet 2015, entre Téhéran et les « 5 + 1 », de l’accord historique sur la démilitarisation du nucléaire iranien, n’a pas rassuré Netanyahou. Il n’a cessé de dénoncer la duplicité de l’Iran et la naïveté des autres signataires. Et cela, malgré le respect scrupuleux, jusqu’alors, par Téhéran des dispositions de contrôle imposées par l’accord. Il faut ajouter à cette panique nucléaire, réelle ou feinte, l’aide en argent et en armes fournie par Téhéran au Hamas, le soutien iranien direct au Hezbollah dont les nouveaux missiles pourraient, depuis le Sud-Liban, frapper Tel-Aviv, et surtout le rôle décisif joué en Syrie, aux côtés des Russes, par l’Iran et ses milices.

La décision iranienne d’aménager au moins deux bases militaires permanentes en Syrie, au sud de Damas, donc proches de la frontière nord d’Israël, est considérée par Tsahal comme une ligne rouge. L’une des deux au moins a déjà été frappée par les avions israéliens.

Netanyahou et ses conseillers ont cherché et trouvé un allié régional contre Téhéran : l'Arabie saoudite. Qu’importe s’il s’agit d’une monarchie absolue gouvernée par la charia, qui a financé l’expansion de l’islam intégriste depuis des décennies. Ou si c’est le pays qui a vu naître Oussama Ben Laden et 15 des 19 pirates de l’air kamikazes du 11 septembre 2001.

Il se trouve que cette aversion historique d’Israël pour l'Iran a rencontré, du côté saoudien, la prétention farouche de Mohammed ben Salmane de conserver au royaume wahhabite l’autorité régionale que Téhéran paraissait menacer. Avant même sa désignation comme prince héritier, en juin dernier, « MBS » avait montré sa volonté de contrer les ambitions régionales prêtées à l’Iran en prenant la tête, en mars 2015, comme ministre de la défense du royaume, d’une coalition arabe sunnite contre la rébellion houthiste du Yémen, inspirée par un mouvement religieux proche du chiisme, et accusée d’être soutenue par Téhéran.

C’est toujours avec pour objectif de faire barrage à l’influence iranienne que Riyad, suivi par une coalition d’alliés et d’obligés sunnites, a décidé en juin dernier de placer en quarantaine le Qatar, pourtant irréprochablement wahhabite, mais bien disposé à l’égard des Frères musulmans, et surtout accusé d’entretenir des relations trop proches avec son voisin iranien, partenaire de Doha dans l’exploitation d’un énorme gisement de gaz sous les eaux du golfe Arabo-Persique.

La volonté, de la part d’un prince wahhabite, de contenir l’influence du chiisme de la République islamique n’explique pourtant pas seule l’offensive diplomatique massive de Riyad contre Téhéran.

L’influence majeure de l’Iran en Irak, où la majorité chiite est au pouvoir depuis la chute du régime de Saddam Hussein, le rôle décisif des combattants iraniens et de leurs milices dans le rétablissement militaire de Bachar al-Assad, indiquent, aux yeux des Saoudiens, qu’une nouvelle donne stratégique régionale est en train de se mettre en place : un couloir chiite existe désormais, depuis Téhéran jusqu’au Liban, en passant par Bagdad et Damas, au cœur du monde sunnite. Et la signature par Téhéran de l’accord nucléaire international, qui semblait sceller le retour de l’Iran dans le concert des nations respectables, n’est pas jugée plus rassurante tant par les Saoudiens que par les Israéliens. Pour des raisons différentes.

À Riyad, on a surtout calculé que la levée des sanctions contre l’Iran allait permettre à la République islamique de récupérer près de 135 milliards d’euros d’avoirs bloqués à l’étranger. Un pactole qui pourrait, selon les dirigeants saoudiens, être affecté au soutien des milices chiites et au développement des capacités militaires de Bagdad. Ainsi s’explique largement l’ouverture diplomatique désormais publique de l’Arabie saoudite en direction d’Israël. Initiative symbolisée par l’interview, il y a trois semaines, du général Gadi Eizenkot, chef d’état-major de l’armée israélienne, au site d’information saoudien Elaph. Interview dans laquelle il a rappelé que les deux pays ne s’étaient« jamais combattus » et où il s’est déclaré prêt à partager des « informations » avec l’Arabie saoudite pour freiner l’influence iranienne dans la région.

De telles dispositions de part et d’autre ne pouvaient qu’enchanter la Maison Blanche. D’abord parce que les« administrations américaines, quelles qu’elles soient, n’ont jamais pu se débarrasser du traumatisme créé par l’interminable crise des otages retenus dans l’ambassade américaine de Téhéran de 1979 à 1981 », comme l’explique Philip Golub, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris. Voir les deux meilleurs alliés des États-Unis au Proche-Orient se rapprocher pour affronter à leur côté le « grand Satan » iranien est un changement de donne providentiel.

 

Jared Kushner a noué des relations amicales avec le jeune prince héritier saoudien, de quatre ans son cadet. Il entend faire progresser l’accord israélo-palestinien annoncé par son beau-père, et préparé par ses soins, sans nuire aux intérêts de ses interlocuteurs israéliens : pour cela, bénéficier de l’appui saoudien pour vaincre les résistances palestiniennes est une carte maîtresse. Mais le « risque Trump » demeure : l'initiative de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne peut détruire cette soudaine union Arabie saoudite-Israël et ressouder le monde arabe. Sauf à ce que le statut de Jérusalem ainsi bouleversé devienne un élément de négociations pour faire plier les Palestiniens. Réponse dans les prochaines semaines.

 

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