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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 19:31

Réforme de la SNCF : une privatisation sur fond d’autoritarisme

Lors de la présentation du calendrier relatif à la réforme de la SNCF, intitulée « nouveau pacte ferroviaire », le 1er ministre, Édouard Philippe, a confirmé la volonté du gouvernement de passer en force, en recourant aux ordonnances.

Cette procédure, marque de fabrique du président Macron et déjà utilisée dans le cadre de la réforme du code du travail, est un véritable déni de démocratie, aussi bien sociale que parlementaire.

Le service public ferroviaire, bien commun de la nation, qui répond à des enjeux écologiques, de mobilité et d’aménagement du territoire extrêmement importants, mérite mieux qu’une réforme à la hussarde.

Transformation de la SNCF en Société d’économie mixte, fin du statut de cheminots, non reprise de la dette... Le pacte ferroviaire proposé par Édouard Philippe est en réalité une atomisation du service public ferroviaire.

Présenté comme novateur, ce pacte ferroviaire reprend les recettes archaïques des privatisations du rail ayant eu lieu dans d’autres pays européens, avec les résultats dramatiques que l’on connaît. Aussi bien pour les usagers, que pour les cheminots.

L’autoritarisme gouvernemental ne masquera pas la colère qui monte chez les cheminots et les usagers.

La feuille de route présentée par le 1er ministre est une attaque historique. Alors qu’elle met en péril l’avenir du rail public, menaçant l’avenir de milliers de salariés, ainsi que l’égalité d’accès au transport pour tous sur le territoire, le gouvernement doit créer les conditions pour permettre un grand débat public national.

Le gouvernement doit écouter et entendre, les propositions et les arguments des organisations syndicales, des usagers et des élus.

Le PCF dénonce le recours aux ordonnances, outil archaïque et anti-démocratique, et s’oppose à la destruction du service public ferroviaire.

Pendant que le président Macron, tente de dresser les français les uns contre les autres, le PCF appelle à soutenir et participer massivement à la journée de mobilisation organisée par les organisations syndicales le 22 mars à Paris.

Réforme de la SNCF : une privatisation sur fond d’autoritarisme (PCF, 26 février 2018)

Communiqué des députés communistes (26 février 2018):

Nouveau coup de force du Gouvernement pour casser le service public ferroviaire

Comme le laissait présager le rapport Spinetta, le gouvernement fait des cheminots les boucs émissaires de la dégradation du service public ferroviaire pour justifier la disparition de leur statut.

En opposant les agriculteurs aux cheminots, Emmanuel Macron veut nous faire croire que précariser les uns apporterait du confort aux autres. Les nantis sont ailleurs et personne n’est dupe de cette manipulation grossière.

Si le chemin de fer français est aujourd’hui fragilisé, la responsabilité en incombe en réalité aux gouvernements qui s’acharnent, depuis trente ans, à le désosser.

Sous couvert d’efficacité, le gouvernement souhaite mener cette réforme par voie d’ordonnances. Un passage en force qui montre à nouveau sa volonté farouche d’éviter le débat et son mépris pour la représentation nationale.

Les députés communistes seront aux côtés des travailleurs de la SNCF le 22 mars pour défendre le service public ferroviaire et ses travailleurs.

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 17:12
"Le privé est globalement meilleur que le public" (Haute autorité de Santé): ou les attendus des enquêtes de satisfaction mettant en concurrence les établissements hospitaliers

Le Télégramme publie aujourd'hui une double page sur le résultat local du dépouillement de 122 000 questionnaires de satisfaction remplis par des patients des hôpitaux et des cliniques en France, donc au moins 25 fois moins en Bretagne, pour 5 millions d'hospitalisations.

Ces questionnaires représentent donc 2,5 % des hospitalisations.

Et la "Haute Autorité de Santé" , comprenez l'instance ou l'organisme chargé d'instiller la culture de l'entreprise privée, de la concurrence, et du néo-libéralisme à l'hôpital - les patients ou usagers devenant des clients, censés faire leur marché entre les hôpitaux publics ou privés différents, ce qui laisse entendre au passage qu'on a plus besoin de services publics hospitaliers de proximité, puisque les "clients" sont près à faire 200 km ou à aller dans le privé pour avoir un meilleur "accueil", de meilleurs soins - en tire des conclusions péremptoires à faire se dresser les cheveux sur la tête, quand on connaît la politique de matraquage que subit l'hôpital pour lui retirer des moyens et le soumettre à la politique du chiffre:

"Le privé est globalement meilleur que le public... Il est globalement meilleur dans tous les domaines. Le privé a une antériorité concernant la prise en compte de la satisfaction client, ce n'est donc pas étonnant de voir ces résultats. Cela donne matière à réflexion pour les établissements publics qui pourraient s'emparer de ce sujet avec l'expérience du privé" suggère Laetitia May-Michelangeli, chef du service indicateurs pour l'amélioration de la qualité et la sécurité des soins à la Haute Autorité de Santé. 

C'est surtout que le public est soumis à des charges terribles de l'ARS, de la tarification à l'activité, de la suppression des services et des moyens humains, pour retirer des milliards d'euros de moyens finançant l'hôpital public (3,5 milliards sous Hollande, et ça continue avec Macron) et que le privé a tout intérêt à mettre la communication promotionnelle et les relations publiques au premier plan de sa "machine à fric", tandis que ces outils très contemporains de mise en concurrence ne sont pas dans la culture du service public. 

Si l'on fait les comparatifs de classements pour des enquêtes pour les facs privés et publiques ou pour les lycées, collèges, écoles privées ou publiques, cela donne la même chose. Je paie, donc c'est forcément mieux, sinon je serai vraiment un âne de payer plus! 

Pour l'hôpital Morlaix, ses "notes" peu reluisantes concernent 36 questionnaires. Très représentatif. Pour Brest, l'hôpital Morvan, soi-disant la lanterne rouge de la relation aux patients-clients, 130 questionnaires, sachant qu'il y a plus de chance que des clients mécontents remplissent le questionnaire de satisfaction que des clients contents. 

Ces enquêtes de satisfaction et leur utilisation médiatique relèvent de l'imposture et de l'enfumage idéologique visant à transformer la santé en produit marchand, à faire croire que l'on peut mettre en concurrence les établissements publics, que les patients se conduisent comme des "homo œconomicus" et donc que la proximité ne s'impose pas, et à servir les intérêts des cliniques privés. On est en pleine culture du néo-libéralisme. 

Et le pire là dedans, c'est qu'on cherche à culpabiliser les personnels de santé qui subissent déjà le poids de la casse méthodique et progressive de l'hôpital public. 

Honteux!

Ismaël Dupont        

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 12:34
Alain et Eric Bocquet au moment de leur tournée de présentation de leur best-seller sur l'évasion fiscale "Sans domicile fisc"

Alain et Eric Bocquet au moment de leur tournée de présentation de leur best-seller sur l'évasion fiscale "Sans domicile fisc"

Par Eric Bocquet, sénateur du Nord

"Il y a la finance dont on parle, les banques, les marchés financiers, les fonds d’investissement, etc., et puis il y a une finance plus discrète, tellement discrète qu’on l’appelle dans les milieux autorisés « la finance de l’ombre » (shadow banking dans la langue de Jeremy Corbyn). Et pourtant, cette finance-là contribue à l’hypertrophie financière.

La sphère financière et bancaire a connu une croissance vertigineuse au cours des dernières décennies. Le bilan des banques a crû à un rythme exponentiel au tournant des années 1990/2000 tout particulièrement en Europe où il représente désormais l’équivalent de 3.5 fois le PIB. La crise de 2007-2008 a ralenti cette tendance sans toutefois l’inverser.

Au niveau mondial, les actifs gérés par les banques ont pratiquement triplé au cours des années 2000, passant d’un peu plus de 50 000 milliards de dollars fin 2003 à 133 000 milliards de dollars fin 2015. Rappelons que le commerce de marchandises des pays du G7 était de 3000 milliards de dollars en 2008 et le PIB mondial de 75 500 milliards de dollars en 2016. Ces quelques chiffres, histoire de situer les échelles. Ce qui fait dire à certains spécialistes aujourd’hui que le secteur financier n’est plus au service de l’économie réelle, sachant qu’il s’échange en une année à peu près 70 fois la valeur du commerce international.

Cette croissance sidérante de la finance s’est aussi accompagnée d’une forte concentration des activités. Il existe aujourd’hui dans le monde une trentaine de banques dites « systémiques », c’est-à-dire qu’elles sont tellement grosses que l’effondrement d’une seule d’entre elles entraînerait automatiquement une crise financière mondiale, un nouveau krach de 1929 ! D’après François Morin, en 2015, ces groupes bancaires systémiques pesaient plus de 50 000 milliards de dollars. Ces établissements sont strictement privés mais ils bénéficient de fait de la garantie des États (les spécialistes appellent ça l’aléa moral), c’est-à-dire que lorsqu’il y a le feu dans la maison « finances », c’est la force publique qui vole à son secours, y compris en s’endettant. Évidemment, les paradis fiscaux sont au cœur de ce système, ces territoires représentent 18% du chiffre d’affaires des banques européennes et 29% de leurs profits à l’étranger contre seulement 9% de l’effectif qu’elles emploient à l’étranger.

Donc, si je comprends bien, impossible de mettre en cause dans la crise financière en cours, ni les fonctionnaires, ni les employés des EHPAD, ni les surveillants de prisons, encore moins les cheminots, pas davantage les enseignants, les retraités, les infirmières…

Mais alors, il est passé où ce fric ?"

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 11:50

Jean-Michel Galano, philosophe, membre du PCF, contribue aux débats santé de l'atelier régional santé PCF-Front de Gauche du PCF, il a participé au débat sur la Grande-Bretagne et l'Irlande après le Brexit organisé par le PCF Finistère à la fête de l'Humanité, et aux formations sur la pensée de Karl Marx organisées en janvier-février à Morlaix et dans les Côtes d'Armor.  

 

BIOETHIQUE, ETHIQUE MEDICALE : DES QUESTIONS QUI REBONDISSENT

 

Le développement exponentiel des savoirs et des savoir-faire est un fait avéré, bien connu en théorie, mais aux conséquences pratiques difficilement maîtrisables. On a fait il y a de cela plusieurs décennies le constat que la contenu du savoir et des savoir-faire humains doublait tous les dix ans. A cet accroissement quantitatif de plus en plus rapide correspondent des mutations qualitatives, des distorsions et des remises en questions de plus en plus radicales. Mais la spirale de développement des connaissances et des moyens nouveaux ne se déploie pas dans le ciel bleu de la théorie, et il est un peu facile de déplorer le décalage croissant entre ce que les sciences et leurs applications permettent et l’état relativement stable des mentalités.

En effet, la recherche et ses applications sont pour une très large part soumises à des impératifs budgétaires relevant de logiques d’argent et de rentabilité.

Le développement d’un capitalisme de plus en plus financiarisé, exclusivement soucieux de son auto-valorisation, pose des problèmes qualitatifs inédits de par son impératif de rentabilité rapide, à la recherche et à ses applications, notamment en matière de prévention. Il y a davantage encore : la poussée démographique lente mais continue d’une population en demande de soins et de politiques de santé mais non solvable financièrement. 

Les questions d’éthique dans ces conditions reviennent en force à tous les échelons de la pratique médicale, sanitaire et sociale, et sont de plus en plus incontournables. Il ne s’agit plus de « la machine élargie qui attend un supplément d’âme », comme le disait Bergson, (métaphysicien idéaliste mais bon connaisseur des évolutions scientifiques et techniques du début du XX° siècle). Plutôt qu’un  « supplément d’âme », c’est une prise de contrôle civique et démocratique qui s’avère plus nécessaire que jamais. Un contrôle et un ensemble d’interventions seuls susceptibles de soustraire les progrès actuels aux logiques de l’argent et du profit rapide. Et aussi seuls susceptibles d’ouvrir en grand, pour toute l’humanité, des perspectives thérapeutiques vraiment nouvelles.

Or une condition à remplir pour que ce contrôle civique et démocratique s’exerce pleinement, c’est la vigilance à l’égard des schémas de pensée auxquels nous avons spontanément recours, des mots et des notions que nous employons sans trop y réfléchir. Appelons cela : la rigueur catégorielle. C’est le souci constant de ne pas confondre le naturel et l’historique, le virtuel et le réel, le possible et le nécessaire, l’environnement naturel et le monde humain, la liberté et l’irresponsabilité, l’utile et le rentable, l’indispensable désacralisation et l’injustifiable instrumentalisation. Ce souci est rien moins que nouveau. Il a pour une large part commandé le combat mené par Marx dès sa jeunesse à la fois contre l’idéalisme mystificateur et contre son contraire, le matérialisme réducteur, « vulgaire », souvent associé aux diverses variantes de l’utilitarisme. Un combat toujours actuel, et qui déborde largement les frontières de ce qu’il est convenu d’appeler « la philosophie ».

 

Génome : se mettre au clair sur l’essence humaine –

Les possibilités de thérapies géniques sont désormais avérées et déjà expérimentées. Elles se voient souvent opposer un interdit dont on devine l’origine religieuse : celui de toucher à un ordre naturel d’essences posées comme transcendantes par rapport à l’intervention humaine. Il est à noter que cet interdit a été transgressé depuis très longtemps en ce qui concerne les espèces végétales voire certaines espèces animales. On « fabrique » des porcs de moins en moins gras et des poreaux de plus en plus blancs pour les besoins du marché de l’alimentation, et le mot « hybridation », dérivé pourtant du grec hubris (=démesure de quiconque enfreint l’ordre naturel des choses) a perdu sa charge péjorative. Il n’en reste pas moins que déjà dans le cas des industries agro-alimentaires il s’agissait de répondre à la demande d’un marché agrandi par la croissance démographique mais aussi gonflé par les perspectives de profit et de rentabilité à court terme. La peur des OGM est un fait. Toute la question est de savoir si c’est la modification du génome en soi qui doit inquiéter, ou bien les critères et les finalités de cette modification. Problématique qu’on retrouvera, infiniment plus grande, dans le cas du génome humain.

Ce que les changements déjà effectifs ont révélé, c’est que les espèces naturelles n’étaient pas seulement soumises à des variations essentielles dans le temps long de l’évolution (découverte capitale de Darwin en 1840), mais que des mutations essentielles étaient concevables dans le temps court des techniques et de l’invention technoscientifique. L’évolutionnisme avait bousculé voire balayé le dogme religieux de la fixité des espèces. C’est leur intangibilité qui est maintenant mise en cause. Avec un corollaire qui apparaît immédiatement : l’altération d’un ordre naturel est un acte aux conséquences irréversibles et dans une large mesure non prévisible. Qui peut s’en arroger le droit ? Des activités humaines, dictées notamment par l’appât du gain, ont amené et amènent encore la destruction pure et simple de dizaines de milliers d’espèces animales et végétales. Des altérations ou des modifications irréversibles valent-elles mieux ? Sont-elles pires ? Et en fonction de quels critères ?

Ces problèmes ne se posent pas dans l’abstrait. C’est ainsi que la loi française interdit la création de « chimères », à savoir l’hybridation de l’humain et de l’animal. Dans le chapitre de « La Connaissance du Vivant »[1] intitulé « La Monstruosité et le monstrueux », Georges Canguilhem rappelait que de telles hybridations ont été tentées sous le III° Reich, et l’on peut voir dans ce souvenir traumatique l’une des origines de la défiance codifiée par le législateur. Pour autant, la recherche avance, et ce qui est interdit dans le sens animal > homme pourrait s’avérer important et fécond dans le sens homme > animal, comme l’expliquent certains chercheurs en diabétologie intéressés par la culture de cellules souches pancréatiques humaines sur des cochons, chose qu’en son état actuel la législation n’autorise pas.

L’évocation des « chimères » nous conduit à poser de façon plus précise la question de l’essence humaine : sacrée, ou tout au moins intransgressible ? C’est à voir…

Il convient d’abord de remarquer que l’essence humaine n’est pas un absolu. Aucune « essence » ne l’est. L’essence humaine est scindée. Comme toute espèce animale, elle possède une base biologique, constituée dans le temps long et exprimée fans l’ADN, structure, qui lui est commune à 96% avec le chimpanzé. Mais les acquisitions culturelles et civilisationnelles ont amené la constitution d’un gigantesque patrimoine humain extérieur aux individus, non fixé dans le code génétique, et donc non transmissible héréditairement mais transmis (ou non) dans le cadre des rapports familiaux et sociaux tels qu’ils existent à une époque et dans un milieu donné. L’essence humaine distend de plus en plus ses liens avec sa base biologique pour acquérir une réalité toute différente : celle d’être moins un donné biologique qu’un transmis social. C’est en ce sens que Marx écrit avec une grande lucidité (Thèses sur Feuerbach 6) que « dans sa réalité effective, l’essence humaines est constituée par la totalité des rapports sociaux ». L’essence n’est pas une espèce de quintessence existant substantiellement de toute éternité à l’intérieur de chacun d’entre nous à la manière d’une nature : elle possède, certes, un support biologique lui-même soumis à une évolution dans le temps long, mais elle se constitue, sur ce support, comme une production historico-sociale mouvante qui s’enrichit en permanence des progrès et des expériences de l’humanité devenue par là-même non plus espèce humaine, mais genre humain.

Ces considérations doivent nous permettre de mieux cerner l’enjeu du problème : toute action sur le génome s’exerce sur la base de l’essence humaine, et met de ce fait hors circuit l’ensemble de ce qui constitue l’ordre culturel humain socialement et historiquement constitué. Cela dit la radicalité de telles actions. Et cela pose d’emblée la question : qui décide ? Et en fonction de quoi ? Or la situation appelle sérieux et discernement. D’un côté, il est notoire que les gènes de nombreuses maladies héréditaires sont identifiés (le diabète, par exemple) et qu’il faut bien distinguer la thérapie génique des manipulations génétiques – ce que souvent l’on néglige de faire, par sensationnalisme ou pour jouer sur des peurs. D’autre part, la confusion règne dans de nombreux autres cas – pour ne pas parler du charlatanisme prétendant assigner une origine génétique à la violence ou à l’homosexualité. Confusion et charlatanisme où se manifeste sans doute quelque chose de significatif quant à l’état présent du genre humain, et qui invitent à une certaine prudence.  Il est notoire aussi que le gène, objet relativement neuf d’observation et éventuellement d’expérimentation, est pour l’essentiel aujourd’hui l’objet du génie génétique, lequel sépare, amplifie, fragmente et reproduit des gènes clonés et purifiés, obtenus en partie par synthèse chimique, traités souvent comme des usines à protéines, de sorte que les frontières mêmes du naturel et du synthétique deviennent floues. La culture de cellules souches à des fins thérapeutiques exige des moyens industriels, alors qu’en France notamment, l’insuffisance des budgets de recherche condamne d’excellentes équipes à l’artisanat et que l’industrie pharmaceutique se désintéresse de plus en plus de la recherche fondamentale pour des raisons de non-rentabilité[2]. . D’un autre côté, il y a un marché de ces biotechnologies. La dynamique de la recherche et celle du marché se chevauchent, parfois se rencontrent mais souvent se séparent.

Les enjeux de la question apparaissent alors nettement : la possibilité d’agir sur le génome humain est effective, mais ne saurait être recevable que dans le cadre de décisions de politique de santé publique élaborées démocratiquement. Toute autre forme de décision court-circuiterait les exigences humaines et humanistes élaborées au fil de la constitution d’un genre humain qui se doit d’être à lui-même son propre objet. Substituer une décision technique à une décision politique renvoie à une conception élitiste et paternaliste de la responsabilité : c’est typiquement celle de Hans Jonas, élaborée dans « Le Principe de responsabilité ». A quoi il convient d’opposer une conception toute différente de la responsabilité. Il s’agit donc d’éviter deux extrêmes : d’une part la sacralisation du génome : il y a 3.000 maladies géniques monofactorielles recensées, et l’éthique ne saurait se résigner à ne rien laisser faire contre elles. Mais d’autre part, la vue qui rabat l’humain sur le génétique amène à des dérives eugénistes inquiétantes : banque de sperme de prix Nobel, stérilisation massive de malades mentaux et autres sujets « anormaux », et cela pas seulement dans l’Allemagne nazie…  [3]

Dès lors, il semble bien que la solution se profile : c’est l’usage social du génome, donc en définitive ce que l’homme fait de l’homme qui est la clé du problème. Trois interdits semblent se dessiner (1) celui d’une catégorisation biologique des personnes les mettant à la merci des employeurs, assureurs, etc.,  sans leur consentement (2) l’interdiction, en l’état actuel des savoirs, de toute thérapie génique germinale, c’est-à-dire de toute modification de l’ADN des gamètes affectant la descendance (3) empêcher la prise de brevets industriels sur le génome humain et donc l’appropriation à but lucratif d’informations sur les gènes de l’homme à des fins d’applications biotechnologiques.[4]

 

L’embryon humain, objet d’expérimentation ?

Beaucoup de confusions au sujet du statut de l’embryon tiennent à ce que l’on entend quand on le désigne comme « être humain potentiel ». En effet, il n’est pas potentiel au sens où le fruit est en puissance dans la fleur. Ce qui est en puissance en lui, c’est la base. L’être humain et humanisé n’est pas en puissance dans l’embryon.  « Personne potentielle », cela s’oppose d’abord à personne « actuelle » : l’embryon ne peut faire valoir ses droits, cette responsabilité incombe à des tiers. Ensuite, l’embryon n’est qu’une potentialité d’être humain, et notre respect va à son présent dans la mesure où nous y considérons son avenir. Le véritable respect humain est prospectif, comme l’attestent les décisions d’IVG dans les cas de malformation graves du fœtus.

Dès lors, la question de l’expérimentation sur l’embryon humain suppose un critère d’acceptabilité centré sur un projet recevable du point de vue de l’éthique. Ce critère semble meilleur que celui d’un seuil chronologique (les Anglais disent : 14 jours) toujours quelque peu arbitraire. En fait, l’humain n’est pas le génétique. Bien plutôt que le déroulement linéaire d’un programme, la formation d’un être humain est d’abord un processus épigénétique, auxquels se substituent très tôt les facteurs socio-culturels de la personnalisation. L’embryon n’est pas plus sacré que le génome. Ce qui est sacré, comme le dit Anne Fagot-Largeault, « ce sont des valeurs liées à l’idée que nous nous faisons de l’humanité ». Dans le temps où la famine tue des millions d’enfants, où selon les chiffres de l’UNICEF 2.5 millions de nourrissons meurent chaque année faute de soins, le sacrifice de quelques milliers d’œufs ou d’embryons surnuméraires est justifiable s’il a des finalités strictement curatives ou prophylactiques, à l’exclusion de tout tri ou de sélection des êtres humains.

 

Querelles dans la famille

 

Il faut résolument tenir le même fil : la personne humaine, fût-elle potentielle, n’est jamais simple objet ni simple sujet, mais le lieu d’un processus dialectique où l’un et l’autre sont en jeu. Un enfant est, dans de nombreux cas (notamment dans nos sociétés, mais ne généralisons pas trop) l’aboutissement d’un projet parental, le fruit d’un amour ou tout au moins d’un désir. Mais nous le savons tous, l’identité d’une personne humaine se fait en très grande partie par différenciation par rapport à ce projet parental, dans le différentiel entre la place assignée et la place revendiquée. Même quand la place assignée est assumée, il y a processus critique et moment décisionnel. L’identité voulue par la famille voire plus globalement par le corps social entrave souvent, ou du moins complique, la nécessaire auto-identification.

Dans ces conditions, le législateur doit mettre au premier plan l’intérêt de l’enfant, y compris son intérêt ultérieur d’être humain civilisé. L’évaluation de l’intérêt de l’enfant n’est pas une simple appréciation subjective : elle doit s’appuyer sur le droit de l’enfant, notamment tel qu’il a été codifié dès 1947 par les Nations Unies. L’enfant a droit à un nom, à un foyer, à être protégé, soigné et éduqué. Le fait est que ce droit rencontre le désir de nombreuses familles, stériles mais aussi homosexuelles, recomposées, monoparentales d’adopter des enfants. On ne voit pas en quoi un modèle de structure familiale devrait s’imposer ; on le voit d’autant moins que l’expérience tragique des guerres a conduit, notamment dans nos pays, à la constitution de nombreux foyers de ce type.

Autant dire que la vraie question est celle de l’épanouissement futur de l’enfant plutôt que celle de la réalisation du désir des adultes – même si dans l’immense majorité des cas, il n’y a pas contradiction mais complémentarité entre les deux, l’enfant étant en définitive la vérité du couple ( ?) parental, son objectivation en un sujet différent. Pour autant, l’être humain n’est pas un produit (primat du passé) mais un producteur (primat du possible) dans le cadre d’une biographie où il ne cesse d’être à la fois réceptif et actif, dans une densité d’échanges où sa personne se construit dans un processus qui relativise de plus en plus sa base biologique. A la nécessité biologique se surimpose une liberté psychologiquement et socialement construite. Liberté construite, non pas donnée mais acquise, qui n’est nullement incompatible avec la transmission de valeurs ou d’un héritage culturel, mais à laquelle l’assignation d’une filiation n’apporte, il faut avoir le courage de le dire, strictement rien. Autant la projection du désir parental dans l’enfant constitue le plus souvent un prolongement et un épanouissement, autant le symétrique est appauvrissant : l’être humain en quête de ses origines s’expose à ne trouver que du biologique et du géographique, seulement le déterminisme d’une nature et jamais la force d’un projet. « La source n’est qu’un point géographique, elle ne contient pas la force vive du fleuve », disait déjà Bachelard[5].  La généalogie n’est jamais une genèse[6]. Les demandes par une personne née sous X de connaître son géniteur doivent d’abord être comprises comme des symptômes de mal-être, voire des symptômes névrotiques, auxquels la divulgation de la vérité n’apporterait qu’une satisfaction illusoire.  D’autant plus qu’il y aurait conflit de légitimité, le don anonyme ne pouvant par définition exister sans garanties de son anonymat, ce qui en outre empêche a priori toute démarche intéressée, tout chantage etc. L’éthique du don, en tous domaines, est une garantie d’indépendance par rapport aux logiques d’argent et de marchandisation. De même, l’insémination post-mortem se fait non seulement au détriment du nécessaire travail de deuil, mais à celui de l’enfant à naître, sur qui pèsera le risque de la névrose. Or c’est tout de même en la matière la névrose qu’il convient si possible d’éviter.

De ce point de vue, « la famille dans la tourmente »[7], comme disait François Dagognet, est aussi le lieu d’une certaine et très positive créativité : familles recomposées, monoparentales, multi-parentales, homosexuelles, souffrent davantage du regard et des préjugés d’autrui que d’une inaptitude foncière à remplir leur rôle affectif et éducatif. La vraie question s’avère être en définitive celle des moyens que l’Etat et la société d’une façon générale mettent à leur disposition, et de sa volonté à faire reculer les stéréotypes de genre. 

Ce sont les lois du marché et les logiques d’argent qui obscurcissent les problèmes : un objet n’est jamais loin d’être une marchandise. Ce qui menace l’enfant-projet, c’est de devenir enfant-objet, enfant-enjeu. L’anonymat s’avère à cet égard être un garde-fou. Mais d’un autre côté, de nombreuses associations regroupant des personnes nées sous X dénoncent la « culture du secret », symbolisée par « les armoires verrouillées » que l’Etat refuse d’ouvrir, même 18 ans après le don.  La question est complexe. Il y a là, on l’a dit plus haut, un conflit de légitimité. Dans l’immédiat, il semble que le « receveur » devrait avoir accès au moins à la partie médicale du dossier du donneur, afin de pouvoir identifier d’éventuelles prédispositions et maladies héréditaires.  Pour le reste, le fantasme de l’origine, exacerbé en cette occasion, est commun à tous les humains. Ne convient-il pas de travailler à son dépassement, en chacun de nous ? Faire de l’origine quelque chose d’essentiel et non plus de basal, n’est-ce pas rabattre l’humain sur le génétique, et donc qu’on le veuille ou non sur le biologique, avec toutes les dérives prévisibles ?

 

SORTIR LE « POUR AUTRUI » DES LOGIQUES D’ARGENT –

Tout a été dit sur les abus, non seulement potentiels mais tragiquement réels, d’une pratique telle que la GPA. Sauf peut-être l’essentiel, à savoir qu’en l’état actuel de nos sociétés, elle est intégralement soumise aux lois du marché, ce qui la distingue radicalement du don d’organe anonyme et gratuit. Une grossesse, ce n’est pas anonyme, et cela peut se monnayer, être une prestation marchande comme une autre. Mais réfléchissons à ce que pourrait être un service librement consenti, sans contrepartie financière, d’une femme féconde à une femme stérile, voire à un couple d’hommes. Où serait le scandale ? Utopie ? Pas plus que l’accouchement sans douleur. Il y a peut-être lieu de tirer quelques enseignements à cet égard de ce que la PMA nous a appris : en France, où l’on y a recours de façon relativement plus fréquente que dans d’autres pays, les PMA représentent moins de 1% des naissances. Sur ces 1%, l’immense majorité représente un recours destiné à pallier l’infécondité de l’homme ou de la femme. Ne peut-on envisager, dans un futur peut-être pas si lointain, l’établissement de nouvelles relations entre femmes et hommes émancipées des lois du marché, où des mères porteuses cesseraient d’être des mères vendeuses ? La vraie question n’est-elle pas plutôt celle de l’évaluation des risques qui font de toute PMA un acte peu banal, nécessitant information et suivi – suivi dont les enfants issus de PMA gagneraient peut-être sur un plan médical à bénéficier, même s’il faut mettre cet intérêt éventuel en balance avec la rupture de l’anonymat qu’elle semble devoir entraîner inévitablement. A l’inverse, une grossesse est un événement sinon banal, du moins le plus souvent normal, alors que les aléas d’une grossesse à risques sont connus…

Les considérations qui précèdent invitent à mettre en cause dans tous les cas l’idée de modèle. Les valeurs attachées au respect de la personne sont toujours porteuses de tensions au moins potentielles par rapport aux modèles, aux structures et aux institutions dans lesquelles elles trouvent pourtant en général satisfaction, dans un temps donné qui peut être très long et dans une société donnée. Famille nucléaire, famille élargie sont des structures bien connues, liées d’un lien assez lâche à des modes de production, d’habitat et de consommation eux-mêmes en évolution constante. L’émergence au grand jour de nouvelles formes, monoparentales, homosexuelles et surtout recomposées, est une invitation à relativiser et surtout à dédramatiser les questions de filiation au profit de celles de la qualité du tissu familial et éducatif. A la problématique passéiste voire fataliste des origines, ne convient-il pas de substituer celle, dynamique et véritablement structurante, du commencement dans la vie ?

 

PROBLEMATIQUES DE LA FIN DE VIE –

La fin de vie pose des problèmes redoutables, réactivés par un certain nombre de débats actuels, notamment dans le domaine législatif (loi Leonetti, etc). Il semble que cette question fasse, elle aussi, intervenir la notion de modèle, avec tout ce que cette dernière comprend de relatif voire de discutable.

S’il y a consensus à peu près total pour condamner l’euthanasie, pratique dans laquelle se manifeste de façon évidente l’imposition autoritaire d’un modèle auquel seul irait le respect dont nous avons posé qu’il était dû à la personne, avec tout le poids des terribles précédents historiques , le « suicide assisté » quant à lui est souvent revendiqué comme l’établissement d’un droit nouveau. Il convient ici de resserrer l’analyse.

Un certain nombre de personnes, à dire vrai un très petit nombre, choisissent volontairement de mettre fin à leur vie. Parmi ce très petit nombre, un certain nombre de malades chroniques las de souffrir, et constatant l’échec des thérapeutiques.

Certes, il faut s’opposer à l’acharnement thérapeutique prolongé au-delà de toute raison, et sans autre finalité concevable qu’une prolongation artificielle d’une vie purement végétative. C’est en général la volonté exprimée par les familles, les seules exceptions relevant d’intérêts juridiques et légaux qui n’ont plus rien à voir avec le respect du mourant. Mais par contre, qui décidera de la « qualité de la vie » du mourant ? Toutes les études, tous les témoignages montrent que tel malade souhaite un jour « en finir », le lendemain s’accroche de nouveau à la vie, que tel grand brûlé qui souhaitait mourir a de nouveau une vie familiale épanouie malgré des lésions corporelles irréversibles… ne faut-il pas en conclure qu’en la matière, on est en présence d’une approche irrémédiablement subjective ?

Ici, il convient de choisir entre deux formes de respect : le respect dû à une vie conçue comme intransgressible voire sacrée, et le respect dû à une personne en voie de dépersonnalisation.  De ce point de vue, l’un des intérêts de la loi Leonetti (votée à l’unanimité à l’Assemblée Nationale en 2005) et de ses prolongements en 2016 (loi Leonetti – Claeys), est de fournir un cadre et de donner des moyens à l’expression de la volonté de la personne (mise au point de protocoles et de directives de fin de vie, désignation de « personnes de confiance » par la personne elle-même. S’y ajoute la codification de la « sédation profonde et continue ») ainsi que de distinguer, dans les soins, le thérapeutique du palliatif.

Ces aménagements ne sont pas seulement quantitatifs. Ils permettent de poser des garde-fous et de centrer le respect sur la personne plutôt que de conditionner ce respect au seul maintien de la vie biologique.

De fait, la personne, en tant qu’être culturel, repère symbolique, référence mémorielle, survit au-delà de sa vie biologique. « L’humanité se compose de plus de morts que de vivants », disait déjà Auguste Comte. Le cadavre lui-même ne saurait être considéré comme « chose parmi les choses ». S’il y a lieu d’encourager le don d’organes, on ne saurait tolérer le dépeçage de cadavres. Là encore, des évolutions de long terme mettant en jeu les pouvoirs publics, notamment par le biais de l’éducation, mais aussi et surtout le débat citoyen, sont la condition nécessaire à une évolution des mentalités.

 

CONCLUSION ; SE METTRE A LA HAUTEUUR DES PERSPECTIVES –

 

Il importe de ne pas confondre responsabilité et conservatisme.  Depuis déjà des décennies, des greffes ambitieuses, des cultures de plasma et de tissus organiques « ni morts ni vivants » (François Dagognet)[8], des innovations chirurgicales hardies telles que le by-pass, avaient permis de prolonger de nombreuses vies tout en bousculant des tabous multiséculaires. Les perspectives ouvertes par les thérapies géniques annoncent une révolution plus importante encore : on commence à entrevoir la possibilité non plus simplement de greffer des morceaux de génome, mais de construire des génomes artificiels. La greffe de neurones humains ouvre des perspectives thérapeutiques inenvisageables il y a encore peu d’années, et met à mal la représentation traditionnelle de neurones voués à une irrémédiable dégradation. L’implantation de neurones permettant la reconstitution de tissu cérébral chez la souris ouvre aussi de grands espoirs. Encore faut-il apprendre à espérer, à espérer de façon rationnelle, active, audacieuse, , et rien dans les cultures héritées du passé ne nous y prépare. Anticiper puissamment sur le réel, ce n’est pas se bercer d’iullusions. C’est une culture à acquérir.

Car les possibilités évoquées ont évidemment leur envers et appellent vigilance, responsabilité des pouvoirs publics, éducation des citoyens. A plus long terme, elles poseront une question philosophique majeure : dans quelle mesure l’humanité a-t-elle le droit de faire ce dont elle aura bientôt le pouvoir : modifier de façon irréversible le génome de l’espèce humaine ? Peut-elle agir sur sa base spécifique sans cesser d’être le genre humain ? Question immense et encore en grande partie obscure, mais à laquelle un fait déjà avéré peut aider à élaborer un commencement de réponse. Ce fait, c’est la quantité et la puissance des armements susceptibles de détruire définitivement le genre humain et toute vie sur terre, et ce que les ressources financières et technologiques investies dans la course aux armements pourraient permettre d’accomplir si elle étaient mises au service de l’éradication de la faim, de la misère et de l’analphabétisme – fléaux dont la survivance est le scandale avéré de notre temps. Le défi est là.

 

[1] Vrin, 1971

[2] Sur toutess ces questions, je reprends, parfois à la lettre, les analyses de Lucien Sève dans Pour une critique de la raison bioéthique (Odile Jacob 1994)

[3] Voir à ce sujet Lucien Sève, op.cit. , notamment le chapitre sur « Le Respct ».

[4] L. Sève, op. cit.. – Voir dans le même chapitre les recommandations en la matière du CCNE

[5] L’Eau et les rêves, Corti 1942

[6] Les affiches de « La Manif pour tous » exigeant pour les enfants adoptés la même « traçabilité » que pour la viande de boucherie en apportent un contre-exemple où le grotesque le dispute à l’odieux…

[7] Titre du second chapitre de « Une Nouvelle morale » (Seuil 2002)

[8] La Raison et les remèdes, PUF 1961 p.175 : « La chirurgie moderne apprend à dépasser l’antinomie mort-vivant. La philosophie de la guérison ou de la restauration impose un statut ontologique intermédiaire, celui du demi-vivant ou, ce qui revient au même, du mort retardé. (…) le plasticien travaille le plus souvent avec une matière qui n’est ni vivante ni morte. La banque d’os, de téguments, de cornées ou de veines capitalise des éléments en vie latente. Puisque le vivant comme le mort suscitent des réactions d’incompatibilité, il ne faut se servir que de tissus déspécifiés, qui ont perdu leurs cellules en ne conservant que leur trame conjonctive. ».Et l’auteur de citer en note le cas des microbes formolisés et celui du sérum…

Jean-Michel Galano

Jean-Michel Galano

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 11:43
Laurence Cohen, sénatrice communiste, membre de la commission des Affaires Sociales

Laurence Cohen, sénatrice communiste, membre de la commission des Affaires Sociales

Mépris et contre vérités de la ministre de la santé, A. Buzyn, face aux parlementaires communistes. Elle se défend malgré les faits de piquer 1, 6 milliards d’euros aux hôpitaux publics . Et la hausse des salaires des personnels des EHPAD: + 0,03% par an . C’est pas du mépris?

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 11:35
HONTE AU GOUVERNEMENT FRANCAIS: IL A LAISSE L'EXTREME-DROITE AU POUVOIR A TEL-AVIV PROLONGER DE 4 MOIS RENOUVELABLES LA DETENTION ARBITRAIRE DE SALAH HAMOURI.

HONTE AU GOUVERNEMENT FRANCAIS: IL A LAISSE L'EXTREME-DROITE AU POUVOIR A TEL-AVIV PROLONGER DE 4 MOIS RENOUVELABLES LA DETENTION ARBITRAIRE DE SALAH HAMOURI.

Communiqué du Comité de soutien à Salah:

"La détention administrative de Salah Hamouri est renouvelée !
La France est humiliée mais le combat continue.
Avidgor Liberman, ministre de la défense israélien a signé le renouvellement de la détention
de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, arbitrairement incarcéré par Israël depuis le
23.07.2017. Cette détention est prolongée de 4 mois, renouvelables. L’arbitraire et l’injustice
les plus absolus continuent.
À l’arbitraire de l’Etat israélien s’ajoute les responsabilités de la France qui, au-delà de ses
affirmations, n’a pas mis en œuvre des moyens conséquents dont elle dispose pour faire
libérer un Français, victime d’un arbitraire politique qui lui vaut une détention totalement
injuste à l’étranger.
Cette absence de résolution de notre pays, malgré les paroles, aboutit à cette situation où
elle n’a pas permis de garantir que l’injustice ne se répète pas et que Salah soit libéré le 28
février comme nous n’avons cessé de le demander avec force.
Tout cela est politique. Et côté israélien et côté français. La justice, le droit ne sont, dans
cette relation entre nos deux pays, que des variables d’ajustements et non, côté français, des
principes intangibles et universels à défendre farouchement en tout lieu et en tout temps.
Puisque les responsabilités de cette situation sont ainsi clairement établies, que nous savons
tous que l’Etat d’Israël piétine sans la moindre réaction le droit et fait de l’arbitraire un principe,
nous appelons à manifester vers la présidence française notre mécontentement légitime et
notre volonté d’action à la hauteur de l’enjeu : il en va du destin d’un homme, du droit mais
aussi de celui de notre pays.

Nous demandons, dans cette situation extrême, que le Président de la République reçoive
enfin sa femme Elsa Lefort dans les plus brefs délais afin de lui faire part de ses intentions.

L’arbitraire continue. Notre action continuera en conséquence. Plus déterminée et résolue
que jamais. Ceux qui croient que nous nous lasseront se trompent. Nous puisons des forces
nouvelles dans cette décision.

 

Paris, Lundi 26 février 2018
 

libertepoursalah@gmail.com libertepoursalah.fr /"

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 10:56
Palestine: la France doit agir pour la libération de notre concitoyen Salah Hamouri: rassemblement à BREST le 26 février à 18h, place de la Liberté

Palestine : La France doit agir pour la libération de notre concitoyen Salah Hamouri (PCF)

Dans une semaine prendra fin l'ordre de détention administrative contre l'avocat franco-palestinien, Salah Hamouri, signé par le ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, figure de l'extrême droite israélienne.
Le 28 février prochain, cela fera six mois que Salah Hamouri est détenu arbitrairement sans autre raison que d'être un militant de la paix, des droits et des libertés. Six mois d'emprisonnement de trop. La France ne peut se contenter d'être « préoccupée » par le sort de Salah Hamouri et d'« espérer sa libération », comme l'avait déclaré le Quai d'Orsay. Le président Macron, puisqu'il dit vouloir sa libération, doit passer aux actes et intervenir auprès du gouvernement israélien.
Le 28 février, le risque est grand que l'ordre de détention soit renouvelé.

Le PCF réclame que le président de la République française, pays des droits de l'homme, et le ministre des Affaires étrangères agissent pour la libération de notre concitoyen, et que cesse l'acharnement du gouvernement Netanyahou contre Salah Hamouri et sa famille.
Le PCF appelle à amplifier la mobilisation partout en France pour que le 28 février Salah Hamouri soit enfin libéré et à l'élargir pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti, enfermé depuis 2002 dans les geôles israéliennes, et
Khalida Jarrar, députée, en prison depuis juillet 2017, qui font face à l'arbitraire le plus total. Il demande à MM Macron et Le Drian d'exiger que soient d'urgence libérés Ahed Tamimi et les 300 autres enfants palestiniens actuellement emprisonnés.

Parti communiste français,

Paris, le 22 février 2018.

Nous arrivons dans un moment décisif pour éxiger la libération de notre ami et compatriote Salah Hamouri, toujours emprisonné en Israël. L’ordre de détention administrative porte les dates du 29 août au 28 février. Il est exclu que l’arbitraire se poursuive encore après cette date. Il nous reste donc moins d'une semaine pour réclamer plus fortement encore la libération de Salah Hamouri au plus tard le 28 février 2018 prochain. (voir en bas du mail et en PJ le communiqué de son comité de soutien
 
Afin de maintenir la pression et de rappeler le fort soutien populaire autour de Salah, nous appelons à un rassemblement:
 
LUNDI 26 FEVRIER A 18H PLACE DE LA LIBERTE A BREST
 
Comptant sur vous nombreux. Merci de relayer cet appel.
 
Communiqué de Elsa Lefort, 20 février:
8 jours pour faire libérer Salah Hamouri !

Réuni.e.s vendredi 16 février 2018 à Ivry-sur-Seine lors de la « Nuit de la Liberté », c’est plus de 500 personnes, avocat.e.s, élu.e.s, journalistes, intellectuel.le.s, militant.e.s des droits de l’Homme, responsables associatifs, citoyen.ne.s, qui se sont tenues aux côtés de la famille de Salah Hamouri, jeune avocat franco-palestinien, pour exiger sa libération à 10 jours de la fin écrite de sa période de détention administrative par les autorités israéliennes.

Arrêté dans la nuit du 23 août 2017 à son domicile de Jérusalem-Est et retenu sans la moindre preuve en détention administrative pour 6 mois, sur ordre d’Avigdor Lieberman, figure de l’extrême-droite israélienne et ministre de la défense, Salah Hamouri est une victime d’un arbitraire absolu de l’Etat d’Israël. En s’attaquant à un avocat, membre de l’association humanitaire « Adameer », qui exerçait légitimement sa profession, Israël fait preuve d’une détermination à entraver les défenseurs du droit, qui luttent contre l’occupation.

Depuis 6 mois, des milliers de personnes de tous horizons ont tenu à exprimer leur soutien à la famille de Salah Hamouri.

Lors de soirées de soutien, à l’occasion de vœux lors d’assemblées délibérantes de plus de 50 collectivités territoriales, via des questions aux médias jusqu’au sein de l’Assemblée Nationale et du Sénat.

Plus de 1600 élu.e.s se sont engagé.e.s dont trois candidats à l’élection Présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Philippe Poutou. De nombreuses personnalités françaises et étrangères se sont jointes au mouvement telles que Noam Chomsky, Ken Loach, Angela Davis, Roger Waters, Brian EnoChristiane Hessel, Vald, Ernest Pignon-Ernest, Michel Warschawsky, Ilan Pappé, Jean Ziegler, Abou Diaby, Robert Guediguian, Michael Mansfield QC ou Susan George.

Le Président français s’est lui aussi positionné contre la détention administrative illégale de Salah Hamouri et a demandé sa libération à Benjamin Netanyahou le 10 décembre dernier, sans résultat.
L’ordre de détention administrative porte les dates du 29 août au 28 février. Il est exclu que l’arbitraire se poursuive encore après cette date. Il nous reste donc aujourd’hui 10 jours pour réclamer plus fortement encore la libération de Salah Hamouri au plus tard le 28 février 2018 prochain.

Comme le déclarait Elsa Lefort, épouse de Salah et porte-parole du comité de soutien, vendredi soir : « Notre mobilisation doit s’accentuer pendant ces deux dernières semaines. Il est impensable que la diplomatie française n’obtienne pas la libération de notre concitoyen, comme elle a pu par le passé obtenir celle d’autres Français.e.s incarcéré.e.s arbitrairement de par le monde. Si sa détention était renouvelée ce serait dramatique pour Salah et ses proches, mais ce serait également un véritable affront fait à la France. ».

Il en va de l’honneur de la diplomatie française, du respect des droits humains les plus élémentaires et du respect du droit international que notre pays doit défendre sans trembler.

 
ASSOCIATION FRANCE-PALESTINE SOLIDARITE 
 
Maison de l'International  
50 Esplanade de la Fraternité - 29200 Brest
 
Adresse postale:
245, Cours Aimé Césaire - 29200 Brest 
 
Permanence Mensuelle: 
2ème mardi du mois - 18h-19h30
le Mouton à 5 pattes - rue Navarin, Brest
 
www.france-palestine.org
afpsbrest.wordpress.com
www.facebook.com/afps.brest

 

Palestine: la France doit agir pour la libération de notre concitoyen Salah Hamouri: rassemblement à BREST le 26 février à 18h, place de la Liberté
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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 05:55
La section PCF de Morlaix dénonce avec la plus grande fermeté la décision de supprimer trois classes dans les écoles publiques de Morlaix

3 postes supprimés dans les écoles publiques morlaisiennes à la rentrée 2018: quel gâchis révoltant ! 

Les écoles publiques Léon Gambetta, Jean Jaurès, Corentin Caër, à Morlaix, trois écoles à taille humaine qui accueillent, et bien, de nombreux enfants issus de quartiers populaires et aussi des enfants primo-arrivants ou issus de l'immigration, vont perdre trois postes de professeurs des écoles, donc trois classes, à la rentrée de septembre 2018, malgré la mobilisation des parents et de citoyens scandalisés par les annonces de l'inspection académique depuis le 7 février, il y a deux semaines. 

Nous considérons que cette suppression de trois classes dans des écoles publiques qui font un travail de grande qualité aujourd'hui pour œuvrer à l'éducation et à la réussite scolaire de tous les élèves est hautement préjudiciable pour les enfants, leurs parents, et les enseignants, car les conditions d'apprentissage, avec des classes avec plus de niveaux, ou plus chargées, seront compliquées en proportion. 

Emmanuel Macron candidat avait promis en 2017 de faire de l'école élémentaire une de ses priorités. On voit ce que valent les promesses des amis de la finance et des riches, qui ne mettent pas leurs enfants dans les écoles publiques des quartiers populaires! 

On sanctuarise les baisses de cotisations sociales pour les entreprises du CAC 40, on supprime l'ISF et se prive ainsi de 3 milliards d'euros de rentrée fiscale par an, on investit 6 milliards par an dans la modernisation et le remplacement de nos armes nucléaires, pour construire des bombes encore plus meurtrières, et pendant ce temps, on délaisse ce qui fait l'essentiel de nos vies et de nos chances de partager un monde vivable: l'éducation, la culture, la santé, la solidarité... 

L'inspection académique est restée droite dans ses bottes, arrimée à la logique comptable et de récupération de poste que la politique d'austérité du gouvernement lui dicte. 1 élève en moins par école en moyenne, et un solde négatif de 27 postes supprimés: cherchez l'erreur! 

Cette détérioration des conditions d'enseignement pourrait servir l'école privée au détriment de l'école de la République et de la mixité sociale, mais ils n'en ont que faire!

Morlaix est déjà en difficulté à plusieurs niveaux, mais c'est le cadet de leur souci! 

L'éducation à l'école publique doit être prioritaire dans toutes nos communes, et tout particulièrement là où tant de choses se jouent, à l'école maternelle et primaire.  

C'est la qualité de l'éducation et l'attention qu'on y porte qui peut porter tous les enfants vers des voies de réussite, et nourrir pour l'ensemble des jeunes un haut niveau de connaissance et de réflexion, nécessaire à notre démocratie et à notre société. 

Macron, Blanquer, et leur gouvernement profondément réactionnaire, en dépit ce que veulent dissimuler des stratégies de communication et d'enfumage bien rodées, font tout le contraire!  

La section communiste du Pays de Morlaix  

Le 23 février 2018 

Section PCF de Morlaix, 2 petite rue de Callac 29 600 Morlaix

Section PCF de Morlaix, 2 petite rue de Callac 29 600 Morlaix

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25 février 2018 7 25 /02 /février /2018 08:32
Manifestation ce samedi 24 février à Paris en solidarité avec le peuple kurde contre les massacres d'Afrin orchestrés par Erdogan !
Manifestation ce samedi 24 février à Paris en solidarité avec le peuple kurde contre les massacres d'Afrin orchestrés par Erdogan !
Manifestation ce samedi 24 février à Paris en solidarité avec le peuple kurde contre les massacres d'Afrin orchestrés par Erdogan !
Manifestation ce samedi 24 février à Paris en solidarité avec le peuple kurde contre les massacres d'Afrin orchestrés par Erdogan !
Manifestation ce samedi 24 février à Paris en solidarité avec le peuple kurde contre les massacres d'Afrin orchestrés par Erdogan !

Manifestation ce samedi 24 février à Paris en solidarité avec le peuple kurde contre les massacres d'Afrin orchestrés par Erdogan ! Les communistes nombreux dans le cortège...

Photos Valck Gerard et PCF - Parti Communiste Français

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25 février 2018 7 25 /02 /février /2018 08:31
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
arrivée des trois femmes sous-secrétaires d'État du Front populaire, Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, et Irène Joliot-Curie.

arrivée des trois femmes sous-secrétaires d'État du Front populaire, Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, et Irène Joliot-Curie.

Dans le livre Les Françaises au XXe siècle*, Dominique Missika, ancienne productrice à France Culture, énumère sur tout le XXe siècle et à travers tous les domaines les destins de femmes du 20e siècle qui on laissé leurs empreintes. Ainsi dans la partie des années 30, Martha Desrumaux est citée :

"Martha Desrumaux (1897-1982), ouvrière du Nord, travailleuse du textile et syndicaliste, est la seule femme présente lors des accords de Matignon. Elle jouera son propre rôle dans le film de Jean Renoir, La vie est à nous, tourné à l'initiative du Parti communiste français pour la campagne électorale du Front populaire ".

Il s'agit de la légende d'une photo maintenant de Martha : lors d'une fête syndicales (certainement en 1937), Martha est seule au micro sur une estrade, devant des hommes assis derrière elle... Quel symbole alors qu'à cette date les femmes n'ont pas encore le droit de vote !
L'article : "Peu syndiquées, elles n’obtiendront pas l'égalité. Une seule femme participe aux négociations des accords de Matignon qui mettent fin aux grandes grèves de juin 1936. Il s'agit de Martha Desrumaux, entrée comme ouvrière à 9 ans dans une usine textile du Nord, syndicaliste de la CGT, et militante politique, qui se bat pour l'obtention de la semaine de quarante heures et deux semaines de congés payés."
L'article se poursuit sur l'entrée de trois femmes au gouvernement. Ainsi nous pouvons retrouver page 89, Martha, juste après la Une de Voilà saluant l'arrivée des trois femmes sous-secrétaires d'État, Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, et Irène Joliot-Curie.
Dans cet ouvrage, Martha est la seule figure du syndicalisme ; quand on repense à la jeune femme qui ne savait ni lire ni écrire à 20 ans et se retrouver dans le même ouvrage que Colette, Françoise Sagan,Marguerite Yourcenar, Simone de Beauvoir, Simone Veil et Jacky Kennedy et tant d'autres...

Laurence Dubois
Présidente de l'association Martha Desrumaux

* aux Éditions du Seuil, Paris, 2014

Martha Desrumaux, une ville de lutte. 

Pour une ouvrière au Panthéon! 

François Hollande a choisi de panthéoniser Geneviève de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay et Pierre Brossolette en 2015, 4 résistants qui le méritaient assurément, mais sur une liste qu'on aurait aimé voir élargie à des résistants communistes tels que Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier, qui témoigna au Procès de Nuremberg comme Germaine Tillion, Missak Manouchian, pour saluer l'action de la FTP MOI, Ambroise Croizat, l'interné au bagne en Algérie, fondateur de la Sécurité Sociale, le jeune Guy Môquet, ou enfin Martha Desrumeaux, symbole de la résistance ouvrière, des conquêtes sociales de 36.

En juillet prochain, Emmanuel Macron panthéonise Simone Weil (et son mari?), une autre femme qui a marqué notre histoire nationale et l'émancipation des femmes, et dont l'hommage national est justifié, mais toujours pas d'ouvrier, a fortiori de communiste, au Panthéon, sur les 76 citoyennes et citoyens qui s'y trouvent! 

Faut-il croire qu'aux yeux des élites nationales, nous sommes toujours l'anti-France ? Celle qui écrit peu, compte peu...

« Seule la classe ouvrière dans sa masse aura été fidèle à la France profanée », a pourtant rappelé en son temps François Mauriac avec lucidité et esprit de justice.

Martha Desrumeaux naît en 1897 à Comines, une petite ville proche de Lille.

Elle commence à travailler à neuf ans comme femme de ménage puis comme ouvrière dans le textile, dans une usine de lin à Comines où elle découvre la dureté des conditions de travail. Elle adhère à la CGT à treize ans, puis, deux ans plus tard, aux Jeunesses socialistes.  En 1917, elle prend la tête d’un mouvement de grève dans le textile.En 1921, elle rejoint le Parti communiste. En 1925, elle dénonce la guerre coloniale au Maroc, la sale guerre du RIF menée de concert par Pétain et Franco.  

« Elle est de toutes les luttes », explique l’historien Pierre Outteryck. « En 1920-1922 à Comines, en 1928-1929 à Halluin, en 1930 autour des assurances sociales, en 1931 contre le puissant patronat roubaisien, en 1933 à Armentières… » Pendant ce temps, l’inlassable militante rattrape l’écueil d’une vie happée trop tôt par le labeur et apprend à lire et à écrire. En 1927, l’année où elle rencontre Clara Zetkin, la fondatrice de la Journée internationale des droits des femmes, à Moscou, pour les 10 ans de la révolution d’Octobre, elle devient également la première femme élue au Comité central du PCF

Elle impulsera par la suite les premières marches des chômeurs vers Paris, dont « la marche de la faim » en 1933. « Le mouvement des chômeurs fut un embryon des conditions d’union de la classe ouvrière », précisait-elle avec son accent du Nord, parfois injustement moqué lorsqu’elle s’exprimait en dehors de sa région natale.

En 1936, elle est une figure de proue du Front populaire dans le Nord. Elle est la seule femme présente lors de la signature des accords Matignon avec Léon Jouhaux et Benoît Frachon, seule femme à la table des négociations. Et c'est l'honneur de la CGT et du PCF d'avoir donné ce rôle à une femme qui n'avait pas le droit de vote, une non-citoyenne, comme le PCF dès lès années 20 à présenter des candidates aux élections, même si leur élection était ensuite invalidée.

Fondatrice du journal l’Ouvrière, représentante de la CGTU au comité de fusion avec la CGT, puis aux côtés de Danielle Casanova lors de la création de l’Union des jeunes filles de France (UJFF)… Son engagement pour la dignité des femmes et sa présence lors de moments cruciaux comme les accords Matignon sont autant de pas en avant pour la lutte féministe.

Martha Desrumaux a ensuite organisé la solidarité avec les forces républicaines espagnoles. Elle joue son propre rôle dans le film de Jean Renoir La vie est à nous.

En août 1940, dans le nord de la France sous administration directe de l’armée allemande, elle organise la grande grève patriotique de mai-juin 1941. 100 000 mineurs débrayent, refusant de fournir du charbon pour l’occupant. Dénoncée par le préfet, Martha est arrêtée par la gestapo. Elle est mise au secret à la prison de Loos et déportée à Ravensbrück.

Elle y organise l’entre-aide et la solidarité avec Geneviève De Gaulle-Anthonioz et Marie-Claude Vaillant-Couturier.

Extrait des mémoires de Marie-Claude Vaillant-Couturier

 Dans le périple de déshumanisation qui est imposé à chaque nouvelle arrivante, elle a retrouvé, en passant à la douche, Martha Desrumaux, militante communiste du Nord, membre du Comité central du parti et qu'elle connaissait d'avant-guerre de réputation. Martha est la déportée française la plus ancienne du camp. Elle est en contact avec des Allemandes et des Tchèques, Tchèques qui l’ont sauvée de la mort à l'arrivée en remplaçant sa carte rose d'inapte au travail par une carte jaune de travailleuse.

Le rôle (clandestin) de Martha Desrumaux, et de ses camarades de la « colonne n° 2 », qui est chargée de vérifier, aux douches, que les détenues n'ont ni poux, ni gale, est magnifié dans le livre du collectif de détenues sur Ravensbrück : « À chaque nouvelle arrivée de prisonnières, la colonne n° 2 était aux douches et l'une ou l’autre de ces anciennes, dans la mesure où elle arrivait à parler aux femmes, en dépit de la présence des SS, essayait de les aider à supporter le premier choc et de les avertir de ce qu'il fallait faire pour éviter l'extermination : ne pas se déclarer malade, ne pas montrer ses infirmités pour ne pas recevoir la carte rose, ne pas se dire juive. »
« Martha, dit Esther Brun, nous fut d'un grand secours. C'est elle qui par son travail aux douches nous procurait du linge propre, des bas, des chaussures et surtout cet hiver, des lainages, des robes et des manteaux... Martha était celle qui nous aidait le plus ; elle avait tant d'amies dans le camp, tant de sympathies chez les prisonnières de toutes les nationalités... »

Extrait de Marie-Claude Vaillant-Couturier, une femme engagée, du PCF au procès de Nuremberg, de Dominique Durand, Éditions Balland, 2012, p.260-261

Libérée par l’Armée rouge, elle est rapatriée par la Croix-Rouge en 1945 mais revient malade du typhus. Elle réintègre les organes dirigeants de la CGT.

Lili Leignel, déportée à Ravensbrück à 11 ans, se rappelle d’une « femme simple » qui était « un exemple pour tous avec son amour du prochain incommensurable et sa grande conviction ». Dès la fin de la guerre, alors que les femmes n’ont le droit de vote que depuis un an, Martha Desrumaux est élue au conseil municipal de Lille et reprend ses fonctions à la CGT du Nord.

L’année suivante, elle est élue député communiste du Nord.

La maladie l’oblige à ralentir ses activités. Elle continue cependant son action auprès de la Fédération nationale des Déportés, proche du Parti communiste.

Elle meurt le 30 novembre 1982, le même jour que son mari, ouvrier métallurgiste et syndicaliste.

 

Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Château de Kergoz au Guilvinec

Château de Kergoz au Guilvinec

Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février

Château de Kergoz au Guilvinec samedi 24 février, au lieu des premières fêtes du travailleur bigouden au Guil...
Un repas républicain chaleureux et fraternel en chansons en l'honneur de Martha Desrumaux dont après l'introduction d'André Le Roux, Philippe Moreau a retracé la vie de lutte dans un discours émouvant, qui a précédé une minute de silence pour nos camarades du Pays Bigouden décédés en février, Jean-Louis et Joséphine Guiziou, et un bref discours politique d'Ismaël Dupont faisant le lien entre ce que représente l'action et l'exemple de Martha Desrumaux et les défis posés au PCF aujourd'hui, dans la résistance et la construction d'alternative au rouleau compresseur libéral et capitaliste de Macron, et dans la reconstruction d'une dynamique politique marxiste et populaire.

Martha Desrumaux: Pour une ouvrière au Panthéon! - à l'honneur du Banquet Républicain du Pays Bigouden, au Guilvinec ce samedi 24 février
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