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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:41
Tunisie. Sept ans après la révolution, toujours une soif de justice sociale (Rosa Moussaoui, L'Humanité, 10 janvier 2018)
Tunisie. Sept ans après la révolution, toujours une soif inextinguible de justice sociale
ROSA MOUSSAOUI
MERCREDI, 10 JANVIER, 2018
L'HUMANITE
 

Une vague de protestations secoue le pays, après l’entrée en vigueur de nouvelles mesures d’austérité. Dans la nuit de lundi à mardi, un homme est mort à Tebourba au cours d’affrontements avec la police. Le chômage reste une bombe sociale.

Drôle de commémoration. La Tunisie s’apprête à célébrer, ce 14 janvier, dans un climat de fortes turbulences sociales, le septième anniversaire de la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Dans cette fragile transition démocratique, une question reste entière, lancinante, impossible à refouler : celle de la justice sociale, qui irriguait déjà le soulèvement populaire de 2011. Dans la nuit de lundi à mardi, un homme de 43 ans est mort à Tebourba, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Tunis, dans des affrontements qui opposaient la police aux manifestants protestant contre le budget 2018, marqué du sceau de l’austérité. Une autopsie devait être réalisée hier mais le ministère de l’Intérieur a aussitôt démenti toute implication de la police, assurant que le défunt souffrait de « problèmes respiratoires ».

Depuis plusieurs jours, une vague de protestations secoue le pays. La mèche a été allumée par la hausse de la TVA et des contributions sociales entrée en vigueur au 1er janvier, alors que l’inflation et la chute du dinar grèvent déjà lourdement le pouvoir d’achat des Tunisiens. Mais c’est un malaise plus profond qui s’exprime, surtout dans les régions du Centre-ouest toujours marginalisées, plombées par le chômage massif des jeunes diplômés. La contestation se cristallise d’ailleurs dans les zones qui s’étaient soulevées les premières en 2011. Des affrontements ont éclaté à Feriana, Thala, Sbeïtla. À Sidi Bouzid, épicentre du soulèvement de 2011, les protestataires, au terme d’une marche pacifique, ont bloqué les routes en érigeant des barrages de pierres et de pneus. À Kasserine, des tirs de gaz lacrymogène répondaient aux incendies de pneus et aux jets de pierres. Tunis n’a pas été épargnée par les violences. Des heurts ont éclaté dans le quartier déshérité d’Ettadhamen, tandis que les jeunes militants du mouvement Fech Nestannew (Qu’est-ce qu’on attend ?), rassemblés sur l’avenue Habib-Bourguiba, aux abords du ministère de l’Intérieur, pour exiger l’annulation de l’augmentation des prix, ont été dispersés sans ménagement. Ils réclamaient la libération de leurs camarades interpellés, d’après eux, pour avoir distribué des tracts appelant à manifester et tracé des graffitis dénonçant les mesures d’austérité. À l’échelle du pays, plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées, onze policiers ont été blessés et plusieurs édifices publics ont été endommagés.

Le climat politique aussi se tend à l’approche des élections municipales du 6 mai

À la tête d’un chancelant « gouvernement d’union nationale », sous étroite surveillance du FMI qui attend les contreparties des 2,9 milliards de dollars de la troisième tranche de prêt débloquée l’an dernier, le premier ministre Youssef Chahed a eu des mots très durs contre les protestataires. « Nous n’avons pas vu des protestations mais des gens qui cassent, volent et agressent les Tunisiens, a-t-il accusé, hier, sur les ondes de Mosaïque FM. Nous disons aux casseurs et à ceux qui les incitent que, pour le gouvernement, la seule solution est d’appliquer la loi. Le gouvernement est prêt à écouter, mais chaque personne voulant manifester doit le faire de manière pacifique. »

Ce ton martial confirme que le climat politique aussi se tend à l’approche des échéances municipales du 6 mai, les premières depuis 2011, maintes fois repoussées. Un test décisif pour le parti présidentiel, Nidaa Tounes, accusé de complaisance avec les milieux affairistes et les anciens réseaux de l’ère Ben Ali. L’opposition, elle, maintient la pression contre un budget qui présente la facture de l’austérité aux classes moyennes et aux Tunisiens les plus modestes. « Nous resterons dans la rue et nous allons manifester encore plus fort jusqu’à ce que cette loi de finances injuste soit retirée », a prévenu hier le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami.

Le 17 décembre 2017, alors que Sidi Bouzid commémorait la mort de Mohamed Bouazizi, à l’origine, en 2011, de l’embrasement de la Tunisie, puis du monde arabe, toute une jeunesse laminée par l’exclusion sociale se faisait bruyamment entendre jusque dans les cérémonies officielles. Ses revendications tiennent en un mot : travail. « Pour nous, rien ne change, c’est toujours la souffrance, on ne nous écoute pas. C’est pire, même, avec la hausse du chômage. Sans argent, ni piston, nous n’avons aucune chance de décrocher un emploi. Le train de la vie est parti sans nous », résumait Insaf Aslam, une trentenaire reçue à un concours de la fonction publique mais privée d’affectation. Du côté des autorités, on insiste sur les (maigres) investissements promis aux régions marginalisées, sur les infrastructures qui doivent voir le jour, comme l’autoroute du Sud-Ouest. « Les gens de ces régions en ont assez des promesses jamais tenues de ce gouvernement qui refuse tout dialogue direct avec la jeunesse, remarquait Noureddine Tabboubi, le secrétaire général de la centrale syndicale UGTT. Les ministres défilent, promettent, repartent et jamais rien n’est réalisé. La colère, ici, est attisée par sept ans de promesses non tenues. » Faute d’alternative au mirage libéral des années Ben Ali, la démocratie restera un vain mot pour les chômeurs diplômés de Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa.

Journaliste à la rubrique Monde
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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:32
Tableau peint sur journal de Zehra Dogan, journaliste turque d'origine kurde féministe de 28 ans emprisonnée pour un dessin dénonçant une démolition de village kurde par l'armée d'Erdogan, en prison et condamnée à 2 ans et 9 mois de prison

Tableau peint sur journal de Zehra Dogan, journaliste turque d'origine kurde féministe de 28 ans emprisonnée pour un dessin dénonçant une démolition de village kurde par l'armée d'Erdogan, en prison et condamnée à 2 ans et 9 mois de prison

SNJ-CGT, SNJ,CFDT Journalistes
 

Erdogan : la montagne de promesses a accouché d’une souris
 

La visite à Paris du chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan a-t-elle permis d’avancer sur la question sensible des droits de l’Homme et de la liberté d'expression afin d'endiguer la répression tous azimuts dans ce pays depuis le coup d’Etat manqué de juillet 2016 ?
La montagne semble avoir accouché d’une souris. Car même si le président français Emmanuel Macron affirme avoir remis une liste de détenus victimes de l’autocratie,
les réponses du président turc et l’agression verbale contre un journaliste lors de la conférence de presse laissent peu d’espoir.
Les portes des geôles turques risquent de rester fermées notamment pour nos 150 confrères turcs et kurdes emprisonnés, faisant de la Turquie la plus grande prison
de journalistes au monde. La libération de tous les détenus d’opinion ne surviendra pas rapidement sans des pressions fortes de la France et de l’Europe.
Mais pour l’heure, le séjour à Paris de M. Erdogan aura servi avant tout à signer un contrat d’études dans la défense aérienne et antimissile impliquant le consortium franco-italien Eurosam.
Les syndicats français de journalistes et de nombreuses associations de défense des droits de l'Homme avaient à juste titre qualifié cette visite de véritable provocation. Audelà
des journalistes embastillés, nous n'oublions pas les 55 000 enseignants, syndicalistes, chercheurs, juges, etc. arrêtés depuis juillet 2016 et les 140 000 salariés limogés en Turquie. Mais aussi la répression féroce au Kurdistan et l'arrestation des députés et édiles kurdes.
Nous maintenons nos exigences :
- la libération des journalistes emprisonnés ;
- la réouverture des médias fermés par le pouvoir ;
- le retour au pluralisme ;
- le retour à la liberté d'expression ;
- la réintégration de tous les bannis d’Erdogan.
Nous demandons à la FIJ d’interpeller le Conseil de l’Europe pour que la Turquie soit suspendue de l’Assemblée parlementaire de cette organisation tant qu'Istanbul violera la Convention européenne des droits de l’Homme.
Paris, le 10 janvier 2018

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:26
Migrants disparus en mer: les politiques de l'UE et des Etats membres sont responsables (PCF, 10 janvier 2018)

Migrants disparus en mer : Les politiques de l'UE et des États membres sont responsables (PCF)

Une fois encore, la Méditerranée s'est transformée en cimetière.
Ces derniers jours, ce sont plus d'une centaine d'hommes et de femmes migrants qui ont péri en mer ou sont disparus dans le naufrage de leur embarcation.
Une fois encore, ce sont les politiques de l'Union européenne et des États membres qui sont responsables de ces drames.
Car la solution est connue : la mise en place de voies de passage sécurisées pour permettre à ces exclus de rejoindre l'Europe et de fuir l'enfer libyen.

Pierre Laurent, en visite hier au Centre d'accueil d'urgence Porte de la Chapelle, a eu l'occasion de rappeler l'inhumanité de cette politique. En présence de Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs solidarité et de Paul Duprez, son président, il a souligné le rôle remarquable de ce centre. Il a rappelé l'exigence du retrait de la circulaire du 12 décembre (condamnée par toutes les associations) autorisant l'inspection dans les centres d'accueil des migrants et de leur situation administrative.
Pierre Laurent a également condamné les mesures annoncées de la prochaine loi migratoire par Emmanuel Macron, qu'il a qualifié de « particulièrement dure » qui place en priorité une politique d'exclusion massive et de dissuasion migratoire.

Parti communiste français,
Paris, le 10 janvier 2018.

Migrants disparus en mer: les politiques de l'UE et des Etats membres sont responsables (PCF, 10 janvier 2018)
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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 20:10
Bac, brevet, maternelle: Blanquer joue au chamboule-tout
 PAR 

Le ministre de l’éducation nationale avait promis, à son arrivée, qu’il ne bouleverserait pas toute l’organisation du système scolaire. Pourtant, il multiplie les annonces et les missions, et s’attelle à plusieurs chantiers. Passage en revue.

 

Cet été, Jean-Michel Blanquer se défendait de vouloir tout bouleverser à l’école. « Je ne veux pas opérer de destruction. Je ne ferai pas de loi, je ne vais pas bouleverser les programmes, ni lancer de refondation », expliquait à Mediapart le ministre de l’éducation nationale. Huit mois après sa nomination rue de Grenelle, force est de constater qu’il a ouvert de nouveaux chantiers tous azimuts. L’examen du brevet, qui n’a qu’un an, a déjà changé de visage : retouché pour laisser moins de place au contrôle continu, comme le détaille le bulletin officiel du 4 janvier, le brevet des collèges 2018 sera désormais noté sur 800, contre 700 pour la version 2017. Les épreuves de l’examen final compteront pour 400 points (au lieu de 300), et les compétences du socle commun seront évaluées en contrôle continu pour 400 points également. Une manière pour le ministre de rééquilibrer le barème entre examen final et contrôle continu, et d’éviter que les bons élèves ne soient assurés d’avoir suffisamment de points et de décrocher l'examen avant même le début des épreuves finales.

Le baccalauréat – dont la nouvelle mouture doit être prête pour la session 2021 – va bénéficier d’un sérieux lifting. La mission a échu à l’universitaire Pierre Mathiot. Après un mois de consultation de différents membres de la communauté éducative, qui s’est achevé mi-décembre, celui-ci doit rendre son rapport à la fin janvier.

 

Ce n’est pas fini. En février, encore, le ministre va se lancer dans la vaste entreprise de réforme de la voie professionnelle, afin de la rendre plus attractive.

Les plus petits ne sont pas oubliés puisque le ministre vient d’annoncer, dans un entretien accordé à Ouest France le 6 janvier, la tenue en mars d’assises pour l’école maternelle, sous le patronage du neuropsychiatre Boris Cyrulnik. L’idée phare de ces assises étant d’améliorer l’acquisition du langage chez les enfants avant la scolarisation obligatoire à 6 ans, dans le but de « repenser l'école maternelle » pour en faire « l'école de l'épanouissement et du langage ». Le ministre entend corriger par ce truchement, dit-il dans cet entretien, « la première des inégalités qui se traduit par la quantité de vocabulaire maîtrisé à l’entrée en maternelle ». Il espère donc faire de l’école « un bain de langage » et une « locomotive pédagogique » pour l’ensemble du système scolaire. La maternelle est en effet considérée comme un point fort du système éducatif français. Dans son livre L’École de demain (éditions Odile Jacob), ouvrage programmatique paru à l’automne 2016, Blanquer rappelait déjà l’importance « décisive » pour l’apprentissage de la période comprise entre la naissance et l’âge de 7 ans.

De son côté, le psychiatre Boris Cyrulnik considère qu’il faut miser sur la « plasticité du cerveau » qui permet par exemple à un enfant « d’apprendre n’importe quelle langue ». Il explique encore que les enfants à cet âge-là « ne s’attachent pas forcément à celui qui a le plus de diplômes mais à celui qui établit les meilleures interactions avec lui ». Des propos qui font écho à ceux tenus en son temps par Xavier Darcos en 2008. Le ministre de l’époque avait provoqué un tollé en expliquant qu’il fallait s’interroger sur la nécessité de « généraliser la scolarisation des enfants de 2 à 3 ans et est-ce qu'il nous faut des professeurs recrutés à bac + 5 pour s'occuper des enfants de 2 et 3 ans ? ».

Jean-Michel Blanquer rappelle fréquemment que ses deux boussoles sont la recherche et les comparaisons internationales. L’idée de travailler sur l’école maternelle a été explorée par les chercheurs en sciences de l’éducation.

L’OCDE, à l’origine du classement PISA, a publié en juin 2017, une étude d’ampleur (à lire ici), intitulée Petite enfance, grands défis 2017. On y explique que l’accueil des tout-petits est crucial car il favorise le développement de compétences « déterminantes pour réussir dans la vie », le tout appuyé par les neurosciences. Pas étonnant que le ministre s’intéresse donc à cette question.

Scolariser les enfants très tôt, notamment chez les enfants défavorisés, apporte de bons résultats même si certains mettent en garde contre le risque d’une « primarisation de l’école maternelle trop précoce », comme ici dans cette étude de la Direction de l’évaluation et de la prospective du ministère de l’éducation nationale de 2013.

En 2016, le Conseil national de l’évaluation du système scolaire (Cnesco) publiait unenote sur la question : « En résumé, la recherche française suggère qu'une plus longue éducation en école maternelle a un impact positif sur les résultats éducatifs ; il y a aussi l'évidence qu'une école maternelle généralisée a des effets positifs sur les enfants issus de classes sociales défavorisées sans affecter les enfants issus de classes favorisées, ce qui implique que la maternelle peut être un outil de réduction des inégalités. »

La note comparative pose aussi la question de la scolarisation dès 2 ans (11,8 % des enfants de 2 ans sont scolarisés), qui pourrait permettre d’augmenter la réussite des enfants issus des milieux défavorisés. Une idée poussée par l’un des prédécesseurs de Jean-Michel Blanquer, Vincent Peillon. Jean-Michel Blanquer et Boris Cyrulnik ne l’évoquent pas encore.

Tous deux insistent plutôt sur la nécessité de « sécuriser » les enfants, d’améliorer la formation des enseignants et des intervenants en maternelle, notamment les ATSEM (agents territoriaux spécialisés). « Il s’agira de revoir les formations initiales et continues, peut-être d’aller jusqu’à des formes de certification », indique le ministre. Encore faut-il que les municipalités jouent le jeu et allouent suffisamment de moyens pour leur permettre d’être présents dans toutes les écoles, en nombre suffisant si possible. Sans compter que le ministre et son nouveau chargé de mission ne parlent pas de la question des effectifs, 26 enfants en moyenne. Alors même qu’il en parlait dans son livre. Il y dessinait un « scénario optimal » et considérait qu’il faudrait agir sur la taille des classes et les diviser par deux en éducation prioritaire, les REP et REP +. Un investissement de 120 millions d’euros annuels, calculait Jean-Michel Blanquer, serait nécessaire pour modifier le taux d’encadrement.

Le ministre estime dans cet entretien qu’il convient aussi d’agir sur le cadre de travail des enfants : il évoque ainsi la nécessité d’améliorer les salles de classe, la cantine ou les toilettes (lire ici le rapport du Cnesco consacré au cadre de vie des élèves). Autant de compétences qui ne lui sont pas dévolues, mais incombent aux collectivités locales…

Le choix du neuropsychiatre pour piloter cette mission confirme encore un peu plus l’appétence forte que nourrit le ministre envers les neurosciences. Il doit d’ailleurs installer, ce mercredi 10 janvier, le conseil scientifique annoncé fin novembre 2017. Celui-ci, doté « d’un pouvoir consultatif et composé d’une vingtaine de personnalités reconnues travaillant dans différentes disciplines scientifiques », selon le communiqué du ministère de l’éducation nationale, « pourra être saisi sur tous les sujets afin d'apporter des éclairages pertinents en matière d'éducation ». Il est chapeauté par Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire en psychologie cognitive expérimentale, auquel se réfère abondamment Jean-Michel Blanquer.

Ce dernier est persuadé que les sciences peuvent apporter des réponses aux problèmes de l’école. Dans son livre, il écrivait ceci : « Les neurosciences permettent de mieux comprendre les étapes du développement cognitif sans être un nouveau dogme commandant de tout saisir et tout déterminer. » Ses détracteurs pointent la vision« mécaniste » de Jean-Michel Blanquer, son peu d’intérêt pour la sociologie. Le philosophe Denis Forest expliquait à Mediapart les biais de ce recours aveugle à la science. Ces recherches ne peuvent être considérées comme des « vérités absolues venues d’en haut », avertissait-il. « La preuve, pendant longtemps on a dit que l’autisme était la faute des mères. On sait que c’est parfaitement faux. On ne peut donc pas demander à la science de dicter une politique éducative », conclut-il.

À l'autre extrémité du spectre de la scolarité, le ministre veut s'occuper des élèves les plus âgés et du rite de passage que constitue le baccalauréat. L’échéance est lointaine, mais l'examen à la sauce Blanquer devrait être opérationnel pour la session 2021 (lire notre article sur le sujet). Difficile pourtant de toucher si facilement à un monument national vieux de deux cents ans. D’où l’attention extrême donnée à la consultation. La commission menée par l’universitaire Pierre Mathiot s’est achevée le 13 décembre. Il est quasiment acté que le baccalauréat sera évalué sur quatre épreuves nationales passées en Terminale. Les épreuves anticipées de français en Première ne bougeraient pas pour leur part. Selon Les Échos, « les élèves suivraient des enseignements de tronc commun, en se spécialisant progressivement grâce au choix de deux disciplines constituant la “majeure” et de deux ou trois “mineures”. Ils pourraient suivre la même discipline en majeure et en mineure, sous forme d'un enseignement renforcé ». Au printemps de l'année de Terminale, les futurs bacheliers passeront des épreuves finales portant sur les deux majeures choisies par les élèves dans des couples de disciplines donnés, pour lesquels ils se seront prononcés dès la fin de Seconde. Tous les élèves au-delà des majeures conserveront la philosophie en épreuve terminale.

Les autres disciplines seront évaluées, bien entendu, mais sous la forme de contrôle continu. Difficile de savoir comment, mais cela pourrait se faire via des partiels mis en place dans chaque établissement. Voilà pour les grandes lignes.

 

Le Snes-Fsu, syndicat majoritaire du secondaire, a pointé le risque d’un bac à plusieurs vitesses. D’autant que les séries – L, S, ES – pourraient disparaître. Un grand oral, sur le modèle italien, portant sur un sujet choisi par l’élève, serait à l’étude. Le Snes-Fsu explique dans un article qu’il serait possiblement évalué par un jury de« trois personnes dont un non-enseignant ».

L’autre rumeur concernant le futur examen est rapportépar Le Figaro. Le quotidien explique que la commission Mathiot envisagerait de supprimer les épreuves orales de rattrapage, ce « second groupe d’épreuves », selon la terminologie officielle, accessible aux élèves de Terminale qui ont récolté une moyenne comprise entre 8 et 10 sur 20. Ces élèves sur le fil devaient choisir deux matières parmi les épreuves obligatoires du bac. Avec le nouveau bac, ce « deuxième groupe d’épreuves du bac, qui mobilise des dizaines de milliers d’enseignants en juillet ainsi que des centaines d’établissements scolaires, pourrait être remplacé par un examen attentif du livret scolaire de ces élèves tangents ». Certains syndicalistes ne sont pas opposés à cette suppression, explique Le Figaro, car ils jugent le dispositif peu satisfaisant et chronophage pour les professeurs.

Claire Guéville, responsable de la question du lycée au Snes-Fsu, juge qu’à l’aune des différentes informations recueillies à l’issue de la consultation de la mission baccalauréat, plusieurs points suscitent interrogations et inquiétudes. « Un bac qui piloterait tous les enseignement au lycée, ce n’est pas acceptable. C’est réducteur. Sans compter qu’on ne sait pas ce qu’il advient des lycées de la voie technologique. » Elle craint par ailleurs que l’évaluation par le biais d’un grand oral ne pénalise les élèves les plus défavorisés, ne serait-ce que parce qu’ils ont engrangé moins de savoirs extrascolaires que leurs camarades mieux lotis. Plus généralement, la responsable syndicale pointe la difficulté à gérer « de manière pratique » cette réforme. Quels enseignants ? Quels choix d’enseignements pour quels élèves ? Tout en restant prudente, Claire Guéville considère que derrière « l’illusion de la liberté de choix se cache un système inégalitaire et pernicieux car il y aura un délit d’initiés. Les mieux informés choisiront les meilleures options ».

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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:39
Dans l'Huma d'aujourd'hui...  Un très bon article de Maurice Ulrich sur Céline et la polémique entourant la réédition par Gallimard de ses œuvres les plus lamentables du point de vue de l'antisémitisme et de l'abjection morale et politique, ce qui n'empêche pas de reconnaître l'intérêt proprement littéraire de certains romans autobiographiques.
Polémique. Céline, écrivain jusqu’à l’ignominie
MAURICE ULRICH
MARDI, 9 JANVIER, 2018
L'HUMANITÉ
Louis-Ferdinand Destouches, le vrai nom de Céline (1894-1961), dans le parc de sa demeure à Meudon (Hauts-de-Seine). Bernard Lipnitzki/Roger Viollet
 

Le choix des éditions Gallimard de publier les écrits antisémites de l’auteur du Voyage au bout de la nuit suscite de vives réactions. Retour sur un parcours littéraire.

Peut-on, comme les éditions ­Gallimard ont décidé de le faire, publier les pamphlets antisémites de Céline, soit Bagatelles pour un massacre (1937), l’École des cadavres (1938) et les Beaux Draps (1941) ? La question peut paraître oiseuse. Les trois textes, comme Mein Kampf, comme les Décombres, de Lucien Rebatet, texte absolument collaborationniste, sont à la portée de deux clics sur Internet. Le choix de Gallimard n’en est pas moins discuté. La prestigieuse maison d’édition se prévaut de l’autorisation que lui aurait donnée Lucette Destouches, âgée aujourd’hui de 105 ans, veuve de l’écrivain dont il faut rappeler qu’il avait lui-même voulu, après-guerre, que ces textes ne soient pas réédités, une précaution plus qu’un repentir. Certes, mais on imagine bien que Gallimard a vu là un coup éditorial.

Une levée de boucliers d’intellectuels

L’affaire a été considérée comme suffisamment sérieuse, suscitant d’ailleurs une levée de boucliers d’intellectuels comme de personnalités telles Serge Klarsfeld, pour qu’Antoine Gallimard, accompagné par l’écrivain Pierre Assouline qui devrait préfacer les trois volumes, ait été convoqué le 19 décembre dernier par le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Frédéric Potier. Il serait donc question aujourd’hui d’une publication avec « un appareil critique », offrant « toutes les garanties nécessaires » et à même « d’éclairer le contexte idéologique ». Gallimard, de son côté, en tenait pour une édition parue en 2012 au Québec (Éditions 8), sous le titre Écrits polémiques, avec l’éclairage d’un spécialiste de l’œuvre de Céline, Régis Tettamanzi, professeur à l’université de Nantes. Reste que la parution des textes, initialement prévue en mai, serait actuellement reportée à une date indéterminée.

À suivre donc. Mais qu’en est-il de ces pamphlets dans l’œuvre de Céline, saluée d’emblée par le prix Renaudot pour Voyage au bout de la nuit (1932), marquée par d’autres livres majeurs comme Mort à crédit, ou après-guerre par D’un château l’autre ? Un livre en immersion dans le milieu de la collaboration, réfugié à Sigmaringen, entre petites lâchetés et grandes abjections dont Céline lui-même est à la fois partie prenante et témoin. Aucune ambiguïté n’est possible. Les trois textes en question sont abjects. Leur antisémitisme, exprimé en termes ignobles, est tel qu’il est des lecteurs qui croiront à une farce, une caricature, avant de se rendre à l’évidence. En réalité, dans leur violence, ils font parfaitement écho à ce qu’écrit Hitler dans Mein Kampf. Du reste, Céline ne le cache pas : « Hitler, il ne ment pas comme les juifs (…), il me dit “le droit c’est la force” : voilà qui est net, je sais où je vais mettre les pieds (…). Moi je voudrais bien faire une alliance avec Hitler… » Il disait écrire « dans la formule du rêve éveillé », que semble conforter son recours systématique aux points de suspension, mais qui le créditait d’une forme d’inconscience ou de somnambulisme.

Après guerre, bien qu’emprisonné quelque temps, il échappera aux condamnations qui frapperont avec moins de clémence d’autres écrivains accusés de collaboration. Il se fabriquera son personnage d’ermite clochardisé dans sa maison de Meudon, entre ses chats et Lucette, comme s’il n’avait été qu’un témoin involontaire du bruit et de la fureur. On sait aujourd’hui qu’il n’en fut rien, mais qu’il fut un collaborateur actif, familier des dignitaires nazis, un dénonciateur et même un « agent » par conviction idéologique (1). Dans les années 1950, il apportera son appui aux thèses négationnistes.

Louis-Ferdinand Destouches, le vrai nom de Céline, est né en 1894, à Courbevoie. Après des études banales, il s’engage chez les cuirassiers. Il est blessé en 1914, devient surveillant de plantation en Afrique. Revenu en France, il fait des études de médecine, avec succès. Son expérience de la guerre, de l’Afrique, des États-Unis, va être la matière du Voyage. Il a adopté une langue crue, ­violente, critique de l’armée, de l’ordre établi, voire de l’oppression coloniale… L’écrivain Benjamin Crémieux, collaborateur de la NRF, qui mourra à Buchenwald, parlera d’un « roman communiste. (…) Écrit par moments en français argotique un peu exaspérant, mais en général avec beaucoup de verve. Serait à élaguer ». Pour Trotski, « Céline est un moraliste. À l’aide de procédés artistiques, il pollue pas à pas tout ce qui habituellement jouit de la plus haute considération ». On le voit comme un dynamiteur des valeurs bourgeoises.

Son engagement criminel aux côtés des nazis

Elsa Triolet traduit le Voyage en russe et son auteur est chaleureusement accueilli en 1936 en URSS. Il en fera en retour une critique virulente. Il semble aujourd’hui qu’André Breton aura vu plus juste : « L’écœurement pour moi est venu vite. Il me parut y avoir là l’ébauche d’une ligne sordide. » Mais la nouveauté du Voyage, moins vrai sans doute de Mort à crédit, c’est que le livre est totalement hanté par le désenchantement du temps. Hannah Arendt parlait de ces hommes qui avaient connu avec la guerre « la suprême humiliation de n’être que des rouages minuscules dans la majestueuse roue dentée de l’abattoir ». C’est parmi eux que le fascisme recrutera ses troupes, toutes prêtes à trouver des « responsables » de leur sort pour peu qu’on les y encourage. Hitler le fera. L’œuvre littéraire de Céline est inscrite dans ce temps déraisonnable, ce qui ne l’absout en rien. « On avait mis les morts à table/On prenait les loups pour des chiens », écrivait Aragon. Qu’on le veuille ou non et bien qu’il ait voulu lui-même le faire oublier, Céline avait choisi son camp. Les pamphlets appartiennent à cette œuvre comme à son engagement criminel aux côtés des nazis, jusqu’à l’ignominie.

Polémique. Céline, écrivain jusqu'à l'ignominie (Maurice Ulrich, l'Humanité, 9 janvier 2018)
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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:29
Amalgame entre antisionisme et antisémitisme, la faute grave de Macron (Dominique Vidal, entretien avec Pierre Barbancey, L'Humanité - 9 janvier 2018)
Amalgame entre antisionisme et antisémitisme, la faute grave de Macron (Dominique Vidal, entretien avec Pierre Barbancey, L'Humanité - 9 janvier 2018)

DANS "L'HUMANITÉ" - 9 janvier 2017

« Amalgame entre antisionisme et antisémitisme, la faute grave de Macron »

Journaliste et historien, auteur de nombreux ouvrages consacrés au Proche-Orient, Dominique Vidal s’élève, contre les accusations d’antisémitisme qui frappent tous les critiques d’Israël dans un nouveau livre: "Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron" (Libertalia, Paris, 2018).

PIERRE BARBANCEY: Si l’on en croit Emmanuel Macron, Manuel Valls ou encore Anne Hidalgo, toute critique d’Israël relèverait de l’antisémitisme. Cela ne masque-t-il pas un autre discours ?

DOMINIQUE VIDAL: Sans ignorer Manuel Valls et Anne Hidalgo, qui font du zèle, ce qui me paraît le plus grave, c’est l’initiative prise le 16 juillet 2017 par le président de la République. Non content d’inviter – pour la première fois – le Premier ministre israélien, incarnation de l’ultranationalisme, à la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv et de lui donner du « cher Bibi », il a repris à son compte – pour la première fois aussi – l’amalgame de la propagande israélienne entre antisionisme et antisémitisme. C’est une faute politique, car on ne saurait transformer une opinion en délit. Les sionistes prétendent interdire l’antisionisme. Les communistes exigent-ils l’interdiction de l’anticommunisme, les gaullistes celle de l’antigaullisme ou les ultralibéraux celle de l’altermondialisme ?

Cette faute politique se double d’une erreur historique. Jusqu’en 1939, l’écrasante majorité des Juifs rejetait le projet sioniste. Et si, ensuite, le génocide nazi a poussé nombreux d’entre eux vers la Palestine, la majorité ne vit toujours pas en Israël. La majorité des Juifs du monde est-elle antisémite ?

Cette manœuvre est couse de fil blanc : il s’agit pour Benyamin Netanyahou de faire taire les critiques de sa politique. De fait, il n’a jamais été aussi isolé dans l’opinion mondiale.

PIERRE BARBANCEY: Les États-Unis viennent de reconnaître Jérusalem « capitale d’Israël ». Est-ce un tournant dans la politique états-unienne? Quelles peuvent en être les conséquences ?

DOMINIQUE VIDAL: Non seulement cette décision viole les résolutions de l’ONU, mais elle tourne le dos aux positions affichées, de longue date, par leur diplomatie : contre la colonisation, pour deux États ayant chacun leur capitale à Jérusalem. Ce parjure sème le doute sur la parole des États-Unis et les disqualifie comme médiateurs.

Malgré l’isolement de Trump à l’ONU, cette provocation risque d’avoir de graves conséquences. Car elle encourage la radicalisation de la droite et de l’extrême droite au pouvoir à Tel-Aviv qui, tout en accélérant la colonisation, veulent désormais annexer le reste de la Palestine. La Knesset a adopté une loi en ce sens le 6 février dernier. Une autre permettra l’annexion des cinq blocs de colonies situés à l’est de Jérusalem, « bétonnant » l’hégémonie juive dans la ville et interdisant la naissance d’une capitale palestinienne. Sans parler de la nouvelle loi « verrouillant » Jérusalem. Même le Likoud, jusqu’ici plus prudent, exige l’annexion de la Cisjordanie.

Au-delà, le président américain pourrait porter un coup mortel à la solution des deux États, au profit d’un seul État où les Palestiniens n’auraient aucun droit – un apartheid à l’israélienne...

PIERRE BARBANCEY: La politique française au Proche-Orient a-t-elle changé depuis l’accession à la présidence d’Emmanuel Macron ?

DOMINIQUE VIDAL: Franchement, la politique proche-orientale du président de la République donne le tournis. Officiellement, il se prononce pour la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël avec Jérusalem-Est pour capitale. Mais il refuse de reconnaître cet État pourtant entré à l’ONU et à la Cour pénale internationale. En revanche, il semble être intervenu, fin 2017, en faveur de la libération de Salah Hamouri – il était temps !

Mais il n’y a pas que la situation en Palestine. La France d’Emmanuel Macron est absente du conflit syrien comme du chaos libyen. Elle se pose en libératrice du Premier ministre libanais, mais se tait devant les crimes perpétrés par l’Arabie saoudite et ses alliés au Yémen… À quand une grande initiative pour faire baisser la tension entre Ryad et Téhéran et empêcher qu’elle ne débouche sur une guerre régionale ?

PIERRE BARBANCEY: Revenons sur la campagne menée par Boycott-Désinvestissement-sanction (BDS).

DOMINIQUE VIDAL: Sous la pression d’Israël et de ses inconditionnels français, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient mis le doigt dans l’engrenage de la criminalisation. Mais sur des milliers d’action, seules quelques-unes avaient été jugées.

Car ce n’est pas si simple. Il n’existe pas de loi réprimant le boycott. Et le jugement de la Cour de cassation de 2015 pourrait être « retoqué » par la Cour européenne des droits de l’Homme. Federico Mogherini, la ministre européenne des Affaires étrangères, a précisé : « L’Union européenne se positionne fermement pour la protection de la liberté d’expression et de la liberté d’association, en cohérence avec sa Charte des droits fondamentaux, qui est applicable au territoire des États membres, y compris en ce qui concerne les actions BDS. »

C’est une question de liberté, mais aussi d’efficacité dans la solidarité. Car il y a le boycott militant, mais aussi institutionnel : quand le Fonds de pension pour l’avenir de Norvège, la Danske Bank, la société de sécurité G4S ou encore Veolia et Orange se retirent des Territoires occupés, voire d’Israël, on comprend l’inquiétude des dirigeants israéliens. En qualifiant BDS de « menace stratégique majeure », Netanyahou nous montre le chemin. La meilleure réponse à la radicalisation de Tel-Aviv et de Washington, c’est BDS !

Amalgame entre antisionisme et antisémitisme, la faute grave de Macron (Dominique Vidal, entretien avec Pierre Barbancey, L'Humanité - 9 janvier 2018)
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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:20
Jérusalem

Jérusalem

La majorité au pouvoir en Israël durcit les lois contre les migrants et les « terroristes ». Une liste d’organisations internationales interdites de territoire est publiée.

La droite et l’extrême droite israéliennes se sentent pousser des ailes. En l’espace de quelques semaines, via le gouvernement ou leur majorité à la Knesset (le Parlement), elles ont pris une série de mesures au caractère nettement fascisant. Qu’on en juge : le 3 janvier, Israël a annoncé le lancement d’un programme destiné à imposer à près de 40 000 migrants en situation irrégulière de choisir entre leur expulsion ou leur incarcération. La majorité sont des Érythréens et des Soudanais qui ne peuvent rentrer chez eux, au vu de la situation. Le régime érythréen a été accusé par l’ONU de crimes contre l’humanité « généralisés et systématiques ». Quant au Soudan, son président, Omar Al Bachir, fait l’objet de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, contre l’humanité et génocide. Qu’à cela ne tienne, Tel-Aviv s’est empressé de signer des accords avec le Rwanda et l’Ouganda afin qu’ils acceptent sur leur sol les migrants chassés d’Israël et à qui il aura été remis un billet d’avion et près de 3 000 euros. Pour solde de tout compte ? Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude face aux mesures du gouvernement israélien, rappelant notamment qu’Israël avait « des obligations légales s’agissant de la protection des réfugiés ».

Nettoyer Israël de tout ce qui n’est pas juif

Benyamin Netanyahou semble bien disposé à aller jusqu’au bout sur toutes les questions qui, à terme, reflètent son but ultime : nettoyer Israël de tout ce qui n’est pas juif, purifier la société israélienne en utilisant tous les moyens à disposition et, s’ils ne sont pas suffisants, en faisant voter de nouvelles lois à la Knesset. Un projet de loi prônant la peine de mort pour les « terroristes », c’est-à-dire, dans le vocabulaire de l’extrême droite israélienne, les Palestiniens, a été adopté toujours le 3 janvier, en lecture préliminaire au Parlement. La peine capitale est prévue dans la loi militaire israélienne en Cisjordanie occupée, mais n’a jamais été prononcée. Jusqu’à présent, son application nécessitait l’accord unanime des trois juges du tribunal. La majorité (deux sur trois) suffirait désormais si le texte était définitivement adopté.

Enfin, ce pays, qui se présente comme « la seule démocratie du Moyen-Orient », se comporte en réalité comme la pire des dictatures. Les autorités israéliennes viennent en effet de publier une liste de 20 organisations de par le monde dont les membres ne seront plus autorisés à entrer en Israël à cause de leur soutien à la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS). En tête de liste européenne, l’Association France Palestine solidarité (AFPS). On trouve également des organisations britanniques (dont l’une dans laquelle se trouve Jeremy Corbyn, dont on se demande comment fera Israël s’il devient premier ministre de Grande-Bretagne !), mais aussi américaines comme The American Friends Service Committee, lauréate du prix Nobel de la paix en 1947, pour avoir aidé et sauvé des victimes du nazisme, ainsi que Jewish Voice for Peace. En clair, Tel-Aviv interdit même à des juifs de se rendre en Israël ! Notons que l’occupation étant ce qu’elle est, il sera donc impossible à ces organisations de rencontrer les associations palestiniennes en Cisjordanie, puisque, pour s’y rendre, il faut passer par Israël. « Nous ne nous laisserons pas intimider, a fait savoir Bertrand Heilbronn, président de l’AFPS. Nous allons demander d’urgence un rendez-vous au président de la République et au ministre des Affaires étrangères. »

Grand reporter
Israël: : liste noire et peine de mort au menu de Netanyahou (Pierre Barbancey, l'Humanité, 9 janvier 2018)
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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:15
Corruption: le fils de Netanyahou incrimine son père dans un enregistrement
 PAR 

Enregistré au terme d’une nuit de débauche à Tel Aviv en 2015, Yaïr, le fils du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, affirme que son père aurait intercédé pour qu’un homme d’affaires empoche plus de 16 milliards d’euros dans le cadre d’un accord gazier.

Jérusalem, de notre correspondante.– L’origine de l’enregistrement reste inconnue, mais la chaîne Arutz 2, qui l’a dévoilé lundi, assure qu’il a été diffusé légalement. La scène se déroule un vendredi soir de l’été 2015. Yaïr Netanyahou, 24 ans à l'époque, fils aîné du premier ministre israélien, se trouve dans une voiture en compagnie de deux amis. Il y a Ori Maïmon, fils de l’homme d’affaires israélien Kobi Maïmon. Et Roman Abramov, que les médias israéliens soupçonnent d’avoir été embauché indûment par le milliardaire australien James Parker, proche de Benjamin Netanyahou.

Les trois amis viennent de sortir d’un club de strip-tease du centre de Tel Aviv. Visiblement éméchés, ils plaisantent sur leur nuit de débauche et les sommes qu’ils ont dépensées. Ori Maïmon se vante notamment d’avoir payé une addition de 2 400 shekels, soit près de 600 euros. Soudain, la conversation prend un tour politique. « Mon père a fait gagner 20 milliards de dollars [plus de 16 milliards d’euros – ndlr] au tien, tu peux bien me donner 400 shekels [environ 100 euros] », lance Yaïr Netanyahou à Ori Maïmon.« Mon frère, tu dois le reconnaître : mon père a beaucoup fait pour le tien, il s'est battu à la Knesset [le Parlement israélien] pour ça. »

Le fils du premier ministre fait clairement référence à l’accord approuvé en août 2015 par le gouvernement Netanyahou pour l’exploitation des champs gaziers découverts en Méditerranée. Le père d’Ori, Kobi Maïmon, est un des principaux actionnaires de Isramco, l’une des compagnies qui possèdent les champs gaziers offshore de Tamar, au large d’Israël.

Controversé, l’accord en question a été retardé de nombreux mois en raison de l’opposition de la commission israélienne antitrust et du ministre de l’économie de l’époque, Aryé Deri. Ce dernier avait refusé de recourir à une dispense spéciale prévue par la loi israélienne pour autoriser un monopole à opérer dans le pays, par exemple pour des questions de sécurité. Pour forcer la conclusion de l’accord, Benjamin Netanyahou avait finalement organisé et obtenu un vote au Parlement israélien début septembre 2015.

Au cours de l’enregistrement, Yaïr Netanyahou et ses deux amis s’inquiètent du caractère explosif de leur conversation et du fait qu’elle puisse être rendue publique. « Si cela sort, ce sera l’enfer », prévient Ori Maïmon. Détail important, ce soir-là, Yaïr Netanyahou et ses deux comparses ne sont pas seuls. Le fils du premier ministre est en effet accompagné d’un chauffeur et d’un agent de sécurité payés par l’État israélien. Les trois amis commencent alors à menacer le garde du corps sur le ton de la rigolade. « S’il est viré, nous serons obligés de le tuer », lance Roman Abramov. « Fais attention si tu démissionnes, mon frère, tu pourrais mourir », le mettent-ils en garde.

Au-delà du fond politique de l’affaire, la bande-son présente une image désastreuse du fils du premier ministre israélien. Tout au long de la conversation, Yaïr Netanyahou tient des propos dégradants au sujet des femmes et notamment de son ex-petite amie, dont le nom a été supprimé de l’enregistrement pour préserver sa vie privée.

À un moment, il affirme que les 400 shekels évoqués plus tôt avec Ori Maïmon étaient destinés « à une prostituée ». Il suggère également qu’il va « arranger » un rendez-vous pour ses amis avec une strip-teaseuse dont il a pris le numéro de téléphone. Selon Arutz 2, la mère de Netanyahou, Sara, aurait essayé de l’appeler au cours de la soirée.« Ma mère appelle… Quelle blague », aurait-il dit.

Quelques heures après la diffusion de l’enregistrement, Yaïr Netanyahou, aujourd’hui âgé de 26 ans, a présenté ses excuses dans un communiqué. « Lors d'une conversation nocturne, sous l'influence de l'alcool, j'ai dit des choses ridicules au sujet des femmes et d'autres choses idiotes qu'il valait mieux ne pas dire, écrit-il. Je m'excuse si quelqu'un a été blessé par mes mots. » Au sujet de l’accord gazier approuvé par le gouvernement israélien, le fils du premier ministre prétend qu’il « s’agissait d’une blague » et que« n’importe qui doué d’un peu de bon sens s’en rend tout de suite compte »

Un peu plus tôt, un représentant de la famille Netanyahou avait également publié un communiqué pour dénoncer la manière « honteuse et illégale » dont avait été obtenu l’enregistrement et nier la véracité des propos tenus par Yaïr Netanyahou sur son père.« Le premier ministre n'a aucun lien avec Kobi Maïmon, qu'il n'a rencontré qu'une seule fois, il y a dix ans. (…) Le premier ministre ne savait rien de la relation entre son fils Yaïr et le fils de Kobi Maïmon. Yaïr n'était aucunement impliqué dans l'affaire du gaz, et s'il parlait de l'affaire, il l'a évidemment fait en plaisantant. » 

Sur Twitter, le chef de l’opposition travailliste, Avi Gabbay, s’est empressé de dénoncer une « nouvelle tache sur l’accord de gaz corrompu » conclu par le gouvernement Netanyahou. 

La polémique enfle également autour du dispositif de sécurité déployé pour Yaïr Netanyahou lors de cette virée nocturne. Se gardant de commenter les déclarations du fils du premier ministre sur l’accord gazier, le bureau de Benjamin Netanyahou a affirmé que ce dernier n'était « pas consulté sur les conditions de la protection de ses enfants, décidées par les services de sécurité ».

Or jeudi dernier, Yoram Cohen, ancien chef du Shin Bet, le service de sécurité intérieur israélien, avait au contraire jugé sur une radio israélienne que, selon lui, les fils du premier ministre n’avaient pas besoin d’une protection permanente. Et qu’il avait tenté lorsqu’il était toujours en poste d’alléger le dispositif dont ils bénéficient, mais que cela n’avait « pas été accepté ».

Habitué aux frasques

Ce n’est pas la première fois que Yaïr Netanyahou fait parler de lui. Poursuivi pour calomnie à la suite d’un post publié sur son compte Facebook en août 2017, le fils du premier ministre est en effet au cœur d’une bataille judiciaire avec le think tank israélien de gauche Molad. En septembre dernier, le jeune homme avait par ailleurs fait scandale en publiant sur le réseau social un dessin empruntant aux codes de l’imagerie antisémite pour suggérer qu’une conspiration était à l’origine des problèmes judiciaires de sa famille.

Ce qui avait pu être classé jusqu’ici comme les frasques de jeunesse du fils du premier ministre se transforme aujourd’hui en véritable bombe politique. L’enregistrement dévoilé par Arutz 2 et les confidences choc qu’il contient, quelle que soit leur véracité, tombent en effet très mal pour Benjamin Netanyahou et son entourage, cernés par les affaires de corruption.

Pour mémoire, la justice israélienne a annoncé en septembre dernier l’inculpation de la femme de Netanyahou, Sara, pour avoir détourné à des fins personnelles 400 000 shekels de fonds publics, soit environ 100 000 euros, alloués à la résidence du premier ministre.

En dépit de ses dénégations, Benjamin Netanyahou fait lui-même l’objet de deux enquêtes distinctes pour avoir reçu des cadeaux « illicites » de la part de milliardaires et avoir tenté de monnayer une couverture favorable de sa personne dans les colonnes du journal d’opposition Yediot Aharonoth. D’après les médias israéliens, la police, qui tarde à rendre ses conclusions depuis plusieurs mois, pourrait recommander l’inculpation du premier ministre d’ici à la fin du mois de mars.

 

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8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 19:01
Nos rêves de pauvres de Nadir Dendoune (Jean-Claude Lattès): un livre dynamique et encourageant pour bien démarrer l'année - par Yvon Huet

Nos rêves de pauvres

Nadir Dendoune, enfant de la Seine-Saint-Denis, jeune journaliste et réalisateur de documentaires, a écrit quatre livres dont le désormais célèbre « Un tocard sur le toit du monde » qui a inspiré un film, l'Ascension, relatant sa montée sur le haut de l'Everest avec, en signature, le drapeau triomphant du 9-3 au dessus des nuages. Dans ce dernier ouvrage, il rend hommage à ses parents immigrés algériens kabyles, dont le père a été ouvrier dans l'automobile et dont la mère éleva neufs enfants. Il témoigne de la vie des enfants d'une cité HLM de l'Ile Saint Denis à travers une expérience faite de multiples rebonds, délinquance, études, voyages pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. Mais on ne le lit pas comme une autobiographie, encore moins comme une complainte misérabiliste. Nadir exprime la force de toute une génération imprégnée de la colère face à l'injustice faite aux immigrés et à leurs enfants, appuyée par l'expression d'une intense volonté de sortir de l'impasse dans laquelle on les a parqués. Il développe une écriture forte qui suscite le plaisir et l'intérêt et le hisse au rang d'écrivain talentueux.

Nadir Dendouche  montre un chemin pour sortir du fatalisme ambiant, y compris pour celles et ceux qui étaient au fond du trou dans lequel on les avait jetés. Qu'on le veuille ou non, l'immigration est une chance pour le dynamisme de l'humanité, confrontée à ses contradictions et à la gestion nécessaire des rapports entre toutes les cultures du monde. Nadir Dendoune a su, alors qu'il n'était pas alpiniste, faire ce que bien d'autres n'ont pas pu faire. Il reste l'enfant aimé d'une maman et d'un papa venus de Kabylie et qui ont trimé pour construire "nos" voitures, entre autres. Il est grand temps que la fraternité l'emporte sur les peurs, les méfiances, les clichés humiliants. Nadir Dendoune n'est pas une exception. C'est juste un être humain comme vous et moi qui, malgré une sacrée réussite, sait ne pas oublier d'où il vient et nous offres de merveilleuses pages d'écriture d'un réel qui devient beauté littéraire.

 

Nos rêves de pauvres, de Nadir Dendoune, éditeur JC Lattes, juin 2017, 180 pages, 15 €.

Yvon Huet

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8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 18:17

Le 8 janvier 2018, le gouvernement convoque la direction SNCF pour ré entendre ce qu’il sait déjà, sans jamais remettre en cause la stratégie et la campagne anti ferroviaire qui se développe. Le vaudeville qui se joue sous nos yeux pourrait être risible s’il n’était pas si grave.

L’actuelle ministre des Transports, ex-directrice de la stratégie à la SNCF, feint d’ignorer les véritables raisons de la situation pourtant liées aux mauvais choix opérés depuis des années, y compris lorsqu’elle était membre du Comité Exécutif de la SNCF.

Les agitations médiatiques de la direction SNCF avec la complicité du gouvernement ne nous détourneront pas de l’urgence : maintenir le train public.

1. LE RETOUR A UNE ENTREPRISE PUBLIQUE, UNIQUE ET INTEGRÉE : LA SNCF

La réforme ferroviaire de 2014 a éclaté la SNCF en trois EPIC distincts : SNCF (EPIC de tête), SNCF Réseau, SNCF Mobilités. Elle a rendu plus complexe les relations entre les différents services de l’entreprise désormais séparés dans 3 entités. Elle n’a pas réunifié le gestionnaire de l’infrastructure (ex RFF) et le transporteur (la SNCF). En définitif, elle a accentué les difficultés qui existaient déjà au préalable. En outre, elle n’a pas réglé la question du financement et de la dette. Pourtant, en juin 2014, lorsque les cheminots ont cessé le travail afin d’imposer une autre réforme, ils étaient qualifiés d’irresponsables par le gouvernement d’alors.

2. REPRISE DE LA DETTE PAR L’ÉTAT

Les investissements de ces dernières décennies, notamment dans les LGV au détriment du réseau classique, ont été imposés par l’Etat à la SNCF. Il est inconcevable de vouloir faire supporter cette dette aux usagers et aux cheminots. Il convient cependant de ne pas opposer le réseau à grande vitesse au réseau classique, ils doivent être complémentaires.

Le poids de la dette est prétexte à la fermeture de gares, de lignes, de guichets, à la suppression massive d’emploi cheminot (+ de 2000 prévus en 2018), au recours massif à la sous traitance, entre autres.

En attendant, elle génère chaque année 1,7 milliards d’euros d’intérêts qui part directement dans la poche des banquiers.

3. MISSION SPINETTA : EN FINIR AVEC LE TRAIN PUBLIC ?

Les conclusions de la mission confiée à l’ex-PDG d’Air France seront sans surprise.
Elles auront vocation à justifier une nouvelle réforme du système ferroviaire public en stigmatisant au passage les cheminots, leur statut. C’est pourtant ce statut (existant avant la création de la SNCF) qui, malgré des contraintes fortes acceptées par les cheminots, garantit la continuité du service public, un haut niveau de formation et de technicité, une approche de la sécurité des circulations placée au dessus de tout le reste.

La CGT n’acceptera pas que les cheminotes et les cheminots soient les boucs émissaires de ceux qui ont décidé d’en finir avec la SNCF.

4. OUVERTURE À LA CONCURRENCE : LA SOLUTION À RIEN

L’ouverture à la concurrence relève au mieux de la malhonnêteté intellectuelle, au pire, d’une attitude irresponsable qui insulte l’avenir. Elle n’améliorera pas le quotidien de nos concitoyens, pire, elle ajoutera sur le réseau actuel des intervenants qui viendront compliquer une situation déjà bien difficile. On ne fait pas du train comme on vend des forfaits téléphones.

Le transport public de voyageurs comme celui des marchandises, à l’heure des grands défis sociaux et environnementaux, est résolument contemporain. Mieux, il est un maillon structurant du futur en termes de déplacements, d’aménagement du territoire, de réduction des gaz à effet de serre. Il est en outre un appui stratégique essentiel pour l’État, comme l’ensemble des services publics.

La Fédération CGT des cheminots a raison lorsqu’elle exige :

  •  Le retour à une entreprise publique, unique et intégrée : la SNCF, seule garante d’un fonctionnement cohérent de l’ensemble des services de l’entreprise.
  •  La reprise de la dette par l’État sans contrepartie et un financement public à la hauteur des enjeux futurs. Sans la maîtrise publique du chemin de fer par l’État, nous n’aurions jamais connu l’électrification des lignes, la grande vitesse etc ….
  •  L’arrêt immédiat des suppressions d’emploi et des embauches au Statut à la hauteur des exigences du service public ferroviaire.
  •  L’arrêt de la réduction de l’offre ferroviaire par le maintien, voire la réouverture de gares, de lignes, permettant à la SNCF de remplir ses missions de service public partout et pour tous.
  • L’arrêt de toute velléité d’ouverture à la concurrence, contraire à l’intérêt général, à la réponse aux besoins des populations, au maintien du service public en tous points du territoire.

Aussi, la Fédération CGT appelle TOUS les cheminots, les associations d’usagers, les usagers eux-mêmes, ainsi que toutes celles et tous ceux qui souhaitent défendre un service public ferroviaire de qualité, à participer massivement à la manifestation nationale qui aura lieu le 8 février 2018 à Paris.

Théâtre au ministère des transports: la mauvaise farce a assez duré (CGT Cheminots, 8 janvier 2017)
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